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CONNAISSANCES DE BASE EN ZOOTECHNIE

Introduction 

Dans l’exercice de son métier, le conseiller agropastoral, entre autres identifie les
besoins d’apports techniques généraux ou spécifiques et apporte des conseils techniques en
productions végétales, animales ou halieutiques. Travaillant avec les exploitants
agropastoraux sur les végétaux et les animaux et le sol, il doit posséder des connaissances
scientifiques et techniques générales en biologie végétale et animale, en Agronomie et en
Zootechnie. Au cours de sa formation le conseiller agropastoral doit donc non seulement
acquérir ces connaissances, mais aussi il doit pouvoir les mettre en œuvre afin d’expliquer et
de justifier les techniques qu’il conseillera aux exploitants d’appliquer. Autrement dit, au
terme de sa formation il doit être capable de mobiliser les connaissances de base en
zootechnie dans une perspective de conseil aux producteurs.

Pour des facilités d’apprentissage, les thèmes et contenus de formation devant conférer
cette capacité aux apprenants ont été répartis en séquences de formation suivantes, en termes
d’objectifs :

Les différentes séquences de formation

Séquence 1 : Anatomie et physiologie animale ; notion de croissance d’un animal.


1. Décrire et expliquer le fonctionnement des principaux organes et appareils d’un
organisme animal
Séquence 2 : La reproduction chez les animaux domestiques
1. Définir les termes usuels en élevage des reproducteurs
2. Décrire le cycle sexuel des mammifères et les régulations hormonales
3. Décrire le mécanisme de la mise – bas
4. Décrire la pratique de l’insémination artificielle
5. Décrire la technique de synchronisation des chaleurs et des mises – bas
6. Intervenir dans reproduction animale
7. Assurer la gestion technique et financière d’un atelier de reproduction animale

Séquence 3 : Nutrition, digestion et alimentation des animaux


1. Décrire et expliquer le fonctionnement des appareils digestifs des animaux
2. Raisonner le rationnement d’un animal à partir des lois de la croissance tissulaire chez
les animaux d’élevage.
3. Décrire le mécanisme de la préhension des aliments chez les animaux d’élevage
4. Estimer la capacité d’ingestion des aliments chez les animaux d’élevage
5. Préciser la valeur nutritive des aliments du bétail
6. Préciser les principaux signes de carences nutritionnelles chez le bétail
7. Raisonner le rationnement d’un animal à partir des lois de la croissance tissulaire chez
les animaux d’élevage.
8. Raisonner la production d’aliments composés complets à la ferme
9. Formuler des aliments composés complets des animaux.

Séquence 4 : Sélection et Amélioration des animaux


1. Rappeler les éléments de biologie cellulaire usuels
2. Expliquer les phénomènes héréditaires

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3. Préciser l’importance des facteurs du milieu sur les productions animales
4. Choisir les reproducteurs
5. Estimer la production d’un troupeau après la sélection
6. Choisir les reproducteurs (suite)
7. Choisir un schéma de croisement
8. Choisir un mode de reproduction en élevage des reproducteurs
9. S’informer des résultats de la Recherche Zootechnique au Cameroun

Séquence 5 : Gestion des pâturages


1. Décrire les grandes prairies naturelles du Cameroun.
2. Exploiter rationnellement un pâturage.
3. Conduire des cultures fourragères.

Séquence 6 : Santé animale


1. Décrire les conditions d’apparition et d’extension de maladie dans une ferme de
production animale.
2. Décrire et appliquer les moyens de lutte contre l’apparition et d’extension de maladie
dans une ferme de production animale.
3. Décrire et appliquer les règles d’hygiène et les mesures prophylactiques dans une
ferme ou une localité.

Séquence 7 : Facteurs de production


1. Identifier les facteurs de production mis en œuvre dans une ferme de production
animale
2. Analyser les différents facteurs de production mis en œuvre dans une ferme de
production animale.

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1 - ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE ANIMALE 

1.1- NOTION DE TISSU

Un organisme animal est formé de cellules organisées en des ensembles ayant la même
structure et le même rôle ; ces ensembles sont appelés des tissus. On y distingue plusieurs
types, savoir :

 Les tissus épithéliaux


 Les tissus conjonctifs
 Les tissus musculaires
 Les tissus nerveux.

1.1.1 LES TISSUS ÉPITHÉLIAUX OU ÉPITHÉLIUMS

Les épithéliums sont formés de cellules stratifiées (placées les unes à côté des autres) et se
reposant sur une membrane basale ou sur un tissu conjonctif. Ils ne sont pas parcourus par des
vaisseaux sanguins, qui se trouvent plutôt dans la membrane basale. On y note la présence de
quelques nerfs.

Il y a plusieurs types de tissus épithéliaux :

1.1.1.1 Les épithéliums de revêtement

Ils protègent certains organes. On en rencontre au niveau des parois intestinales, des
vaisseaux, de l’utérus, de la bouche, de la vessie, etc.

1.1.1.2 Les épithéliums glandulaires ou glandes.

Les glandes élaborent des secrétions. On peut citer les testicules, le pancréas, la thyroïde,
la mamelle, les glandes sudoripares, la glande uropygienne, les glandes sébacées, les glandes
salivaires, les glandes lacrymales, etc.

1.1.2 LES TISSUS CONJONCTIFS

Les tissus conjonctifs sont formés de :

 Cellules à forme irrégulière, non accolées les unes aux autres. Ces cellules sont, soit
fixes comme les fibrocytes, soit mobiles comme les cellules sanguines.
 Une substance fondamentale qui peut être du collagène, de la mucine ou des sels de
calcium.

Les principaux tissus conjonctifs sont :

1.1.2.1 Le tissu conjonctif lâche

Il forme l’hypoderme au niveau de la peau.

1.1.2.2 Le tissu conjonctif dense

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Il forme le derme au niveau de la peau, et l’enveloppe (chorion) de l’embryon des vertébrés
supérieurs

1.1.2.3 Le tissu conjonctif fibreux

Il forme les tendons, les ligaments et les aponévroses (membranes entourant les muscles).

1.1.2.4 Le tissu conjonctif élastique est formé de fibres élastiques


1.1.2.5 Le tissu conjonctif réticulé

1.1.2.6 Le tissu conjonctif adipeux

Le tissu adipeux est constitué de grosses cellules contenant chacune une grosse goutte
de lipides repoussant le noyau de la cellule à la périphérie ; le tissu adipeux joue le rôle de
réservoir de substances nutritive et de protection de certains organes du corps.

1.1.2.7 Le tissu conjonctif pigmentaire

Le tissu pigmentaire élabore les pigments responsables de la coloration de la peau et


des muqueuses. Ces cellules appelées mélanoblastes se rencontrent au niveau du derme et à
certains endroits du corps comme l’œil.

1.1.2.8 Le tissu conjonctif cartilagineux

Il est formé de cellules arrondies avec des prolongements (les chondroblastes) logées
dans des cavités creusées dans une substance fondamentale solide (les chondroplastes). On en
trouve dans les os (cartilage hyalin des têtes des os) et au niveau des pièces de l’appareil
respiratoire.

1.1.2.8 Le tissu conjonctif osseux

Il est formé d’une substance fondamentale de nature protéique (l’osséine) et des sels
minéraux. On y distingue 3 types :

 L’os compact ou os dur ou encore os haversien.


 L’os spongieux creusé de nombreuses petites cavités se communiquant entre elles.
Dans ces cavités on trouve des éléments de la moelle rouge et jaune.
 L’os périostique ou os fibreux formé de lamelles osseuses dérivant du périoste.

1.1.2.9 Le tissu conjonctif sanguin

Le sang est constitué de deux parties qui sont le plasma et les éléments figurés.

 Le plasma est un liquide jaunâtre pouvant se coaguler avec l’apparition d’un feutrage.
 Les éléments figurés sont les globules blancs, les globules rouges et les plaquettes
sanguines. Ils forment environ le tiers du volume sanguin.

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Le sérum est le plasma débarrassé du fibrinogène ; c’est le liquide qu’on recueille après la
coagulation du sang entier.

a. Les globules rouges ou hématies sont fabriqués dans la moelle osseuse rouge
contenue dans les os plats tels que les côtes, le sternum, etc. ils transportent les gaz de
respiration dans l’organisme animal.
b. Les plaquettes sanguines ou thrombocytes sont également fabriquées par la moelle
osseuse rouge. Elles participent à la formation et à la précipitation du caillot sanguin,
donc à la cicatrisation des blessures.
c. Les globules blancs ou leucocytes

Suivant la division du noyau ou non les globules blancs sont classés en :

 Polynucléaires ou granulocytes, formés de Neutrophiles, Éosinophiles et Basophiles


selon leur affinité pour les colorants chimiques.
 Mononucléaires ou agranulocytes, formés de monocytes et de lymphocytes.

Les différentes variétés de leucocytes sont dans des proportions presque constantes pour
chaque espèce animale ; ces différentes proportions constituent la formule leucocytaire.

Par exemple chez le bovin : N E B L M


30 0,6 0,1 53 5

Les neutrophiles sont des cellules à noyau découpé et au cytoplasme très peu coloré
par les colorants habituels. Ils sont formés dans la moelle osseuse. Ils interviennent dans la
défense de l’organisme en phagocytant les corps étrangers de petites dimensions dans
l’organisme animal; c’est pourquoi on les appelle les microphages. Morts, ils forment le pus.

Les éosinophiles sont des cellules contenant un noyau en bissac et au cytoplasme


fixant les colorants acides (rouges) comme l’éosine. Ils sont élaborés par la moelle osseuse.
Ils phagocytent aussi les corps étrangers dans l’organisme animal.

Les basophiles sont des cellules rares, à noyau incisé et au cytoplasme ayant une forte
affinité pour les colorants basiques (bleus) comme la thionine. Ils sont aussi produits par la
moelle osseuse.

Les lymphocytes sont de petits leucocytes produits par les organes lymphopoiétiques
(follicules clos, rate, ganglions lymphatiques, etc.).Ils produisent des anticorps.

Les monocytes sont des cellules à noyau ovalaire ou réniforme, et au cytoplasme peu
coloré par les colorants habituels. Ils sont produits par le système réticulo-endothélial. Ils
phagocytent aussi bien les corps de petites tailles que les corps de grandes tailles étrangers
dans l’organisme. Ce sont les macrophages.

1.1.2.11Le tissu conjonctif lymphatique

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La lymphe est une partie du plasma qui a transsudé à travers les capillaires et va
baigner les cellules, leur apportant les nutriments. Au niveau de l’intestin grêle la lymphe se
charge des nutriments, de l’eau et des sels minéraux qui par la suite vont passer dans le sang.

1.1.3 LES TISSUS MUSCULAIRES

La cellule musculaire ou fibre musculaire se caractérise surtout par sa grande capacité de


contraction. Il y a 3 types de tissu musculaire : le tissu musculaire lisse, le tissu musculaire
strié et le tissu musculaire cardiaque.

1.1.3.1 Le tissu musculaire lisse

Il forme les muscles à contraction lente et involontaire. On en trouve au niveau des viscères,
de l’appareil urogénital, de l’appareil respiratoire, etc.

1.1.3.2 Le tissu musculaire strié

Il forme les muscles squelettiques caractérisés par leurs contractions volontaires. La fibre
musculaire est plus longue et ses extrémités se terminent soit dans le muscle, soit se mettent
en rapport avec un tendon ; elle est entourée d’une membrane appelée sarcolemme. Elle
renferme :

 Des noyaux situés à la périphérie de la fibre


 Des myofibrilles formées d’une succession de segments qui alternent régulièrement et
qui ont une composition et des propriétés différentes. On y distingue :
 Les segments anisotropes aux propriétés prismatiques (segments A). Ils sont
sombres.
 Les segments clairs ou segments I

Tous les segments sont situés au même niveau, ce qui confère au muscle un aspect
strié. Au cours de la contraction musculaire la longueur des bandes A est presque constante,
alors que celle des bandes I se raccourcisse. Les bandes I sont donc responsables de la
contraction musculaire.

Les fibres musculaires sont groupées en de nombreux sous-ensembles appelés


faisceaux musculaires. Entre ces faisceaux se trouvent du tissu conjonctif qui les maintient en
place, et un important réseau de capillaires et quelques nerfs.

1.1.3.3 Le tissu musculaire cardiaque

Il est formé d’un vaste syncytium (masse de cytoplasme à plusieurs noyaux) résultant de
l’anastomose en réseau des fibres musculaires parallèles à l’axe de la cavité du cœur. Les
noyaux sont situés au centre et les myofibrilles vont d’une extrémité à l’autre du myocarde.
Dans les mailles du réseau on trouve du tissu conjonctif, des nerfs, des vaisseaux sanguins et
lymphatiques. Ces myofibrilles sont douées de contractions autonomes. Dans l’épaisseur du
myocarde on trouve un tissu spécial appelé tissu nodal qui assure l’excitation du cœur.

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1.1.4 LES TISSUS NERVEUX

Ils sont formés de cellules et de fibres nerveuses et d’un tissu de remplissage appelé tissu
glial ou névroglie.

1.1.4.1 Les cellules nerveuses.

Elles se rencontrent dans la substance grise du système nerveux central et dans les
ganglions nerveux. Une cellule nerveuse comprend :

 Les dendrites qui sont les prolongements ramifiés parfois multiples ; elles transportent
l’information centripète.
 L’axone qui est un prolongement unique de diamètre presque constant se terminant au
niveau des synapses. Il transporte l’information centrifuge. (Les synapses sont des
points de contact entre 2 cellules nerveuses).
 Le corps cellulaire dont la taille dépend du territoire qu’il innerve. Il est formé de :
 1 noyau
 1 chondriome
 Des blocs de Nissl contenant l’ARN
 Des neurofibrilles qui sont de petites fibres se prolongeant dans l’axone et les
dendrites.

Ces différents éléments transportent l’influx nerveux.

Le corps cellulaire est un centre trophique, car les organes qu’il innerve dégénèrent
quand il est détruit.

Les axones et les dendrites se terminent, soit au niveau:

 des cellules sans les pénétrer,


 des organes récepteurs où ils sont protégés par des structures particulières
appelées corpuscules,
 d’une plaque motrice qui est une sorte de petit renflement situé à la jonction
nerf-muscle,
 des synapses où il y a contigüité et discontinuité de tissu. La continuité
physiologique est assurée par des médiateurs chimiques dont le premier est
l’acétylcholine.

La cellule nerveuse est très pauvre en chromatine : elle ne peut pas se diviser.

Schéma d’un neurone

1.1.4.2 Les fibres nerveuses et les nerfs

Les axones se fusionnent en dehors des centres nerveux pour former des nerfs. Les nerfs
peuvent être entourées de :

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 Une substance isolante ou gaine de myéline de nature phospholipidique
 Une gaine de Schwann qui est un vaste syncytium cytoplasmique entourant la myéline
au départ du centre nerveux.

On distingue donc :

 Les fibres nerveuses sans myéline ou nerfs gris :


 Les nerfs du système nerveux sympathique sont formés de fibres nerveuses
entourées d’une gaine de Schwann
 La substance blanche du cerveau et de la moelle épinière sont formées de fibres
nerveuses sans gaine de Schwann.
 Les fibres nerveuses à myéline ou nerfs blancs :

On en trouve dans :

 les nerfs du système nerveux périphérique où elles sont entourées chacune


d’une gaine de Schwann.
 la substance blanche du cerveau où elles ne sont pas entourées de la gaine de
Schwann.

Le nerf est nourri par la lymphe ; le nerf est la voie d’accès au cerveau.

1.2- ÉTUDE DES APPAREILS

Les différents tissus d’un organisme animal s’associent et forment alors des parties
bien circonscrites et remplissant une ou plusieurs fonctions physiologiques spécifiques ; ces
parties sont appelées organes.

Un appareil est un ensemble d’organes concourant à une même fonction


physiologique. Les principaux appareils d’un organisme animal sont : l’appareil de
locomotion, l’appareil digestif, l’appareil respiratoire, l’appareil urinaire, l’appareil nerveux,
l’appareil circulatoire, l’appareil reproducteur.

1.2.1 L’APPAREIL DE LOCOMOTION

Il est formé des organes passifs (os réunis par les articulations) et des organes actifs
(les muscles)

1.2.1 Les os et ossification

1.2.1.1 Les différents types des os

On distingue trois types d’os : les os longs, les os courts et les os plats

 Les os longs

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Coupe longitudinale d’un os long (voir photocopié)

Les différentes parties d’un os long

Les différentes parties d’un os long sont :

 La diaphyse ou corps de l’os est formée du tissu osseux haversien ; elle est creusée en
son centre d’un canal médullaire.
 La métaphyse est la zone de cartilage de conjugaison qui assure la croissance de l’os
en longueur (jeune os). Dans les vieux os elle est réduite à la ligne de soudure
épiphyso-diaphysaire.
 L épiphyse est l’extrémité osseuse ; elle est formée d’os spongieux.
 Le périoste : c’est une membrane fibreuse recouvrant l’os sauf au niveau du cartilage
articulaire. Il donne le tissu osseux périostique qui est colonisé par les ostéoblastes
pour former du tissu osseux haversien. Il assure donc la croissance de l’os en
épaisseur.
 Le cartilage articulaire ou d’encroutement : c’est un cartilage hyalin qui recouvre les
surfaces articulaires dont le glissement est facilité par la synovie.

 LES OS COURTS

Exemple : les vertèbres

 LES OS PLATS 

Exemple : l’omoplate

1.2.1.2 L’OSSIFICATION 

On distingue l’ossification primaire et ossification secondaire.

 L’ossification primaire

C’est la croissance de l’os en épaisseur et en longueur.

 Ossification en épaisseur ou périostique : le périoste (tissu fibreux) se transforme en


tissu osseux.
 Ossification en longueur (ou enchondrale) : les cellules des métaphyses
(chondroblastes) se multiplient et progressivement la substance fondamentale
s’imprègne des sels calciques ; ensuite des cellules spéciales appelées chondroclastes
viennent et rongent le cartilage et dans les cavités osseuses ainsi créées se logent des
ostéoblastes qui édifient l’os spongieux.

 Ossification secondaire

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Le tissu périostique ou spongieux après leur ossification primaire s’organise en système
de Havers.

Une ossification tertiaire consiste en des remaniements des systèmes de Havers


préexistants. L’os est donc en perpétuel remaniement.

1.2.1.3 La destruction des os

 L’ostéoclasie : c’est la destruction d’un os par des cellules spéciales (ostéoclastes) qui
secrètent des substances dissolvant les sels de calcium
 Ostéolyse : c’est la destruction pathologique des os par des humeurs ostéolytiques.

Chez le jeune animal la vitesse de construction de l’os est supérieure à la vitesse de la


destruction de l’os.

Chez l’adulte les 2 vitesses sont presque égales, alors que chez les vieux animaux les os
sont plus détruits que construits.

On comprend pourquoi une fracture mettrait nettement plus de temps à se cicatriser chez
un vieil animal que chez un jeune en pleine croissance.

Les os représentent 7 à 8,5% du poids vif d’un animal. L’ensemble des os d’un corps est
organisé en une charpente osseuse ou squelette.

1.2.1.4 Le squelette

Il est formé de 4 parties : la tête, la colonne vertébrale, le thorax et les membres.

a. La tête

On distingue 2 zones : le crâne et la face dont les nombreux os plats sont assemblés
par les sutures.

 Le crâne est formé de 7 os plats dont 5 impairs et 1 pair. (Voir schéma)

La face est formée d’un nombre variable d’os (voir schéma), elle abrite les organes de sens
(naseaux, oreilles, yeux). On y rattache (l’os hyoïde) servant de support à la langue et entre
les branches duquel se trouve le larynx.

Le thorax (cage thoracique)

La cage thoracique est limitée à la partie supérieure par la colonne vertébrale, à la


partie inférieure par le sternum et latéralement par les côtes.

 Le sternum est une pièce cartilagineuse formée d’articles appelés sternèbres qui sont
des noyaux osseux.
 Les côtes : leur nombre est variable, 13 paires chez les Bovins ; 13 – 15 chez le porc ;
7 – 10 chez la volaille ; 18 chez le cheval ; 13 chez les ovins.

On distingue : les côtes sternales qui s’articulent directement avec le sternum (vraies côtes)

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Les côtes asternales qui sont prolongées par un cartilage costal ; l’ensemble de ce cartilage
forme hypocondre (fausses côtes)

Les côtes flottantes (comme chez l’homme) sont rares.

b. La colonne vertébrale

Elle est formée de vertèbres groupées en 5 types, présentés dans le tableau suivant :

Type de vertèbres Homme Bovin Ovin Cheval Porcin Oiseau


Cervicales(1) 7 7 7 7 7 14 – 23
Dorsales 12 13 13 18 13 – 15 7 – 11
Lombaires 5 6 6 6 6–7 14
Sacrées 5 5 5 5 4–5 14
Coccygiennes 4 17 – 24 18 – 24 17 – 23 21 – 23 6–7
(1) - Les vertèbres cervicales ont les apophyses relativement égales. La Première est appelée
atlas, la seconde est appelée axis.
- Les vertèbres dorsales ont les apophyses épineuses très développées surtout de la 5 è à la 7è
et portent des facettes ou s’articulent les côtes.
- Les vertèbres lombaires ont des apophyses transversales plus développées
- Les vertèbres sacrées sont soudées en 1 seul os appelé sacrum
- Les vertèbres coccygiennes ou caudales sont de toutes petites vertèbres

c. Les membres

On y distingue les membres antérieurs qui sont les équivalents des membres supérieurs de
l’homme et les membres postérieurs qui correspondent aux membres inférieurs de l’homme.

 Les membres antérieurs

Chaque membre antérieur comprend 4 parties : l’épaule, le bras, l’avant-bras et la main.

 L’épaule ou ceinture scapulaire

C’est la partie relativement fixe qui unit le membre au corps. Elle est formée d’un seul os,
l’omoplate ou scapulum. C’est un os plat, large, triangulaire. Sa face externe porte une crête
qui la sépare en 2 parties : fosses sous et sus-épineuse, sa face interne est appelée fosse sous-
scapulaire. L’omoplate s’articule avec l’humérus par une cavité peu profonde. Il est prolongé
à la partie supérieure par le cartilage de prolongement.

Chez certaines espèces comme l’homme l’omoplate est reliée au sternum par un os
appelé la clavicule ; chez le bovin il subsiste encore un rudiment de clavicule dans le muscle
mastéido-huméral. Chez les oiseaux les 2 clavicules se soudent pour former la fourchette.

 Le bras 

Il est formé par un seul os tordu autour de son grand axe, l’humérus.

 L’avant-bras 

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Il est formé de 2 os soudés, le radius et le cubitus. Le cubitus est situé en arrière, il est très
atrophié sauf dans sa partie supérieure qui forme l’olécrane. Le radius s’articule à son
extrémité supérieure avec l’humérus, et son extrémité inférieure avec les os du carpe.

 La main 

Elle est formée par :

 Le carpe qui est formée par une double rangée d’os courts appelés carpes dont le
nombre varie de 7 à 8 os suivant les espèces.
 Le métacarpe ou os canon est un os long qui s’articule supérieurement avec le carpe et
inférieurement avec la première phalange ; il est formé de 2 os soudés chez le bovin,
de 4 os chez le porcin.
 Les doigts : ils diffèrent d’une espèce à l’autre. Chaque doigt est composé de trois
os (les phalanges) ; la 3e phalange est de forme variable : elle est étalée chez le
cheval, en griffe chez le chien et le chat.

Entre le métacarpe et les 1ères phalanges en arrière se trouvent de petits os appelés les
grands sésamoïdes, et entre les 2e et 3e phalanges se trouvent les petits sésamoïdes.

 Les membres postérieurs

 La ceinture pelvienne

C’est la partie relativement fixe qui unit le membre postérieur au corps. Elle comporte de
chaque côté une portion dorsale et antérieure (ou ilion) appuyée sur le sacrum, une portion
ventrale et antérieure appelée pubis et une portion ventrale et postérieure ou ischion. Ces 3
portions sont soudées et forment le coxal. Les coxaux se réunissent par la symphyse pelvienne
pour former la ceinture pelvienne. La symphyse est cartilagineuse chez les jeunes animaux.
Au point de soudure des 3 os coxaux vers l’extérieur se creuse la cavité destinée à recevoir la
tête du fémur.

 La cuisse 

Elle est formée d’un seul os, le fémur. La tête du  fémur est bien distincte du reste de
l’os grâce au col du fémur. À l’extérieur on remarque les 2 points d’insertion (les trochanters)
des muscles qui font tourner la cuisse (propulseurs). À l’extrémité inférieure on trouve :

- Une cavité articulaire ou pivote l’os suivant un seul plan, c’est la trochlée.
- condyles répondant au tibia

 La jambe

Elle est formée de 2 os :

Le tibia qui s’articule avec le fémur à la partie supérieure et à la partie inférieure avec
le tarse

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Le péroné est situé du côté externe au tibia, il est généralement atrophié. Il est à l’état
de vestige chez beaucoup d’espèces ; chez l’homme, le chien et le porc il est entier.

 Le pied 

Il est formé du tarse, métatarse et des doigts. Il est comparable dans sa constitution à la
main décrite plus haut.

1.2.1.5 Particularités du squelette chez la volaille


a. Les os sont très légers et pneumatiques (capables de se remplir d’air venant de la
poche d’air).
b. Les vertèbres dorsales sont soudées entre elles.
c. Les vertèbres lombaires, sacrées et les coxaux sont soudés en une seule pièce creusée à
sa face inférieure des logettes où se logent les reins.
d. Le bassin n’a pas de plancher osseux.
e. Le sternum est très développé, sa face inférieure présente une crête saillante appelée
bréchet.
f. Un os nouveau à la tête, situé entre le temporal et maxillaire inférieur, l’os carré, qui
facilite l’ouverture du bec.
g. La clavicule est soudée à son homologue pour former la fourchette.
h. Entre la cavité glénoïde et le sternum se trouve un nouvel os, le coracoïde formant un
arc – boutant.
i. Les 3 doigts du membre antérieur sont atrophiés ; au niveau du membre postérieur on
compte 4 doigts dont 3 dirigés vers l’avant et 1 vers l’arrière ; le nombre de phalanges
varient selon les doigts (et est égal au numéro du doigt + 1)

1.2.1.6 Les articulations

Les os sont réunis par des éléments fibro-élastiques assurant une mobilité plus ou
moins grande à l’articulation ainsi formée. Suivant l’ampleur des mouvements on distingue :
les articulations mobiles ou diarthroses, les articulations fixes ou synarthroses et les
articulations semi-mobiles ou amphiarthroses.

 Les diarthroses 

Elles sont caractérisées par :

- La mobilité
- La cavité articulaire
- La présence de la synovie
- Des surfaces articulaires lisses pourvues d’un cartilage d’encroutement :

Exemples : genou, coude, grasset

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 Les synarthroses

Ce sont des articulations n’ayant ni cavité articulaire ni synovie. Les surfaces


articulaires sont rugueuses. Les os sont réunis par un tissu fibreux ou cartilagineux s’ossifiant
avec l’âge.

Exemples : articulations des os du crâne et des os du bassin.

 Les amphiarthroses

Ce sont des articulations n’ayant ni cavités articulaires ni synovie. Les surfaces


articulaires sont relativement lisses et réunies par des tissus fibro-cartilagineux ne durcissant
jamais, ce qui assure une certaine mobilité à ces articulations.

Exemples : les articulations intervertébrales

Le squelette détermine la configuration des régions extérieures d’un animal. Il joue un


rôle dans la nutrition en tant que réservoir des matières minérales.

1.2.1.7 Les muscles

On distingue les muscles lisses non soumis au contrôle de la volonté, et les muscles
striés ou muscles de la vie de l’animal.

Les muscles striés s’appuient sur le squelette et permettent les mouvements de


l’animal. Ils constituent l’essentiel de la viande ; l’aptitude d’un animal au travail ou à la
production de la viande est en relation directe avec le développement de sa musculature.

Les principaux muscles d’un organisme animal. (Voir photocopié)

Le tissu musculaire représente environ 40% du poids vif d’un animal et est la partie la
partie la plus vendue.

Le muscle strié est composé de : 75% d’eau, 20% de protides, 5% glucides, lipides et
matières minérales.

2 LA REPRODUCTION

2.2 La terminologie en élevage des reproducteurs


Le tableau ci-dessus donne les noms des reproducteurs et de leurs petits des principales
espèces animales d’élevage.

Nom du mâle
Espèces Nom de la femelle Nom du petit Mise – bas
Reproducteur Castré
Bœuf Taureau Bœuf Vache Veau / velle Vêlage

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Porc Verrat Truie Porcelet /cochonnet/goret Cochonnage
Chèvre Bouc Chèvre Cabri / chevreau Chevrotage
Mouton Bélier Brebis Agneau / agnelle Agnelage
Cheval Étalon Hongre Jument Poulain Poulinage
Lapin Lapin Lapine Lapereau Lapinage
Poule Coq Chapon Poule Poussin
Oie Jars Oie Oison Ponte
Dindon Dindon Dinde Dindonneau /éclosion
Canard Canard Cane Caneton

2.2 Anatomie des appareils de fonction de reproduction


Chez les animaux les gamètes mâles et les gamètes femelles sont produits par des individus
distincts. On dit alors que les animaux sont des espèces gonochoriques.

2.2.1 L’appareil reproducteur mâle

L’appareil reproducteur mâle est formé de l’appareil génital et des glandes annexes.

2.2.1.1 L’appareil génital mâle

Il comporte :

 Les deux glandes génitales ou testicules situées à l’intérieur des bourses dans la région
inguinale
 Les voies génitales : épididymes, canaux déférents et canaux éjaculateurs.
 L’urètre qui reçoit les secrétions des glandes annexes (vésicules séminales, prostates,
glandes de Cowper)
 La verge formée de l’union de l’urètre et du corps caverneux. La partie libre de la
verge est logée dans un repli de la peau appelé fourreau.

a) La glande génitale mâle (ou testicule)

Le testicule est une glande qui produit des spermatozoïdes et secrète des hormones
nécessaires de la reproduction.

Le mélange de spermatozoïdes et sécrétions des glandes annexes constitue le sperme.

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Le testicule est logé dans un diverticule de la peau de la cavité abdominale qu’on appelle
gaine. Cette gaine est formée d’une partie rétrécie où se trouve le cordon testiculaire formé
des vaisseaux et nerfs et du canal déférent, et d’une partie dilatée logeant le testicule.

Un testicule est constitué de :

 une peau ou scrotum


 une tunique conjonctivo-vasculaire recouvrant la portion dilatée du scrotum : c’est le
dartos.
 une tunique fibreuse logeant dans son épaisseur les vaisseaux et nerfs du testicule.
 un tissu propre qui est une pulpe moelle, grisâtre, granuleuse formée d’un grand
nombre de canaux séminifères où sont élaborés les spermatozoïdes.
Sur le côté de la fibreuse se trouve, chez la plus part des espèces, un muscle, le crémaster qui
fait remonter le testicule quand il se contracte.
Les testicules se forment dans la cavité abdominale à côté des reins. Ils traversent le trajet de
la voie inguinale et se logent dans les bourses dans les derniers mois de la gestation.

Après la mise-bas, ils semblent encore remonter le trajet inguinal pour redescendre
définitivement quelques mois après la parturition.

b) Les voies génitales

 L’épididyme 

C’est un tube pelotonné sur lui-même situé au bord extérieur du testicule. Il comporte une
queue renflée et une tête qui fait suite au canalicule séminifère. Il conduit les spermatozoïdes
vers les canaux déférents.

 Les canaux déférents : il y a 2 canaux déférents.

Ce sont de petits canaux à paroi épaisse. Ils remontent le trajet inguinal, pénètrent dans la
cavité abdominale et rejoignent le bord supérieur de la vessie où ils présentent un renflement,
le renflement pelvien. C’est à ce niveau que s’ouvrent les goulots des vésicules séminales.
L’ensemble de cette structure forme le canal éjaculateur qui s’ouvre dans l’urètre.

c) Le pénis ou la verge 
C’est l’organe copulateur du mâle. Il est logé dans un repli de la peau de la paroi abdominale,
le fourreau. Il se prolonge en arrière dans la cavité générale par un « S » pénien qui permet

16
son allongement lors de l’accouplement. Il est terminé par un appendice vermiforme chez le
bélier et le bouc. Il est formé de :
 L’urètre qui est un conduit commun aux urines et au sperme, allant du col de la vessie
à l’extrémité de la verge.
 Le corps caverneux qui est une longue tige érectile qui s’étend de l’arcade ischiale à
la tête de la verge. Il est creusé à sa face inferieure d’une gouttière où se loge le canal de
l’urètre. Cette gouttière est fermée par un muscle (le muscle bulbo-caverneux).
Le corps caverneux comprend une membrane fibreuse émettant des diverticules qui se
ramifient et s’anastomosent pour former des aréoles en communication directe avec des
vaisseaux sanguins. C’est l’engorgement de ces aréoles par le sang qui provoque l’érection.

 L’extrémité de la verge ou gland est constituée par un renflement du tissu spongieux


qui entoure la portion extra pelvienne de l’urètre.

2.2.1.2 Les glandes annexes

Plusieurs glandes situées à proximité l’une de l’autre dans la cavité abdominale, déversent
leurs secrétions dans le canal commun : les glandes séminales, les glandes de Cowper, la
prostate, etc. Toutes ces glandes jouent un rôle dans l’élaboration du sperme.

(Schéma de l’appareil reproducteur d’un mâle)

2.2.2 L’appareil reproducteur femelle

L’appareil reproducteur femelle comprend l’appareil génital et l’appareil lactifère.

2.2.2.1 L’appareil génital

Il est situé dans la région du bassin ; il est composé de :

 2 ovaires
 2 pavillons (ou trompes de Fallope) suivis
 2 oviductes
 2 cornes utérines
 L’utérus ou matrice
 Le col de l’utérus
 Le vagin
 la vulve

17
a) Les ovaires ou glandes génitales femelles

Ils sont situés dans la cavité abdominale, en arrière des reins ; leurs formes et dimensions sont
variables selon les espèces. Ce sont des glandes qui produisent des ovules (cellules
reproductrices femelles) et sécrètent des hormones nécessaires de la reproduction.

Un ovaire est formé de :

 Une enveloppe fibreuse


 Un tissu propre se divisant en 2 zones dont :
 Une médullaire comportant des vaisseaux et du tissu fibreux, et
 Une corticale moins vascularisée, creusée de nombreuses petites cavités ou follicules
de Degraaf.

À la surface de l’ovaire on remarque de nombreuses petites bosselures de consistance


liquidienne: ce sont des follicules renfermant chacun un ovule. On peut aussi rencontrer
d’autres formations faisant saillie et de consistance ferme : ce sont les corps jaunes. En cas de
fécondation ces corps jaunes vont persister pendant une longue partie de la gestation ; s’il n’y
a pas eu fécondation ils régressent.

Les follicules Degraaf disparaissent avec l’âge et la couche corticale de l’ovaire présente un
aspect fibreux. C’est la ménopause ou sénilité sexuelle qui est rarement atteinte chez les
animaux domestiques en raison de leur courte vie économique.

b) Les voies génitales femelles


- Les oviductes (ou trompes de Fallope ou salpynx) sont formés d’une partie antérieure
ou pavillon dans laquelle tombe l’ovule et d’un segment postérieur qui est un conduit tortueux
allant du pavillon à l’utérus. C’est à ce niveau qu’a lieu la fécondation.
- La matrice ou utérus formé d’un corps et de 2 cornes. C’est normalement dans le corps
utérin que l’œuf fécondé va se nicher et se développer en embryon.
- Le col de l’utérus est constitué de nombreux replis de la membrane utérine fermant
l’orifice à l’état normal pour protéger les parties profondes de l’appareil génital. il ne
s’ouvre qu’au moment des chaleurs pour laisser passer les spermatozoïdes et à la parturition
pour laisser passer le fœtus.

L’utérus est formé de trois membranes ou tuniques :

 La séreuse qui est du péritoine en continuité avec les ligaments larges.


 La musculeuse formée par un réseau de fibres musculaires formant le sphincter au
niveau du col.
 La muqueuse mince, fortement plissée et riches en glandes.
c) Le vagin 

C’est un canal membraneux étendu horizontalement dans le bassin entre l’utérus et la vulve ;
la muqueuse est tapissée de plis longitudinaux qui assurent sa distension à la mise bas.

d) La vulve 

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C’est un conduit commun à l’appareil génital et urinaire ; il s’ouvre en dessous de l’anus par
une fente verticale présentant 2 lèvres et 2 commissures, l’inférieure logeant le clitoris qui est
un petit organe érectile, vestige du corps caverneux du mâle.

(Schéma de l’appareil génital femelle)

2.2.2.2 L’appareil lactifère

Il est formé de la mamelle et des vaisseaux qui la desservent.

a) La mamelle 

Elle est située dans la zone inguinale qui est la région du haut de la cuisse et bas du
ventre. Elle est divisée en quartiers indépendants séparés par le tissu conjonctif. Chaque
quartier renferme une glande en grappes (4 quartiers chez la vache, 2 chez les ovins et
caprins, 10 – 16 chez la truie). À chaque quartier correspond un trayon (mesurant 5 – 10 cm
de long et 2-3 cm de diamètre chez la vache)

Une mamelle est constituée de:

 une peau recouverte de fins poils et glabre au niveau des trayons


 une enveloppe fibreuse entourant chaque mamelle et s’insérant sur la tunique
abdominale.
 une membrane musculaire lisse
 un tissu glandulaire jaunâtre divisé en lobules.

Un lobule est formé d’une multitude de petites sphères sécrétrices de lait ou acini. Les acini
débouchent dans des canaux galactophores de diamètre de plus en plus grands qui aboutissent
au sinus galactophore qui fait suite au canal du trayon fermé à son extrémité par un sphincter.

b) Les vaisseaux sanguins

La mamelle est abondamment irriguée par un système veineux et capillaire très développé.
Chaque acinus est parcouru par un capillaire et un vaisseau lymphatique. Les capillaires
sanguins proviennent de deux artères mammaires profondes qui après leur passage dans la
glande donnent naissance à un important réseau veineux. Les veines antérieures bien visibles
sous la peau pénètrent dans le corps par deux orifices situés de part et d’autre de la ligne
médiane du ventre ; ce sont les fontaines de lait. La grosseur de ces veines serait
proportionnelle au rendement laitier. Chaque quartier de la mamelle est irrigué
indépendamment des autres.

Coupe longitudinale d’une mamelle


19
c) La physiologie de la mamelle

La glande mammaire d’une femelle à sa naissance n’est qu’ébauchée. Elle se développe


progressivement jusqu’à la puberté, puis elle entre en fonctionnement au cours de la gestation.
Ce développement est sous l’influence des hormones (progestérones et œstrogènes) sécrétées
par les ovaires et le placenta. Le volume définitif de la mamelle n’est atteint qu’au cours des
lactations suivantes.

Pendant la gestation la production de la progestérone et œstrogènes empêche la sécrétion du


lait. À l’approche de la mise bas le taux de la progestérone dans le sang diminue brutalement,
ce qui crée un déséquilibre entre les hormones. Ce déséquilibre agit sur l’hypophyse qui
sécrète alors une hormone appelée prolactine qui participe à l’activité de la glande mammaire
et à la sécrétion du lait. La prolactine agit après la préparation de l’organisme par deux
hormones, la folliculine et la progestérone secrétées respectivement par le follicule de Degraaf
et le corps jaune.

Dans l’intervalle entre deux traites (ou deux tétées) le lait fabriqué remplit les acini qui se
dilatent, puis s’écoule dans les canaux lactifères qui se dilatent à leur tour ; enfin il gagne le
sinus galactophore dilatable. La dilatation des canaux galactophores favorise la sécrétion du
lait qui est arrêtée quand la pression à l’intérieur de la mamelle devient trop forte. Une
mamelle qui n’est pas élastique arrête vite son activité, donc la production du lait.

La sécrétion continue du lait provoque dans la mamelle une pression dite « pression intra
mammaire » alors que le sphincter du trayon se contracte et évite l’écoulement du lait. Cette
pression interne est sous l’influence de l’ocytocine qui est une hormone également élaborée
par l’hypophyse au moment de la traite (ou tétée). La sécrétion de l’ocytocine est déclenchée
par tout le processus qui précède la traite (arrivée du trayeur, bruit de la vaisselle,
acheminement des animaux vers la salle de traite) et le massage de la mamelle. Cette hormone
en dilatant les canaux galactophores et en relâchant le sphincter du trayon facilite l’excrétion
du lait.

La compression exercée par l’augmentation du tonus des fibres musculaires de la mamelle fait
croitre la pression dans le sinus galactophore, ce qui entraine un relâchement du sphincter. Il
suffit donc d’une légère pression supplémentaire exercée par la main du trayeur ou d’une
dépression dans la bouche du petit ou dans le manchon de la machine à traire pour extraire le
lait.

20
L’ocytocine est détruite rapidement, son action dure 2 à 5mn ; il faut donc traire rapidement
l’animal pour obtenir une efficacité maximale de cette hormone.

Une mauvaise ambiance générale de la traite empêche la sécrétion de l’ocytocine et provoque


plutôt celle d’une autre hormone, l’adrénaline, produite par les glandes surrénales.
L’adrénaline neutralise l’action de l’ocytocine et le lait ne s’écoule pas vers les trayons. On
dit que l’animal « retient son lait ».

d) Régulation nerveuse et hormonale de l’éjection du lait

La sécrétion lactée est donc déclenchée et maintenue après la mise – bas par un ensemble
d’hormones secrétées par l’hypophyse. Elle est stimulée par la tétée ou la traite et
l’environnement (calme, confiance, bons traitements, etc.), alors que la température plus
élevée, la peur, les mauvais traitements, etc. l’inhibent.

Le schéma ci-dessous résume la régulation nerveuse et hormonale de la sécrétion et de


l’éjection du lait.

Élaboration du lait

La mamelle élabore le lait à partir des éléments prélevés dans le sang. De grandes quantités de
sang sont nécessaires pour fournir à la mamelle les constituants du lait (500l de sang pour
élaborer 1 l de lait chez la chèvre). C’est pourquoi la mamelle est très richement vascularisée
et le sang y circule lentement.

Les acini fabriquent les matières grasses à partir des acides gras (volatils en particulier)
provenant surtout le la fermentation microbienne des aliments grossiers et de l’amidon dans le
rumen.

Les acini fabriquent également les matières azotées (caséine, lactalbumine) à partir des acides
aminés issus de la digestion, et les matières glucidiques (lactose) à partir du glucose prélevé
dans le sang.

Les acini choisissent les sels minéraux du lait parmi les matières minérales du sang.

Les vitamines ne subissent aucune transformation au niveau des acini.

Enfin certaines substances sapides ou spécifiques traversent aisément les membranes des acini
et peuvent ainsi communiquer leur gout au lait.

21
Le tableau ci-dessous donne la composition du lait de quelques animaux d’élevage.

Composition moyenne du lait (en grammes par litre)


Matières
Espèces Matière sèche Glucides (lactose) Matières azotées Matières grasses
minérales
Vache 120 – 130 45 – 55 30 – 35 35 – 40 7–9
Chèvre 115 – 130 40 – 50 28 – 37 30 – 42 7–9
Brebis 150 – 180 43 – 50 50 – 55 55 – 60 9 – 10
jument 100 – 110 60 – 65 20 – 25 15 – 20 5–6
Truie 170 – 185 50 – 55 50 – 60 50 – 60 8 – 10

Quand il faut sauver des petits par l’allaitement artificiel le lait utilisé doit avoir une
composition aussi proche que possible de celle du lait maternel de l’espèce à laquelle ce lait
est destiné.

2.2.3 Particularités des appareils de fonctions de reproduction des oiseaux

a) Appareil génital du coq

Il comprend :

 Deux testicules logés dans la cavité abdominales au pôle antérieur des reins, de part et
d’autre de l’aorte ; ils sont gris brins au repos, blanchâtre et très volumineux au cours de la
reproduction. Une caractéristique essentielle de fonction de reproduction chez les oiseaux est
qu’il s’agit d’une activité cyclique caractérisée par une phase d’activité et une phase de repos.
Il a été démontré qu’un testicule en activité est nettement plus volumineux et plus lourd qu’un
testicule au repos.
 Deux canaux déférents qui amènent les spermatozoïdes dans la partie supérieure du
cloaque.
 Une papille au niveau du cloaque, pourvue d’une fente particulièrement développée
chez le canard, et qui représente l’organe copulateur : la papille spermatique.

b) Appareil génital de la poule

Il se compose de :

 Un ovaire. Seul l’ovaire gauche est développé et fonctionnel. Chez la poule adulte 
l’ovaire droit est invisible; il est très rudimentaire et a d’ailleurs la valeur potentielle d’un
testicule. L’ovaire gauche a la forme d’une grappe constituée d’un grand nombre d’ovules et
est suspendue à un mince pédicule de la cavité abdominale. Ces ovules sont à différents stades
de maturation et sont contenus dans de fines membranes reliées entre elles.
 Un oviducte : à l’unique ovaire fonctionnel (l’ovaire gauche) correspond un seul
oviducte fonctionnel, l’oviducte gauche. C’est un long tube sinueux comprenant deux
portions :

22
 Une partie dilatée : le pavillon ou infundibulum, riche en fibres musculaires lisses ce
qui lui permet de se rapprocher de la grappe ovarienne pour recueillir le follicule mûr (vitellus
ou jaune).
 Une partie glandulaire ou magnum : elle mesure environ 35 cm chez la poule. Elle est
riche en cellules secrétant de l’albumine. À ce niveau, le vitellus s’entoure de l’albumen
(blanc de l’œuf) qui se dépose en couches concentriques. À un moment la couche de
l’albumen en contact avec le vitellus tourne sur elle-même, ce qui provoque la torsion des
fibres protéiques aux deux pôles de l’œuf. Il en résulte la formation des « chalazes ». La durée
de transit de l’œuf y est d’environ 3 heures ;
 L’isthme : il secrète la membrane coquillière. Celle-ci est formée de deux feuillets qui
se séparent au gros bout de l’œuf pour former la chambre à air. La durée de transit de l’œuf y
est d’environ 5 heures.
 L’utérus ou glande coquillière : c’est le lieu où se forme la coquille. Celle-ci est
formée de deux couches internes faites de grains de calcite et d’une couche externe de nature
protéique. La coquille est percée de nombreux pores plus concentrés au niveau du gros bout
de l’œuf. La durée de transit de l’œuf y est d’environ 5 heures.

