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MARINE NATIONALE REPUBLIQUE DU CONGO

ETAT-MAJOR Unité-Travail-Progrès
DIVISION ENTRAINEMENT
ET DOCTRINE D’EMPLOI
Brazzaville, le 18 décembre 2023

RAPPORT

DE PARTICIPATION A L’ATELIER SUR L’OPERATIONNALISATION DE


LA PREVENTION ET DE L’INTERDICTION DES DEPLACEMENTS DES
TERRORISTES DANS LE DOMAINE MARITIME EN AFRIQUE DE
L'OUEST.

Pièce jointe :
 Addendum au mémorandum de New-York du forum mondial de lutte contre le
terrorisme (GCTF).

Le représentant,

Destinataire :

- CEMMAR (ATCR)
Capitaine de frégate N’DEMBE François
Copie :

- CEMA (ATCR)
Dans le cadre de l’initiative du forum mondial de lutte contre le terrorisme
(GCTF), il a été organisé du 11 au 13 décembre 2023 à Dakar au Sénégal, un
atelier sur la sécurité maritime et les déplacements des terroristes dont le thème
était : « Opérationnaliser la prévention et l’interdiction des déplacements
des terroristes dans le domaine maritime en Afrique de l’Ouest ».
La république du Congo a été représentée par le capitaine de frégate
N’DEMBE François de l’état-major de la marine nationale conformément à
l’autorisation de sortie valant ordre de mission N°001707/MDN-CAB du 08
décembre 2023.
Ce premier atelier organisé en Afrique de l’Ouest après l’adoption de
l’Addendum de 2021, consistait de promouvoir l’utilisation efficace des bonnes
pratiques de l’Addendum. Il visait à tirer parti des travaux pour faciliter la mise
en œuvre des bonnes pratiques identifiées dans l’Addendum afin de lutter contre
l’utilisation du domaine maritime de l’Afrique de l’Ouest à des fins terroristes.
Cet atelier avait pour objectifs principaux :

 Faire mieux connaître les outils et les ressources permettant d'améliorer


et de soutenir la sécurité maritime, tels qu'ils sont définis dans les bonnes
pratiques de l’Addendum du GCTF ;
 Fournir des exemples concrets de mesures efficaces de sûreté des ports
maritimes et expliquer comment les États ont surmonté les difficultés
d'accès terrestre et maritime ;
 Démontrer, exemples à l'appui, les avantages de la création et de la gestion
d'un dispositif global de filtrage des voyageurs et de listes de surveillance,
conformément aux bonnes pratiques 10 et 19 ;
 Mettre en évidence les avantages d'une approche pangouvernementale de
la sécurité maritime.

Ce rapport qui a pour but de rendre compte du déroulement des activités, est
structuré autour des points suivants :

1. Contexte :

L’Afrique de l’Ouest avec ses nombreuses richesses, les menaces et ses lacunes
émergentes est définie comme une région à risque avec la menace terroriste au
Sahel et une opacité dans la partie maritime.

Le terrorisme en Afrique de l’Ouest est un facteur d’instabilité de la sous-région


et son éradication demeure une préoccupation des Etats.
La tendance laisse croire que l’environnement de l’Afrique de l’Ouest actuel
pourrait favoriser l’émergence du terrorisme maritime car, les terroristes
innovent dans le domaine technologique en utilisant les drones pour localiser et
cibler les navires en mer.

Dans le domaine maritime, les solutions globales et multidimensionnelles


pour lutter contre ce fléau sinon pour perturber les déplacements des
terroristes en mer afin de favoriser le développement de l’industrie maritime (de
l’économie bleue) restent : la gouvernance, la collaboration, la surveillance, le
renforcement de l’architecture de Yaoundé par la motivation, etc.

