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La France et l'Algérie ont une histoire complexe et profondément enracinée, marquées par des

moments cruciaux de l'histoire commune, notamment par une longue et violente guerre, qui fût
l’aboutissement d’une colonisation de plus d’un siècle. Cette guerre, qui a laissé des cicatrices et des
émotions profondes des deux côtés, a eu et a encore des effets, le moins que l’on puisse dire
néfastes dans les relations entre les deux pays.

Cette complexité historique s’étend également aux interactions politiques, économiques et


culturelles, qui se manifeste dans les différences linguistiques, religieuses et à travers les normes
sociales, qui ont façonné et impacté la dynamique franco-algérienne. Sur le plan politique, les
questions telles que l'indépendance de l'Algérie et les relations actuelles en matière de migration et
de coopération économique sont des domaines sensibles et délicats qui influencent la manière dont
la relation entre ces deux pays évoluent, et ayant des répercussions profondes qui ont laissés des
traces indélébiles sur la conscience et les imaginaires collectifs des deux nations riveraines de la
méditerranée et qui continue non seulement d’influencer, mais aussi de peser leurs relations jusqu'à
aujourd'hui.

Le passé entre l'Algérie et la France est marqué par une longue période de colonisation française, qui
a duré 132 ans, allant de l’époque où la France a exercé sa souveraineté sur l’Algérie en 1830 à 1962,
suite à la guerre d’indépendance algérienne qui a marqué le début d’une interaction complexe entre
les deux pays. L'occupation française de l'Algérie a été un chapitre douloureux qui a créé une altérité
historique fondamentale, caractérisé par l'exploitation des ressources naturelles, l'oppression
politique et la suppression des identités locales. Le but du colonisateur français était d’ôter à l’Algérie
son patrimoine culturel. Le peuple Algérien a été soumis à un régime colonial qui a façonné leur
expérience collective et a créé une séparation profonde entre les deux sociétés.

Cette occupation a été marquée par de fortes violences et des conflits intenses, les Algériens ont dû
se battre farouchement pour leur indépendance, aboutissant à une guerre de libération longue et
sanglante qui a durée de 1954 à 1962. Cette guerre a entraîné des pertes humaines considérables
des deux côtés, et a autant affectée et marqué la mémoire collective des Algériens que celle des
Français. Pendant cette période, l'Algérie a été soumise à une profonde transformation sociale,
économique et culturelle sous l'influence française. Cela a créé des différences culturelles et sociales
fondamentales entre les Algériens et les Français.

Après l'indépendance de l'Algérie en 1962, les relations entre ces deux pays ont été marquées par
des tensions et des incompréhensions, notamment autour de la mémoire de la colonisation et de la
guerre d’indépendance algérienne. La période de domination française en Algérie continue jusqu’à
ce jour à être un sujet sensible dans les relations entre la France et l’Algérie. Les blessures historiques
liées à la présence française en terre algérienne restent vives dans la conscience collective du peuple
algérien. Quant à la guerre d’indépendance de l’Algérie, elle, a laissée de profondes cicatrices dans
les deux pays, et son héritage continue d'influencer les relations bilatérales. Cette période a
profondément renforcé l'altérité entre l’Algérie et la France, en créant des divisions politiques et des
cicatrices historiques qui persistent encore aujourd'hui.
Les enjeux économiques jouent un rôle crucial dans leurs rapports, en particulier en raison de la
dépendance de l'Algérie vis-à-vis de la France en tant que partenaire commercial majeur. Les liens
économiques ont été renforcés par la présence d'une importante diaspora algérienne en France, qui
a contribué aux échanges commerciaux et culturels entre les deux pays.

Suite à la libération de l’Algérie, des populations qui cohabitaient sur le territoire algérien sont
désormais présentes sur le territoire français. Algériens, Pieds Noirs et Harkis sont trois catégories
qui renvoient à cette relation particulière entre une ancienne colonie et sa métropole. La migration
entre l'Algérie et la France a joué un rôle majeur dans les rapports qu’entretiennent ces derniers. Les
questions liées à l'immigration algérienne en France, ainsi que les préoccupations liées à l'émigration
de la communauté algérienne, sont aussi sources de tensions.

L’influence de cette culture algérienne en France, plus particulièrement à travers la littérature, le


cinéma et la musique, est indéniable et contribue à enrichir le paysage culturel français. De ce fait, il
est important de noter que les relations franco-algériennes ne se résument pas uniquement à leurs
aspects historiques et politiques, la France et l'Algérie partagent également des liens culturels
profonds qui ont transcendé les différends politiques, et qui est marquée par des tentatives de
gestion de l'altérité.

Malgré ces différences historiques, la France et l'Algérie maintiennent des relations politiques,
économiques et culturelles importantes. La coopération dans des domaines tels que l'énergie,
l'éducation et la sécurité régionale montre que ces nations sont capables de collaborer malgré leur
altérité passée.

Cependant, des années après la fin des hostilités,

Ces discours qui circulent dans la société et qui sont repris, réinterprétés et adaptés, jouent un rôle
central dans la formation des représentations qui façonnent la manière dont l'histoire est racontée,
interprétée et transmise aux générations futures.