La formation d’un œuf dure environ 24 heures ; l’œuf est alors expulsé par le cloaque. Cette
expulsion ou oviposition est assurée par la contraction des muscles de l’abdomen coïncidant
avec la dilatation du vagin, tout ceci sous la dépendance des hormones et d’une luminosité
normale.

Le mauvais état général, l’obscurité, la sous-alimentation, le froid ralentissent ou entravent le


bon développement de l’œuf.

2.3 Physiologie de l’appareil de fonctions de reproduction

2.3.1 Gamétogenèse
a) Formation des spermatozoïdes ou spermatogénèse.

La formation d’un spermatozoïde passe par plusieurs étapes.

- Depuis l’état embryonnaire jusqu’à la puberté il y a multiplication des cellules


spéciales (ou germinales) dans les tubes séminifères des testicules. De ces cellules de base (ou
spermatogonies) vont dériver plus tard les spermatozoïdes.
- A la puberté, sous l’action des hormones produites par l’hypophyse et agissant sur les
testicules (hormones gonadotropes) ces cellules se divisent plus intensément et aboutissent
aux spermatocytes de premier ordre ou spermatocyte I.
Les spermatocytes I subissent une méiose (ou mitose réductionnelle) et donnent des
spermatocytes II qui subissent à leur tour une mitose et aboutissent aux spermatides.

23
Les spermatides vont subir une série de transformations et de modifications biologiques pour
donner des spermatozoïdes.

Le spermatozoïde est libéré dans le tube séminifère où il se nourrit avant de gagner


l’épididyme et ensuite le canal déférent au cours de l’éjaculation.

Les spermatozoïdes sont produits par vagues successives à partir des spermatogonies de sorte
que biologiquement, tous les spermatozoïdes ont le même âge au moment où ils sont émis. Le
passage du stade spermatogonie au stade spermatozoïde varie selon les espèces et dure
environ deux mois. C’est pourquoi l’action de certains facteurs du milieu peut se manifester
avec du retard sur le sperme. Ce retard est d’environ deux mois chez le bélier et le bouc.

Un spermatozoïde est un organisme flagellé d’environ 100µ de longueur ; il comporte 3


parties savoir la tête, le col et la queue.

 La tête est occupée par un noyau haploïde au-dessus duquel se trouve l’acrosome. La
partie tout à fait apicale est enveloppée d’une structure particulière appelée coiffe céphalique
 Le col : c’est une bande cytoplasmique qui réunit la tête à la queue ou flagelle
 La queue : c’est le flagelle qui assure le déplacement du spermatozoïde

Morphologie d’un spermatozoïde normal

b) La formation des ovules ovogenèse

Les follicules ovariens sont tous constitués à la naissance ; un certain nombre d’entre eux
évolueront au cours du cycle œstral, à partir de la puberté.

L’élément de base est une ovogonie qui est une cellule dérivant de l’épithélium germinatif.
L’ovogonie se transforme en ovocyte de premier ordre (ovocyte I). L’ovocyte I augmente de
volume à mesure qu’évolue le follicule cavitaire et dans le follicule de Degraaf il représente
une grande cellule à gros noyau et à cytoplasme riche en matière de réserve.

L’ovocyte I subit une méiose peu avant l’ovulation et donne un ovocyte II et une petite cellule
polaire qui va disparaitre.

Au cours de la fécondation se produit une mitose de maturation aboutissant à un ovule et une


autre petite cellule polaire qui disparaitra.

24
Morphologie d’un ovule normal

2.4 Les bases de la reproduction animale


2.4.1 Âges de mise en reproduction

Les organes sexuels entièrement formés avant la naissance n’entrent en fonction qu’à la
puberté, moment au cours duquel l’animal acquiert l’aptitude à se reproduire.

La puberté est caractérisée par :

 L’apparition de l’instinct sexuel


 Développement des caractères sexuels secondaires et des organes génitaux annexes
 Production de spermatozoïdes chez le mâle
 Apparition du cycle sexuel chez la femelle

Le tableau ci-dessous indique l’âge de mise en reproduction de quelques espèces animales


domestiques :

Espèces Mâle Femelle


Bovine 9 à 15 mois 9 à 15 mois
Ovine et caprine 5 mois 5 mois
Porcine 7 à 8 mois 7 à 8 mois
Équine 15 à 18 mois 15 à 18 mois
Lapin 5 à 7mois 5 à 7 mois
Poule 5 à 7 mois 5 à 7 mois

Dans nos élevages traditionnels l’âge des animaux n’est toujours connu, les éleveurs
n’enregistrant pas souvent les informations sur leurs animaux. Dans ce cas on se souvient
qu’un animal peut aussi être mis en reproduction quand il pèse les deux tiers de son poids
adulte.

Chez les races précoces on conseille de laisser passer les premières (ou les deux premières)
chaleurs chez les femelles avant leur mise en reproduction, pour que leur organisme puisse
supporter sans dommage les gestations.

La ménopause apparait exceptionnellement chez les animaux domestiques, mais le pouvoir


fécondant baisse avec l’âge. Ainsi un étalon peut saillir jusqu’à 20 ans; un taureau jusqu’à 12
ans ; le bélier et le bouc jusqu’à 8 ans ; la jument est utilisée jusqu’à 15 ans, la vache jusqu’à
12 ans ; la brebis et la chèvre jusqu’à 7 à 8 ans ; la truie jusqu’à 8 à 10 ans.

2.4.2 Le cycle sexuel chez les mammifères

25
C’est l’ensemble des modifications structurales de l’appareil génital qui se produisent toujours
dans le même ordre, à des intervalles réguliers, suivant un rythme particulier à chaque espèce,
durant toute la vie génitale du sujet.

On distingue deux types de cycle sexuel ; le cycle permanent et le cycle saisonnier.

 Le cycle permanent :
Les cycles se succèdent sans arrêt toute l’année : cas de la vache et de la truie ;

 Le cycle saisonnier :
L’activité sexuelle ne se manifeste qu’à certaines époques de l’année. S’il y a un seul cycle
dans l’année, on parle des espèces mono-œstriennes (cas de la chienne). S’il y a plusieurs
cycles successifs, on dit que ces espèces sont poly-œstriennes (jument, brebis et chèvre)

NB : Beaucoup de chèvres, brebis et juments d’Afrique ont un cycle sexuel continu. Cycle
sexuel continue chez le mâle.

Chaque cycle œstral comprend quatre périodes

a) le pro-œstrus ou période préparatoire au rut


b) l’œstrus ou rut ou chaleurs (vache et jument) ; chasse (chienne) ; lutte (brebis). Il
correspond à la période d’acceptation du mâle par la femelle ; c’est aussi au cours de cette
période ou immédiatement après qu’à lieu la ponte ovulaire (ovulation)
c) le post-œstrus qui est la période suivant le rut
d) le di-œstrus ou période de repos sexuel de durée variable chez les espèces à cycle
saisonnier et absent chez celles à cycle permanent.

2.4.3 La production des gamètes

a) La production des ovules et la régulation de la reproduction chez la femelle

Le cycle œstral des mammifères est sous la dépendance des hormones hypophysaires qui
agissent sur les ovaires et des hormones ovariennes qui agissent sur l'hypophyse. L’activité
de ces hormones se traduit par des modifications structurales des différentes portions de
l’appareil génital femelle.

- Au niveau des ovaires

Sous l’action de l’hormone de maturation du follicule (F.S.H.) sécrétée par l’hypophyse les
follicules ovariens se mettent à se développer à la surface des ovaires. Ces follicules passent
successivement par les stades follicules primaires et follicules secondaires ou cavitaires. Les
follicules cavitaires murs se présentent sous forme de bosselures de consistance liquidienne à
la surface des ovaires (follicules de De Graaf). C’est la phase de pro-œstrus.

En même temps l’ovaire sécrète la folliculine ou œstradiol qui, répandue dans l’organisme
animal provoque l’apparition des chaleurs ou œstrus qui se traduisent par un comportement
inhabituel de la femelle (signes de chaleur).

26
La pression du liquide folliculaire dans le follicule de De Graaf est telle qu’à un moment le
follicule se rompt. Le liquide s’épanche en entrainant avec lui l’ovocyte II. C’est l’ovulation
ou ponte ovulaire, qui est réglée par les hormones gonadotrophines hypophysaires (F.S.H. et
L.H.) et les hormones ovariennes (œstrogène et folliculine).

Après la ponte ovulaire, le follicule de De Graaf se referme sur un caillot de sang et certaines
cellules spéciales de l’ovaire qui vont grossir et commencer à sécréter une hormone appelée
progestérone. Le follicule rompu et ainsi transformé est appelé corps jaune, à cause des
pigments jaunes (la lutéine) qui imprègnent ses cellules.

S’il y a eu fécondation le corps jaune va persister pendant une bonne partie de la gestation ; il
va alors augmenter de volume et produire plus abondamment la progestérone qui va bloquer
le cycle œstral.

En cas de non fécondation le corps jaune régresse en quelques jours.

- Au niveau des cornes utérines (utérus)

Les œstrogènes préparent la fécondation de l’ovule et la nidation de l’embryon. Ils produisent


la congestion et les œdèmes de la muqueuse utérine, et oriente les mouvements péristaltiques
pour favoriser soit la remontée des spermatozoïdes, soit la descente de l’ovule selon le cas.

- Au niveau du vagin

Pendant la phase folliculaire du cycle ovarien la muqueuse vaginale se kératinise.

Le schéma ci-dessous résume l’activité hormonale au cours du cycle sexuel chez la femelle

b) La production de sperme et la régulation hormonale de la reproduction chez le


mâle

L’appareil reproducteur du mâle commence à fonctionner à la puberté, avec la production du


sperme. Le sperme est un mélange de spermatozoïdes (gamètes mâles) et du liquide séminal
sécrété par les glandes génitales annexes (glandes de Cowper, prostate) et des vésicules
séminales.

Les spermatozoïdes sont fabriqués dans les tubes séminifères des testicules par vagues
successives et en très grand nombre (400 millions par ml de sperme chez le verrat ; 4,5
milliards chez le bélier, 3,3 milliards chez le bouc).

Les cellules de Leydig qui se trouvent dans le tissu conjonctif occupant les espaces entre les
tubes séminifères sécrètent plusieurs hormones sexuelles mâles ou testostérones qui
conditionnent l’apparition des caractères sexuels secondaires et l’ardeur sexuelle des mâles.

La quantité de sperme produit est proportionnelle au poids du testicule ; lors du choix d’un
reproducteur l’éleveur retiendra celui dont les testicules sont plus développés.

27
Dès qu’elle a commencé, la production des spermatozoïdes est continue jusqu’à la
mort de l’animal. La qualité et la quantité de sperme produit varient selon l’âge de l’animal et
certains facteurs du milieu :

Les jeunes reproducteurs sont moins féconds que les adultes, mais le pouvoir fécondant baisse
avec l’âge du mâle. L’éleveur doit diminuer le nombre de femelles par jeune mâle pour les
croisements, et par ailleurs les mâles plus âgés seront éliminés de la reproduction.

Le volume, la concentration du sperme et la qualité des spermatozoïdes baissent en saison


sèche.

Les caractéristiques de la semence du mâle varient selon les races, mais surtout selon les
individus.

Plus le nombre de saillies journalières par mâle est élevé, plus la concentration en
spermatozoïdes de son sperme est faible. En monte naturelle un mâle adulte bien entretenu
peut féconder un maximum de 2 femelles par jour, et il importe de séparer les 2 saillies de
quelques heures et de ménager des jours de repos du mâle dans la semaine.

Régulation hormonale de la reproduction chez le mâle (voir photocopié)

c) Incidence des facteurs du milieu sur la spermatogénèse

Il a été démontré que certains facteurs de l’environnement affectent la spermatogénèse :

Une alimentation insuffisante en quantité et en qualité provoque une diminution du nombre de


spermatozoïdes par éjaculat et de la motilité des spermatozoïdes. Le reproducteur doit être
correctement nourri et sa ration quand il est en service doit être particulièrement riche en
vitamines A, D, et E.

La température extérieure très élevée ou un surchauffement dans la salle d’élevage empêchent


la fabrication normale des spermatozoïdes. La construction des bâtiments d’élevage doit
garantir une ambiance fraiche dans les salles d’élevage, et l’entretien des litières doit proscrire
en leur sein des fermentations qui élèvent la température du local.

Toutes les maladies fiévreuses ou infectieuses font baisser la concentration en spermatozoïdes


du sperme et peuvent même en annuler le pouvoir fécondant. Les reproducteurs doivent être
soumis à une prophylaxie rigoureuse.

Des composés arsenicaux qu’on retrouve dans certains antiparasitaires et substances de


croissances entrainent la production de semence de mauvaise qualité. L’éleveur doit bien
choisir le produit vétérinaire et se conformer à sa notice d’utilisation.

La durée de fabrication des spermatozoïdes est d’environ deux mois : lorsqu’en facteur
perturbateur ci-dessus a réellement agi, son action sur la qualité du sperme se manifeste
environ 2 mois plus tard. L’éleveur doit donc préparer les mâles aux accouplements 2 mois
plutôt.
28
2.4.4 L’accouplement et la fécondation

Les animaux sont naturellement portés à se rapprocher au moment des chaleurs. Dans les
élevages modernes les femelles sont élevées séparément des mâles, et il revient à l’éleveur
d’identifier du troupeau les femelles qui sont en chaleurs. Celui-ci peut s’appuyer sur les
signes suivants :

a) Comment connaître qu’une femelle est en chaleurs ?

- Elle a une vulve est tuméfiée et rouge


- Écoulement des glaires à la vulve
- Elle est plus agitée
- Elle chevauche ses compagnes ou se laisse chevaucher par elles
- Elle s’immobilise au bruit, à l’odeur, à la vue du mâle
- Elle se laisse suivre docilement par le mâle
- Elle se laisse chevaucher et saillir par le mâle
- La truie laisse l’homme s’asseoir à califourchon sur son dos
L’ampleur de ces signes dépend de la saison, des individus et du mode d’élevage.
Dans des élevages importants on utilise avantageusement les mâles vasectomisés ou déviés
qu’on introduit dans le troupeau des femelles pour y détecter celles qui sont en chaleurs.
En élevage en claustration on peut aussi promener un mâle derrière les loges des femelles
pour que celles qui sont en chaleurs se manifestent au mâle.
Chez le mâle, on note les sécrétions des glandes génitales, l’érection et l’éjaculation.

b) Quel est le moment optimal des saillies des femelles ?

Lors de l’accouplement (coït) les spermatozoïdes sont déposés en un endroit variable du


tractus génital femelle suivant les espèces. Ils remontent ce tractus génital grâce à leurs
mouvements propres et aux contractions utérines. La remontée dure 5 à 6 heures ; les
spermatozoïdes ont une durée de vie moyenne de 24 h et les ovules de 4 h. Il faut donc
rapprocher la saillie de l’ovulation pour que l’ovule soit fécondé durant ses quelques heures
de survie.

Le tableau ci-dessous présente des paramètres de la vie sexuelle de quelques femelles


d’élevage

Moment de Moment optimal Durée du cycle Durée de l’œstrus


Espèces
l’ovulation pour la saillie (en jours) (en jours)
24 h avant la fin des 3e et 4e jour des
Jument 20 6
chaleurs chaleurs
14 h après la fin des Fin des chaleurs
Vache 20 – 23 4 – 8 heures
chaleurs
24 h après le début 1e jour des
Brebis 14 – 19 1–2
des chaleurs chaleurs
24 h après le début 1e jour des
Chèvre 15 – 20 2–3
des chaleurs chaleurs
36 h après le début Fin du 2e jour des
Truie 21 3
des chaleurs chaleurs

29
Lapine Ovulation provoquée par l’accouplement 16 Cycle bloqué

c) La fécondation

La fécondation est réalisée par la pénétration du spermatozoïde dans l’ovule mûr, au tiers
supérieur de l’oviducte. Elle est suivie par la fusion des deux noyaux haploïdes pour donner
un noyau diploïde. Elle est réalisée dans la partie supérieure de l’oviducte. L’œuf fécondé va
descendre dans l’utérus en 3-4 jours dans la plupart d’espèces. Une fois dans l’utérus l’œuf,
avant de se nider traverse une période de vie libre durant laquelle il peut se déplacer dans la
matrice. La nidation définitive a lieu entre le 17e et le 18e jour, chez le mouton et le porc, et
entre le 30e et le 40e jour chez les bovins.

2.4.5 La gestation

Elle débute avec la fécondation de l’ovule par le spermatozoïde dans la partie


supérieure de la trompe ; elle est définitive quand le placenta est constitué. Elle peut être
simple ou unipare, gémellaire ou pluripare. Les jumeaux peuvent provenir d’un même œuf, ce
qui signifie qu’ils sont univitellins ou de plusieurs ovules fécondés, ce qui signifie qu’ils sont
bivitellins.

Le fœtus se développe dans l’une des deux cornes de l’utérus en cas d’une gestation simple ;
s’il y a plusieurs fœtus, ils sont répartis en nombre égal dans les deux cornes. Au fur et à
mesure de la croissance du fœtus, l’utérus avance dans la cavité abdominale où les cornes
s’étalent sur les parois, ce qui comprime les autres organes de la cavité abdominale, il s’ensuit
des troubles digestifs, respiratoires surtout dans la deuxième moitié de la gestation.

a) Le placenta

C’est un organe transitoire qui préside à la nutrition du fœtus au cours de sa vie intra-utérine.
Il est expulsé en masse après la mise-bas, en même temps que les enveloppes fœtales. Le
fœtus est entouré de plusieurs enveloppes.

- L’amnios : il a la forme d’un rein, il entoure complètement le fœtus et est en continuité


avec lui au niveau de la peau pré ombilicale. Sa face interne secrète un liquide dans
lequel baigne le fœtus et qui lubrifie les voies génitales à la mise bas.
- L’allantoïde : c’est un sac à parois très minces et transparentes en continuité avec la
vessie du fœtus. Il entoure l’amnios.
- Le chorion : c’est la membrane externe du fœtus, il est clos et rappelle la forme de
l’utérus. Sa face externe présente en grand nombre des villosités placentaires reparties
soit sur toute la surface pour donner un placenta diffus, soit en bouquet ou
placentômes qui s’engrènent dans des formations spéciales de la muqueuse utérine
(cotylédons) pour donner un placenta localisé.
Un placenta est formé de plusieurs couches histologiques interposées entre la circulation
fœtale et maternelle :

30
- l’endothélium capillaire chorial = a
- tissu conjonctif chorial = b
- épithélium chorial = c
- lumière utérine = d
- épithélium utérin = e
- tissu conjonctif utérin = f
- endothélium capillaire maternel = g
a) le placenta à 7 couches (épithélio-chorial) se trouve chez la vache, jument, chèvre.
b) Chez la truie, il a 5 couches (sans d et e) : syndesmo-chorial
c) Chez les carnivores : il a 4 couches (endothélio-chorial) : (a, b, c, g)
d) Chez les rongeurs, singes et femme, il est à trois couches : placenta hémo-chorial (3
couches) = (a, b, c) le sang maternel est immédiatement au contact de l’épithélium chorial.

NB : Moins le nombre de couches histologiques placentaires est important, plus l’écoulement
sanguin après l’expulsion du placenta est abondant; et plus facilement les anticorps
maternels passent au fœtus. Dans les espèces à placentation de type épithélio et syndesmo-
chorial, ces anticorps sont plutôt contenus dans le lait de premiers jours : le colostrum.

b) Le cordon ombilical

C’est une sorte de tige gélatineuse arrondie, blanchâtre, luisante, de longueur variable. Il est
formé d’une gaine (ou paroi) constituée par les cellules de l’amnios. Cette gaine se confond
du côté fœtal avec la peau de l’abdomen et du coté placentaire avec l’amnios. La gaine
contient :

Des veines qui amènent la nourriture et l’oxygène prélevés et transformés par le placenta dans
le sang maternel.

Les artères qui ramènent les déchets (l’urée, le gaz carbonique) au placenta, lequel les
déversent dans la circulation générale maternelle.

Le canal de l’ouraque mettant en communication la vessie et l’allantoïde (caduque).

Les fonctions du placenta

 Le premier rôle du placenta est celui d’une usine nutritive. Les glucides, lipides et les
protides passent facilement à travers le placenta, idem pour l’eau et la plupart des sels
minéraux. Les autres nutriments sont d’abord transformés avant d’être assimilés par le
placenta. Il met en réserve l’excès de nutriments.
 Deuxièmement, le placenta est un organe respiratoire ; le sang veineux circule dans
l’artère ombilicale et le sang artériel dans les veines ombilicales. Le sang fœtal se met au
contact du sang maternel et les échanges respiratoires ont lieu.
 Le placenta joue un rôle protecteur en barrant la route à certains microbes et en
facilitant le passage des anticorps et de nombreux médicaments.
 Le placenta joue aussi le rôle d’épuration : il déverse les déchets du métabolisme fœtal
dans le sang maternel d’où ils seront éliminés par le rein.

31
 Le placenta a enfin un rôle endocrine : il fabrique la gonadotrophine qui stimule la
synthèse de la progestérone dans le corps jaune et l’hormone galactogène qui stimule la
sécrétion du lait.

c) Durées moyennes de gestation et de couvaison chez quelques espèces

Le tableau ci-dessous donne la durée moyenne de la gestation et de la couvaison chez


quelques espèces domestiques.

Durée moyenne de
Espèces
couvaison
Poule 21 jours
Cane commune 28 jours
Cane de Barbarie 35 jours
Pigeon 18 jours
Autruche 40 jours
Dinde 28 jours

d) Le diagnostic de gestation

Le diagnostic de gestation est effectué selon plusieurs méthodes :

Le non-retour en chaleurs est le premier signe de présomption de la gestation. On peut donc


détecter les femelles qui reviennent en chaleur au moyen d’un mâle vasectomisé, dévié ou
muni d’un harnais marqueur. Seulement, bien que gestantes, certaines femelles (5 %)
manifestent des signes de chaleur.

La modification du caractère : les femelles gestantes sont en général plus paisibles.

Le développement du ventre et des mamelles intervient plus tard.

Le palper abdominal complété par l’auscultation est aussi réalisé à partir de la moitié de la
gestation

Le dosage de la progestérone dans le sang ou le lait : le taux de la progestérone dans le sang


dépend de l’activité du corps jaune, donc de l’état physiologique de la femelle. Après la ponte
ovulaire la quantité de la progestérone sécrétée par le corps jaune augmente progressivement,
puis décroit rapidement s’il n’y a pas eu de fécondation ; dans le cas contraire le taux élevé de
cette hormone se maintient. On peut donc doser le taux de progestérone sanguine autour de la
date probable de retour en chaleur chez une femelle saillie et comparer ce taux à celui d’une
femelle vide. La femelle gestante est celle dont le taux de progestérone est significativement
le plus élevé. On peut également doser le taux de progestérone dans le lait des femelles en

32
lactation dans des troupeaux laitiers. Cette méthode suppose que la date de saillie est connue,
et exige la manipulation des animaux, ce qui peut provoquer l’expulsion de l’embryon.

L’échographie : le principe de l’échographie consiste à envoyer des ultra-sons à l’aide des


appareils spéciaux dans la cavité abdominale de la femelle ; ces ultra-sons sont alors réfléchis
par les obstacles qu’ils rencontrent, et l’opérateur doit interpréter l’écho qu’il reçoit. Il existe
des appareils à lecture directe sur un écran, alors que d’autres à écouteurs. L’appareil est
appliqué sur une portion rasée de l’abdomen, en avant des mamelles. L’inconvénient de cette
méthode est le cout élevé de l’appareil.

e) Les avortements

La gestation peut être interrompue à n’importe quel moment de son évolution.

Après la fécondation l’œuf fécondé traverse une période de vie libre au cours de laquelle il se
déplace librement dans la matrice. Pendant ce temps un moindre incident peut provoquer son
expulsion ; on parle alors de la mortalité embryonnaire. Celle-ci passe très souvent inaperçu
de l’éleveur et explique les nombreux retours en chaleur, la faible fécondité de certains
troupeaux. Les causes de cet avortement précoce sont multiples : le changement brutal des
rations alimentaires, manipulations brutales des animaux, efforts physiques trop intenses,
vaccinations ou drogages inhabituels, chaleur excessive ou froid intense, etc.

Pendant la nidation l’éleveur doit alors fournir à ses femelles une ambiance calme et
reposante et une alimentation sans à-coups.

Quand l’embryon est bien accroché à la paroi utérine la gestation est dite définitive. Si la
gestation est interrompue pendant cette phase on parle de l’avortement ou de la naissance
prématurée si le petit nait viable (quand ses organes vitaux sont formés). Les avortements sont
provoqués par des causes diverses : choc sur le ventre, compression des flancs, boisson
glacée, maladie abortive (vibriose, brucellose, trichomonose), aliment avarié ou souillé ou
sévèrement carencé, intoxication, etc.

Les études ont montré que les fœtus se développent plus intensément pendant le dernier tiers
de la gestation, et par conséquent les besoins nutritionnels journaliers de la femelle sont plus
élevés ; or pendant cette période l’appétit de l’animal est faible, du fait de la compression des
viscères abdominaux par les fœtus et les enveloppes fœtales. Pendant cette phase d’élevage
l’éleveur doit distribuer une ration plus concentrée et plus appétissante, riche en calcium et
phosphore. Il doit par ailleurs éviter la bousculade des femelles, une alimentation carencée et
lutter plus activement contre les causes de maladies.

2.4.6 La parturition

C’est le processus physiologique qui aboutit à la naissance du petit et à l’expulsion du


placenta. Elle est annoncée par les signes avant-coureurs suivants :

 Développement plus important des glandes mammaires qui deviennent dures et


sensibles. Une légère pression du trayon fait couler un liquide épais, jaunâtre et gluant : le

33
colostrum. Si l’enflure des mamelles est très importante il vaut mieux appliquer une pommade
anti-inflammatoire.
 Tuméfaction de la vulve et écoulement d’un liquide muqueux blanc jaunâtre : le
bouchon cervical fermant le col de l’utérus au cours de la gestation.
 Relâchement des ligaments ischiatiques, le sacrum tend à s’affaisser et la queue à se
relever, on dit que la femelle se casse.
 Préparation du nid pour le petit bétail, s’il y a de la litière.
 Une certaine fébrilité et la future mère parait inquiète.

L’accouchement proprement dit se déroule en plusieurs étapes :

 Le début est marqué par l’expulsion du bouchon muqueux (parfois 24 h à 48 h avant) :


perte de glaire souvent teintée de sang.
 Apparition de contractions utérines douloureuses de plus en plus rapprochées tandis
que le col va s’effacer progressivement, s’ouvrir et se dilater pour livrer passage aux petits.
Ces contractions sont déclenchées et entretenues par les hormones (folliculine; ocytocine).
 La rupture des poches d’eaux : quand la parturition est imminente on voit poindre à la
vulve la première poche d’eaux, le sac allantoïdien qui se rompt rapidement et laisse couler un
liquide jaunâtre ; puis la deuxième poche d’eaux, le sac amniotique, de couleur violacée qui
en se rompant laisse couler un liquide visqueux et blanchâtre. Ces liquides en lubrifiant les
voies génitales facilitent la sortie du petit.
 L’expulsion du fœtus : avec la rupture des poches d’eaux commencent les
contractions utérines et des muscles de l’abdomen qui dilatent le col de l’utérus. Dans le
dernier temps de la gestation les articulations du bassin, les parois de la vulve et du vagin ont
été modifiées dans leur consistance par l’action des hormones génitales. Les voies génitales
vont atteindre leurs plus grandes dimensions pour faciliter le passage du fœtus. Lorsque la
dilatation du col de l’utérus est complète, le fœtus s’engage dans le col, l’appui de la tête du
fœtus sur le muscle du périnée fait naître le besoin de pousser. Le fœtus s’engage donc dans le
col, passe par le vagin et la vulve préparés comme ci-dessus, puis après les dernières
contractions très puissantes est expulsé.
Le petit se présente généralement en position antérieure, les membres antérieurs, puis la tête
faisant successivement leur apparition. Le petit peut aussi sortir les membres postérieurs les
premiers ; cette présentation dite présentation postérieure est également normale, mais elle est
plus pénible pour la future mère. De mauvaises présentations sont possibles et nécessitent
l’intervention de l’éleveur ou du vétérinaire.

Le cordon ombilical se rompt chez le veau, chez le poulain quand la jument se lève, chez les
autres espèces, il est coupé par les dents de la mère.

La durée de l’accouchement varie de 15 minutes à 8 heures selon les espèces.

 la délivrance : c’est l’expulsion du placenta et des enveloppes fœtales après leur


décollement de l’utérus.

Le mécanisme hormonal de la parturition (voir photocopié)

2.4.7 Modifications post-partum

34
Dans les jours qui suivent la mise bas, on peut noter des sécrétions indolores de couleur
brunâtre ou jaunâtre formées d’un mélange de débris épithéliaux et d’exsudat : ce sont les
lochies.

L’utérus va régresser en 1 à 6 semaines, mais cette involution n’est jamais complète, l’utérus
restant plus gros, le col plus large, le vagin et la vulve plus dilatable. Une nouvelle gestation
ne sera possible que si l’utérus est revenu normal.

2.4.8 INSÉMINATION ARTIFICIELLE


L’insémination artificielle est la fertilisation d’une femelle avec la semence d’un mâle
fraichement récoltée ou en provenance d’un centre d’insémination artificielle. Son principe
consiste à collecter et fractionner un éjaculat, puis l’introduire dans les voies génitales
femelles pour fertiliser non plus une mais dix, vingt, voire quarante femelles.

2.4.8.1 La récolte du sperme

Il existe plusieurs méthodes de récolte du sperme. On utilise habituellement un vagin artificiel


de taille et forme variées. C’est un tube rigide ou semi-rigide garni d’une membrane plastique
interne à double paroi et muni d’une valve. Il se termine à un bout par un petit tube à essai qui
recueille le sperme. Avant son utilisation on le remplit d’eau à une température de 40 à 45°C
et on lubrifie la lumière avec une huile neutre comme la glycérine ou la vaseline. La technique
de la collecte du sperme est la suivante :

 Entrainement du mâle.

Il vise à créer chez le mâle un réflexe conditionné. Pour cela on l’amène chaque jour et à la
même heure au lieu retenu pour la récolte, et on lui présente une femelle en œstrus net. Par la
suite on lui présente des femelles non en chaleur et même des mannequins. Pour ne pas
perturber l’animal on ne modifie pas le décor du lieu et on garde le même personnel.

 La récolte proprement dite.

En récolte manuelle chez le gros bétail, on tient le vagin artificiel dans la main gauche, et
pendant le saut du mâle on dévie délicatement son pénis de la main droite en le dirigeant dans
le vagin tout en bousculant le mâle de l’épaule droite. Chez le petit bétail le vagin artificiel est
plutôt monté sur un mannequin, et l’accouplement a lieu « normalement ».

2.4.8.2 Le traitement de la semence

Aussitôt après la récolte le sperme est examiné d’abord à l’œil nu : on évalue la couleur, le
volume, l’odeur, la consistance et les indices de maladie (présence des grumeaux). Puis au
microscope on apprécie la motilité des spermatozoïdes et leur concentration, la proportion des

35
spermatozoïdes anormaux, la présence ou l’absence des microbes et cellules indiquant une
pathologie du mâle. Seuls sont retenus les éjaculats dont la motilité est égale au moins à 4,5/5.

a. La dilution.

Le diluant utilisé est à base du jaune d’œuf ou de lait de vache écrémé ou encore d’autres
substances dans lesquels on ajoute du glycérol, des sulfamides et des antibiotiques. La
quantité du diluant à utiliser dépend de la concentration en spermatozoïdes recherchée et du
volume de sperme pur initial. Outre son rôle d’augmenter le volume du sperme pour son
fractionnement, le diluant agit comme conservateur et aliment des spermatozoïdes durant le
stockage. Après la dilution la semence est refroidie progressivement et conservée à 4 à 15°C ;
cette semence ainsi traitée garde son pouvoir fécondant pendant 10 à 12 heures. Elle doit donc
être utilisée le même jour.

b. Le conditionnement.

La semence est alors conditionnée soit en tubes de verre soit en paillettes de 0,25 ou 0,50ml ;
cette dernière présentation est préférable parce qu’elle est plus commode à la manipulation.
Une paillette est un petit cylindre en plastique de 3 à 4 mm de diamètre et de 12 à 15 cm de
long, munie à une extrémité d’un tampon de coton qui fait office de piston et sert à expulser la
semence au moment de l’insémination.

c. La conservation

La semence fraiche a une durée de conservation maximale de 12 heures au réfrigérateur. De


nos jours beaucoup d’éleveurs optent pour la semence congelée qui se conserve plus
longtemps et est d’un emploi plus souple. Pour une conservation de longue durée la semence
conditionnée est refroidie progressivement jusqu’à une température de – 196°C : elle passe
d’abord au réfrigérateur où sa température est abaissée à environ 4°C, puis au-dessus des
vapeurs d’azote liquide et ensuite plongée doucement et conservée dans l’azote liquide.

À chaque étape du traitement de la semence, notamment après la dilution et le refroidissement


on vérifie au microscope la vitalité des spermatozoïdes, car certaines semences supportent mal
ces traitements. On ne garde que les semences possédant encore un taux suffisant de
spermatozoïdes vivants.

2.4.8.3 L’insémination.

Au moment de l’insémination on décongèle la semence dans de l’eau tiède (37°C) ou à la


température ambiante pendant 30 à 60 mn, puis on la place dans un « pistolet » ou dans un
cathéter (long tube creux) ou tout autre instrument spécial. L’inséminateur repère alors le col
de l’utérus de la femelle en œstrus net et dépose la semence soit dans le col de l’utérus soit
dans l’utérus même selon les espèces. Pour le petit bétail cette opération nécessite 2
personnes : une aide qui immobilise l’animal et lui soulève l’arrière-train en s’aidant d’un
chevalet, et l’inséminateur qui met en place la semence. S’il y a une seule intervention la
totalité de la dose de sperme retenue (500 millions de spermatozoïdes chez le bouc et le

36
bélier) est déposée en une seule fois ; s’il y a 2 interventions la dose est réduite de moitié à
chacune d’elles, soit 250 millions de spermatozoïdes chez la brebis et la chèvre.

 Intérêt de l’insémination artificielle.


La récolte régulière de la semence d’un bouc ou d’un bélier permet de féconder 800 à 1200
chèvres ou brebis par an. Des cas où un seul taureau a servi à inséminer 1500 à 2000 vaches
par an abondent dans la littérature ; dès lors les avantages de cette technique de reproduction
sont évidents :

 Réduction du cout de maintien des mâles.


 Amélioration de la fécondité, l’utilisation des éponges vaginales permettant de
provoquer les chaleurs même à contre-saison chez les femelles à cycle sexuel
saisonnier.
 Contrôle et limitation de la propagation des infections sexuellement transmissibles, car
les géniteurs des centres d’insémination artificielle sont soumis à des contrôles
vétérinaires et à une prophylaxie rigoureux.
 Meilleure diffusion des animaux améliorateurs, donc une amélioration rapide des
races.
 Réalisation plus efficace des programmes de testage, car un plus grand nombre de
femelles reparties dans plusieurs élevages sont inséminées avec la semence d’un
même mâle.

 Parmi les inconvénients on peut citer :

 Le manque de spécialistes.
 La semence fraîche a une durée de conservation limitée (environ 12 heures).
 La congélation (- 196°C, en présence de l’azote liquide) pour une conservation de
longue durée exige un appareillage coûteux.

2.4.8.4 La synchronisation des chaleurs


Dans les élevages traditionnels les femelles entrent en chaleurs les unes après les
autres, et il y en a qui sont de type sexuel à cycle saisonnier. Il en résulte des difficultés quant
à la généralisation de l’insémination artificielle, car il faudrait plusieurs passages de
l’inséminateur dans une même exploitation, ce qui augmente le cout de production des
animaux, et la difficulté d’inséminer au bon moment conduit à une baisse de fécondité. Pour
pallier ces difficultés les spécialistes ont cherché à provoquer et à synchroniser les chaleurs
dans un troupeau.

a. Chaleurs provoquées ou traitements hormonaux.

Les méthodes reposent sur l’étude des relations hormonales pendant le cycle sexuel. La
progestérone produite par le corps jaune après la fécondation empêche la reprise de l’activité
sexuelle, elle bloque les chaleurs et l’ovulation. On peut donc bloquer les chaleurs ou
l’ovulation chez une femelle en lui injectant de la progestérone ou une hormone de synthèse
ayant les mêmes effets.

37
Dans la méthode dite « des éponges vaginales » on imprègne des éponges en
polyuréthane de progestatif comme l’acétate de fluorogestérone (F.G.A.) et on les dépose
dans le vagin. Cette hormone diffuse à travers les parois du vagin et bloque les cycles
sexuels. Le retrait des éponges déclenche l’ovulation. Pour améliorer cette ovulation on
injecte par voie intramusculaire au moment du retrait des éponges une autre hormone
naturelle, la gonadotrophine appelée P.M.S.G. extraite du sérum de jument gravide.

Dans la pratique on pose l’éponge à l’aide d’un introducteur ; une ficelle reliée à
l’éponge pend le long de la vulve et permet le retrait de cette éponge par traction sur cette
ficelle. Deux jours avant ou le jour même de retrait de l’éponge on injecte l’hormone
P.M.S.G. Les chaleurs surviennent dans les 24 à 72 heures qui suivent le retrait de l’éponge.

Une autre méthode pour provoquer artificiellement les chaleurs consiste à injecter
pendant toute la phase lutéale du cycle ovarien un progestatif chaque jour, et le P.M.S.G. le
dernier jour du traitement.

Une autre technique consiste à fixer l’implant de progestatif derrière l’oreille de la


femelle.

L’utilisation des progestatifs permet de :

- Pratiquer l’insémination artificielle avec plus d’efficacité


- Grouper les mises – bas, ce qui permet une meilleure organisation du travail.
- Établir un bon planning de l’exploitation du troupeau.
- Provoquer les chaleurs quels que soient l’époque de l’année et le type de cycle sexuel
de l’animal.

b. La synchronisation des mises – bas

Pendant la gestation un ensemble complexe d’hormones (progestérone, hormone


lutéotrophique et corticostéroïde), sécrétées par le corps jaune, le placenta et l’hypophyse
empêchent la lutéolysine de l’utérus d’expulser le fœtus. Le jour de la mise bas le taux de ces
hormones baissent alors que la quantité des œstrogènes en circulant dans le sang augmente
énormément. À l’approche de la mise bas, le taux des hormones corticoïdes et de
l’adrénalocorticotrophe (A.C.T.H.) sécrétées par les glandes surrénales augmentent
progressivement chez le fœtus et atteint son maximum quelques jours avant la mise bas. C’est
donc le fœtus qui détermine le moment de sa naissance. En agissant sur le fonctionnement de
l’hypophyse et des glandes surrénales d’un fœtus on peut intervenir sur le déclenchement de
la mise bas.

Le groupage des chaleurs pour un jour de saillie n’entraine pas automatiquement les
mises - bas synchronisées, plutôt il aboutit à des mises – bas étalées sur environ deux
semaines. Il est possible de réduire ce délai en administrant des corticoïdes de synthèse aux
fœtus. Dès la première mise – bas constatée dans le troupeau on injecte alors à toutes les
femelles dont les chaleurs ont été groupées une dose de corticoïdes de synthèse, ce qui
déclenche la mise bas dans les 48 heures qui suivent le traitement.

38
2.5 La conduite de la reproduction (les interventions de l’éleveur dans la
reproduction animale)
La reproduction est l’action par laquelle les êtres vivants donnent naissance à leurs
descendants. Elle est chez les animaux de races laitières le point de départ de la sécrétion
lactée. Pour bien conduire la reproduction il y a des paramètres que l’éleveur doit respecter et
des actions qu’il doit entreprendre.

2.5.1 Âge à la mise en reproduction

Comme il a été dit plus haut l’âge à la mise en reproduction dépend de l’espèce et de la race.
Ainsi les truies de grandes races sont saillies à 7 – 8 mois d’âge, pour avoir la première mise
bas à environ un an.

Les vaches de grandes races et leurs métisses près de sang ont leur premier vêlage entre 2 et 3
ans.

Les chèvres et les brebis sont croisées pour la première fois à l’âge de 7 mois.

Les lapines sont également saillies à partir de 7 mois.

En général les races légères sont plus précoces que les races lourdes.

2.5.2 Époque des saillies

En élevage hors-sol les femelles peuvent être fécondées à n’importe quel moment de l’année,
les aliments étant disponibles pendant toute l’année. Mais l’éleveur peut cibler un moment
particulier de l’année où la demande en animaux à engraisser par exemple est plus forte. En
élevage traditionnel des herbivores il est bon de planifier les accouplements en sorte que les
mises – bas aient lieu au début de la saison des pluies. Les saillies auront donc lieu de juillet à
août, donc les vêlages d’avril à mai en élevage des bovins. Chez les petits ruminants il y a 2
périodes d’activité sexuelle : la première va de mai à juillet et les mises – bas interviennent
d’octobre à décembre ; la deuxième période va de janvier à février, et les naissances ont lieu
de mai à juin. L’organisation des saillies devra tenir compte de la rareté des fourrages naturels
de janvier à mars.

2.5.3 Intervalle entre deux mises bas consécutives

La durée qui sépare 2 mises – bas dans un élevage dépend surtout de l’éleveur dans la mesure
où c’est lui qui – en fonction du niveau de sa technicité – fixe l’âge au sevrage dans son
troupeau. En élevage des bovins on recherche un intervalle vêlage – vêlage aussi proche que
possible d’un an. En élevage des porcs on recherche un cycle de reproduction d’environ 155
jours chez les truies. Chez la lapine on peut normalement avoir 4 à 5 portées par femelle et par
an. Chez les ovins et les caprins théoriquement il est possible d’avoir 2 mises – bas par an,
mais en pratique on a trois mises – bas tous les 2 ans, soit un intervalle agnelage – agnelage
d’environ 8 mois.

2.5.4 Modes de saillie

39
L’éleveur a le choix entre la saillie naturelle ou l’insémination artificielle.

La saillie naturelle est la technique la plus simple, et deux variantes sont possibles :

- La monte libre où les mâles vivent en permanence avec les femelles sans aucun
contrôle ; on y note une bonne fertilité et fécondité, seulement comme les petits sont de père
inconnu le choix des futurs reproducteurs ne peut se faire que sur la base des performances
des mères.
- La monte par lot : les femelles sont groupées par lot auquel on affecte un même mâle
pendant toute la durée de la période d’activité sexuelle, en tenant compte du ratio
mâle/femelle. Comme la paternité des produits est connue, la sélection est plus efficace ; mais
le manque de compétition entre les mâles peut faire baisser la fécondité.

Il convient de se rappeler que l’entretien des mâles coute cher, et très souvent on ignore les
potentiels génétiques réels des géniteurs utilisés.

Par contre les reproducteurs des centres d’insémination artificielle sont rigoureusement
sélectionnés à partir des performances réelles d’un très grand nombre de leurs ascendances et
descendances ; seulement dans notre pays cette technique de fécondation n’est pas encore
bien répandue. Par ailleurs certaines femelles répondent mieux à l’accouplement qu’à
l’insémination artificielle.

2.5.5 Chaleurs naturelles ou chaleurs induites

Le cycle sexuel des mammifères disparait après la mise – bas durant une période plus ou
moins longue selon les conditions d’alimentation. L’éleveur peut attendre patiemment le
retour naturel en chaleur de ses femelles, ce qui durer plusieurs mois ; or un intervalle mise
bas – saillie trop long conduit aux chaleurs fugaces, très difficiles à déceler par l’éleveur.
Dans ce cas il aura absolument besoin d’un animal détecteur des chaleurs dans son troupeau,
s’il ne peut utiliser des méthodes de détection des chaleurs plus élaborées. Il peut provoquer
l’activité ovarienne par la pose d’un implant de progestérone à l’oreille de la femelle, par
exemple, suivie de l’injection du P.M.S.G. Seulement cette technique n’est pas encore bien
entrée dans la pratique.

