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L’abus de confiance

Chapitre 1 : Généralité sur l’abus de confiance


Section 1 : la notion de l’abus de confiance vis-à-vis du vol et l’abus des biens sociaux
A- La notion de l’abus de confiance
D’abord, l’infraction de l’abus de confiance est régie par les articles 547 à 555 du CPM, L’abus de confiance
consiste dans le détournement ou la dissipation, frauduleusement commis, de choses remises au
délinquant, à charge pour lui de les rendre ou représenter ou d’en faire un emploi déterminé. Autrement
dit, il y a abus de confiance quand une personne s'approprie d’un bien que lui a remis sa victime,
propriétaire. Ce bien peut être une somme d'argent, une marchandise, un effet de commerce (document
bancaire ou commercial tel que chèque, traite). C'est aussi le cas pour les données informatiques. Par
exemple, si un commercial prend un fichier clients de son entreprise pour l'utiliser dans son nouvel emploi.
B- L’abus de confiance vis-à-vis du vol et l’abus des biens sociaux

 L’abus de confiance et le vol : Le CPM définit quant à lui l’infraction du vol dans l’article 505 qui stipule
que « quiconque soustrait frauduleusement une chose appartenant à autrui est coupable de vol … ».
Ce qui différencie le vol de e l’abus de confiance, c’est que le vol consiste à une soustraction, ce qui
implique que l’auteur s’appropria la chose d’autrui contre son gré. Alors que l’abus de confiance est
une forme d’appropriation frauduleuse du bien d’autrui par détournement ou par dissipation.
Autrement, l’auteur de l’abus de confiance détourne une chose qui lui a été remise d’une manière
parfaitement normale.
 L’abus de confiance et l’abus des biens sociaux : Dans le cas d’un abus de biens sociaux, l’auteur de
l’infraction est le dirigeant social. Ce dernier utilise sciemment les biens de son entreprise, en portant
atteinte à son intérêt social, dans le but d’en tirer personnellement profit ou de favoriser un tiers.
Donc, l’abus de biens sociaux est commis par le dirigeant d’une société, l’abus de confiance sanctionne
les détournements effectués par les salariés de la société.
Section 2 : La condition préalable de la remise dans l’abus de confiance
Pour que l’infraction de l’abus de confiance puisse être retenue, il faut avant tout caractériser le trois
composantes de l’élément préalable qui la remise préalable, l’objet de la remise, et enfin son caractère
précaire.
A- La remise préalable : L’abus de confiance suppose que la victime ait remis préalablement le bien à
l’agent soit directement soit indirectement. Ce qui compte pour que cette remise constitue la condition
préalable de l’abus de confiance c’est que cette remise ait été faite à un titre déterminé.
B- L’objet de la remise

 Meubles corporels : L’article 547 du CPM mentionne « des effets, des deniers ou marchandises ». Les
deniers sont l’argent liquide, les effets sont les meubles ordinaires, les marchandises concernent toute
chose pouvant être utilisée dans opérations commerciales.
 Les valeurs incorporelles : Le texte mentionne les billets, quittance ou tous les autres écrits contenant
ou opérant obligation ou décharge». Il s’agit des valeurs mobilières de toute nature, les effets de
commerce, les chèques, ainsi que les actes authentiques ou privés lorsqu'ils contiennent des
obligations ou des décharges.
C- Le caractère précaire de la remise : Le caractère précaire de la remise découle de la nature de la
convention conclue entre les parties, il s’agit de distinguer si les biens ou fonds ont été remis à titre
précaire ou en pleine propriété. L’abus de confiance est logiquement inconcevable si l’agent " détourne "
un bien dont il est devenu propriétaire, la remise de ce bien par la "victime" n’ayant pas été faite à titre
précaire.
Section 1 : Les éléments constitutifs de l'abus de confiance
1- L’élément légal : Les articles 547 à 555 du Code Pénal Marocain
2- L’élément matériel : Selon l’article 547 du CPM, l’abus de confiance est le fait par une personne
d’opérer un détournement (a), et ce, au préjudice d’autrui (b).
A- Le détournement ou la dissipation :
L'article 547 C.P définit l'élément matériel de l'abus de confiance par le terme "détourner ou dissiper».
D’abord, détourner, c'est affecter l'objet confié à une destination autre que celle prévue lors de la remise.
Dissiper, c'est faire disparaître l'objet, soit par une opération matérielle (détruire par exemple), soit par
une opération juridique (aliéner ou donner l'objet, dépenser la somme d'argent.