Les représentations, en tant qu'images mentales, stéréotypes, narrations et symboles, jouent un rôle
essentiel dans la construction et la perpétuation de l'altérité entre ces deux pays, dans la formation
de leur identité respective et dans la manière dont elles se remémorent leur passé commun. Elles
jouent également un rôle fondamental dans la façon dont ces deux voisins de la méditerrané
interagissent et se comprennent mutuellement. Elles façonnent la perception de l'Autre et
contribuent à la construction de l'altérité. Elles sont ancrées dans les sociétés françaises et
algériennes et sont le produit d'une histoire complexe de colonisation, de guerre, de migration et
d'interaction. Comprendre ces représentations est essentiel pour saisir la profondeur et la
complexité de la relation franco-algérienne, ainsi que pour envisager des voies vers une meilleure
compréhension mutuelle.
C’est en juillet 2020 que le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron, exprime dans sa volonté
d’apaiser ses rapports avec l’Algérie et de dépasser le lien passionnel qui unit ces deux pays, son
intention de poursuivre le travail de mémoire avec Alger, en confiant au célèbre historien Benjamin
Stora la mission d’élaborer un rapport exhaustif axé sur « les questions mémorielles portant sur la
colonisation et la guerre d’Algérie. »

Tandis que les prédécesseurs français d'Emmanuel Macron ont exprimé leur désir de rapprochement
avec l'Algérie, le président actuel aspire à pousser cette initiative encore plus loin. Son but à travers
ce rapport, est non seulement de panser les blessures en reconnaissant les souffrances de la période
coloniale, mais également de favoriser la réconciliation ainsi que le dialogue pour nouer des relations
plus harmonieuses et mutuellement bénéfiques, en clarifiant certains aspects de cette histoire
commune.

La raison pour laquelle Emmanuel Macron a confié à Benjamin Stora la rédaction de ce rapport réside
dans le fait que ce dernier est un expert de l'histoire contemporaine, en particulier en ce qui
concerne les événements historiques en Algérie, des questions mémorielles, et des relations franco-
algériennes. Issu de la communauté juive d’Algérie et ayant vécu la guerre d’indépendance, cet
universitaire français qui a occupé des postes académiques prestigieux en France, est également un
auteur prolifique, ayant écrit de nombreux ouvrages sur l’histoire complexe de l'Algérie et sur les
questions liées à la mémoire collective.

Quelle que soit la réception du rapport de Benjamin Stora, il est indéniable qu'il a contribué à
stimuler le débat public et à susciter une réflexion approfondie sur les questions mémorielles dans
les relations franco-algériennes. Ce qui en fait un objet d'étude intéressant pour les chercheurs en
sciences du langage, notamment en analyse du discours, puisqu’il s’inscrit non seulement dans un
contexte contemporain, mais qu’il aborde en plus la question de la mémoire de la colonisation et de
la guerre d’indépendance.

Les questions mémorielles et historiques restent au cœur des tensions entre la France et l'Algérie. La
reconnaissance des crimes commis pendant la période coloniale, la question des réparations et la
réconciliation des mémoires demeurent des sujets sensibles et complexes. Malgré les discours
appelant à la réconciliation, les événements ne reflètent pas toujours cet appel et peuvent favoriser
une atmosphère de méfiance et de distanciation.
Le choix du rapport de Benjamin Stora intitulé : « Les questions mémorielles portant sur la
colonisation et la guerre d’Algérie. », comme corpus d'analyse pour ma recherche sur les différentes
représentations de l’altérité et des stéréotypes qui émergent dans le discours mémoriel franco-
algérien est motivé par plusieurs facteurs cruciaux.

Il convient tout d’abord de souligner que Benjamin Stora est une autorité de renom dans les
domaines de la question algérienne et de l'histoire coloniale française. Son parcours académique et
son engagement dans ces domaines depuis des décennies en font une source de référence
incontestable. En analysant son rapport, on peut accéder à une source d'informations fiables et
approfondies autour des thèmes sur lesquels porte notre recherche.

Ces hypothèses serviront de base à l'analyse approfondie des discours franco-algériens et des
représentations de l'altérité, en prenant en compte des contextes historiques, politiques et culturels
spécifiques. Elles permettront de guider la recherche et d'explorer les différentes dimensions de la
problématique, en contribuant à une meilleure compréhension des dynamiques discursives et
interculturelles entre la France et l'Algérie depuis 1830.

L'objectif principal de cette thèse en sciences du langage est d'explorer en profondeur le thème de
l'altérité et des stéréotypes dans le discours mémoriel des relations franco-algériennes. Il s'agit de
relever les différentes manières dont l'Autre est représenté et conceptualisé dans le rapport de
Stora, que ce soit l'Algérien, le colonisateur français ou d'autres acteurs impliqués. Il est essentiel de
mettre en évidence les stéréotypes, les préjugés et les clichés qui émergent de ces représentations
afin de mieux comprendre comment l'altérité est construite et perçue dans le discours mémoriel.

Un autre objectif spécifique est de relever les schémas récurrents, les généralisations abusives ou les
simplifications excessives qui peuvent être observés dans le rapport de Stora. L'analyse des
stéréotypes dans le discours mémoriel contribue à mettre en lumière les biais et les distorsions qui
peuvent influencer la perception et l'interprétation des événements historiques.

Cette analyse permet de saisir les tensions, les contestations et les négociations discursives qui se
manifestent autour de ces questions sensibles.

Qui plus est ce document contient une abondance de données textuelles, tels que des discours
officiels, des récits de témoignages, ainsi que des analyses historiques, etc.

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