2.5.6 Choix des races à élever

Quelle que soit l’espèce on pense que les animaux de nos races locales ne sont pas
économiquement intéressants ; il est vrai que les performances zootechniques des races
locales sont dérisoires si on les compare à celles des zones tempérées. Cependant les races
locales ont l’avantage d’être adaptées à leurs milieux de vie. Il serait donc judicieux de
commencer l’élevage des reproducteurs par les races locales, ne serait-ce que pour se faire la
main, avant de passer aux races exotiques plus exigeantes.

Les futurs reproducteurs sont jugés d’après leurs performances propres ou celles de
leurs parents. Sur le plan individuel le jeune reproducteur ne doit présenter aucun défaut tel le

40
manque d’aplomb, la boiterie, la difficulté de déglutition, une faible vitesse de croissance, des
trayons mal implantés, une cicatrice à l’appareil génital externe, la hernie, etc. Les parents du
futur reproducteur doivent être de bons reproducteurs : portées nombreuses et régulières, mise
bas facile, bonnes qualités maternelles, bonne viabilité, docilité, bonnes qualités de
production, etc.

1.5.7 Les croisements

On peut exploiter dans son élevage une seule race animale, et les croisements se font à
l’intérieur de la race. On produit ainsi des individus homozygotes qui pourront
malheureusement afficher les tares de la race. En entretenant dans son exploitation deux races
pures différentes dont une race des pères et une race des mères on évite la consanguinité et on
bénéficie de la vigueur hybride. En général les mâles sont d’une race améliorée et les femelles
de race locale ou rustique. Les croisements plus complexes faisant intervenir trois races
parentales ou même plus sont réservés aux éleveurs chevronnés.

2.5.8 La gestation

La femelle saillie est reconduite dans sa loge ; il n’est pas nécessaire de la laisser encore
auprès du mâle, pour éviter la fatigue. Les femelles gestantes peuvent être aussi logées en
groupe ; on éliminera du lot toutes celles qui sont méchantes ou irascibles.

La durée de la gestation varie selon les espèces et les individus. (Voir tableau page 17). Les
femelles portant plusieurs petits ont une gestation plus courte que celles qui n’en porte qu’un
seul.

Pendant les 2 premiers tiers de la gestation la ration de la femelle est pratiquement la même
que celle de la même femelle vide. En fin de gestation l’utérus comprime les autres viscères,
il s’ensuit une baisse de l’appétit de l’animal, alors que ses besoins de gestation ont accru.
L’alimentation d’une femelle gestante doit donc concilier les besoins accrus et la diminution
de l’appétit de la dernière phase de gestation.

2.5.9 La mise – bas

La durée moyenne de la parturition varie selon les espèces et même les individus : elle est de
30 mn avec des extrêmes de 2 à 3 heures chez la vache, 10 à 45 mn (suivant le nombre de
petits) chez la brebis et la chèvre, 2 à 8 heures avec un petit expulsé toutes les 10 à 30 mn
chez la truie et les carnivores.

Deux semaines avant la date de la mise-bas l’éleveur transfert la future mère dans local de
maternité garni d’une litière propre et sèche, et à l’abri des courants d’air. Le jour même de la
mise-bas il doit assister la parturiente pour s’assurer que tout se déroule normalement; il est
préférable qu’il n’intervienne que si son intervention est indispensable :

Quand la mise – bas se déroule normalement l’éleveur se bornera à enlever les délivres de la
loge d’accouchement et veiller à ce que les petits prennent le colostrum le plus rapidement
possible. Il pourra aussi nettoyer éventuellement le train postérieur de la femelle après la

41
parturition et ranimer les petits nés dans de mauvaises conditions (détresse). S’il est bien
expérimenté il peut aider la parturiente en tirant modérément sur les pattes et la tête du petit
quand la mère fait des efforts d’expulsion, et en relâchant entre 2 contractions utérines,
pourvu que le petit soit en bonne présentation. Il n’est pas nécessaire de crever la 2e poche des
eaux, sauf si celle-ci éternise.

Quand la mise bas se prolonge et que les efforts d’expulsion sont sans résultat on peut
alors penser à une mauvaise présentation du fœtus. L’éleveur doit alors explorer la mère pour
se rendre compte du type de présentation et intervenir en conséquence. L’intervention consiste
généralement à repousser le fœtus et à le rétablir dans la bonne position ; elle peut parfois
nécessiter 2 personnes. Avant toute intervention l’éleveur doit prendre les précautions
suivantes :

 Se couper les ongles assez courts pour ne pas blesser les voies génitales ou le fœtus.
 Se laver soigneusement les mains avec de l’eau et du savon.
 Enduire les mains d’une huile neutre comme la vaseline ou porter des gants
chirurgicaux longs et stériles.
 Ne pas agir précipitamment et toujours déterminer le type de présentation du fœtus.
 Se rappeler toujours que l’utérus est un organe fragile qui se déchire facilement.

Après la mise – bas le petit doit être séché. Généralement sa mère le fait
spontanément en le léchant. Si ce réflexe manque l’éleveur peut le faire lui-même en le
frictionnant avec un linge propre et sec, soit l’enduire d’une poignée de sel de cuisine pour
inciter sa mère à le faire. Ensuite l’éleveur surveille l’expulsion des enveloppes fœtales, et
quand elle est faite il s’assure de leur intégralité : elles doivent alors former une poche
complète. Si la délivrance n’a pas encore eu lieu au bout de 6 heures, il faut appeler le
vétérinaire ; celui-ci pourra soit arracher le placenta, soit administrer une hormone (ocytocine
ou œstrogène) qui déclenchera la délivrance. En attendant le vétérinaire il faut prévenir une
éventuelle infection en pratiquant un lavement avec un antiseptique.

Si la femelle ne se relève pas aussitôt après la mise – bas, il faut penser à une paralysie due à
des manœuvres brutales ou à la grosseur excessive du fœtus ; administrer alors une solution
de vitamines additionnée de calcium et phosphore.

Si la femelle s’est relevée et si, dans les heures qui suivent elle est paralysée et sa température
est basse, sa mamelle est enflée, douloureuse et chaude, il faut penser à la fièvre vitulaire ou
hypocalcémie du lait ; il faut intervenir rapidement en injectant à la malade du calcium
(gluconate de chaux) et de la vitamine D.

L’éleveur doit également surveiller d’autres accidents éventuels tels que le cannibalisme,


l’agalactie, le renversement de l’utérus, etc.

2.6 LA GESTION TECHNIQUE ET FINANCIÈRE D’UNE FERME DE


REPRODUCTION

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La gestion rationnelle d’un élevage naisseur quelle que soit son importance exige
l’identification des animaux, l’enregistrement et l’analyse de leurs performances afin de
prendre les décisions qui s’imposent. Dans ce chapitre nous nous limiterons aux principes
généraux de gestion technique et économique d’une exploitation pastorale.

2.6.1 LA GESTION TECHNIQUE

2.6.1.1 L’identification des animaux


Chaque animal doit porter un numéro qui lui est propre, afin qu’il puisse être suivi
individuellement. Il y a plusieurs procédés de marquage des animaux.

a) Les encoches aux oreilles

On utilise 2 pinces distinctes dont l’une pour faire les trous, et l’autre pour faire des encoches.
La valeur d’un trou ou d’une encoche dépend de sa position aux oreilles et de l’oreille
concernée. Ce procédé détériore l’aspect général de l’animal et sa lecture demande une
certaine initiation ; de plus le numéro peut disparaître en cas de lésion de l’oreille. Il permet
de marquer un maximum de 1599 animaux.

Le code de base de ce procédé est résumé par la figure ci-dessous : (voir photocopié)

b) Les bagues plastiques ou métalliques

Il en existe plusieurs modèles qui sont fixés aux oreilles par des pinces spéciales. Pour que la
lecture soit aisée il faut que la couleur du numéro contraste nettement avec celle du fond de la
marque. Leur principal défaut est qu’elles sont souvent arrachées au cours des bagarres.

c) Le tatouage

Le tatouage consiste à imprimer le numéro de l’animal sur son corps, généralement à l’oreille.
On procède comme suit :

 On nettoie l’oreille à tatouer avec de l’alcool à 90° pour la dégraisser.


 On compose le numéro de l’animal dans la pince à tatouer ; les chiffres sont en métal
et munis de petites pointes.
 On imprime le numéro en refermant la pince à l’endroit choisi. Le numéro doit être
imprimé parallèlement aux vaisseaux sanguins apparents, pour qu’il ne s’estompe pas, les
vaisseaux grossissant avec l’âge de l’animal.
 On étale l’encre à tatouer (encre de chine) sur les marques laissées par la pince et on
frotte énergiquement. La couleur de l’encre doit contraster nettement avec la couleur
de la peau de l’animal pour la commodité de la lecture.

Remarque :

a) Il est bon pour un élevage d’avoir un système de marquage de base unique et un


système complémentaire.

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b) Le numérotage se fait suivant l’ordre de naissance des petits : leur numéro peut être
provisoirement peint sur leur corps.

2.6.1.2 L’enregistrement des performances


Chaque reproducteur doit être doté d’une fiche où sont inscrites toutes les informations le
concernant :

 Numéro
 Sexe
 Date de naissance
 Numéro du père
 Numéro de la mère
 Poids à la naissance
 Poids au sevrage
 Conformation
 Dates des saillies
 Nombre de portées
 Nombre de petits mort-nés, anormaux
 Dates de vaccination, vermification, etc.

2.6.1.3 L’organisation de la ferme


 Le plan général de la ferme doit indiquer la position spatiale de tous les bâtiments.
Pour chaque bâtiment on doit préciser la catégorie des animaux qui s’y trouve et la
composition du troupeau par loge.
 Le planning d’activités doit préciser les dates des différentes interventions à faire :
accouplement, vaccination, sevrage, castration, vermification, etc.

Les informations doivent être enregistrées au fur et à mesure qu’on les observe.

Les femelles sont contrôlées sur leur productivité numérique, habituellement le nombre de
petits sevrés par femelle et par an (X) qui est donné par la relation suivante :
' '
n . j −n . j
N+
a
X=
T

N est le nombre de petits sevrés dans l’année


n’ est le nombre de petits non sevrés au 31 décembre et j’ est leur âge en jours
n est le nombre de petits non sevrés au 1er janvier et j est leur âge en jours
a est la durée moyenne d’allaitement en jours
T est le nombre de femelles en reproduction. Les femelles n’ayant pas encore de portée ne sont pas
prises en compte.

La fécondité d’un troupeau dans un élevage est le rapport entre le nombre de naissances sur le
nombre de femelles présentes au cours d’une période.

44
nombre de naissances
f ( en % ) = ∗100
nombre de femelles présentes

Le mâle est contrôlé sur :

- Sa fécondité, dont le taux (T) est déterminé à partir de la relation suivante :

nombre de femelles gestantes


T(en %)¿ X 100
nombre de femelles saillies

- Sa prolificité qui se traduit par le nombre de petits par portée


- Son génotype qui est jugé d’après le nombre de petits anormaux.

2.6.2 LA GESTION ÉCONOMIQUE

La gestion économique consiste à examiner les éléments de coût de production et les éléments
de recette.

a) Les éléments du coût de production sont :


- Alimentation des reproducteurs
- Alimentation des petits
- Amortissements sur les bâtiments et les équipements
- Achat des animaux
- Intérêts sur les investissements
- Frais vétérinaires
- Les salaires
- Eau et électricité
- Frais de téléphone
- Assurances
- Divers
b) Les éléments de recette sont :
- Vente des petits
- Vente des reproducteurs réformés
- Vente du fumier

À cet effet on doit tenir soigneusement les fiches de vente des petits, des mâles et des femelles
réformés et du fumier en y précisant la date de chaque opération, le poids et prix des animaux
et du fumier, etc. Les fiches des entrées et des sorties des reproducteurs et les stocks des
animaux sont mis à jour régulièrement.

a. Le bilan financier

45
Le bilan financier des opérations se fait en soustrayant les dépenses ou coût total de
production (C) des recettes (R). La viabilité d’un élevage ne se limite pas à l’apparition d’un
solde positif au bilan financier ; il faut encore que l’entreprise soit rentable, c’est-à-dire que le
bénéfice réalisé soit nettement supérieur à une simple rémunération du capital investi, s’il
avait été placé à un taux moyen d’intérêt dans une banque. On calcule alors la rentabilité
financière (r) à partir de la relation suivante :

bénéfice ( R−C)
r=
capital investi

Ce rapport doit être supérieur au taux moyen d’intérêt en vigueur dans les banques.

b. Évaluation des opérations

Pour évaluer les opérations on analyse les indices de conversion des aliments enregistrés, le
circuit de commercialisation et d’approvisionnement en aliments, le comportement des
ouvriers par rapport aux animaux, les conditions générales de maintien et d’exploitation des
animaux, etc.

3 NUTRITION ET ALIMENTATION DES ANIMAUX

3.1 L’APPAREIL DIGESTIF

3.1.1 Morphologie

L’appareil digestif des animaux est composé de 2 parties : le tube digestif et les
glandes annexes.

A. Le tube digestif

C’est un long tube plus ou moins flexueux  comprenant la bouche, l’œsophage,


l’estomac, l’intestin.

a) La bouche
 Les lèvres.

La lèvre supérieure est appelée mufle chez le bovin, groin chez le porc, la truffe chez
le chien, le bec chez la volaille.

 Le palais 

C’est le plafond de la cavité buccale, il la sépare des cavités nasales ; il est strié
transversalement. Son extrémité antérieure présente, chez les ruminants un bourrelet incisif
qui est un épaississement de la muqueuse remplaçant les incisives supérieures.

 Le voile du palais 

46
C’est la cloison musculo-membranaire séparant la bouche du pharynx

 La langue 

C’est un organe musculaire recouvert de papilles cornées (de consistance râpeuse)


constitué d’une partie fixe et d’une partie mobile. C’est cette partie mobile qui prélève les
herbes chez les ruminants. La partie fixe est reliée au plancher par le frein de la langue.

 Les dents 

Ce sont des organes calcifiés et durs implantés dans des alvéoles creusées dans les os
maxillaires. On y distingue 3 types :

Les incisives sont formées de pinces, mitoyennes et coins

Les canines sont absentes chez plusieurs espèces (bovin, ovin)

Les molaires sont formées des prémolaires et des molaires vraies

Leur nombre est exprimé par la formule dentaire

Tous les mammifères ont 2 dentitions : la dentition de lait et la dentition d’adulte.


Certaines dents définitives ne sont pas précédées par des dents de lait

Formule dentaire de quelques animaux domestiques

Espèces Dents de lait Dents d’adulte Total

Bovins, Ovins, Caprins I : 0/8 C : 0/0 M : 6/6 I : 0/8 C : 0/0 M : 12/12 32

Porc I : 6/6 C : 2/2 M : 8/8 I : 6/6 C : 2/2 M : 14/14 44

Chien I : 6/6 C : 2/2 M : 8/8 I : 6/6 C : 2/2 M : 12/14 42

Lapin I : 4/2 C : 0/0 PM : 6/4 M : 6/6 28

Cheval I : 6/6 C : 0/0 M : 8/6 I : 6/6 C {Mf :0/0
:2/ 2
M : 12/12
M=40
F=36

Coupe longitudinale d’une dent

b) Le pharynx 

C’est le conduit cylindrique situé entre les 2 branches de l’os hyoïde

On y distingue 2 parties : la partie supérieure comprend les 4/5 de son étendue ; Elle
correspond au pharynx nasal (respiration) et la partie inférieure ou pharynx buccal (digestion).

On y remarque 7 ouvertures :

47
Au-dessus

 2 choanes ou ouvertures des cavités nasales


 2 orifices des trompes d’Eustache (conduit faisant communiquer le pharynx avec
l’oreille moyenne)

En dessous

 L’entrée du larynx entourée de 2 gouttières, l’épiglotte se trouve en avant du larynx


 En avant l’isthme du gosier qui s’ouvre quand le palais soulève
 En arrière l’entrée de l’œsophage.

c) L’œsophage
C’est le conduit cylindrique dilatable qui va du pharynx à l’estomac; dans la cage
thoracique il est maintenu par un repli de la plèvre. Il s’ouvre au niveau de l’estomac par le
cardia. Chez les oiseaux, il présente une dilatation spéciale, le jabot qui constitue un réservoir
d’attente pour les aliments.

d) L’estomac

Les monogastriques (chat, chien, homme, lapin, cheval, porc, poule) ont un estomac
formée d’une seule poche. C’est un réservoir de capacité variable selon les espèces et l’âge :
18 litres chez le cheval, 5-10 litres chez le porc, etc.

On distingue 4 régions :

 Le cul-de-sac gauche ou tombe les aliments. La muqueuse blanche n’a pas de glandes
digestives.
 Le cul-de-sac droit, sa muqueuse est rose ; elle est garnie de glandes digestives
(gastriques) qui produisent le suc gastrique.
 La région œsophagienne où se trouve le cardia.
 La région pylorique est pourvue en glandes produisant du mucus alcalin destiné à
neutraliser le bol alimentaire (chyme) venant de l’estomac.

Les polygastriques (ovin, caprin, bovin, chameau, buffle, antilope, girafe, gazelle,
etc.)

Ils ont un seul estomac, mais celui-ci est divisé en 3 à 4 poches qui sont la panse, le
bonnet, le feuillet et la caillète.

 La panse ou rumen ou herbier ou double

Elle occupe la partie gauche de l’abdomen. C’est un grand réservoir pouvant contenir
jusqu’à 300 litres chez le gros bétail; elle repose sur la paroi abdominale. Ses parois latérales
sont parcourues par 2 scissures la divisant en 2 sacs dont un droit ou ventral et un gauche ou
dorsal.
48
Elle est percée de 2 ouvertures :

 Un orifice d’entrée, étroit mais très extensible relié à l’œsophage : c’est le cardia, situé
au plafond du rumen.
 Un orifice de sortie, entre la panse et le bonnet : col de la panse ; il permet des
échanges facile entre le rumen et le réseau.

La paroi du rumen est formée de :

 une tunique musculaire qui est l’essentiel de sa masse ; les contractions de ce muscle
assurent le brassage des aliments.
 une muqueuse tapissant l’intérieur; elle est garnie de nombreuses papilles de plus ou
moins 1 cm de long chez les bovins. Ces papilles augmentent la surface de contact
avec les aliments.

Cette paroi est riche en vaisseaux sanguins et participe à l’absorption des nutriments.

 Le réseau ou bonnet ou réticulum.

Il est le plus petit des réservoirs gastriques ; il est disposé en avant de la panse contre
le diaphragme. Sa paroi intérieure est tapissée d’alvéoles ressemblant à des rayons d’abeilles.
Ces alvéoles augmentent la surface de contact de contact avec les aliments.

C’est à ce niveau que s’arrêtent les corps étrangers ingérés accidentellement par
l’animal; ils peuvent alors s’enfoncer dans le tissu du réseau et léser le muscle cardiaque;
l’animal meurt alors de suite d’une péricardite.

Le réseau ne laisse passer que les aliments finement divisés, les autres sont maintenus
dans la panse pour être ruminés et fermentés par les microorganismes.

On y distingue 2 orifices : le col de la panse et l’orifice réseau- feuillet.

Ces 2 orifices sont réunis par la gouttière œsophagienne ; c’est une sorte de gouttière
ouverte vers le bas et semblant prolongée l’œsophage jusque dans le feuillet. En se refermant
cette gouttière permet le passage des aliments liquides directement de l’œsophage au feuillet,
surtout chez le jeune polygastrique. Elle se referme exceptionnellement chez les ruminants
adultes.

 Le feuillet ou omasum ou livret ou psautier.

Il est plus volumineux que le réseau. Sa paroi intérieure est tapissée de très
nombreuses lamelles disposées longitudinalement, semblables aux feuillets d’un livre d’où
son nom. Ces lamelles ne laissent passer que des aliments finement divisés ; l’absorption
d’eau est très importante.

49
Le rumen, le réseau et le feuillet ne possèdent pas de glandes digestives.

 La caillète ou abomasum

Elle a la forme de la poire étirée. C’est le seul réservoir possédant des glandes
digestives. C’est l’estomac proprement dit des ruminants ; elle sécrète le suc gastrique et la
présure chez les jeunes. Sa muqueuse intérieure est garnie de nombreux replis qui dans
l’ouverture feuillet-caillète sont disposés de façon à empêcher le reflux des aliments. Cette
muqueuse est rougeâtre, mince et munie de glandes digestives; elle est recouverte d’un mucus
acide. L’absorption d’eau est très intense.

e) L’intestin

C’est un très long tube circonvolutionné s’étendant du pylore à l’anus. Son diamètre
change au cours de son trajet ce qui permet de distinguer l’intestin grêle et le gros intestin.

 L’intestin grêle

Son diamètre dépend de l’espèce, environ 40 m chez le bovin, 18 m chez le porc, 4m


chez le cheval. On y distingue :

 Le duodénum : il fait suite au pylore. À son niveau débouche le canal cholédoque et


le canal de Wirsung (venant du pancréas)
 Le jéjunum : c’est la grappe très circonvolutionnée suspendue par le mésentère à la
paroi supérieure de l’abdomen. Le mésentère est riche en vaisseaux sanguins formant
des arcs le long de l’intestin.
 L’iléon : il est très court et s’ouvre dans le cæcum.

 Le gros intestin.

Son développement est aussi en rapport avec le régime alimentaire de l’animal : 3 m chez
le cheval, 0,8 – 1 m chez le porc, 8 – 10 m chez le bovin. Il comprend 3 parties :

 Le cæcum : c’est une poche cylindrique de capacité variable selon les espèces : 1m
chez le cheval ; 0,3 – 0,4 m chez le porc, 8 cm chez la poule, 5 – 6 litres chez le
bovin.
 Le colon : c’est la partie la plus longue : 3 – 4 m chez le cheval ; 8 – 10 m chez le
bovin, 3 à 4 m chez le porc.

On y distingue 2 parties : le colon replié qui est enroulé sur lui-même entre les 2 lames
du grand mésentère (colon spiral) et le colon flottant beaucoup plus petit qui lui fait suite.

 Le rectum : c’est la partie terminale reliée à l’anus qui est fermé par un sphincter.

Chez les oiseaux il n’y a pas de distinction entre l’intestin grêle et le colon. Les 2 cæcums
(longs de 8 cm chez la poule) s’ouvrent dans le cloaque ; la première anse intestinale entoure
le pancréas. Le pigeon n’a pas de cæcum. Chez le chien le cæcum est très petit et forme
l’appendice.

50
Chez les ruminants l’essentiel de la digestion semble se passer dans l’estomac, on dit
alors qu’ils ont une digestion surtout gastrique ; chez les monogastriques, la digestion est
intestinale, l’intestin étant l’endroit le plus développé chez ceux-ci.

Chez les oiseaux le tube digestif comprend 3 poches :

 Le jabot qui est un simple réservoir dépourvu de glande digestive. Les aliments s’y
ramollissent.
 Le ventricule succenturié (proventricule) : c’est une dilatation du tube digestif peu
développé, mais riche en glandes gastriques ; les aliments ne font qu’y passer ; mais
ils s’imprègnent des sucs gastriques qui vont agir au niveau du gésier
 Le gésier : il est formé d’un muscle puisant et d’une membrane très dure ; il assure le
broyage des aliments qui est facilité par les graviers qu’ingère l’oiseau.

B. LES GLANDES ANNEXES

a) Les glandes salivaires


On les trouve dans la cavité buccale ; ce sont des glandes d’aspect grenu, constituées
de nombreux lobules secrétant la salive. On y distingue :
- Les parotides situées sous les oreilles, en arrière des mâchoires. Leur canal s’ouvre
au niveau des joues.
- La glande maxillaire située entre les maxillaires inférieurs ; son canal débouche de
part et d’autre du frein de la langue.
- Les glandes sublinguales au niveau de la face inferieure de la langue.
- Les glandes molaires se trouvent dans l’épaisseur des joues, parallèlement aux
molaires.
- Les labiales, linguales et staphylines sont réparties sur toute la surface de la
muqueuse buccale et du voile du palais.

b) Le foie

Il est situé immédiatement en arrière du diaphragme beaucoup plus à droite qu’à


gauche. Chez la plupart des espèces sauf le pigeon, cheval, éléphant, on y retrouve la vésicule
biliaire qui conserve et concentre la bile. Cette vésicule est reliée au duodénum par le canal
cholédoque.

En tant que glande endocrine, le foie transforme le glucose en glycogène, participe à la


digestion des protéines, des lipides, et à la synthèse de la fibrine.

c) Le pancréas : c’est une glande mixte d’aspect globuleux, jaunâtre, situé au plafond de
la cavité abdominale entre les 2 reins (sauf chez les oiseaux). Il secrète la trypsine qui

51
est déversée dans le duodénum par le canal de WIRSUNG et l’insuline par les ilots de
Langerhans.

3.2 LA PHYSIOLOGIE DE L’APPAREIL DIGESTIF

Les actes de la digestion vont transformer les aliments plus ou moins complexes
ingérés en des produits de composition plus simple appelés nutriments qui seront absorbés par
le sang.

Cette transformation (dégradation) est assurée par des processus mécaniques,


biochimiques et chimiques.

3.2.1 LA DÉGRADATION MÉCANIQUE DES ALIMENTS

a) Le broyage des aliments

Les mouvements des mâchoires, assure le broyage des aliments : ces mouvements sont
verticaux (écartement et rapprochement de la mâchoire inférieure), latéraux (déduction), la
propulsion et la rétro pulsion. La mastication diffère selon les espèces.

Chez les ruminants : le broyage se fait en deux mastications énergiques.

La 1ère mastication est rapide et sommaire : 70 – 90 mouvements de la mâchoire par


minute ; les aliments sont peu divisés, imbibés de salive et vont s’accumuler dans le rumen.

La 2ème mastication est dite mérycique ou rumination. Les aliments accumulés dans la
panse sont ramenés dans la bouche où ils sont soumis à un second broyage et à une seconde
insalivation avant de retourner dans la panse où ils sont subir la fermentation ; elle est plus
lente : environ 60 mouvements de la mâchoire par minute.

La rumination est très importante dans la vie des ruminants :

Elle dure 7 – 12 h par jour en une douzaine de fois.

Elle facilite l’action des microorganismes du rumen, la digestion de tous les composés
alimentaires en brisant les membranes cellulaires et en provoquant une abondante sécrétion de
salive. C’est un acte mi- reflexe, mi- volontaire.

On y distingue 4 phases :

- La régurgitation de la boule alimentaire (bol)

- La déglutition de la partie liquide et expulsion des gaz de fermentation

- La mastication qui dure environ 1e minute et est plus lente

52
- La déglutition du bol alimentaire qui retourne toujours à dans la panse

Pour qu’il y ait rumination il faut que :

- Le rumen soit suffisamment rempli pour que la masse alimentaire soit au contact du
cardia. Un trop plein inhibe la rumination par un excès de gaz.

- La ration contienne des aliments grossiers qui agissent par leur rugosité sur les
alvéoles du réseau.

- Le milieu soit suffisamment liquide ; le manque de salive arrête la rumination.

- L’animal soit au repos : 80 – 90 % du temps de la rumination se passe quand l’animal


est couché.

- L’animal soit en bonne santé ; mais certaines maladies chroniques ne l’arrêtent pas.

La salivation est très abondante chez les ruminants (50 à 60 kg de salive par jour pour une
vache) soit 10 à 20 kg de salive par kg de matière sèche ingérée.

La composition de la salive dépend des espèces animales.

Chez les bovins elle est aqueuse, alcaline, riche en phosphates et bicarbonates ; ces sels
basiques détruisent les acides issus de la digestion microbienne. Il faut donc provoquer et
entretenir la sécrétion de la salive ; car en son absence le contenu du rumen devient visqueux,
peu fluide ; il emprisonne alors les gaz de la fermentation qui moussent et ferment le cardia :
on parle alors de la météorisation (indigestion spumeuse ou écumeuse)

Pratiquement on doit distribuer les aliments grossiers (paille, grain) aux ruminants devant
brouter des herbes très tendres ou des aliments concentrés finement broyés.

Chez les solipèdes et les omnivores on retrouve les 3 types de mouvements de la


mâchoire qui assurent le broyage complet des aliments.

Chez la volaille  les aliments sont envoyés tels quels dans le jabot qui assure leur
ramollissement et régularise leur transit dans l’estomac. Le broyage des aliments se fait dans
le gésier en présence des graviers ingérés par l’oiseau.

b) Le brassage des aliments

Dans l’estomac les aliments sont brassés par des mouvements réguliers de contraction des
muscles gastriques.

Chez les ruminants les 4 compartiments de l’estomac participent au brassage. Dans le


rumen les bols alimentaires s’enfoncent progressivement dans la masse liquide en se
ramollissant et en homogénéisant. Le séjour prolongé (30 – 70 h) des aliments dans le rumen
permet la destruction des parois cellulosiques et la libération du contenu des cellules.

53
Chez les monogastriques, l’estomac est simple et divisé en 2 régions :

La région gauche ou les aliments s’entassent par ordre de leur arrivée et leur densité ; elle
n’a pas de glandes digestives et est peu mobile.

La région de droite : c’est la partie riche en glandes digestives ; elle est le siège des
mouvements de brassage des aliments avec le suc gastrique.

Chez les nouveaux nés des ruminants la panse n’est pas encore fonctionnelle. Les
aliments liquides (eau et lait) provoquent la fermeture de la gouttière œsophagienne. Celle-ci
se ferme et se raccourcit et met en liaison directe le cardia et le feuillet puis la caillète. Chez le
veau de plus d’un an seul le lait provoque cette fermeture ; chez le bovin adulte elle est
déclenchée sous certaines conditions comme une soif intense ou l’ingestion de solutions
salines.

C’est pourquoi certains produits vétérinaires qui ne doivent pas passer par le rumen sont
dilués dans des solutions salines et administrés aux bovins après 24h de diète hydrique.

Quand la digestion stomacale est assez avancée le pylore s’ouvre et les aliments passent
dans l’intestin évacués par des contractions de l’estomac.

3.2.2 LA DÉGRADATION BIOLOGIQUE DES ALIMENTS

Elle est particulière aux herbivores et surtout aux ruminants : dans le rumen et le réseau,
dans les cæcums et gros intestin des herbivores non ruminants vivent en symbiose avec
l’animal des microorganismes. Dans cette symbiose :

 L’animal héberge les microorganismes et leur fournit :


 Les aliments énergétiques (sucre soluble, amidon, cellulose)
 Les aliments plastiques (matières azotées) pour leur croissance et leur
fonctionnement.
 Un milieu propice à leur développement.
 Les microorganismes fournissent à l’animal :
 Les acides gras volatils (AGV) résultant de la dégradation de la cellulose et
d’autres sucres. Ces AGV jouent le rôle de glucose dans le sang des polygastriques
 Des vitamines du groupe B, E et K
 Des protéines microbiennes résultant de la digestion des microorganismes.

Ces protéines sont constituées surtout des acides aminés essentiels.

C’est pour cette raison que le problème de la qualité des protéines ne se pose pas en
alimentation des herbivores.

54
N.B. En nourrissant l’animal on nourrit d’abord ses microorganismes : il faut donc
toujours pratiquer la transition alimentaire quand on change de ration.

3.2.3 LA DÉGRADATION CHIMIQUE DES ALIMENTS.

Les aliments broyés, gonflés d’eau et de salive, homogénéisés par les brassages
stomacaux, en partie dégradés par les microorganismes sont soumis à l’action des diastases
sécrétés par les glandes digestives.

3.2.4 LES SUCS DIGESTIFS.


 La salive
C’est un liquide incolore plus ou moins alcalin selon les espèces. Elle est formée de :
- L’eau qui ramollit les aliments et dissout les substances sapides (on peut alors déguster)
- Phosphates et bicarbonates de Na et K substances basiques qui neutralisent les acides
formés par la fermentation des aliments dans le rumen.
- La ptyaline, diastase qui dégrade l’amidon en maltose chez l’homme, l’oie et le lapin. Son
action est complétée par celle de l’amylase pancréatique.
 Le suc gastrique.
C’est un liquide inodore, incolore, de PH compris entre 1 et 3. Il est composé de :
- Acide chlorhydrique qui :
o inhibe le développement des microorganismes apportés par les aliments ;
solubilise certains sels (phosphates et carbonates) ;
o favorise l’action de la pepsine par son PH ;
o assure le passage ses aliments de la caillète à l’intestin par son action sur le
pylore ;
o favorise la sécrétion du suc pancréatique et biliaire.
- Pepsine qui dégrade les protides insolubles dans l’eau en polypeptides solubles dans l’eau.
- Lipase qui hydrolyse les lipides en alcool et acides gras ; son action est réduite chez les
ruminants.
- La présure, la catheptase et la pepsine chez les jeunes. Ces enzymes agissent sur les
protéines du lait (les caséines).

 Le suc pancréatique.
C’est un liquide incolore et alcalin composé de :

55
- L’amylase qui assure la 1ère dégradation des glucides chez certaines espèces (bovins,
ovins,…) ou poursuit l’action de la ptyaline chez l’homme l’oie et le lapin. Elle dégrade
l’amidon en maltose.
- La trypsine (protéase) qui hydrolyse les polypeptides provenant de l’estomac (ou caillète)
jusqu’au stade de dipeptide.
- La lipase agit en association avec la bile, continue l’hydrolyse des lipides en glycérol et
acides gras.

 La bile
C’est un liquide jaune verdâtre : elle ne contient pas d’enzyme, mais participe à la
digestion en :
- Émulsifiant les matières grasses et en stabilisant les émulsions et en activant la lipase
pancréatique.
- Éliminant certaines substances de l’organisme contre le cholestérol, et certaines
substances anormalement présentes contre les médicaments et produits toxiques.
- Neutralisant le chyme gastrique et en stimulant les mouvements péristaltiques de
l’intestin.

 Le suc intestinal.
Il est constitué du suc duodénal et intestinal proprement dit. Il est composé de :
- L’érepsine (peptidase) qui transforme les dipeptides en acides aminés absorbables par le
sang.
- La maltase, invertase, lactase, etc. qui achèvent la dégradation des glucides en oses (sucres
simples) absorbables par le sang.
- La lipase qui achève l’action du suc pancréatique sur les lipides.

3.2.5 LES EFFETS DE LA DIGESTION


a) L’eau 

Elle ne subit aucune transformation dans le tube digestif ; son absorption est sensiblement
nulle au niveau de l’estomac des monogastriques et du rumen des polygastriques. Elle est plus
importante au niveau de l’intestin grêle et relative peu importante au niveau des 3 autres
poches de l’estomac des polygastriques et du gros intestin. L’eau ainsi absorbée gagne les
différents compartiments liquidiens et l’excès est évacué sous forme d’urine.

56
b) Les sels minéraux

Les minéraux insolubles comme la silice sont excrétés ; les sels d’acides faibles sont
attaqués par l’acide chlorhydrique pour donner des chlorures solubles.

Les sels solubles de sodium et potassium passent dans le sang sans modification.

c) Les aliments simples.

La digestion des aliments simples ou des microorganismes aboutit à des nutriments qui
sont :

 Des sucres simples à 5 ou 6 carbones (xylose, arabinose, glucose, fructose, galactose)


provenant des glucides alimentaires ou microbiens
 Des acides aminés résultant des matières azotées alimentaires et protéines microbiennes
 Des acides gras volatils provenant de la fermentation des glucides cellulaires et
membranaires
 Des acides gras à longue chaine et du glycérol à partir des lipides
 De l’eau et sels minéraux
 Des vitamines
 Des déchets formés des produits non digérés (fèces)
 Des gaz comme le gaz carbonique, le méthane, l’ammoniac, etc. Le gaz carbonique et le
méthane sont perdus par éructation ; l’ammoniac non utilisé par les microorganismes du
rumen est absorbé par la paroi du rumen et métabolisé par le foie.

d) Les sucres solubles

Chez les ruminants les sucres solubles (glucose, fructose, galactose …) sont totalement et
rapidement utilisés par les microorganismes du rumen qui s’en servent comme source
d’énergie.

Chez les monogastriques seuls les sucres à 6 atomes de carbone (galactose, lévulose,
glucose…) sont absorbés au niveau de l’intestin grêle.

e) L’amidon

Chez l’homme, l’oie et le lapin, la ptyaline commence à hydrolyser l’amidon en maltose ;


ce maltose est à son tour dégradé en glucose par les sucs pancréatiques et intestinaux : chez

57
les autres monogastriques l’amidon est transformé au niveau de l’intestin par le suc intestinal
et pancréatique.

Chez les ruminants l’amidon est dégradé à 70 – 90 % par les microorganismes du rumen
qui l’utilisent comme source d’énergie.

f) La cellulose

Sa dégradation est exclusivement réalisée par la microflore du rumen et du gros intestin


(du cheval et lapin) et fournit :

- de l’énergie à cette microflore pour son métabolisme


- de glucide insoluble que l’animal va transformer en glucose par la digestion intestinale de
cette microflore
- des acides gras volatils que l’animal utilise comme source d’énergie
- des produits inutilisables, donc une perte de l’énergie pour l’organisme animal. Cette
énergie est perdue sous forme de gaz comme le gaz carbonique et le méthane.

g) Les lipides

Chez les non ruminants la matière grasse est émulsifiée par la bile et transformée en
glucose et acides gras par le suc pancréatique et intestinal en présence de l’eau.

h) Les matières azotées

La volaille et les porcs ne digèrent que les protides : le suc gastrique décompose ses
protides en polypeptides qui sont à leur tour transformés en acides aminés par les sucs
pancréatiques et intestinaux en présence de l’eau.

Chez les herbivores et les ruminants en particulier, la microflore utilise les protides et les
matières azotées non protidiques. Une partie de ces substances azotées est donc dégradée par
la microflore jusqu’au stade ammoniac. Cet ammoniac est utilisé par les microorganismes
pour élaborer leurs propres protéines, s’il y a suffisamment d’énergie. L’excès d’ammoniac
est absorbé par la muqueuse du rumen et repris par le foie qu’il le transforme en urée ; s’il y a
trop d’ammoniac à éliminer, le foie peut se fatiguer ce qui entraine l’intoxication de l’animal ;
il est donc la nécessaire de bien équilibrer la ration en énergie et en matières azotées.

58
i) Les nutriments

Les nutriments comme les acides aminés, les sucres simples, les vitamines sont absorbés
tels quels le tube digestif des monogastriques. Chez les polygastriques les acides aminés les
sont transformés en ammoniac par les microorganismes du rumen.

3.2.6 L’absorption des produits de la digestion

La digestion aboutit au nutriments et produits non digérés ou fèces. Les nutriments


gagnent le sang à travers des muqueuses.

 La muqueuse de l’intestin grêle absorbe tous les nutriments et son rôle est essentiel
chez les monogastriques
 La muqueuse de la panse est perméable à l’ammoniac et aux acides gras volatils.
 La muqueuse du feuillet absorbe beaucoup l’eau, les matières minérales et les acides
gras volatils.
 La muqueuse du côlon absorbe surtout l’eau et les sels minéraux et aussi les acides
gras volatils provenant du cæcum.

3.2.7 L’utilisation des nutriments

Les nutriments absorbés par les parois du tube digestif participent aux réactions qui
entretiennent la vie (métabolisme)

- le glucose est la principale source d’énergie chez les monogastriques. Il est stocké dans le
foie sous forme de glycogène. il sert aussi à synthèse d’acides gras, et du glycérol, de la
matière grasse du lait, de la graisse, et des glucides comme le lactose du lait.
- Les acides gras volatils constituent la source d’énergie essentielle des polygastriques. Ils
sont transformés par le foie en glycogène et glucose, donc en énergie ; ils entrent dans la
synthèse d’acides gras et glycérol, matière grasse du lait et graisse.
- Les nutriments plastiques (acides aminés, minéraux, eau) entrent dans la construction de
la matière vivante (protéine, liquide organique, sécrétion organique, squelette).

3.3 LA NUTRITION DES ANIMAUX


3.3.1 La préhension des aliments solides
- Chez le bovin :

59
Les lèvres et la mâchoire inférieure sont peu mobiles ; la langue attire les herbes qui
sont ensuite coincées entre les incisives de la mâchoire inférieure et le bourrelet de la
mâchoire supérieure; elles sont alors beaucoup plus arrachées que coupées d’un coup
de tête généralement à au moins 2 cm du sol.

- Chez les ovins et caprins

La mâchoire supérieure n’a pas aussi d’incisives. Les lèvres minces et très mobiles
happent les herbes qui sont alors coupées ras qu’après le passage des bovins.

- Chez le porcin

Les 2 mâchoires portent des incisives coupantes ; la bouche est largement fendue en
arrière ; la puissance et la structure particulière de son groin lui permettent de fouir le sol et
d’y prélever sa nourriture.

- Chez les oiseaux

Les aliments sont pris par le bec et par un mouvement de la tête lancés dans le fond de
la gorge par inertie.

3.3.2 La préhension des aliments liquides


- Les herbivores boivent par pompage, grâce aux mouvements de la langue.
- Les carnivores boivent par lapement
- Les omnivores boivent par aspiration en créant une dépression dans la cage thoracique
- Les oiseaux plongent le bec dans l’eau puis relève la tête et l’eau descend dans
l’œsophage.
- À la mamelle : le pis est pris entre les 2 lèvres, avec la langue le jeune crée une
dépression qui fait couler le lait dans la bouche.

3.4 ALIMENTATION DES ANIMAUX

a) Définition d’un aliment.

De toutes les définitions proposées dans la littérature, celle que nous retenons dans le
cadre de ce cours est la suivante : un aliment est une substance naturelle ou artificielle, non
toxique qui apporte à l’organisme l’énergie ou la matière dont il besoin.

b) Définition la ration

La ration est l’ensemble des aliments simples consommés quotidiennement par un


animal pour couvrir les besoins nutritionnels journaliers.

c) L’importance de l’alimentation en production animale.

60
L’importance de l’alimentation en production animale peut être considérée sur le plan
économique et sur le plan physiologique.

Sur le plan financier l’alimentation coûte très chère, elle représente au moins 60% du
coût total de production des animaux de boucherie. Les moindres erreurs d’alimentation (les
excès ou les carences) se traduisent toujours par des conséquences graves tels les retards et
troubles de croissance, les intoxications, les chutes de production, la baisse de la fertilité, etc.
La ponte est certainement cassée après un jour de jeûne chez la poule de ponte.

Sur le plan physiologique l’alimentation a des effets indélébiles, comparables aux


effets des gènes, puisque ce sont les aliments qui vont permettre à l’organisme animal de
satisfaire ses besoins en énergie, vitamines, protéines et minéraux. Une alimentation
sévèrement carencée pendant la croissance peut faire d’un jeune animal un médiocre
reproducteur incorrigible :

Chez le zébu Gobra du Sénégal l’âge à la première mise bas est de 36 à 48 mois en
élevage traditionnel extensif, et environ 25 mois dans le système intensif ; tandis que le taux
de fécondité passe de 66% dans le système extensif à 85% dans le système intensif.

Au Niger le taux de mortalité chez les veaux de 3 à 11 mois est de 22% dans
l’élevage traditionnel, contre moins de 1% chez les veaux ayant reçu une supplémentation de
¼ l de lait /jour/tête. Au Cameroun la production laitière des vaches des races locales peut être
doublée par adjonction des concentrés dans la ration dans le système intensif.

3.4.1 LA COMPOSITION CHIMIQUE DES ALIMENTS SIMPLES DU BÉTAIL

L’analyse élémentaire d’un fragment d’aliment montre qu’il est composé de :

3.4.1.1 L’eau : la teneur en eau des aliments est variable, jusqu’à 92% du poids de
certains aliments. Cette teneur dépend de l’espèce végétale, de l’âge de la plante,
de l’organe végétal, de la saison. Elle est maximale dans les racines, les
tubercules et les jeunes herbes, et minimale dans les céréales, les grains et les
herbes sèches.
3.4.1.2 La matière sèche (MS): c’est ce qui reste d’un aliment après séchage complet
(au laboratoire). Elle est formée de 2 fractions : la matière organique et de la
matière minérale (MM).

A. La matière organique (MO).

C’est la matière élaborée par un organisme vivant ; elle forme la partie de l’aliment qui
retourne à l’atmosphère lors de la calcination. Elle est composée des matières azotées (MA),
glucides (Extractif non azoté (ENA)) et lipides ou matière grasse (MG) ou encore Extrait
éthéré (EE).

a) Les matières azotées

61
Les matières azotées sont des substances qui renferment de l’azote dans leurs molécules.
Elles comprennent les matières azotées non protidiques et les protides (protéines).
Une protéine est une grosse molécule (macromolécule) formée par l’enchainement et la
répétition d’un grand nombre d’acides aminés, qui en sont les unités de base.

Un protide est une substance organique azotée comme les acides aminés et les résultats de
leur enchainement.

La quantité des protéines dans les aliments varie d’un aliment à l’autre ; les aliments
d’origine animale et les tourteaux des graines des oléo-protéagineuses en sont plus riches que
les céréales, les pailles, les tubercules, les racines, etc.

