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Les sciences de l’eau au Maghreb

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Les sciences de l’eau au Maghreb 1
Les capacités humaines et l’expertise du secteur de l’eau et des domaines connexes doivent être
assurées pour garantir l’accès universel à l’eau douce et relever les défis complexes liés aux facteurs
sociaux, économiques, climatiques et autres aux niveaux local, régional et mondial. Le rôle des
ingénieurs/master œuvrant dans le domaine de l’eau est crucial dans l’élaboration et la mise en œuvre
de politiques hydriques à même d’accompagner durablement le développement socioéconomique
de leurs pays. D’où l’importance d’adapter les cursus de formation de ces futurs professionnels
de l’eau aux nouveaux défis comme le changement climatique, la sécurité alimentaire, la transition
énergétique, la révolution numérique, la préservation de la biodiversité, etc.

L’UNESCO promeut et aide au développement de programmes d’études interdisciplinaires et


multidisciplinaires et d’initiatives de recherche liés à l’eau dans les établissements d’enseignement
supérieur et de recherche. C’est dans ce cadre que le bureau de l’UNESCO pour le Maghreb a mené
cette réflexion concertée avec plusieurs académiciens et spécialistes de l’eau dans la région. L’objectif
est de faire un diagnostic de la situation actuelle de la formation académique dans les sciences de
l’eau au Maghreb et d’apporter des idées novatrices pour adapter les cursus de formation des futurs
ingénieurs/master aux innombrables défis actuels et futurs en lien avec la gestion durable de l’eau.

Le choix du Maghreb n’est pas fortuit. Le potentiel en ressources en eau renouvelables par tête
d’habitant y est sous le seuil critique de pénurie d’eau, soit 1000 m3/hab. Cette situation empire
d’année en année sous l’effet conjugué de l’accroissement démographique et le changement climatique
entre autres.

Au Maghreb, l’eau est un facteur déterminant, voire limitant, dans le développement socioéconomique
des pays de la région et partant, mérite toute l’attention sur le plan éducation que celui des politiques
de gestion durable et inclusive de cette denrée vitale.

« Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes,


c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les
défenses de la paix »
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Les sciences de l’eau au Maghreb
Publié en 2024 par le Bureau de l’UNESCO pour le Maghreb
Avenue Aïn Khalouiya, km 5,3
BP 1777 Rabat, Maroc
© UNESCO 2024

Œuvre publiée en libre accès sous la licence Attribution-ShareAlike 3.0 IGO (CC-BY-SA 3.0 IGO)
(http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/igo/). Les utilisateurs du contenu de la présente
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Les désignations employées dans cette publication et la présentation des données qui y figurent
n’impliquent de la part de l’UNESCO aucune prise de position quant au statut juridique des pays,
territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites.
Les idées et les opinions exprimées dans cette publication sont celles des auteurs ; elles ne reflètent
pas nécessairement les points de vue de l’UNESCO et n’engagent en aucune façon l’Organisation.
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Les sciences de l’eau au Maghreb

Ce travail constitue une continuité et une finalisation de la réflexion entamée par Feu
Dr. Abdelhak Eddoubi. Il est dédié à sa mémoire.

Auteurs : Driss Ouazar, Feu Abdelhak Eddoubi, Mohamed Alaoui


Préface
Les Objectifs de Développement Durable (ODD) reconnaissent la centralité des jeunes et
leur rôle dans le développement durable. Ils font d’ailleurs partie des neuf grands groupes avec
lesquels l’ONU collabore étroitement pour assurer une large participation et représentation
de toutes les composantes de la société dans les activités de l’Organisation. Cela est vital,
car les jeunes d’aujourd’hui vivent pleinement la mise en œuvre des projets contribuant à
la réalisation des ODDs, et seront témoins du succès ou de l’échec de l’Agenda 2030 du
développement durable.
Une partie de cette jeunesse, et pas des moindres, est constituée par les élèves ingénieurs.
Ils feront partie des décideurs et leaders de demain et doivent par conséquent être
suffisamment outillés pour relever les défis auxquels font et feront face leurs sociétés, voire
l’humanité entière. Ils sont appelés à jouer un rôle déterminant dans l’élaboration et la mise
en œuvre des politiques publiques et auront donc un impact significatif sur la mise en œuvre
de l’Agenda 2030.
Plus particulièrement et pour le propos de cette publication, il faut souligner le rôle
prépondérant des ingénieurs de l’eau. Ce sont eux qui évaluent le potentiel hydrique,
s’évertuent à trouver les techniques adéquates pour le mobiliser et le mettre à la disposition
des usagers, assistent les décideurs à gérer l’eau avec parcimonie, ou encore développent
les solutions pour la protéger contre les sources de pollution. Leur rôle est crucial
dans l’élaboration et la mise en œuvre de politiques hydriques à même d’accompagner
durablement le développement socioéconomique de leurs sociétés.
La question centrale qui se pose avec acuité aujourd’hui porte justement sur la formation
prodiguée aux élèves ingénieurs dans les sciences et techniques de l’eau, qui devrait leur
permettre d’avoir toutes les connaissances et compétences requises pour contribuer à la
réalisation des ODDs. Cette question est encore plus cruciale dans un contexte marqué
par la rareté et la fragilité des ressources en eau, comme c’est justement le cas dans la région
du Maghreb.
Le diagnostic que nous avons pu faire plaide en faveur d’une refonte significative des cursus
de formation des futurs spécialistes de l’eau au Maghreb, de manière à mieux prendre
en compte des défis devenus existentiels tels que le changement climatique, la sécurité
alimentaire et énergétique, la révolution numérique, la préservation de la biodiversité, la
lutte contre la désertification, sans oublier la nécessité de tenir compte des besoins du
marché de l’emploi.

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Les sciences de l’eau au Maghreb
Forte de son rôle de laboratoire d’idées, l’UNESCO assiste les pays membres, notamment
via son Programme Hydrologique Intergouvernemental (PHI), pour trouver des solutions
innovantes visant à assurer durablement une sécurité hydrique à même de garantir une
paix sociale et un développement socioéconomique harmonieux. L’Organisation met par
exemple à leur disposition des spécialistes de l’eau, pour les aider à faire un diagnostic
adéquat.
Notre objectif ultime est de mieux qualifier la jeunesse pour relever les défis actuels et futurs,
notamment dans un secteur très stratégique et névralgique comme celui de l’eau. L’atteinte
de l’ODD 6 est tributaire entre autres du développement des compétences des ressources
humaines impliquées dans la gestion de l’eau ; les ingénieurs en constituent le noyau dur.
Il est donc de notre intérêt à tous d’épauler les jeunes poursuivant leurs études dans les
disciplines de l’eau et d’investir massivement dans leur éducation et le développement de
leurs compétences.
Eric FALT
Directeur du Bureau de l’UNESCO pour le Maghreb
Représentant de l’UNESCO auprès du Maroc, de l’Algérie, de la
Libye, de la Mauritanie et de la Tunisie

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Les sciences de l’eau au Maghreb 7
TABLE DES MATIÈRES
Préface 06

Résumé 12

Executive summary 14

01
Contexte et justification 16

02
Cadrage et contexte de l’étude 20

03
Approche méthodologique 23

04
Enjeux, défis et contraintes 25
4.1. Contexte du changement climatique
4.2. L’eau dans l’espace maghrébin
4.3. Perspective de développement durable
4.4. Défis de la révolution numérique
4.5 Défis de la transition énergétique et écologique

05
La formation des ingénieurs en eau dans les 32
pays du Maghreb
5.1. État de la situation de la formation des ingénieurs/masters en eau
dans les pays du Maghreb
5.2. Évaluation des principales forces et faiblesses
5.2.1. Points forts des programmes de formation
5.2.2. Lacunes constatées au niveau des profils de sortie des ingénieurs
5.2.3. Lacunes constatées au niveau des profils de sortie des masters

06
Tendances actuelles de formation des 39
ingénieurs/masters
07
Impact des ruptures technologiques 40
7.1. Technologies avancées récentes dans le domaine de l’eau
7.2. Considérations éthiques dans les programmes de formation des
ingénieurs en eau
7.3. Désidératas et reprofilage des formations pour les métiers de l’eau
7.4. Référentiel de compétences génériques
7.4.1. Nécessité d’un Référentiel de compétences
7.4.2. Référentiel de compétences – curricula

08
Questions de genre en ingénierie 51

09
Recommandations générales pour la formation 55
des ingénieurs/masters dans le domaine des
sciences et techniques de l’eau
9.1. Récapitulation du besoin métier eau des institutions et de l’industrie
9.2. Orientations générales
9.3. Recommandations générales pour le secteur de l’eau avec impact sur
la formation

10
Conclusions 66

11
Références 68
11.1. Références bibliographiques
11.2. Références Électroniques

12
Annexe 1 : Apport des ateliers UNESCO de 73
restitution et compléments de recommandations

13
Annexe 2 : Résumé des recommandations des 75
ateliers de concertation
1. Formation et Formateurs, Pédagogie, et Implication des Acteurs/
Partenaires
2. Gestion des ressources en eau
3. Spécificités des pays
Liste des abréviations
ABET American Board for Accreditation Engineering and Technology
CTI Commission des Titres de l’Ingénieur
STEM Science, Technology,Engineering and Mathemetics
EWEP Extraordinary Women Engineers Project
ODD Objectifs de Développement Durable
SDG Sustainable Development Goals
DD Développement Durable
UNESCO United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization
GIEC Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat
IPCC Intergovernmental Panel on Climate Change
NAE National Academy of Engineering
PHI Programme Hydrologique Programme Hydrologique Intergouvernemental
IHP International Hydrological Program
GIRE Gestion Intégrée des Ressources en Eau
GIZC Gestion Intégrée des Zones Côtières
IWRM Integrated Water Resources Management
IoT Internet of Things
AI Artificial Intelligence
IA Intelligence Artificielle
OCDE Organisation de coopération et de développement économiques
OECD Organisation for Economic Co-operation and Development
NAE National Academy of Engineering
R&D-I Recherche et Développement-Innovation
FAO Food and Agriculture Organization
ESS Engendering Success in STEM
ESG Critères Environnementaux, sociaux et de Gouvernance (ESG)

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Les sciences de l’eau au Maghreb
RSE Responsabilité Sociétale des Entreprises
SGBD Système de Gestion de Base de Données
GPS Global Positioning System
GIS Geographic Information System
SIG Systèmes d’Information Géographique

Écoles et Instituts d’Ingénieurs Principaux au Maghreb


ENP École Nationale Polytechnique, Algérie
ENSH École Nationale Supérieure d’Hydraulique, Algérie
IAVHII Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Maroc
EHTP École Hassania des Travaux Publics, Maroc
EMI École Mohammadia d’Ingénieurs, Maroc
EMM Ecole des Mines de Mauritanie
ESP École Supérieure Polytechnique, Mauritanie
ISP Institut Supérieur de l’Industrie, Mauritanie
ENIT École Nationale d’Ingénieurs de Tunis, Tunisie
ENIS École Nationale d’Ingénieurs de Sfax, Tunisie
INAT Institut National Agronomique de Tunisie

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Les sciences de l’eau au Maghreb 11
Résumé
Cette réflexion traite des défis et orientations de la formation des élèves ingénieurs /
masters dans le domaine des sciences, ingénierie et techniques de l’eau au Maghreb. Elle
constitue une forme d’hommage posthume à feu Dr. Abdelhak Eddoubi qui nous a quitté
avant de pouvoir la parachever.
Comme partout ailleurs, l’eau au Maghreb est l’un des facteurs clés du développement
durable. Dans le contexte naturel maghrébin très contraignant, l’eau est un facteur
déterminant, voire limitant, dans le développement socioéconomique des pays de la région.
En effet, l’eau au Maghreb est rare et le potentiel hydrique se heurte à plusieurs contraintes
et problèmes qui aggravent davantage sa fragilité. D’où l’importance à accorder à la gestion
de cette denrée vitale qui peut accélérer ou retarder d’une manière directe ou indirecte la
réalisation des Objectifs du Développement Durable (ODD).
Le rôle des ingénieurs œuvrant dans le domaine de l’eau est crucial dans l’élaboration
et la mise en œuvre de politiques hydriques à même d’accompagner durablement le
développement socioéconomique de leurs pays. Seulement, les cursus de formation des
futurs ingénieurs/masters dans le domaine des sciences, ingénierie et techniques de l’eau
au Maghreb, ne semblent pas être adaptés aux nouveaux défis planétaires, comme le
changement climatique, la sécurité alimentaire, la sécurisation des besoins en énergie, la
préservation de la biodiversité, etc. La conception de nouveaux modèles de formation des
futurs ingénieurs doit également tenir compte des besoins du marché de l’emploi et du
potentiel qu’offrent les nouvelles technologies.
L’UNESCO, via son Programme Hydrologique Intergouvernemental (PHI) sur la sécurité
de l’eau et sa stratégie liée au changement climatique, soutient les efforts déployés par les
pays membres en matière de développement de solutions innovantes visant à assurer une
sécurité hydrique durable. Cette réflexion tentera entre autres de répondre à une question
cruciale : comment adapter les cursus de formation des futurs ingénieurs pour faire face aux
innombrables défis actuels et futurs en lien avec la gestion durable de l’eau ?
L’approche méthodologique déployée consiste en une revue extensive de la littérature
pertinente, un benchmark international sur des formations similaires, et l’exploitation des
discussions et entretiens en présentiel et en virtuel menés avec plusieurs experts en la
matière.
Tenant compte des défis actuels et futurs liés à l’eau, les formations existantes des ingénieurs/
masters dans le domaine des sciences, ingénierie et techniques de l’eau dans les pays du
Maghreb sont alors relatées avec leurs forces et leurs faiblesses. Les tendances actuelles,
compte tenu du développement des technologies de pointe récentes et du benchmark
international sont ensuite étayées.

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Les sciences de l’eau au Maghreb
La révolution numérique, avec l’avènement de l’intelligence artificielle (IoT, Machine Learning
et Big Data) a bouleversé les solutions technologiques et les pratiques des professionnels dans
le domaine de l’eau. Leur impact a touché les eaux de surface, l’eau potable, le traitement des
eaux non conventionnelles, l’évaluation des impacts du changement climatique, ou encore
la gestion des Nexus eau-énergie, eau-agriculture ou agriculture-énergie, la surveillance des
réseaux d’assainissement, le dessalement de l’eau de mer, la gestion de relations avec les
usagers, jusqu’à la gestion des impacts des aléas climatiques.
Des considérations éthiques sont également introduites et les désidératas et reprofilage des
formations pour les métiers de l’eau (ingénieurs et masters). Elles sont présentées en mettant
l’accent sur des approches et paradigmes innovants, de nos jours incontournables : Investigations-
Enquêtes-Compétences-Objectifs, ainsi que l’intégration de l’extension universitaire à la
collectivité, très bénéfique aux étudiants et aux communautés. Des recommandations
générales pour la formation des ingénieurs/masters dans le domaine des sciences, ingénierie
et techniques de l’eau sont alors déclinées en détail.
Anticiper l’avenir par la pro-action pour changer la formation en ingénierie et en sciences,
ingénierie et techniques de l’eau, permettra de façonner un rôle important et dynamique des
métiers de l’eau et de la profession. Diverses recommandations sur la formation intégrant
des actions importantes à entreprendre sont présentées. L’apport de la formation par, et
à la recherche est aussi décliné pour renforcer les conclusions de manière significative. Par
ailleurs l’insertion et l’inclusion des femmes en ingénierie, notamment de l’eau, est d’une
importance capitale à tous les niveaux des STEM et ingénierie.

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Les sciences de l’eau au Maghreb 13
Executive Summary
This reflection deals with the challenges and orientations of the education of engineering/
master’s students in the field of water sciences, engineering, and technologies in the Maghreb
and constitutes a continuation and finalization of the work started by the late Dr. Abdelhak
Eddoubi and in his memory.
The document begins by relating the general world context and the rationale for this
study for the Maghreb. In this region, as everywhere else, water is one of the key factors
for sustainable development. In the very restrictive Maghreb natural context, water is a
determining factor, even limiting, in the socio-economic development of the countries of
the region. Indeed, water in the Maghreb is rather scarce and the water potential comes
up against several constraints and problems, which further aggravate its fragility. Hence the
importance to be given to the management of this vital commodity which can accelerate or
delay directly or indirectly the achievement of the Sustainable Development Goals (SDGs).
The role of engineers working in the water sector is crucial in the development and
implementation of water policies capable of sustainably supporting the socio-economic
development of their countries. Only, the educational courses for future engineers/masters
in the field of water sciences, engineering, and technologies in the Maghreb, do not seem
to be adapted to new planetary challenges, such as climate change, food security, securing
energy needs, preserving biodiversity, etc. The design of new education models for future
water engineers must also consider the needs of the job market and the potential offered
by new technologies.
UNESCO, through its Intergovernmental Hydrological Programme (IHP) on water security
and its climate change strategy, supports the efforts made by Member States in the
development of innovative solutions aimed at ensuring sustainable water security. Through
this reflection, UNESCO seeks to develop and publish a report that will attempt to answer a
crucial question: how to adapt educational courses for future engineers to face the countless
current and future challenges related to engineering and sustainable water management?
The methodological approach deployed consists of an extensive review of the relevant
literature, an international benchmark on similar educational courses, and the exploitation
of discussions and face-to-face and virtual interviews.
The existing models of engineers/masters’ education in the field of water sciences in the
Maghreb countries are then described with their strengths and weaknesses. The current
trends, considering the development of recent advanced technologies and the international
benchmark are then underpinned.

