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tentative de codification du kabyle en tifinagh dans les années 1930. Plus tard, il est adapté
et réintroduit par le travail des militants berbéristes de l'Académie berbère comme option
d'authenticité de la pérennisation des langues berbères à l'écrit. C'est la naissance du néo-
tifinagh. Cet alphabet modernisé est employé depuis les années 1970 par les sphères
militantes berbéristes. Les travaux de standardisation sont repris, au Maroc, par l’Institut
royal de la culture amazighe (IRCAM) qui publie sa version du néo-tifinagh en 2001, basé sur
les travaux du linguiste Salem Chaker. Pour accompagner l'officialisation des langues
berbères, le néo-tifinagh IRCAM devient l’alphabet de l’amazighe standard marocain.
L'attachement au tifinagh tant dans la sphère touarègue que dans les milieux militants le
popularise, mais il se heurte à la concurrence d'autres alphabets, arabe et latin, ainsi qu'à la
question de sa propre académisation, autour de ses variantes anciennes ou modernes. C'est
ainsi que, paradoxalement, certaines initiatives conduisent à introduire les neo-tifinagh
kabyles comme solution moderne chez les Touaregs.
Aujourd'hui, le tifinagh originaire de l’Algerie et du Niger a été adopté par le Maroc comme
alphabet de l'amazighe standard marocain, langue officielle du pays depuis 2011 au côté de
l'arabe. Le tifinagh s'y est généralisé et apparaît partout : institutions, rues, entreprises,
télévision, produits de consommation, médicaments, etc. L'alphabet est aussi utilisé chez les
berbères du Nord-Ouest libyen pour écrire leur langue. L'Algérie, qui a introduit le tamazight
dans la constitution en 2002 comme « langue nationale » puis l'a officialisé en 2016, hésite
toujours entre le néo-tifinagh, l’alphabet latin et l'alphabet arabe. Cependant le tifinagh se
généralise employé dans la signalisation ou par l'agence de presse officielle : Algérie Presse
Service.
1 ⴰ A
2 ⴱ B
3 ⴳ G
4 ⴷ D
5 ⴹ Ḍ
6 ⴻ E
7 ⴼ F
8 ⴽ K
9 ⵀ H
10 ⵃ Ḥ
11 ⵄ Ɛ
12 ⵅ X
13 ⵇ Q
14 ⵉ I
15 ⵊ J
16 ⵍ L
17 ⵎ M
18 ⵏ N
19 ⵓ U
20 ⵔ R
21 ⵕ Ṛ
22 ⵖ Ɣ
23 ⵙ S
24 ⵚ Ṣ
25 ⵛ C
26 ⵜ T
27 ⵟ Ṭ
28 ⵡ U
29 ⵢ Y
30 ⵣ Z
31 ⵥ Ẓ
Étymologie
Le mot « tifinagh » peut se traduire par « notre écriture » en tamacheq, et serait le pluriel du
terme « tafineq » qui désigne les caractères d'écriture en tamacheq utilisés par
les touaregs3,4. Selon l'ethnologue Jean Servier, le mot « tifinagh » renvoie à une racine FNQ,
« rappelant l'alphabet phénicien »5.
Une étymologie populaire soutient qu'il s'agit d'un mot composé de « tifi », qui signifie
« trouvaille » ou « découverte » en berbère, et de l'adjectif possessif « nnegh », qui signifie
« notre », donnant ainsi le sens global de « notre trouvaille »6.
Origine
Le tifinagh descendrait du libyque (ancienne écriture libyenne) bien que son évolution exacte
ne soit pas claire. Plusieurs signes libyques se retrouvent parmi les tifinagh ayant la même
valeur et des formes semblables4. Le domaine de l'écriture lybique s'applique au quart nord
ouest de l'Afrique, et était désigné initialement sous le terme d'écriture « numidique », terme
tombé en désuétude au profit du mot « lybique » pour désigner l'ensemble des écritures
proto-berbères2.
Certains historiens qualifient le libyque d'un emprunt à l'alphabet punique. Par ailleurs,
certains ethnologues ont pu isoler au mot tafineq (le singulier du mot tifinagh) une racine
« FNƔ » ou « FYNƔ » qui est partagée avec le mot utilisé par les grecs pour désigner
les Phéniciens. Toutefois cette supposition ne constitue pas une preuve suffisante selon des
auteurs tels que Gabriel Camps 7. Ce dernier système d'écriture était largement utilisé dans
l'antiquité par les locuteurs de langues berbères dans toute l'Afrique et aux îles Canaries.
L'origine de l'écriture est incertaine, certains chercheurs suggérant qu'elle est influencée par
l'alphabet phénicien4,5.
Les écritures libyco-berbères du Nord Sahara et les tifinagh anciens ont précédé les tifinagh
utilisés aujourd’hui par les Touaregs qui sont incapables de lire les tifinagh anciens2.
