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La formation des contrats

Séance 2

La sécurisation de la période contractuelle


1. Les conditions de validité du contrat
La formation d’un contrat doit répondre à 3 conditions présentées dans l’article 1128 du code civil : « Sont
nécessaires à la validité d’un contrat : 1° Le consentement des parties ; 2° Leur capacité de contracter ; 3° Un
contenu licite et certain. »

1.1 La validité du consentement


La formation d’un contrat se réalise lorsque l’offre de contracter rencontre l’acceptation de contracter, c’est-
à-dire lorsque les 2 parties échangent leur consentement à la formation (c’est-à-dire « la naissance ») du
contrat. Pour qu’un contrat existe, il faut donc :
 que le consentement existe
Exemple : l’un de vos amis qui n’est pas avec vous en ce moment vient de décider tout seul que vous alliez lui
donnez 100 € demain : ce contrat n’est pas valide car il n’y a pas de consentement, vous n’avez jamais accepté
ce contrat. Il est donc inutile de rechercher si le consentement est ou non valide puisqu’il n’existe pas.
 que ce consentement soit valide
Pour qu’un consentement soit valide, il faut qu’il émane d’une personne saine d’esprit (art 1129 c. civ.) et que ce
consentement soit exempt de tout vice, autrement dit, qu’il ne soit pas vicié. Il existe 3 vices du consentement.
Sans eux, une des parties n’aurait pas contracté ou aurait contracté dans des conditions très fortement
(« substantiellement ») différentes. Ces 3 vices sont
 La violence
Elle peut être physique ou morale et génère une crainte d’un contractant, pour lui-même, pour ses biens ou
pour ses proches. Elle consiste donc en des agissements (commis par un contractant ou un tiers) qui conduisent
l’autre partie à donner son consentement alors qu’elle ne le souhaite pas en réalité. L’art 1143 du code civil
qualifie explicitement de violence l’abus de dépendance, c’est-à-dire la possibilité d’obtenir le consentement
d’autrui pour un contrat qu’il aurait normalement refusé au regard du déséquilibre excessif des avantages
procurés à chacune des parties.
 L’erreur
Elle est une fausse croyance qui porte sur un élément essentiel, que l’article 1133 du code civil qualifie de
« qualités essentielles » c’est-à-dire celles « en considération desquelles » les parties ont contracté. Cette
fausse croyance peut s’appliquer soit :
• sur la prestation due (ce sur quoi porte le contrat),
• sur la personne avec qui l’on contracte (pour les contrats intuitu personae, c’est-à-dire ceux conclus
en considération de la personne : contrat de travail, mariage, association de la création de certaines
sociétés…)
Il faut noter que l’erreur sur la valeur d’un bien n’est pas une cause de nullité (une personne qui s’entend dire :
« ça ne vaut vraiment pas le prix que je l’ai payé » ne peut ester en justice sur ce fondement) ;
Par ailleurs, les parties peuvent convenir dans le contrat d’un aléa sur la qualité d’une prestation ; la nullité est
alors impossible sur cette qualité particulière (exemple un produit vendu avec « possibilité de traces minimes
de composants d’une autre espèce » ne peut être frappé d’erreur s’il en contient justement).

209E60TKPF0218 CNED Thème 1 Séquence 3 – CEJM 1


 Le dol ou manœuvre dolosive
Selon l’article 1137 du code civil, le dol est « le fait pour un contractant d’obtenir le consentement de l’autre
par des manœuvres (…), des mensonges (…) la dissimulation intentionnelle par l’un des contractants d’une
information dont il sait le caractère déterminant pour l›autre partie. »
L’existence de consentement et l’absence de violence garantissent que le consentement est libre.
L’absence d’erreur ou de dol garantit que le consentement est éclairé.