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Les sciences de l’eau au Maghreb
The digital revolution, with the advent of artificial intelligence (IoT, Machine Learning and Big
Data) has revolutionized the technological solutions and the practices of professionals in the
water sector, whether for surface water, drinking water, the treatment of unconventional
water or the assessment of the impacts of climate change, or the management of water-
energy, water-agriculture or agriculture-energy nexus, monitoring of sanitation networks,
desalination of seawater, managing relationships with users, up to managing the impacts of
climatic hazards.
Ethical considerations are also introduced as the desiderata and reshaping of education
for the water professions (engineers and masters). They are presented with an emphasis
on innovative approaches and paradigms, nowadays essential: investigations-surveys-skills-
objectives, as well as the integration of university extension or community services very
beneficial to students and communities. General recommendations for the education of
engineers/masters in the field of water sciences, engineering, and techniques are then set
out in detail.
Anticipating the future through pro-action to change education in engineering and water
sciences, engineering, and techniques, will help in shaping an important and dynamic role for
water professionals and the profession. Various recommendations on education incorporating
important actions to be undertaken are presented. The contribution of education through
and to research is also declined to significantly strengthen the conclusions. Moreover, the
insertion and inclusion of women in engineering and in water, is of paramount importance
at all levels of STEM and engineering.

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Les sciences de l’eau au Maghreb 15
Contexte et justification
Dans un monde fortement concurrentiel et compétitif, un nouvel ordre basé sur l’économie
du savoir (science, technologie et innovation (STI)) est en train de se développer grâce à
l’accélération du progrès technologique, la grande impulsion du numérique/digital et les
grands sauts de la transition énergétique et les énergies renouvelables. Désormais, le monde
est orienté et est entièrement dépendant de la technologie.
Ce nouveau contexte mondial, où changement et complexité sont devenues les règles, a
conduit à une globalisation des mutations économiques et sociétales avec le développement
de méga projets structuraux, des flux mondiaux de composants, de produits, de services,
des connaissances et des personnes.
L’emploi, la croissance économique, la compétitivité, et les impératifs de durabilité, associés
aux méga problèmes sociétaux (alimentation, santé, énergie, eau, sécurité, éducation,
infrastructures, ...) ont été aggravés par des questions liées aux ressources sans cesse
décroissantes, à l’impact du changement climatique, aux financements de la recherche et de
de politiques publiques, et aux exigences de souveraineté scientifique et sanitaire imposées
par la pandémie COVID 19.
Les défis liés à l'eau sont multiples et interconnectés. Ils nécessitent des actions concertées
au niveau mondial pour assurer une gestion durable de cette ressource vitale. Il est essentiel
de promouvoir des politiques et des pratiques visant à optimiser l'utilisation de l'eau, à
prévenir la pollution, à améliorer l'accès à l'eau potable et à l'assainissement, et à préserver
les écosystèmes aquatiques. La coopération internationale, l'innovation technologique et
l'éducation sont également des éléments clés pour relever ces défis et garantir une utilisation
équitable et durable de l'eau pour les générations présentes et futures. Les principaux défis
mondiaux liés à l'eau sont en effet nombreux et complexes. On peut citer en particulier :
• L’accroissement démographique et des besoins en eau : La croissance de la population
mondiale augmente la demande en eau potable, pour l'agriculture, l'industrie et les besoins
domestiques. Il est crucial de trouver des moyens durables de répondre à cette demande
croissante.
• La rareté des ressources : L'eau, l'énergie et d'autres ressources essentielles sont de
plus en plus rares. La gestion efficace de ces ressources est essentielle pour garantir un
approvisionnement adéquat à long terme.
• La demande énergétique sans cesse croissante : La production d'eau propre et son
approvisionnement nécessitent souvent une consommation d'énergie considérable.
L'augmentation de la demande énergétique mondiale pose un défi pour assurer un
approvisionnement en eau durable tout en réduisant l'empreinte carbone.
• Les changements globaux, notamment le changement climatique : Le changement
climatique entraîne des variations des précipitations, des sécheresses plus fréquentes,
des inondations et la fonte des glaciers. Ces changements ont un impact direct sur la
disponibilité de l'eau et exacerbent les défis déjà existants.

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Les sciences de l’eau au Maghreb
• La santé et les nouvelles épidémies : L'accès à l'eau potable et à l'assainissement adéquat
est essentiel pour prévenir les maladies hydriques et les épidémies. Les défis sanitaires, tels
que la propagation de nouvelles maladies, nécessitent une gestion efficace de l'eau pour
garantir la santé publique.
• L’eau et la sécurité alimentaire : L'agriculture nécessite une quantité importante d'eau
pour la production alimentaire. La disponibilité d'eau adéquate et sa gestion efficace sont
essentielles pour garantir la sécurité alimentaire mondiale.
• La perte de la biodiversité : Les écosystèmes aquatiques sont confrontés à une perte
de biodiversité en raison de la pollution, de la surexploitation et de la destruction des
habitats. La préservation des écosystèmes aquatiques est cruciale pour maintenir l'équilibre
écologique et assurer la durabilité des ressources en eau.
• Les catastrophes naturelles, le terrorisme, etc. : Les catastrophes naturelles telles que les
ouragans, les inondations et les sécheresses peuvent perturber l'approvisionnement en
eau et causer des dommages importants aux infrastructures. De plus, la sécurité de l'eau
peut être menacée par des actes de terrorisme, nécessitant une vigilance accrue.
• Des infrastructures hydrauliques vieillissantes : De nombreuses infrastructures de
distribution d'eau dans le monde sont vieillissantes et nécessitent une modernisation et
une réhabilitation pour assurer un approvisionnement en eau sûr et fiable.
• L’emploi : Les défis liés à l'eau peuvent également avoir un impact sur l'emploi, en particulier
dans les secteurs de l'agriculture et de l'industrie.
• Le Redressement de l'économie : La gestion de l'eau est un élément clé pour le
redressement de l'économie mondiale, en particulier pour les pays en développement qui
ont besoin d'un accès à l'eau pour leur développement économique.

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Les sciences de l’eau au Maghreb 17
L’enseignement et la recherche dans le domaine des sciences et techniques de l’ingénieur
sont en constante évolution pour répondre aux défis et aux opportunités qui se présentent
à l’échelle mondiale. En effet, les avancées technologiques rapides et continues dans de
nombreux domaines, tels que l’intelligence artificielle, la robotique, la nanotechnologie, la
biotechnologie, la photonique et les matériaux avancés, créent de nouvelles possibilités pour
les ingénieurs et exigent une formation et une recherche adaptées. En plus, la numérisation
croissante de la société et de l’industrie, ainsi que l’émergence de nouvelles technologies
comme le Cloud, l’Internet des objets, le Big Data, les systèmes basés sur la connaissance
et les systèmes de systèmes, ouvrent de nouveaux horizons pour les ingénieurs dans de
nombreux domaines. A noter également que les exigences du développement durable et
l’impact des changements climatiques nécessitent des efforts en matière de réduction des
émissions de gaz à effet de serre, de développement de sources d’énergie renouvelable
et de conception de systèmes énergétiques plus efficaces et plus durables, ce qui crée de
nouveaux défis pour les ingénieurs.
La complexité et l’interdépendance croissantes des défis mondiaux, tels que la sécurité
alimentaire, la santé, les infrastructures, la mobilité, la gestion de l’eau et des déchets,
nécessitent une collaboration internationale et interdisciplinaire et offrent de nouvelles
opportunités pour les ingénieurs. La montée en puissance de l’économie de la connaissance,
de la participation citoyenne, de la responsabilité sociale des entreprises et de la
démocratisation de l’innovation, crée de nouveaux besoins en compétences et en savoir-
faire pour les ingénieurs.
Il est également nécessaire de tenir compte de l’hybridation des cultures et savoirs scientifiques,
techniques, économiques et sociétales pluridisciplinaires. En effet, la complexité croissante
des problèmes technologiques et sociaux nécessite une collaboration et une compréhension
mutuelle entre les différentes disciplines scientifiques, techniques, économiques et sociétales
pour trouver des solutions innovantes et durables. La compétitivité économique et
l’innovation technologique sont devenues des enjeux clés pour de nombreuses entreprises
et pays, ce qui exige une formation et une recherche de haut niveau et une collaboration
internationale et interdisciplinaire.
En somme, ces mutations et ces évolutions créent de nouvelles opportunités pour les
ingénieurs, mais exigent également une formation et une recherche adaptées pour répondre
aux défis technologiques, économiques, sociaux et environnementaux de notre époque.
Tenant compte de ce qui précède, les thématiques liées aux sciences, techniques et métiers
de l’eau sont vastes et variées ; on en cite :
• La Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) : C’est une approche qui vise à gérer de
manière coordonnée et durable les ressources en eau, en prenant en compte les aspects
sociaux, économiques et environnementaux.
• Les technologies avancées de l’eau : Il s’agit de l’utilisation de technologies innovantes pour
l’irrigation, l’approvisionnement en eau potable, l’assainissement, le dessalement de l’eau de
mer, la déminéralisation, le traitement et le recyclage de l’eau pour la réutilisation.
• Le Nexus Eau-Energie-Sécurité alimentaire-Santé-Education : Cette thématique explore les
liens et les interactions entre l’eau, l’énergie, la sécurité alimentaire, la santé et l’éducation,
mettant en évidence l’importance de leur gestion conjointe pour un développement
durable.

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Les sciences de l’eau au Maghreb
• L’eau dans et pour le sol : Cette thématique se concentre sur l’étude de l’eau dans le
sol, son mouvement, sa disponibilité pour les plantes, ainsi que l’utilisation de techniques
d’irrigation efficaces pour une utilisation optimale de l’eau agricole.
Les sécheresses et la désertification : Elle porte sur la compréhension des sécheresses, de
leur impact sur les écosystèmes et les communautés, ainsi que sur les mesures d’adaptation
pour faire face à la désertification.
• L’intrusion d’eau salée et la valorisation des terres dégradées : Cette thématique se
concentre sur l’intrusion d’eau salée dans les aquifères côtiers et sur la réhabilitation des
terres dégradées pour les rendre à nouveau utilisables.
• Les dangers liés à l’eau : Elle englobe les différentes catastrophes naturelles liées à l’eau, telles
que les inondations, les tsunamis, les sécheresses, et explore les stratégies de prévention,
d’atténuation et de gestion des risques.
• Le changement climatique et les stratégies d’adaptation : Elle examine les effets du
changement climatique sur les ressources en eau, ainsi que les mesures d’adaptation/
atténuation nécessaires pour y faire face.
• La Gestion Intégrée des Zones Côtières (GIZC) : Elle se concentre sur la gestion coordonnée
et durable des zones côtières, en prenant en compte les aspects environnementaux,
économiques et sociaux.
• Les considérations environnementales et de développement durable - ODD : Cette
thématique met l’accent sur l’intégration des objectifs de développement durable (ODD)
dans la gestion des ressources en eau, en vue de préserver l’environnement et de
promouvoir le développement durable.
• Les aménagements et infrastructures hydrauliques : Il s’agit de la planification, la conception
et les techniques de conception et de construction d’infrastructures hydrauliques telles
que les barrages, les canaux, les systèmes d’irrigation, les réseaux d’approvisionnement en
eau et d’assainissement, etc.
• La modélisation mathématique : La modélisation mathématique est utilisée pour représenter
et simuler les systèmes hydrauliques et hydrologiques. Les modèles mathématiques aident
à comprendre le comportement des cours d’eau, des aquifères et des systèmes de
distribution d’eau, ainsi qu’à prédire les effets des changements environnementaux et des
interventions humaines.
• L’Intelligence Artificielle : Elle est utilisée pour développer des systèmes et des algorithmes
capables d’analyser de grandes quantités de données hydrométriques et d’optimiser les
processus liés à l’eau. Par exemple, l’IA peut être utilisée pour prédire les précipitations,
optimiser la gestion des réservoirs d’eau, détecter les fuites dans les réseaux de distribution
d’eau et améliorer la modélisation hydrologique.
• Les sciences de données : Elles jouent un rôle essentiel dans l’analyse et l’interprétation
des données hydrométriques. Les techniques de visualisation, d’exploration de données
et d’apprentissage automatique permettent d’identifier des tendances, de détecter des
anomalies, d’optimiser les processus de traitement de l’eau et d’aider à la prise de décisions
éclairées en matière de gestion des ressources en eau.
Au vu de ce qui précède, on se pose alors la question cruciale suivante : Quel type de
formation d’ingénieur/master pour relever les défis actuels et futurs liés à l’eau?

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Les sciences de l’eau au Maghreb 19
Cadrage et Contexte de l’étude
Par le biais de l’Organisation des Nations Unies (ONU), la communauté internationale s’est
fixée en 2015 les Objectifs de Développement Durable (ODD) comme cadre du Programme
de développement durable à l’horizon 2030. Les ODD reconnaissent la centralité des
jeunes et leur rôle dans la voie du développement durable. Ils font partie des neuf grands
groupes avec lesquels l’ONU collabore étroitement pour assurer une large participation et
représentation de toutes les composantes de la société. Les jeunes d’aujourd’hui vont vivre
pleinement la mise en œuvre des projets contribuant à la réalisation des ODD, et seront
témoins du succès ou de l’échec de l’Agenda 2030 du développement durable.
Les jeunes élèves ingénieurs en particulier, qui seront parmi les leaders de demain, doivent
être associés et incités à s’engager dans la vision globale pour l’avenir de leurs sociétés, voire
de l’humanité. Ils sont appelés à jouer un rôle déterminant dans l’élaboration et la mise
en œuvre des politiques publiques et partant, auront un impact significatif sur la mise en
œuvre de l’Agenda 2030. Ceci se traduira par la prise en compte des besoins et priorités
de leurs sociétés, également traduits dans les ODD, dans les programmes sectoriels de
développement.
Toutefois, l’élimination de la pauvreté doit être accompagnée de stratégies pour renforcer la
croissance économique et répondre aux besoins pressants et vitaux de la société, à savoir
l’eau, la sécurité alimentaire, l’énergie, l’éducation et la santé, etc. L’ODD 6 a comme objectif
de garantir l’eau propre et l’assainissement à la population mondiale.
Au Maghreb, comme partout ailleurs, l’eau est l’un des facteurs clés du développement
durable. Dans le contexte naturel maghrébin très contraignant, l’eau est un facteur
déterminant, voire limitant, dans le développement socioéconomique des pays de la région.
En effet, l’eau au Maghreb est rare et le potentiel hydrique se heurte à plusieurs contraintes
et problèmes qui aggravent davantage sa fragilité.
Les ressources en eau naturelles renouvelables dont disposent les pays du Maghreb sont
en deçà du seuil de 1000 m3/hab/an, communément admis comme seuil critique indiquant
l’apparition de pénuries d’eau et de crises latentes. D’où l’importance à accorder à la gestion
de cette denrée vitale qui peut accélérer ou décélérer d’une manière directe ou indirecte la
réalisation des Objectifs du Développement Durable.

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Les sciences de l’eau au Maghreb
Le rôle des ingénieurs œuvrant dans le domaine de l’eau est crucial dans l’élaboration
et la mise en œuvre de politiques hydriques à même d’accompagner durablement le
développement socioéconomique de leurs pays. Seulement, les cursus de formation des
futurs ingénieurs/masters dans le domaine des sciences, ingénierie et techniques de l’eau
au Maghreb, ne semblent pas être adaptés aux nouveaux défis planétaires, comme le
changement climatique, la sécurité alimentaire, la sécurisation des besoins en énergie, la
préservation de la biodiversité, etc. La conception de nouveaux modèles de formation des
futurs ingénieurs doit également tenir compte des besoins du marché de l’emploi et du
potentiel qu’offrent les nouvelles technologies.
L’UNESCO, via son Programme Hydrologique Intergouvernemental (PHI) sur la sécurité de
l’eau et sa stratégie liée au changement climatique, soutient les efforts déployés par les pays
membres en matière de développement de solutions innovantes visant à assurer une sécurité
hydrique durable. Cette réflexion contribue à répondre à une question cruciale : comment
adapter les cursus de formation des futurs ingénieurs pour faire face aux innombrables défis
actuels et futurs en lien avec la gestion durable de l’eau ?

