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Chapitre 1 : ERME
JONCTION PN Pr. DOUIRI Moulay Rachid
1. Notions de semi-conducteurs :
1.1. Généralités :
Les matériaux semi-conducteurs sont caractérisés par leurs conductivités électriques qui se situent entre
celles conducteurs et des isolants. Ils peuvent avoir l’aspect des conducteurs ou des isolants selon leur
conductivité qui varie fortement avec la température.
Ordres de grandeur :
Isolant < 10-6 S/m (S = Siemens)
Conducteur ≈ 108 S/m
Semi-conducteur ≈ 0,1 à 10-4 S/m
Fig. 1.a : Cristal de silicium à 0°K Fig. 1.b : Création d’une paire Electron-Trou suite à la rupture
d’une liaison covalente sous l’effet de la température
On modélise la faculté des électrons à se mobiliser pour participer à un phénomène de conduction par des
bandes d’énergies (Fig. 2) :
• bande de valence : tant qu’un électron se trouve dans cette bande, il participe à une liaison covalente au
sein du cristal ;
• bande de conduction : un électron ayant acquis suffisamment d’énergie peut se trouver dans cette bande ;
il est alors mobile et peut participer à un phénomène de conduction ;
• bande interdite : la mécanique quantique a montré que les électrons ne peuvent pas prendre des niveaux
d’énergie quelconques, mais que ceux-ci sont quantifiés ; entre la bande de valence et la bande de
conduction peut donc exister une bande interdite.
Pour rendre un électron mobile, il faut donc impérativement apporter de l’énergie en quantité suffisante pour
franchir ce véritable fossé (Gap en anglais).
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Fig. 2
2 Jonction PN :
En dopant respectivement N et P deux parties d’un même cristal semi-conducteur, on forme un dipôle
appelé diode à jonction (Fig. 5). La jonction est la surface de contact située entre les deux parties du cristal
dopées différemment.
Bien qu’au départ chacune des deux zones soit électriquement neutre, la mise en contact des deux parties
induit un phénomène de migration de porteurs majoritaires de part et d’autre de la jonction : certains trous de
Fig. 5 Fig. 6
Un équilibre s’instaure autour de la jonction, créant ainsi un champ électrique interne 𝐸𝑖𝑛𝑡 . La zone située
autour de la jonction correspondant à ce champ électrique est appelée zone de déplétion (Fig. 6). La
présence de ce champ électrique se traduit également par la présence d’une différence de potentiel de part et
d’autre de la zone de déplétion. Cette différence de potentiel est appelée barrière de potentiel. La zone de
déplétion se comporte a priori comme un isolant et il devient très difficile pour un électron libre, de franchir
cette zone.
Fig. 7 Fig. 8
Si au contraire on applique une tension V orientée comme indiqué sur la Fig. 8, le champ électrique
externe ainsi créé s’oppose au champ interne. La barrière de potentiel est ainsi diminuée : des électrons
peuvent franchir la zone de déplétion (de la zone N vers la zone P compte tenu de l’orientation de V) qui
devient donc conductrice ; la diode est dite passante. La propriété essentielle de cette diode réside donc dans
le fait que la circulation des électrons au travers de la jonction ne peut s’effectuer que dans un sens : de la
zone N vers la zone P (de la cathode vers l’anode). Soit V la tension aux bornes de la diode et I le courant
qui la traverse. Comme le courant circule de l’anode vers la cathode (sens inverse des électrons), on
représentera tension et courant comme cela est indiqué sur la Fig. 9 (convention récepteur).
Fig. 9
Fig. 11 : Caractéristique Id=f(Vd) d’une diode idéale (a), modèle en direct (b) et en inverse (c)
b) Modèle à seuil :
On rajoute au modèle précédent la tension de seuil V0 qui représente la tension du coude de la diode
(Fig.12).
En direct, on rajoute une force contre électromotrice V0 : Vd = V0 pour Id ≥ 0.
En inverse, la diode est considérée comme un circuit ouvert : Id = 0 pour Vd ≤ V0.
Fig. 12 : Caractéristique Id=f(Vd) d’une diode à seuil (a), modèle en direct (b) et en inverse (c)
c) Modèle linéarisé :
On rajoute une résistance rD qui reflète une variation linéaire du courant en fonction de la variation de la
tension (Fig. 13).
En direct, la diode est équivalente à l’association en série de V0 et une résistance dynamique
moyenne rD : Vd = V0+rD Id pour Id ≥ 0.
