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Droit à l'image des mineurs et Protection des Données à Caractère Personnel :

Garantir la Vie Privée des Enfants

Les mineurs, les enfants et les adolescents, ont droit à une protection spéciale en ce qui
concerne leur vie privée et leurs données personnelles. Le droit à l'image des mineurs et la
protection des données à caractère personnel sont des domaines juridiques cruciaux pour
garantir que les jeunes soient protégés contre toute utilisation abusive de leur image ou de
leurs informations personnelles. Cet article examine en profondeur ces deux aspects
essentiels de la protection des mineurs aux termes de la législation gabonaise.

I. Le Droit à l'Image des Mineurs

1.1. Qu'est-ce que le droit à l'image ?

Le droit à l'image est un principe juridique qui protège le droit des individus à contrôler
l'utilisation de leur image, généralement par des tiers, tels que les médias ou les particuliers.
Ce droit, garantit par le constitution, est essentiel pour garantir que la dignité et la vie privée
des individus soient respectées. A cet effet, l’article 87 du code civil dispose : « La
photographie ou l’image d’une personne ne peut être exposée, ni reproduite, ni mise
en vente sans le consentement de cette personne». L’article 88 du même texte va
plus loin et précisant que toute personne dont l’image a été exposée, reproduite ou
mise en vente sans son consentement, peut demander qu’y soit mis fin ; et les juges
peuvent, en réparation du préjudice subi, lui allouer des dommages-interêts .
1.2. Application du droit à l'image aux mineurs
Les mineurs, en tant qu'individus, bénéficient également du droit à l'image. Cela signifie que
les enfants et les adolescents ont le droit d'être protégés contre la diffusion non consentie ou
inappropriée de leur image à cet effet, l’article 4 de la loi Loi organique N° 003 /2018 du
08/02/2019 portant Code de l’Enfant en République Gabonaise nous rappelle que
l’enfant à droit à la confidentialité. Il est important de noter que ce droit ne se limite pas aux cas
de photographies ou de vidéos, mais peut également inclure d'autres formes d'expression
visuelle, comme les dessins ou les représentations artistiques.

1.3. Consentement parental


Dans de nombreux cas, pour photographier ou filmer des mineurs, il est nécessaire d'obtenir
un consentement parental comme le prévoit l’article 74 de la loi relative à la protection des
données à caractère personnel en République gabonaise. Les parents ou les tuteurs légaux
sont responsables de prendre des décisions au nom des mineurs en ce qui concerne leur droit
à l'image. Cette mesure vise à garantir que les mineurs ne soient pas exposés à des situations
qui pourraient nuire à leur dignité ou à leur vie privée.

II. Protection des Données à Caractère Personnel des Mineurs

2.1. Qu'est-ce que la protection des données à caractère personnel ?


A la lecture de la loi n°025/2023 du 12 juillet 2023 portant modification de la loi
n°001/2011 du 25 septembre 2011 relative à la protection des données à caractère
personnel, il ressort que la protection des données à caractère personnel concerne la
collecte, le traitement et la conservation d'informations personnelles par des organisations ou
des individus. Elle vise à garantir que ces données soient utilisées de manière légale, éthique
et sécurisée.

2.2. Application de la protection des données aux mineurs


Doté de nationalité, et de personnalité juridique, les mineurs, comme tout autres citoyens
gabonais, ont droit à la protection de leur vie privée. Cela inclut des informations telles que leur
nom, leur adresse, leur âge, leur éducation, etc. Au sens de l’article 74 de la loi loi
n°025/2023 du 12 juillet 2023 précitée, le traitement des données concernant un enfant
est permis s'il a au moins dix-huit ans. Si l'enfant a moins de dix-huit ans, le traitement de ses
données doit être autorisé explicitement par le parent ou le tuteur légal de l'enfant.

2.3. Consentement parental


Le consentement parental en matière de protection des données est une mesure cruciale pour
garantir la vie privée des mineurs. Au Gabon, comme dans de nombreuses autres pays, le
consentement des parents ou des tuteurs légaux est généralement requis lorsque des
données à caractère personnel de mineurs sont collectées, traitées ou utilisées. Voici
comment le consentement parental fonctionne dans ce contexte :

Obtention du consentement : Avant de collecter des données personnelles de mineurs,


les organisations ou les individus qui les collectent doivent obtenir le consentement
explicite et éclairé des parents ou des tuteurs légaux. Le consentement doit être donné de
manière volontaire, informée et spécifique.
Informations claires : Les parents doivent être informés de manière claire et transparente
de la finalité de la collecte de données, de la manière dont les données seront utilisées, et
de tout tiers avec lesquels les données peuvent être partagées. Ils doivent également être
informés de leurs droits en tant que parents ou tuteurs légaux.
Consentement actif : Le consentement doit être actif, ce qui signifie que les parents
doivent effectuer une action claire pour donner leur accord. Cela peut se faire par le biais
d'une signature, d'une case à cocher en ligne ou de tout autre moyen spécifié par
l'organisme collecteur.
Révocation du consentement : Les parents doivent avoir la possibilité de révoquer leur
consentement à tout moment. Ils doivent être informés de la manière de procéder à cette
révocation.
Protection des droits des mineurs : Le consentement parental vise à protéger les droits
des mineurs en veillant à ce que leurs données personnelles ne soient pas collectées ou
utilisées de manière inappropriée.