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Les sciences de l’eau au Maghreb 21
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Les sciences de l’eau au Maghreb freepick
Approche méthodologique
Ce travail se veut une réflexion sur la formation des ingénieurs/masters dans le domaine
des sciences, ingénierie et techniques de l’eau. Sa réalisation a été faite en exploitant une
liste extensive de la littérature pertinente. La sélection de la littérature a été réalisée
à partir des mots clés introduits dans les moteurs de recherche de plusieurs bases de
données documentaires et la consultation de divers sites web à l’échelle internationale.
Ensuite, plusieurs entretiens avec des experts métiers reconnus pour leur leadership dans
les domaines de la formation et de la recherche et leur participation dans les grands projets
structurants rattachés aux problématiques de la gestion des ressources en eau, ont été
organisés pour tirer profit de leurs connaissances et expertises.
L’approche effet boule de neige a été exploitée pour associer d’autres spécialistes sur des
thématiques précises pour approfondir la réflexion et enrichir le contenu de cette étude.
Des membres de l’UNESCO, spécialistes des métiers de l’eau ont également manifesté
leurs intérêts à participer aux débats sur cette initiative. Leurs contributions ont permis
d’orienter l’étude vers des aspects répondant à certaines préoccupations susceptibles de
servir comme inputs aux agendas futurs de l’UNESCO.
Une grande partie de ces entretiens a été réalisée d’une manière virtuelle en raison des
règles strictes imposées partout dans le monde comme mesure préventive pour limiter
la propagation de la Covid-19. Des webinaires de concertation ont été organisés avec la
participation d’experts et d’enseignants chercheurs du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie.
Ils ont permis d’apporter un éclairage supplémentaire sur divers aspects de la formation
des ingénieurs dans chacun des pays de la région. L’ensemble de la réflexion a été exploitée
pour enrichir ce rapport.
La démarche méthodologique adoptée comporte un certain nombre de limites imposées
par le temps imparti à la réalisation de cette étude. Les auteurs espèrent que ce travail
serait le prélude à d’autres travaux futurs sur cette thématique, d’importance vitale pour
l’ensemble de la région du Maghreb. On a essayé de cerner la thématique de formation
dans les sciences et techniques de l’eau avec un focus sur le Maghreb en examinant les
aspects
• Le contexte Maghrébin,
• Les enjeux, défis et contraintes (actuels et futurs),
• Les contraintes de contexte - (ODD6, changement climatique, environnement, contraintes
de développement, …),
• Le type de ressources en eau et leur développement,
• La formation actuelle sur l’eau proposée au Maghreb, les Benchmark et les besoins
maghrébins des pays de la région,
• Les méthodologies et outils pour la rupture,

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Les sciences de l’eau au Maghreb 23
• Les axes stratégiques de recherche et développement (eaux conventionnelles, non
conventionnelles, GIRE, modélisation spatialisée hydrologie des bassins, systèmes aquifères,
sècheresses, inondations, économie de l’eau, rationalisation de l’usage de l’eau, agriculture
de précision, Nexus Eau-Énergie-Sécurité alimentaire, changement climatique, adaptation
au changement climatique, etc.),
• L’ingénierie 4.0 – modélisation, simulation, IA, sciences de données, autres paradigmes
d’éducation,
• Les stratégies à mettre en œuvre : les propositions et les recommandations – quel type
de formation ?
La réalisation des objectifs de développement durable dans le secteur de l’eau est une tâche
fort complexe et difficile qui nécessite des préalables sous des contraintes liées notamment
au développement d’une communauté de praticiens bien formés pour accompagner et
soutenir les progrès dans le secteur. Elle dépend aussi de l’engagement soutenu du secteur
de de la formation et la recherche pour le renforcement des capacités de la prochaine
génération de professionnels en vue de relever les grands défis liés à la pauvreté, le
changement climatique, l’eau et la sécurité alimentaire, et catalyser ainsi le développement.
Selon l’OCDE, le nombre de scientifiques et chercheurs pour 1,000 employés est entre
10 et 17 pour les pays développés (ranking of OECD countries by number of scientists /
researchers in 2020). On est bien loin de ces taux dans les pays du Maghreb, et beaucoup
reste à faire.
Par ailleurs, pour compléter et conforter la vision des séminaires de restitution, des
discussions intenses ont été organisées Au Maroc, en Mauritanie et en Tunisie.
Dans cette optique, ce rapport destiné aux grands décideurs pouvant influencer d’une
manière directe ou indirecte la formation des ingénieurs/masters dans les domaines liés
à l’eau, décrit une vision stratégique de développement et/ou de réforme de curriculums
basés sur de nouveaux paradigmes visant le renforcement des capacités pour l’ingénierie
des sciences et techniques de l’eau au Maghreb.

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Les sciences de l’eau au Maghreb
Enjeux, défis et contraintes

4.1. Contexte du changement climatique


Les impacts du changement climatique, les besoins en eau de l’agriculture, le rythme
soutenu de l’urbanisation, l’industrialisation induite par la mondialisation, l’accroissement
démographique, font de la raréfaction de l’eau un des défis majeurs de notre temps, à des
échelles nationales, régionales, et internationales.
Le changement climatique est devenu une réalité comme le démontrent tous les rapports
internationaux et notamment ceux du GIEC. Les rapports institutionnels et les avis d’experts
s’accordent sur le fait que le changement climatique est une réalité avec laquelle il faut
désormais composer. Si ses impacts à long terme sont difficilement estimables, leurs effets,
à court terme, sont plus évidents.
Les effets du changement climatique sont apparents et bien visibles. Nous assistons à
des hausses de températures qui menacent les écosystèmes et affectent la quantité et la
qualité de l’eau. Nous vivons des périodes de sécheresses successives et de moins en moins
espacées qui affectent la ressource eau. En outre, les sécheresses sont plus ressenties dans
certaines régions du globe, accentuant la réduction des terres arables utiles à l’agriculture
et au pâturage.
La raréfaction de l’eau, ou son absence due aux sécheresses, est une source des déplacements
humains vers des espaces plus propices à la vie. Cet exode est source de nombreuses
tensions, et conflits entre des populations d’un même espace géographique ou entre les
pays.
Le changement climatique provoque également des périodes d’inondations très spectaculaires
par leur intensité et leur ampleur causant d’importants dégâts là où elles surviennent.
On a assisté ces dernières années à des crues importantes avec des bilans accablants
faisant état de morts, de destruction d’habitats, voire d’agglomérats complétement rasés.
L’intensité des crues provoque également des dégâts au niveau du sol, emporte une quantité
impressionnante de boues jusqu’aux barrages, ce qui limite leur capacité de rétention. Au
niveau des espaces urbains, les inondations affectent les réseaux de distribution, soit en
provoquant des dommages au niveau des infrastructures soit en contaminant l’eau potable.

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Les sciences de l’eau au Maghreb 25
Si les conséquences du changement climatique sont de plus en plus ressenties, les avis sont
unanimes pour agir à tous les échelons, ne serait-ce que pour réduire les principales causes
qui impactent le climat en réfléchissant à des stratégies visant la réduction des niveaux de
pollutions et l’émission des gaz à effet de serre.
A cela s’ajoute les pressions de l’évolution démographique qui accentuent davantage les
problématiques de l’eau. Les activités anthropiques dues aux activités économiques
impactent la ressource en eau et sont très sensibles aux choix économiques des pays, des
politiques de développement et les réponses imposées par la mondialisation. Le secteur
agricole est le plus grand consommateur de l’eau. Les impacts des modes de production
agricole sur la ressource en eau et les mécanismes mis, ou à mettre en place pour préserver
la ressource en eau, sont extrêmement importants.
4.2. L’eau dans l’espace maghrébin
L’eau est une source de conflit et est importante pour la stabilité, la prospérité et la paix.
Les vulnérabilités du Maghreb sont associées aux contraintes régionales sur la disponibilité
de l’eau douce. Tout le Maghreb est soumis à une situation fort préoccupante de stress
hydrique. Les prélèvements d’eau pour l’agriculture sont énormes atteignant 85 à 90%
des volumes d’eau consommés et l’évapotranspiration est extrêmement élevée atteignant
jusqu’à 85%.
Un grand défi se pose en termes d’envasement des barrages réservoirs (capacité de
stockage en baisse de plus de 75 Mm3/an au Maroc) en plus d’une perte de fertilité des
sols en amont. Les grandes perturbations du cycle de l’eau entraînent des répercussions
diverses dans le monde et notamment au Maghreb à cause notamment des fortes pluies
concentrées dans le temps, générant des inondations parfois dévastatrices, des périodes de
sécheresse plus longues et plus fréquentes, des coûts alimentaires élevés pouvant générer
des conflits sociaux, etc.

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Les sciences de l’eau au Maghreb
Les pays du Maghreb sont liés par un même destin qui consiste à assurer à leur population
la disponibilité de la ressource eau sous les contraintes ci-dessus évoquées. La mauvaise
répartition de la disponibilité de l’eau pose le problème d’allocation et de solidarité
interrégionale et intergénérationnelle au sein de chaque pays. Cette différence spatiale de la
disponibilité est un épineux problème pour ces pays.
Le dérèglement climatique qui affecte le Maghreb, avec tous ses impacts sur l’eau en termes
de qualité et de quantité, ne fait qu’accentuer la problématique de l’eau dans cette région.
Se pose alors le problème d’accès à l’eau comme droit humain fondamental acté dans les
constitutions et les lois de chaque pays et dans les objectifs de développement durable.
Il s’agit de garantir à tous un approvisionnement en eau à un coût financier et environnemental
soutenable, qui est par ailleurs intimement lié aux questions de sécurité énergétique et
alimentaire (approche intégrée prônée notamment par la FAO en particulier sous le
vocable de « nexus eau-énergie-alimentation »). Les questions d’accès, de préservation de
la ressource et de son allocation constituent donc une des priorités dans les programmes
de développement de la région. Les efforts engagés par les pays de la région du Maghreb
pour assurer la disponibilité de la ressource eau, que ce soit pour leur population ou pour
les besoins de leur développement économique et social, sont fort louables.
A la lumière des stratégies mises en œuvre, des enjeux de la formation face à l’évolution
des pratiques professionnelles et des défis qu’elle engendre, il ressort que tous les pays de
la région sont appelés à mettre l’accent sur les actions suivantes :
• Gestion intégrée et optimale des eaux de surface et souterraines ;
• Optimisation de toute la chaîne d’efficacité énergétique de la gestion de l’eau, de tous les
systèmes : production, mobilisation et infrastructures disponibles, traitement, distribution
et pompage, et utilisation finale ;

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Les sciences de l’eau au Maghreb 27
• Développement des stratégies efficaces de gestion rationnelle et durable de l’eau ;
• Recours aux sources d’eau non conventionnelles telles que le dessalement de l’eau de mer,
des eaux souterraines saumâtres et la réutilisation des eaux usées traitées ;
• Amélioration de la fiabilité et la résilience des systèmes d’énergie et d’eau ;
• Éducation appropriée dans le domaine des sciences, ingénierie et techniques de l’eau.
La question que l’on se pose dans le cadre de cette étude : est-ce que les programmes de
formation des ingénieurs/masters en eau apportent des réponses appropriées en termes
de contenus de formation en mesure de combler les besoins en ressources humaines
compétentes pour accompagner les stratégies mises en place par les pays de la région ?
Quid du benchmark international ?
4.3. Perspective de développement durable
Pour assurer la disponibilité de l’eau de manière durable, il est essentiel d’adopter une
approche globale et d’agir localement tout en gérant la complexité, les incertitudes et les
interdépendances des enjeux liés à l’eau. Tout d’abord, il est nécessaire de répondre aux
besoins humains en eau potable et en assainissement, tout en préservant la qualité des
ressources en eau et les écosystèmes aquatiques.
S’agissant de l’agriculture qui représente une part importante de la consommation d’eau,
il est primordial de promouvoir des pratiques agricoles durables, telles que l’irrigation
efficace et la gestion intégrée Eau-sol, afin de réduire l’utilisation excessive de l’eau tout en
garantissant la sécurité alimentaire.
Par ailleurs, il est crucial de prendre en compte le lien entre l’eau et l’énergie. La production
d’énergie requiert souvent d’importantes quantités d’eau, notamment pour le refroidissement
des centrales thermiques. Afin de réduire l’empreinte hydrique de l’énergie, il est nécessaire
de favoriser les technologies économes en eau et les sources d’énergie renouvelable.
Enfin, il est essentiel de considérer l’utilisation de l’eau dans d’autres secteurs économiques
tels que l’industrie, le tourisme et le commerce. En mettant en place des mesures de gestion
de l’eau efficaces, telles que l’efficacité, la réutilisation et le recyclage, ces secteurs peuvent
contribuer à une utilisation plus durable de l’eau.
Tout converge à repenser la question de l’eau, comme élément vital de survie de la planète
et des humains. Se posent alors les questions sous-jacentes relatives à la gouvernance, le
type de gestion à privilégier tant du côté de l’offre que de la demande. La réflexion devrait
mener à élucider une grande question liée à la gestion de la durabilité de la ressource :
comment garantir l’accès à l’eau et en faire un usage efficient pour les besoins présents, de
plus en plus importants sans hypothéquer les besoins des générations futurs ?
Parmi les réponses possibles à cette question, la centralité de la formation sera mise en
exergue pour accompagner les changements voulus et pour une gestion rationnelle et sage
de la ressource eau.

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Les sciences de l’eau au Maghreb
4.4. Défis de la révolution numérique
Au cours des dernières années, on a assisté, grâce à la révolution numérique, à un usage
de plus en plus étendu de technologies basées sur les progrès réalisés dans le domaine de
l’intelligence artificielle (IoT, Machine Learning et Big Data).
Plusieurs solutions sont actuellement en usage par les entreprises privées et organismes
publics qui œuvrent dans le domaine de l’eau. Que ce soient pour les eaux de surface ou les
eaux souterraines, l’eau potable, le traitement des eaux non conventionnelles ou l’évaluation
des impacts du changement de climatique, ou encore la gestion des nexus eau-énergie,
eau-agriculture ou agriculture-énergie. Ces technologies sont en train de bouleverser les
pratiques des professionnels dans le domaine de l’eau.
Les applications technologiques dans le domaine l’eau couvrent quasiment l’ensemble des
aspects de l’eau. Les usages de technologies sont multiples, que ce soit pour assurer la
qualité de l’eau potable, la surveillance des réseaux d’assainissement, le dessalement de
l’eau de mer, la gestion de relations avec les usagers, jusqu’à la gestion des impacts des aléas
climatiques. Le recours au progrès technologique est en train d’opérer un changement
majeur dans les pratiques de gestion de l’eau.

Débordements d’égouts Irrigation et agriculture


unitaires intelligents : intelligentes : les
une optimisation efficace utilisations commerciales
est obtenue grâce à des de l’eau peuvent être
systèmes de gestion optimisé pour garantir une
intelligents. utilisation durable.

Eau ultrapure intelligente : une Gestion intelligente


série de capteurs peuvent des eaux usées : les
garantir une qualité d’eau eaux usées peuvent être
élevée et surveiller les gérées pour surveiller la
conditions dans le système. qualité et les niveaux.

Gestion intelligente de Gestion intelligente de la


l’approvisionnement en eau : distribution d’eau : l’eau
les ressources en eau et dans les réseaux publics
l’environnement peuvent peut être surveillée pour
être gérés pour garantir optimiser la distribution
un approvisionnement et la gestion des actifs.
suffisant et une qualité
optimale.