En inverse, la diode est considérée comme un circuit ouvert : Id = 0 pour Vd ≤ V0
Fig. 13 : Caractéristique Id=f(Vd) d’une diode linéarisée (a), modèle en direct (b) et en inverse (c)
La résistance dynamique moyenne rD est déterminée par la pente moyenne de la partie utilisée de la
caractéristique directe de la diode :
∆𝑉𝑑
𝑟𝐷 = (3)
∆𝐼𝑑
Fig. 14 Fig. 15
I I s e caractéristique de la diode
V0
On a évidemment :
I E V droite de charge
R
Le point d’intersection de ces deux courbes donne le point de fonctionnement du circuit (Fig. 15). On voit
bien que pour diverses valeurs de R, la tension V varie peu.
Fig. 16
V(t) Ru Vs(t
t
u )
Fig.18
Fig.17
En supposant le redresseur parfait (court-circuit en direct et circuit ouvert en inverse). La diode est
bloquée si et seulement si sa différence de potentiel en sens direct est négative : soit Vs(t) - V(t) < 0. Dans ce
cas, aucun courant ne circulant dans le circuit, on a Vs(t) = 0. Dans le cas contraire, V(t) < 0, la diode est
passante et on a alors V(t) = Vs(t). Soit le tracé de la Fig. 18.
La valeur efficace de la tension de sortie est celle représentée Fig.18. Pour obtenir les valeurs moyenne et
efficace de la tension de sortie vs, on intègre sur une demi période seulement, le signal étant nul sur l'autre.
1 Vm sin(t )dt m
T /2 V
moy T 0
Vs (4)
V
Vseff 1 Vm2 sin 2 (t )dt m
T /2
(5)
T 0 2
On peut obtenir également la valeur moyenne de la tension de sortie et les composantes harmoniques
d'ondulation en utilisant la décomposition en série de Fourier et on obtient :
a. Facteur de forme F
C'est le rapport de la valeur efficace du signal redressé à sa valeur moyenne.
VS
eff
F (7)
VS
moy
Fig. 19
Les conditions pour lesquelles les diodes sont bloquées sont :
u (t ) E2 D2 bloquée
u (t ) E1 D1 bloquée
Par conséquent, lorsque ces deux diodes sont bloquées simultanément, et seulement dans ce cas, on a :
u(t)=e(t).
On en déduit donc : -E2 < e(t) < E1 <=> u(t) = e(t).
• Si e(t) > E1, la diode D1 devient passante. Comme elle est supposée idéale, la tension à ses bornes est nulle,
on a donc : e(t) > E1 <=> u(t) = E1.
• Si e(t) < -E2, la diode D2 devient passante et on a : e(t) < -E2 <=> u(t) = -E2
Fig. 20
- Montage" va et vient"
Ru
V(t)
Fig.21
Le montage dit "va et vient" nécessite un transformateur avec secondaire double à point milieu; un appareil
coûteux et encombrant, c’est pour cette raison que l’on utilise presque souvent le montage "en pont".
s(t)
VA
D1 D2
X Y
V(t)
D4
D3 R Vs(t)
VB
t
Fig.23
Fig.22
Dans les deux cas la tension de sortie VS (aux bornes de Ru) a la forme représentée par la Fig.23.
La figure 22 représente un pont de quatre diodes appelé pont de Graetz. Il est alimenté par une tension
vi=Vmsin(ωt) et on s’intéresse à la tension Vs(t) aux bornes de R. On suppose que les diodes présentent des
tensions de seuil nulles.
Analyse du fonctionnement :
Pendant la demi-alternance positive (Fig. 24), on a VA > VB. Va est la tension la plus élevée dans le
circuit. D2 ne peut être bloquée car cela impliquerait VY > VA. Donc D2 est passante et VY = VA. D3 ne peut
être bloquée car cela impliquerait Vx < VB. VB étant la tension la plus faible du circuit, imposée par
l’alimentation, ceci est impossible. D3 est donc passante et on a Vx = VB.
Fig. 24
Fig. 25
En rassemblant les deux cas sur un seul graphe (Fig. 26), on constate que toutes les demi-alternances sont
à présent positives et que le signal Vs(t) possède une composante continue (i.e. valeur moyenne) alors que
celle du signal V(t) était nulle.
Fig. 26
Le montage porte bien son nom de redresseur double alternance puisque chaque demi-alternance du
signal de départ est à présent positive. La valeur moyenne se calcule aisément mais un inconvénient
subsiste: en effet, si le signal de sortie possède bel et bien une composante continue, on ne peut pas à
proprement parler de tension continue.
