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Le 13 octobre 1761, Marc-Antoine Calas est retrouvé assassiné dans la maison familiale. Son
père, Jean Calas, un protestant, est condamné à mort puis brûlé car on le soupçonne d'avoir
tué son fils pour que ce dernier ne se convertisse pas au catholicisme.
Voltaire rédige alors le Traité sur la tolérance pour contribuer entre autre à réhabiliter la
mémoire de Jean Calas, injustement condamné.
1) Qu’est-ce qui fait de ce texte une véritable prière chrétienne ? (Vous pouvez
vous appuyer sur les tournures ou le lexique)
Le titre « Prière a Dieu » place d'emblée le lecteur dans l'espace sacré du culte.
Le champ lexical de la religion est omniprésent: « Prière à Dieu », « éternels », «
cierges », « robe d'une toile blanche », « celebrer », « t'adorer », « frères ». Le
vocabulaire utilisé par Voltaire fait référence à la religion et plus particulièrement aux
rites attachés à la religion catholique et protestante.
Voltaire adopte ensuite un style liturgique (c'est à dire un style qui rappelle les
textes religieux). Les verbes à l’impératif « fais que... que ...que », « Puissent tous »,
« Qu'ils aient... », « ne nous déchirons pas les uns les autres » rappellent le mode
impératif utilisée dans les prières chrétiennes comme le Notre Père.
Ce mode impératif est assorti de modalisations qui suggèrent l'humilité du locuteur :
« s'il est permis (...) d'oser te demander quelque chose ». Cette humilité devant la
grandeur divine est typique des prières chrétiennes.
En effet, les demandes d’aide sont omniprésentes ce qui souligne la soumission de
l’homme devant dieu : "s’il est permis à de faibles créatures", "fais que", "oser te
demander", "daigne" à l’impératif.
Le contenu de la demande est propre à une prière puisqu’il renvoie à la
compréhension, la tolérance entre les hommes et la fin des guerres.
Voltaire fait aussi des références bibliques comme en témoigne l'expression « ne
nous déchirons pas les uns les autres » qui rappelle L'Évangile selon Saint Jean : «
Aimez-vous les uns les autres ».
La démultiplication de la deuxième personne du singulier déclinée sous toutes les
natures et les fonctions grammaticales rappelle les prières: «c'est à toi », « te
demander », « à toi », « à toi », « Tu ne nous as point donné », « ton soleil », « il faut
t'aimer », « t'adorer », « ta bonté ». (tu, te toi). Cela renforce l'omniprésence divine
et le respect profond que le locuteur porte à Dieu.
Évolution dans l’utilisation des pronoms : de "toi", "tu", "te" (l’adresse à Dieu au début
du texte) pour ensuite passer à "nos", "nous" qu’on voit apparaître à plusieurs reprises
(Voltaire et les autres hommes) puis "ceux qui" et enfin dans la dernière partie du
texte, il ne s’adresse plus qu’aux hommes : "puissent tous les hommes se souvenir
qu’ils sont frères". La présence de Dieu disparaît peu à peu pour laisser place
aux hommes.
Les hommes sont ainsi caractérisés par les termes péjoratifs, souvent marqués par la
forme négative : « débiles corps », «nos langages insuffisants », « nos usages
ridicules », « nos lois imparfaites », « opinions insensées »
A travers cette prière, Voltaire souhaite éveiller la tolérance dans l'esprit des
hommes comme le soulignent les mots : « bonté, paix ». Pour Voltaire, la
compréhension et la tolérance doivent se situer sur un plan à la fois religieux mais
aussi social. II fait appel à des valeurs émergentes en cette fin de 18ème siècle : le
pacifisme et le cosmopolitisme (le cosmopolitisme est le fait de se sentir citoyen du
monde et non seulement citoyen de sa propre patrie). Il invite ainsi la fraternité à se
répandre « depuis Siam jusqu'à la Californie ». Cette universalité de la fraternité est
mentionnée « Puissent-ils se souvenir qu'ils sont frères ».
Voltaire substitue à la fraternité religieuse une fraternité politique et civile. La
mention du sein maternel dans l'allégorie de la paix « ne nous déchirons pas les uns
les autres dans le sein de la paix » accentue le fait que tous les hommes
appartiennent à la même famille : celle de l'humanité.
Alors qu'il semblait s'exclure de l'humanité au début du texte (« ce n'est plus aux
hommes que je m'adresse »), Voltaire utilise à la fin du texte la première personne du
pluriel afin de s'inclure dans la fraternité humaine : « Ne nous haïssons pas, ne
nous déchirons pas les uns les autres dans le sein de la paix. »
Voltaire appelle les hommes à vivre en paix. C’est un appel direct aux hommes mis en
avant par :
- Impératif négatif adressé aux hommes : "ne nous haïssons pas", "ne nous déchirons
pas".
- Souhait renforcé avec le subjonctif : "qu'ils aient en horreur".
Voltaire demande aux hommes de dépasser les différences dues aux religions. Dieu
est mis à l'écart, il ne doit pas être un Dieu chrétien mais un Dieu universel,
principale idée du déisme.
Voltaire ne s’adresse en effet pas au Dieu des chrétiens mais au Dieu de tous les
hommes, un Dieu indéterminé et universel : "à bénir également en 1000 langages
divers", "Dieu de tous les êtres, de tous les mondes, de tous les temps" cette idée
étant accentuée par la répétition de tous.
Le déisme de Voltaire c’est la reconnaissance d’une divinité, le fait qu’il faut dépasser
des pratiques rituelles, le rejet de toutes les formes de violence.
Conclusion :
Ce texte fait partie du combat qu’ont mené au 18ème siècle les philosophes pour la tolérance
et le respect entre les hommes.