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Les sciences de l’eau au Maghreb 29
Par ailleurs, le secteur agricole est l’un des plus grands consommateurs d’eau dans le monde.
L’irrigation représente depuis longtemps un défi pour les agriculteurs qui cherchent à utiliser
l’eau efficacement, à maintenir la teneur en minéraux dans le sol et à optimiser le rendement
de leurs exploitations agricoles. La rareté de l’eau de plus en plus apparente dans certaines
régions du monde, le Maghreb en particulier, et les précipitations irrégulières constituent un
obstacle majeur aux pratiques agricoles conventionnelles.
Les technologies intelligentes ont apporté des solutions salutaires pour réaliser des économies
dans ce secteur grâce à des outils qui permettent, entre autres, de surveiller l’humidité du
sol et l’apport optimisé en eau pour les cultures, la surveillance de l’irrigation et de son
contrôle à distance. Le marché de l’agriculture de précision est en pleine expansion, car ces
technologies intelligentes deviennent de moins en moins couteuses et les avantages qu’elles
offrent en termes d’économie d’eau et des autres coûts d’exploitation sont indéniables.
Au cours des dernières années, on a assisté à l’introduction de capteurs sans fil intégrés des
gicleurs d’irrigation et des systèmes de goutte-à-goutte, couplés à des systèmes de contrôle
et d’automatisation intelligents qui réduisent l’intervention humaine tout en permettant
une gestion efficace de l’eau. Ces techniques d’irrigation intelligentes sont devenues
incontournables pour l’agriculture dans les pays souffrant de stress hydrique.
La rareté de l’eau et le changement climatique vont impulser davantage les pratiques agricoles
dites de précision. Le marché de l’agriculture de précision est en pleine expansion, car ces
technologies intelligentes deviennent de moins en moins couteuses et les avantages qu’elles
offrent en termes d’économie d’eau et des autres coûts d’exploitation sont remarquables.
Au Maghreb, le secteur agricole exerce une pression importante sur les ressources en
eau. Les technologies intelligentes pourraient devenir un instrument de grande importance
pour un usage efficient de l’eau dans ce secteur stratégique de la région. Le défi à ce
niveau consiste à développer des compétences dans ce domaine qui seraient en mesure
d’accompagner les agriculteurs pour la mise en place de ces technologies.
4.5 Défis de la transition énergétique et écologique
La transition énergétique, qualifiée aussi de transition énergétique et écologique, est un sujet
politique important pour débattre des problèmes écologiques et notamment climatiques,
les questions de développement durable, de santé publique, et la question du prix de
l’énergie et de la croissance économique. En faisant une transition énergétique, on espère
ainsi réduire les impacts sur le climat, et donc sur l’environnement.
La transition énergétique est assujettie à plusieurs contraintes et obstacles et exige des
technologies de rupture et une grande prise de risque technologique pour son aboutissement.
Même si le politique et législateur décident d’aller vers la transition énergétique, la prise de
risque technologique reste plus que jamais celle de l’ingénieur.
Trouver des solutions de rupture sur les ressources en eau et l’énergie ouvrirait certainement
la voix vers des solutions plus praticables pour les technologies avancées de l’eau qui sont
extrêmement énergivores. Le prix du mètre cube dessalé via les énergies conventionnelles
revient très cher.
L’ingénieur de l’eau doit avoir quelques compétences en matière d’énergies renouvelables
et la transition énergétique et écologique pour l’aide à la prise de décision liée aux coûts
énergétiques.
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Les sciences de l’eau au Maghreb 31
La formation des ingénieurs en eau dans les
pays du Maghreb
De nos jours, trois systèmes d’éducation pour les ingénieurs/masters prévalent à travers le
monde :
1. Le système Humboldt ou Allemand orienté Recherche (Mode Master) : Ce système
d’éducation met l’accent sur la recherche et la théorie. Il tire son nom du philosophe
Wilhelm Von Humboldt, qui a joué un rôle important dans le développement de
l’université allemande moderne. En Allemagne, ce système est couramment utilisé pour
les études de troisième cycle, en particulier pour les programmes de master. Les étudiants
sont encouragés à se concentrer sur la recherche et à approfondir leurs connaissances
dans un domaine spécifique.
2. Le système Anglo-Saxon centré Étudiant (Mode Master) : Le système éducatif anglo-
saxon met l’accent sur l’approche centrée sur l’étudiant. Il met l’accent sur l’apprentissage
actif, la participation des étudiants, les travaux de groupe et l’application pratique
des connaissances. Les étudiants sont encouragés à développer leurs compétences
en résolution de problèmes, en communication et en collaboration. Ce système est
couramment utilisé dans les pays anglophones, tels que les États-Unis, le Royaume-Uni,
le Canada et l’Australie.
3. Le système Napoléonien ou Français, dit aussi Élitiste (Mode Ingénieur) : Le système
éducatif français, parfois appelé système napoléonien, met l’accent sur la formation des
ingénieurs. Il est réputé pour être sélectif et exigeant, avec des programmes rigoureux
axés sur les matières scientifiques et techniques. Les écoles d’ingénieurs en France offrent
des programmes de cinq ans, où les étudiants acquièrent des connaissances approfondies
dans leur domaine d’expertise. Ce système est également largement utilisé dans les pays
du Maghreb pour la formation d’ingénieurs.

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Les sciences de l’eau au Maghreb
Il convient de noter que chaque système a ses propres avantages et inconvénients, et le
choix d’un système éducatif dépend souvent des préférences individuelles, des objectifs de
carrière et des opportunités disponibles dans chaque pays.
Bien qu’au Maghreb le système Français prévaut, on recommande le respect et la
reconnaissance de tous les types de systèmes pour la diversification, l’expérimentation et
l’enrichissement. Traditionnellement, dans le système français, le savoir technoscientifique
des ingénieurs se résumait aux connaissances mathématiques et techniques, auxquelles se
sont adjoints progressivement l’informatique et les sciences humaines et sociales.
5.1. État de la situation de la formation des ingénieurs/masters en eau dans les
pays du Maghreb
Un panorama succinct sur les structures de formation aux métiers de l’eau (ingénieurs
et Masters) dans l’espace maghrébin est présenté ci-après en rappelant la genèse de ces
formations et les influences sur leurs modes d’organisation.
Après leur indépendance, les pays du Maghreb ont commencé à bâtir des structures de
formation et d’éducation pour accompagner leur développement socioéconomique. C’est
ainsi qu’ont été créées des écoles de formation d’ingénieurs comme l’École Mohammedia
d’Ingénieurs, au Maroc, l’École Nationale Polytechnique en Algérie, l’École National
d’Ingénieurs de Tunis et l’Institut National Agronomique de Tunisie. Ce dernier est considéré
comme le plus ancien établissement de formation d’ingénieurs en Afrique. Il a été fondé en
1898, son statut autonome de formation d’ingénieurs n’a été acquis qu’en 1970.
A la genèse de ces établissements, la formation d’ingénieurs spécialisés en eau n’apparaissait
pas comme telle. Ce qui reflète les préoccupations de doter ces pays à l’aube de leur
indépendance de cadres polyvalents, solidement formés sur le plan technique pour répondre
à un besoin criant de ressources humaines aux plus hautes sphères de l’administration pour
remplacer les cadres supérieurs étrangers.
Au fur et à mesure que le développement économique et social des pays de la région
progresse, d’autres structures de formation d’ingénieurs ont vu le jour pour répondre
aux priorités de développement de pays de la région. Au Maroc, par exemple, l’Institut
Agronomique et Vétérinaire Hassan II (IAVHII) a vu le jour en 1966 et l’École Hassania des
Travaux Publics (EHTP) a été créée en 1970. Ces établissements sous tutelle de ministères
techniques ont accéléré la marocanisation des cadres en formant des cadres répondant aux
besoins sectoriels prioritaires. En Mauritanie, l’École Supérieure Polytechnique (ESP) relevant
du ministère de la défense a été créée le 1er août 2011 et délivre aussi des formations sur le
génie civil et l’hydraulique. L’Ecole des Mines de Mauritanie a été initiée en 2011 et démarrée
en 2014. En Lybie, l’Université de Qar Younes a été fondée en 1989, devenue l’Université
Al-Tahadi en 1992.

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Les sciences de l’eau au Maghreb 33
De manière générale, on distingue dans les écoles d’ingénieurs à accès régulé les sections ou
options liées à l’eau qui sont souvent apparentées aux départements de génie civil, de génie
rural, ou de génie minier sous le format :
• Environnement,
• Environnement et Génie Urbain,
• Hydraulique,
• Hydrogéologie et géologie de l’ingénieur,
• Génie rural (couvrant irrigation),
• Agroéconomie,
• Génie des procédés.
Nombre d’universités dans les pays du Maghreb délivrent des diplômes de Master/Majister/
Mastère spécialisés dans le domaine de l’eau. Pour ces masters, les formations se font dans
les universités aux facultés de sciences, sciences appliquées, ou sciences et techniques, avec
une grande diversité des points d’entrée, de passerelles mixant sciences, biologie, géologie,
environnement avec plus d’accent sur le traitement des eaux usées. Il est à signaler que
l’accès étant non régulé, le nombre d’étudiants est plus important que dans les écoles
d’ingénieurs, ce qui ne va pas sans réduire la qualité des enseignements, d’autant plus qu’un
grand nombre d’enseignants provient des facultés et n’ont pas eu un cursus ingénieur. Mais
certains peuvent être d’un grand apport en combinaison avec le corps ingénieur.
5.2. Évaluation des principales forces et faiblesses
5.2.1. Points forts des programmes de formation
Certains de ces établissements ont acquis leur notoriété grâce à une approche de formation
basée sur un choix sélectif des candidats à leurs programmes (classes préparatoires ou DEUG
+ concours d’accès). Les conditions d’admissibilité en cours exigent de solides connaissances
dans les matières scientifiques. Les concours d’accès accordent une part importante à leur
maitrise.
Les deux principaux modes d’accès sont : les élèves issus des classes préparatoires qui
sont admis au concours national ou les élèves bacheliers qui sont admis sur la base de leur
excellent dossier académique et la réussite du concours d’admission.
L’orthodoxie scientifique et le savoir livresque où l’enseignant est au cœur du processus
d’apprentissage constituent les traits caractéristiques des programmes de formation. Cette
approche de formation a permis de graduer des ingénieurs qui sont solides sur le plan
technique avec une forte dose de rationalité scientifique.
Toutefois, avec la complexification des problèmes auxquels l’ingénieur est confronté et la
multiplication des enjeux qui y sont liés, jumelés aux progrès scientifique et technologique
dans la discipline elle-même et dans d’autres disciplines, le paradigme sur lequel repose la
formation des ingénieurs a commencé à désenchanter plusieurs acteurs. Ils se sont aperçus
que les diplômés issus de ces programmes de formation, jaugés à l’aune des compétences
requises par les exigences de la réalité du terrain, présentent plusieurs lacunes sur le plan
des compétences requises et pour lesquelles ils ne sont pas formés.

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Par ailleurs, les formations de type master, qu’on peut parfois considérer comme des
proxy-ingénieurs, permettent de combler les lacunes en nombre d’ingénieurs sans toutefois
complétement répondre aux soucis de compétences exigées par le monde professionnel.
5.2.2. Lacunes constatées au niveau des profils de sortie des ingénieurs
L’inventaire des principales lacunes au niveau des compétences développées par les
établissements de formation permet d’expliquer les principaux déterminants qui semblent
affecter le décalage entre les compétences actuelles des ingénieurs formés au sein des
établissements et celles qui sont demandées par le milieu professionnel.
Plusieurs facteurs participent à l’inadéquation entre la formation et le monde professionnel,
d’autant plus que la rapidité des changements tous azimuts ne fait qu’exacerber cette
rupture entre ces deux sphères.
Les faiblesses structurelles majeures du système éducatif et le lourd héritage des politiques
éducatives ont eu des impacts négatifs sur la qualité des formations. Par la suite, on fera une
revue critique du processus de formation des ingénieurs en eau dans certains établissements
du Maghreb. Ce processus sera interpellé sur l’ensemble de ses composantes par rapport
aux aspects suivants :
• La philosophie sous-tendant les programmes de formation : Il est important d’examiner
la philosophie qui guide les programmes de formation des ingénieurs en eau. Est-ce qu’ils
mettent l’accent sur la théorie ou sur l’application pratique des connaissances ? Une
approche équilibrée qui combine théorie et pratique est essentielle pour former des
ingénieurs compétents.
• Le lien en amont avec les niveaux d’enseignement inférieurs : Il est crucial d’évaluer la
manière dont les établissements établissent un lien avec les niveaux d’enseignement
inférieurs, tels que l’enseignement secondaire. Un bon système de suivi et d’évaluation
des connaissances préalables des étudiants en mathématiques, en sciences et en autres
matières pertinentes est nécessaire pour assurer une base solide avant d’entrer dans le
programme d’ingénierie en eau.
• Les conditions d’admission aux programmes de formation : Il est important d’évaluer si
les critères actuels d’admission aux programmes de formation des ingénieurs en eau sont
appropriés et s’ils permettent de sélectionner les étudiants les plus qualifiés.
• Les approches de développement du curriculum : Il y a lieu d’évaluer les approches
utilisées pour développer le curriculum des programmes de formation. Le curriculum
doit être actualisé régulièrement pour refléter les avancées technologiques, les besoins
du marché du travail et les problématiques spécifiques au domaine de l’ingénierie de l’eau.
• Les prérequis nécessaires : Il est crucial de déterminer les prérequis nécessaires pour les
étudiants souhaitant intégrer le programme d’ingénierie en eau. Les compétences de base
en mathématiques, en sciences et en autres matières connexes doivent être clairement
définies afin de s’assurer que les étudiants possèdent les connaissances nécessaires pour
réussir dans le programme.

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Les sciences de l’eau au Maghreb 37
• Les contenus des programmes de formation : Il est important d’évaluer les contenus
des programmes de formation des ingénieurs en eau. Les cours doivent couvrir de
manière exhaustive les domaines pertinents, tels que l’hydrologie, l’hydraulique, la gestion
des ressources en eau, la modélisation et la gestion des systèmes hydrauliques, entre
autres. Les programmes doivent également intégrer des éléments de développement des
compétences transversales, telles que la résolution de problèmes, la pensée critique et la
communication.
• La capacité des établissements à former les ingénieurs : Les établissements doivent disposer
des ressources nécessaires pour offrir une formation de qualité aux élèves ingénieurs.
Les enseignants doivent être qualifiés et expérimentés, et les infrastructures doivent être
adéquates.
• La capacité des établissements à former les ingénieurs : Les établissements doivent disposer
des ressources nécessaires pour offrir une formation de qualité aux élèves ingénieurs.
Les enseignants doivent être qualifiés et expérimentés, et les infrastructures doivent être
adéquates.
• Les approches d’enseignement : Elles doivent être variées et adaptées aux différents styles
d’apprentissage des élèves ingénieurs. Les cours magistraux doivent être complétés par
des travaux pratiques, des stages et des projets de recherche.
• Les approches d’évaluation des acquis des élèves ingénieurs : Elles doivent être rigoureuses
et basées sur des critères objectifs. Les évaluations doivent prendre en compte les
connaissances théoriques, les compétences pratiques et les aptitudes professionnelles des
élèves ingénieurs.
Les approches de formation ont permis de graduer des ingénieurs, certes solides sur le
plan technique et scientifique. Toutefois, avec la complexification des problèmes auxquels
l’ingénieur est confronté et la multiplication des enjeux qui y sont liés, il y a lieu de se
poser des questions sur ces types de formations pour combler les lacunes (désidératas
des utilisateurs, exigences de la réalité du terrain, têtes bien faites, soft et digital skills, etc..)
avec des compétences complémentaires ; ce qui requiert un autre paradigme et/ou une
transformation radicale.
5.2.3. Lacunes constatées au niveau des profils de sortie des masters
Au niveau master, les formations étant essentiellement développées par les facultés de
sciences et éventuellement les facultés de sciences et techniques, on observe plus de lacunes
liées à :
• La qualité du contenu des programmes de formation,
• Le glossaire et l’identification des filières de formation peu explicites et parfois inadéquates,
• Les approches d’enseignement,
• Les approches d’évaluation des acquis,
• Les conditions d’admission liées aux grands nombres et aux passerelles souvent non
conformes,
• Le profil enseignant très généraliste.

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Les sciences de l’eau au Maghreb
Tendances actuelles de formation des
ingénieurs/masters
Une tendance lourde qui se dessine dans certaines institutions de formation d’ingénieurs est
une évolution vers des programmes d’ingénieurs qui mettent l’accent sur la résolution des
problèmes pratiques et la recherche de solutions socialement pertinentes. Un examen de
près des traits distinctifs de ces établissements qui impulsent cette tendance fait ressortir,
sans prétendre faire un balayage exhaustif, les caractéristiques suivantes :
• L’architecture des programmes qui sont dispensés dans ces établissements s’appuie
sur une ingénierie de formation irriguée des résultats de recherches des sciences de
l’éducation : psychologie cognitive et différentielle, pédagogie et heutagogie, évaluation
des apprentissages et des acquis, etc. Tous les savoirs issus des différentes disciplines des
sciences de l’éducation sont mobilisés depuis la conception, pendant la mise en œuvre et
après l’achèvent des programmes de formation. Ce processus systémique d’ingénierie de
formation, savamment mis à profit lors de l’élaboration des programmes de formation par
ces établissements semble être le premier succès de ces derniers.
• Les programmes de formation s’appuient sur une lecture des différents enjeux actuels et
futurs de la société et couvrent différents aspects sociaux, économiques, et politiques. La
réévaluation des enjeux s’opère sur une base périodique, ce qui permet une actualisation
des programmes de formation. Les comités de veille stratégique ad-hocs sont mis à
contribution pour mener un travail prospectif et faire ressortir les tendances lourdes
servant d’inputs à la réflexion menant au développement des programmes de formation
ou à leur mise à jour.
• Les programmes de formation mettent l’accent sur le choix des étudiants. En plus des
excellents résultats académiques des candidats et des résultats des tests standardisés,
d’autres facteurs liés aux qualités intrinsèques des candidats évalués au moyen d’entretiens
individuels et à l’aide d’une batterie de tests psychotechniques, pèsent lourdement dans la
décision de sélection. Ce qui est recherché chez les candidats, ce sont leur engagement,
leur motivation, leur niveau de culture générale, leur curiosité intellectuelle et leur penchant
à la créativité.
• S’agissant de l’apprentissage multidisciplinaire, les étudiants sont encouragés à acquérir
des connaissances et des compétences dans divers domaines, au-delà des disciplines
d’ingénierie traditionnelles. Cela leur permet de développer une perspective holistique
et d’apporter des solutions novatrices à des problèmes complexes. L’apprentissage
multidisciplinaire favorise également la collaboration entre les différentes disciplines, ce qui
est essentiel dans le monde professionnel d’aujourd’hui.
• L’impact sur la société, couplé aux savoirs et savoir-faire des étudiants acquis en dehors
des salles de cours, à travers des cours issus en dehors des disciplines d’ingénierie
traditionnelles et à travers le monde.
• Une place de choix est accordée aux activités extracurriculaires qui sont souvent liées aux
autres composantes du programme d’études. Les étudiants sont encouragés à réfléchir
et à appliquer ce qu’ils ont appris dans d’autres domaines du programme d’études. La
formation d’ingénieurs offre généralement des expériences curriculaires distinctes et
centrées sur l’étudiant dans le cadre d’un enseignement intégré et unifié.
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Les sciences de l’eau au Maghreb 39
Impact des ruptures technologiques

7.1. Technologies avancées récentes dans le domaine de l’eau


Les objets connectés occupent déjà une place de choix dans le domaine de l’eau grâce aux
avancées dans le domaine de l’IoT et de l’IA en offrant beaucoup d’avantages et bénéfices :
surveillance en temps réel, détection de fuites d’eau, agriculture de précision, consolidation
des données et pilotage à distance des infrastructures et des équipements hydrauliques,
économies sur les coûts d’exploitation, etc. Le tout dans une finalité de maitrise de la
consommation d’eau et la réduction des pertes. L’intérêt de ces technologies pour le
monitoring et le suivi des inondations, ou d’autres risques de pollution a été aussi bien
démontré.
Au Maghreb, les programmes de formation dans le secteur de l’eau ne sont pas tout à fait
en phase avec ces avancées technologiques qui sont en train de bouleverser les pratiques
professionnelles partout dans le monde. Dans quelles mesures ces technologies doivent
être appréhendées ? Pour ce faire, il y a lieu d’examiner les aspects suivants :
• Quels impacts ont ces technologies sur les programmes de formation des ingénieurs en
eau de demain dans les établissements de formation des pays de la région ?
• Ces technologies s’appuient sur des compétences requérant de solides connaissances
en électronique, statistiques, modélisation, algorithmes et programmation, Intelligence
Artificielle, Cloud Computing, Business Intelligence, conception et analyse des données,
etc.
• Quelle place accorder à ces compétences dans les programmes de formation des métiers
de l’eau dans les pays de la région ?
• Quelles sont les capacités à mettre en œuvre pour l’intégration de ces compétences dans
les programmes de formation dans les pays de la région ?
• Devraient-elles faire partie du cursus d’un ingénieur généraliste ou devraient-elles devenir
une option de spécialisation ou encore d’un Master spécialisé ?
• Ces technologies font émerger de nouveaux métiers dans le domaine de l’eau et créent des
besoins de formation que les établissements de formation d’ingénieurs en eau devraient
satisfaire.
• Quelles nouvelles formations à intégrer pour répondre à cette demande dans les pays de
la région ?