Les protéines sont formées de vingt unités de base différentes appelées acides aminés.
L’organisme des monogastriques non herbivores est incapable d’élaborer tous ces 20 acides
aminés. Ces acides aminés qui ne peuvent pas être élaborés par l’organisme animal et qui
doivent lui être apportés par la ration journalière sont dits acides aminés essentiels ou
indispensables. C’est pour dire que la qualité des protéines est d’une grande importance en
alimentation des animaux monogastriques non herbivores.

Les protéines d’origine animale et les protéines du soja sont plus riches et plus équilibrées
en acides aminés essentiels ; elles permettent de couvrir les besoins des animaux en acides
aminés à de faibles doses ; elles sont dites de haute qualité, donc préférables aux autres
protéines (végétales) qui sont de moindre qualité.

b) Les glucides.
Les glucides sont des sucres plus ou moins complexes comme le glucose, le saccharose,
l’amidon. Ils fournissent l’énergie à l’organisme, mais peuvent être utilisés dans la synthèse
des protéines et des graisses. La teneur des aliments en glucides varie beaucoup : les céréales,
les racines, les tubercules et les graines oléagineuses en sont plus riches que les produits
animaux.

c) Les lipides.
Les lipides ou matières grasses ou encore extraits éthérés sont des macromolécules des
substances hydrocarbonées ternaires insolubles dans l’eau, mais soluble dans des solvants
organiques comme l’éther de pétrole, le benzène, le chloroforme, l’alcool etc. ce sont des
esters puisqu’ils résultent de l’enchainement entre des acides (organiques) et des alcools :

Acide + alcool ester + eau

R COHO + R’ OH R COO R’ + H2O

Les lipides sont très riches en énergie, mais leur digestion est plus lente. Les aliments
riches en huile fluide produisent un lard mou, alors que ceux à huile concrète produisent un
lard ferme. Plus le lard est ferme plus longtemps il se conserve ; c’est pourquoi, en
alimentation des animaux en fin d’engraissement, on privilégie les aliments riches en huile
concrète comme les tourteaux de coprah et de palmiste, le manioc et les graisses animales.

62
d) La cellulose.

La cellulose ou fibre confère à la plante sa forme. Elle est indigeste chez les
monogastriques non herbivores tels que le porc, la poule ; alors que les herbivores comme la
chèvre, le mouton, le bœuf, en tirent profit. La teneur en fibre des aliments est très variable :
les produits animaux en contiennent très peu ; les jeunes herbes sont encore bien digestes chez
le porc, alors que les fourrages âgés dosant plus de 40% de cellulose n’ont aucun intérêt dans
l’alimentation des monogastriques non herbivores.

B. La matière minérale.

La matière minérale ou cendre est le résidu de calcination d’un aliment ; elle est
formée de sels minéraux. Les végétaux en sont plus pauvres que les farines d’animaux entiers.

C. Les vitamines 

Les vitamines sont des protéines, des lipides ou des glucides particuliers. Les végétaux
verts en sont très riches.

Les analyses plus poussées au laboratoire montrent que les tissus animaux ou végétaux
sont composés d’éléments chimiques simples que sont l’oxygène, l’hydrogène, le carbone,
l’azote, le calcium, le phosphore, le soufre, l’iode, etc.

3.4.2 Classification des principaux composés organiques des aliments et leurs rôles.

Selon leur abondance dans les aliments les éléments chimiques sont classés en :

- Éléments majeurs : ce sont le carbone (C), l’oxygène (O), l’hydrogène (H) et l’azote
(N).
- Éléments moyennement présents : ce sont le phosphore (P), le sodium (Na), le chlore
(Cl), le calcium (Ca), le soufre (S), le magnésium (Mg), le potassium (K).
- Les oligoéléments qui sont à l’état de trace, sans que leur rôle soit négligeable pour
autant. On peut citer le fer, le cuivre, le cobalt, le zinc, le manganèse, l’iode, etc.

Ces éléments chimiques sont associés en des combinaisons plus ou moins complexes
dans les aliments. On y distingue les combinaisons minérales dont l’eau et les minéraux, et les
combinaisons organiques comprenant les glucides, les lipides, les protides et les vitamines.

Les substances organiques sont surtout formées de carbone, d’oxygène et


d’hydrogène, et parfois de l’azote, du phosphore et du soufre. On y distingue :

Les matières hydrocarbonées ternaires (ou hydrates de carbone) composées de C, H,


O. ce sont les glucides (sucres, amidon, cellulose...) et les lipides.

Les matières azotées qui sont des composés quaternaires formés de C, H, O, N et


parfois du soufre (S) et du phosphore (P). Elles comprennent les protides et les matières
azotées non protidiques.

63
Les vitamines se rattachent soit aux protides, soit aux hydrates de carbone.

3.4.2.1 Rôle des protéines dans l’organisme animal.

Les protéines (acides aminés) sont les matériaux de construction de l’organisme


animal dans la mesure où elles sont des constituants du protoplasme, ainsi :

Elles sont indispensables à la croissance chez les jeunes pour la formation des tissus
nouveaux (croissance musculaire).

Elles participent à la régénération tissulaire (cellules vieilles ou lésées).

Elles entrent dans la composition des enzymes, des hormones, des vitamines, etc.

Elles constituent une source d’énergie, puisqu’un gramme de protéine fournit en


moyenne 5,65 kcals.

Elles participent à la régulation des réactions chimiques du milieu intérieur, en cédant


le proton (NH+3) ou en captant un proton par son ion (COO-) selon le PH du milieu où il se
trouve.

3.4.2.2 Classification des glucides et leur rôle dans l’organisme animal.


a) Classification des glucides.

D’après la rapidité de leur digestion on distingue :

 Les sucres solubles : ils sont assimilables directement ou après une digestion
facile. Ce sont les sucres à 6 atomes de carbone comme le glucose, le galactose et
le lévulose, et les sucres à 12 atomes de carbone tels que le saccharose, le maltose,
le lactose.
 L’amidon et les glucides voisins : leur formule chimique générale est n(C5H10O5).
(300 ≤ n ≤ 500). Ils sont insolubles dans l’eau et leur digestion est un peu plus
longue que celle des sucres du 1er groupe.
 La cellulose : sa formule est n(C6H10O5), n variant de 10 à 1500. Elle est insoluble
dans l’eau. C’est le premier constituant de la membrane cellulosique des cellules
végétales. Elle est indigeste chez les animaux sans microflore intestinale comme
les monogastriques non herbivores. Sa dégradation dans le rumen des
polygastriques donne entre autres les acides organiques comme l’acide acétique,
butyrique, propionique, etc. qui jouent le même rôle que le glucose dans le sang
des monogastriques non herbivores.
 La lignine qui est un autre constituant de la membrane cellulaire végétale n’a pas
aucune valeur nutritive parce qu’elle est totalement indigeste chez les animaux
domestiques.

b) Rôle des glucides dans l’organisme animal


 Les glucides sont des aliments énergétiques, puisque 1g de glucide fournit 4,1 kcal.
L’énergie est nécessaire pour l’accomplissement des diverses fonctions de la

64
cellule telles que la multiplication et la croissance des cellules, (donc la croissance
de l’animal), le maintien de la température corporelle, les mouvements cellulaires
(donc les contractions musculaires), les sécrétions comme les hormones, les
enzymes, le lait, les sucs digestifs, etc.
 Ils entrent dans la synthèse de la matière grasse et du lactose par l’organisme.
 Ils participent au métabolisme des lipides en évitant l’accumulation de certains
produits dangereux comme l’acétone dans l’organisme.
 La cellulose joue le rôle de lest nécessaire pour le remplissage du tube digestif des
animaux.

3.4.2.3 Classification des lipides et leur rôle dans l’organisme animal.


a) Classification des lipides.

Les lipides sont classés d’après le nombre d’atomes de carbone de leur molécule ou de
la présence ou de l’absence de double liaison dans leur molécule.

 Selon le nombre d’atomes de carbone de leur molécule on distingue les lipides (acides
gras) à faible poids moléculaire ou acide gras volatils ayant 2 à 4 atomes de carbone
comme l’acide acétique, propionique, butyrique, etc. et les acides gras à longue
chaîne de carbones tels que l’acide palmitoléique, arachidonique, linoléique, etc.

 Selon la présence ou l’absence de double liaison on distingue :


- Les acides gras insaturés ayant au moins une double liaison dans leur chaîne tels
que l’acide oléique, palmitoléique, etc. Ils donnent des huiles fluides et à point de
fusion relativement faible. Ils fixent facilement diverses substances, surtout
l’oxygène, ce qui provoque leur oxydation et rancissement.
- Les acides gras saturés (ou graisse ferme ou encore huiles concrètes) n’ont aucune
double liaison dans leur molécule. Ils ont un point de fusion élevé par à celui des
acides insaturés. On peut citer l’acide palmitique, butyrique, etc.

L’herbe verte, le tourteau de soja et d’arachide sont riches en acides gras insaturés ;
ces aliments produisent une graisse molle chez l’animal qui en est réduit.

b) Rôle des lipides dans un organisme animal.


 Les lipides sont des aliments énergétiques ; 1g de lipides fournit en moyenne 9,3
kcals.
 Ils entrent dans la formation des graisses de réserve.
 Ils sont nécessaires pour l’action des vitamines liposolubles.
 Certains acides gras sont indispensables à l’organisme ; ceux – ci se comportent
comme des vitamines, la vitamine F en particulier. Il s’agit des acides linoléique,
linolénique et arachidonique qu’on en trouve dans le beurre de cacao, le soja, le
palmiste, le lard, etc.

65
3.4.2.4 Les rôles, les signes de carence et les sources des minéraux dans un
organisme animal
a) Généralités

Suivant leur abondance dans les aliments et dans les organismes animaux les minéraux
sont classés en éléments majeurs (Ca, P, S, K, Mg et Cl), et en éléments mineurs (Fe, Cu, Co,
Zn, Mn, Na, I, Se, etc.)

Les minéraux sont des éléments plastiques ; ils entrent aussi dans des productions et
participent à la régulation des diverses fonctions de l’organisme

b) La rétention minérale

L’aptitude d’un animal à utiliser un minéral dépend de :

 L’origine du minéral : le calcium et le phosphore d’origine végétale sont moins bien


utilisés que ceux d’origine minérale.
 L’âge de l’animal : plus un animal est jeune mieux il utilise les minéraux ; la quantité
de minéraux retenus dans un organisme animal diminue avec l’âge de l’animal, alors
que les quantités de minéraux excrétés par l’organisme augmente avec l’âge ; c’est
pourquoi les besoins en minéraux sont plus élevés chez les animaux plus âgés que
chez les jeunes.
 La production : chez les femelles qui produisent beaucoup de lait les quantités de
minéraux contenus dans le lait produit sont en général supérieures aux quantités de
minéraux apportés par l’alimentation. Pour satisfaire ses besoins de lactation, l’animal
est obligé de prélever des minéraux directement assimilables de son squelette. Il
s’ensuit son amaigrissement en fin de lactation. Le tarissement doit permettre à
l’organisme de la femelle de reconstituer ses réserves osseuses avant d’entamer une
nouvelle lactation.
 Des vitamines D : elles interviennent dans l’absorption et la fixation du calcium et du
phosphore dans les os.
 L’équilibre entre les minéraux : l’excès de certains minéraux comme le zinc et
l’aluminium dans une ration nuit à l’assimilation d’autres minéraux comme le
phosphore et le calcium. C’est pourquoi dans l’alimentation des animaux certains
équilibres entre minéraux doivent être respectés pour leur meilleure assimilation.

Par exemple : le rapport Ca/P doit varier de 1,2 à 2 chez les monogastriques et de 1,5 à 6
chez les polygastriques.

c) Les besoins des animaux en minéraux.

 Le phosphore et le calcium.

Les besoins en calcium et en phosphore varient beaucoup d’une espèce à l’autre, d’une
race à l’autre, d’un individu à l’autre, etc. ils sont particulièrement élevés chez les femelles en
lactation ou en gestation, les jeunes et les pondeuses.

66
Le manque de calcium ou de phosphore ou encore le déséquilibre phosphocalcique
entrainent des troubles graves :

- Au niveau du squelette : une alimentation pauvre en calcium et en phosphore, ou


déséquilibrée en ces deux minéraux ou encore pauvre en vitamines D et C provoque :
 Chez les jeunes le rachitisme caractérisé par la déformation des os longs, de grosses
articulations, le manque aplomb, l’arrêt de cœur, etc.
 Chez les adultes :
o L’ostéomalacie qui se traduit par le ramollissement et la fracture des os.
o L’ostéofibrose : les os se ramollissent, grossissent et se creusent des cavités qui se
remplissent de tissus fibreux. Chez le porc ce grossissement des os peut aller
jusqu’à obstruer les narines et la respiration devient sifflante.
o L’ostéoporose : les os deviennent progressivement minces et fragiles, ce qui va se
traduire par de nombreux cas de fractures des os.
Ces troubles provoquent la perversion de l’appétit ou pica : les animaux mangent ce qu’ils
ne mangent pas d’habitude.

- Au niveau de la production laitière : la fièvre vitulaire ou hypocalcémie du lait ; après la


montée du lait la femelle est comme paralysée, et ne réagit plus ; la mamelle est enflée,
douloureuse et chaude. Cette maladie résulte des brusques prélèvements du calcium au
niveau de la mamelle. Pour y remédier on peut injecter alors du gluconate de calcium
additionné du magnésium et du phosphore à la malade. Pour prévenir cet accident on
injecte à l’animal de la vitamine D3 ou des extraits parathyroïdiens, 3 à 4 jours avant la
mise bas.
- Au niveau de la reproduction :
Une carence en phosphore ou d’autres minéraux et vitamines provoquent des difficultés
de fécondation et la mortalité embryonnaire.
L’excès de phosphore dans la ration provoque l’ostéoporose, le calcium des os étant
mobilisé pour rétablir l’équilibre phosphocalcique, la mortalité périnatale et les difficultés de
reproductions, des troubles rénaux, les reins devant plus travailler pour éliminer l’excès de
phosphore.

Remarque :

67
 Les rations à base de grains, tourteaux et produits animaux sont en général plus riches
phosphore qu’en calcium. Ces rations seront équilibrées par adjonction des
Compléments Minéraux Vitaminés (CMV) riches en calcium et des herbes surtout des
légumineuses.
 Les rations à base de tubercules et racines, foins mal conservés sont pauvres en
phosphore.
 L’herbe jeune, les légumineuses et les choux sont riches en phosphore alors que les
céréales, les foins de graminées, les tourteaux et l’herbe jeune sont plus pauvres en
calcium.

 Le chlore et le sodium

Le chlore est généralement associé au sodium. Le chlorure de sodium se rencontre


dans le sang (6 g/l chez les ruminants), dans les tissus et les liquides de l’organisme, dans le
suc gastrique. Le chlore et le sodium sont des électrolytes qui, avec le potassium, régulent la
pression osmotique et assurent l’équilibre acide-base et la perméabilité membranaire.

Le manque de sodium entraine une baisse et une perversion de l’appétit, une


diminution de la consommation en eau, une chute de la production, l’amaigrissement.

L’excès de sel ou de potassium provoque une décalcification des animaux, une


intoxication et parfois la mort.

Le sodium est toujours déficitaire dans les aliments. Les produits animaux en
contiennent en quantités appréciables. Il doit être ajouté à la ration journalière sous formes de
sel de cuisine, Composé Minéral Vitaminé, blocs à lécher, salage des foins.

 Le potassium

Le potassium est un électrolyte ; il se rencontre seulement dans les liquides intra


cellulaire et les globules rouges.

La carence en potassium est rare, car les végétaux en sont très riches.

 Le magnésium

C’est un constituant des os et des coenzymes ; il participe au maintien de l’équilibre


acide-base, et modère l’excitabilité neuromusculaire. Les aliments du bétail en contiennent en

68
quantités suffisantes. Les issues de céréales, les tourteaux, les levures de brasseries et les
farines animales en contiennent suffisamment.

Chez les herbivores la carence en magnésium provoque la tétanie d’herbage ; cette


maladie se caractérise par des contractions musculaires, une hyperexcitabilité, la démarche
chancelante, la paralysie qui conduit à la mort. Elle se produit quand l’animal a été soumis à
l’herbe très tendre, riche en eau et protéines et pauvre en cellulose.

 Le soufre

Les composés soufrés se rencontrent dans tous les tissus et les secrétions sous forme
d’acides aminés indispensables, de vitamines et d’hormones, etc.

Les graminées sont pauvres en soufre, les légumineuses et les crucifères en sont plus
riches.

 La silice

Elle n’intervient pas dans la physiologie animale ; elle diminue au contraire la


digestibilité des aliments. On distingue la silice de composition, associée à la lignine dans
les cellules pariétales vieilles et la silice de contamination à la surface des aliments et apportée
pour le vent dans les régions sablonneuses.

La balle de riz, et la paille de riz sont très riches en silice.

 Les oligoéléments

Les oligoéléments sont surtout des éléments catalytiques bien que certains d’entre eux
aient un rôle plastique ; ils entrent dans la constitution des diastases, des enzymes, des
vitamines, etc. Ils agissent surtout par leur présence et non par leur quantité.

 Le fer est un constituant de l’hémoglobine du sang et de la myoglobine des muscles : ces


substances transportent l’oxygène. Il agit avec le cuivre dans la synthèse de pigments
respiratoires et avec le cobalt dans la synthèse de la vitamine B12 qui est antianémique.
Les aliments du bétail sont en général riches en fer.

La carence en fer se manifeste par l’anémie, l’arrêt de cœur, la diarrhée.

69
Chez le porcelet elle détermine la crise de 3 semaines : C’est une anémie par manque
d’hémoglobine qui frappe les porcelets d’environ 3 semaines d’âge et se traduit par des
troubles digestifs (diarrhées), des troubles respiratoires, l’arrêt de croissance et parfois la
mort. À cet âge le lait de la truie est insuffisant pour couvrir les besoins en fer du porcelet et
par ailleurs il correspond au vide immunologique, le porcelet s’étant débarrassé des anticorps
maternels sans en avoir fabriqué les siens propres.

Pour remédier à cette crise on peut :

 Distribuer précocement l’aliment porcelet dès le 8ème jour de vie du porcelet.


 Distribuer une terre arrosée du sulfate de fer, ou une terre ferralitique ou
ferrugineuse prélevée à au moins 50 cm dans le sol.
 Injecter une solution de fer au muscle du cou ou de la cuisse du porcelet 4 jours
après sa naissance et faire le rappel 15 jours après.
 Lutter contre la pullulation des microbes dans les locaux d’élevage.
 Le cuivre est présent dans tous les tissus de l’organisme, mais il est plus concentré dans le
foie, les reins, le cœur, le pancréas, la rate, la moelle osseuse, le tissu nerveux et dans le
sang.

Il participe à l’hématopoïèse, active les enzymes, intervient dans la pigmentation et la


production des poils: il participe aux développements des os et du squelette et protège contre
les infections.

La carence en cuivre se manifeste par l’anémie, la décoloration du poil, des troubles


cardiaques et respiratoires, les fractures des os, les boiteries, la paralysie des reins et des
membres, la baisse de la résistance naturelle aux maladies, la baisse de la fécondité.

Les graminées sont pauvres en cuivre ; les graines et les céréales en contiennent un peu ;
les sous-produits animaux en contiennent suffisamment.

 Le cobalt  entre dans la constitution de la vitamine B12 qui est un antianémique.


La carence en cobalt provoque la cachexie, un poil terne et piqué, le pica,
l’inappétence, la diarrhée, la baisse de la fécondité et de la croissance, la chute de la
production, augmentation de la sensibilité aux maladies et parasites.
Les fourrages et surtout les légumineuses sont suffisamment riches en Co; les céréales
sont en pauvres.
 Le Manganèse (Mn) est un catalyseur de nombreuses réactions ; il intervient sur
l’ossification, la reproduction et défense de l’organisme.

70
La carence en manganèse entraine la formation des os courts et épais, fragiles et déformés,
le manque d’aplomb, la baisse de l’activité sexuelle et la diminution de la fécondité, une plus
grande sensibilité aux allergies, la pérose chez la volaille : cette anomalie se caractérise par la
courbure et le raccourcissement des os longs des pattes.

On trouve suffisamment du manganèse dans les fourrages.

 L’iode est un constituant de la thyroxine qui est une hormone participant au métabolisme
des glucides, lipides et protides. Il participe aussi à la régulation thermique du corps, à la
croissance et fonctionnement du foie et de l’ovaire.

La carence en iode détermine une peau sèche, un poil rare, l’avortement, la mortalité, des
lésions cutanées, etc.

La carence provoque le goitre, la chute de l’appétit, un poil terne, la baisse de la


croissance, l’infécondité, les œdèmes pathologiques, la baisse de la résistance aux maladies.

On trouve l’iode dans les poissons et les sels marins.

Les crucifères, l’arachide, le soja et la betterave contiennent des substances goitrigènes

 Le zinc est un constituant d’enzymes intervenant dans les échanges respiratoires et dans le
métabolisme des protides.
Sa carence se traduit par l’inappétence, la maigreur, l’arrêt de la croissance, la chute de la
production, des boiteries, la déformation des os, le défaut d’aplomb, le plumage anormal, la
parakératose (ou crasse du porc), la pelade, l’irritation et l’ulcère, l’infécondité, la mortalité

Les aliments des animaux sont très pauvres en zinc : une complémentation des rations en
zinc minéral est indispensable.

 Les autres oligoéléments sont rarement déficitaires dans les aliments.

3.4.2.5 Les rôles, les signes de carence et les sources des vitamines dans un organisme
animal.

Les vitamines sont des composés organiques de la famille des glucides, lipides, ou
protides. Elles sont indispensables au bon fonctionnement de l’organisme animal. Elles sont
en général apportées par l’alimentation, sauf celles du groupe B et K qui peuvent être

71
synthétisées par l’organisme des herbivores. Elles interviennent à de très faibles doses comme
des catalyseurs des réactions biochimiques. Elles ont une action spécifique.

Elles interviennent dans la croissance, l’entretien, la reproduction, le maintien de la


santé.

Leur carence provoque des troubles graves appelés avitaminoses qui se traduisent par
des retards et des troubles de croissance, la chute de la production et de la fertilité, etc.

N.B. Les vitamines ne peuvent pas corriger les déséquilibres alimentaires ou améliorer les
conditions générales d’élevage.

Elles sont sensibles à la lumière et à la chaleur.

D’après le solvant utilisé pour les extraire on y distingue :

A. Les vitamines liposolubles (A, D, E, K)

Elles sont solubles dans les corps gras ; elles peuvent être stockées par l’organisme animal. Il
s’agit de :

a. La vitamine A ou Axérophtol : elle intervient dans la croissance, la vision, la


reproduction.
La carence en vitamine A provoque le retard de croissance, la déformation des os, la
baisse de la vision crépusculaire et parfois la naissance des nouveau-nés aveugles, le
durcissement des muqueuses donc la baisse de fécondité et de la résistance aux maladies.

La vitamine A doit être apportée par les aliments de tous les animaux. On en trouve dans
les produits animaux (foies des poissons, lait). Les végétaux verts contiennent des
provitamines (carotène ou cryptoxanthène) que l’organisme animal transforme en vitamine A.
Les pailles, les tourteaux, les céréales, les sous-produits agricoles, les racines et tubercules
(sauf carottes) sont pauvres en vitamine A, la paille n’en contient pas.
Les animaux constituent d’importantes réserves de vitamine A dans leur foie et les
utilisent en temps de besoin.

La vitamine A et les provitamines A sont très instables.

b. La vitamine D ou Antirachitique intervient dans la fixation du calcium et du


phosphore par les os ; dans la croissance et le renouvellement des tissus osseux.

72
On la trouve dans les produits animaux ; dans les végétaux elle est sans forme de provitamine
D : l’ergostérol qui se transforme en vitamine D2 par irradiation solaire.

Dans la peau des animaux se trouve le déhydro-cholestérol qui se transforme en


vitamine D3 sous l’action du rayon solaire. C’est pourquoi l’ensoleillement des animaux est
très conseillé, sinon la supplémentation est obligatoire.

Les signes de la carence en vitamine D sont les mêmes que ceux des carences en calcium et
phosphore.

c. La vitamine E ou Tocophérol est un antioxydant qui en fixant l’oxygène préserve la


vitamine A et les acides gras insaturés de l’oxydation qui les transformerait en
produits toxiques (les peroxydes d’acides gras).
La carence en vitamine E provoque la dégénérescence des fibres musculaires (myopathie)
se traduisant par une viande blanche exsudative et la paralysie du train postérieur chez le
mouton, les lésions nerveuses chez la volaille.

Les fourrages verts, les céréales et les huiles de foie de poissons en contiennent en
quantités appréciables.

d. La vitamine K ou antihémorragique préside à la synthèse de la thrombine qui assure


la coagulation du sang en transformant le fibrinogène du sang en fibrine.
Sa carence provoque des hémorragies.

La vitamine K est synthétisée par la flore intestinale des herbivores et sa carence de ce


fait est rare chez ces animaux, sauf lors des traitements anticoccidiens.

En pratique, les rations pour herbivores sont supplémentées en vitamine A, D3, et E, et


celles des porcs et volailles en A, D3, E et K.

B. Les vitamines hydrosolubles (B, C et PP)

Elles sont solubles dans l’eau ; elles ne sont pas stockées par l’organisme animal.

a. Les vitamines B : (B1 ou Thiamine, B2 ou Riboflavine, B3 ou Acide pantothénique,


B6 ou Pyridoxine, PP ou Niacine ou encore Acide nicotinique, H ou Biotine, F ou
Acide folique, choline, B12 ou Cyanocobalanine)

Les herbivores synthétisent grâce à leur microflore du rumen et des intestins les vitamines
B et K dont ils ont besoins ; il n’y a pas de problème de vitamine B chez ces animaux, mais

73
chez les jeunes ou chez les adultes soumis à un traitement aux antibiotiques ou aux
sulfamides la synthèse des vitamines B est perturbée.

Chez les porcs et volailles la carence en vitamine B se traduit par des troubles de
croissance, la chute de l’appétit, l’anémie, des troubles osseux et cutanés, la baisse de la
ponte, une faible éclosabilité, la pérose, la décoloration des plumes et poils, la paralysie,
l’infécondité.

Les levures des brasseries, le lait et ses sous-produits, le poisson et les végétaux sont
riches en vitamines B.

b. La vitamine C est synthétisée par l’organisme de beaucoup d’animaux d’élevage,


sauf le lapin ; elle est anti scorbut. Le scorbut se caractérise par le gonflement des
articulations, le déchaussement des dents, des hémorragies internes.

Elle peut remplacer beaucoup d’autres vitamines si celles-ci manquent dans la ration.

c. La vitamine P est anti perméabilité capillaire : elle lutte contre les petites hémorragies
consécutives à des affections comme les entérites, les cystites.

Remarque :
1. Un excès de vitamine A perturbe la synthèse de la vitamine B, C, D3 et conduit à un
blocage de la thyroïde.
2. Certains aliments contiennent des anti-vitamines qui scindent les molécules des
vitamines correspondantes et les rendent ainsi inefficaces.

3.5 LES APPORTS NUTRITIONNELS DES ALIMENTS SIMPLES DES


ANIMAUX DOMESTIQUES.

3.5.1 LA VALEUR ÉNERGÉTIQUE DES ALIMENTS

L’énergie potentielle d’un aliment n’est pas entièrement utilisée par un animal pour
son entretien et ses productions. Une partie de cette énergie est perdue sous forme de fèces,
d’urine, d’énergie de digestion des aliments, de chaleur, etc.

Ainsi l’énergie d’un aliment peut être exprimée à 5 niveaux de son utilisation dans
l’organisme.
1) L’Énergie Brute (EB)

C’est la quantité de chaleur de combustion d’un fragment d’aliment dans une chambre
calorimétrique. Par exemple :

74
1g de glucides produit 3,8 à 4,5 Kcal (4,1 Kcal en moyenne)

1g de lipides produit 6,4 à 9,5 Kcal (9,3 Kcal en moyenne)

1g de protides produit 5,5 à 5,9 Kcal (5,65 Kcal en moyenne)

2) L’Énergie Digestible (ED)

C’est l’énergie contenue dans les nutriments digérés. Elle est égale à l’énergie brute
moins l’énergie des fèces et représente 15 à 50% de l’énergie brute.

3) L’Énergie Métabolisable (EM)

C’est l’énergie disponible pour les réactions du métabolisme. Elle est égale à l’énergie
digestible moins l’énergie des urines et l’énergie des gaz

4) L’Énergie Nette (EN)

C’est l’énergie utilisée pour l’entretien et la production. Elle est égale à l’énergie
métabolisable moins l’énergie de transformation des aliments ou extra chaleur.

5) L’Énergie Productive (EP)

C’est l’énergie des réserves corporelles (graisse, glycogène) ou stockée sous forme chimique
(ATP, ADP)

Pour comparer les valeurs énergétiques des aliments du bétail, les nutritionnistes
français ont défini un aliment énergétique de référence ; c’est une orge (céréale) ayant les
caractéristiques chimiques suivantes par kg d’orge:

Teneurs MS MAT MG CB ENA MM


gr par kg d’orge 859 100,5 18,2 46,1 671,7 22,7
gr par kg de MS 1000 116 ,9 21,2 53,6 781,7 26,4

Cette orge dose par kg de produit brut :

Énergie brute : 3850 kcals


Énergie digestible : 3230 kcals
Énergie métabolisable : 2720 kcals
Énergie nette pour la production laitière (ENL) : 1720 kcals
Énergie nette pour la production de la viande (ENEV) : 1855 kcals

Les unités fourragères (UF)

La valeur énergétique (quantité d’énergie nette) de 1 kg de cette orge (dite orge de référence)
a été prise comme l’unité fourragère dont le symbole est UF ;

Ainsi chez les ruminants : 1 UFL vaut 1720 kcals d’ENL


1 UFV vaut 1855 kcals d’ENEV

75
Chez le porc : 1UF vaut 2220 kcals d’EN

La valeur fourragère d’un aliment est le nombre d’unités fourragères contenues dans
un kg de cet aliment. Symboliquement elle est VF telle que :

Quantité d ' EN de 1 kg d' aliment


VF= ' '
Quantité d EN de 1 kg d orge de référence

Des tables donnent les valeurs énergétiques des principaux aliments simples des
animaux exprimées en Kcal d’ED, d’EM ou en Unités Fourragères (UF). Pour estimer la
valeur nutritive d’un aliment, il suffit de repérer sur l’une de ces tables un aliment de même
famille botanique et de même origine écologique et y appliquer alors les valeurs lues.

3.6.2 LA VALEUR AZOTÉE DES ALIMENTS

L’azote est utilisé pour la synthèse des acides aminés servant à l’élaboration des
protéines. Les protéines sont des éléments de construction de l’organisme animal et de ses
productions. L’excès d’acides aminés est utilisé comme source d’énergie ou rentre dans la
fabrication de la graisse.

Chez les animaux les besoins en matières azotées se présentent sous deux aspects,
l’aspect qualitatif et l’aspect quantitatif.

 Il faut une quantité suffisante de matières azotées par rapport à la quantité d’énergie
de la ration. On parle alors du rapport protéines/énergie (PDI/UF)
 Il faut une proportion précise de chaque acide aminé pour que la synthèse de la
protéine correspondante soit possible.

Les besoins azotés quantitatifs d’un animal sont de 4 ordres :

a) Les besoins azotés d’entretiens qui réfèrent à la quantité de matières azotées dont
l’organisme animal a besoin chaque jour pour remplacer les cellules vieilles ou lésées
et pour la synthèse des anticorps, des hormones, des enzymes, des vitamines.
b) Les besoins azotés de croissance pour la multiplication et la croissance des cellules
nouvelles.
c) Les besoins azotés de reproduction et de gestation pour la reproduction et la croissance
des fœtus.
d) Les besoins azotés pour les productions riches protéines comme les œufs, la laine, le
lait.

Les besoins qualitatifs varient d’une espèce animale à l’autre.

L’organisme des monogastriques ne peut pas synthétiser certains acides aminés dont
il a besoin. Ces acides aminés (dits essentiels ou indispensables) doivent être apportés par la
ration journalière. L’alimentation des monogastriques doit donc apporter ces acides aminés
essentiels en quantité suffisante.

76
Chez les herbivores et les ruminants en particulier, les microorganismes du gros
intestin ou du rumen fabriquent tous les acides aminés dont l’organisme a besoin. C’est donc
dire que la qualité de protéine n’a aucune importance dans l’alimentation des herbivores.
Cependant la ration des femelles grandes laitières en pleine lactation doit être plus riche en
protéines de haute valeur biologique pour tenir compte du transit des aliments plus accéléré
dans leur tube digestif.

2.6.2.1 Les différentes formes de matières azotées

Les matières azotées d’un aliment peuvent être estimées à 2 niveaux de leur utilisation.

 Les Matières Azotées Totales (MAT)

C’est la teneur en azote d’un aliment multipliée par 6,25 puisqu’on a établi que toutes
les matières azotées dosées contiennent environ 16% d’azote. Les matières azotées totales
comprennent les matières azotées non protéiques et les matières protéiques ou protéines. Au
laboratoire on peut doser la Matière Protéique Brute (MPB) d’un aliment ; seulement, le
procédé est long, donc coûteux.

Dans la pratique les valeurs indiquées sur les étiquettes ou sur les bulletins d’analyse
d’aliments comme leurs teneurs en protéines brutes sont en réalité leurs teneurs en MAT.

 Les Matières Azotées Digestibles (MAD)

C’est la fraction digestible des MAT d’un aliment.

MAD = MAT x CD (des MAT)

Pour un même aliment cette fraction varie selon l’espèce animale.

 Les Matières Protéiques Digestibles (MPD)

C’est la fraction digestible des protéines brutes d’un aliment

MPD = MPB x CD (des MPB)

Ici encore c’est la teneur en MAD d’un aliment qui est portée sur son étiquette et non
sa teneur en MPD.

Chez les ruminants tout l’azote retenu dans un organisme n’est pas toujours
entièrement utilisé pour fabriquer des acides aminés. Il a été démontré en effet que quand la
ration d’un ruminant est déficitaire en énergie par rapport à la quantité d’azote disponible, le
surplus d’azote est repris par le foie et transformé en urée qui passe dans les urines.

C’est pourquoi les besoins des ruminants sont exprimés en grammes de Protéines réellement
Digestibles au niveau de l’Intestin (PDI). Ces protéines sont la somme de deux fractions :

77
Les protéines alimentaires (PDIA) : ce sont les protéines de l’aliment ayant échappé à
la dégradation microbienne dans le rumen.

Les protéines microbiennes (PDIM) élaborées à partir de l’ammoniac et des acides


aminés issus de la dégradation des protéines fermentescibles dans le rumen.

L’activité microbienne dans le rumen pouvant être limitée par une carence en énergie
ou en azote, un aliment a une valeur de PDIA et 2 valeurs de PDIM (PDIME et PDIMN)
selon que l’Énergie ou l’azote (N) soit le facteur limitant. Ainsi les besoins azotés des
ruminants et les valeurs azotées de leurs aliments sont exprimées en grammes de PDIE ou de
PDIN

PDIE = PDIA + PDIME

PDIN = PDIA + PDIMN

Dans le calcul des besoins des animaux on considère la valeur la plus élevée des 2 ci-
dessus.

2.6.2.2 Les rapports caractéristiques usuels en alimentation des animaux.

En alimentation du bétail certains rapports sont très utilisés dans le rationnement des
animaux. Il s’agit des rapports :

MAD
 dans le rationnement des porcs.
UF
PDI
 dans le rationnement des bovins, ovins et caprins
UF

Ces rapports permettent de caractériser :

 Les besoins des animaux : plus un animal est jeune plus ce rapport est élevé, la
croissance des os et des muscles exigeant plus de matières azotées que d’énergie.
Quand l’animal est plus âgé son engraissement exige plus d’énergie que de protéines.
Pour les productions riches en protéines, plus elles sont fortes plus les rapports ci-
dessus sont élevés.
MAD PDI
 Les rations et les aliments. En comparant les rapports ou d’un aliment au
UF UF
MAD PDI
rapport ou des besoins d’un animal on voit si cet aliment, à lui seul, peut
UF UF
permettre de couvrir les besoins azotés et énergétiques de cet animal (dans ce cas les
deux rapports sont égaux) ou s’il nécessite un complément (les 2 rapports sont alors
différents), ou encore si son rapport particulièrement élevé ou faible permet son
utilisation comme complément à une ration déséquilibrée.

Chez la volaille on utilise le rapport calorie / protéine (C / P)

78
C EM ( en kcal ) par kg d ' aliment
=
P MAT de l ' aliment en %

Exercice d’application

Un maïs destiné à l’alimentation du porc dosant 3400 kcals d’ED /kg et 9% de MAT
peut-il, à lui seul, permettre de couvrir les besoins azotés et énergétiques d’un porcelet
estimés par kg d’aliment ingéré à 3875 kcals d’ED et 232,5 g de MAT ?

Sinon quel est le meilleur aliment complémentaire à ce maïs ?

Le rapport Ca/P

Il doit varier de 1,2 à 2 chez les monogastriques et de 1,5 à 6 chez les polygastriques pour que
ces 2 minéraux soient bien assimilés par l’organisme animal.

Ca Ca
La comparaison du rapport d’un aliment au rapport des besoins d’un animal ou des
P P
déficits en ces minéraux permet de choisir le meilleur complément minéral à une ration.

3.7 LES ALIMENTS SIMPLES DES ANIMAUX DOMESTIQUES.

3.7.1 CLASSIFICATION DES PRINCIPAUX ALIMENTS SIMPLES DU BÉTAIL.

D’après leur teneur en matière sèche les aliments du bétail sont classés en aliments
grossiers et aliments concentrés.

3.7.1.1 LES ALIMENTS GROSSIERS.

Les aliments grossiers ont une faible concentration en énergie, en matière azotée ou en
matière minérale. On y distingue les aliments grossiers encombrants et les aliments grossiers
succulents.

a. Les aliments grossiers encombrants

Les aliments grossiers encombrants dosent plus de 15% de cellulose et ont soit une
forte teneur en matière sèche comme les fourrages secs, soit une faible teneur en matière
sèche comme les jeunes plantes.

b. Les aliments grossiers succulents

Les aliments grossiers succulents ont une faible teneur en matière sèche et dosent
moins de 15% de cellulose par rapport à la matière sèche. On peut citer les racines, les
tubercules, les choux, etc.

3.7.1.2 LES ALIMENTS CONCENTRÉS.

79
Les aliments concentrés ont une forte concentration en énergie ou en matière azotée et
dosent moins de 15% de cellulose et/ou d’eau. On peut citer entre autres les céréales, les
tourteaux, les levures, les farines d’origine animale, etc.

D’après leur richesse en nutriments les aliments du bétail sont classés en aliments
énergétiques, protidiques, minéraux et vitamines.

a. Les aliments énergétiques

Ils apportent surtout l’énergie à l’organisme animal. Ils sont riches en glucides ou en
lipides. Ils dosent environ 1 U.F / kg de MS. Les céréales sont les aliments énergétiques les
plus répandus, ensuite viennent les tubercules et les racines, les graisses et les huiles, les
graminées fourragères.

b. Les aliments protidiques

Ils ont une teneur en MAD ou P.D.I. élevée, supérieure à 25% par rapport à la MS. Il
s’agit des graines des légumineuses protéagineuses, des tourteaux des graines oléo-
protéagineuses, du lait et ses dérivés, des farines d’origine animale, etc.

c. Les aliments minéraux

Ils apportent surtout les minéraux à l’organisme des animaux. Il s’agit des calcaires,
des coquillages, des phosphates, des farines des os, du sel de cuisine, des sulfates, etc.

d. Les vitamines

Il s’agit des aliments particulièrement riches en vitamines comme l’huile de foie des
poissons et les vitamines industrielles.

D’après leur origine on distingue les aliments animaux et les aliments végétaux.

3.7.2 LES PRINCIPAUX ALIMENTS SIMPLES DU BÉTAIL

3.7.2.1 Les aliments énergétiques.

A. Les céréales.

Les céréales sont les meilleurs aliments énergétiques. Elles sont riches en matière
sèche et leur amidon est très digeste à l’état naturel. Elles sont pauvres en matière azotée, en
calcium, en phosphore et en vitamines, sauf en vitamine A pour le maïs jaune. Il s’agit du
maïs, riz, sorgho, mil, blé, etc.

Une céréale peut constituer la seule source d’énergie de la ration, sans autre restriction
que celle imposée par le respect de l’équilibre général de la ration.

 Le maïs.

80
Le maïs grain sec dose environ 10% de matière azotée totale et 1,15 U.F /kg. Il est
pauvre en cellulose et vitamine, en méthionine, tryptophane et lysine, déséquilibré en calcium
et phosphore. Il peut constituer le seul aliment énergétique de la ration. Il est servi en grain ou
broyé.

 Les sorghos.

Les grains de sorgho dosent environ 1,05 U.F. /kg et 11% de protéines brutes. Ils sont
plus déséquilibrés en acides aminés que le maïs. Il faut les servir écrasés pour faciliter
l’action des sucs digestifs, car les petits grains peuvent échapper à la dent de l’animal. Comme
le maïs ils doivent être complétés en vitamines, acides aminés et minéraux.

Les jeunes plants de sorgho verts contiennent un glucoside (la durrhine) qui, sous
l’action d’une diastase (émulsine) de la panse des ruminants se transforme en un poison
violent (le cyanure). C’est pourquoi il est conseillé de ne pas laisser le bétail brouter les jeunes
plants de sorgho de moins d’un mètre de hauteur.

 Le riz

Le riz est surtout destiné à la consommation humaine. Il peut être utilisé au même titre
que le maïs s’il est décortiqué. Le riz paddy est très riche en cellulose et en silice. Le riz poli
est plus pauvre en protéines.

B. Les issues des céréales 

Les issues des céréales sont les résidus d’usinage des grains des céréales. Elles sont
plus riches en cellulose et en phosphore que les graines dont elles sont issues. Il s’agit de :

- Le son ou recoupe : le son de blé ou de riz est la première farine obtenue à


l’usinage du blé ou du riz après enlèvement de la balle. Le gros son contient encore
une certaine proportion de balle. Le son de maïs ou de sorgho est constitué de
péricarpes des grains de maïs ou de sorgho.
- Par polissages et tamisages des grains des céréales on obtient successivement les
remoulages, et les farines basses.

Les remoulages, les farines basses, etc. sont plus riches en cellulose que les graines
entières dont ils sont issus. Ils peuvent former jusqu’à 20% de la ration des monogastriques.

C. Les racines et les tubercules.

Ce sont des amylacées pauvres en protéines, minéraux et vitamines. Leur amidon est très
digeste à l’état naturel. Il n’y a pas de restriction dans leur utilisation.

 Le manioc doit être servi frais et épluché, en tout cas moins de 3 jours après la récolte
pour éviter les fermentations alcooliques. Le manioc amer ne sera servi qu’après
rouissage ou séchage, ou encore la cuisson. Ces procédés détruisent la substance
amère et toxique du manioc amer, qui se transformerait en un poison violent (les
cyanures) dans le tube digestif de l’animal.

81
 La patate fraîche est mal digérée ; cuite elle est comparable au manioc.
 La pomme de terre, les ignames, le macabo sont surtout destinés à l’alimentation
humaine.

D. Les huiles végétales et les graisses animales.

Elles sont très en énergie, mais leur digestion est plus lente. Les huiles fluides produisent
un lard mou chez les animaux qui en sont réduits ; alors que les huiles concrètes produisent
un lard ferme. Plus le lard est ferme, plus longtemps il se conserve. C’est pourquoi en
alimentation des animaux en fin d’engraissement on privilégie les huiles fermes ou les
aliments qui en sont riches.

E. Les graines des oléagineux : elles sont riches en matière grasse et en matière sèche.
Leur amidon est peu digeste à l’état naturel ; la cuisson améliore significativement leur
digestibilité.

La graine entière de coton dose environ 20% de protéine brute, 20% de lipides, 20%
de fibre et 10% d’eau. Elle peut renfermer un pigment toxique, le gossypol, qui est détruit par
la chaleur à partir de 60°C pendant 5 mn. Les graines détoxifiées et celles des variétés de
coton « glandless » sont presque inoffensives.

L’amande sèche de la graine d’hévéa dose environ 25% de matière azotée totale et
44% d’huile. Elle contient un glucoside cyanogénétique qui sous l’action d’une enzyme
digestive se transforme en acide cyanhydrique. Elle peut être détoxifiée par un chauffage au
four à 350°C pendant 5 minutes, une ébullition pendant 20 minutes suivie du séchage, un
trempage dans une solution de cendres à 2,5% pendant 24 h, ou encore un trempage dans une
solution de cendres chaudes à 1,5% suivi d’un lavage à eau froide. Les graines détoxifiées
peuvent être utilisées au même titre que les autres tourteaux.

F. Les fruits et leurs dérivés

La banane est pauvre en matière sèche (20%), en protéine (1%) et en énergie. Elle ne
permet qu’une croissance très faible de l’animal consommateur.

Le potiron et les citrouilles sont surtout des rafraîchissants qui apportent quelques
vitamines.

Les coques des cabosses de cacao peuvent contenir plus de 20% de cellulose, et des
alcaloïdes (caféine et théobromine). Leur utilisation est limitée à 20% dans la ration des porcs.