 L'usage abusif de la chose : L'abus de confiance suppose une interversion de la possession. Or, toute
inexécution des obligations imposées à celui qui a reçu la chose ne constitue pas nécessairement un
détournement ; un abus dans l'usage de cette chose, même s'il est dommageable, n'entraine qu’une
responsabilité civile.
 Restitution tardive, détérioration et perte de la chose : Tout retard dans la restitution d’un objet, par
exemple, ne constitue pas de facto un abus de confiance, car il peut s'expliquer par une simple
négligence, exclusive d'une interversion de possession ; et ceci reste vrai, même si un terme avait été
fixé pour la restitution de la chose. Même solution pour les détériorations ou la perte de la chose.
L'agent n'encourt qu'une responsabilité civile pour sa négligence, dès lors qu'on ne peut relever
l'intention d'intervenir la possession.
B- Le préjudice causé :
Selon l’article 547 du CPM, l'abus de confiance consiste en un détournement commis « au préjudice des
propriétaires, possesseurs ou détenteurs des biens détournés ». C'est-à-dire, toute personne qui a sur la
chose un droit privatif quelconque.
3- L'élément moral : Le délit d’abus de confiance fait partie des « appropriations frauduleuses » .C'est-à-
dire, il repose principalement sur l'intention coupable du délinquant. L'intention existe lorsque la personne
qui a reçu la chose et se trouve investie de la qualité de possesseur précaire, accomplit sur cette chose un
acte de propriétaire et investit sa possession, sachant que cette possession ne l'autorise pas à accomplir un
tel acte, et prévoyant que ses agissements causeront ou pourront causer un préjudice à autrui.
Section 2 : La répression de l'abus de confiance
1- L'abus de confiance simple
L'abus de confiance est un délit puni de six mois à trois ans d'emprisonnement et d'une amende de 200 à
2.000 dhs. Si le préjudice subi est de faible valeur, la durée de la peine d'emprisonnement sera d'un mois à
deux ans et l'amende de 200 à 250 dhs ». Le coupable encourt également l'interdiction pour une durée au
minimum de cinq ans et de dix ans au maximum d'un ou plusieurs droits mentionnés à l'art. 40 C.P. et de
l'interdiction de séjour.
L'article 548 du CPM a étendu aux auteurs de ce délit l'immunité que les articles 534 à 536 C.P a prévue, en
matière de vol, au profit des parents ou alliés qu'il énumère.

2- L’abus de confiance aggravé : Les peines peuvent être alourdies dans les cas suivants :

 Abus de confiance dans les actes authentiques : Si l'abus de confiance est commis : Soit par un Adel,
séquestre, curateur, administrateur judiciaire agissant dans l'exercice ou à l'occasion de leurs fonctions;
Soit par un administrateur, employé ou gardien d'une fondation pieuse, au préjudice de cette
fondation; Soit par un salarié ou préposé au préjudice de son employeur ou commettant, la peine est
l'emprisonnement de 1 an à 5 ans et l'amende de 200 à 5.000 dirhams.
 Abus de confiance par personne faisant appel à épargne : si l'abus de confiance a été commis par une
personne faisant appel au public afin d'obtenir, soit pour son propre compte, soit comme directeur,
administrateur ou agent d'une société ou d'une entreprise commerciale ou industrielle, la remise de
fonds ou valeurs à titre de dépôt, de mandat ou de nantissement, selon article 550 du CPM, la peine
principale est portée au double soit 6 ans, -et le maximum de l'amende porté à 100.000 dirhams.

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