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Les sciences de l’eau au Maghreb 41
7.2. Considérations éthiques dans les programmes de formation des ingénieurs
en eau
Les programmes de formation des ingénieurs devraient introduire des considérations
éthiques pour que les étudiants soient sensibilisés à leurs responsabilités éthique et morale.
Car le plus souvent, ils seront confrontés dans leur pratique professionnelle à des situations
où les compétences sociales transcendent les compétences purement techniques. C’est dans
ce sens, que les futurs ingénieurs des ressources en eau devraient acquérir une formation
qui éveillerait leur conscience sur les aspects éthiques auxquels ils seraient confrontés dans
le cadre de l’exercice de leur profession qui, dans certains cas auront un impact significatif
sur la vie des autres et même de l’écosystème. Les questionnements à se poser sont les
suivants :
• Quel serait le contenu d’un cours sur l’éthique pour développer cette compétence chez
les ingénieurs en eau ?
• Comment devrait être organiser cette formation en veillant à un dosage entre concepts
philosophiques et théoriques et l’application de ces concepts dans les disciplines de l’eau ?
7.3. Désidératas et reprofilage des formations pour les métiers de l’eau
Il s’agit de définir les compétences que doit maitriser le futur ingénieur/master en eau pour
qu’il soit en mesure d’accompagner le développement durable socioéconomique de son
pays. On entend par profil de sortie un ensemble intégré de connaissances, d’habiletés et
d’attitudes, attendu au terme de la formation et qui permet de guider et d’orienter le travail
éducatif dans un programme d’études.
Les questionnements suivants permettent de situer la problématique :
• Quelles seraient les connaissances, habiletés et attitudes qui sont attendues des programmes
de formation ?
• Comment se fait l’intégration des savoirs, savoir-faire et savoir-être à développer chez le
futur cadre ingénieur/master ?
• Les programmes de formation des ingénieurs/masters en eau devraient s’orienter vers des
profils généralistes ou des profils de spécialistes ?
• Quels sont les facteurs qui plaident pour un profil d’ingénieur généraliste ?
• Comment devrait-on organiser la spécialisation ?
• Quel apport des masters spécialisés comme voie de spécialisation ?
• La spécialisation, une réponse au développement des ingénieurs chercheurs.
L’atteinte des objectifs ambitieux des ODD nécessite en premier lieu la formation et le
renforcement des capacités non seulement en termes de compétences techniques mais
aussi de compétences générales intégrant la communication et une gestion efficace pour
une main-d’œuvre de qualité, innovatrice, interconnectée, qui peut jouer un rôle d’agent de
changement aussi bien dans les institutions que les industries. Par ailleurs, l’intégration des
ODD et la stimulation de la coopération entre les institutions de recherche/universités, les
entreprises et le gouvernement, est hautement souhaitable.

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Les sciences de l’eau au Maghreb
La demande en force de travail bien formée doit aller de pair avec l’industrialisation des pays.
Cela s’explique par les besoins croissants en compétences techniques et scientifiques dans
les domaines de l’ingénierie, des sciences appliquées et de la technologie pour soutenir le
développement industriel et technologique.
Pour répondre à cette demande, il est nécessaire d’augmenter les capacités d’accueil dans
les domaines des sciences appliquées, de l’ingénierie et de la technologie. Cela peut se faire
en augmentant le nombre de places disponibles dans les établissements d’enseignement
supérieur offrant des programmes pertinents, en améliorant la qualité de l’enseignement et
en renforçant les infrastructures de recherche.
Parallèlement, il est également important de développer les capacités de recherche et
développement (R&D) et l’entrepreneuriat, tant dans l’industrie que dans les services. Cela
implique de soutenir la création et le développement d’entreprises innovantes, de favoriser
la collaboration entre les entreprises et les institutions de recherche, et de stimuler l’esprit
d’entreprise par le biais de politiques et de mesures incitatives.
En ce qui concerne les approches et les paradigmes innovants, ils jouent un rôle crucial
dans la formation de la main-d’œuvre bien formée. Les approches pédagogiques axées sur
les enquêtes, les compétences et les objectifs permettent aux étudiants de développer des
compétences pratiques et de résolution de problèmes, ce qui les rend plus aptes à relever
les défis du marché du travail.
L’intégration de l’extension universitaire ou des services à la collectivité peut également être
bénéfique, tant pour les étudiants que pour les communautés. Cela permet aux étudiants
d’acquérir une expérience pratique tout en contribuant au développement local et en
répondant aux besoins de la société.
Il est également important de prendre en compte les défis liés à la mondialisation dans la
formation de la main-d’œuvre. Les économies sont de plus en plus interconnectées, ce qui
nécessite des compétences transversales et une ouverture à la diversité culturelle et aux
pratiques internationales.
Enfin, les activités génératrices de revenus, telles que la rédaction de demandes de
financement, les collaborations avec le secteur privé et les frais de participation à des ateliers
pour les professionnels à la recherche d’une formation supplémentaire, peuvent contribuer
au développement durable des programmes de formation et à la création de ressources
financières supplémentaires pour soutenir les initiatives éducatives.
En 2014, les conclusions de la Commission des Titres d’Ingénieur (CTI) ont imposé de définir
l’enseignement selon des compétences et objectifs d’apprentissage. ABET (Accreditation
Board for Engineering and Technology) est une approche américaine qui accrédite les
programmes d’enseignement postsecondaire en sciences appliquées et naturelles, en
informatique, en génie et en technologie du génie.
Le profil de sortie des futurs ingénieurs/masters de l’eau définit les compétences qu’ils

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Les sciences de l’eau au Maghreb 43
doivent atteindre en fin de formation et intègre les valeurs visées par le projet de formation.
Deux aspects caractéristiques y contribuent :
• Anticipation de la façon avec laquelle les étudiants vont contribuer à la société́ (approche
pratique des savoirs et anticipation des fonctions d’identification de problèmes et de
recherche de solutions innovantes, la recherche d’information ayant une place importante
de nos jours) ;
• Indications sur l’attitude des étudiants vis à vis d’eux-mêmes, notamment concernant
l’engagement dans un processus d’apprentissage tout au long de la vie.
Dans l’approche compétence, afin de mieux préparer les futurs diplômés aux attentes du
monde socio-professionnel actuel et à venir, les anciens diplômés et les employeurs potentiels
doivent participer à la validation du référentiel de compétences associé. L’élaboration d’un
référentiel de compétences est une œuvre multi étapes, participative et collaborative entre
les divers acteurs, et doit certes reposer sur la vision du corps enseignant et intégrer les
attentes du monde socio-professionnel.
L’analyse des offres d’emploi à la recherche d’ingénieurs de l’eau peut être une approche
utile pour identifier les compétences clés recherchées par les employeurs dans ce domaine.
Les compétences de base telles que «apprendre à apprendre» peuvent être importantes
pour les ingénieurs de l’eau qui doivent constamment mettre à jour leurs connaissances
techniques et thématiques. La capacité à appréhender des problèmes complexes et
interdisciplinaires est également une compétence clé, tout comme l’aptitude à résoudre des
problèmes de manière créative et à travailler de manière autonome et flexible.
Les ingénieurs de l’eau doivent également être capables de travailler en équipe interdisciplinaire
et de communiquer efficacement avec leurs collègues, les parties prenantes et les clients.
La rédaction de rapports est importante pour communiquer efficacement les résultats
de la recherche et de l’analyse. La connaissance des langues et de l’informatique peut
également être une compétence importante dans un monde de plus en plus interconnecté
et numérique.
Les compétences psycho-sociales sont essentielles pour les ingénieurs de l’eau, en particulier
la capacité à gérer le stress et à s’adapter aux changements. L’auto-évaluation et l’évaluation
des performances des autres peuvent également être importantes pour le développement
personnel et professionnel. Les connaissances culturelles, économiques et commerciales
ainsi que la gestion de projet ne sont pas à négliger dans la formation des ingénieurs/master
de l’eau.

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Les sciences de l’eau au Maghreb 45
En fin de compte, les compétences clés recherchées par les employeurs pour les ingénieurs
de l’eau peuvent varier en fonction de l’entreprise, du secteur et du poste spécifique.
Cependant, une analyse approfondie des offres d’emploi peut fournir des indications
précieuses sur les compétences clés recherchées par les employeurs dans ce domaine.
Les nouveaux objectifs en ingénierie à travers le monde actuellement doivent comprendre
la formation en compétences de résolution de problèmes, communication, travail d’équipe,
auto-évaluation, gestion du changement, et apprentissage tout au long de la vie.
Ces objectifs sont conformes aux critères d’accréditation internationale en formation à
l’ingénierie. Cela nous amène à explorer une variété de méthodes pédagogiques innovantes
pour améliorer l’apprentissage des élèves. Les compétences en matière de connaissances en
ingénierie doivent être désormais étroitement associées aux ‘soft et digital skills’ dans un cadre
combinant science-technologie-innovation avec un accent particulier sur l’entreprenariat.
Dans le cadre de ce nouveau paradigme, des alternatives de raccourcis à la bonne formation
de l’ingénieur/master par des méthodes et pratiques innovantes qui peuvent en faire non
seulement un salarié, mais aussi un entrepreneur créateur de richesses, sont hautement
souhaitables. Une question se pose toutefois sur des concepts de généralistes ou de
spécialistes, ou une combinaison des deux ? Nous pensons que de nos jours, compte tenu
de la démocratisation de documents et revues scientifiques, de contenus audio-visuels,
il faut inviter les élèves à des formations suffisamment généralistes avec des options de
spécialisation.
7.4. Référentiel de compétences génériques
7.4.1. Nécessité d’un Référentiel de compétences
Un changement de paradigme s’impose. Pour rompre avec une tradition longtemps ancrée
dans les pratiques actuelles de conception des curricula au sein des établissements de
formation des ingénieurs qui accordent aux enseignants une grande autonomie et un
pouvoir de légitimation sur le développement et la structuration des contenus, de leurs
modes de transmission et des outils choisis pour leur évaluation. Dans cette tradition, les
enseignants sont au centre du processus d’apprentissage puisque les objectifs terminaux des
apprentissages ne sont évalués qu’à partir d’un référentiel théorisé de leur praxis servant
de norme interne et intériorisée échappant à tout contrôle externe. Dans cette approche,
les enseignants définissent eux-mêmes les fonctions téléologiques, normatives, scientifiques,
méthodologiques et communicationnelles que doit remplir le référentiel telles que définies
par (Figari et Lopez).
Cette large autonomie interne conférée aux établissements n’est pas sans conséquences
aussi bien sur les acquis des apprentissages des ingénieurs diplômés que sur les processus
d’enseignement et d’apprentissage. Sur le plan des acquis des apprentissages, l’approche
pourrait constituer une source d’instabilité des niveaux de compétences intra et inter
établissements puisque les descripteurs de la performance n’obéissent à aucune norme
externe balisant leur définition et leur évaluation.

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Les sciences de l’eau au Maghreb
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Les sciences de l’eau au Maghreb 47
Au niveau des processus d’enseignement et des apprentissages, du fait d’une certaine
anomie installée au sein des établissements de formation des ingénieurs, et en l’absence
de tout processus normatif, la sacralisation de l’approche autonome laisse peu de place
aux innovations pédagogiques et au renouvellement des pratiques d’enseignement et
d’apprentissage issues de la recherche en sciences de l’éducation. L’approche limite également
les possibilités de collaboration entre établissements pour insuffler une dynamique
permettant l’enrichissement des curricula par des savoirs hors du champ disciplinaire d’une
part et l’échange sur les aspects didactiques des apprentissages, d’autre part.
Les entretiens que nous avons menés avec les experts et certains enseignants dans le
domaine de formation des ingénieurs en eau ont révélé les dysfonctionnements à ce niveau.
Tous les experts et enseignants interviewés (au nombre de 20) ont insisté sur l’impérieuse
nécessité de renouvellement des programmes de formation des ingénieurs dans les métiers
de l’eau pour intégrer les dimensions sociale, économique et durable issus du cadre des
objectifs de développement durable. En plus, la complexité de ce cadre et l’interaction de
ses objectifs montrent l’urgence de mener une réflexion en profondeur sur le renouveau
pédagogique dans les établissements de formation des ingénieurs en eau de toute la région.
Manifestement, l’adhésion à l’esprit des objectifs de développement durable a soulevé un
certain nombre de questions sur la nature et l’approche de formation des ingénieurs en eau
dans l’ensemble de la région.
7.4.2. Référentiel de compétences – curricula
L’absence d’une association professionnelle à l’échelle nationale des pays du Maghreb
organisant la profession d’ingénieurs est un vide institutionnel qu’il convient de combler au
plus vite faute de quoi, l’approche actuelle de développement des programmes de formation
au sein des écoles d’ingénieurs n’est qu’un pis-aller qui ne permet pas une meilleure
intégration des objectifs de développement durable dans les curricula des programmes de
formation en eau.
Les développements récents au niveau de la recherche science scientifique dans le domaine
de l’eau font ressortir avec force l’impératif d’une gestion intégrée des ressources en eau, et
ont également montré le caractère interdépendant avec d’autres domaines qui sont l’énergie
et l’agriculture. À ce triptyque s’ajoute également l’impact du changement climatique dont
les conséquences demeurent, dans une large mesure, mal connues. La prise en charge des
enjeux des ODD et la complexité- interdisciplinarité-incertitude qui les caractérisent font
naitre l’urgence d’une refonte des formations des ingénieurs en général et des ingénieurs de
l’eau en particulier.
Le référentiel de compétences joue un rôle de catalyseur de changement en identifiant
les compétences nécessaires pour répondre aux besoins évolutifs de la société et du
marché du travail. Il encourage ainsi l’adaptation des programmes de formation pour mieux
correspondre à ces exigences changeantes. En servant de guide, il unifie les pratiques de

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Les sciences de l’eau au Maghreb
développement, d’amélioration et d’adaptation des curricula en fournissant un ensemble
commun de compétences. Cela permet aux éducateurs et aux formateurs de revoir et
d’adapter leurs pratiques pédagogiques pour atteindre les objectifs établis dans le référentiel.
Le référentiel de compétences joue également un rôle important en établissant un lien
entre les compétences et les connaissances. Il aide à mettre en évidence les connaissances
nécessaires pour développer les compétences visées. Ainsi, il contribue à orienter
les contenus d’apprentissage et à les structurer de manière à favoriser l’acquisition des
compétences identifiées.
En outre, le référentiel de compétences offre un regard réflexif sur les pratiques
d’enseignement. Il permet aux éducateurs et aux formateurs d’évaluer leur enseignement
en le comparant aux compétences définies dans le référentiel. Cela facilite l’identification des
forces et des faiblesses, ainsi que l’identification des axes d’amélioration.
Par ailleurs, le référentiel de compétences est un outil d’évaluation de la progression des
apprentissages et des acquis. Il permet de mesurer la progression des apprenants par rapport
aux compétences visées, ce qui facilite l’évaluation formative et sommative. En outre, il peut
servir de base pour délivrer un label de qualité aux formations qui répondent aux critères
du référentiel, ce qui contribue à assurer la qualité des programmes de formation.
Cependant, pour mettre en pratique le référentiel de compétences, il est nécessaire de le
traduire en programmes de formation. Cela implique de relier les compétences identifiées
dans le référentiel aux contenus spécifiques, aux méthodes d’enseignement et aux activités
d’apprentissage. De plus, il est important d’intégrer le rôle des parties prenantes et de
définir les procédures d’évaluation, de certification et/ou d’accréditation des programmes
pour assurer la conformité aux exigences du référentiel.
Le processus de production d’un référentiel de compétences pour un cursus ingénieur
et/ou master pour former des diplômés les mieux adaptés aux demandes actuelles du
monde socio-professionnel, est relativement long et complexe. Il exige une mobilisation
de beaucoup de moyens et la collaboration des acteurs socio-professionnels pour mieux
appréhender la complexité des compétences attendues des lauréats à la fin de leur cursus.
Le programme des études, dérivé et élaboré à partir du référentiel de compétences induit
des changements significatifs des matières enseignées et des activités d’apprentissage, alors
que beaucoup de cours restent dans le programme par tradition.
Cette démarche est souvent l’occasion pour les enseignants de s’interroger sur l’adéquation
du contenu de leurs cours avec les objectifs de la formation, et permet souvent d’initier de
nouveaux contenus pédagogiques, et de veiller à la cohérence des activités d’apprentissage
et d’évaluation avec les objectifs visés. Le référentiel de compétences se doit d’être évolutif
pour répondre aux objectifs du monde socio-professionnel en termes de besoins actuels et
d’anticiper l’évolution des métiers destinés à nos ingénieurs de l’eau.