2. Organisation et Participants :

Coprésidé par le groupe de travail du GCTF sur les combattants terroristes


étrangers et le groupe G7++ des amis du golfe de Guinée, cet atelier a connu la
participation de plusieurs délégations, organisations (internationales,
régionales, de la société civile), des centres de recherche et établissements
universitaires. Il a réuni un large éventail de parties prenantes, notamment :
Pays : Allemagne, Angola, Australie, Benin, Cameroun, Congo-Brazzaville,
Danemark, Egypte, Etats-Unis, France, Ghana, Guinée-Conakry, Maroc,
Nigeria, Sénégal.
Les organisations :
 Appui à l'Afrique de l'Ouest intégré Sécurité maritime (SWAIMS) ;
 Institut d'études de sécurité (ISS) ;
 Haute Autorité Chargée de la Coordination de la Sécurité Maritime
(HASSMAR) ;
 Centre de Coordination Interrégional (CCI) ;
 Centre régional des opérations de coordination (Seychelles) ;
 Institut Maritime du Golfe de Guinée ;
 Mers stables ;
 Programme de lutte contre les voyages terroristes (UNOCT) ;
 Département d'État de transports et de sécurité des frontières des États-
Unis ;
 Département de la sécurité intérieure États-Unis ;
 Garde-côtes américaines ;
 INTERPOL;
 Comité exécutif des Nations Unies contre le terrorisme ;
 Secrétaire Général du Comité Interministériel de l'Action de l'Etat en Mer
(SEPCIM – Cote d’ivoire) ;
 Programme mondial sur la criminalité maritime ;
 ONUDC ;
 Département d'État des États-Unis en matière de transports et de sécurité
des frontières ;
 Organisation maritime internationale (OMI).

3. Déroulement :

Cet atelier a consisté en des présentations et des débats stimulants d’experts


internationaux et régionaux en matière de sécurité maritime, portant sur les
bonnes pratiques de l’Addendum et leur pertinence dans la lutte contre les
déplacements maritimes des terroristes.

Plusieurs thèmes (sessions) ont été abordés, dont le plus récurrent tout au long
de l’atelier était celui de l'importance des autorités judiciaires dans la
prévention et l'interception des déplacements des terroristes dans le
domaine maritime, y compris le droit international et le droit de l'homme. Ils
sont :

Session 1 : Contextualiser les menaces à la sécurité maritime en Afrique de


l'Ouest

Cette session a été un examen sur les menaces nombreuses et complexes qui
pèsent sur la sécurité maritime en Afrique de l'Ouest, en mettant l'accent sur les
déplacements des terroristes ainsi que sur le risque que ceux-ci exploitent les
lacunes émergentes ou établies et aient recours à des pratiques déjà observées
dans d'autres activités criminelles telles que le trafic illicite, la piraterie et la
pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN).

Session 2 : Résumé de l'Addendum et de ses bonnes pratiques

L’Addendum de 2021 est une série d’orientations non contraignantes qui


complète le Mémorandum de New York du Forum mondial de lutte contre le
terrorisme (GCTF) sur les bonnes pratiques visant à empêcher les déplacements
des terroristes en mettant l’accent sur les mesures d’intervention dans le
domaine maritime.
Cet Addendum synthétise les bonnes pratiques identifiées lors des ateliers
précédents organisés dans le cadre de l’initiative de lutte contre les déplacements
des terroristes afin de fournir des orientations non contraignantes pour identifier
et prévenir l’utilisation abusive du domaine maritime par les terroristes, ainsi
que pour répondre aux attentats terroristes.

Cet Addendum intègre les enseignements tirés des opérations de lutte contre la
piraterie, la pêche INN, les risques portuaires, les cyberactivités malveillantes ;
et la lutte contre les stupéfiants, qui permettent d’élaborer les mesures de lutte
contre le terrorisme dans le domaine maritime. Il met également en évidence le
lien entre les activités terrestres et le terrorisme dans le domaine maritime.

L’Addendum est un guide pour améliorer la sécurité maritime et comprend vingt


(20) bonnes pratiques, organisées en quatre (04) catégories principales ou
piliers :

 L’amélioration des connaissances du domaine maritime (MDA) ;


 L’identification et le développement de cadres juridiques et politiques ;
 L’affirmation de la priorité accordée à la coopération et à la collaboration ;
 Le renforcement des capacités.

Session 3 : Autorités juridiques dans le domaine maritime

Cette session a abordé les principaux textes et résolutions qui cadrent l’action
dans le milieu maritime, les autorités chargées de l’élaboration des normes
juridiques, et les autorités chargées de l’application des normes juridiques ainsi
que leurs défis spécifiques.

Session 4 : Coordination interservices dans le domaine maritime

Il s’agissait à partir d’un débat interactif et du RETEX sur le rôle crucial de la


coordination interservices dans le domaine maritime, de répondre à la question
pourquoi partageons-nous l’information ?

La coopération inter-agences dans le partage des informations passe aussi par


plateforme YARIS, les exercices de visite, INTERPOL, etc. Dans ce cas, la
confiance reste le mot clé et la transparence entre agences est encouragée.

