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Le galion espagnol
(espagnol : galeón, nao, ou navío) était un type de galion particulièrement
grand utilisé à la fois pour le transport de marchandises et comme
navire de guerre armé de parfois près de 60 canons. Utilisés du milieu
du XVIe siècle jusqu'au début du XIXe siècle, les galions espagnols
avaient trois ou quatre mâts à gréement carré et voiles latines, un bec
distinctif à la proue et un haut mât de poupe.
Les galions évoluèrent dans les années 1530 (ou un peu avant) à partir de
navires tels que la caravelle et la caraque et avaient des superstructures
plus basses pour les rendre plus maniables par mer agitée (bien que les
galions ultérieurs aient à nouveau augmenté ces structures). Les autres
caractéristiques communes des galions étaient la proue en forme de bec,
le gaillard d'avant en retrait par rapport à la proue, une poupe plate et
une coque lisse. Il existait différents types de galions, et aucun modèle
standard n'était suivi. Le galion était utilisé comme navire de guerre, mais
il évolua vers le galion de course, avec un pont en moins et une coque
plus effilée - des caractéristiques qui rendaient le navire beaucoup plus
rapide et plus manœuvrable qu'un galion standard.
LES PLUS GRANDS GALIONS NÉCESSITAIENT LE NOMBRE FOU DE PRÈS DE
2 000 ARBRES ET JUSQU'À DEUX ANS DE CONSTRUCTION.
Le galion espagnol, en revanche, sacrifiait la vitesse à la taille, notamment
pour augmenter sa capacité à transporter plus de marchandises et
d'armements. Les galions espagnols avaient des coques plus épaisses pour
mieux résister aux tirs des canons. Un galion espagnol typique mesurait
de 30 à 45 mètres de long et de 12 à 15 mètres de large (le rapport préféré
était de 3:1 ou 4:1). La coque de chaque côté se rétrécissait vers le centre
pour donner plus de stabilité, ce qui était particulièrement utile pour tirer
avec ses canons. Les galions de l'Atlantique faisaient environ de 500 à 1
000 tonnes, mais les galions de Manille, dans le Pacifique, pouvaient
atteindre 2 000 tonnes. La construction des plus grands galions
nécessitait le nombre fou de près de 2 000 arbres et pouvait durer jusqu'à
deux ans.
Au tout début, lorsque les Espagnols n'avaient pas encore pris la peine
d'armer complètement leurs galions car ils pensaient que l'océan
Pacifique était leur chasse gardée, certains corsaires connurent un franc
succès. Francis Drake notamment (c. 1540-1596) lors de son épique
voyage de circumnavigation de 33 mois. Drake s'empara du Cacafuego
en mars 1579 au large des côtes du Pérou. Le galion empruntait la route
Pérou-Panama et son énorme cargaison d'or et d'argent inca fut l'une
des plus riches prises des corsaires élisabéthains. Plus tard, les flottes
navales européennes, qui attaquaient en force, capturèrent quelques
navires parmi les flottes-trésor de l'Atlantique, mais en réalité, au 17e
siècle, les navires-trésor espagnols avaient bien plus à craindre des
intempéries.
Galions de Manille
Les galions de Manille transportaient des marchandises asiatiques
précieuses telles que la soie, la porcelaine, les tapis et les épices depuis
Manille aux Philippines, alors colonie espagnole, vers Acapulco au
Mexique, un voyage de 4 à 8 mois à travers l'océan Pacifique, en
fonction des conditions maritimes et météorologiques. Les galions
étaient construits aux Philippines (à quelques exceptions près) et furent
utilisés de 1565 à 1815. Les Espagnols eux-mêmes appelaient ces maisons-
trésor flottantes les naos de China ou "navires chinois". Certaines
marchandises comme la soie, la porcelaine, l'or et les épices étaient
ensuite transportées par voie terrestre pour être chargées sur les navires
à trésors de l'Atlantique. Une fois vidés de leur cargaison orientale, les
navires de Manille repartaient à travers le Pacifique avec de grandes
quantités d'argent à échanger contre une nouvelle cargaison de
marchandises. Ce voyage durait environ trois mois et était bien plus facile
que celui vers Acapulco.
Il n'y avait pas grand-chose à faire sur un galion pour les passagers. Il y
avait parfois des divertissements tels que des représentations théâtrales,
des danses, de la musique, des lectures de livres, des jeux d'échecs et de
cartes (bien que l'équipage ordinaire n'ait pas été autorisé à jouer). Il y
avait des messes régulières et des célébrations de dates importantes
comme les fêtes du saint du jour. Pourtant, le temps s'écoulait sans
doute aussi lentement que le sable dans les sabliers du navire, retournés
toutes les demi-heures par les garçons de cabine pour garder la notion
du temps pendant le long, très long voyage.
Lorsque les galions arrivaient enfin au port, ils étaient accueillis par les
tambours, les trompettes et les cloches des églises, et il aurait été difficile
de savoir qui était le plus heureux entre les passagers éprouvés qui
débarquaient enfin sur le quai ou les marchands qui se frottaient les
mains dans la perspective de l'abondant commerce qui se présentait à
eux.