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Les sciences de l’eau au Maghreb 49
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Questions de genre en ingénierie
Le manque de diversité et l’inégalité entre les sexes est un problème mondial. La situation
varie d’un pays à l’autre et des différences peuvent également être constatées entre les
différents secteurs et branches de la société. La disparité entre les sexes dans l’ingénierie
n’est pas à démontrer et ne reflète pas celle de l’ensemble de la population active bien que
la proportion de femmes ait augmenté au fil du temps.
Les filles sont non seulement moins bien informées sur l’ingénierie et sur la façon de devenir
ingénieur, mais aussi moins susceptibles de demander des conseils de carrière aux autres.
Par ailleurs, les femmes en STEM (Science, Technology, Engineering and Mathematics)
signalent souvent des signes subtils d’exclusion dans leurs interactions avec les autres dans
les domaines à prédominance masculine. Ces expériences d’exclusion rendent les femmes
particulièrement conscientes de leur genre et contribuent à l’épuisement professionnel.
L’exclusion des femmes des réseaux professionnels signifie qu’elles ratent souvent des
opportunités clés pour faire avancer leur carrière. Les stéréotypes de genre peuvent biaiser
les évaluations des professeurs, et ainsi faire chuter le potentiel des femmes en termes de
réussite et de performance.
La ‘National Academy of Engineering’ (NAE) a classé selon le Message « le moins attrayant »,
des élèves par sexe et pourcentage. Les messages étaient :
• Les ingénieurs font toute la différence,
• Les ingénieurs contribuent à façonner l’avenir,
• Les ingénieurs sont des résolveurs de problèmes créatifs,
• Les ingénieurs connectent la science au monde réel,
• L’ingénierie est essentielle à notre santé, notre bonheur et notre sécurité.
L’âge et le sexe affectent les perceptions de l’ingénierie et des ingénieurs de différentes
manières. Tout d’abord, les liens entre les mathématiques, les sciences et l’ingénierie jouent
un rôle clé dans la formation de ces perceptions. Les individus ayant une affinité pour ces
domaines sont plus enclins à envisager une carrière en ingénierie.
En ce qui concerne les différences entre garçons et filles, des réactions différentes aux
messages et des perceptions différentes de l’ingénierie ont été observées. Les filles sont
souvent plus à l’aise avec les images d’ingénierie incluant des personnes, en particulier des
femmes, tandis que les garçons sont attirés par les aspects techniques et matériels de
l’ingénierie.
L’âge joue également un rôle dans les perceptions de l’ingénierie. Les jeunes enfants peuvent
avoir des stéréotypes de genre plus prononcés et des idées préconçues sur les carrières.
Cependant, ces perceptions peuvent évoluer à mesure qu’ils grandissent et acquièrent plus
d’expériences.

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Les sciences de l’eau au Maghreb 51
Les résultats des groupes de discussion ont confirmé ces tendances et ont souligné
l’importance de messages ciblés pour différents publics. Les filles sont plus réceptives aux
messages qui incluent des éléments humains dans le contexte de l’ingénierie, ce qui suggère
que les messages destinés à encourager les filles devraient mettre l’accent sur les aspects
sociaux et les opportunités de contribuer à la société. Les garçons en revanche ont une
vision plus positive de l’ingénierie en tant que choix de carrière que les filles. Ces dernières
sont moins convaincues que l’ingénierie peut être une profession gratifiante avec un impact
positif sur la vie des gens. Par conséquent, il est crucial de communiquer de manière efficace
les avantages et les impacts positifs de l’ingénierie pour encourager les filles à envisager cette
voie.
En conclusion, l’âge et le sexe sont des facteurs importants qui influencent les perceptions
de l’ingénierie et des ingénieurs. Les messages visant à promouvoir l’ingénierie doivent
tenir compte de ces différences et être adaptés en conséquence, en mettant en valeur les
aspects qui suscitent un intérêt spécifique chez les filles et les garçons, tout en soulignant les
avantages sociaux et les opportunités de contribuer à la société.
Par ailleurs, Engendering Success in STEM (ESS) est un partenariat de recherche dont
l’objectif commun est de favoriser l’inclusion et la réussite des femmes dans les STEM. Ce
partenariat réunit des spécialistes des sciences humaines et sociales, des experts et des
acteurs de l’industrie et de l’éducation STEM.
L’objectif est d’utiliser une approche fondée sur des données probantes pour briser les
préjugés auxquels les filles et les femmes sont confrontées sur leur chemin vers le succès,
en particulier dans les domaines des STEM. Changer les préjugés des garçons et l’adéquation
perçue des filles aux STEM pour changer de comportement (Engendering Success in STEM
(ESS), National Academy of Engineering, Engineering UK, EDUCON, EWEP (Extraordinary
Women Engineers Project), University Affairs Canada).
Il est possible de créer un environnement plus inclusif et équitable pour les filles et les
femmes dans les STEM, et de favoriser leur réussite et leur épanouissement. Pour ce faire, il
est crucial d’accroître l’appartenance et de réduire le stress chez les élèves filles dont l’identité
est menacée. Cela peut être réalisé en mettant en place des programmes de mentorat et
de soutien, en promouvant des modèles féminins dans les STEM, et en encourageant la
diversité.
En parallèle, il est important de promouvoir l’égalité dans l’enseignement universitaire et
d’attribuer des rôles garçons/filles plus équitables. Cela implique de réviser les politiques
d’admission, de mettre en œuvre des programmes de bourses d’études axés sur l’équité, et
de sensibiliser les enseignants et les étudiants à l’importance de l’égalité des sexes dans les
STEM.

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Les sciences de l’eau au Maghreb
Une autre étape essentielle est d’améliorer l’image de l’ingénierie en la rendant plus diversifiée
et inclusive. Cela permettra de combattre les stéréotypes de genre et d’encourager les filles
à s’engager dans ce domaine. Mettre en avant des exemples de femmes ingénieures réussies
et montrer la diversité des opportunités de carrière peut contribuer à cette amélioration.
Pour engager les filles dans l’ingénierie, il est également nécessaire d’organiser des journées
carrières qui leur montrent comment les sciences, les mathématiques et l’ingénierie sont
liées à leurs intérêts et leurs passions. Ces événements doivent mettre en avant des femmes
qui ont réussi dans les STEM et fournir des informations sur les possibilités de carrière.
En parallèle, il est important d’assurer une inclusion sociale auprès des étudiants en ingénierie
lors de leurs stages d’été et de stages coopératifs. Cela implique de créer des environnements
de stage inclusifs, respectueux et favorisant la diversité des genres. Sensibiliser les employeurs,
proposer des programmes de mentorat et encourager la création de réseaux de soutien
peuvent contribuer à cet objectif.
Enfin, il est essentiel de créer des environnements de plus en plus inclusifs qui prennent en
compte les besoins des femmes et évitent les préjugés sexistes. Cela peut être réalisé en
remettant en question les modèles traditionnels de relations de genre, en encourageant la
participation des femmes dans les contenus et en promouvant des pratiques co-éducatives
axées sur l’égalité des chances et l’élimination des stéréotypes.
En mettant en place ces actions de manière cohérente et coordonnée, il est possible de
créer un environnement stimulant, inclusif et équitable pour les filles et les femmes dans les
STEM, favorisant ainsi leur réussite et leur épanouissement.
Une expérience d’apprentissage basée sur la conception dans les clubs parascolaires et
les camps d’été intégrant le genre mérite d’être mentionnée en l’occurrence « Beyond
Blackboards » qui vise à offrir aux collégiens une expérience d’ingénierie pratique pour
renforcer leur intérêt pour les STEM. Cette technique s’appuie sur trois volets :
• Engagement des étudiants dans des opportunités d’apprentissage basées sur la recherche
qui encouragent la pratique des concepts clés des STEM, le développement de
compétences analytiques et une augmentation de la sensibilisation aux filières universitaires
et professionnelles STEM ;
• Développement professionnel et soutien aux enseignants pour guider les étudiants dans
des activités de conception technique significatives et une enquête ciblée sur les filières
universitaires et professionnelles en STEM dans le cadre de clubs d’innovation après l’école,
y compris des activités de robotique et des camps d’été d’ingénierie ;
• Information des parents et des tuteurs de l’éventail complet d’options d’université et de
cheminement de carrière en STEM afin qu’ils puissent soutenir et encourager la poursuite
par leurs élèves d’objectifs éducatifs et professionnels liés aux STEM.

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Les sciences de l’eau au Maghreb 53
Une autre étape essentielle est d’améliorer l’image de l’ingénierie en la rendant plus diversifiée
et inclusive. Cela permettra de combattre les stéréotypes de genre et d’encourager les filles
à s’engager dans ce domaine. Mettre en avant des exemples de femmes ingénieures réussies
et montrer la diversité des opportunités de carrière peut contribuer à cette amélioration.
Pour engager les filles dans l’ingénierie, il est également nécessaire d’organiser des journées
carrières qui leur montrent comment les sciences, les mathématiques et l’ingénierie sont
liées à leurs intérêts et leurs passions. Ces événements doivent mettre en avant des femmes
qui ont réussi dans les STEM et fournir des informations sur les possibilités de carrière.
En parallèle, il est important d’assurer une inclusion sociale auprès des étudiants en ingénierie
lors de leurs stages d’été et de stages coopératifs. Cela implique de créer des environnements
de stage inclusifs, respectueux et favorisant la diversité des genres. Sensibiliser les employeurs,
proposer des programmes de mentorat et encourager la création de réseaux de soutien
peuvent contribuer à cet objectif.
Enfin, il est essentiel de créer des environnements de plus en plus inclusifs qui prennent en
compte les besoins des femmes et évitent les préjugés sexistes. Cela peut être réalisé en
remettant en question les modèles traditionnels de relations de genre, en encourageant la
participation des femmes dans les contenus et en promouvant des pratiques co-éducatives
axées sur l’égalité des chances et l’élimination des stéréotypes.
En mettant en place ces actions de manière cohérente et coordonnée, il est possible de
créer un environnement stimulant, inclusif et équitable pour les filles et les femmes dans les
STEM, favorisant ainsi leur réussite et leur épanouissement.
Une expérience d’apprentissage basée sur la conception dans les clubs parascolaires et
les camps d’été intégrant le genre mérite d’être mentionnée en l’occurrence « Beyond
Blackboards » qui vise à offrir aux collégiens une expérience d’ingénierie pratique pour
renforcer leur intérêt pour les STEM. Cette technique s’appuie sur trois volets :
• Engagement des étudiants dans des opportunités d’apprentissage basées sur la recherche
qui encouragent la pratique des concepts clés des STEM, le développement de
compétences analytiques et une augmentation de la sensibilisation aux filières universitaires
et professionnelles STEM ;
• Développement professionnel et soutien aux enseignants pour guider les étudiants dans
des activités de conception technique significatives et une enquête ciblée sur les filières
universitaires et professionnelles en STEM dans le cadre de clubs d’innovation après l’école,
y compris des activités de robotique et des camps d’été d’ingénierie ;
• Information des parents et des tuteurs de l’éventail complet d’options d’université et de
cheminement de carrière en STEM afin qu’ils puissent soutenir et encourager la poursuite
par leurs élèves d’objectifs éducatifs et professionnels liés aux STEM.

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Les sciences de l’eau au Maghreb shutterstock
Recommandations générales pour la formation
des ingénieurs/masters dans le domaine des
sciences et techniques de l’eau

9.1. Récapitulation du besoin métier eau des institutions et de l’industrie


Comme déjà signalé, la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) est considérée
comme étant la solution de la problématique des ressources en eau. La GIRE est une
méthode systémique, tenant compte de l’ensemble des systèmes hydrauliques pour une
exploitation pérenne, une répartition et un suivi de l’utilisation de la ressource eau en
fonction du contexte social, économique et des objectifs environnementaux. La GIRE intègre
les intérêts de protection et d’exploitation, de toutes les contraintes existantes, ainsi que des
principaux aspects politiques, juridiques, administratifs, économiques, environnementaux,
sociaux et culturels.
La Gestion Intégrée des Ressources en Eau concerne tous les différents types de ressources
en eau, à savoir : eaux de surface, eaux souterraines, eaux non conventionnelles, et tous
les éléments de la chaine de valeur Eau (mobilisation, production, transfert, pompage,
distribution, consommation, assainissement, épuration et réutilisation).
A ceci s’adjoint les éléments complémentaires en conjonction avec l’usage particulier et
intensif de l’eau en agriculture, l’énergie, la santé, etc., dans le cadre du Nexus Eau-Énergie-
Agriculture.
L’importance du besoin en formation en hydro-informatique notamment n’est plus à
démontrer, sujet à la mode il y a plus de deux décennies pour la modélisation et prévision
hydrologiques, hydrauliques et environnementales, et intégration des modèles de données
pour tous les calculs en ingénierie, optimisation et contrôle des systèmes, quantification de
l’incertitude, l’aide à la décision et gestion des risques.
L’hydro-informatique repose sur plusieurs éléments interconnectés pour améliorer la gestion
de l’eau. L’analyse des systèmes et des technologies de l’information et de la communication
permet de recueillir, stocker et traiter les données liées à l’eau. Le traitement et l’analyse
de ces données sont essentiels pour fournir des informations pertinentes. Parallèlement,
l’optimisation, la modélisation et la simulation numérique permettent de comprendre et de
prévoir le comportement des systèmes hydrologiques. L’intelligence artificielle est également
utilisée pour développer des modèles prédictifs avancés et automatiser les décisions basées
sur les données.
L’hydro-informatique intègre également les effets des changements climatiques et de
l’incertitude dans les modèles et les décisions de gestion de l’eau. De plus, les plates-formes
Web jouent un rôle crucial en facilitant le partage d’informations, la collaboration et l’accès
aux services d’hydro-informatique.

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Les sciences de l’eau au Maghreb 55
Quant à la visualisation graphique des données, tant scalaires que géographiques, elle permet
une représentation visuelle claire des informations liées à l’eau. Enfin, l’hydro-informatique
permet d’intégrer la durabilité et les implications sociales dans la gestion de l’eau en mettant
l’accent sur une gestion efficace des ressources, l’accès équitable à l’eau potable et la prise
en compte des besoins des communautés locales.
Les applications peuvent porter sur la prévision des crues et sécheresses et gestion
des risques, le contrôle en temps réel et la gestion anticipative de l’eau, l’exploitation et
l’optimisation des réservoirs, la gestion des systèmes d’eau urbains, la modélisation de la
qualité des eaux de surface et souterraine.
De manière générale, les thématiques liées à l’eau doivent intégrer :
• La Gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) ;
• Le Nexus eau-énergie-alimentation-santé-éducation ;
• Les technologies avancées de l’eau (irrigation, approvisionnement en eau et assainissement,
dessalement, déminéralisation, traitement et recyclage pour la réutilisation de l’eau ;
• L’eau dans et pour le sol, les sécheresses et la désertification ;
• L’intrusion d’eau salée et la valorisation des terres dégradées ;
• Les dangers liés à l’eau (inondations, tsunamis, etc…) ;
• Le changement climatique mondial et stratégies d’adaptation ;
• La gestion intégrée des zones côtières (GIZC) ;
• Les considérations environnementales et développement durable (ODD) ;
• Les aménagements et les infrastructures hydrauliques ;
• L’économie et les usages multiples de l’eau ;
• La modélisation, la simulation, l’optimisation, l’intelligence artificielle et les sciences de
données.
En plus de tous ces éléments, et tenant en compte du benchmark international des
formations existantes et futures, des orientations et recommandations de cette étude, on
peut inclure un corpus ou curriculum minimum structuré comme suit :
1. Thématiques pour un curriculum minimal
Les thématiques pour un curriculum minimal dans le domaine de l’hydrologie et de
l’hydraulique comprennent des sujets tels que l’hydrologie avancée, l’hydraulique souterraine,
l’hydrogéologie appliquée, l’hydraulique appliquée, les crues et les inondations, les modèles
de qualité de l’eau, l’analyse de la sécheresse, la gestion intégrée des ressources en eau, les
technologies avancées de l’eau, le traitement et l’épuration des eaux, le dessalement des
eaux marines et saumâtres, ainsi que la gestion de projets et l’ingénierie collaborative.
Ces sujets couvrent un large éventail d’aspects liés à l’eau, de la compréhension des
processus hydrologiques et de l’écoulement souterrain à l’application des connaissances
en hydrogéologie pour évaluer et protéger les ressources en eau. L’accent est également
mis sur des domaines tels que la gestion des crues et des inondations, la modélisation de la
qualité de l’eau, l’analyse de la sécheresse et la gestion intégrée des ressources en eau.