Dans la culture touarègue sahélienne, l'inventeur mythique du tifinagh est
l'ancêtre Anigouran, (parfois orthographié Aniguran ou appelé Amamellen2) personnage
connu pour sa grande intelligence et auquel sont attribuées plusieurs autres inventions4.
D'après Slaouti Taklit, professeur de linguistique au département de français de l'université
d'Alger, certains signes de l'alphabet libyque remonteraient au capsien et auraient été tout
d'abord des symboles religieux qui permettaient de nommer des êtres ou des objets, car
donner un nom revient à donner une réalité à ce que l'on nomme, autrement dit une seconde
vie8.
Selon plusieurs linguistes l'alphabet berbère ne serait pas un emprunt à l'alphabet phénicien
comme le soutient une hypothèse classique, mais proviendrait d'une
émergence endogène qui renvoie à une dynamique socio-culturelle largement interne à la
société berbère, approche désormais admise par la majorité des spécialistes9. Cette seconde
hypothèse pose cependant plusieurs problèmes10.
L'usage de cet alphabet tifinagh est, en tout cas, attesté par les témoignages rupestres
présents dans tout le pays touareg2.
Tifinagh ancien
Écritures Tifinaghs anciennes, site des gravures rupestres d'Intédeni près d'Essouk au Mali.
Le tifinagh ancien contient des signes supplémentaires, comme le trait vertical pour noter la
voyelle finale /a/.
Les modalités du passage entre le libyque et le tifinagh ancien sont inconnues. On ne sait
pas si cet alphabet était contemporain des formes libyques, ni même s'il est comparable à la
forme occidentale ou orientale du libyque. La période d'utilisation de cet alphabet, si elle n'est
pas établie avec précision, est largement antérieure aux conquêtes musulmanes.
La valeur des signes nous est transmise par le missionnaire Charles de Foucauld.
Caractéristiques
Type
Abjad11
Langue(s)
Touareg
Historique
Époque
Antiquité - actuellement
Libyque saharien
Système(s) parent(s)
Tifinagh ancien
Tifinagh traditionnel
Système(s) dérivé(s)
Néo-tifinagh
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Le tifinagh traditionnel des Touaregs, garde les caractéristiques morphosyntaxiques du
tifinagh ancien2. Il existe au sein du tifinagh traditionnel utilisé par les Touaregs quelques
divergences des valeurs des signes qui correspondent aux variations dialectales touarègues.
Si d'une région à une autre, la forme et le nombre des signes peuvent changer, les textes
restent en général mutuellement intelligibles car la plupart des différences graphiques suivent
la logique des variations phonétiques dialectales.
Les linguistes distinguent quelques sous-variantes de cet alphabet : celui de
l'Ahaggar (Algérie), de Ghat (Libye), de l'Aïr (Niger), de l'Azawagh (Niger/Mali) et de
l'Adghagh (Mali)2. En dehors de ces zones touaregs, toute usage des alphabets de la famille
des alphabets lybico-berbères ou tifinagh ont disparu en Afrique du Nord, à la faveur de
l'introduction des alphabets latins ou arabes2.
Particularités[modifier | modifier le code]
L'innovation la plus frappante est la ligature à dernière consonne /t/ ou à première
consonne /n/.
Comme le saharien, le tifinagh touarègue dispose d'un signe ⴰ /ʔ/ pour noter les voyelles
finales appelées tighratin (masc. tighrit).
Les voyelles /i/ et /u/ (ou /o/) sont notées par les signes correspondant aux /y/ et /w/ c'est-
à-dire ⵉ et ⵓ (de façon comparable aux lettres yod et waw de l'hébreu ou de l'arabe).
Les voyelles, qui sont au nombre de trois en berbère (/a/ ; /i/ ; /u/), ne sont notées qu'en
fin de mots ainsi pour les mots ciel (aǧenna) on n'aura pas ⴰⴶⵏⵏⴰ mais ⴶⵏⴰ
La gémination n'est pas notée, deux mêmes caractères côte à côte se font entendre deux
fois
Les autres dialectes l'emploient pour toutes les voyelles finales et, selon le père Charles
de Foucauld, pour toutes les voyelles initiales sans distinction (le signe a alors la valeur
de consonne glottale, mais phonétiquement peu ou pas marquée ; en cas de besoin, des
diacritiques arabes peuvent compléter le signe pour expliciter la voyelle initiale
représentée).
