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Chapitre 5 : Abus de confiance

Infraction de plus en plus utilisée en répression. A l’origine c’est un abus de la confiance


d’autrui. Elle ne valait que pour les contrats réalisés à titre gratuit. C’était ce qu’on appelle
maintenant l’abus de faiblesse.

Maintenant c’est un terme qui porte à confusion. Il ne s’agit pas de confiance. Il s’agit de
sanctionner une inexécution contractuelle frauduleuse. Une appropriation frauduleuse.

Article 314-1 : L'abus de confiance est le fait par une personne de détourner, au préjudice
d'autrui, des fonds, des valeurs ou un bien quelconque qui lui ont été remis et qu'elle a
acceptés à charge de les rendre, de les représenter ou d'en faire un usage déterminé.

Cette infraction est complexe car il y a plusieurs éléments qui constituent l’élément matériel.

Chronologie précise à rétablir dans toutes les hypothèses d’abus de confiance. Il faudra faire
attention à la chronologie.

Il faut commencer par un champ d’application particulier qui repose sur un contrat. Il va
falloir rechercher dans les faits une situation contractuelle légale. Le contrat va entrainer
une détention à titre précaire. Dans ce contrat, il ne doit pas y avoir de transfert de
propriété.

Il s’agit d’une détention et non d’une possession. Ce sont des contrats de gestion, de
représentation, de prêt.

Une fois qu’on a déterminé les obligations de chacune des parties sur le contrat de base on
pourra passer à la recherche du geste infractionnel.

Le geste infractionnel est défini par 2 termes :


- Abus
- Détourné

Dans les deux cas on va dépasser un usage normal. Le juge va devoir constater une
opération matériellement. Il doit rester des traces de cette opération. Il va devoir qualifier
dans un 2ème temps cette opération. Il faut que cette obligation ne puisse pas être expliquée
par le contrat de base.

On ne tient pas compte du profit et du résultat de cette opération.

L’abus : droit dont on dépasse les limites.

Opération suspecte à partir du moment où on ne rend pas le bien à échéance ou bien si on le


rend hors des prescriptions contractuelles. Il peut y avoir retard de restitution ou restitution
dans un état autre que celui prévu au contrat.
Le fait de représenter le bien ou d’en faire un usage déterminé. Il n’y a pas besoin de
constater l’évaporation de la chose pour poursuivre un abus de confiance. Il peut y avoir un
usage distinct de celui prévu au contrat. L’opération sera constatée.

Pour en faire un abus, le juge se réfère au contrat et à la notion de cause. Si une obligation
n’est pas causée, elle est nulle. A partir du moment où l’opération ne peut pas être
expliquée de manière contractuelle, elle va être dénouée d’une juste cause. Le juge va
devoir rechercher une explication légitime à l’opération constatée.

Biens qui font l’objet d’un abus de confiance :

Tout ce qui est fonds, valeurs ou biens quelconques. Surveillance de tous les métiers de
gestion des biens d’autrui. Tous les biens incorporels peuvent faire l’objet d’un
détournement. On peut détourner un code confidentiel par exemple.

Dématérialisation de l’abus de confiance :

Tous les outils mis à disposition d’un salarié pour effectuer sa mission de travail peuvent
faire l’objet d’un abus de confiance. Tout outil donné pour la réalisation de la mission de
travail n’appartient pas au salarié. Il y aura poursuite à chaque fois qu’un employé change la
destination des outils de travail qu’on lui a donnés.

Toute donnée transmise pour effectuer une mission de travail ne doit pas sortir de
l’entreprise, qu’il y ait une clause de confidentialité ou pas.

Un salarié qui utilise son temps de travail en dehors de sa mission de travail commet un abus
de confiance envers son employeur. Le salarié qui se sert de la mission de travail qui lui était
attribuée pour son intérêt personnel (en tirer un profit personnel) était abuseur et
commettait un abus de confiance.

Préjudice :

Il faut que l’abus de confiance soit accompagné d’un préjudice (préjudice d’autrui).
C’est dans le cadre de l’abus de confiance que la Cour de cassation a renforcé son analyse du
préjudice. Même si l’abus en apparence ne générait pas de préjudice, il existait quand même
du fait de l’action de détourner.

Élément intentionnel :

On est face à un dol général. On ne recherche que la conscience de n’avoir aucune cause
légitime à l’opération. Cela suffira à constituer l’élément intentionnel de l’abus de confiance.

Concernant la poursuite, on est soumis à l’impossibilité de poursuivre au sein de la famille. Il


y a une exception lorsqu’une personne a reçu un mandat de justice pour gérer les biens d’un
membre de sa famille : on pourra le poursuivre pour abus de confiance si jamais il confond
les deux patrimoines. Un enfant ayant la tutelle doit se comporter comme un tuteur
extérieur.
Poursuite : le texte a été remanié. L’article 314-1 a été réévalué, on est désormais à 5 ans
d’emprisonnement pour un abus de confiance simple (375 000€ d’amende).

Il y a des aggravations de poursuites :


- La bande organisée
- Aggravations autres (7 ans et 750 K€)
- Super aggravation (10 ans 1,5 M€) : lorsqu’une personne publique réalise l’abus de
confiance

Problème de la tentative : Avant, cette infraction était une infraction formelle, il n’y avait pas
de résultat à attendre. Le législateur en 2021 a inséré une disposition considérant que la
tentative d’abus de confiance était punissable. Il est donc difficile de qualifier l’abus.

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