Session 5 : Connaissance du domaine maritime (MDA)


Le MDA est la compréhension significative de tout ce qui a un lien avec le milieu
maritime et qui peut avoir une relation avec la sûreté et la sécurité maritime.
Donc tous ceux qui touchent à l’industrie maritime y compris les outils humains
(communautés côtières, société civile, le rôle crucial du secteur privé, autres
partenaires) et outils technologiques innovants pour contribuer à une meilleure
MDA (AIS, SeaVision, YARIS, VMS, etc.),

Session 6 : Exercice de simulation avec une discussion en plénière

A partir d’un scenario fictif d’un attentat terroriste sur une plateforme pétrolière
offshore dans une région fictive du golfe de Guinée et aux tentatives ultérieures
des terroristes de s'échapper par une frontière maritime international ; les
participants en plénière ont joué le rôle des représentants de l'État dans un
espace ouvert, neutre et informel, ont réagi en proposant des réponses dans
l’analyse des risques, des capacités ainsi que la coordination interservices,
l'échange d'informations et les stratégies maritimes (nationale et régionale).

Session 7 : Collecte et analyse des informations relatives aux réservations


de passagers (RPCV/PNR) dans le domaine maritime

Cette session consistait à :

 Présenter les principaux avantages de la collecte et de l'analyse des


données RPCV/PNR dans le domaine maritime.
 Développer également la nécessité de se conformer au droit international
(droits humains) lors du traitement des données RPCV/PNR.

Session 8 : Listes de surveillance et partage d'informations

Cette session consistait à présenter un bref aperçu des pratiques de tenue de


listes de surveillance pour la lutte contre le terrorisme et de leur pertinence pour
le domaine maritime :

 Déterminer les deux niveaux de partage d’information (national et


international) ;
 Adopter une approche globale basée sur plusieurs sources d’informations,
 Adopter une approche multidimensionnelle qui intègre les actions à court
terme et des stratégies à long terme ;
 Avoir une base de données.
Session 9 : Partenariats public-privé dans le domaine maritime

Il s’agissait de montrer le rôle crucial de la coopération et des partenariats entre


les organismes publics et privés opérant dans le domaine maritime. Cela passe
par la mutualisation des moyens, la confiance et le même objectif, le rôle des
médias et de la société civile pour rendre la mer un espace sûr.

Le partenariat public-privé (national, bilatéral ou international) dans le domaine


maritime est basé sur les protocoles.

Session 10 : Sécurité portuaire

Il s’agissait d’un débat des experts sur l'importance de la mise en œuvre de


mesures de sécurité adéquates dans les ports : le respect des dispositions du
code ISPS, de la convention SOLAS et des audits de l’OMI.

4. Enseignements à tirer :

 Le domaine maritime est particulièrement vulnérable à l’exploitation en


raison de sa vaste étendue, de sa facilité d’accès et des lacunes
juridictionnelles ;
 Les terroristes ont innové avec la technologie (utilisation des drones et
autres équipements) et ciblent le milieu maritime ;
 Les faiblesses sur la surveillance des côtes peuvent créer des points
d’entrée informels des terroristes ;
 Investir dans la prévention plutôt que la répression ;
 Pouvoir vouloir changer l’état d’esprit des gens ;
 Convaincre les décideurs politiques demeure un défi ;
 La mise en œuvre de la stratégie reste une affaire des professionnels ;
 Encourager la transparence, la confiance et le partage précoce des
informations entre les agences ;
 Les voies de transport et de commerce transnationales peuvent servir de
pistes et de catalyseurs financiers à la criminalité transnationale et aux
activités terroristes.
5. Suggestions :

Le terrorisme étant un facteur d’instabilité dans la sous-région qui s’invite dans


le domaine maritime, nécessiterait aussi des mesures contraignantes et
dissuasives telles que :

 Anticiper les actions en mer et le long des côtes par des patrouilles ;
 Définir la nature, le volume et le niveau de disponibilité des forces pour
tenir les engagements (le respect du contrat opérationnel) ;
 Instaurer un régime opérationnel favorable adapté afin de minimiser
sinon d’exclure les déplacements ou attaques terroristes maritimes.

Conclusion :

En définitive, la lutte contre le terrorisme exige des efforts coordonnés dans les
domaines de la diplomatie, de l’application de la loi, du partage d’informations,
de l’armée, de la sûreté, de la sécurité et de l’économie, ainsi qu’une coopération
multinationale et des partenariats public-privé.

Cet atelier de haut niveau a été très bénéfique en ce sens où il nous a permis de
cerner les enjeux, défis et les réponses non contraignantes dans l’amélioration
du domaine maritime grâce à l’Addendum et ses quatre (04) piliers. Ce stage a
réuni un panel très riche et varié des civil et militaire (ambassadeurs, docteurs
et chercheurs, amiraux et officiers supérieurs, des experts, etc.).

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