Les lettres sont épelées de différentes façons suivant les régions :
Caractéristiques
Type
Alphabet
Langue(s)
Langues berbères
Historique
Époque
1970 - actuellement
Libyque
Système(s) parent(s)
Tifinagh traditionnel
Néo-tifinagh
Codage
Unicode
U+2D30 à U+2D7F
ISO 15924 Tfng
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Facebook en amazighe standard marocain utilisant l'alphabet néo-Tifinagh.Wikipédia
ⴰ A a 01
ⴱ B b 02
ⵛ C c 03
ⴷ D d 04
ⴻ E e 05
ⴼ F f 06
ⴳ G g 07
ⵀ H h 08
ⵉ I i 09
ⵊ J j 10
ⴽ K k 11
ⵍ L l 12
ⵎ M m 13
ⵏ N n 14
ⵄ Ɛ ɛ 15
ⵃ Ḥ ḥ 16
ⵇ Q q 17
ⵔ R r 18
ⵙ/ⵚ S s 19
ⵜ T t 20
ⵓ U u 21
ⵖ V v 22
ⵡ W w 23
ⵅ X x 24
ⵢ Y y 25
ⵣ Z z 26
Le signe de labialisation n'était pas représenté explicitement mais pouvait être marqué
par le guillemet double ASCII (") ou un autre signe similaire comme l'apostrophe ASCII
('), le symbole accent grave ASCII (`), le symbole accent circonflexe ASCII (^), ou encore
par la mise en style exposant du W=ⵡ (dans les documents où ce style était possible).
Un tel codage peut encore être utilisé comme méthode de saisie sur un clavier latin
standard mais il ne constitue pas une bonne translittération latine des lettres tifinaghs. En
effet concernant l'alphabet de base de l'IRCAM, il y manque les 5 lettres géminées /ḍ/, /ṛ/,
/ṣ/, /ṭ/, /ẓ/ (pour la méthode de saisie, il peut être nécessaire d'utiliser une touche
supplémentaire) ; et la représentation P=ⵃ (par exemple) est trop éloignée de sa valeur
phonétique du /ḥ/ géminé, de même que la représentation V=ⵖ du /ɣ/ (gh) dont la
similitude de la lettre latine est seulement graphique avec la lettre tifinagh (et le symbole
gamma latin de l'API), ainsi que la représentation de O= ⵄ du /ɛ/.
À compter de la version 4.1.0 de la norme Unicode, les caractères tifinaghs sont codés dans
la plage U+2D30 à U+2D7F. La norme définit 55 caractères, mais nombre de caractères n'en
font pas partie22.
Représentation Unicode des glyphes (de gauche à droite)
Code +0 +1 +2 +3 +4 +5 +6 +7 +8 +9 +A +B +C +D +E +F
U+2D30
U+2D40
U+2D50
U+2D60
U+2D70
U+2D3
B ⴻ E è, ey ə yè, yey
U+2D3 ف
C ⴼ F f f
ڢ
yaf
U+2D3
D ⴽ K yak
k k ك
U+2D3E ⴾ yak touareg
U+2D3F ⴿ khh x ك yakhh
h h ه yah
U+2D40 ⵀ H
b b ب = yab touareg
U+2D41 ⵁ H yah (Académie berbère)
h h ه
U+2D42 ⵂ yah touareg
U+2D43 ⵃ Ḥ hh ħ ح yahh
U+2D44 ⵄ Σ ʿ ʕ ع yaʿ
U+2D45 ⵅ X yakh
kh x خ
U+2D46 ⵆ yakh touareg
U+2D47 ⵇ Q ق yaq
q q
U+2D48 ⵈ ڧ yaq touareg
ي
U+2D49 ⵉ I i i
ِ
yi
U+2D4
A ⵊ J yaj
U+2D4 ج
B ⵋ j ʒ
ژ
yaj de l'Ahaggar
U+2D4
C ⵌ yaj touareg
U+2D4
D ⵍ L l l ل yal
نڭ
U+2D51 ⵑ ng ŋ
ڨ
yang touareg
U+2D56 ⵖ V yagh
gh ɣ غ
U+2D57 ⵗ yagh touareg
ɣ
gh d͡ ʒ غ yagh de l'Aïr
U+2D58 ⵘ dj ج = yadj de l'Adrar
ʒ
U+2D59 ⵙ S s s سyas
U+2D5
A ⵚ ss sˤ صyass
U+2D5
B ⵛ C sh ʃ شyach
U+2D5
C ⵜ T t t ت yat
U+2D5
D ⵝ th θ ث yath
چ
U+2D5E ⵞ ch t͡ ʃ ڜyatch
تش
U+2D5F ⵟ tt tˤ ط yatt
ڥ
U+2D60 ⵠ v v بyav
ڤ
U+2D61 ⵡ W w w و yaw
U+2D62 ⵢ Y y j ي yay
U+2D63 ⵣ Z yaz
z z ز yaz (Tawellemet)
U+2D64 ⵤ = yaz harpon
ڞ
U+2D65 ⵥ Ẓ zz zˤ
ﮊ
yazz