G. La mélasse des sucreries

C’est un liquide brun sirupeux épais formé de sucres non cristallisés et d’eau obtenu à
l’usinage des plantes saccharifères. Elle renferme 70% de MS, 30% de sucres, 3 à 6% de
MAT, 7 à 10% de MM ; elle est pauvre en calcium et phosphore.

Il faut éviter d’y ajouter de l’eau si elle doit être gardée pour longtemps, sinon elle pourra
exploser comme une véritable bombe.

82
Elle peut former jusqu’à 10% de la ration des monogastriques et 15% chez les ruminants,
suivant le support alimentaire utilisé.

3.7.2.2 LES ALIMENTS PROTIDIQUES

Les aliments protidiques ou aliments de construction fournissent surtout des acides


aminés à l’organisme. Ils ont une teneur en protéines brutes supérieure à 25% par rapport à la
matière sèche. Il s’agit des tourteaux, des graines des légumineuses oléagineuses (soja,
arachide), des farines animales, du lait et ses dérivés, etc.

A. LES TOURTEAUX

Ce sont les résidus d’extraction d’huile des graines protéagineuses.

 Le tourteau d’arachide dose en moyenne 45% de protéines brutes. Il peut contenir de


l’aflatoxine qui est un poison violent secrété par un champignon, l’Aspergillus flavus.
Les spores de ce champignon forment à la surface du tourteau une poudre verdâtre et
amère. Il peut constituer 20% de la ration journalière du porc.
 Le tourteau de graines décortiquées de coton dose environ 45% de matières
azotées totales. Il peut former jusqu’à 40% de la ration journalière du porc, s’il est de
bonne qualité. Il faut se méfier des tourteaux de graines non décortiquées qui peuvent
renfermer du gossypol.
 Le tourteau de soja est le meilleur des tourteaux. Il contient 44 à 55% de protéines
bien équilibrées en acides aminés, 3 à 8% de cellulose brute ; seulement il coûte un
peu plus cher que le tourteau de coton. Il doit être fait de graines de soja cuites, dans
ce cas il peut être la seule source de protéines de la ration du porc.
 Le tourteau de graines d’hévéa décortiquées contient 27 à 35% de matières azotées,
3 à 12% de fibres ; Il est très appétissant. Il peut être incorporé au taux de 10% dans la
ration des truies en reproduction et jusqu’à 50% chez les porcs en engraissement.
 Le tourteau de coprah contient 22% de protéines brutes et 15% de fibres. Il ne pose
aucun problème particulier dans l’alimentation des porcs. Il permet de produire un lard
ferme.
 Le tourteau de palmiste dose 18% de matière azotée et 20% de fibres ; bien que ses
protéines soient équilibrées en acides aminés, il n’est pas très intéressant pour les
monogastriques et les porcs ne l’aiment pas beaucoup. Mais il est moins cher et il
permet de produire un lard ferme.

Les tourteaux de coprah et de palmiste ne sont pas en réalité des aliments protidiques.

B. Les graines des protéagineuses sont riches en protéines et en lipides.

83
 La graine de soja dose environ 36% de protéine et 18% de lipide. Sa protéine
est de haute qualité. Elle doit être utilisée cuite, car elle contient des facteurs
anti-croissance dont la globuline qui inhibe la trypsine chez l’animal qui en
consomme.
 L’arachide contient environ 23% de protéine et 45% d’huile. Elle est surtout
destinée à la consommation humaine. Il faut se méfier des arachides moisies.
C. Les levures de brasseries séchées se présentent sous forme d’une poudre brune et
amère ; elles dosent 45% de protéines brutes de haute qualité, et 87 à 90 % de matière
sèche. Elles coûtent chères, et sont économiquement utilisées à la dose de 2 à 3 % de
la ration.
D. La drèche des brasseries est le reste non solubilisé du malt concassé. Fraîche elle
contient jusqu’à 85% d’eau, ce qui peut provoquer son altération rapide. Séchée, elle
se conserve mieux et dose alors 26% de matière azotée, 20% de cellulose. Elle peut
être incorporée au taux de 30% dans la ration des monogastriques.
E. Les farines d’origine animale (farines de poisson, de viande, de sang, de crevettes,
etc.) et le lait et ses dérivés sont très riches en protéines, moyennement riches en
énergie, riches en minéraux (phosphore et calcium en particulier) ; leur richesse en
vitamines est variable et elles sont les sources naturelles de la vitamine B12.

3.7.2.3 LES ALIMENTS MINÉRAUX

Les aliments minéraux fournissent les minéraux (calcium, phosphore, fer, iode, sodium,
magnésium, etc.) à l’organisme. Leur composition est très variable :

 Les poudres d’os verts dosent en moyenne 23% de calcium et 12% de phosphore.
 Les coquilles des œufs, les coquilles des escargots, les coquilles des animaux
marins, les calcaires naturels contiennent 30 à 38% de calcium, et très peu de
phosphore.
 Les cendres des os calcinés renferment environ 35% de calcium et 16% de
phosphore.
 Les phosphates bi-calciques contiennent 22 à 25% de calcium et 17 à 18% de
phosphore.
 Le carbonate de calcium ou craie contient 40% de calcium.
 Le chlorure de sodium ou sel de cuisine dose 33 à 35% de sodium.
 Le lithothamne ou thalle calcifiée contient 33% de calcium, 4,3% de magnésium,
1,7% de silicium et de nombreux oligoéléments.

3.7.2.4 LES SOURCES DE VITAMINES

Les sources de vitamines sont naturelles et industrielles.

84
Les sources naturelles sont les aliments simples riches en vitamines : les huiles de foie
de poisson, les levures, les germes des céréales, etc.

Les vitamines d’origine industrielle sont des vitamines fabriquées dans des usines.
Elles se présentent sous la forme des poudres à incorporer dans les aliments ou dans l’eau de
boisson, ou sous forme d’hydrosols à ajouter dans l’eau.

Sur nos marchés les vitamines sont présentées comme telles, mais parfois associées à
des minéraux. On les appelle alors les aliments minéraux ou complément minéral vitaminé
(C.M.V.) ou encore à des aliments concentrés ; on obtient dans ce dernier cas des pré-
mélanges – plus connus sous le vocable « concentré » - destinés aux fabricants d’aliments
composés complets ou aux éleveurs fabriquant eux-mêmes ces aliments.

3.7.2.5 Les adjuvants alimentaires.

Un adjuvant ou complément alimentaire est une substance organique ou minérale,


naturelle ou de synthèse qui n’apporte pas en même temps l’énergie, l’azote et les matières
minérales et qui est distribuée à de faibles doses, soit séparément, soit en mélange avec les
aliments. Ce sont :

 Des antibiotiques : tétracycline, terramycine, etc.  Quand ils sont mal utilisés chez les
animaux ils peuvent induire une résistance des agents pathogènes ou provoquer des
intoxications humaines.
 Les acides aminés de synthèse : certains acides aminés comme la lysine et la
méthionine sont fabriqués industriellement.
 Les oligoéléments en solutions buvables.
 Les médicaments utilisés à titre préventif dans les aliments comme l’Amprolium, les
sulfamides, etc.
 Les produits divers tels les antioxydants, les anti-moisissures, les anti-émottant, les
colorants, les aromatisants, etc.
 L’urée : il s’agit de l’urée particulièrement défluorée. Elle est réservée exclusivement
aux ruminants à panse bien fonctionnelle ; on utilise avec des aliments riches en
glucides très assimilables tels que les céréales et les ensilages de maïs. Sa
consommation est limitée à 30 g par 100 kg de PV et par jour chez les bovins. L’urée
doit être bien mélangée à son support et les repas doivent être fractionnés.

3.8 NOTION DE DIGESTIBILITÉ DES ALIMENTS

a) Définition de la digestibilité

Un aliment ingéré par un animal n’est pas totalement transformé en produits


assimilables par le sang. Une partie de cet aliment inattaquable ou inattaquée par les sucs
digestifs et les microorganismes est rejetée à l’extérieur sous forme de matière fécale. La part
de l’aliment qui est absorbée par l’organisme est appelée le digestible.

85
La digestibilité est le degré d’utilisation d’un aliment ou d’un nutriment par un
organisme animal. Elle est traduite par un coefficient dit coefficient d’utilisation digestive
(CUD) ou coefficient de digestibilité (CD). C’est le pourcentage d’aliment retenu par un
organisme animal. On distingue le CUD apparent et le CUD réel.

Le CD apparent est le bilan entre les nutriments de l’aliment ingéré et les nutriments
de la matière fécale. Il est exprimé par le rapport suivant :

Quantité de nutriment ingéré – Quantité de nutriment des fécès


CUD app(%)= x 100
Quantité de nutriment ingéré

Le CUD apparent de la matière sèche est la digestibilité totale de l’aliment

En réalité la matière fécale n’est pas uniquement constituée des restes d’aliments non
dégradés par la digestion. On y retrouve des cellules intestinales desquamées, des sucs
digestifs, le mucus et des microorganismes. La digestibilité réelle est donc le pourcentage de
l’aliment effectivement retenu par un organisme animal compte tenu de la fraction endogène
(métabolique) des fèces. Elle est donnée par la relation suivante :

quantité de matière ingérée – ( quantité de matière fécale totale−quantité de matière fécale métabo
CD réel (%)=
quantité de matière ingérée

C’est un coefficient difficile à déterminer et dans la pratique seul le C U D apparent est


utilisé.

Remarque : toute la partie de l’aliment retenue par l’organisme n’est pas absorbée par
celui-ci : par exemple la dégradation des glucides produit du méthane qui est évacué par
éructation, ce qui implique une diminution de la valeur énergétique de l’aliment.

b) Mesure de la digestibilité

Il existe trois méthodes pour mesurer la digestibilité d’un aliment qui sont : les
méthodes in vivo, in vitro et mathématiques.

Les méthodes in vivo.

On utilise les animaux vivants. On y distingue les méthodes directes et les méthodes
indirectes.

 Méthodes directes

L’animal est placé dans une cage métabolique ou de digestibilité. On analyse et on


mesure des quantités d’aliments distribués. On récolte séparément les urines et les fèces
qu’on pèse et analyse également. Ensuite on fait le bilan de la digestion.
L’expérimentation est divisée en trois phases dont une phase d’adaptation de l’animal, une
phase d’expérimentation et une phase de contrôle des résultats.

86
 Méthodes indirectes

Le dispositif expérimental est pratiquement le même que celui utilisé dans les méthodes
directes, mais à l’aliment dont on veut déterminer la digestibilité est incorporé un traceur
et c’est ce traceur qui est dosé.

 Méthode in vitro

On fait fermenter les fourrages dans des tubes à essai en présence du jus du rumen ou des
diastases digestives : la digestion dure environ 24 heures et en fonction du pourcentage du
résidu on prévoie la digestion de l’aliment.

On peut également utiliser des animaux fistulisés

 Les méthodes mathématiques

Il existe dans la littérature des tables de digestibilité qui donnent la digestibilité d’un
grand nombre d’aliments. Il suffit de repérer sur ces tables un aliment de composition et
origine proches que l’aliment dont on veut estimer la digestibilité ; on applique alors le
coefficient de digestibilité de cette table à cet aliment.

c) FACTEURS DE VARIATION DE LA DIGESTIBILITÉ.

Le C U D varie suivant l’animal, et l’aliment.

 Facteurs liés à l’animal utilisateur de l’aliment


- L’espèce 

Les herbivores (ruminants) valorisent mieux les fourrages grossiers (en raison de leurs
microflores) que les monogastriques.

Pour les aliments pauvres en cellulose le C U D est comparable chez les différentes espèces
animales.

- L’âge 

Les jeunes ruminants non sevrés digèrent moins bien la cellulose puisqu’ils sont peu
fournis en microorganismes.

Les herbivores de moins d’un an digèrent moins bien la cellulose que les adultes.

- Le niveau de la production. 

Chez les femelles grandes laitières le transit intestinal plus rapide décroît l’efficacité
de l’action de sucs digestifs.

87
- L’état pathologique.

Les entérites qui accélèrent les transit intestinal, les parasites internes qui secrètent parfois
des antienzymes ou qui blessent la muqueuse intestinale font baisser le C U D.

 Facteurs liés à l’aliment

Ils sont les plus significatifs.

La teneur en cellulose de l’aliment et surtout en lignine

Elle à son tour dépend de :

- L’âge de la plante : la cellulose pure est digérée par les bactéries alors que la lignine
ne l’est pas. Avec l’âge la lignine remplace progressivement la cellulose dans la
cellule de la plante et fait diminuer ainsi sa digestibilité; ce qui entraine le choix de la
date de récolte des fourrage.
- L’Espèce fourragère : certaines plantes durcissent plus vite que d’autres.
- La teneur en cellulose pour les aliments concentrés.

Plus l’aliment est riche en cellulose plus faible est sa digestibilité.

- L’encombrement de la ration

La surcharge du tube digestif entraine un mauvais brassage des aliments, c’est-à-dire une
diminution de l’action des sucs digestifs et par conséquent une baisse du C U D.

Le lestage insuffisant du tube digestif et de l’intestin en particulier entraine un faible


brassage (mouvements péristaltiques réduits) et une faible rumination, donc un ralentissement
du transit intestinal ; ce qui provoque des troubles digestifs et par conséquent une baisse du C
U D.

- La structure de l’aliment

Plus aliment est finement broyé plus faible est sa digestibilité, car le transit intestinal est
accéléré par la finesse du hachage de l’aliment. De plus les aliments trop fins peuvent
conduire aux troubles digestifs.

- La composition de la ration

L’adjonction d’aliments concentrés pauvres en cellulose aux fourrage cellulosiques


entraine une baisse de la digestibilité de ces fourrages; les bactéries attaquant de préférence
les glucides plus digestes.

En réalité en se lignifiant avec l’âge les parois cellulaires soustraient les contenus
cellulaires de l’action des agents de la digestion et font ainsi baisser le C D.

Pour augmenter leur digestibilité on peut traiter les aliments grossiers avec des alcalis qui
solubilisent la lignine.

88
3.9 LE RATIONNEMENT D’UN TROUPEAU

Les besoins journaliers d’un animal dépendent de l’activité de l’animal ; Il existe deux types
de besoins : les besoins d’entretien et les besoins de production.

 Les besoins d’entretien qui sont ceux d’un animal qui ne produit ni œufs, viande, lait,
laine, travail, fœtus, graisse. L’animal mange alors pour garder son poids.
 Les besoins de production sont ceux d’un animal qui élabore une quelconque des
productions ci-dessus. Ces besoins incluent les besoins d’entretiens.

a) Cas d’un troupeau homogène

Un troupeau homogène est un groupe d’animaux ayant les mêmes besoins


nutritionnels comme une bande de poussins de chair d’un jour, un troupeau de vaches en
deuxième lactation, une bande de porcelets en pré-engraissement, etc.

La couverture des besoins nutritionnels des animaux d’un tel troupeau peut être réalisée par :

 La distribution d’une ration unique collective couvrant tous les besoins nutritionnels
journaliers de chaque animal. Cette ration est en général un aliment composé complet
(la provende).
 La distribution d’une ration de base collective qui couvre une partie de besoins de
chaque animal, et d’une ration complémentaire aussi collective qui couvre l’autre
partie des besoins des animaux.

b) Cas du troupeau hétérogène

Un troupeau hétérogène est un groupe d’animaux de même espèce mais ayant des
besoins nutritionnels différents, comme un troupeau de vaches laitières composé d’animaux
ayant des productions journalières différentes, une bande de porcs formée d’animaux de
vitesses de croissance différentes, des truies allaitantes de tailles de portée différentes, etc.

L’alimentation d’un tel troupeau est faite d’une ration de base collective couvrant les
besoins de base (entretien et une partie de la production) de chaque animal et une ration
complémentaire qui peut être :

 Un correcteur d’équilibre qui peut être un aliment simple ayant un rapport


caractéristique particulier.

Une ration supplémentaire complémentaire de production. Elle est distribuée individuellement


et proportionnellement à la production supplémentaire.

3.10 MODES D’ALIMENTATION DES ANIMAUX

89
1. Alimentation libre
2. Alimentation à volonté
3. Alimentation rationnée

3.11 ÉTABLISSEMENT DES RATIONS

Pour élaborer des rations capables de couvrir les besoins nutritionnels journaliers d’un
animal il faut connaitre les recommandations alimentaires, les valeurs nutritives des aliments
simples disponibles et les quantités d’aliments consommés par l’animal considéré.

3.11.1 LES RECOMMANDATIONS ALIMENTAIRES

Les normes des besoins nutritionnels journaliers des animaux à différents stades
physiologiques issues des travaux des chercheurs sont présentées sous forme de tableaux, et la
littérature spécialisée abonde. Il suffit donc de se référer à une de ces tables pour y repérer les
recommandations alimentaires de l’animal considéré.

3.11.2 LA CONSOMMATION D’ALIMENTS

Les quantités d’aliments qu’un animal peut ingérer par jour varient selon l’aliment lui-même
et l’animal utilisateur de cet aliment.

A. Facteurs liés à l’animal

 L’espèce
Par kg de poids métabolique les caprins ont une capacité d’ingestion supérieure à celle des
bovins, alors que celle des bovins est supérieure à celles des ovins.

 Le poids et l’âge 

La capacité d’ingestion varie avec l’âge et avec le poids vif de l’animal.

 Le stade physiologique

Les femelles en lactation consomment plus que les femelles taries, et les femelles gestantes
voient leur appétit baisser vers le terme de la gestation.

 La santé de l’animal

En première approximation les maladies diarrhéiques en accélérant le transit intestinal


favorisent la consommation alimentaire, alors que les maladies constipantes font baisser les
quantités d’aliments ingérées.

 L’individu

Certains animaux ont plus d’appétit que d’autres dans une même race.

90
B. Facteurs liés à l’aliment
 La quantité d’aliment brut ingérée varie avec la teneur de cet aliment en eau. Plus
l’aliment est sec moins il est consommé.
 La teneur en vitamines et oligoéléments (les animaux recherchent les aliments qui les
nourrissent le mieux).
 Appétibilité de l’aliment

Cette appétibilité dépend  des conditionnements présentés, de la dureté et rugosité de


l’aliment, de la saveur et odeur, du stade de récolte et du mode de conservation de l’aliment.

 La concentration de l’aliment en énergie et matières azotées digestibles


C. D’autres facteurs peuvent modifier les quantités d’aliments ingérés par un animal :

- La finesse du broyage : plus l’aliment est finement broyé, moins bien il est consommé.
- Les altérations comme le rancissement et les moisissures font baisser les quantités
d’aliments ingérés).
- Les animaux délaissent les aliments souillés par les déjections et urines.
- L’adjonction aux rations des substances qui modifient le goût ou odeur des aliments
(sel, mélasse, sucre…) fait augmenter les quantités ingérées.
- La présentation : les porcs ingèrent plus un aliment présenté en soupe que le même
aliment présenté en farine ou en granulés ; les granulés sont mieux appréciés que les
farines.
- Le rythme de distribution : en multipliant le nombre de repas servi par jour on
améliore la consommation volontaire d’une ration par un animal.
- Les changements des régimes : tout changement brutal des régimes fait baisser les
quantités d’aliments ingérés.
- La température : la quantité d’aliments ingérés est inversement proportionnelle à la
température.
- L’eau de boisson : les quantités de matière sèche ingérée est fonction de la quantité
d’eau de boisson disponible.

3.11.3 LA CAPACITÉ D’INGESTION ALIMENTAIRE (CI)

La capacité d’ingestion alimentaire d’un animal est son aptitude à consommer plus ou moins
un aliment ou une ration, lorsque l’aliment ou la ration est distribué à volonté. Elle est
exprimée :

 en kg de MS par 100 kg de Poids Vif (PV) par jour


 en kg de MS par kg de Poids Métabolique (kg de MS/kg de P 0,75)
 en kg de MS par 24 heures ; c’est ce qu’on appelle la Matière Sèche Volontairement
Ingérée par jour (MSVI/jour) quand l’aliment est distribué à volonté.

91
La capacité d’ingestion est de :

- 4 kg de MS par 100 kg de poids vif par jour chez les ovins,


- 5 kg de MS par 100 kg de poids vif par jour chez les caprins
- 1,6 – 3 kg de MS par 100 kg de poids vif par jour chez les bovins

3.11.4 LA RÉGULATION DE LA CONSOMMATION DES ALIMENTS

La sensation de faim ou de satiété chez les animaux est régulée par l’hypothalamus grâce aux
connexions nerveuses qui existent entre cette partie du cerveau et l’estomac des animaux.

Chez les monogastriques l’estomac se remplit et se vide plusieurs fois au cours d’un même
repas, et la sensation de la faim ou de satiété tient plus à la concentration du sang en
nutriments que de l’aptitude de l’estomac à se dilater.

Chez les ruminants l’orifice réseau-feuillet ne laisse passer que des aliments finement divisés.
Le mécanisme de remplissage-vidange de l’estomac dépend alors surtout du temps de séjour
des aliments dans le rumen. Autrement dit, le ruminant ne règle pas sa consommation
alimentaire sur l’énergie seulement, mais aussi sur le volume que peut contenir son rumen et
la rapidité de son transit intestinal.

3.11.5 L’ENCOMBREMENT OU LE VOLUME DE LA RATION

Les chercheurs ont été ainsi amenés à comparer l’aptitude des aliments à séjourner plus ou
moins longtemps dans le rumen des polygastriques. Pour caractériser les aliments et les
besoins d’un animal deux notions ont été définies :

L’encombrement d’un aliment ou sa vitesse de digestion 

Un aliment est dit encombrant si son temps de séjour dans le rumen est long (cas des
fourrages secs) ; il est peu encombrant si son temps de séjour dans le rumen est court (cas
des jeunes herbes).

L’Unité d’Encombrement (UE).

La valeur d’encombrement d’un fourrage est le nombre d’unités d’encombrement contenu


dans un kg de MS de ce fourrage.

La valeur d’encombrement des besoins d’un animal est le nombre d’unités d’encombrement
que cet animal peut ingérer par kg de P 0,75 par jour.

L’aliment de référence ici est une jeune herbe à 17 % de matière sèche et une digestibilité de
80 %. Un kg de MS de cette herbe a une valeur d’encombrement de 1 UE, en d’autres termes
cette herbe vaut 1 UE/kg de MS.

Une vache de 600 kg de poids vif et produisant 17 kg de lait par jour consomme 122,6 g de
MS/ kg de P 0,75 /jour de cette herbe.

92
Un mouton mâle castré de 4 ans et pesant 75 kg de poids vif en consomme 75 g de MS/ kg de
P 0,75 /jour.

La valeur d’encombrement d’un fourrage est alors donnée par la relation suivante :

Valeur d ' encombrement = 122,6


Pour les bovins : d un fourrage en UEB
' Quantité de fourrage ingéré par≤bovin
standard en g de MS /kg de P0,75
'
Val eur d encombrement = 75
Pour les ovins : '
d un fourrage en UEM Quantité de fourrageingéré par≤mouton
0,75
standard en g de MS /kg de P

L’UE sert à mesurer :

a. Le pouvoir encombrant d’un aliment, sa valeur d’encombrement : Un aliment est


dit encombrant si son temps de séjour dans le rumen est long (cas des fourrages secs) ;
il est peu encombrant si son temps de séjour est court (cas des jeunes herbes).
b. La capacité d’ingestion, c’est-à-dire la contenance du rumen d’un animal : en
divisant la capacité d’ingestion d’un animal en UE par la valeur UE/kg de MS du
fourrage consommé on obtient la consommation alimentaire de l’animal en kg de MS.

3.10.6 LA DENSITÉ ÉNERGÉTIQUE ou le rapport UF/UE

La ration journalière d’un animal doit apporter une quantité minimale d’énergie pour couvrir
ses besoins. La quantité de matière sèche qu’il peut ingérer par jour étant limitée il faut que la
ration contienne suffisamment d’énergie par UE pour satisfaire ses besoins. Pour éviter
l’insuffisance ou l’excès de volume d’une ration ou d’un fourrage en énergie on fait appel à la
notion de la concentration énergétique de la ration ou d’un fourrage, qui est le rapport de
l’énergie en UF sur l’encombrement en UE. Ce rapport (UF/UE) caractérise à la fois l’animal
et l’aliment.

a. La DENSITÉ ÉNERGÉTIQUE minimale de la RATION (DERm)

Elle caractérise les besoins de l’animal. C’est le rapport des besoins énergétiques en UF sur la
capacité d’ingestion en UE de l’animal.

Par exemple une brebis de 40 kg de PV avec une vitesse de croissance de 50 g par jour a une
capacité d’ingestion de 1,6 UEL et doit recevoir 0,69 UFL par jour. La densité énergétique
minimale de la ration qu’elle doit recevoir est : 0,69 UFL / 1,6 UE = 0,43 UFL/UE.

Si la même brebis doit faire un croit de 150 g par jour, il lui faut 1,06 UFL/jour et sa capacité
d’ingestion ne varie pas; sa ration doit avoir une densité énergétique minimale de 0,66
UFL/UE. Il apparait ainsi plus la production attendue d’un animal est élevée plus sa ration
doit avoir une densité énergétique élevée.

b. La DENSITÉ ÉNERGÉTIQUE du fourrage (DEf)

93
Elle caractérise l’aliment ; C’est le rapport de l’énergie en UF/kg de MS sur l’encombrement
de l’aliment :

Par exemple un foin dosant 0,6 UF/kg de MS et un encombrement de 1 UE a une densité


énergétique du fourrage de 0,6/1 UE = 0,6 UF/UE.

En comparant la densité énergétique d’un fourrage (DEf) et la densité énergétique minimale


de la ration (DERm) on peut dire si ce fourrage peut, à lui seul, couvrir les besoins
énergétiques d’un animal, ou s’il nécessite un complément :

Si DEf < DERm le fourrage a une densité énergétique faible ; il ne peut pas fournir les UF
nécessaires. Il lui faut alors un complément plus riche en énergie.

Si DEf = DERm le fourrage consommé à volonté par l’animal lui fournira toute l’énergie il a
besoin.

Si DEf > DERm le fourrage en libre-service fournira plus d’énergie à l’organisme animal. On
peut alors soit limiter la consommation de cet aliment par l’animal, soit rajuster les autres
besoins de l’animal pour améliorer la production attendue.

3.10.8 LE CALCUL DES RATIONS

a. Cas des animaux au pâturage

Quand les ruminants sont à l’herbage il est impossible pour l’éleveur de connaître les
quantités de fourrages consommés par les animaux et par conséquent de vérifier si les besoins
sont couverts. Toute son intervention dans le rationnement de ses animaux se limitera à
choisir, si c’est possible, les meilleurs pâturages pour son troupeau et à le retirer des parcelles
dès que l’herbe devient rare ou de mauvaise qualité. Dans la pratique il fixe l’objectif de
production et choisit le stade de pâturage optimal et la complémentation à l’herbe.

 L’objectif de production

Il s’agit de la performance attendue de l’animal ; elle dépend évidemment de l’animal et de la


quantité et qualité de l’aliment ingéré. L’éleveur fixe par exemple une production laitière en
kg par vache et par jour, un gain moyen quotidien de poids par animal, en fonction des
aliments disponibles. Des tables nutritionnelles donnent les consommations alimentaires et les
productions permises pour les principales espèces animales élevées.

 Le stade de pâturage optimal

La teneur des plantes en matière sèche augmente avec l’âge des plantes, mais la valeur
alimentaire de cette matière sèche non seulement varie d’une plante à une autre, mais aussi
elle décroit à mesure que les plantes vieillissent.

Le stade optimal pour le pâturage est en général :

94
La montaison pour le 1er cycle des graminées, 4 à 6 semaines d’âge pour les repousses.

Le début de bourgeonnement ou la floraison pour la plupart des légumineuses fourragères.

 La complémentation à l’herbe.

Quand les objectifs de production sont élevés les herbes pâturées sont très souvent
insuffisantes, à elles seules, de couvrir les besoins des animaux. Il revient alors à l’éleveur de
choisir l’aliment complémentaire et le rythme de distribution pour atteindre l’objectif de
production fixé.

Dans la pratique l’éleveur contrôle :

L’évolution de la production totale du troupeau et décide de l’apport ou non de la ration


complémentaire.

L’évolution de la production individuelle de chaque animal du troupeau pour déterminer la


quantité de la ration complémentaire journalière à distribuer pour le supplément de
production.

Il est toujours bon de limiter les quantités de concentrés distribués si les animaux disposent de
fourrages de très bonne qualité.

b. Cas des animaux en stabulation

En stabulation les animaux sont entièrement dépendants de l’éleveur pour leur alimentation. Il
doit leur fournir des rations capables de couvrir tous leurs besoins alimentaires ;
l’établissement de telles rations devient possible, les quantités d’aliments ingérées étant
connues. Pour ce faire il détermine :
 Les besoins journaliers des animaux,
 Les quantités de fourrages ingérées en MS et en UE par animal,
 La valeur nutritive des aliments disponibles, la valeur d’encombrement des aliments,
 Les quantités de fourrages ingérées et les productions permises
 Le correcteur et la quantité à apporter.

c. La pratique de calcul des rations (cas des ovins)

Il est question de répondre à l’une des 2 questions suivantes :

A. Pendant la période qui vient mon lot de moutons doit prendre telle croissance. Pour
réaliser cet objectif quelle ration dois-je lui distribuer ?
B. Mon lot de moutons consomme tel fourrage à volonté. Quelle croissance cette
consommation lui assure-t-elle, et comment doit-je complémenter ?

Démarche pratique A
1. Désigner la catégorie de moutons, son poids, l’objectif de croissance, la ou les tables
de besoins à utiliser.

95
2. Lire et transcrire les besoins des animaux en question, et les valeurs alimentaires du ou
des fourrages choisis.
3. Fixer par tâtonnement ou par expérience les quantités du ou des fourrages à distribuer
en quantité rationnée.
4. Vérifier que ces quantités ne dépassent pas la capacité d’ingestion de l’animal, en
calculant le total des apports UEM du ou des fourrages. Ce total doit être égal ou
inférieur à la capacité d’ingestion de l’animal.
5. Calculer les apports en UF, PDI, Ca et P, UE.
6. Calculer les déficits éventuels.
7. Calculer la composition et la dose de concentré par la croix des mélanges ou par des
équations mathématiques. .
8. Vérifier que les apports totaux correspondent bien aux besoins
9. Vérifier que le rapport PDI/UF reste dans les limites recommandées.
10. Calculer les déficits éventuels en Ca et P, puis les caractéristiques et la dose du CMV à
apporter

Démarche pratique B
1. Désigner la catégorie de moutons, son poids, l’objectif de croissance, la ou les tables
de besoins à utiliser.
2. Lire et transcrire les besoins des animaux en question, et les valeurs alimentaires du
ou des fourrages choisis.
3. Comparer la DEf du fourrage à la DERm nécessaire de l’animal.
 Si DEf est supérieure ou égale à DERm, le fourrage n’a pas besoin de
complément énergétique.
 Si DEf est inférieure à DERm, le fourrage doit être complémenté.
4. Calculer la quantité de MS du fourrage consommée.
 Si le fourrage n’a pas besoin de complément, calculer par le système des UEM
réelles.
 Si le fourrage doit être complémenté, calculer par le système des UEM
apparentes
5. Calculer les apports en UF, PDI, UE, Ca et P.
6. Calculer les déficits éventuels.
7. Si nécessaire, calculer la composition et la dose de concentré par la croix des
mélanges.
8. Vérifier que les apports totaux correspondent bien aux besoins.
9. Vérifier que le rapport PDI/UF reste dans les limites recommandées.
Calculer les déficits éventuels en Ca et P, puis les caractéristiques et la dose du CMV à
apporter

Exemple

1. Quel troupeau ?
 Un lot d’agneaux de 30 kg de PV
 Objectif de production (croissance) : 250 g/j. pendant un mois.
Lire sur le tableau ci-dessous les besoins des ovins en énergie (UFV), MAD (ou PDI),
Ca et P, et les CI (UEM)

96
 Extraits des Apports alimentaires recommandés pour les agneaux en croissance
et à l’engraissement

Capacité
Poids vif Gain de poids U.F.V. / PDI MAD Ca P
d’ingestion
(kg) vif (g/j) j (g/j) (g/j) (g/j) (g/j)
(UEM)
150 0 ,87 75 78 5,8 2,4
200 0,91 88 92 7,1 2,8
30 1,3
250 0,96 101 107 8,5 3,2
300 0,98 114 121 9,7 3,6
150 0,99 76 80 6,5 2,8
35 200 1,05 89 94 8,0 3,2
1,45
250 1,11 101 108 9,5 3,6
300 1,14 114 122 10,9 4,0
150 1,18 90 97 9,0 3,5
200 1,27 102 111 10,5 3,9
40 1,6
250 1,32 115 125 12,0 4,4
300 1,37 127 138 13,6 4,8

2. Quels fourrages ?
Foin de graminées (ration de base).
Tourteau de coton décortiqué expeller
Maïs grain sec, cendres d’os et coquillages.

Tableaux des aliments

Valeur azotée V.E.F


MS U.F.V Ca P
Aliments (g/kg) (UEM/kg de
(g/kg) /kg (g/kg) (g/kg)
MAD PDI MS)
1000 0,65 59 66
Foin de prairie 6 3 1,34
850 0,55 50 56
1000 0,93 395 270
Tourteaux de coton 3,4 7,7 -
915 0,85 362 247
1000 1,28 75 80
Maïs grain sec 0,3 3,5 -
865 1,11 65 69
Cendre d’os - - - - 330 140 -
Coquillages - - - - 350 0,1 -

3. Quelle consommation ?
 Estimer par mesure ou par tâtonnement la quantité consommée de fourrage (par
exemple 850g de MS/jour) ; multiplier cette valeur par la valeur UEM de ce fourrage ;
on obtient l’encombrement de ce fourrage en UEM. (0,96 kg x 1,34 UE/kg de MS ≃
1,27)
 Diviser la capacité d’ingestion de l’animal en UEM par la VEF du foin On obtient la
quantité de MS que l’animal peut ingérer par jour (1,3/1,34 = 0,970 kg de MS).

4. Quels apports par ce fourrage et quels déficits éventuels ?

97
UFV/j PDI(g) MAD(g) Ca(g) P(g) UE
Foin 0,850 kg (A) 0,55 56 50 5,1 2,55 1,14
Besoins (B) 0,96 101 107 8,5 3,2 1,34
Déficits
(A) – (B) -0,41 -45 -57 -3,4 -0,65 -0,2
éventuels

La ration journalière (foin seulement) est déficitaire en énergie (UFV), azote (MAD ou PDI),
Ca et P. Comment corriger ces déséquilibres ?

5. Quels correcteurs ?

Le rapport MAD/UFV du déficit est 139,02 ; il est compris entre ceux du maïs (58,59) et de
tourteaux de coton (424,73). Donc un mélange de ces 2 aliments permettra de corriger les
déficits en énergie et matière azotée.

Les proportions de maïs et de tourteaux de coton dans ce mélange peuvent être calculées par
« la croix des mélanges » ou un système de 2 équations à 2 inconnues.

3.10.9 Les préférences alimentaires des animaux.

Les animaux marquent leur préférence pour certains aliments par rapport à d’autres ; c’est
ainsi que :

- Les graminées fourragères sont préférées aux légumineuses


- Les plantes fourragères grasses sont préférées aux plantes dures
- Les plantes à odeur forte sont délaissées par rapport aux des plantes à odeur
discrète
- Les plantes vertes sont mieux appréciées que les fourrages secs, etc.

3.2.11 LA PRODUCTION D’ALIMENTS COMPOSÉS À LA FERME

a) Définition d’aliments composés


 Un aliment composé est un mélange d’aliments simples.
 Un aliment composé complet est un mélange d’aliments simples permettant de
couvrir tous les besoins nutritionnels journaliers de l’animal auquel il est destiné.
 Aliments composés complémentaires sont des mélanges d’aliments simples
destinés à corriger les déséquilibres nutritionnels des rations de base.
b) But : améliorer la marge bénéficiaire de l’éleveur
c) Principe : abaisser le coût d’alimentation par :

98
La suppression ou réduction de certaines charges :
 Coût des emballages
 Frais de commercialisation

L’exploitation de certaines circonstances favorables :


 Creux de la main d’œuvre : personnels sous-employés
 Production de certains ingrédients à la ferme
 Achats groupés réalisés par un groupe d’éleveurs
 Prix de matières premières intéressants.

Équipements :
 Bâtiments
 Broyeurs
 Mélangeurs
 Balances
 Couseuses
 Chariots

Matières premières :
 Les aliments énergétiques
 Les aliments protidiques
 Les aliments minéraux
 Les vitamines
 Les adjuvants alimentaires

Matériels divers
 Les emballages
 Les étiquettes
 Seaux

FORMULATION DES ALIMENTS COMPOSÉS COMPLETS.

But : produire des aliments composés complets pour le bétail.

Principe : élaborer des formules d’aliments capables de couvrir les besoins nutritionnels
journaliers d’un animal.

Connaissances utiles :

 Valeurs nutritives des aliments simples disponibles


 Besoins nutritionnels journaliers des animaux
 Techniques de formulation

Pratique de la formulation

 Croix des mélanges


 Méthode mathématique
 Tableau de contingentement

99
Mélange des ingrédients

But : réaliser un mélange homogène stable

Principe : mélanger les ingrédients progressivement et correctement.

Pratique :
 Mélange des ingrédients entrant à moins de 1% dans la formule avec une quantité
suffisante de farine de céréale.
 Mélange éventuelle des céréales
 Introduction de 10 à 20 % des céréales
 Introduction des aliments collants (tourteaux gras, mélasse, huile, etc.)
 Introduction des autres tourteaux, farines animales, minéraux
 Introduction du reste des céréales

4 : SÉLECTION ET AMÉLIORATION GÉNÉTIQUE DES ANIMAUX

4.1 NOTIONS SUR L’HÉRÉDITÉ

4.1.1 Le matériel génétique Le mécanisme de la transmission des gènes

a) L’ADN

L’ADN ou l’Acide Désoxyribonucléique est une molécule organique qu’on trouve dans
toutes les cellules et surtout dans les noyaux et un peu dans les mitochondries des cellules
eucaryotes. Cette molécule est formée d’acide phosphorique (H3P2O5), d’un sucre à 5 atomes
de carbone (le désoxyribose) et d’une base azotée qui peut être l’adénine, la guanine, la
cytosine ou la thymine.

L’association d’un acide phosphorique, d’un sucre désoxyribose et d’une base azotée
forme l’élément de base de l’ADN appelé nucléotide. Par exemple, un nucléotide dont la base
azotée est la thymine est représenté comme suit :

P D T

L’ADN est donc un polynucléotide.

Les nucléotides d’une molécule d’ADN sont reliés entre eux par des liaisons chimiques
solides établies entre l’acide phosphorique d’un nucléotide et le désoxyribose du nucléotide
suivant. L’ordre de succession des 4 nucléotides différents le long de la chaine
polynucléotidique définit la structure primaire de l’ADN.

Une chaine d’ADN peut se présenter comme suit :


P

100
D G
P
D T
P
D A
P
D C
La molécule d’ADN est formée de 2 chaines polynucléotidiques spiralées ; c’est la
structure secondaire de l’ADN. Les nucléotides de chaque chaine sont disposés de façon à ce
que ses bases azotées soient face à face avec les bases azotées de l’autre chaine. Entre chaque
paire de bases qui se font face s’établit une liaison chimique dite liaison hydrogène (faible).
La formation des paires de bases est ordonnée, ainsi la guanine est toujours associée à la
cytosine et la thymine à l’adénine. On dit alors que l’adénine est complémentaire à la
thymine, et la cytosine à la guanine. Dans tous les ADN il y a autant d’adénine et guanine que
de cytosine et thymine. Exemple d’une portion d’ADN :

P P
D G C D
P P
D T A D
P P
D A T D
P P
D G C D

Les chaines polynucléotidiques de l’ADN sont spiralées et spatialement la molécule


d’ADN a une structure en double hélice. Une molécule d’ADN compte environ 1 milliard de
paires de bases, donc elle est très longue ; comme l’espace dans le noyau est limité cette
molécule est pelotonnée.

b) Les gènes

Un gène est un facteur héréditaire responsable d’un caractère ; plus précisément c’est une
séquence de nucléotides (donc une portion d’ADN) responsable de la synthèse d’une protéine.
Un gène compte environ 1000 nucléotides. En général, un gène particulier occupe toujours,
dans une espèce donnée, la même place sur la molécule d’ADN ; cet emplacement est appelé
locus.

c) La chromatine

La double hélice d’une molécule d’ADN est associée à des protéines basiques ou histones. On
donne à cette structure particulière le nom de chromatine.

La chromatine déroulée se présente comme un collier de perles ; chaque perle est constituée
de 4 histones et le fil ou support des perles est la double hélice qui entre chaque perle.

À l’interphase la chromatine est très fortement condensée et se présente comme suit :

101
Structure de la chromatine

d) Le chromosome

C’est la forme visible du matériel génétique lors de la division cellulaire ; c’est le support
des gènes. C’est un double filament de chromatine qui par suite d’une condensation très
poussée est devenu visible parce qu’il est devenu court et épais.

Dans toutes les cellules somatiques d’un individu chaque chromosome existe en 2
exemplaires ; les 2 chromosomes d’une même paire sont dits homologues. Les cellules sont
alors à 2n chromosomes, on dit alors que les cellules sont diploïdes. Le nombre de
chromosomes est en général constant pour une même espèce. Par exemple : 2n = 60 chez les
bovins, 54 chez les ovins, 38 chez le porc, 78 chez la poule, 44 chez le lapin.

Les cellules sexuels ou gamètes ne possèdent que n chromosomes. Elles sont haploïdes.

Tous les individus d’une même espèce possèdent la même quantité d’ADN dans leurs
cellules somatiques : l’ADN est donc le premier critère de définition d’une espèce. La
variation intra-spécifique résulte du très grand nombre de possibilités de succession des 4
nucléotides différents le long de la molécule d’ADN ; c’est pourquoi on dit que chaque
individu est unique en son genre, car pour une longueur de la chaine donnée comportant n
nucléotides, il y a 4n ordres différents, autrement dit 4n animaux différents.

e) Le caryotype

Le caryotype d’un individu est le résultat de l’observation microscopique et de


l’indentification de chacun des chromosomes d’une de ses cellules. Son analyse permet de
déceler d’éventuelles anomalies ou accidents chromosomiques. On distingue les anomalies de
nombre et les anomalies de structures.

 Les anomalies de nombre ou aneuploïdies 

Ce sont des gains ou des pertes de chromosomes pendant les 2 divisions cellulaires.
Quand ces aberrations interviennent dans les cellules germinales, les animaux victimes sont
en général stériles. Quand elles affectent les cellules somatives, on note des malformations
comme la brachygnatie inférieure, la cryptorchidie, l’hydrocéphalie interne, etc.

On parle de chimérisme quand la formule chromosomique d’un même individu varie


d’une cellule à l’autre. Dans la plupart des cas (90%) les veaux jumeaux de sexes
différents sont des chimères et on a :
2n = 58 + XX ou 2n = 58 + XY selon les cellules. On l’appelle chimérisme XX/XY. Il
est souvent associé au free martinisme chez la vache : le jumeau femelle a un appareil
génital anormal avec des organes appartenant aux 2 sexes. Ce fait résulterait de la fusion
des 2 placentas et des anastomoses vasculaires au niveau des cotylédons.

102
 Les anomalies de structure 

Lors des divisions cellulaires un morceau de bras d’un chromosome peut se détacher et se
coller à un bras d’un autre chromosome. On parle de translocation ou fusion centrique quand
c’est tout un bras qui est concerné ; cette affection ne cause pas souvent de problème.

4.1.2 L’expression du matériel génétique

L’ADN et la protéine ont des points communs : la molécule d’ADN est formée d’un
enchainement linéaire de nucléotides, et la molécule de protéine, d’un enchainement linéaire
d’acides aminés. Chaque molécule d’ADN est formée par l’enchainement précis, en nombre
et en place, de nucléotides déterminés parmi les 4 possibles, tout comme la molécule de
protéine est formée par l’enchainement précis, en nombre et en place, d’acides aminés
déterminés parmi les 20 possibles. Les différentes molécules d’ADN ou de protéines se
distinguent les unes des autres par leur séquence, c’est-à-dire par l’ordre défini dans lequel
s’enchainent les nucléotides dans la molécule d’ADN ou les acides aminés dans la molécule
de protéine.

L’ADN est responsable de la synthèse des protéines par l’intermédiaire d’un messager
chimiquement voisin de l’Adn qu’on appelle Acide Ribonucléique (ARN). L’Arn traduit le
gène en une protéine dans le cytoplasme de la cellule. L’ARN se distingue de l’ADN en 3
points qui sont :

Le sucre à 5 atomes de carbone est un ribose

La thymine est remplacée l’uracile

La molécule est en général formée d’une seule chaine de nucléotides.

Il existe plusieurs types d’ARN dans la cellule, mais un seul joue le rôle de messager,
l’Arn messager (ARNm). La molécule de l’ARNm est formée d’un seul brin et la séquence de
nucléotides dans l’ARNm est complémentaire de la séquence de nucléotides de l’un des 2
brins du segment d’ADN correspondant à un gène. Le transfert de l’information de l’ADN à
l’ARNm est donc une simple opération de transcription : la double hélice de l’ADN s’ouvre et
l’ARNm recopie le brin informatif de l’ADN suivant un code précis, porté par l’ARNm et
responsable de la synthèse d’une protéine.

