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En 1948, Borduas et les signataires du Refus global soutenaient que chaque personne devrait

aspirer à une pleine liberté : « Au terme imaginable, nous entrevoyons l’homme libéré de ses
chaînes inutiles, réalisé dans l’ordre imprévu, nécessaire de la spontanéité, dans l’anarchie
resplendissante, la plénitude de ses dons individuels. » Ce manifeste a alimenté les réflexions,
notamment des artistes et écrivains québécois qui ont suivi, et il va sans dire que le roman de
Gérard Bessette présente une filiation avec celui-ci. De ce fait, est-il vrai de dire que Le Libraire
est un roman dans lequel triomphe la liberté ?

Titre: Lutte pour la liberté

En 1960, Gérard Bessette publie Le Libraire, un roman souvent considéré comme précurseur de la
Révolution tranquille. L'œuvre est écrite sous la forme d'un journal intime qu’Hervé Jodoin, le
personnage principal, rédige pour occuper son temps les dimanches. À travers ce journal, Jodoin dresse
un portrait sur la fin de la période de la grande noirceur. Il nous montre la réalité de la petite ville de
Saint-Joachim, où les habitants sont sous le contrôle du clergé et des élites bourgeoises. Jodoin, en
défenseur de la liberté, s'oppose au pouvoir religieux et à son patron, Léon Chicoine. À l'inverse,
l'emprise ecclésiastique sur la lecture et la censure des libraires révèlent une réalité où la liberté
intellectuelle est restreinte. Cette tension se déploie également à travers le personnage de Rose
Bouthillier, illustrant l'évolution du rôle des femmes. Ainsi, est-il vrai de dire que Le Libraire est un roman
dans lequel triomphe la liberté ? Pour y répondre, nous verrons que le roman explore le conflit entre
l'affirmation de la liberté individuelle et les contraintes imposées par les institutions de l'époque.

Tout d’abord, dans cette œuvre littéraire, le sentiment de liberté triomphe puisque Jodoin se fait un
défenseur de la liberté, particulièrement face au pouvoir religieux et de son patron Léon Chicoine. En
effet, Jodoin refuse totalement de participer à la pratique religieuse en n'allant pas à la messe le
dimanche, marquant ainsi son refus de se soumettre à l'influence du clergé. Jodoin n'accorde aucune
autorité à celui-ci puisqu'il ne va pas à la messe le dimanche. Lorsque Rose lui demande d'aller
s'expliquer à M. le Curé, il lui répondit : « qu’il n'entrait pas dans mes habitudes de fréquenter les
presbytères [...] » (p.111). Ce passage montre que Jodoin ne se laisse pas contrôler par la religion ou
son patron. Il préfère rester libre et faire ses propres choix. C'est une façon forte de montrer son
indépendance et sa liberté face aux règles imposées par la religion et son patron. Ensuite, Jodoin
adopte une manière de penser qui va à l'encontre de la pensée générale de l'époque et qui s'étend à
travers le Québec, notamment en faisant ce que bon lui semble, sans qu'aucune personne, qu'aucune
institution lui dicte sa conduite. Par exemple, cet extrait montre que le narrateur méprise profondément
les ragots: « Je lui représentait que, des ragots, il y en avait toujours partout et qu’il fallait les accueillir
avec le plus profond mépris. ». (Page 77) Le champ lexical de cet extrait (ragots, accueillir, profond
mépris) démontre qu'il refuse de se conformer et de penser comme tout le monde et rejette l'idée d'agir
comme la majorité de la société à cette époque. En faisant cela, il montre qu'il a une façon de penser
différente, allant à l'encontre de ce que la plupart des gens pensaient à ce moment-là. Bref, Jodoin
représente la liberté individuelle en refusant de suivre la religion et en rejetant les règles sociales de
l’époque faisant de lui un symbole de résistance et d'indépendance.