III. Conséquences du Non-Respect de ces Droits

Le non-respect du droit à l'image des mineurs et de la protection des données à caractère


personnel peut avoir des conséquences graves. Les sanctions légales sont prévues pour
dissuader toute violation de ces droits.

3.1. Le droit à l'image


Si une personne ou une organisation enfreint le droit à l'image d'un mineur en le
photographiant ou en le filmant sans consentement, des actions en justice peuvent être
engagées. Des sanctions civiles et même pénales peuvent être imposées en cas de violation
de ce droit. D’ailleurs, l’article 194 du code de communication, condamne l’auteur
d’une telle infraction à une amende allant de 1 à 10 millions de fcfa .
3.2. La protection des données

Le non-respect de la protection des données à caractère personnel, notamment en collectant ou


en traitant illégalement les informations personnelles de mineurs, peut entraîner des amendes
considérables pour les organisations responsables. Ainsi, selon les articles 203 et suivants de
la loi relative à la protection des données personnelles, le manquement constaté à cette
dernière, conduit à plusieurs sanctions pouvant être administratives, pécuniaires,
pénales.

IV. L'Éducation et la Sensibilisation

L'éducation et la sensibilisation en matière de protection de l'image des mineurs sont


essentielles pour garantir que les droits des enfants soient respectés et que leur vie privée soit
préservée. Au Gabon, comme ailleurs, ces efforts sont cruciaux pour informer les parents, les
éducateurs et les jeunes sur les enjeux liés au droit à l'image des mineurs. Voici comment
l'éducation et la sensibilisation peuvent jouer un rôle clé :

Sensibilisation du public : Des campagnes de sensibilisation peuvent être lancées pour


informer le public sur les droits des mineurs en matière de protection de l'image. Cela peut
se faire par le biais de médias, de conférences, de séminaires et d'autres activités de
sensibilisation.

Éducation des parents : Il est essentiel d'éduquer les parents sur les droits de leurs
enfants et sur la nécessité de donner leur consentement éclairé en ce qui concerne
l'utilisation de l'image de leurs enfants. Les parents doivent être conscients des risques
potentiels et des situations dans lesquelles l'image de leur enfant pourrait être utilisée de
manière inappropriée.

Éducation des éducateurs : Les éducateurs, y compris les enseignants et les


encadrants, peuvent jouer un rôle clé en sensibilisant les enfants aux risques liés à
l'utilisation de leur image. Ils peuvent également aider à promouvoir une culture de respect
de la vie privée au sein des écoles et des communautés.

Formation des enfants : Les enfants eux-mêmes doivent être informés de leurs droits en
matière de protection de l'image. Les enseignants, les éducateurs et les parents peuvent
jouer un rôle dans l'éducation des enfants sur la manière de protéger leur vie privée et de
reconnaître les situations où leur image pourrait être exploitée.
Ressources pédagogiques : La création de ressources éducatives, telles que des
brochures, des guides et des vidéos, peut aider à expliquer de manière simple et
compréhensible les concepts de protection de l'image des mineurs. Ces ressources
peuvent être distribuées dans les écoles et les communautés.

Coopération avec les médias : Les médias ont un rôle important à jouer dans la
sensibilisation. Les journalistes et les médias doivent être conscients des enjeux liés à
l'utilisation de l'image des mineurs et respecter les lois en vigueur.

Plateformes en ligne et médias sociaux : Avec l'importance croissante des médias


sociaux, il est important d'éduquer les jeunes sur la manière de protéger leur vie privée en
ligne. Cela inclut la sensibilisation aux paramètres de confidentialité et aux risques liés au
partage d'images en ligne.

Conclusion

Le droit à l'image des mineurs et la protection des données à caractère personnel sont des
composantes essentielles de la protection de la vie privée des jeunes. Ils garantissent que les
enfants et les adolescents ne soient pas exposés à des situations nuisibles à leur dignité et à leur
vie privée. Les parents, les éducateurs, les organisations et la société dans son ensemble doivent
travailler ensemble pour sensibiliser et appliquer ces droits, afin de créer un environnement sûr et
respectueux pour les mineurs.

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