Un code est formé d’un triplet de nucléotides ou codon : plusieurs codons désignent un
même acide aminé. La succession des acides aminés dans une protéine est déterminée par la
succession des codons adjacents sur un brin d’ADN. Des codons non-sens indiquent que la
synthèse de la protéine est terminée.

Pendant l’interphase l’ARNm formé dans le noyau cellulaire passe dans le cytoplasme, et
le message qu’il porte doit être traduit en une protéine. Cette traduction est assurée par
l’ARNm de transfert, (ARNt). Ce dernier véhicule les acides aminés jusqu’aux ribosomes où
ils sont assemblés en protéines, en présence de nombreuses enzymes.

103
4.1.3 La transmission du matériel génétique

La plupart des cellules vivantes se divisent, on dit subissent une mitose. Au cours de la
mitose l’information génétique se transmet intégralement de la cellule mère aux cellules filles.
La multiplication des cellules sexuelles ou méiose comporte 2 divisions successives, une
division réductionnelle et une division équationnelle qui, à partir d’une cellule diploïde (2n
chromosomes) donne naissance à 4 cellules haploïdes (n chromosomes) ou gamètes.

Pendant l’interphase la quantité d’ADN dans le noyau de la cellule double (phase S); ensuite
les chromosomes, longs et grêles, s’individualisent et deviennent visibles par suite de la
condensation poussée des chromatines du noyau (stade leptotène) ; puis les chromosomes
homologues de chaque paire s’apparient et s’accolent sur toute leur longueur ; chaque paire de
chromosomes ainsi apparié est appelé bivalent. C’est le stade zygotène. Pendant le stade
pachytène les chromosomes sont plus nettement individualisés ; chaque bivalent apparait
formé de 4 chromatides ou tétrade de chromatides ; des cassures peuvent se produire au même
niveau dans les chromatides homologues suivies d’échange de matériel génétique homologue.
Un ensemble de gènes peut ainsi être transplanté d’un chromosome à l’autre. Cet échange de
matériel génétique est appelé crossing-over et est responsable des recombinaisons génétiques.
Enfin, au stade diplotène, les chromosomes homologues de chaque bivalent se séparent à
partir de leurs centromères, en laissant toutefois des points de contact qu’on appelle chiasmas.

Pendant l’anaphase il n’y a pas de séparation du chromosome au niveau du centromère,


comme lors d’une mitose normale. C’est un chromosome entier, formé de 2 chromatides, qui
migre à chaque pôle. Les chromosomes se répartissent donc en groupes égaux aux 2 pôles
nucléaires opposés; puis la cellule se coupe en 2 et donne 2 cellules filles contenant chacune
la moitié seulement du nombre de chromosomes de l’espèce. On parle alors de la réduction
chromatique, qui ne se produit qu’à une seule phase de la multiplication des cellules
sexuelles.

Après cette première division de la méiose suit la deuxième division ou mitose équationnelle
qui n’est pas précédée d’une duplication de l’ADN. Elle est comparable à une mitose
normale, et aboutit à 4 cellules filles haploïdes à partir de la cellule germinale initiale.

Ce qui précède permet d’expliquer un grand nombre de phénomènes héréditaires, dont


beaucoup d’entre eux obéissent à des règles relativement simples qu’on appelle lois de
MENDEL.

Chaque individu est issu d’un œuf qui résulte de la fécondation d’un ovocyte (gamète
femelle) par un spermatozoïde (gamète mâle). La fusion de ces 2 gamètes au cours de la
fécondation rétablit la diploïdie des cellules, et il en ressort que chaque individu est porteur
pour moitié des gènes venant de son père et pour moitié des gènes venant de sa mère.

Le mécanisme de la transmission des gènes (caractères) est étudié à partir de croisements


d’animaux de races pures différentes, c’est-à-dire des homozygotes pour le(s) locus
considéré(s).

 Transmission d’un couple d’allèles (monohybridisme)

104
Soient deux races pures de lapin dont une race à poils noirs et courts et une race à poils blancs
et longs. Désignons par B le caractère poil blanc et par N le caractère poil noir.

Le croisement d’un mâle à poils noirs et une femelle à poils blancs ou d’un mâle à
poils blancs et d’une femelle à poils noirs donne, en première génération, des lapereaux tous
à poils noirs. Ces résultats confirment la première loi de Mendel ou loi de l’homogénéité des
individus de 1ère génération qui stipule que : tous les individus de la première génération (F1)
sont semblables entre eux et rappellent soit un de leurs parents, soit réalisent une race
intermédiaire.

Si on laisse les individus de la première génération se croiser entre eux, on obtient en


2 génération 75% de lapereaux noirs et 25% de lapereaux blancs. La réapparition du blanc
ème

en F2 prouve que les gènes B et N étaient bien présents en F1, N ayant seulement dominé sur
B. Au moment de la formation des gamètes en F1, les gènes B et N se sont dissociés et sont
passés individuellement soit dans les ovules, soit dans les spermatozoïdes ; autrement dit
chaque animal de F1 a émis au cours de la reproduction des gamètes possédant chacun soit un
B, soit un N. Ces gamètes se sont recombinés pour donner des œufs fécondés porteurs de
caractère NN, NB ou BB. C’est la 2ème loi de Mendel (ou loi de ségrégation (disjonction)
indépendante des gènes) qui stipule que : les gènes sont transmis indépendamment les uns des
autres. L’échiquier de croisement ci-dessous montre les combinaisons possibles entre les
gamètes mâles et femelles B et N :

Gamètes ♀ ♂ B N
B BB NB
N BN NN
Ce schéma montre que dans la descendance des F1, (autrement dit en F2) 1/4 des lapins sont
porteurs de BB et nécessairement blancs, 2/4 sont porteurs de BN ou NB et sont noirs puisque
le noir est dominant, 1/4 sont porteurs de NN et sont nécessairement noirs. Soit 75 % de
lapins noirs et 25 % de lapins blancs, ce qui est conforme aux observations ci-dessus.

Pour que les gènes soient transmis indépendamment les uns des autres, il faut que
chaque gamète porte effectivement un seul gène. C’est la 3ème loi de Mendel ou la loi de la
pureté des gamètes : chaque gamète porte un seul gène.

L’échiquier de croisement ci-dessus montre que les animaux de F2 se répartissent en


trois groupes :

Certains ne portent que le gène B (BB) ; si on laisse ces animaux se reproduire entre eux leurs
descendances seront uniformément blanches.

D’autres ne portent que le gène noir N (NN) ; s’ils se multiplient entre eux leurs produits
seront toujours tous noirs.

Les animaux de ces 2 premiers groupes sont dits homozygotes ou de race pure pour le
caractère couleur du poil.

105
Le troisième groupe est formé d’animaux porteurs à la fois des gènes B et N (BN ou NB) ; en
croisant ces animaux entre eux leurs produits (F3) seront des animaux blancs et des animaux
noirs, comme en F2. On dit des animaux de ce groupe qu’ils sont des hétérozygotes ou des
métis.

 Transmission de 2 couples d’allèles (dihybridisme)

Considérons maintenant le caractère poil court et le caractère poil long, en désignant par C le
gène qui détermine le poil court et par L le gène qui commande le poil long. Le croisement
d’un lapin à poil court avec une lapine à poil long (ou inversement) donne en F1 des individus
tous à poil court. Le gène poil court C domine sur le gène poil long L. En F2 on obtient 3/4
d’animaux à poil court et 1/4 à poil long. Tout se passe comme pour le cas de la couleur du
poil ci-dessus.

L’exemple des 2 couples de caractères ci-dessus étudiés montre que les gènes allèles
(allélomorphes) se transmettent de façon indépendante les uns des autres.

Considérons ensemble les caractères « poil noir et court  (NN,CC)» et « poil blanc et
long (BB,LL)». Le croisement des individus à poil noir et court avec des individus à poil
blanc et long donne en F1 des animaux tous à poil noir et court quel que soit le sens du
croisement. En F2 des phénotypes nouveaux apparaissent : des individus à poil noir et long, et
des individus à poil blanc et court, ce que confirme le tableau de croisement suivant :

Gamètes ♀ ♂ NC NL BC BL
NC NNCC NNLC BNCC BNLC
NL NNCL NNLL BNCL BNLL
BC NBCC NBLC BBCC BBLC
BL NBCL NBLL BBCL BBLL

Ces nouveaux phénotypes sont en fait de nouvelles races fixées (stables) puisqu’ils
sont homozygotes (NNLL et BBCC).

De tout ce qui précède nous pouvons retenir que la production des gamètes et la
fécondation sont des évènements essentiels pour les êtres vivants à reproduction sexuée. C’est
alors que le matériel génétique passe d’une génération à la suivante, par l’intermédiaire des
chromosomes qui sont porteurs des gènes. La reproduction sexuée permet de pérenniser
l’espèce.

Les études plus poussées ont montré qu’il n’y a ségrégation indépendante des allèles
(caractères) que lorsque les locus concernés sont sur des chromosomes différents ou sont
éloignés l’un de l’autre sur le même chromosome. Dans la pratique, très peu de gènes se
transmettent conformément à cette hérédité mendélienne.

Il a été ainsi remarqué que les gènes situés sur un même chromosome et assez proche
l’un de l’autre ont tendance, lors de la gamétogénèse, à se transmettre ensemble ; on parle

106
alors des gènes liés (linkage). De plus au niveau des chiasmas lors de l’appariement des
chromosomes homologues au cours de la méiose se produisent des échanges de segments de
chromatides.

Illustration

Chez la poule deux locus déterminant le plumage peuvent être occupés chacun par deux
couples d’allèles :

 L’allèle (F) dominant détermine un plumage frisé et (f) récessif un plumage normal.
 L’allèle (B) dominant détermine la couleur blanche, et (b) récessif un plumage coloré.
Le croisement des 2 races (FF,ff et BB,bb) donne en F1 des individus à plumage frisé et
blanc (Ff,Bb).
En croisant les individus de F1 par leur géniteur récessif (backcross) on s’attend aux
résultats suivants, s’il y a ségrégation indépendante des gènes :
Blanc frisé : 1/4. Blanc normal : 1/4. Coloré frisé : 1/4 Coloré normal : 1/4.
Mais on a plutôt obtenu les résultats suivants sur un total de 132 poules :
Blanc frisé : 60 (45,5 %) Blanc normal : 16 (12,1 %) Coloré frisé : 8 (6 %) Coloré
normal : 48 (36,4 %).

4.2 DÉTERMINISME DU SEXE ET HÉRÉDITÉ LIÉE AU SEXE

Déterminisme génétique du sexe

Chez les animaux dont les sexes sont séparés les chromosomes sont de 2 types : les
autosomes ayant les mêmes taille et morphologie, et les hétérosomes ou chromosomes sexuels
ou encore gonosomes formant dans l’un des sexes une paire de chromosomes différents l’un
de l’autre.

Chez les mâles des mammifères les gonosomes se présentent sous forme approximative
d’un X et d’un Y, alors que chez les femelles les 2 gonosomes homologues ont tous la forme
d’un X. On dit alors que les mâles sont hétérogamétiques (XY) et les femelles,
homogamétiques (XX)

Chez les oiseaux les mâles sont homogamétiques et les femelles, hétérogamétiques.

Sur le plan génétique, le sexe d’un individu est déterminé à la fécondation par le gamète
du sexe hétérogamétique. La femelle des mammifères ou le mâle des oiseaux produit (n – 1)
autosomes et un gamète X exclusivement, alors que le mâle des mammifères ou l’oiseau
femelle produit (n – 1) autosomes et un X ou (n – 1) autosomes et un Y. Théoriquement il
devrait autant de mâles (50 %) que de femelles (50 %), selon le tableau suivant :

Chromosomes Sexe hétérogamétique


Sexe homogamétique (n-1) + X (n-1) + Y
(n-1) + X 2n – 2 + XX 2n – 2 + XY
(n-1) + X 2n – 2 + XX 2n – 2 + XY

107
Chez les mammifères il naît un peu plus de mâles (50 – 55 %) que de femelles, mais
l’équilibre s’établit progressivement, du fait de la mortalité périnatale un peu plus élevée chez
les mâles.

Différenciation du sexe

La différenciation du sexe se fait au cours des premiers mois de gestation. Les


chromosomes sexuels déterminent le sexe, et les autosomes assurent sa différenciation.
Pendant la phase embryonnaire, seules les futures voies génitales (mâles ou femelles) sont
ébauchées. Les gonades se développent ultérieurement.

Au cours de la différenciation du sexe des anomalies du nombre de chromosomes peuvent


se produire, entrainant la stérilité ou une intersexualité plus ou moins marquée : s’il y a perte
d’un chromosome les individus de formule chromosomique 2n – 2 + X sont des femelles,
mais ces femelles sont stériles ; s’il y a gain d’un chromosome, les individus de formule
chromosomique 2n – 2 + XXY, ou 2n – 2 + XXYY sont tous des mâles stériles.

Hérédité liée aux chromosomes sexuels

Le chromosome Y ne porte que des gènes déterminants du sexe. Le chromosome X en plus


des déterminants du sexe porte également d’autres gènes, qui peuvent se retrouver à l’état
homozygote ou hétérozygote chez le sexe homogamétique, alors que chez le sexe
hétérogamétique il se retrouve en un seul exemplaire et s’exprime toujours, qu’il soit
dominant ou non.

Chez les volailles les gènes responsables de la coloration du duvet à la naissance sont portés
par le chromosome X. Trois couples d’allèles sont impliqués dans cette coloration du plumage
des poussins :

 Les gènes responsables de la vitesse d’emplumement.


L’allèle L dominant détermine l’emplumement lent, et l’allèle l récessif, l’emplumement
rapide.
 Les gènes déterminant la barrure des plumes
L’allèle B dominant détermine le plumage barré, et l’allèle b récessif, le plumage uniforme.
 Les gènes déterminant la dorure des plumes
L’allèle A dominant détermine le plumage argenté et le duvet jaune, et l’allèle a récessif, le
plumage doré et le duvet roux.

Les croisements des coqs à plumage doré avec les poules à plumage argenté et inversement
donnent les résultats des tableaux suivant :

Coqs à plumage Coqs à plumage


Croisements 1 doré Croisements 2 argenté
Xa Xa XA XA
Poules à XA XA Xa XA Xa Poules à Xa XA Xa XA Xa
plumage Y Xa Y Xa Y plumage Y XA Y XA Y
argenté doré

108
Les croisements 1 donnent des poussins mâles (coquelets) à duvets jaunes et des
poussins femelles (poulettes) à duvets roux ; par contre les croisements 2 donnent des
poussins tous jaunes.

Les croisements 1 permettent de séparer, dès l’éclosion, les poussins mâles des
poussins femelles uniquement à partir de la coloration différente des duvets selon le sexe :
c’est ce qu’on appelle croisements d’autosexage. Des croisements similaires ont été dans
d’autres races de poules :

Rhodes Island Red (coq rouge) X Light Sussex (poule blanche herminée) donne coquelets
blancs et des poulettes rouges

Leghorn (coq blanc) X Light Sussex (poule blanche herminée) donne des coquelets blancs et
des poulettes rouge-brun

Avec les croisements 2 l’autosexage est impossible.

Le sexage des poussins dès l’éclosion est un impératif en élevage des poules de souche
« ponte » ; l’accouveur ne doit livrer aux producteurs d’œufs de consommation que des
poussins femelles d’un jour. L’utilisation judicieuse des gènes liés au sexe permet d’obtenir
des poussins mâles et femelles de phénotypes distincts, donc de faire facilement le tri des
mâles des femelles, si on ne veut pas recourir à l’examen du cloaque des poussins qui
occasionne des frais de production supplémentaires.

Chez la volaille la taille est déterminée par un locus porté par le chromosome sexuel.
Ce locus peut être occupé par un allèle provoquant la réduction de la taille des adultes
d’environ 30 % chez la femelle et 40 % chez le mâle. L’allèle Dw déterminant la taille
normale est dominant, et l’allèle dw induisant le nanisme est récessif.

Le croisement des coqs nains avec des poules normales donne en F1 des poules naines
et des coqs de taille normale. En croisant les coqs homozygotes de taille normale avec les
poules naines, on obtient des coqs hétérozygotes et des poules toutes de taille normale. La
souche commerciale de poules de chair appelée Vedette, disponible sur nos marchés, est
obtenue à partir de ce schéma de croisement par l’INRA en France. Ce schéma de croisement
permet de réaliser une économie d’environ 10 % sur le cout de production des poussins d’un
jour, sans que les performances de ces poules de chair soient affectées.

4.3 INCIDENCE DES FACTEURS DU MILIEU SUR L’EXPRESSION DES GÈNES

Les facteurs du milieu qui ont une incidence sur les performances des animaux (ou sur
l’expression des gènes) sont l’alimentation, la pathologie, la température et le milieu intérieur
maternel.

4.3.1 L’alimentation

109
Une alimentation sévèrement carencée pendant la croissance a des effets aussi
indélébiles que les gènes : chez le zébu Gobra du Sénégal l’âge à la première mise bas est de
36 à 48 mois en élevage traditionnel extensif, et environ 25 mois dans le système intensif ;
tandis que le taux de fécondité passe de 66% dans le système extensif à 85% dans le système
intensif. Au Niger le taux de mortalité chez les veaux de 3 à 11 mois est de 22% dans
l’élevage traditionnel, contre moins de 1% chez les veaux ayant reçu une supplémentation de
¼ l de lait /jour/tête. Au Cameroun l’adjonction des concentrés à la ration des vaches locales
(blanc Foulani) en élevage extensif a doublé la production laitière journalière, qui est passée
de 4 à 8 – 10 litres par jour.

4.3.2 La pathologie

La coccidiose aigüe caecale allonge la durée de chauffage des poussins d’une à deux
semaines, augmente la mortalité de 2 à 12%, augmente l’indice de conversion des aliments du
fait des lésions irréversibles sur les organes digestifs, fait chuter le poids moyen des œufs et le
nombre total d’œufs pondus.

La brucellose est responsable des avortements répétés dans beaucoup de fermes de


productions animales.

4.3.3 La température

De fortes chaleurs prolongées font baisser l’appétit et la production, ainsi que la


qualité du sperme chez le mâle ; au-delà de 40°c le taux de mortalité augmente chez la
volaille.

Le froid intense prolongé fait augmenter la consommation alimentaire, la mortalité


alors que le taux de ponte chute.

4.3.4 Le milieu intérieur

Le sexe d’un individu est déterminé à la fécondation mais il n’est pas acquis pour
autant : on a remarqué chez le bovin que pour une gestation gémellaire ayant donné naissance
à deux petits de sexe différent, la génisse est stérile et présente des caractères sexuels proches
de ceux du mâle, alors que le veau est normal.

Ces quelques exemples montrent que l’expression d’un gène est influencée par les
facteurs du milieu, c’est-à-dire que la valeur phénotypique (la performance) d’un individu est
le résultat combiné des actions des gènes et de celles des facteurs du milieu. On écrit alors
symboliquement que : P = G + E (P est la valeur phénotypique, G est la valeur
génotypique, E est l’écart du au milieu)

Ainsi la performance d’un animal est la somme d’au moins 2 composantes :

 La composante génotypique (VG) : le génotype d’un individu pour un caractère donné


est l’ordonnancement particulier des gènes responsables de ce caractère pour cet
individu.

110
 La composante attribuable à l’influence des facteurs du milieu, ou écart dû au milieu.
L’écart ici est par rapport au milieu moyen ou milieu de référence. On doit donc
toujours préciser les conditions dans lesquelles une performance animale a été
obtenue.

On peut donc dire que les différences des performances entre les individus ont 2 ou 3 causes :

 Elles peuvent être dues uniquement aux facteurs du milieu : c’est ainsi que
s’expliquent la différence des performances enregistrées sur des vrais jumeaux.
 Elles peuvent être d’ordre génétique : c’est le cas chez les animaux soumis
rigoureusement aux mêmes conditions du milieu. Dans ce cas les meilleures
performances traduisent en général des potentiels génétiques élevés. Mais il est
difficile de distinguer entre les homozygotes et les hétérozygotes dominants.
 Elles peuvent enfin être dues à la fois au génotype et au milieu. C’est le cas le plus
courant pour les caractères économiquement importants. On dit alors qu’il y a
interaction entre le milieu et le génotype. Donc une performance même record n’a
aucune valeur si les conditions de son obtention ne sont pas clairement précisées.

Remarque :

1. Le milieu n’a pas une grande influence sur les caractères qualitatifs tels que la couleur
de la robe, des pattes.
2. Des animaux de génotypes différents placés dans des milieux différents peuvent avoir
des performances comparables.

4.4 NOTION DE L’HÉRITABILITÉ

4.4.1 Définition de l’héritabilité

En écrivant plus haut l’équation P = G + E nous voulions dire que les variations des
performances (phénotypes) des individus dans une espèce donnée sont dues à l’hérédité, plus
précisément au mécanisme d’additivité des effets des gènes (variabilité génétique) et au
milieu (variabilité due au milieu). Comme le milieu masque souvent les gènes, les généticiens
ont pensé caractériser l’importance de l’action du milieu dans l’extériorisation d’un caractère.
Seulement les différences entre les individus provenant de l’action du milieu ne sont pas
transmises à la descendance. Ils ont alors défini la part de la variabilité phénotypique qui est
d’origine génétique. Cette variabilité génétique est appelée héritabilité et son symbole est h2.

L’héritabilité est la part de la variabilité phénotypique qui revient au génotype :

Variabilité phénotypique = Variabilité génétique + Variabilité due au milieu


2 2 2
σ phénotypique=σ génotypique +σ due au milieu

L’héritabilité est définie par un coefficient dit coefficient d‘héritabilité

111
h = variabilité génétique ¿
2

¿ variabilité phénotypique
2
σ génétique
h 2= 2 2
σ génotypique+ σ due au milieu

L’héritabilité est un nombre statistique qui varie de 0 à 1 (0 ≤ h 2 ≤ 1) et qui ne s’applique qu’à


des caractères enregistrés sur des individus différents. Elle indique dans quelle mesure la
valeur phénotypique d’un individu est le reflet fidèle de sa valeur génétique.

4.4.2 Signification de l’héritabilité

Quand on dit qu’un caractère a une héritabilité par exemple de 0,6 cela veut dire que
60% de la variabilité des performances (ou différences entre les individus) est d’origine
génétique ; autrement dit 60% de la variabilité des performances est due au fait que les
animaux sont de génotypes différents, ou la variabilité des performances enregistrées
s’explique dans 60 % des cas par le fait que les animaux soient de génotypes différents.

Quand l’héritabilité est faible, les différences génétiques entre les individus sont
faibles et sont masquées par les effets du milieu ; le choix des individus est difficile et peu
efficace. Si l’héritabilité est forte, les différences entre les candidats à la sélection sont nettes
et la sélection est aisée.

4.4.3 L’importance de l’héritabilité d’un caractère

On se sert de l’héritabilité d’un caractère pour :

a) Choisir la meilleure méthode de sélection à mettre en œuvre pour obtenir


l’efficacité souhaitée

Une forte héritabilité (h2 ≥ 0,4) signifie qu’une part très importante de la supériorité
des animaux retenus est d’ordre génétique, autrement dit les animaux sélectionnés ont un
potentiel génétique supérieur. On peut alors appliquer la méthode de sélection basée sur les
performances individuelles des candidats dans le choix des reproducteurs.

Une faible héritabilité (h2 ≤ 0,25) veut dire que la supériorité phénotypique des
animaux est d’origine environnementale et la supériorité génétique des animaux est faible. Le
risque de mauvais choix est alors grand et le progrès génétique réalisé est faible. La sélection
individuelle est dans ce cas inefficace.

b) Pour estimer la production d’un troupeau après la sélection

Soit une population de production moyenne P ; on retient de cette population p%


meilleurs individus dont la production moyenne est P s . À la différence(P s−P) qui est la
supériorité phénotypique des animaux sélectionnés correspond une supériorité génétique

( A s− A) = h2¿(P s−P). Si les conditions d’élevage ne changent pas des parents ainsi
sélectionnés à leur descendance, cette supériorité génotypique Δ Gou progrès génétique

112
( A s− A) est transmise aux descendants dont la performance moyenne P ' est augmentée de Δ G
par rapport à celle des parents : P' −P=ΔG =¿h2¿( P s−P)

Exercice d’application :

Soit une bande de porcs dont la vitesse moyenne de croissance entre 20 et 100 kg est
de 200 g par jour. On décide de ne garder de ce troupeau que des animaux dont la vitesse de
croissance journalière est d’au moins 300 g.

Quelle est la production escomptée du nouveau troupeau si l’héritabilité pour le GMQ


est de 0,30 ?

4.4.4 Héritabilité de quelques caractères chez les animaux domestiques

Le tableau ci-dessous donne l’héritabilité de quelques caractères chez les animaux d’élevage.

Héritabilité de quelques caractères chez les animaux domestiques


Caractères Héritabilité (h2)
Bovins laitiers
Quantité de lait par lactation 0,20 à 0,40
Taux butyreux, taux protéique 0,40 à 0,60
Durée de la lactation 0,10
Intervalle entre vêlages 0,05
Pointage laitier 0,20
Temps de traite 0,20 à 0,30
Débit maximum 0,50 à 0,60
Équilibre des quartiers des mamelles 0,60 à 0,70
Croissance après sevrage 0,30 à 0,40
Répartition des taches dans la robe pie 0,90
Bovins à viande
Poids à la naissance 0,2 à 0,40
Poids au sevrage 0,20
Conformation au sevrage 0,20 à 0,30
Difficultés au vêlage 0 à 0,10
Vitesse de croissance et indice de consommation après sevrage 0,30 à 0,40
Classement de la carcasse 0,50
Rendement commercial à l’abattage 0,50
Surface du long dorsal 0,70
Intervalle entre mises - bas 0 à 0,10
Porcins
Taille de la portée à la naissance, au sevrage 0,10 à 0,15
Poids moyen à la naissance, au sevrage 0,10
Vitesse de croissance du sevrage à l’abattage
0,20 à 0,40
Indice de consommation
Conformation jugée sur l’animal vivant 0,20
Rendement en carcasse 0,40 à 0,50
Poids de la bardière, de la longe
0,60
% de gras, % de maigre dans la carcasse
Épaisseur de lard dorsal 0,50 à 0,60
Longueur de la carcasse 0,70
Ovins à viande
Fertilité, fécondité des brebis 0 à 0,10
Taux de prolificité 0,10

113
Poids à la naissance 0,20
Poids au sevrage 0,30
Croissance naissance-sevrage 0,15 à 0,25
Poids adulte 0,60
Conformation de la carcasse 0,50
Finesse de la laine 0,30 à 0,40
Poules de ponte
Fertilité, éclosabilité ≤ 0,15
Nombre d’œufs pondus 0,25 à 0,30
Viabilité ≤ 0,25
Poids de l’œuf 0,25 à 0,50
Poids du corps, indice de consommation 0,4 à 0,50
Poules de chair
Vitesse de croissance
Indice de consommation 0,40 à 0,80
Qualité de carcasse

4.5 La notion d’intensité de sélection

4.5.1 Définition de l’intensité de sélection


L’intensité de sélection i est la mesure de la supériorité génétique moyenne des reproducteurs
sélectionnés par rapport à la moyenne de l’ensemble des candidats reproducteurs.

4.5.2 Valeurs de l’intensité de sélection (i) en fonction du taux de sélection (p)

Le tableau de la page suivante donne l’intensité de sélection (i) en fonction de pourcentage (p)
d’animaux sélectionnés.

Ce tableau montre que quand le taux de sélection est élevé l’intensité de sélection est
faible ; si le taux sélection est faible l’intensité de sélection est élevée ; autrement dit
l’intensité de sélection i est inversement proportionnelle au taux de sélection p: donc quand le
nombre de reproducteurs retenus diminue l’intensité de sélection augmente.

4.5.3 Facteurs de variation de l’intensité de sélection

L’intensité de sélection i est fonction du taux de sélection p. Or le taux de sélection est


donné par la relation suivante :

besoins en reproducteurs
p=
disponibilités en reproducteurs

Les facteurs de variation de l’intensité de sélection sont également ceux de la variation


du taux de sélection. Le taux de sélection dépend à la fois des besoins et des disponibilités en
reproducteurs.

Intensité de sélection (i) en fonction de pourcentage (p) d’animaux sélectionnés

114
p i p i p i
1 0 0,63 0,599 0,26 1,248
0,99 0,027 0,62 0,614 0,25 1,271
0,98 0,049 0,61 0,629 0,24 1,295
0,97 0,070 0,60 0,644 0,23 1,320
0,96 0,090 0,59 0,659 0,22 1,346
0,95 0,109 0,58 0,674 0,21 1,372
0,94 0,127 0,57 0,689 0,20 1,400
0,93 0,144 0,56 0,704 0,19 1,428
0,92 0,162 0,55 0,72 0,18 1,458
0,91 0,178 0,54 0,735 0,17 1,459
0,9 0,195 0,53 0,751 0,16 1,521
0,89 0,211 0,52 0,766 0,15 1,554
0,88 0,227 0,51 0,782 0,14 1,590
0,87 0,243 0,50 0,798 0,13 1,627
0,86 0,259 0,49 0,814 0,12 1,667
0,85 0,274 0,48 0,83 0,11 1,709
0,84 0,290 0,47 0,846 0,10 1,755
0,83 0,305 0,46 0,863 0,09 1,804
0,82 0,32 0,45 0,88 0,08 1,858
0,81 0,335 0,44 0,896 0,07 1,918
0,80 0,350 0,43 0,913 0,06 1,985
0,79 0,365 0,42 0,931 0,05 2,063
0,78 0,380 0,41 0,948 0,04 2,154
0,77 0,394 0,40 0,966 0,03 2,268
0,76 0,409 0,39 0,984 0,02 2,421
0,75 0,424 0,38 1,002 0,01 2,665
0,74 0,438 0,37 1,020 0,009 2,701
0,73 0,453 0,36 1,039 0,008 2,740
0,72 0,468 0,35 1,058 0,007 2,784
0,71 0,482 0,34 1,078 0,006 2,833
0,70 0,497 0,33 1,097 0,005 2,897
0,69 0,511 0,32 1,118 0,004 2,963
0,68 0,526 0,31 1,138 0,003 3,050
0,67 0,541 0,30 1,159 0,002 3,170
0,66 0,555 0,29 1,180 0,001 3,370
0,65 0,570 0,28 1,202
0,64 0,585 0,27 1,225
a) Les besoins en reproducteurs varient selon l’espèce, le sexe et le mode de
reproduction.

115
b) Le nombre de reproducteurs disponibles dépend des caractéristiques de reproduction
de l’espèce et de la méthode de sélection mise en œuvre.

 Le sexe

Le nombre de mâles nécessaire à la reproduction est toujours inférieur à celui des


femelles. En insémination naturelle on recommande les ratios mâle/femelle suivants :

- 1 coq pour 10 poules


- 1 taureau pour 30 vaches
- 1 étalon pour 20 juments
- 1 bélier pour 40 brebis
- 1 verrat pour 20 truies
- 1 bouc pour 40 chèvres
- 1 bélier (lapin) pour 10 lapines.

Comme dans une population on a sensiblement le même nombre de mâles que de


femelles, l’intensité de sélection est toujours plus élevée chez les mâles que chez les femelles.

 Les caractéristiques de l’espèce

Les caractéristiques de l’espèce qui affectent l’intensité de sélection sont :

 Le taux de renouvellement du troupeau


 Le rythme de reproduction (nombre de mises-bas par an)
 La prolificité (taille de la portée)

Le tableau ci-dessous donne l’intensité de sélection chez les femelles des espèces
bovine, ovine et porcine (pour un troupeau de 100 femelles)

Espèces
Caractéristiques de l’espèce
Bovine Ovine porcine
Taux de renouvellement (en %) 25 20 50
Besoins annuels en femelles de renouvellement 25 20 50
Rythme de reproduction
0,9 1 2,2
(nombre de mises-bas par femelle par an) : (a)
Prolificité par portée : (b) 1 1,5 8
Productivité numérique par femelle par an (a*b) 0,9 1,5 18
Nombre de candidates possibles à la sélection 45 75 900
Taux de sélection ( p) 0,55 0,27 0,06
Intensité de sélection ( i )

 Le mode reproduction

116
Les besoins en reproducteurs mâles sont plus élevés en monte naturelle qu’en
insémination artificielle. Par exemple si en monte naturelle on prévoit un taureau pour 20 à 30
vaches, en insémination artificielle un taureau est suffisant pour la fécondation de plus 5000
vaches ; par conséquent l’intensité de sélection est encore plus sévère en insémination
artificielle.

4.5.4 L’importance de l’intensité de sélection

On se sert de l’intensité de sélection pour estimer la production d’un troupeau après la


sélection (production de la générationn+1 ¿.

Pour un critère de sélectionC , on démontre que la supériorité génétique moyenne des


reproducteurs sélectionnés pour ce critère est S telle que : S = C s−C=i∗σ c

L’écart C s−C est aussi appelé différentielle de sélection ; l’intensité de sélection est exprimée
en unité écart-type.

Exercice d’application :

I. Sur une bande de coqs on a enregistré un Gain Moyen Quotidien (GMQ) de poids de
20 g avec un écart-type de 3 g.
Quelle est la supériorité génétique des coqs classés dans les 10 % meilleurs sujets pour ce
critère ?
II. Sur une bande de 30 porcs on a enregistré les vitesses de croissance suivantes (en
g/jour) :
595, 515,362, 442, 621, 555, 600, 435, 425, 305, 625, 754, 698, 780, 615, 780, 711, 520, 705,
330, 875, 805, 250, 150, 452, 210, 555, 530, 325, 200.
De ce troupeau on décide de ne garder que les 6 meilleurs animaux. Quelle sera la
vitesse de croissance des individus de la génération n+1 si les conditions d’élevage ne varient
pas de génération en génération ?

o L’intervalle de génération

L’intervalle de génération est l’âge moyen des parents quand naissent leurs produits
susceptibles d’être conservés pour la reproduction.

Intervalle de génération chez quelques animaux domestiques

Espèces Mâle Femelle


Bovin 3 – 4 ans 4,5 – 6 ans
Ovin 2 – 3 ans 4 – 5 ans
Porcin 1 – 2 ans 18 – 24 mois
Poule 6 – 12 mois 12 – 18 mois

Il est aussi la durée d’utilisation optimale des reproducteurs, donc le temps nécessaire
pour le renouvellement complet du troupeau.

117
On l’assimile également au temps qui sépare deux états identiques dans le cycle de vie des
individus de 2 générations consécutives.

Naissance des Mise en service Naissance


individus de la des reproducteurs « moyenne » des
génération n (Gn) Gn choisis produits Gn+1

Naissance des Puberté des 1ers


Puberté des premiers produits produits Gn+1
produits Gn Gn+1

Intervalle entre générations

Intervalle entre générations

4.7 Les principales méthodes de sélection et d’amélioration du bétail.

4.7.1 Définition, but et démarche de la sélection

a) Définition de la sélection

La sélection est le choix dans une population des parents des futures générations
animales. Autrement dit c’est le choix parmi un ensemble de candidats reproducteurs ceux
dont la valeur génétique additive est la plus élevée. Elle consiste à éliminer d’un troupeau les
animaux qui ne satisfont pas aux critères retenus et à conserver ceux qu’on suppose porteurs
de gènes qu’on recherche.

La sélection est en fait l’ensemble des méthodes susceptibles d’augmenter la


proportion des animaux porteurs des gènes améliorateurs qu’on veut exploiter dans une
population donnée.

Les animaux retenus seront soit exploités dans leur troupeau d’origine, soit vendus à d’autres
utilisateurs.

b) But de la sélection

Le premier objectif de la sélection est l’amélioration de la marge bénéficiaire de l’éleveur


par la mise à sa disposition d’un matériel animal hautement performant. Pour ce faire on
élimine d’un troupeau tous les animaux médiocres et on y diffuse largement les qualités des
animaux améliorateurs ; parfois on introduit des gènes « nouveaux » dans le troupeau par
l’utilisation des animaux venus d’autres exploitations. On augmente ainsi le potentiel
génétique moyen des animaux exploités.

On peut faire 3 remarques à partir de ce but de la sélection :

118
a) La sélection peut aboutir à la disparition de certaines espèces (variétés) c’est-à-dire
d’un stock important de gènes puisque les animaux jugés médiocres sont éliminés. Il
faut protéger les races menacées de disparition.
b) La sélection est une œuvre de longue haleine : il est très important de bien définir les
objectifs poursuivis à long terme, en prenant en compte l’évolution des besoins des
consommateurs.
c) La sélection aboutit en général à des animaux très productifs, donc plus exigeants.
L’amélioration des animaux ne sera efficiente que si parallèlement les conditions du
milieu (alimentation et état sanitaire en particulier) sont améliorées. Dans la pratique
le sélectionneur opère sur les gènes en plaçant ses animaux dans les meilleures
conditions.

c) La démarche de la sélection

C’est une démarche en 4 étapes, savoir la définition de l’objectif global de la sélection, la


définition des objectifs opérationnels, la collecte des informations sur les candidats à la
sélection et le choix des animaux.

 L’objectif global de la sélection

L’objectif global de la sélection est, assurément, l’amélioration de la marge bénéficiaire


de l’éleveur. Ici, cet objectif doit être plus précis : le sélectionneur peut par exemple se fixer
comme objectif l’amélioration de la marge bénéficiaire brute par porc charcutier produit, par
poulet élevé, par vache laitière, etc.

 Les objectifs opérationnels

Les objectifs opérationnels sont plus précis que l’objectif global de la sélection. Ce sont
les vrais objectifs de sélection ; il s’agit des caractères qualitatifs ou quantitatifs sur lesquels
les actions d’amélioration vont se porter. Par exemple pour améliorer la marge brute par porc
charcutier il faut examiner le coût d’engraissement, la qualité de la viande, la qualité de la
carcasse, etc. On peut alors agir sur la vitesse de croissance, l’indice de consommation,
l’épaisseur du lard, le poids du jambon, etc.

Un objectif opérationnel peut être, par exemple : augmenter de 10 l la production laitière


moyenne journalière des vaches blanc Foulani.

Un objectif de sélection n’est pas nécessairement mesurable sur les candidats à la


sélection, ou sur leurs apparentés. C’est le cas de la sélection sur l’indice de conversion des
aliments, le poids du jambon, les qualités de carcasse, etc.

Un critère de sélection est un caractère, ou l’ensemble des caractères de sélection


mesurables sur les candidats à la sélection ou sur leurs apparentés. Exemples : GMQ chez les
porcs en croissance, l’indice de consommation chez le poulet…Les critères de sélection
permettent de classer les candidats à la sélection.

 La collecte et l’analyse des informations sur la population

119
On recherche les informations sur la population étudiée. Il s’agit des performances
connues au moment de la sélection ; elles ont plusieurs origines : les informations sur les
individus eux-mêmes, sur leurs ascendants, descendants, collatéraux, etc.

On étudie le mode de transmission des caractères notamment leur héritabilité et


répétabilité, les corrélations génétiques existant entre eux, etc.

 Le choix des reproducteurs

C’est la sélection proprement dite. On choisit parmi les candidats à la sélection


(génération n) les parents de la génération (n+1). Pour cela tous les candidats sont classés
d’après les informations disponibles sur eux ou sur leurs apparentés et collatéraux. Les
animaux les mieux classés sont retenus, et les médiocres sont éliminés. On dit que la sélection
est sévère ou intense si la proportion des candidats retenus est faible. Plus l’intensité de
sélection est élevée plus efficace est l’opération et plus rapide est le progrès génétique réalisé.

o LES PRINCIPAUX CRITÈRES D’IMPORTANCE ÉCONOMIQUE CHEZ LES


ANIMAUX D’ÉLEVAGE

Les principaux critères ayant une importance économique, c’est-à-dire sur lesquels les
efforts de sélection peuvent se porter sont :

Chez les porcins :

La taille de la portée ou prolificité, la viabilité des sujets, le poids au sevrage, la vitesse


de croissance, l’indice de conversion des aliments, la facilité de mise bas, le poids du jambon,
l’épaisseur du lard, la conformation, le poids adulte, le rendement carcasse, etc.

Chez les bovins :

La production laitière, le taux butyreux, le taux azoté, le taux de fertilité, le poids au


sevrage, la forme de la mamelle, la facilité de traite, l’indice de conversion des aliments, la
facilité de vêlage, la vitesse de croissance, la conformation bouchère, le rendement viande, la
qualité de la viande, la rusticité, le poids adulte, etc.

Chez les ovins et caprins :

La taille de la portée, le poids à la naissance, la vitesse de croissance, la qualité de la


laine, la quantité de lait produit, les taux des matières utiles, la facilité de traite, le rendement
viande, etc.

Chez la volaille :

Les caractères d’importance économique (les objectifs de sélection chez la volaille)

 Nombre d’œufs pondus à la 1ère année de ponte (250 à 300 œufs par poule)
 Maturité sexuelle ou âge au 1er œuf : race légère (précoce) 5 à 5,5 mois ; race moyenne
ou mi-lourde 5,5 à 6 mois ; race lourde à partir de 6 mois
 Persistance de ponte : longue durée de ponte (12 mois et plus)

120
 Viabilité : résistance aux maladies, taux de mortalité et taux d’élimination
 Taux de fécondité : pourcentage d’œufs fertiles pondus (85%)
 Éclosabilité : pourcentage de poussins éclos sur nombre d’œufs fertiles incubés
 Poids de l’œuf : dépend du poids du corps
 Solidité de la coquille : contrôle de leur poids spécifique ou pourcentage d’œufs cassés
ou fêlés au cours de la manutention
 Forme de l’œuf : rapport de la largeur sur la longueur de l’œuf ou indice : œuf normal
= 72, (68 à 78) ; œuf allongé ≤ 62 ; œuf court et arrondi ≥ 82.
 Qualité de l’albumen
 Couleur du vitellus
 Tache de sang ou point de chair
 Vitesse d’emplumement et de croissance
 Indice de conversion des aliments
 Qualité de carcasse

Chez le lapin :

La taille de la portée, la viabilité des sujets, le poids au sevrage, la vitesse de croissance,


l’indice de conversion des aliments, la facilité de mise bas, la conformation, le poids adulte, le
rendement carcasse, la qualité de viande, etc.

o LES DIFFÉRENTS TYPES DE SÉLECTION

D’après l’origine des informations recueillies sur les candidats à la sélection on distingue :

La sélection massale ou sélection individuelle et la sélection sur apparentés.

4.7.1 La sélection massale

Les animaux destinés à la reproduction sont sélectionnés sur des caractères d’élevage tels
que la rusticité, la résistance aux maladies, la fécondité, la prolificité, la précocité, la
longévité, la vitesse de croissance, l’indice de consommation, la facilité de mise-bas, etc. on
juge l’animal sur ce qu’il est capable de réaliser à partir de certains visibles.

Par cette méthode on compare directement les performances brutes Pi=Gi + Ei ,en pensant
que les stocks de gènes Gi sont directement proportionnels aux performances Pi; on peut ainsi
se tromper puisqu’on sait que P = G + E, et le milieu affecte dans un sens comme dans
l’autre l’expression des gènes. Toutefois pour des caractères à forte héritabilité l’erreur
commise n’est pas grave.

Ainsi la sélection massale n’est pas conseillée pour les caractères à faible héritabilité. Elle
est inefficace dans le choix des mâles pour des caractères qui ne s’extériorisent pas chez ceux-

121
ci. On ne peut non plus l’appliquer pour les caractères qui exigent l’abattage des animaux
pour être contrôlés.

4.7.2 La sélection sur apparentés

On se base sur les performances des apparentés (ascendants, descendants et collatéraux)


pour choisir les reproducteurs.

a) La sélection sur ascendance

On juge les animaux à partir des performances de leurs ascendants, en vertu de l’adage
populaire ‘‘Tel père, tel fils ; telle mère telle fille.’’ C’est une méthode très efficace pour les
caractères à forte héritabilité, mais elle est imprécise dans la mesure où on ignore les
conditions dans lesquelles ces performances ont été obtenues. Elle accorde trop d’intérêt à
l’hérédité mendélienne.

Cette méthode peut être améliorée par des artifices qui permettent d’atténuer les erreurs
commises dans le choix individuel des reproducteurs : on sait que la moyenne des
performances d’un animal est plus héritable qu’une performance prise séparément. On peut
alors résumer l’ensemble des productions d’un animal par une estimation unique appelée
n∗h2 (x−μ)
index individuel I tel que : I =
1+(n−1) ρ

n est le nombre de performances de l’animal, h 2 est l’héritabilité du caractère étudié, μ est la


moyenne des performances du troupeau, x est la moyenne des performances corrigées, ρ est la
répétabilité du caractère.

Ainsi si on dispose de la moyenne des performances de plusieurs individus, on peut


appliquer la sélection individuelle, les performances répétitives étant ramenées au cas de
celles à bonne héritabilité. Seulement les animaux sont mieux connus quand ils sont
pratiquement à la veille de la réforme et la sélection n’a que peu d’impact sur le niveau
général du troupeau. Mais la bonne connaissance acquise sur leurs valeurs sert à juger leurs
descendances qui sont ainsi sélectionnées sur ascendance.

b) La sélection sur descendance

La sélection sur descendance ou testage consiste à juger un animal d’après les


performances de ses descendants.