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Les sciences de l’eau au Maghreb
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Les sciences de l’eau au Maghreb 57
En outre, les technologies avancées de l’eau, telles que l’acquisition et le traitement des
données, l’intelligence artificielle et les techniques de télédétection, sont abordées dans le
contexte de la surveillance et de la gestion des ressources en eau. Les sujets de traitement
et d’épuration des eaux, y compris le dessalement des eaux marines et saumâtres, sont
également inclus, mettant l’accent sur les méthodes pour rendre l’eau propre et potable.
Enfin, la gestion de projets et l’ingénierie collaborative devraient être incluses pour
développer les compétences nécessaires à la planification et à la mise en œuvre efficace de
projets liés à l’eau.
2. Informatique scientifique (Digital Skills)
Dans le domaine de l’eau, l’informatique scientifique joue un rôle de plus en plus important
dans la formation des ingénieurs/master. Elle permet de traiter, analyser et interpréter
les données liées à l’eau de manière efficace. Voici quelques domaines spécifiques de
l’informatique scientifique qui sont pertinents pour la formation des ingénieurs/master dans
ce domaine :
• Environnements informatiques : Les ingénieurs/master doivent être familiarisés avec les
environnements informatiques couramment utilisés dans le domaine de l’eau, tels que les
systèmes d’exploitation, les logiciels de bureautique et les outils de programmation.
• Systèmes de Gestion de Bases de Données (SGBD) Relationnelles/Objet : Les données
relatives à l’eau peuvent être massives et complexes. Les SGBD permettent de stocker,
organiser et interroger ces données de manière efficace.
• Systèmes d’Information Géographiques (SIG) : Les SIG sont utilisés pour représenter et
analyser les données géospatiales liées à l’eau. Ils permettent de visualiser les informations
géographiques, de réaliser des analyses spatiales et de prendre des décisions éclairées.
• Analyse Spatiale et Télédétection : Ces domaines se concentrent sur l’analyse des données
spatiales et des images satellites pour comprendre les phénomènes liés à l’eau, tels que
la gestion des ressources en eau, la détection des changements environnementaux, etc.
• Instrumentation et acquisition des données : Les ingénieurs/master doivent comprendre
les principes de base des capteurs et instruments utilisés pour mesurer les paramètres liés
à l’eau, ainsi que les techniques d’acquisition et de traitement des données.
• Science de données et intelligence artificielle : La science des données et l’intelligence
artificielle offrent des méthodes avancées pour l’analyse et la prédiction des phénomènes
liés à l’eau. Les ingénieurs/master doivent être conscients des concepts et des techniques
de ces domaines.
• Pratique des SGBD, GPS, SIG, Télédétection : La formation pratique sur les SGBD, le
GPS, les SIG et la télédétection est essentielle pour permettre aux ingénieurs/master de
manipuler, analyser et interpréter les données réelles liées à l’eau.

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Les sciences de l’eau au Maghreb
• Outils de simulation : Les outils de simulation informatique permettent de modéliser les
phénomènes hydrauliques, hydrologiques et environnementaux liés à l’eau. Les ingénieurs/
master doivent apprendre à utiliser ces outils pour prédire et évaluer les impacts des
interventions ou des changements sur les systèmes hydriques.
Et récemment, quid de ChatGPT (chat.openai.com) dans la formation et sa bonne
orientation pour éviter des dégâts dans les formations de base ? Il peut être un outil utile
pour l’apprentissage et l’échange d’informations dans le domaine de l’eau. Cependant, il est
important de noter que ChatGPT est une intelligence artificielle basée sur du texte généré
par apprentissage automatique, et bien qu’il puisse fournir des réponses et des informations,
il ne remplace pas l’expertise humaine et l’enseignement formel.
3. Outils et méthodes numériques – Modélisation et Simulation
La formation en ingénierie ou en master dans le domaine de l’eau, avec un accent sur les
outils et les méthodes numériques, la modélisation et la simulation, offre un large éventail
de sujets pertinents. Il est important de noter que les thématiques à prendre en compte
peuvent varier en fonction du programme d’études spécifique et des intérêts de recherche
de l’établissement d’enseignement concerné. Les principales que nous proposons d’entre
elles sont :
• Méthodes numériques : Cette discipline se concentre sur les techniques de résolution
numérique des équations mathématiques complexes qui se posent dans le domaine de
l’eau. Cela peut inclure des méthodes d’approximation, de discrétisation et de résolution
numérique des équations différentielles ou intégrales utilisées pour modéliser les
phénomènes hydrauliques.
• Optimisation des systèmes : C’est est une méthode utilisée pour trouver la meilleure
solution possible dans des problèmes où il existe plusieurs paramètres ou variables à
prendre en compte. Dans le domaine de l’eau, l’optimisation peut être appliquée à la
conception de réseaux de distribution d’eau, à la gestion des ressources hydriques, à la
planification de l’utilisation des terres, etc.
• Statistiques appliquées et probabilités : Elles sont utilisées pour analyser les données
collectées sur les systèmes hydrauliques, les régimes hydrologiques, les propriétés
physiques de l’eau, etc. Elles permettent d’identifier les tendances, les corrélations et les
modèles probabilistes, ce qui est essentiel pour prendre des décisions éclairées et pour
évaluer les incertitudes.
• Incertitudes et risques : Dans le domaine de l’eau, il est important de prendre en compte
les incertitudes liées aux données, aux modèles et aux décisions prises. L’analyse des
incertitudes permet de quantifier et de gérer les risques associés aux systèmes hydrauliques,
à la sécurité des ouvrages, aux événements extrêmes tels que les inondations ou les
sécheresses, etc.

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Les sciences de l’eau au Maghreb 59
• Analyse multicritère : L’analyse multicritère est une approche qui permet de prendre en
compte plusieurs critères ou objectifs concurrents lors de la prise de décision. Dans le
contexte de l’eau, cela peut être appliqué à la sélection de projets d’ingénierie, à l’évaluation
des politiques de gestion de l’eau, à la planification des ressources hydriques, etc.
Ces sujets sont souvent enseignés à travers des cours théoriques, des travaux pratiques en
laboratoire et des projets de recherche. Les étudiants peuvent également être exposés à
des logiciels de modélisation et de simulation spécifiques utilisés dans le domaine de l’eau,
tels que des logiciels de dynamique des fluides numériques (CFD), des logiciels de gestion
des ressources hydriques ou des logiciels de modélisation hydrologique.
4. Soft skills
L’ingénierie a un impact considérable sur les systèmes socioculturels et joue un rôle essentiel
dans la résolution des défis complexes et changeants du monde moderne. En plus des
compétences techniques en sciences et mathématiques, les ingénieurs doivent posséder
des connaissances solides en sciences humaines et sociales, en économie, ainsi qu’en
développement personnel et leadership.
Ces compétences comprennent des capacités analytiques pour analyser en profondeur les
problèmes, trouver des informations pertinentes et prendre des décisions éclairées. Les
ingénieurs doivent également faire preuve d’ingéniosité pratique, de créativité et d’innovation
pour proposer des solutions novatrices.
De bonnes compétences en communication, en business et en gestion sont également
essentielles, car les ingénieurs doivent interagir avec diverses parties prenantes et comprendre
les principes de gestion et les concepts commerciaux. Ils doivent également adhérer à des
normes éthiques élevées et faire preuve de professionnalisme dans leur pratique.
Les ingénieurs doivent être dynamiques, agiles et résilients, capables de s’adapter aux
changements rapides et de diriger de manière adaptative. Ils doivent également être des
apprenants à vie, prêts à acquérir de nouvelles compétences et connaissances pour rester
compétents dans un environnement en évolution rapide.
Enfin, les ingénieurs doivent être capables de replacer les problèmes dans leur contexte
sociotechnique et opérationnel, en comprenant l’impact de leurs décisions sur les personnes,
les communautés et la société dans son ensemble..
9.2. Orientations générales
Compte tenu de l’interdépendance des enjeux, la collaboration, la concertation et
l’implication des citoyens et des communautés dans tout le processus d’élaboration des
politiques publiques pour la gestion des ressources en eau revêtent un intérêt primordial.
Les figures 1 et 2 généralisent les concepts conventionnels de la Gestion Intégrée des
Ressources en Eau et du Nexus conventionnel ou classique et permettent de voir la
nécessité de changement de paradigme par la combinaison des deux approches pour éviter
les silos, et donnent une feuille de route pour les exigences en termes de formation.

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Les sciences de l’eau au Maghreb
Infrastructures
Hydrauliques

A
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Risques
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Alternatives Management Critères

Contraintes
Environnement/
Contexte Bassin Usages Contexte
Climatique Offre Socio-
Economique

Retour

Figure 1 Concept Étendu de la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE)

Paradigme Nexus Etendu- Composantes

Risques

Santé Bien Etre Education

Sol
Optimisation & Reduction Water

Convenional
Nexus Dynamique
Energies Sources d’Energies Securité
Renouvelables Innovatives Alimentaire Eau
Energy Food

Valerisallon des déchets Fertilisants

Figure 2 : Nexus Généralisé ou Étendu

Les métiers d’ingénieur de l’eau couvrent généralement le traitement de l’eau, l’assainissement,


l’hydrologie, l’hydraulique, l’hydro-informatique, l’irrigation, l’hydrobiologie, les infrastructures
et constructions hydrauliques, le génie des procédés et de l’environnement, le génie rural,
la gestion intégrée des ressources en eau, les technologies avancées de l’eau, l’économie de
l’eau.

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Les sciences de l’eau au Maghreb 61
Les masters et masters spécialisés dans le domaine de l’eau couvrent un large éventail de
sujets liés à la gestion et à la préservation des ressources en eau. Ils forment les futurs
professionnels de l’eau dans des thématiques techniques qui intègrent le besoin sociétal
dans ce domaine :
• Hydrauliciens, hydrologues et hydrogéologues : Ces professionnels étudient le
comportement de l’eau dans les systèmes naturels et artificiels, analysent les ressources
en eau souterraine, évaluent les débits des cours d’eau, conçoivent des infrastructures
hydrauliques, etc.
• Environnementalistes : Ils se concentrent sur l’impact de l’eau sur l’environnement et
étudient comment minimiser les conséquences négatives des activités humaines sur les
écosystèmes aquatiques.
• Analystes de risques : Ils évaluent les risques liés à l’eau, tels que les inondations, la pollution
de l’eau, la gestion des ressources en eau, et fournissent des recommandations pour
atténuer ces risques.
• Chercheurs/Doctorants : Ils effectuent des recherches approfondies sur des sujets liés
à l’eau, contribuent à l’avancement des connaissances et peuvent travailler dans des
institutions académiques, des laboratoires de recherche ou des organismes publics et
privés.
• Numériciens modélistes : Ils utilisent des modèles informatiques et des simulations
numériques pour étudier le comportement de l’eau, prévoir les phénomènes
hydrométéorologiques, évaluer les impacts des projets de gestion de l’eau, etc.
• Chargés d’études : Ils réalisent des études techniques, économiques et environnementales
pour évaluer les projets de gestion de l’eau, fournir des recommandations et des solutions
adaptées.
• Chargés de mission : Ils sont responsables de la mise en œuvre et de la coordination de
plusieurs projets liés à l’eau.
Ces métiers ne sont pas exhaustifs, et il existe de nombreux autres exemples de masters/
masters spécialisés liés à la gestion de l’eau. Le secteur de l’eau offre en effet de nombreuses
opportunités de carrière pour celles et ceux qui souhaitent contribuer à la préservation et
à la gestion durable des ressources en eau.
Le corps métier de l’eau étant clarifié, pour mieux gérer cette problématique, un degré de
qualification élevé est requis et passe par la maitrise d’un ensemble d’outils technologiques
modernes d’acquisition des données, de leur organisation, de traitement de l’information,
d’optimisation, de modélisation et de simulation. Les aspects ‘soft skills’ ont été largement
débattus. Des orientations pour les enseignants chercheurs et concepteurs des programmes
sont ainsi fournies sans rentrer dans les détails.
Des formations permettront à travers les modules à programmer de :
• Consolider la formation en matières thématiques liées aux ressources en eaux de surface
et souterraines, eaux non conventionnelles ;
• Maitriser l’organisation et l’analyse des données ;

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Les sciences de l’eau au Maghreb
• Maitriser les méthodes actuelles de synthèse de l’information spatiale et de modélisation,
particulièrement les techniques des Systèmes d’Information Géographique (SIG) et de
l’Analyse Spatiale et la Télédétection ;
• Acquérir les méthodes de modélisation conceptuelle et d’analyse des systèmes ;
• Acquérir les techniques informatiques de modélisation (programmation et utilisation de
logiciels spécifiques (domaine public ou commercial) des systèmes hydriques) ;
• Mieux maitriser les techniques numériques et d’optimisation ;
• Exploiter les méthodes de recherche opérationnelle /l’optimisation dans la modélisation et
l’analyse de l’information pour la prise de décision ;
• Coordonner et gérer des projets liés à l’eau ;
• Être conscient de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) ;
• Prendre en compte les critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) … ;
Une liste non exhaustive des intitulés de formation (cours potentiels) a été présentée à titre
d’illustration seulement au paragraphe 7.2. Sur le plan pédagogique, on peut distinguer :
• Les cours fondamentaux ;
• Les Thématiques (eaux conventionnelles, non conventionnelles, usages de l’eau, traitement,
dessalement, déminéralisation, infrastructures hydrauliques, eau comme bien, eau comme
risque, impact des changements climatiques, concept d’adaptation, etc.) ;
• L’Informatique scientifique ;
• Les Outils et méthodes numériques – Modélisation et Simulation – Optimisation ;
• Les ‘soft et digital skills’.
Par ailleurs, les connaissances traditionnelles/ancestrales/locales, la culture de l’eau, la
sensibilisation des citoyens et le savoir-faire traditionnel en matière de gestion de l’eau, la
science citoyenne sont aussi d’importance capitale à faire valoir notamment pour l’adaptation
et la résilience.
Dans la figure 3, on regroupe les compétences essentielles requises d’un Ingénieur/Scientifique,
et par ricochet, les exigences en termes de formation personnelle. Les fondamentaux ne
sont pas discutés ici.
Valeur de l’Erreur
Rigueur Ecoute
Curiosité et
Enthousiasme Créativité
P e r s é v é r a n c e Caractère Objectivité
Confiance en soi Construction Intelligence
Doute Pensée Critique Sens de l’observation
Différentier la vérité scientifique des opinions et croyances

Figure 3 : Compétences essentielles requises d’un Ingénieur/Scientifique

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Les sciences de l’eau au Maghreb 63
9.3. Recommandations générales pour le secteur de l’eau avec impact sur la
formation
Des impacts importants du changement climatique sont prévus, et les impacts attendus
dans les décennies à venir sont largement évitables avec des actions concrètes. Les décisions
ayant des effets à long terme sont prises chaque jour et les choix d’aujourd’hui façonneront
les vulnérabilités de demain. Il faut beaucoup de temps pour motiver et développer la
capacité d’adaptation et de mise en œuvre des changements. La planification proactive
est souvent plus efficace et moins coûteuse que la planification réactive et peut offrir des
avantages dès aujourd’hui.
La vulnérabilité et la résilience sont déterminantes. Des outils de décision, des mesures et
des techniques basées sur les connaissances sont hautement nécessaires. Des analyses et
des projections solides sont indispensables à des échelles pertinentes, des observations
sont nécessaires pour améliorer les prévisions. La modélisation d’événements extrêmes
est un prérequis et des scénarios climatiques appropriés et de gestion pertinente doivent
être développés. Des plates-formes intégrées interopérables incorporant des données, des
connaissances, de la modélisation et des scénarios d’analyse et de simulation seront un
outil idoine pour le suivi et l’accompagnement de la planification contrainte par le contexte
climatique, environnemental et climatique.
Il est indispensable :
A Court Terme de :
• Booster l’innovation en matière de technologies avancées de l’eau pour faire face à la
pénurie d’eau et mieux s’adapter aux effets du changement climatique ;
• Promouvoir l’apprentissage de la combinaison de la GIRE et le paradigme Nexus consistant
à équilibrer différents objectifs de ressources en eau tout en respectant l’intégrité des
écosystèmes ;
• Éduquer les ingénieurs/masters aux technologies avancées de l’eau (réutilisation des eaux
usées, dessalement de des eaux saumâtres et marines) exploitant des énergies alternatives
renouvelables et la collecte des eaux pluviales, et à l’optimisation des coûts ;
• Sensibiliser toutes les parties prenantes sur les lacunes en données et l’importance des
réseaux d’observation de données et de leur densité ;
• Créer des taskforces (think tanks) maghrébins pour réfléchir à la mutualisation de
l’éducation, la R&D-I, et leur implémentation pratique dans les pays du Maghreb.
A Moyen et long Termes
• Créer un ordre des ingénieurs des métiers de l’eau ;
• Développer la collaboration nationale et régionale entre établissements de formation
d’ingénieurs dans les métiers de l’eau ;
• Créer un centre maghrébin des ressources en eau pour améliorer la base de connaissances
et le développement de la recherche scientifique collaborative sur des enjeux communs
aux pays de la région, et ce pour optimiser et mutualiser les ressources humaines et
matérielles (laboratoires, plateformes, laboratoires vivants, innovation et entreprenariat) ;
• Développer des cadres de collaboration adéquats pour des masters conjoints ainsi que
des écoles doctorales maghrébines thématiques.