Pour transformer le signal de sortie en tension véritablement continue, il faut éliminer les variations du
signal autour de cette composante continue. On y parvient en plaçant en parallèle sur la sortie, un
condensateur dit de filtrage ou de lissage dont l’objectif et d’amortir ces variations.
Les ponts de Graetz sont utilisés pour construire des générateurs de tension continue à partir de signaux
sinusoïdaux et l’élimination des variations du signal de sortie est donc une condition essentielle à l’obtention
d’un signal constant de qualité. Bien souvent, on ne se contente pas d’un simple condensateur de filtrage
mais on construit une véritable régulation de tension en aval du redressement double alternance.
Remarque : Cette tension peut être représentée par la série de Fourier suivante:
2Vi 2 2
Vs (t ) 1 cos(2t ) cos(4t ) ... (13)
3 15
Cette série fait apparaître une composante continue de valeur 2Vi/π (valeur moyenne) et une ondulation dont
la composante fondamentale possède une fréquence double de celle du signal d'entrée.
Quand la tension d'entrée retombe en dessous de la valeur de crête, la polarisation du redresseur s'inverse
rapidement et il se bloque et le condensateur C se décharge dans Ru (Fig.23) suivant une loi exponentielle.
t t
VS (t ) VS (t1)exp 1 (14) C R Vs
u
où τ est la constante de temps du circuit τ = RuC. Fig.23
A l'alternance suivante, quand la tension d'entrée dépasse celle qui reste aux bornes de C, la diode se trouve
dans le sens passant: le condensateur se charge à nouveau et le cycle recommence. Pour avoir une
ondulation résiduelle faible, il faudra que τ = RuC soit grand devant la période T du signal d'entrée.
4. Régulateurs de tension
4.1 Diode Zener
Certaines diodes sont conçues de manière à ce que l’effet d’avalanche ne soit pas destructeur, mais soit
au contraire maîtrisé et même utile. Dans ce cas, on parle d’effet Zener et de telles diodes sont appelées
diodes Zener (Fig. 25). Une diode Zener se polarise en sens inverse et présente à ses bornes, quel que soit le
courant qui la traverse, une tension quasiment constante appelée tension Zener et notée Vz. Les tensions
Zener des diodes Zener couramment utilisées vont de quelques dixièmes de volts à plusieurs dizaines de
volts (en valeur absolue).
Fig. 24
D’après sa caractéristique, le fonctionnement de cette diode peut être résumé de la manière suivante :
▪ En polarisation directe (VAC > 0), la caractéristique est identique à celle d’une diode de redressement. En
effet, le courant croît rapidement avec la tension à partir d’une certaine valeur de seuil Vd.
▪ En polarisation inverse (VAC < 0), on distingue deux régions selon la valeur de la tension VAC :
► VAC < Vz (ternsion Zener), le courant traversant la diode est quasiment nul et indépendant de VAC.
► VAC ≥ Vz, le courant traversant la diode croît rapidement alors que la tension VAC reste sensiblement
constante et égale à Vz. Dans cette région, on peut représenter la diode par un schéma équivalent constitué
d’un générateur de tension (Vz, Rz). Vz Rz
C A
Fig. 25
Le montage de base de stabilisation d’une tension par diode Zener est représenté sur la Fig.26. Tant que la
diode Zener est traversée par un courant la tension à ses bornes est constante et égale à Vz.
R Iz IR
Dz Vs
Ve Rc
Fig.26
RZ RC RRC
VS Ve VZ (15)
RZ RC R RC RZ RRC RZ R RC
Les variations de la tension de sortie Vs dépendent à la fois des variations de la tension d’entrée Ve et des
variations de la charge Rc. Ainsi pour minimiser ces dépendances, on définit les deux types de régulations
suivantes :
Fig. 26
Remarque
On choisit la diode Zener en fonction de la tension stabilisée que l’on souhaite obtenir. Par ailleurs, il
convient de procéder à une étude précise des puissances susceptibles d'être mises en jeu dans un tel circuit
afin de s’assurer que la résistance et la diode Zener restent dans leurs limites de fonctionnement.
Fig. 27
4.3.2 Régulateur de tension ajustable
Il est parfois difficile de trouver un régulateur présentant une tension de sortie correspondant exactement
à la valeur recherchée. Le montage de la Fig. 28 montre comment on peut décaler la valeur de la tension
présente en sortie du régulateur LM317.