Cette méthode a l’avantage de permettre une meilleure estimation de la valeur génétique


d’un individu, la valeur moyenne d’un nombre élevé de descendants reflétant fidèlement la
valeur des parents ; on estime que si on connaît les performances de 40 à 200 descendants
d’un même reproducteur on est absolument sûr de la valeur génétique de ce reproducteur,
quelle que soit l’héritabilité du caractère considéré.

Seulement les intervalles de génération sont plus allongés, ce qui réduit les possibilités
d’utilisation des mâles dans la mesure où il faut attendre les résultats du testage. Cette
difficulté est désormais contournée par les techniques de conservation de sperme et d’ovule.

122
Par ailleurs le coût de sélection est élevé, et est directement proportionnel au nombre de
descendants dont on veut contrôler les performances. Par exemple en décidant de multiplier
par trois le nombre de descendants à contrôler on triple pratiquement le coût de sélection par
reproducteur.

c) La sélection sur collatéraux

On utilise les informations sur les collatéraux d’un animal (pleins frères et sœurs, demi-
frères et sœurs, cousins et cousines, etc.) pour le classer.

Par rapport à la sélection sur descendance, cette méthode permet de collecter les
informations dans un intervalle de temps plus court ; de plus elle permet d’estimer la valeur
génétique d’un plus grand nombre d’animaux, car si pour des raisons pratiques tous les
animaux ne peuvent avoir des descendants, ils ont certainement tous des collatéraux.

La précision de cette méthode est comparable à celle de la sélection individuelle.

L’ensemble des mesures des performances des collatéraux (ou des descendants) est
remplacé par une estimation unique appelée index sur collatéraux (ou sur descendants) I tel
que 

0,25 n∗h2 ( x−μ)


I=
1+ ( n−1 ) 0,25 h2

n est le nombre de performances des apparentés, h 2 est l’héritabilité du caractère étudié, μ


est la moyenne des contemporains des apparentés, x est la moyenne des performances des
apparentés.

4.8 LES MÉTHODES DE SÉLECTION

Il y a trois principales méthodes de sélection et d’amélioration génétique des animaux,


savoir la méthode tandem, la méthode des seuils et la méthode globale d’un index.

4.8.1 La méthode tandem

La méthode tandem ou méthode alternative consiste à améliorer pour un seul caractère


à la fois chez les animaux ; ce n’est qu’après avoir amélioré les animaux pour le premier
caractère qu’on les sélectionne pour un deuxième caractère, puis pour un troisième,… puis
pour un énième critère.

C’est une méthode longue, peu efficace, mais intéressante quand on veut améliorer un
seul caractère.

4.8.2 La méthode des seuils

La méthode des seuils ou sélection éliminatoire ou encore culling est utilisée quand on
veut améliorer plusieurs caractères à la fois chez les mêmes animaux : pour chacun des

123
caractères de sélection on définit un standard minimum de production c’est-a-dire la limite
de la production minimale ou maximale. Pour qu’un animal soit retenu il lui faut, pour
l’ensemble des caractères retenus, avoir une production égale au moins au minimum
requis. La production minimale requise varie d’un critère à un autre.

C’est une méthode efficace dans la mesure où un grand nombre de caractères sont
améliorés à la fois ; seulement le nombre d’animaux satisfaisant toutes les conditions
fixées diminue quand le nombre de performances augmente. C’est pourquoi il est
conseillé de ne pas être très sévère en fixant les seuils des caractères.

Exemple

Seuils Performances de l’animal


Caractères
retenus N°1 N°2 N°3 N°4 N°5 N°6
≥9 Taille de la portée 8 9 10 7 13 11
≤3 Épaisseur du lard (en cm) 2 2,5 3 3,5 2 3
≥750 Vitesse de croissance (g/j) 900 880 800 780 800 800
≤4 Indice de consommation 4 3 3,5 4 3,8 3,95
≥75 Conformation/100 80 76,5 90 81 74 75
Résultats E R R E E R

4.8.3 La méthode globale d’un index

Le principe de cette méthode revient à résumer toute la valeur phénotypique d’un


individu par une note globale ou index. Pour cela on procède de la façon suivante :

 On définit d’abord l’objectif global de la sélection, par exemple produire à moindre


coût un porc de 100 kg de poids vif et ayant une viande de bonne qualité.
 Puis on définit les objectifs opérationnels pour atteindre le but fixé, par exemple : le
GMQ, l’indice de consommation, le poids du jambon, l’épaisseur du lard, la tendreté
de la viande, etc.
 Ensuite on détermine l’importance économique de chaque objectif indépendamment
des autres objectifs. Cette importance peut être par exemple la variation de la marge
brute par porc engraissé pour un accroissement d’une unité de chaque caractère. On
affecte alors à chacun des caractères de sélection un coefficient qui représente son
poids économique, autrement dit on pondère différemment les caractères en fonction
de leur importance économique. On peut en même temps fixer des seuils d’élimination
pour les caractères jugés les plus importants. L’animal retenu est celui dont le total des
points est supérieur ou égal au seuil global fixé et qui n’a pas une note éliminatoire
(une performance inférieure au seuil d’élimination

Illustration : sur un troupeau de 6 vaches laitières on a enregistré les informations suivantes

Seuil Caractère Échelle de Notes de l’animal


124
d’élimination notation N°
N°1 N°3 N°4 N°5 N°6
2
≤ 47 Production laitière 0 à 100 76 53 61 67 44 60
≤ 17 Taux butyreux 0 à 30 19 27 29 25 27 20
≤ 18 Facilité de traite 0 à 30 24 18 9 24 24 19
≤ 18 Forme du trayon 0 à 30 26 25 28 26,5 25 16
Total 0 à 190 0 145
Résultat R R E R E R

4.9 LES CROISEMENTS

4.9.1 Définition et buts des croisements

Le croisement est l’accouplement des animaux de races différentes.

Les croisements permettent :

a) L’introduction des gènes nouveaux dans une population animale de base, ce qui permet
de :
 S’adapter plus vite aux changements des conditions économiques.
 Améliorer plus efficacement le niveau génétique insuffisant de la population de
base
 Accroître la variabilité génétique pour rendre la sélection plus efficiente
b) Bénéficier de la complémentarité entre les races. En effet, en production animale les
caractères à améliorer sont nombreux, et très souvent des antagonismes (corrélations
négatives) existent entre certains d’entre eux : par exemple entre la proportion des
morceaux nobles et l’indice de conversion des aliments, entre la qualité de viande et la
proportion de la graisse, entre la prolificité et la vitesse de croissance, et plus
généralement entre les caractères d’élevage (fertilité, facilité de mise-bas, prolificité,
qualités maternelles, longévité, etc.) et les caractères de production (vitesse de croissance,
indice de consommation, rendement carcasse, conformation bouchère, etc.).

On a alors intérêt à sélectionner séparément les races des pères et les races des mères sur
des caractères distincts, puis à procéder ultérieurement aux croisements de ces races
parentales pour bénéficier de leur complémentarité. On évite ainsi les antagonismes entre
certains caractères, en sélectionnant sur un nombre réduit de caractères par race le progrès
génétique est plus rapide.

c) Bénéficier éventuellement de la vigueur hybride. On dit qu’il y a vigueur hybride ou effet


d’hétérosis lors d’un croisement quand la moyenne des performances des individus issus
de ce croisement est supérieure à la moyenne des performances des 2 races parentales (A
et B).

125
L’effet d’hétérosis (H) pour un caractère est égal à la différence entre la moyenne des
performances des individus croisés (PF1) et la moyenne des performances des individus des 2
races parentales (PA, PB).

PA + PB
H=P F 1−
2

Exercice d’application 

Le taureau américain de race Brahman pèse en moyenne 1100 kg de poids vif et la


vache Gouda’ali de Ngaoundéré 450 kg. Le croisement de ces 2 races a donné des individus
de première génération nommés pré-wakwa pesant en moyenne 850 kg chacun.

Peut-on parler de la vigueur hybride pour ce croisement, si oui calculer sa valeur ?

PAB+ PBA
Remarque : P F 1= , car le sens des croisements a un effet sur les performances
2
des croisés ; par exemple la vitesse de croissance dépend aussi des aptitudes maternelles et de
la production laitière.

L’hétérosis varie selon :

 L’éloignement entre les races croisées ; il est plus élevé quand les races sont plus
génétiquement plus éloignées.
 Les conditions du milieu : il est plus élevé dans les meilleures conditions.
 La nature des caractères : il est de 10 à 20% pour les caractères d’élevage, 5 à 8% pour
les caractères de croissance et nul pour les caractères de carcasse et de qualité de
viande.
 Le type de croisement : il est par exemple plus élevé pour un croisement à double
étage que pour un croisement simple.

4.9.2 Les différents types de croisement

Selon la finalité recherchée on distingue 2 grandes catégories de croisement : les croisements


à finalité génétique et les croisements à finalité commerciale.

a) Les croisements à finalité génétique

Les produits de ces croisements sont utilisés pour la création de nouvelles races. On y
distingue :

 Le croisement de métissage

Le principe consiste à accoupler entre eux de génération en génération des métis issus du
croisement de 2 ou de plusieurs races initiales. À chaque génération on élimine les animaux
qui ne répondent pas au but recherché. Quand les produits de croisement ont atteint une
certaine homogénéité on considère qu’on a obtenu une nouvelle race.

126
Le schéma de ce croisement est simple :

Race A x race B (races parentales) AxB

1ere génération AB (F1) F1 x F1

2ème génération AB (F2) F2 x F2

3ème génération AB (F3) F3 x F3

Nième génération AB (Fn) Fn x Fn nouvelle race

Au Cameroun c’est ce schéma qui a été utilisé pour créer la race bovine wakwa, à
partir du taureau américain brahman et la vache de race locale Gouda’ali de Ngaoundéré.

 L’infusion de sang ou croisement d’amélioration

C’est l’utilisation momentanée des mâles de race améliorée sur des femelles d’une
autre race. On introduit ainsi dans la race des femelles des gènes favorables possédés par la
race des mâles utilisés ; il peut s’agir des croisements entre eux des individus de première
génération ou des animaux issus d’autres combinaisons génétiques bien déterminées.

 Le croisement d’absorption ou de substitution

C’est le croisement de mâles de la race A qu’on veut implanter avec des femelles de race B
qu’on veut absorber. C’est en fait un croisement de retour répété sur plusieurs générations. Le
renouvellement du troupeau se fait exclusivement avec les femelles croisées obtenues et on
considère que l’implantation de la race A est réalisée en 4 ou 5 générations ; c'est-à-dire au
bout 30 ans chez les bovins, 20 ans chez les ovins et caprins, 10 ans chez les porcins. Le
pourcentage des gènes A est de 96,8% à la 5ème génération.

Le schéma de ce croisement est le suivant :

AxB

F1 AB x A

F2 AAB x A

F3 AAAB x A

F4 AAAAB x A

F5 AAAAAB x A une nouvelle race (race A)

b) Les croisements à finalité commerciale

Ce sont des croisements dont les produits sont destinés aux producteurs. On y distingue :

 Le croisement de première génération ou croisement simple ou croisement


industriel

127
Le principe est élémentaire ; il consiste à croiser des mâles de race A avec des femelles de
race B dans le but d’obtenir des croisés de 1ère génération destinés à l’engraissement. Dans ce
croisement le mâle apporte généralement la vitesse de croissance, la conformation bouchère et
la qualité de carcasse, alors que la femelle est sélectionnée pour la prolificité, la facilité de
mise-bas, la production laitière, la rusticité. Les 2 races croisées sont complémentaires et on
note l’effet d’hétérosis pour la croissance et la viabilité.

 Le croisement à double étage

C’est un croisement qui comporte 2 niveaux : le 1er croisement est à produire des femelles de
F1 alors que les mâles (de F1) sont éliminés ; on recherche en général la prolificité chez les
femelles de F1. Le 2ème croisement consiste à croiser les femelles de F1 obtenues avec des
mâles des races à viande ; ces mâles peuvent être de la même race que ceux du 1er croisement,
on parle alors de backcross, ou d’une troisième race et on parle alors de croisement trois
voies ou triple.

Schéma de croisement

AxB

AB (femelles) x A (ou B) (ou C) (ou CD)

Produits (tous abattus)

On note une vigueur hybride maternelle en F1 (pour la prolificité et les qualités maternelles) et
une vigueur hybride chez les produits terminaux pour la viabilité et les performances de
croissance.

 Le croisement alternatif

Le principe consiste à croiser des femelles issues d’un croisement entre une race A et une race
B avec des mâles de chacune de ces 2 races de façon alternative jusqu’à obtenir un certain
équilibre.

Schéma de croisement

AxB

F1 AB x A

F2 AAB x B

F3 AABB x A

F4 AAABB x B

F5 AAABBB

Ainsi de suite jusqu’à la 7ème génération où on a l’équilibre ¿ ou¿.

128
Tous les mâles à chaque génération sont engraissés pour la boucherie ; on note un hétérosis à
chaque génération.

4.10 La notion de consanguinité

4.10.1 Définition

La consanguinité est le croisement des individus apparentés, c'est-à-dire des animaux ayant au
moins un ancêtre commun plus ou moins connu.

4.10.2 Les coefficients de parenté coefficient et de consanguinité

Soit l’arbre généalogique suivant :

A Z

L’individu A est l’ancêtre commun des individus X et Y qui sont les parents de Z

La probabilité qu’un gène tiré au hasard à un locus quelconque chez X  soit identique à un
gène tiré au hasard au même locus chez Y est appelée coefficient de parenté entre l’individu
X et l’individu Y ; ce coefficient est noté Rxy.

La probabilité que les 2 gènes qui se trouvent en un locus quelconque de l’individu Z soit
identique est appelée coefficient de consanguinité de Z ; ce coefficient est noté est Fz.

Le coefficient de consanguinité se calcule à partir de la formule de Wright suivante :

F z =∑ ¿ ¿

F aest le coefficient de consanguinité de l’ancêtre commun A s’il est connu, sinon F a= 0

n1 est le nombre de générations qui séparent X de A,

n2 est le nombre de générations qui séparent Y de A

n1 +n2 +1 est le nombre d’individus (n) présents sur une chaîne de parenté dont X et Y, mais
pas Z.

Une chaîne de parenté est un trajet qui part d’un des parents pour arriver à l’autre
parent ; elle ne passe qu’une seule fois par un même individu, elle comporte un seul
changement du sens de la flèche au niveau de l’ancêtre commun.

La contribution d’une chaine de parenté XAY à la consanguinité de Z est égale à

()
n1+ ¿n ( 1+ Fa )¿ ¿
1 2+¿ 1

. On effectue donc la somme de toutes les expressions entre crochets calculées


2

129
autant de fois qu’il existe d’ancêtres communs et de chaines de parenté indépendantes entre X
et Y à partir de ces ancêtres communs.

Exercice d’application :

Calculer le coefficient de consanguinité de l’animal A dont l’arbre généalogique est le


suivant :

La consanguinité fait baisser la valeur phénotypique (les performances) pour un certain


nombre de caractères liés à la reproduction et à la vigueur des individus. C’est ce qu’on
appelle dépression de consanguinité.

Illustration : pour un accroissement de la consanguinité de 10% les résultats suivants ont été
obtenus :

Caractères Dépression de la consanguinité

Bovins : - production laitière -135 litres


Porcins : - taille de la portée -0,38 porcelet
- poids à 154 jours - 1,65 kg
Ovins : - poids de la laine - 0,290 kg
- longueur de la laine - 0,12 cm
- poids à un an - 1,32 kg
Volaille : - production des œufs - 9,26 œufs
- aptitude à l’éclosion - 4,60%
- poids de l’œuf - 18 g

4.10.4 Les avantages et les inconvénients de la consanguinité

a) Les avantages

La consanguinité augmente le nombre d’homozygotes dans une population et par conséquent

 la population est plus homogène en caractères favorables


 les caractères sont fixés
 l’obtention de nouvelles races
b) Les inconvénients
 augmentation de la fréquence d’apparition des anomalies
 diminution de la variabilité génétique
 perte de la vigueur hybride

On utilise la consanguinité pour préserver les stocks de gènes, pour obtenir des lignées
pures destinées à être croisées afin de bénéficier au maximum de l’hétérosis.

L’éleveur doit éviter l’accouplement des animaux trop étroitement apparentés ; il lui alors
connaitre les généalogies des animaux qu’il élève.

130
4.11 LES RÉSULTATS DE LA RECHERCHE ZOOTECHNIQUE ET
VÉTÉRINAIRE AU CAMEROUN.

La politique de la sélection et d’amélioration génétique est contrôlée et mise en œuvre


par l’Institut de Recherches Agricoles pour le Développement (l’IRAD). Cet institut
comprend entre autres 4 Centres de Recherches Zootechniques et Vétérinaires (Mankon,
Limbé, Nkolbisson, Wakwa). Des recherches zootechniques et vétérinaires sont également
conduites à l’Université de Dschang.

4.11.1 La sélection des bovins à viande

La sélection des bovins de production de la viande est conduite à Wakwa. Des


croisements entre les vaches des races locales (zébus foulbé) et les taureaux des races
améliorées (Charolais, Aberdeen - Angus, Brahman, Montbéliard) y ont été réalisés. Les
objectifs poursuivis sont la précocité, la fertilité, le poids adulte, la qualité bouchère.

La race Wakwa a été créée, mais sa diffusion n’a pas suivi.

Les races Gouda’ali, Namchi et Kapsikis ont élevées en consanguinité(en race pure)
pour les préserver, et créer des lignées destinées aux croisements. La sélection se fait donc à
l’intérieur de chacune de ces races.

4.11.2 La sélection des bovins laitiers

À la station de recherches zootechniques de Bambui des croisements des vaches des


races locales (Rouge Foulani, Blanc Foulani, Gouda’ali de Banyo) et des taureaux de races
laitières (Holstein, Montbéliard, Jersiaise) ont donné des métis 4 à 5 fois plus productifs que
les races locales, mais ici encore la diffusion de ces métis a été mauvaise.

4.11.3 La sélection des porcs

Des croisements des races locales avec des verrats de grandes races (Large white,
Land race, Duroc, Berkshire) ont été conduits avec succès à Kouden et à Mankon.

4.11.4 La sélection des volailles

Très peu de recherches ont été ou sont faites sur les races locales ; la plupart des
travaux réalisés à ce jour à Mankon et à Dschang sont surtout des essais d’alimentation en vue
de réduire le coût d’alimentation.

4.11.5 La sélection des petits ruminants

Les objectifs de sélection en cours sont le poids à la naissance, la prolificité, la


fertilité, la viabilité, le poids adulte.

Séquence 5 : GESTION DES PÂTURAGES

Un pâturage est un lieu où peut paître le bétail

131
L’Agrostologie est la science qui étudie les plantes susceptibles d’être consommées par les
herbivores domestiques. Elle se propose de mettre à la disposition des herbivores des plantes
qu’ils vont transformer en produits utiles comme la viande, le lait, la laine.

Décrire un pâturage revient à en préciser :

1. L’écologie
2. La composition floristique
3. La productivité de la biomasse aérienne
4. La tendance évolutive
5. La capacité de charge
6. Le système d’exploitation rationnel.

5.1 LES PRINCIPALES PRAIRIES NATURELLES DU CAMEROUN

La répartition des pâturages est étroitement liée aux précipitations annuelles. Les
pâturages camerounais sont en général des mélanges d’arbres, d’arbustes et des herbes plus ou
moins parsemées. On y distingue 5 grandes formations végétales qui sont : la steppe herbeuse
à fourré, la savane arbustive, la savane boisée avec forêt claire, la forêt et prairie de montagne
et la forêt dense humide.

5.1.1 La steppe herbeuse à fourré

Elle se rencontre dans le climat soudano-sahélien aux confins de l’Extrême – nord ; il y


tombe entre 300 et 700 mm d’eau par an. Le couvert végétal dépasse rarement 80 cm de
hauteur et est formé d’herbes annuelles et de vivaces. Les arbres et les arbustes qui s’y
trouvent sont des épineux à feuilles décidues ; ils sont soit dispersés à travers le couvert
végétal, soit rassemblés en fourrés. Dans ce dernier cas l’enchevêtrement des tiges torses y
rend la circulation difficile.

Les principales plantes fourragères qu’on y rencontre sont : les Aristida, les Cenchrus, les
Schœnefelda, les Echinochloa le long des cours d’eau.

Les principaux arbres sont : les acacias, les Pterocarpus et les Camyphora.

Comme la végétation y est limitée, la transhumance y est une pratique courante.

5.1.2 La savane arbustive

La savane arbustive se rencontre en climat soudanien type dans la Région du Nord et en


climat soudano-guinéen dans la Région de l’Adamaoua. Il y tombe entre 600 et 1300 mm
d’eau par an, pour 4 à 7 mois de saisons des pluies.

Le couvert herbacé a au moins 80 cm de hauteur ; les espèces présentes se répartissent en


2 strates. Les graminées y sont en majorité vivaces et sont souvent en touffes isolées qui, au
terme de la croissance des plantes forment des couches plus moins continues.

132
Les espèces ligneuses sont formées d’arbustes de moins de 5 m de hauteur et à feuilles
décidues. Elles sont disséminées dans le tapis herbacé ; des espèces plus hautes (± 7 m de
hauteur) forment de véritables forêts – galerie le long des cours d’eau.

Les principales herbes sont : les Andropogon, les Cymbopogon, les Dihétéropogon, les
Echinochloa.

Vers 1500 m d’altitude dans l’Adamaoua on trouve également les Sporobolus et les
Eragrotis.

Entre 1500 et 1800 m d’altitude on trouve les Setaria (sphacelata), les Sporobolus, les
Hyparrhenia et les Lophira.

5.1.3 La savane boisée avec forêt claire

Elle caractérise le climat guinéen où il tombe entre 1300 et 1700 mm d’eau par an pour 6
à 7 mois de saisons des pluies ; ce climat se rencontre dans les Régions de l’Ouest, du Centre
et de l’Est. La formation végétale est de type savane, avec des herbes de plus de 80 cm de
hauteur ; on y distingue 2 strates. Des arbres de plus de 5 m de hauteur et des arbustes
surplombent le couvert herbacé ; la strate arborescente est claire et les feuilles sont caduques.

Dans la forêt claire les cimes des arbres et arbustes sont ± jointives et le tapis
graminéen est lâche et souvent discontinu.

Les principales espèces fourragères qu’on y rencontre sont : les Hyparrhenia (rufa et
diplandra), les Andropogon, les Pennisetum (purpureum et clandestinum), les Melinis
(minutiflora), les Imperata (cylindrica), les Loutedia

5.1.4 La forêt et prairie de montagne

La végétation des hauts plateaux est :

Entre 1500 et 1800 m d’altitude de type savane à Terminalia ou savane arborée à


Daniellia. Ces savanes sont plus claires.

À partir de 1800 m d’altitude le couvert arbustif ou arboré est remplacé par des prairies
d’altitude perturbées çà et là par des forêts-galeries le long des cours d’eau. Le tapis herbacé
est dominé par le Sporobolus africanus, les Eragrotis, les Setaria, les Hyparrhenia, les
Loutedia et les Imperata.

5.1.5 La forêt dense humide

La forêt dense humide se rencontre dans les Régions du Sud et de l’Est. Les précipitations
annuelles y sont supérieures à 1700 mm d’eau, et la saison des pluies peut dépasser 10 mois.
La végétation naturelle est formée de grands arbres ; le couvert herbacé n’existe presque pas.
Mais les surfaces agricoles laissées en jachère sont envahies par :

133
Les graminées telles que le Panicum maximum, l’Imperata cylindrica, le Pennisetum
purpureum, l’Axonopus compressus, le Paspalum virgatum, le Digitariaa byssinica, les
Echinochloa colona

Les légumineuses dont le Centrosema pubescens, le Pueraria phaseloïdes, le


Calopogonium mucunoïdes.

5.2 ÉVOLUTION DES PÂTURAGES

Un pâturage est dynamique dans la mesure où sa composition floristique et sa productivité


évoluent sous l’action des facteurs du milieu notamment le broutage et le climat.

5.2.1 Action de la pâture

L’introduction des animaux dans un pâturage où les plantes sont en équilibre avec les
conditions écologiques locales provoque une remise en question de cet équilibre antérieur. En
effet les animaux en pâture vont afficher leurs préférences pour certaines plantes au détriment
d’autres. Ainsi les plantes grassulescentes et succulentes sont préférées aux plantes ligneuses
et dures, les plantes à forte odeur comme la citronnelle sont délaissées. On aboutit ainsi à la
modification de la composition de la flore surtout si le broutage n’est pas règlementé ; le
rythme et la saison de broutage et la charge animale supportée peuvent être tels que les
espèces broutées ne parviennent pas à fructifier. Il s’ensuit une diminution de leur proportion
au fil des années au profit des espèces moins appétées et à cycle court.

Les animaux participent aussi à la dissémination des espèces ± désirables en


véhiculant leurs semences dans leur robe ou dans leurs déjections. Dans ce dernier cas les
chances d’implantation des espèces considérées sont plus grandes, les sucs digestifs ayant
attaqués les téguments durs des graines, ce qui améliore leur faculté germinative.

5.2.2 Le régime des pluies

Les pluies uniformément réparties sur toute la durée de la saison des pluies favorisent une
végétation où les graminées sont en équilibre avec les légumineuses annuelles.

Des pluies précoces favorisent le développement des graminées et les pluies tardives
conduisent aux pâturages dominées par les légumineuses.

Une baisse de la pluviométrie provoque la disparition de nombreuses espèces par suite de la


réduction des réserves d’eau du sol, donc de la capacité de repousse des herbes.

5.2.3 Les feux de brousse

Les feux de brousse répétés avantagent les espèces à morphologie leur permettant de
résister contre les feux, comme les espèces stolonifères ou rhizomateuses. La suppression des
feux peut entrainer la disparition de ces espèces.

En résumé l’évolution d’un pâturage dépend du type d’exploitation et des facteurs


climatiques ; il importe de bien connaitre cette évolution afin de lutter efficacement contre la
dégradation du pâturage.
134
5.3 APPRÉCIATION DE L’ABONDANCE DES PLANTES DANS UN PÂTURAGE

Pour apprécier l’abondance des plantes dans un pâturage on procède comme suit :

1
 Pour les arbres : on dénombre toutes les espèces ligneuses sur une surface de ha . elles
4
sont classées en arbres de hauteur de :

- Plus de 12 m
- De 7 à moins de 12 m
- De 4 à moins de 7 m
- De 2 à moins de 4 m
- Moins de 2 m.
Et on calcule le pourcentage de chaque classe.

 Pour les plantes herbacées, on choisit au hasard des surfaces de 1 à 4 m2 en savane, 900 m2
en forêt et 2500 m2au sahel, et on y dénombre toutes les espèces présentes, la surface
couverte par chacune d’elles et on calcule le pourcentage correspondant. Si on ne peut pas
compter la totalité des plantes présentes sur la surface délimitée, on peut estimer la densité
de chaque espèce en ne comptant que le nombre d’espèces le long des décamètres tendus
soit horizontalement et à tous les mètres, soit diagonalement ; la lecture est effectuée en
général tous les 10 cm.

Pour estimer l’évolution du pâturage dans le temps on compare les observations


enregistrées à des moments différents, la plus ancienne observation étant prise comme
référence (témoin).

5.4 LA PRODUCTIVITÉ D’UN PÂTURAGE

La productivité d’un pâturage est son rendement potentiel en matière sèche pour les
herbes susceptibles d’être consommées par le bétail. La productivité primaire est la quantité
de matière organique fabriquée par an et par unité de surface par une végétation.

Cette productivité varie selon la composition floristique, l’âge, le sol, le climat et le


rythme d’exploitation, etc.

On peut estimer la production en M S d’un pâturage à partir de celles d’une vingtaine de


parcelles de 1 m2 de surface homogènes et représentatifs du couvert herbacé de ce pâturage.

On peut effectuer des coupes pour estimer la production à des âges précis de la plante ; il
faut alors déterminer les intervalles de coupe. La production des repousses successives tout au
long de la période active des plantes rapportée en production journalière pour la période
considérée est appelée la « production primaire nette aérienne du couvert herbacé » ; elle est
exprimée en gramme de MS par m2.

La productivité potentielle d’un pâturage est l’estimation de la biomasse herbacée produite


tout au long de la période active. Cette estimation est obtenue à partir des petites parcelles
laissées en défens et fauchées seulement à la fin de la période active.

135
Exemple d’estimation de la productivité des pâturages à Hyparrhenia diplandra à Wakwa

Temps de MS/ha/an UF/kg de MAD (en MAD/ha


UF/ha
coupe (en jour) (en kg) MS g/kg de MS) (en kg)
20 2770 0,60 55 1660 152
30 3100 0,59 43 1830 133
40 3140 0,59 37 1850 116
60 3125 0,57 30 1780 94
80 3515 0,51 27 1790 95
Témoin 4020 0,40 1 1600 4

Ce tableau montre que : le rendement en MS augmente avec l’âge de la plante, passant


ici de 2770 kg/ha/an à 20 jours à 3515 kg/ha/an à 80 jours ; la teneur en MAD et la valeur
fourragère par kg de MS baissent avec l’âge de la plante.

Le fourrage récolté précocement a une teneur remarquable en MAD, mais aussi en


eau. Quand un fourrage dose moins de 4% de protéines il est considéré comme n’apportant
aucune protéine à l’animal qui le consomme, car cette teneur est juste suffisante pour couvrir
les besoins des microorganismes du tube digestif.

La baisse de la teneur des plantes fourragères en MAD et en énergie a conduit les


agrostologues à définir la date optimale pour la récolte des fourrages ; cette date se situe
généralement autour de la période de floraison, car après cette date une partie des protéines de
la plante est transférée vers les graines alors que l’autre partie s’unit à la lignine et devient
donc indisponible aux animaux.

5.5 ESTIMER LA VALEUR NUTRITIVE D’UN PÂTURAGE

La valeur nutritive d’un fourrage est déterminée par l’appétibilité, la valeur énergétique, la
valeur azotée et minérale des espèces fourragères présentes.

5.5.1 Estimer l’appétibilité des plantes

L’appétibilité des plantes est appréciée en observant les animaux au pâturage. La


notion d’appétibilité est relative, car elle dépend de l’individu, de la saison, des herbes en
présence.

À mesure que les plantes préférées se raréfient les animaux consommeront les espèces
de moindre appétence, et même certaines plantes délaissées dans les pâturages gras sont
recherchées dans les pâturages pauvres.

Si on ne peut observer directement les animaux en train de paitre, on peut se


renseigner utilement auprès des éleveurs sur l’appétibilité des plantes ; il sera toujours
souhaitable de bien préciser la période de consommation et le type de pâturage sur lesquels les
observations ont été faites.

On peut aussi apprécier l’appétibilité des plantes à partir des critères suivants :

136
 La teneur en sucre : les plantes sucrées sont plus appréciées que les plantes amères.
 L’odeur : les plantes à forte odeur sont délaissées quand elles sont vertes et consommées à
l’état sec quand l’odeur a disparu.
 La teneur en eau : les plantes riches en eau sont plus recherchées que les plantes à tige
sèche.
 La teneur en matière azotée : les plantes riches en matière azotée sont plus recherchées
que les plantes qui en sont pauvres. Les jeunes pousses riches en MAT sont plus
recherchées que les plantes adultes. Les plantes vertes sont appréciées que les fourrages
secs.
 La morphologie du limbe : les plantes à marges coupantes et les feuilles à fortes nervures
sont rejetées ; les graminées à chaumes moelleux sont plus recherchées à l’état de paille
que les graminées à chaumes fins et creux.
 La flexibilité des plantes : les plantes à tiges et feuilles flexibles sont plus recherchées que
les plantes rigides.
 Enfin, après une longue période d’adaptation les animaux délaissent les plantes toxiques,
toutefois ils peuvent les consommer lors des disettes.

5.5.2 Estimer la valeur énergétique des plantes consommées

Les plantes fourragères comme les autres aliments du bétail sont composées d’eau et
de matière sèche (MS) ; la MS à son tour est formée de la matière organique (MO) et des
matières minérales(MM) ou cendres ; la MO comprend les glucides, lipides, protéines et
cellulose, et parfois de la lignine.

Eau Cendres

Aliment MS MO Glucides (ENA)

Lipides (MG ou EE)

Protéines (MA)

Cellulose brute

La valeur énergétique d’un fourrage est la résultante de celles des espèces végétales
qui le composent. Elle est proportionnelle à la teneur du fourrage en Matière Organique
Digestible (MOD). Elle peut être calculée à partir de :

1 -La digestibilité de la MO de l’aliment : on peut alors utiliser la formule de


Breirem (Demarquilly et Weiss) suivante :

2,36 MOD −1,20 MOND


V . E (en UF par Kg de MS )=
1650

MOD est exprimée en g/kg de MS et est égale à la MO du fourrage – la MO des fèces,


MOND est la MO des fèces ; 1650 est le nombre de Calories nettes d’engraissement
(NFK) contenues dans 1 UF. MOD et MOND sont déterminées à partir des études de
digestibilité en cages métaboliques.
137
Exemple : une vache a consommé 25 kg d’un fourrage à 60% d’eau et a émis 20 kg de
bouses à 80% d’eau. La teneur en cendres est 50 g / kg de MS de fourrage et 15 g / kg de MS
de bouses.

Quelle est la valeur énergétique de ce fourrage ?

2 - Des formules de l’INRA suivantes :


'
ENL (en kcal par kg d aliment )
V . E (en UFL par Kg d ' aliment)= pour la production laitière.
1730
'
ENV (en kcal par kg d aliment)
V . E (en UFV par Kg d ' aliment )= pour la production
1855
de la viande.

1730 est la quantité d’Énergie Nette de Lactation (ENL) d’un kg d’orge de référence
pour la production du lait (en Kcal).
1855 est la quantité d’Énergie Nette pour l’Entretien et la production de la Viande
(ENEV) d’un kg d’orge de référence (en Kcal).

3 - Taux de cellulose et de la MAT de l’aliment

Des équations de régression mises au point par des chercheurs permettent de calculer
la digestibilité, les UFL, les UFV et les MAD à partir des taux de cellulose et des MAT du
fourrage considéré.

4 - Taux de cellulose et de cendres

Des tables dites ‘‘hollandaises’’ donnent les valeurs énergétiques en UF par 100 kg de
MS des graminées et des légumineuses en fonction de leur teneur en cellulose et matière
minérale. Une fois les teneurs en cellulose et en cendres d’un fourrage connues, il suffit de
repérer sur ces tables un fourrage identique et de lire la valeur énergétique correspondante.

Exercice d’application :

Quelle est la valeur fourragère d’un Tripsacum laxum ayant les caractéristiques
suivantes en P100 de MS

Âges MS MAT CB MG ENA MM


3 semaines 15,6 19,9 27,2 2,6 37,8 12,5
7 semaines 19,0 9,4 35,1 1,8 45,5 8,2
10 semaines 28,2 8,1 35,7 2,1 44,5 9,6

5.5.3 Estimer la valeur azotée d’un fourrage

La valeur azotée d’un fourrage est caractérisée par sa teneur en MAD exprimée en g/kg de
MS. Elle peut être obtenue à partir :

138
5.5.3.1 Des essais en cages de digestibilité, et on a alors :

MAD = MAT ingérée –MAT des fèces

= MAT*CUD des MAT

quantité des MAT ingérées−quantité des MAT des fèces


CUD des MAT ( en % )= x 100
quantité des MAT ingérées

5.5.3.2 De la formule de Demarquilly et Jarrige

MAD = MAT – 4,5 pour les fourrages verts

MAD = MAT – 5,0 pour les fourrages conservés, les foins et ensilages.

MAT et MAD sont exprimées en P100 de matière sèche

Ces formules doivent être adaptées dans le contexte camerounais.

5.6 NOTION D’UNITÉ BOVIN TROPICAL (UBT)

Après avoir calculé la valeur fourragère des herbes consommées il faut la confronter
avec les besoins du bétail afin de juger de l’aptitude de ces herbes à couvrir les besoins des
animaux considérés. En zone tropicale les besoins de référence sont ceux d’un bovin pesant
250 kg de poids vif et n’assumant aucune production, et parcourant 8 km par jour. C’est ce
qu’on appelle une Unité Bovin Tropical (UBT). Cet animal consomme 6 ,25 kg de MS par
jour, soit 2,5 kg de MS /100 kg de poids vif ; ses besoins sont de 2,3 UF et 150 g de MAD par
jour.

Un mouton consomme en moyenne 2,5 kg de MS/jour/100 kg de PV, et une chèvre jusqu’à 5


kg de MS/jour/100 kg de PV.

Le tableau ci-dessous donne la production de l’UBT selon la valeur du kg de MS.

Apports du kg de MS MAD
Productions de l’UBT UF MAD
UF
Entretien / jour 0,45 25 55
Gain de poids par jour
100 g 0,50 29 60
300 g 0,60 37 60
500 g 0,70 45 65
700 g 0,80 52 65
Production laitière / jour
1 litre 0,50 34 70
3 litres 0,60 53 90
4 litres 0,70 63 90
6 litres 0,80 82 100
Ce tableau montre que si un fourrage dose par exemple 0,6 UF et 53 g de MAD par kg de MS
il permet à l’UBT de fabriquer 300 g de viande ou 3 litres de lait par jour

D’après leurs teneurs en énergie et en MAD les fourrages sont classés en 4 catégories :

139
a. Le fourrage médiocre : il dose moins de 0,45 UF et moins de 25 g de MAD par kg de
MS. Il ne peut donc pas assurer l’entretien journalier de l’UBT.
b. Le fourrage moyen dose 0,45 à 0,50 UF et 25 à 34 g de MAD par kg de MS, ce qui
permet de couvrir les besoins d’entretien et d’assurer une production de 1 litre de lait
ou une croissance de 100 g par jour de l’UBT.
c. Le fourrage de bonne qualité contient 0,5 à 0,6 UF et 34 à 53 g de MAD par kg de
MS, ce qui permet une production de 100 à 300 g de viande ou 1 à 3 litres de lait par
jour.
d. Le fourrage excellent dose plus de 0,6 UF et plus de 53 g de MAD par kg de MS ; il
assure une production de plus de 3 litres de lait ou plus de 300 g de gain de poids par
jour.

5.7 Élaborer le modèle d’exploitation rationnelle d’un pâturage.

La connaissance de la valeur fourragère d’un pâturage nous permet d’estimer le


nombre d’animaux que ce pâturage peut entretenir.

5.7.1 Notion de la capacité de charge

La capacité de charge d’un pâturage est la quantité d’animaux que ce pâturage peut
supporter sans se dégrader, les animaux restant en bon état d’entretien et réalisant même une
production. Elle dépend de la valeur du fourrage produit et distribué aux animaux.

Dans la pratique la capacité de charge est estimée à partir de la valeur énergétique et


de la MS d’un fourrage à une période donnée. Elle est exprimée en kg de PV ou en UBT par
hectare. Mais le mode d’expression de la capacité de charge qui fait le plus l’unanimité est le
nombre de jours de pâture d’une UBT.

La capacité de charge d’un pâturage est donnée par la relation suivante :

nombre de jours de pâture


Charge (en UBT ou en kg par ha)=
période considérée

En pâture libre on estime que seul le tiers de la production totale de la matière sèche
est consommé par le bétail, les 2/3 restants étant soit piétinés (ou refusés), soit nécessaire à la
couverture herbacée pour la protection du sol.

Exercice d’application :

Soit un pâturage de Tripsacum laxum en climat équatorial. La production potentielle


de ce pâturage est de 4 tonnes de MS par hectare tous les 60 jours pendant la période active.
La valeur de cette plante est de 0,56 UF et 34 g de MAD par kg de MS.

Quelle est la charge (en UBT) de ce pâturage pendant la période active, et pendant
l’année ?

5.7.2 Exploitation rationnelle d’un pâturage

140
Pour exploiter rationnellement un pâturage il faut en définir : la période active, la capacité
de charge, le type et le rythme de broutement et la tendance évolutive.

a. La période active d’un pâturage correspond en général à la saison des pluies, la


saison sèche étant la période de repos de la végétation.
b. La capacité de charge doit être définie et pour une période précise : charge annuelle,
charge pendant la période active, etc.
c. Le type et le rythme de broutement.

On distingue 3 types de broutement : le zéro broutement, le broutement continu et le


broutement tournant.

- Le zéro broutement

Les animaux sont maintenus dans leur bâtiment d’élevage, et tous les aliments leur sont
fournis à l’auge. Les fourrages sont récoltés à des intervalles de temps définis compte tenu de
leur valeur fourragère ; le temps optimal de coupe de la plupart des espèces fourragères est à
la floraison.

- Le broutement continu

Les animaux sont maintenus sur une même parcelle tout au long de l’année. On peut alors
noter la disparition des espèces les plus appetantes, la recrudescence des maladies parasitaires
et la dégradation du pâturage.

- Le broutement tournant.

Le pâturage est divisé en parcelles, et les animaux broutent ces parcelles les unes après les
autres dans un ordre bien précis. La durée du séjour des animaux dans une parcelle est
fonction de la saison et du temps de croissance de la plante.

Le nombre (N) de parcelles nécessaires dans un tel broutement est donné par la relation
T +t
suivante : N= ou T est le temps de croissance des plantes, t est le temps de pâture
t
dans une parcelle.

Exercice d’application :

Soit un pâturage d’Hyparrhenia diplandra à Wakwa ; la production de ce pâturage est


estimée à 3 t de MS environ, avec un temps de croissance de 40 jours.

Quelle est la capacité de charge de ce pâturage en saison des pluies et combien de


parcelles faut-il prévoir pour un broutement tournant ?

d. La tendance évolutive

141
En pâture libre le bétail affiche ses préférences pour certaines espèces végétales
présentes. Il en résulte un déséquilibre entre les constituants du pâturage : la strate herbacée
tend à être remplacée par la strate ligneuse, les graminées sont progressivement remplacées
par les légumineuses, et les espèces vivaces se substituent aux espèces annuelles.

L’exploitation rationnelle doit viser à réduire ces déséquilibres et surtout à favoriser les
espèces les plus intéressantes au point de vue valeur nutritive. On peut à cet effet :

 Mettre au point un plan de fumure adapté.


 Introduire des espèces fourragères de haute valeur.
 Utiliser judicieusement le feu pour nettoyer le pâturage et favoriser le développement
des espèces pyrophiles.
 Débrousser sélectivement pour limiter la concurrence entre les ligneuses et les herbes
fourragères.
 Labourer le sol ± en profondeur pour favoriser l’enracinement des plantes, donc
augmenter le couvert végétal, et diminuer le damage du sol du au piétinement par les
animaux ; ce qui serait une méthode de lutte contre l’érosion fluviale.
 Mettre en défens certaines parcelles pour permettre la régénération et la multiplication
des espèces menacées de disparition.

Toutes ces actions peuvent être conduites simultanément sur un même pâturage.

5.8 MÉTHODES DE CONSERVATION DES FOURRAGES

Conserver le fourrage de façon à en préserver la valeur nutritive et en limiter les pertes

Pourquoi faut-il récolter et conserver les fourrages ?

 Alimentation des animaux en période de pénurie (saison sèche)


 Conserver la valeur nutritive des fourrages
 Limiter les pertes.

5.8.1 Méthodes de conservation des fourrages

Les fourrages peuvent être conservés par ensilage ou par séchage.

5.8.1.1 L’ensilage

Un ensilage est un fourrage vert à l’état humide conservé dans des conditions d’anaérobie en
sorte que sa valeur nutritive soit très proche de celle du fourrage fraîchement récolté.

 Principe de l’ensilage

Le principe de l’ensilage est de conserver le fourrage à l’abri de l’air pour le


consommer en saison sèche ; il faut donc arrêter l’activité enzymatique (oxydation) de la
plante et encourager la fermentation lactique microbienne, en chassant l’air et en drainant les
exsudats du silo.

142
Pour cela le fourrage est entassé dans un silo par couches successives en le pressant le
plus possible. Le tassement chasse l’air du silo et empêche l’arrivée de l’air extérieur. Le
fourrage tassé est le siège de nombreux échanges se traduisant par une élévation de la
température de la masse et une perte en éléments nutritifs. L’intensité de ces échanges est
fonction du volume d’air contenu dans le silo, et moins il y en a, plus l’ensilage sera bon. À
mesure que le volume d’air de l’ensilage diminue, s’intensifie l’activité des bactéries
anaérobies ; cette activité se traduit par une élévation de la température due à la fermentation
et la production des acides organiques, surtout de l’acide lactique. Si la température continue
de s’élever le fourrage se fermente et pourrit. Mais la production de l’acide est telle qu’elle
arrête complètement l’activité de ces microorganismes, le PH est alors < 4. La température
continue de baisser et la masse se stabilise à un état déterminé, et peut se conservée pour
longtemps (15 ans).

 Méthodes d’ensilage

Il y a 2 principales méthodes d’ensilage : l’ensilage à froid et l’ensilage à chaud.

L’ensilage à froid : l’acidification de l’ensilage est accélérée par adjonction d’acides


(acide chlorhydrique (HCl) et acide sulfurique (SO4H2)) dilués. Les fermentations secondaires
sont ainsi arrêtées. Cette méthode peut être utilisée pour toutes les plantes.