1.2 La capacité des parties pour contracter


En ce qui concerne les personnes physiques, tout individu peut contracter s’il n’est pas mineur ou majeur
protégé (sauvegarde de justice, curatelle, tutelle). Pour les mineurs et les majeurs protégés, les actes de la
vie courante peuvent néanmoins être accomplis s’ils résultent d’usages reconnus (exemple : un mineur peut
acheter du pain). Pour les mineurs, ils ne peuvent se prévaloir de cette qualité pour échapper à des obligations
professionnelles qu’ils auraient souscrites dans le cadre d’un contrat de travail.
En ce qui concerne la capacité des personnes morales (sociétés, associations...), leur capacité est limitée par
les « règles applicables à chacune d'entre elles » (article 1145 du code civil). Ainsi dans le cas des sociétés, la
capacité pourra être appréciée au regard de leur objet social.

Dans certains contrats, une partie peut ne pas pouvoir elle-même contracter (déplacement impossible,
indisponibilité, manque de temps ou compétences pour négocier…) et peut désigner quelqu’un pour la
représenter. Cette situation peut créer une incertitude juridique : une partie pouvant se demander si le
représentant est ou non véritablement habilité à représenter l’autre partie. L’article 1158 du code civil entré en
vigueur en 2016 lui, permet une action interrogatoire, c’est-à-dire d’écrire au représenté pour lui demander
confirmation de cette habilitation (dans un certain délai qui doit être raisonnable et qui, dépassé, emporte
confirmation de la représentation).

1.3 Le contenu du contrat


Les règles de validité du contenu du contrat sont précisées dans les articles 1162 à 1171 du code civil. Ce
contenu doit être conforme à l’ordre public, avoir pour objet une prestation présente ou future, être possible et
être déterminé ou déterminable.
Le respect de l’’ensemble de ces conditions est applicable dès la formation du contrat mais portant sur le
contenu lui-même du contrat, elles sont présentées dans la séquence suivante (Séquence 4 : le contenu des
contrats ; Séance 1 : Les éléments constitutifs du contrat ; 2. Un contenu licite et certain).

2. La nullité d’un contrat


2.1 Nullité relative et absolue d’un contrat
Un défaut concernant les conditions de formation du contrat va en générer la nullité : le contrat ne prend pas
fin mais est censé n’avoir jamais existé. Les parties seront donc remises en l’état où elles se trouvaient avant
l’existence de ce contrat. On distingue :
• La nullité relative : elle protège un intérêt privé et peut être demandée par la partie protégée (ex. un
contractant victime de violence).
• La nullité absolue : elle protège un intérêt général et peut être demandée par le ministère public ou
toute personne ayant intérêt à agir (ex. un contrat de location d’un organe humain).

2 CNED Thème 1 Séquence 3 – CEJM 209E60TKPF0218


2.2 L’action interrogatoire à l’action en nullité
Un contractant peut-être dans une situation où il sait que l’autre partie peut se prévaloir d’une demande en
nullité car une cause le justifiant existait au moment de la formation du contrat mais a disparu depuis.
Exemple : un salarié a été embauché il y a 2 ans en présentant un faux diplôme (en lien direct et important avec
l’activité exercée). Son employeur l’a appris. Depuis, ce salarié a représenté l’examen et a obtenu le diplôme.
Il y a donc bien une manœuvre dolosive (mensonge sur le diplôme) mais donc la cause n’existe plus.
Selon l’article 1183 du code civil, « Une partie peut demander par écrit à celle qui pourrait se prévaloir de la
nullité, soit de confirmer le contrat, soit d’agir en nullité dans un délai de six mois à peine de forclusion. »
Application : le salarié peut donc écrire à son employeur et lui demander s’il compte, sous un délai de 6 mois,
demander la nullité du contrat de travail. Passé ce délai, même s’il n’y a pas encore prescription (5 ans pour
une nullité relative), il y aura forclusion : l’action en nullité ne pourra plus être intentée.

209E60TKPF0218 CNED Thème 1 Séquence 3 – CEJM 3

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