Ensuite, dans le livre, Le Libraire, il est faux de dire que la liberté triomphe puisque c’est l’Église qui
exerce un contrôle sur la lecture des citoyens. Cette réalité est démontrée à travers les paroles du père
Manseau soulignant que s'opposer aux prêtres n'est pas sain et qu’ils ont le pouvoir sur ce qui se passe
dans leur paroisse: « Eh be, c’est pas bon pour la santé icitte de contrer les curés. Les ficelles, c’est eux
autres qui les ont, vous comprenenez. ». (Père Manseau, page 104) Les libraires ne sont pas autorisés
à vendre certains livres, une restriction imposée par le clergé. Cette limitation reflète la peur du clergé
envers la liberté, les poussant à interdire à la population la lecture de certains ouvrages afin de maintenir
les valeurs traditionnelles héritées du Régime français. Par exemple, au bout d’un certain temps. M. le
Curé est descendu et m’a demandé de la même voix confidentielle si nous n’avions pas en stock «
certains livres dangereux ». (Page 67) Ce contrôle vise à préserver ces valeurs face aux changements
survenus après 1791, marquant ainsi une tentative de maintenir un contrôle strict sur la pensée des
Québécois. L'œuvre expose ainsi comment l'Église cherche à contenir et diriger les choix intellectuels de
la population, plutôt que de voir triompher la liberté. La peur de la liberté incite le clergé à interdire à la
population de lire certains livres. En somme, ce roman présente l'emprise ecclésiastique, limitant la
liberté intellectuelle plutôt que la voir triompher."

De surcroît, c'est bien la liberté qui prédomine dans Le libraire. C'est un roman qui reflète les mentalités
de l'époque, et surtout mettant en avant une réalité étouffée par la censure. Par exemple, le
personnage de Rose Bouthillier expose le statut évolué de la femme à cette période: « [...]séparé de son
mari, mais naturellement pas divorcée de son mari » (p.50). Elle fait preuve de libération des mœurs.
Elle se laisse aller aux plaisirs charnels avec le locataire de la chambre de sa demeure, en l'occurrence,
Jodoin. Ensuite, ce protagoniste principal fait preuve d’une opposition dans sa façon de penser. En
effet, il ne se laisse pas impressionner par les interrogations de M. le Curé à la librairie Néon. Il réussit
même à changer la dynamique en dirigeant lui-même les questions: « C’était bien la première fois que je
poussais la vente [...] Monsieur le curé se défila en alléguant la faiblesse de sa vue (p.69) ». Ce passage
démontre clairement que Jodoin conteste ainsi l'influence et l’autorité de monsieur le curé sur lui autant
qu'il le peut. Sur le plan individuel, leur ouverture d’esprit va à l'encontre des normes intellectuelles de
l'époque. Le fait de penser librement, de suivre ses désirs, et de respecter les choix personnels était mal
perçu. Le clergé s'y opposait fortement en encourageant l'idée que cela équivaut à vivre dans le péché.
Ainsi, l'auteur parvient à faire triompher les libertés individuelles en défiant la censure à travers
l’émancipation féminine de Rose et la résistance de Jodoin face au contrôle ecclésiastique.

Finalement, c'est bien le sentiment de liberté qui prédomine dans Le libraire de Gérard Bessette. Le fait
que Jodoin n'accorde pas d'importance à la fréquentation des presbytères et qu'il ne suive pas les
pratiques religieuses traditionnelles est une manifestation claire de sa quête d'indépendance. Sa
résistance aux attentes religieuses démontre sa volonté de suivre ses convictions personnelles. De
manière similaire, Rose Bouthillier incarne une évolution du rôle des femmes, exprimant une libération
des mœurs et une détermination à vivre selon ses propres choix. Malgré les défis institutionnels, le
roman témoigne d'une lutte constante pour la liberté individuelle, soulignant la difficulté de conquérir
cette liberté au sein d'un contexte social et culturel spécifique.
Dans cette révision, j'ai d'abord corrigé la structure des phrases pour améliorer la clarté et la fluidité du
texte. Par exemple, j'ai reformulé certaines phrases pour éviter les répétitions et clarifier les idées. Par
exemple, au lieu de répéter "refusant de suivre la religion et en rejetant les règles sociales de l'époque", j'ai
opté pour une formulation plus concise et précise : "refusant de se soumettre aux normes religieuses et
sociales de l'époque".
Ensuite, j'ai apporté des ajustements au niveau du vocabulaire et de la syntaxe pour renforcer
l'argumentation et la cohérence du texte. Par exemple, j'ai remplacé des termes moins précis par des mots
plus pertinents pour exprimer clairement les idées. Dans ce cas, j'ai remplacé "normes intellectuelles" par
"conventions intellectuelles", pour mieux correspondre au contexte de l'argumentation.
Enfin, j'ai révisé la ponctuation pour améliorer la lisibilité et la fluidité du texte. J'ai ajouté des virgules pour
clarifier la structure des phrases et éviter les ambiguïtés. Par exemple, j'ai inséré une virgule après
"l'émancipation féminine de Rose" pour séparer clairement les deux éléments évoqués dans la phrase.

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