L’ensilage à froid (en milieu acide) consiste donc à créer un milieu fortement acide (PH < 4)
dans lequel seule la bactérie lactique peut vivre. Plusieurs conservateurs d’ensilage peuvent
être utilisés :

Un mélange acide fait de 7 litres de HCl et 1 litre de SO4H2, et 10 litres de mélange


pour 60 litres d’eau par tonne de d’herbe, soit 4 l /100 kg de graminées et 5 à 6 l / 100kg de
légumineuses.

L’acide formique à 90% en poids à raison de 3,5 l/100 kg de graminées et 4 l / 100 kg


de légumineuses.

L’ensilage à chaud : l’acidification de la masse ensilée est naturelle, la production de


l’acide lactique est assurée par l’auto-fermentation à l’abri de l’air des plantes ensilées. Les
plantes ensilées doivent être relativement pauvres en protéines pour ne pas pourrir, sinon le
silo doit être rempli dans un délai maximum de 36 heures, la masse fortement tassée et le silo
hermétiquement fermé. Cette méthode aboutit à une perte considérable de matières nutritives
et une baisse de la digestibilité.

 Réalisation de l’ensilage

On réalise d’abord le silo, qui peut être le silo-fosse ou le silo cuve.

Le silo-fosse est moins cher à réaliser, mais délicat à remplir, le tassement des coins
n’étant pas aisé. On creuse une tranchée de section trapézoïdale et de dimensions générales de
2,40 m de profondeur, 2,40m de largeur et de 3,60 m de largeur au sommet ; si le sol est léger
ou sablonneux il faudra étayer les parois avec un mur de soutènement en pierre ou en béton ;

143
le fond sera muni de drain pour évacuer des liquides venant de l’ensilage. La longueur du silo
dépend de la quantité du fourrage à ensiler. 1 m3 d’ensilage pèse environ 450 kg. Le tableau
ci-dessous donne la capacité des silos-fosses par mètre de longueur pour le maïs.

Profondeur Largeur (en m)


Tonne d’ensilage
(en m) À la surface Au fond
1,80 1,80 1,20 1,280
1,80 2,70 1,80 2,700
1,80 3,00 2,40 3,500
2,10 3,30 2,10 3,750
2,40 3,00 1,80 3,000
2,40 3,60 2,40 4,800
2,40 4,20 3,00 5,700

La terre sortie de la fosse est déposée soit sur le plus haut côté pour former la digue
contre les eaux de ruissellement, soit pour former les murs de chaque côté, ce qui limite la
profondeur creusée, la hauteur des déblais s’ajoutant à la profondeur de la tranchée pour faire
la hauteur totale. On obtient ainsi un silo mi – aérien, mi – souterrain très conseillé dans les
zones où la nappe phréatique est superficielle. Le fond de la fosse doit être au moins à 30 cm
du plan d’eau.

Les deux extrémités de la fosse doivent avoir une pente douce pour faciliter l’accès
aux voitures et tracteurs. Les parois du silo doivent être aussi lisses que possible ; on peut les
lisser à la pelle, soit construire des murs en pierre sèche ou en béton de 10 cm d’épaisseur.

Le remplissage du silo-fosse se fait par couches de 80 à 100 cm d’épaisseur en


bombant au centre les couches successives. Le damage des couches se fait soit par le tracteur
quand le volume est important, ou par l’homme ou par le bétail pour des petits silos. En
ensilage à froid chaque couche est arrosée avec le conservateur retenu, et la dernière couche
du jour ou la couche finale est doublement arrosée. Le chargement est continu jusqu’à 1,50 m
au-dessus du sol. On recouvre alors le tout d’un papier de polyéthylène, puis d’une couche de
terre de 50 à 80 cm et on tasse fortement ; on prend soin de boucher les crevasses qui se
formeraient. Il faut rendre la masse ensilée imperméable aux pluies. On peut alors construire
une toiture.

Si on ne dispose pas de papier plastique on peut recouvrir la masse ensilée de balle de


paddy ou de paille hachée et imprégnée d’eau qu’on foule énergiquement pendant quelques
jours avant de recouvrir de terre ; on peut aussi utiliser la paille couverte de terre et par-dessus
mettre la sciure de bois et recouvrir le tout de plastique.

Le silo-fosse en surface

Le silo est maçonné à la surface du sol et peut être déplacé vers la zone de production
du fourrage.

Le silo-cuve

144
C’est une cavité cylindrique maçonné et enterrée à environ 2 m dans le sol ; cette cuve
est remplie comme dans le cas des silos-fosses enterrés. Quand la cuve est pleine on la
surmonte d’une hausse mobile en bois démontable de 1,5 à 1,75 m de hauteur et on la remplie
comme la cuve, puis on recouvre la masse d’une couche de terre argileuse de 40 cm
d’épaisseur. Au bout de 8 jours le fourrage s’est tassé et entièrement descendu dans la cuve ;
on peut alors ôter la hausse pour un autre silo. La cuve peut être en maçonnerie de brique ou
en béton armé ; les parois de la cuve et de la hausse doivent être enduites d’une couche de
goudron pour éviter qu’elles ne soient attaquées par les acides.

La hausse est maintenue sur la cuve au moyen des fers plats de 5 cm de large, 25 cm
de long et enfoncés dans le béton jusqu’à 20 cm de profondeur tous les 60 cm.

Le diamètre de la cuve varie de 1,5 à 5 m, et sa profondeur de 1,70 à 3 m ; la hausse à


une hauteur de 1,5 à 2 m ; la capacité varie alors de 3 à 38 m3 pour un tonnage ensilé de 2300
à 29000 kg.

Tout silo doit être rempli au maximum en 2 jours. Lors du remplissage, la température
de la masse doit être autour de 33°C ; si la température est plus forte il faut accélérer le
remplissage et le tassement ; si la température est < 27°C c’est que le tassement est trop fort et
la teneur en MS insuffisante : il y a alors risque de putréfaction de la masse ensilée.

 Les plantes à ensiler

Elles auront une teneur en MS > 25% ; pour des teneurs en MS inférieures à 25% il
faudra laisser le fourrage se faner pour faciliter le tassement.

Toutes les plantes peuvent être ensilées ; mais comme les légumineuses sont
relativement pauvres en glucides, en ensilage à chaud elles risquent plutôt de se décomposer
et donner un mauvais produit. Leur ensilage sera donc du type acide.

Le maïs est la meilleure graminée à ensiler. Il est semé en lignes, à écartement de 75 à


90 cm entre les lignes et 20 cm entre les poquets, soit 30 kg de semence par ha. Il est récolté
quand les grains sont au stade pâteux avancé, et non au stade laiteux. La plante est hachée au
hache-paille en morceaux de 2 à 3 cm de longueur pour le tassement soit bon.

Pour les autres graminées l’essentiel est que leur teneur en eau soit inférieure à 75%

Le soja est la meilleure légumineuse à ensiler. Il est semé aux écartements de 70 cm


entre les lignes et 8 cm entre les plants. On l’ensile quand les gousses sont bien pleines, les
feuilles restant encore vertes.

 Consommation de l’ensilage

Le silo est attaqué à une extrémité du silo-fosse ; généralement le bétail se sert lui-
même ; mais si le bétail est nourri à l’auge, il faudra prélever au moins 6 cm d’ensilage
chaque jour sur tout le front d’attaque ; autrement c’est une nouvelle couche qui doit être
exposée à l’air chaque jour, pour éviter l’altération de la couche exposée. On peut se servir
d’une scie à moteur ou d’un tranchoir.

145
Le tableau ci-dessous donne la consommation moyenne en ensilage chez quelques animaux

Espèces Consommations (en kg)


Bovins de 500 kg 25 kg
Ovins et caprins 1 à 3 kg
Équidés 5 kg
Volailles 20 à 40 g

5.8.1.2 Autres types d’ensilage

L’ensilage salé : on utilise le sel de mer pour conserver le fourrage ; on y distingue le


salage direct et le salage après dessiccation.

Le salage direct : l’herbe est coupée et laissée au champ pendant 24 h sans


retournement. Elle est ensuite rentrée dans la grange. On étale une première couche de sel sur
le sol du local, le fourrage est salé chaque fois que la couche atteint 30 cm d’épaisseur, à
raison d’une poignée de sel par m2 ou 20 kg de sel par tonne de fourrage. Le fourrage ne doit
pas être tassé ; le sel se dissout dans l’humidité du fourrage et la masse prend une couleur
brune et une bonne odeur.

Le salage après dessiccation : les herbes fauchées sont mises à sécher pendant une
journée au soleil. Puis on la met sur des trépieds en la salant toutes les fois que la couche
atteint 30 cm d’épaisseur ; le fond du trépied est à environ 40 cm du sol. Par tonne de fourrage
on épand :

- 5 kg de sel si l’herbe est bien sèche


- 10 kg de sel si elle est à demi-sec
- 20 kg de sel si elle est encore molle

5.8.1.3 Le foin

Le foin est du fourrage coupé, séché et stocké pour l’alimentation du bétail en saison
sèche. Le séchage peut être naturel au soleil, ou artificiel. Dans ce dernier cas l’herbe est
hachée avec une faucheuse-hacheuse ou un hachoir mécanique avant d’être introduite dans le
séchoir. Les herbes séchées sont généralement liées en bottes ou meules de poids connu ; ce
qui facilite le transport et le rationnement des animaux. La mise en meules peut se faire
manuellement ou à l’aide d’une lieuse ; il y a des faucheuses-lieuses.

5.9 CONDUIRE UNE CULTURE FOURRAGÈRE

La conduite rationnelle de la culture intensive du fourrage exige :

 La définition précise des besoins particuliers des animaux


 Les connaissances agronomiques augmentant les rendements
 La connaissance des espèces fourragères à cultiver.

5.9.1 La couverture des besoins des animaux en fourrage

146
L’objectif de la culture intensive du fourrage est de supprimer les goulots
d’étranglement survenant dans l’alimentation des animaux ; c’est-à-dire de pallier aux
insuffisances quantitatives et qualitatives du fourrage en saison sèche, de façon à assurer une
croissance et une production laitière excellentes en saison sèche.

Le fourrage produit doit être riche en énergie et en matière azotée, et doit être obtenu
avec de forts rendements.

Les graminées sont surtout riches en énergie, cependant les pousses de moins de 40
jours assurent une croissance et une production laitière satisfaisante. Les légumineuses même
sèches constituent un bon aliment. Les feuilles des arbres fourragers sont aussi de bons
fourrages qu’on peut conserver pour la saison sèche.

En zone sahélienne les graminées et les légumineuses fourragères peuvent être


cultivées autour des points d’eau, et les arbustes fourragers dans les autres sites.

En zone soudanienne la culture des fourrages doit tenir compte de l’occupation des
sols par les cultures, la nécessité de préserver la fertilité des sols, l’assolement et le calendrier
des agriculteurs. Plusieurs espèces fourragères peuvent y être cultivées et les ensilages sont
envisageables.

En zone guinéenne, dans les zones péri-forestières une large gamme de plantes
fourragères peut être cultivée. Elles peuvent occuper une place dans la rotation des cultures

5.9.2 Bases agronomiques pour une culture intensive de fourrage

a. Choix de l’espèce

La meilleure espèce à cultiver est celle qui est bien adaptée à la localité ou à des milieux
semblables, toutefois il existe des espèces à large extension géographique : on peut citer
l’Andropogon gayanus, le Panicum maximum, le Pennisetum purpureum et le Melinis
minutiflora parmi les graminées, et les acacias, le Pueraria phaseloides et le Stylosanthes
guanensis parmi les légumineuses.

b. Choix d’un rythme d’exploitation

L’herbe doit être coupée ou pâturée quand elle a atteint le niveau de développement lui
permettant une repousse suffisante. Le Panicum maximum et le Pennisetum purpureum
doivent être coupés au ras du sol ; le Melinis minutiflora et le Stylosanthes guanensis seront
coupés à 10 – 20 cm du sol. En général la coupe est faite au 3/10 de la hauteur du couvert.

L’intervalle de coupe doit tenir compte la physiologie de la plante, mais aussi des teneurs
de celle-ci en MS, MAT et énergie.

c. Fertilisation de la culture fourragère

La productivité et la valeur nutritive du fourrage dépend de la fertilité du sol. Certaines


espèces fourragères sont plus productives que d’autres, mais une fumure judicieuse pourra
permettre des rendements élevés.
147
Des essais de fumure en plein champ indiquent des formules d’engrais chimiques à
utiliser. La formule 10 – 3 – 10 à raison d’une tonne par hectare a donné un rendement de 10 t
de MS / ha sur le Digitaria sur sol argileux et 15 t / ha sur sol volcanique.

L’apport d’azote peut être réalisé par l’association d’une légumineuse à la graminée,
pourvu que la légumineuse trouve en place un rhizobium peu spécialisé qui s’adaptera à cette
plante.

d. Irrigation de la culture fourragère

Une bonne irrigation doit couvrir le déficit hydrique pour assurer une bonne valorisation
de la fertilisation. L’eau pourra être apportée par submersion en terrain plat ou par aspersion
en terrain accidenté. Certaines argiles laissent infiltrer difficilement l’eau, leur irrigation est
très délicate. Le sable grossier retient difficilement l’eau.

Les quantités d’eau à apporter par jour dépendent de la plante et du stade végétatif.

e. La mise en place des plantes fourragères

Le sol doit être bien labouré en profondeur et émietté en surface. Les graminées sont
semées dès les premières pluies, alors que les légumineuses qui résistent mieux aux attaques
des insectes et champignons peuvent être mises en place plus tardivement.

La plupart des graminées sont multipliées par voie végétative : éclats de souche
constitué par une ou deux thalles coupées à ≅ 30 cm du collet, boutures de tige, stolons à
coucher sur le sol et à enterrer sur place, chaumes en tronçons de 3 à 4 nœuds à planter dans le
sol à écartement de 1 m en tous sens avec une inclinaison de 30°, un seul nœud sortant du sol.
Ces matériels seront avantageusement traités contre les insectes et les champignons.

Les grains seront semés sur des lits de semence fait de sol finement émietté et tassé au
rouleau. La profondeur de semis est en général de 6 fois égale à la plus grande longueur de la
graine.

Les petites graines de graminées sont semées à la dose de 1 à 3 kg de semences à


l’hectare, à écartement entre ligne de 30 à 50 cm.

Les graines de légumineuses fourragères sont semées avec le même écartement, mais il faut
prévoir 5 kg de semence par hectare.

5.10 Les résultats de la Recherche agrostologique au Cameroun

Des essais en champ ont permis de retenir provisoirement les charges suivantes :

- 2,1 à 8 ha / UBT dans la zone sahélo-soudanienne (Extrême-nord) où dominent les


acacias, les cypéracées

148
- 0,02 à 0,7 UBT / ha dans la zone soudano-sahélienne (bassin de la Bénoué, du Faro,
etc.) où abondent l’Andropogon gayanus, le Cymbopogon giganteus et l’Hyparrhenia
rufa.
- 0,6 à 1,5 UBT / ha dans les pâturages guinéens (Adamaoua) en saison des pluies et la
moitié de cette charge en saison sèche.
- En moyenne 0,5 UBT / ha dans les prairies de montagnes (Ouest, Nord-ouest),
domaines des Pennisetum, Sporobolus, Andropogon, Loutedia, etc.

D’une façon générale les pâturages camerounais peuvent supporter correctement 0,5
UBT / ha. Mais des contraintes majeures subsistent encore, savoir :

 Le surpâturage dans les secteurs à forte concentration animale : Ngaoundéré, Banyo,


etc.
 Le tarissement des points d’eau et le manque de verdure en saison sèche, surtout dans
les régions du Nord et de l’Extrême –nord.
 La diminution des surfaces pâturables par suite de l’extension des villes et des surfaces
agricoles.
 L’infestation des pâturages par les glossines dans l’Adamaoua et les régions
méridionales.
 L’envahissement des pâturages par les espèces non fourragères comme le
Chromolaena odorata, le Mimosa Pudica.
 L’utilisation abusive des feux de brousse.

Pour contourner ces difficultés, les éleveurs ont depuis longtemps pratiqué le nomadisme
et la transhumance ; les services spécialisés du Ministère de l’Élevage, des Pêches et
Industries Animales (MINEPIA) préconisent :

 La gestion rationnelle des pâturages existants par la définition précise des capacités de
charge de chaque pâturage et la pratique du broutement tournant.
 La délimitation précise des terres agricoles et des pâturages de façon matérielle pour
éviter les conflits agropastoraux.
 L’utilisation judicieuse des feux de brousse sur l’ensemble du territoire. Les
agriculteurs sont en train d’être formés en ce sens dans le cadre du Programme
National de Vulgarisation et de Recherche Agricoles (PNVRA).
 La culture et la conservation des fourrages. Elles sont presque inconnues par la
majorité des éleveurs, et un travail important reste à faire dans ce domaine. Mais la
recherche a déjà sélectionné une gamme variée de plantes fourragères adaptées aux
grandes zones agro-écologiques camerounaises. On peut citer : les Panicum, les
Brachiara, les Chloris, les Pennisetum, les Digitaria et le Tripsacum laxum parmi les
graminées, et comme légumineuses les Centrosema, Pueraria, Desmodium,
Stylosanthes, Calopogonium, Leucæna glauca, Cajanus cajan.

149
Séquence 6 : SANTÉ ANIMALE

6.1 Importance de l’observation en élevage

Pour préserver la santé des animaux l’éleveur doit bien observer son élevage afin de
pouvoir déceler à temps les signes de maladies et anticiper les traitements. Autrement dit
l’éleveur doit prendre régulièrement le pouls de son élevage pour remédier promptement aux
agressions des facteurs nocifs du milieu afin de garder ses animaux en bonne santé.

Les moments les plus indiqués pour une observation méthodique d’un troupeau sont :

 Le matin, à la distribution des aliments ou au départ pour les pâturages : tout animal
indifférent ou trainard à l’auge est un malade potentiel ou réel.
 Le soir, quand l’éleveur fait la dernière ronde de la journée : toute respiration bruyante
ou tout isolement individuel sont suspects, et les animaux concernés doivent être isolés
pour être examinés le lendemain.
 Pendant la traite : toute réticence doit alerter l’éleveur.

L’observation porte sur les animaux eux – mêmes et sur les conditions de maintien et
d’exploitation de ces animaux.

6.3.1 Observation des animaux.

Les animaux doivent être approchés avec tact pour éviter qu’ils ne modifient leur caractère ou
ne se défendent.

Pour apprécier la silhouette de l’animal l’éleveur se tient à distance et sans se faire voir
il apprécie les lignes, la conformation, le port de la tête, le port des ailes de l’animal. Pour une
observation plus précise l’éleveur doit signaler sa présence, par exemple par une légère tape
des mains ou un petit bruit pour ne pas apeurer l’animal. Il se place alors en face de l’animal
pour apprécier la région de devant, puis de côté pour les lignes de dos et du ventre, puis en
arrière pour la région postérieure. Il note l’état des orifices naturels (jetages, signes de
diarrhées, couleur du pelage, couleur des muqueuses visibles, etc.). D’autres indices de santé
doivent retenir son attention : la température corporelle, le rythme respiratoire et cardiaque, la
couleur et la consistance des déjections, la façon de prendre et de déglutir l’aliment, etc. À
titre indicatif le tableau ci – dessous donne les normes de température corporelle, de rythmes
cardiaque et respiratoire chez les principales espèces animales :

Normes de température corporelle, de rythmes cardiaque et respiratoire


Espèces Température Nombre de battements Nombre de mouvements
corporelle (en °C) du cœur respiratoire/mn
Bovin 37,5 – 39,5 50 – 80 10 – 30
Porc 38,0 – 40,5 60 – 80 15 – 20
Ovin – caprin 38,5 – 40,5 70 – 90 12 – 20
Cheval 37,5 – 38,5 24 – 44 8 – 16
Lapin 38,8 – 39,5 140 – 170 50 – 60

150
Poule 40,5 – 42,0 120 – 150 12 – 30
Chat 38,0 – 39,5 110 – 120 20 – 30
Chien 37,5 – 39,0 70 – 120 15 - 30

Observation des conditions générales de l’élevage

L’éleveur apprécie le confort général des animaux à partir des normes suivantes :

a. Normes de température :
- Bovin adulte : 15 – 20°C
- Porc : 14 – 20°C
- Ovin, caprin : 15 – 18°C
- Poussin : 34 – 28°C
- Poule adulte : 15 – 30°C
- Caneton : 24 – 22°C
- Canard : 14 – 18°C

b. Normes de densité :

Chez les bovins :


- Veau : 2 – 3 m2 par tête
- Bovins en stabulation libre : abri de 2 – 3 m2 et enclos de 6 m2par tête
- Bovins en stabulation entravée :
 Stalle courte 1,60 -1,65 x 2,20 m par tête
 Stalle longue 2,40 x 1,10 m par tête
Chez les porcins :
- Verrat adulte :6 – 7 m2
- Truie suitée : 5 – 6 m2
- Truie vide : 2 – 3 m2 par groupe de 20 truies
- Porcelet en pré-engraissement : 0,3 – 0,7 m2
- Porc à l’engrais : 0,7 m2

Chez les ovins et caprins :


- Brebis ou chèvre : 1,7 – 2 m2 par tête
- Bélier ou bouc :
 2 – 4 m2 pour les loges individuelles
 1,5 – 2 m2 pour les loges collectives
- Agneau ou chevreau de moins d’un an : 0,7 – 0,8 m2

Chez les poules


- Poules en élevage au sol
 Poussins :
30 – 40 sujets par m2 les 2 premières semaines de leur vie
15 sujets par m2 de la 3ème à la 5ème semaine
10 sujets par m2de la 7ème à la 10ème semaine
 Pondeuses :
Race lourde : 3 – 5 sujets par m2
Race moyenne : 5 – 6 sujets par m2
Race légère : 6 – 7 sujets par m2
151
- Poules en batterie :
1 – 15 jours : 75 sujets par m2
16 – 30 jours : 60 sujets par m2
31 – 60 jours : 30 sujets par m2
61 jours et plus : 15 sujets par m2

c. Normes de ventilation

La surface minimale des fenêtres d’un bâtiment d’élevage doit être égale au 1/20 de sa
surface au sol, et la vitesse de circulation de l’air dans le local est en moyenne de 0,4 m/s.

6.2 Notion de maladie

6.2.1 Définition de la maladie

La maladie est un état de mauvais fonctionnement d’un organisme animal se traduisant


par une baisse des performances, et parfois la mort d’un animal. Autrement dit une
maladie est une perturbation de la physiologie (fonctionnement) normale d’un organisme
animal.

6.2.2 Les causes de maladies

L’étiologie est la science médicale qui étudie les causes des maladies. Ces causes sont
reparties en groupes, savoir les causes déterminantes et les causes favorisantes.

6.2.2.1 Les causes déterminantes

Les causes déterminantes sont les agents pathogènes responsables directs des maladies.
On y distingue les virus, les microbes, les parasites.

a) Les virus

Les virus sont des micro-organismes constitués d’un seul d’acide nucléique. Ils sont des
parasites obligatoires des cellules vivantes, et au laboratoire on en peut les cultiver que sur des
milieux vivants comme les œufs embryonnés, les cellules vivantes. Ils traversent tous les
filtres en porcelaine, et c’est pour cela qu’on les appelle parfois les virus filtrants.

Ils causent de nombreuses maladies comme les pestes, le blue tongue, l’encéphalomyélite
infectieuse.

b) Les microbes

Les microbes sont des êtres unicellulaires visibles au microscope ordinaire à fort
grossissement. Ils comprennent les bactéries, les champignons et les protozoaires.

 Les bactéries : ce sont des micro-organismes sans noyau visible, mesurant quelques
micromètres. Ils se reproduisent soit par sporulation, soit par division cellulaire. On en
distingue plusieurs formes :
- Les arrondies ou cocci comme les staphylocoques, les streptocoques.

152
- Les droites ou bâtonnets ou bacilles comme les bacilles de tétanos ou de gangrène
- Les incurvées ou virgules comme le vibrion du choléra
- Les spiralés comme les spirilles et les spirochètes
- Les filamenteuses comme les actinomyces

Le pouvoir pathogène peut résulter de leur:

- Multiplication dans l’organisme animal, on parle alors de l’infection.


- Sécrétion de toxines dans l’organisme animal, on parle alors de l’intoxication ou
toxémie.
- Multiplication et leur sécrétion de toxines dans l’organisme animal, on parle alors
de la toxi-infection.
 Les champignons : ce sont des végétaux microscopiques incapables de transformer le gaz
carbonique de l’air en hydrate de carbone. Ils sont soit saprophytes, soit parasites. Les
champignons pathogènes causent des maladies appelées mycoses qui peuvent être
externes (teignes) ou internes (aspergilloses). Certains champignons sont utilisés pour les
fermentations dans les industries agroalimentaires (brasseries, fromageries)
 Les protozoaires : ce sont des êtres unicellulaires à noyau distinct et le plus souvent
munis d’une bouche. Parmi les pathogènes on cite les amibes et les coccidies qui vivent
dans le tube digestif des animaux, les piroplasmes, les babesies, les theiléries et les
trypanosomes qui vivent dans le sang.

c) Les parasites

Ce sont des êtres pluricellulaires qui, pendant ou toute partie de leur vie, subsiste aux
dépens d’un autre être vivant. Ils sont externes ou internes.

Parmi les parasites externes on cite les acariens qui provoquent des gales et les
piroplasmoses, les mouches vectrices des trypanosomes, etc.

Les principaux parasites internes sont des vers en général, ou helminthes comprenant :

 Les vers ronds ou nématodes (ascaris, strongles).


 Les vers plats et annelés ou plathelminthes (ténia)
 Les vers plats non annelés ou trématodes (douve).

6.2.2.2 Les causes favorisantes

Ce sont les causes qui favorisent l’apparition des maladies. Il s’agit des facteurs du milieu
autres que les agents pathogènes et les prédispositions propres de l’animal. Les principaux
facteurs on cite le climat, le sol, l’eau et les aliments.

a. Le climat

Il a une action directe et une action indirecte sur l’animal ; il intervient par ses principales
composantes que sont la température, l’humidité relative de l’air et l’ensoleillement. Ces
composantes agissent directement sur l’animal, et associées à la pluviosité, elles interviennent

153
indirectement sur l’animal, en déterminant les caractéristiques chimiques et l’abondance de la
végétation spontanée.

 Action directe du climat sur la santé du bétail

Les animaux d’élevage ont une température interne pratiquement constante que l’animal
essaie de maintenir dans les limites compatibles avec sa vie. La combustion des aliments au
cours du métabolisme fournit de la chaleur pour maintenir cette température interne normale.
Le surplus d’énergie est évacué à l’extérieur ; pour qu’il en soit ainsi il faut que la température
ambiante soit inférieure à la température corporelle de l’animal. Dans la zone tropicale
l’animal doit éliminer à la fois la chaleur du métabolisme et la chaleur reçue par rayonnement.

Le climat agit directement sur les systèmes nerveux et endocrinien qui règlent le
métabolisme de l’organisme animal en fonction des caractéristiques climatiques du milieu
ambiant. Ainsi par exemple quand la température ambiante est élevée l’animal diminue la
quantité d’aliment ingéré, augmente son rythme respiratoire et cardiaque pour éliminer le
surplus de chaleur ; quand la température par contre est inférieure à la normale, l’animal
augmente la quantité d’aliment consommé, limite ses déplacements, etc.

Les animaux vivant en altitude où l’oxygène est un peu plus rare ont un rythme
respiratoire plus rapide que celui de leurs contemporains des plaines.

Le climat détermine la répartition géographique des animaux :

Le climat chaud et sec est le domaine des zébus, chevaux, chèvres et moutons de
grande taille.

Les régions chaudes et relativement humides correspondent à l’aire de dispersion des taurins,
des chèvres et des moutons de taille moyenne.

L’aire de dispersion des taurins, chèvres et moutons de petite taille correspond au


climat chaud et humide.

Les zébus supportent facilement les hautes températures et les climats secs, mais ne
supportent pas les fortes humidités ; alors que les taurins supportent facilement les hautes
humidités et tolèrent mal les hautes températures.

C’est pourquoi il n’est pas bon de remplacer les animaux des races locales adaptées à
leur milieu par des animaux exotiques (des zones tempérées) ; on conseille de conserver la
rusticité des races locales en maintenant un certain degré de leur sang dans les croisements.

Par ailleurs, lors de la sélection des animaux, il convient de ne garder que ceux dont le
poil est brillant et n’a pas tendance à s’agglutiner, afin que les pertes de chaleur se fassent
aisément.

 Action indirecte du climat sur la santé du bétail

154
En agissant sur la qualité et la quantité du fourrage, le climat se répercute sur les animaux,
surtout là où l’élevage est du type extensif.

Les zones sahéliennes, soudano-sahéliennes et soudaniennes ne sont pas favorables à


l’élevage du fait du manque de fourrage et du tarissement des points d’eau en saison sèche.
Mais les rayons solaires et le tarissement des mares stérilisent le milieu et rompent le cycle de
développement des parasites.

En zone guinéenne le fourrage et les points d’eau sont disponibles toute l’année ; mais la
chaleur et l’humidité favorisent le développement des agents pathogènes et de leurs hôtes
intermédiaires.

Enfin certains remèdes vétérinaires et certaines plantes fourragères sont photo


sensibilisants ; si après en avoir consommé l’animal est exposé au soleil, il fera une dermatite
avec ou sans complication secondaire.

b. Le sol

La perméabilité et la capacité de rétention des sols déterminent les caractéristiques de la


végétation.

Le sol très perméable comme le sol sablonneux ne retient pas l’eau. La végétation et les
points d’eau y sont rares.

Le sol moyennement perméable laisse s’infiltrer l’eau, et cette eau persiste en profondeur.
Il s’ensuit une végétation abondante et des mares permanentes ; l’abreuvement des animaux y
est facile.

Si le sol est imperméable, l’eau stagne en surface ; il se forme des mares et de la boue. Les
animaux qui y sont élevés ont les pattes constamment mouillées, ce qui favorise l’apparition
des maladies comme le piétrin et les abcès. Il se crée par ailleurs des conditions favorables au
développement des agents pathogènes, des parasites et leurs hôtes intermédiaires et vecteurs.

La composition chimique du sol se répercute sur celle du fourrage qui y pousse et par
conséquent sur l’animal qui y est réduit. Si un sol manque de certains éléments, l’animal qui
consomme le fourrage qui y pousse ne les trouvera pas dans ce fourrage : chez cet animal on
va noter des carences plus ou moins graves. De même l’excès de certains minéraux dans le sol
peut être à l’origine de certaines intoxications : cas du fluor et du cuivre.

Les carences et les intoxications diminuent la résistance naturelle des animaux aux
infections.

c. L’eau

L’eau est indispensable à la vie. Les animaux supportent difficilement trois jours de
privation d’eau. Les besoins des animaux en eau sont importants.

Le manque d’eau entraine une perte de poids sévère (4 à 20 % de PV), de la surcharge du


rumen et de la constipation.
155
Si les animaux boivent trop d’eau, ou si leur alimentation en contient trop, leur ration ne
permet pas de couvrir leurs besoins, et ils maigrissent. De plus l’excès d’eau provoque des
diarrhées.

Les diarrhées et les constipations prolongées provoquent des lésions du tube digestif, et en
tout cas une mauvaise assimilation des aliments.

d. Les aliments

Les aliments jouent un rôle essentiel dans le maintien de la santé ; un animal bien nourri
résiste mieux aux infections et a plus de chance d’en survivre.

6.3 Les pratiques et les règles à mettre en œuvre pour éviter les affections chez les
animaux domestiques

Les actions hygiéniques à entreprendre :

6.3.1 Sur le plan alimentaire

6.3.1.1 En élevage transhumant

 Définition de la capacité de charge optimale


 Aménagement des nouveaux points d’eau
 Drainage éventuel des pâturages
 Conservation des fourrages sous forme de foin sur pied
 Lutte contre les feux de brousse
 Lutte contre les parasites et leurs vecteurs
 Introduction des nouvelles espèces fourragères dans les pâturages naturels
 Lutte contre les plantes non consommées par les animaux
 Enlèvement des plantes à épines pour préserver la peau des animaux

6.3.1.2 En élevage sédentaire

L’alimentation peut être améliorée par :

 Utilisation des sous-produits de l’agriculture


 La culture des plantes fourragères
 L’ensilage et le foin
 L’introduction des légumineuses dans les pâturages
 La suppression des feux
 La rotation des pâturages
 La coupe des espèces non-appétées

6.3.1.3 En élevage intensif (en claustration)

 Éviter les erreurs d’alimentation (surdosage, carences, dénaturation, intoxication, etc.)


 Distribuer des rations équilibrées : les qualités d’une bonne ration

156
 Stérilisation des aliments
 Augmenter l’appétence et la digestibilité des aliments

6.3.2 Au niveau de l’abreuvement

 Distribuer de l’eau potable, sans impuretés, pas trop calcareuse


 Lutter contre la pollution des points d’eau

6.3.3 Au niveau du logement

 Choisir un bon site


 Assurer une bonne ventilation (normes des fenêtres)
 Assurer une bonne luminosité
 Assurer une température fraîche
 Lutter contre les insectes et les rongeurs
 Ramasser les déjections
 Mettre en quarantaine tous les animaux nouveaux dans la ferme
 Drainer le purin
 Nettoyer les auges tous les jours et les désinfecter une fois par semaine
 Éviter le rassemblement des animaux d’âges différents
 Pratiquer le vide sanitaire

6.3.4 Au niveau du travail des animaux

 Éviter le surmenage
 Éviter le travail par temps très chaud ou sous une forte pluie

6.3.5 Au niveau corporel

 Éviter les blessures


 Panser les animaux
 Lutter contre les parasites externes

6.3.6 Au niveau du nouveau-né

 Ranimer éventuellement le nouveau-né


 Enlever éventuellement la gangue
 Lutter contre le refroidissement
 Lutter contre l’infection du cordon ombilical
 Veiller à ce que tous les nouveau-nés prennent suffisamment le colostrum

6.3.7 Au niveau des jeunes

 Éviter la sous-alimentation et la malnutrition


 Éviter le sevrage prématuré et brutal
 Éviter les écarts brutaux de température et les intempéries

157
 Lutter contre les parasites

6.4 Les mesures et les méthodes médicales pour prévenir les maladies dans une ferme
ou dans une localité

6.4.1 Mesures administratives

6.4.1.1 La règlementation

Ce sont les lois, les décrets et les arrêtés permanents ou temporaires qui régissent les
services vétérinaires, l’inspection sanitaire, l’importation et l’exportation des produits
d’élevage, les mesures prophylactiques sanitaires ou médicales, la commercialisation des
produits d’élevage, la profession des bouchers, la nomenclature des maladies réputées
légalement contagieuses.

Liste des maladies légalement contagieuses à déclaration obligatoire au


Cameroun (voir MINEPIA)

Liste des maladies légalement contagieuses à déclaration obligatoire


internationale à l’OIE (Voir http://web.oie.int/fr/maladies/fr_classification2010.htm)

Fièvre aphteuse – peste bovine – clavelée – péripneumonie contagieuse des bovidés –morve -
douve – dourine – fièvre charbonneuse – rage – peste porcine africaine –peste porcine
classique – peste aviaire vraie (grippe aviaire) – encéphalomyélite enzootique porcine
(maladie de Teschen) – encéphalopathie spongiforme bovine.

En cas d’apparition d’une maladie légalement contagieuse dans une ferme, l’autorité
administrative locale doit être saisie de toute urgence par le vétérinaire, l’éleveur lui-même ou
toute autre personne connaissant bien la maladie.

6.4.1.2 La surveillance épidémiologique

Elle comprend le recueil, l’analyse et la synthèse de tous les éléments d’information


permettant de connaître l’incidence d’une infection, ainsi que tous les facteurs qui en
conditionnent l’extension, afin d’instituer une action adaptée et d’informer les services de
santé médicaux et vétérinaires.

6.4.2 Mesures sanitaires

C’est l’ensemble des mesures destinées à empêcher l’extension d’une maladie, à


l’exception des traitements et des vaccinations. On y distingue les mesures collectives et les
mesures individuelles.

6.4.2.1 Les mesures collectives

Elles incluent :

a. La visite sanitaire dont le but est d’identifier la maladie.

158
b. Le dépistage et le marquage des malades ou infectés.
c. L’isolement des malades.
d. La mise en quarantaine des animaux suspects de maladie ou nouvellement arrivés dans
une ferme.
e. L’abattage ou ‘stamping out’ qui consiste à dépister les animaux malades ou infectés,
les retirer du troupeau et les abattre.
f. La destruction des cadavres.
g. La mise en interdit de certains lieux appelés alors champs maudits.
h. La lutte contre les rongeurs et les prédateurs.
i. La lutte contre les parasites externes et leurs vecteurs.
j. La rotation des pâturages pour rompre le cycle de développement des agents
pathogènes et de leurs hôtes.
k. Le feu de brousse pour la destruction des insectes et de leurs larves.
l. La désinfection dont la technique consiste à :
 Sortir le mobilier d’élevage
 Évacuer la litière et décaper le sol
 Laver à grande eau si possible avec de l’eau chaude javellisée le plafond, les
murs et le sol
 Laisser le local se sécher
 Appliquer un désinfectant
 Laisser le local vide d’animaux pendant 3 à 15 jours suivant la rémanence du
désinfectant utilisé.

Les principaux désinfectants qui peuvent être utilisés sont :

- Eau de javel : solution à 10 – 20 %


- Formol de commerce : solution à 1 – 2 %
- Soude caustique : solution à 1 – 2 %
- Sels d’ammonium quaternaires : 0,5 – 1 %
- Acide borique : solution à 1 – 2 %
- Crésyl : émulsion à 5 % ou sous forme de vapeur
- Chaux vive à 10 %, éteinte avant l’emploi
- Un mélange de chaux éteinte à 5 % et de soude caustique à 0,5 %
- Permanganate de potassium : solution à 1 %
- Feu : là où son utilisation est possible.

La désinfection doit être reprise à un intervalle de 15 jours après une épidémie.

6.4.2.2 Mesures individuelles contre :

a) Les zoonoses des animaux familiers


- Faire le bilan de santé de tout nouvel animal, et le faire vacciner et déparasiter
- Limiter le contact par léchage
- Laver les mains après avoir joué avec un animal

159
- Porter des gants (surtout les femmes enceintes) quand on lave les plats des animaux de
compagnie
- Éviter la pollution par les excréments des chats et chiens
- Faire consulter immédiatement tous les membres de la famille s’il y a un cas de
zoonose dans la famille
- Se faire vacciner contre les principales zoonoses.
b) Les zoonoses professionnelles
- Port des vêtements de protection dans la ferme.
- Respect des règles d’hygiène de base : ne pas boire ni fumer pendant les soins
vétérinaires, changer les chaussures et les habits avant le retour à la maison.
- Destruction les cadavres et les délivres des animaux
- Vaccination des personnes exposées et des animaux
- Éviter de marcher pied-nu dans la boue et l’eau
c) Les zoonoses alimentaires
- Éviter de consommer les aliments animaux crus en zone contaminée
- Laver soigneusement les végétaux qui sont consommés crus
- Éviter de consommer les fruits qui peuvent avoir été souillés au contact des animaux
sauvages
- Évite de consommer les poissons et crustacés des eaux douces crus
- Ne consommer que du lait et produits laitiers stérilisés

6.4.3 Les méthodes médicales

La prophylaxie médicale consiste à protéger un organisme animal sain de l’atteinte des


infections à l’aide des vaccins ou des sérums (immunisation) et des substances chimiques
(chimio-prévention).

6.4.3.1 L’immunisation

C’est l’activation des défenses naturelles d’un organisme animal pour le rendre
résistant à certaines infections ou intoxications.

Elle est active quand on emploie un vaccin, passive quand on utilise un sérum, et
mixte quand on emploie à la fois un vaccin et un sérum.

Les vaccins sont des virus ou des bactéries rendus inoffensifs par des procédés
artificiels ; ils ne peuvent pas provoquer la maladie dans l’organisme animal ; ils font paraître
dans l’organisme des anticorps qui empêchent la multiplication des germes pathogènes ou
détruisent leurs toxines. Les constituants des virus ou des bactéries provoquant la sécrétion
des anticorps sont appelés les antigènes.

Il existe 3 types de vaccins :

Les vaccins tués : ce sont des vaccins faits de virus ou de bactéries tués par divers
procédés de laboratoire. Ils sont parfaitement inoffensifs. Ils se présentent généralement sous
forme de solutions injectables ; ils peuvent être stockés à la température ambiante.

160
Les vaccins atténués : ce sont des vaccins faits de virus ou de bactéries vivants et se
multipliant dans l’organisme, mais par des artifices de laboratoire on a fait disparaitre leur
pouvoir pathogène ; s’ils ne sont pas complètement inoffensifs ils peuvent tout au plus
déclencher une légère et temporaire infection sans aucune gravité dans l’organisme animal. Ils
se présentent sous forme généralement lyophilisée et doivent être conservés dans le
réfrigérateur (+2 à + 5°C).

Les anatoxines : ce sont des vaccins préparés uniquement avec des toxines
microbiennes rendues inoffensives grâce à l’action combinée de la chaleur et du formol.

Le sérum : c’est stock d’anticorps qu’on injecte dans l’organisme animal pour
prévenir ou guérir certaines maladies.

La chimio – prévention

Certains médicaments comme l’Amprolium, les sulfamides, les antibiotiques sont utilisés à
titre préventif dans les aliments. Quand ils sont mal utilisés chez les animaux ils peuvent
induire une résistance des agents pathogènes ou provoquer des intoxications humaines.

Séquence 7 : Facteurs de production

Séance 1 : Analyser les différents facteurs de production mis en œuvre dans une ferme de
production animale.

Quels sont les facteurs de production mis en œuvre dans une ferme de production animale

7.1 La terre

Analyser le facteur terre revient à préciser :

Le propriétaire du foncier :

Des terres exploitées

Des bâtiments

Les modes d’acquisition du foncier (terres et bâtiments)

Les superficies occupées par :

Les bâtiments d’élevage

Les pâturages ou les cultures fourragères

Les maisons d’habitation

Les cultures

Les jachères

161
Comment mesurer les superficies d’un champ

Méthode empirique : parallélogramme

Méthode élaborée : coordonnées rectangulaires avec une boussole, un théodolite

Ces informations peuvent se présenter sous forme des fiches :

Fiche d’obtention des terres ou de construction des bâtiments

7.2 Le travail

Analyser le facteur travail c’est préciser :

 Les différentes opérations menées et les dates correspondantes dans leur chronologie.
 La main d’œuvre familiale ou externe : (lien de parenté, âge, sexe)
 Les modes de recours à la main d’œuvre externe
 Les contreparties des travaux effectués
 Les temps de travail
 Les autres occupations (non pastorales) des membres de la famille à l’intérieur ou à
l’extérieur de l’exploitation

Ces informations peuvent se présenter sous forme des fiches :

Fiche de travaux pastoraux ;

Fiche d’occupation individuelle (travaux pastoraux et non pastoraux domestiques, et travaux


non domestiques)

7.3 Les moyens de production (les investissements)

L’analyse des moyens de production permet d’apprécier le niveau d’équipement de


l’exploitation, le flux du matériel et la comparaison entre les exploitations.

On fait l’inventaire et les modes d’appropriation des moyens de production :

Le cheptel vif (bétail de trait et de rente, volaille, lapin, etc.) : préciser les espèces élevées, les
effectifs, la composition du troupeau.

Le cheptel mort : matériel d’élevage, de traction, de transport, de culture ; les installations


fixes.

Les stocks des intrants (aliments des animaux, engrais, semences, pesticides, etc.).

Les stocks des produits récoltés.

Les créances et frais payés d’avance.

162
Les disponibilités en espèces destinées à l’exploitation.

Les produits et les semences en champ.

Pour les animaux et les matériels on indiquera les origines, les dates et les modes
d’appropriation.

Toutes ces informations permettent de connaitre l’organisation de la production animale,


notamment:

L’éleveur : situation matrimoniale et nombre d’épouses, nombre d’enfants et leur


scolarisation, activités principales et secondaires.

La typologie de l’élevage :

Critères de classification des différentes formes d’élevage :

- La spéculation ou différentes productions (viande, lait, œufs, laine, matériel animal,


…)
- Degré d’intensification (élevage extensif ou traditionnel, élevage semi-intensif,
élevage intensif ou moderne ou industriel)
- Le mouvement des éleveurs et leurs animaux (élevage sédentaire, élevage
transhumant, nomadisme)
- La taille du troupeau (petit élevage, moyen élevage, gros élevage)
- La façon dont l’élevage est associé à d’autres activités agricoles (éleveur pur, éleveur-
agriculteur, agriculteur-éleveur, éleveur par délégation)

Le troupeau (espèces élevées, les effectifs, composition du croît, les propriétaires, etc.).

Exemple de fiche des travaux


Site N° :
Bâtiment N° :
Catégorie animale : Effectifs :

Temps de travail Moyens de production


Main d’œuvre
Dates Opérations Main d’œuvre externe
familiale
N° d’ordre N° d’ordre
Durée de Durée de Mode de Contrepartie
du du
l’opération l’opération recours fournie
participant participant

163
164

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