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Les sciences de l’eau au Maghreb
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Les sciences de l’eau au Maghreb 65
Conclusions
La pro-action et l’anticipation de l’avenir sont des éléments clés pour façonner un rôle
important et dynamique des métiers de l’eau et de la profession dans le contexte de
développement au Maghreb. Pour y parvenir, il est nécessaire de développer l’innovation,
l’agilité, le leadership et les aptitudes comportementales des futurs professionnels de l’eau,
en plus des capacités techniques et scientifiques.
Il est également important d’intégrer les défis technologiques tels que la transition écologique
et énergétique et d’explorer de nouvelles pédagogies innovantes comme les classes
inversées et le jeu d’évasion, pour développer un savoir-faire et un savoir-être, ainsi que de
multiplier les formations-actions sur l’innovation impliquant les étudiants, les enseignants et
les professionnels sur des cas d’études concrets. Ces modes de formation sont de nature à
amener l’élève à penser en tant qu’ingénieur/scientifique et non pas seulement en tant que
simple ingénieur.
Pour relever les défis liés à la gestion de la crise aiguë de l’eau au Maghreb à l’ère du
changement climatique, des énergies renouvelables et de la transition énergétique, il est
nécessaire d’aligner les programmes de formation avec les priorités nationales et régionales en
matière de développement durable, de développer l’interdisciplinarité et la multidisciplinarité
pour l’appréhension des systèmes complexes. Il faut également développer des référentiels
de compétences et d’évaluation des apprentissages, renforcer l’apprentissage par les services
à la communauté, introduire des cours d’éthique et de déontologie professionnelle et
encourager les filles à suivre des cursus d’ingénieurs dans les métiers de l’eau.
La formation par, et à la recherche est un élément clé pour renforcer l’éducation, la formation
en sciences, ingénierie et techniques de l’eau. Il est également important de renforcer les

66 Retour aux sources


Les sciences de l’eau au Maghreb
stratégies innovantes d’inclusion du genre à tous les niveaux de l’enseignement des STEM
et de l’ingénierie, d’augmenter les capacités en modélisation, simulation et optimisation,
d’encourager la recherche & développement et l’innovation. Les solutions technologiques
innovantes, telles que la gestion du stress hydrique et l’optimisation des systèmes d’irrigation,
doivent être encouragées par la recherche et le développement.
Les nouvelles techniques de sciences de données et d’intelligence artificielle gagneraient à
être intégrées dans les programmes de formation pour permettre aux étudiants d’acquérir
des compétences en lien avec les dernières tendances technologiques, surtout que le
numérique est en train d’opérer de profonds changements dans nos sociétés et il est
capable de démultiplier l’innovation dans différents domaines liés à l’eau.
La création d’un état d’esprit autour de l’importance de la culture de l’eau est aussi primordiale
que les autres aspects précités. Il est nécessaire également que la formation des futurs
s’intègre dans une approche holistique qui prend en compte la sensibilisation des citoyens
à l’importance vitale de l’eau, l’adaptation du cadre institutionnel et réglementaire régissant
les ressources en eau, l’amélioration de la gouvernance de l’eau en impliquant toutes les
parties prenantes, la valorisation des savoir-faire traditionnels en matière de gestion de l’eau,
la solidarité inter-régionale et intergénérationnelle, etc.
Enfin, des mesures de discrimination positive doivent être mises en place pour encourager les
filles à suivre des cursus d’ingénieurs dans les métiers de l’eau. Les pratiques d’autoévaluation
et d’assurance qualité doivent être encouragées pour assurer une amélioration continue des
programmes de formation des futurs professionnels de l’eau.

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Les sciences de l’eau au Maghreb 67
Références

11.1. Références bibliographiques


Albero, B. et Roby, C., Les enjeux du rapport aux sciences humaines et sociales dans la formation
des ingénieurs en France, La revue française de pédagogie, https://journals.openedition.org/
rfp/4405, Consulté, le 29 juin 2020.
Accord de Paris sur le Climat, COP21, https://www.apc-paris.com/cop-21.
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Les sciences de l’eau au Maghreb
Annexe 1 : Apport des ateliers UNESCO de
restitution et Compléments de recommandations
Dans la nouvelle phase 9 du PHI de l’UNESCO, l’éducation sur l’eau fait partie des cinq
priorités que les États membres ont identifié, à savoir :
• La science et recherche,
• Les données et information,
• La gestion intégrée dans un contexte des changements globaux,
• La gouvernance de l’eau sur la base de la science pour l’adaptation, l’atténuation et la
résilience au changement climatique.
L’UNESCO et UN DESA sont chargés de coordonner la composante sur le renforcement
des capacités qui est un des facteurs limitants dans la mise en œuvre des ODD6.
Pour parachever ce processus de concertation, le Bureau de l’UNESCO pour le Maghreb
a organisé avec l’appui du Programme Hydrologique Intergouvernemental de l’UNESCO
des ateliers de restitution des conclusions et de présentation de la vision de la réflexion
précitée dans les divers pays du Maghreb. Ces rencontres ont permis aux parties prenantes
conviées, décideurs et managers de l’eau, enseignants chercheurs, étudiants, bureaux de
conseils et pourvoyeurs d’emploi dans le secteur de l’eau, de faire le point sur les avancées
en la matière, les défis et les perspectives.
Les représentants de l’UNESCO ont à chaque fois souligné l’importance des ateliers compte
tenu des prérogatives de l’UNESCO et l’intérêt du Maghreb dans une vision commune
harmonisée qui permettrait des échanges interacteurs de l’éducation et de faire des avancées
en termes de nouveaux paradigmes intégrant les contraintes climatiques, ODD6, révolution
numérique eu égard aux grands bouleversements de l’intelligence artificielle, l’internet des
objets connectés, etc…
Trois ateliers de concertation ont été organisés à Rabat, Nouakchott et Tunis dont les
principales attentes exprimées par les participants sont :
• Approfondir la discussion sur les concepts et les paradigmes présentés dans le cadre de la
vision UNESCO en termes de contenus, formats, besoins, adéquation formation-emploi,
insertion dans le milieu professionnel, et entreprenariat/innovation ;
• Converger vers des paradigmes de formation adaptés aux besoins maghrébins ;
• Développer des schémas maghrébins de mutualisation en matière d’éducation dans le
secteur de l’eau ;
• Développer les réponses aux diverses questions posées par les participants.
L’accent a été mis en particulier sur les points suivants :
• Préparation de la société aux enjeux du changement climatique et de la rareté, voir la
pénurie de l’eau ;
• Systèmes d’éducation pour les ingénieurs/masters (modèles Allemand, anglo-saxon et
Napoléonien) ;

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Les sciences de l’eau au Maghreb 73
• Éducation- Eau pour les Ingénieurs/Masters ;
• Comparaison Ingénieurs versus Masters ;
• Éducation- Référenciel de compétences ;
• Ingénieur du futur et changement de culture ;
• Clés de succès, défis communs : améliorer la qualité de l’école.
A Rabat le 11 novembre 2021 : cet atelier a permis de réunir dans un format hybride
virtuel et présentiel plus d’une soixantaine de participants des pays du Maghreb (Tunisie,
Algérie, Maroc) en plus des divers représentants de l’UNESCO. Les officiels de l’UNESCO,
de l’Enseignement Supérieur à la Recherche, de l’Enseignement Supérieur Agricole et des
représentants des agences de bassins hydrauliques, d’offices de mise en valeur agricole, de
bureaux de consulting et divers usagers de l’eau (ONGs, Associations).
A Nouakchott 10 Mai 2022 : Cet atelier a rassemblé 65 participants représentant tous
les secteurs en question. Cette session a particulièrement été enrichie par une présentation
supplémentaire de l’UNESCO : ‘Towards a new global indicator: Water education in the
context of the 2030 Agenda for Sustainable Development’ / Vers un nouvel indicateur
mondial : l’éducation à l’eau dans le contexte de l’Agenda 2030 pour le développement
durable (UNESCO). L’objectif est de mesurer l’évolution des programmes d’enseignement
de l’eau au niveau tertiaire, et la disponibilité de programmes d’éducation à l’eau dans les
programmes nationaux.
A Tunis 1 Juin 2022 : Cet atelier a réuni un total de 18 participants représentant les
secteurs en question. Un débat riche a été engagé avec les participants, notamment les
enseignants chercheurs.
A chaque atelier, une présentation générale de la réflexion et vision de l’UNESCO a été
faite, suivie d’un débat riche et fructueux avec les participants. L’importance vitale de l’eau
a été soulignée en insistant sur le rôle clé de la formation du capital humain pour servir de
levier de déploiement de toute politique de développement. S’agissant du volet technique
et privé, faire face aux défis de l’eau nécessite la coopération de toutes les parties prenantes
au niveau du Maghreb.
Parmi les partenaires et participants auxdits ateliers, on peut citer des Vice-Présidents
d’universités, des Directeurs d’écoles d’ingénieurs, des Professeurs et chercheurs doctorants,
des étudiants en master (Hydrologie, Hydrogéologie, hydraulique, Chimie de l’eau, procédés,
agronomie, …), des représentants du secteur privé, d’ONG et de la FAO.
Les participants ont à chaque fois félicité et loué les efforts de l’UNESCO pour cette grande
initiative qui arrive à point nommé. Le fruit de cette réflexion engagée par l’UNESCO sera
largement disséminé au niveau de tous les acteurs, maghrébins notamment (ministères et
agences de l’eau, universités, écoles d’ingénieurs, bureaux d’études etc). Les recommandations
des ateliers de concertation sont présentées en détail en annexe de ce rapport.

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Les sciences de l’eau au Maghreb
Annexe 2 : Résumé des recommandations des
ateliers de concertation
1. Formation et Formateurs, Pédagogie, et Implication des Acteurs/Partenaires
• Le modèle classique linéaire n’est plus adapté aux contextes actuel et futur ; il faut revoir
les rôles des apprenants et formateurs et mettre en place des centres de pédagogie
universitaire.
• Concilier profil formateur polyvalent et spécialisé.
• La formation d’ingénieur est vraiment au cœur du débat pour s’adapter aux besoins socio-
économiques et défis du développement durable, et il y a une nécessité de développer
chez les ingénieurs un esprit d’initiative et de synthèse ;
• Il faut raisonner plutôt par objectifs pour diminuer les volumes horaires énormes ;
• Implication des ‘end-users’ dans les cursus de formation ;
• Traduction pratique de la vision présentée dans le contexte maghrébin, implication des
‘end-users’ dans les accréditations des filières eau ;
• Confirmation de l’intérêt d’un référentiel de compétences à lier aussi à un référentiel
métiers qui évoluent en fonction des besoins et du travail (IRESA) ;
• Éviter le ‘bourrage des crânes’ (quantité au détriment de la qualité) ;
• Intégrer l’intelligence artificielle dans les programmes de formation ;
• Une boite à outils pour la formation de l’ingénieur s’avère nécessaire pour former des
professionnels avec des compétences techniques et soft et digital skills ;
• Implication de plus de professionnels à la fin des cours et dans les projets de fin d’étude ;
• Plus d’interactions avec les professionnels et les usagers de l’eau, on a en effet constaté que
les étudiants sont plus réceptifs avec les agriculteurs ;
• L'absence de mutualisation des efforts (et des données) des institutions travaillant dans le
domaine de l'eau ;
• La nécessité de l'implication des associations des lauréats ;
• Ia nécessité de l’inclusion de la formation des formateurs dans la vision, et notamment la
formation des formateurs ;
• La nécessité d’assurer la relève des formateurs en partance à la retraite ;
• Les moyens à assurer pour réussir la formation en eau ;
• Spécialistes versus généralistes, quel choix ?

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Les sciences de l’eau au Maghreb 75
• Langue d’apprentissage – Modules Anglais-Chinois ?
• Impliquer davantage les Sciences Humaines ;
• Niveau à l’arrivée des apprenants à l’Université/École d’Ingénieurs ;
• Stages d’intégration et d’insertion à pourvoir aux nouveaux diplômés pour le contrôle
qualité et l’habilitation pour la confirmation de compétences ;
• Pallier aux difficultés de trouver des stages rémunérés pour les étudiants maghrébins;
• Attentes des employeurs pour un recrutement approprié ;
• Discrimination des Masters vis-à-vis des ingénieurs en termes de recrutement ;
• Valorisation de la profession par la création de l’ordre des ingénieurs, la commission des
titres de l’ingénieur, ou ABET, etc…
• Mise en exergue de l’importance de l’université pour assurer la transition vers les
technologies appropriées telles que : capteurs, systèmes embarqués, IOT, IA dans la
gestion et contrôle de l’eau ;
• La nécessité du repositionnement de la formation des futurs ingénieurs/masters dans le
domaine de l’eau ;
• Expérimentation négligée versus théorie ;
• Considérer correctement les prérequis numérique/spatial ;
• Éviter les cours sous format de saupoudrage pour faire plaisir aux professeurs récalcitrants
et possessifs ;
• Eviter les répétitions dans le contenu des modules ;
• Référentiel de compétences à lier aussi à un Référentiel métiers qui évoluent en fonction
des besoins et du travail ;
• Gouvernance de la formation, cloisonnement, interpellation des politiques, bousculement
des enseignants et cahier de normes pédagogiques ;
• Stages d’intégration et d’insertion à pourvoir aux nouveaux diplômés pour le contrôle
qualité et l’habilitation pour la confirmation de compétences ;
• L’importance de l’université pour assurer la transition vers les technologies appropriées
telles que : capteurs, systèmes embarqués, IOT, IA dans la gestion et contrôle de l’eau ;
• Gouvernance de la formation, cloisonnement, interpellation des politiques, bousculement
des enseignants et cahier de normes pédagogiques.

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Les sciences de l’eau au Maghreb
2. Gestion des ressources en eau
• L’intégration de l’importance des territoires ;
• La gouvernance ;
• Surexploitation agricole, agriculture pluviale, colonne vertébrale de la sécurité alimentaire ;
• Il ne faut pas tout baser sur l’hydraulique, plutôt repenser l’eau : paradigme eau (eau bleue,
verte et virtuelle) ;
• Analogie Energie-eau et vers le nexus ;
• Introduire la notion de valeur économique totale de l’eau ;
• Mise en œuvre d’Indicateurs Eau de l’UNESCO ;
• Besoin de renforcer les équipes de formation par divers profils (agents, techniciens,
techniciens spécialisés, etc.) encadrées par des ingénieurs pour l’efficience et la rentabilité
de la profession de l’eau.
3. Spécificités des pays
• Intérêt particulier des eaux souterraines et saumâtres en Mauritanie ;
• Intérêt pour l’usage des techniques non conventionnelles notamment la déminéralisation
des eaux saumâtres et le dessalement d’eau de mer, ainsi que la réutilisation des eaux
usées ;
• Capitaliser sur les points forts (gestion des périmètres irrigués, collecte des eaux pluviales) ;
• Adopter la multidisciplinarité dans la formation en intégrant les sciences humaines et
sociales, l’économie et l’informatique ;
• Réponses aux questions sont parfois d’ordre structurel requérant une vision à avaliser par
la volonté politique ;
• Existence d’une forte concurrence avec les filières classiques et nouvelles filières à cause
des tendances du digital/informatique, ce qui fait qu’il y ait un travail de vulgarisation des
métiers de l’eau pour attirer les jeunes bien qu’il y ait du travail ;
• Recours au concept One Water pour la valorisation de l’eau compte tenu du changement
climatique ;
• Volonté politique requise pour la création effective d’un Centre Régional de l’Eau
Maghrébin. Il est plutôt judicieux de commencer par des instituts nationaux ;
• Trouver des schémas appropriés de fédération et de mutualisation éventuels de quelques
composantes de l’éducation entre les pays du Maghreb ;
• Le niveau doctoral pourrait être plus judicieux pour la collaboration entre les pays du
Maghreb tenant compte des possibilités de subventions de la recherche. A cet effet,

Retour aux sources


Les sciences de l’eau au Maghreb 77
une école doctorale maghrébine pourrait être établie par les universitaires maghrébins
en mettant l’accent sur la mutualisation des moyens humains et matériels, ainsi que les
complémentarités potentielles ;
• Un réseau maghrébin avec un comité scientifique est le bienvenu avec une bonne feuille de
route, une finalité claire, des MOOCs maghrébins, la veille technologique, écosystème de
mobilité, crédits inter maghrébins, masters et éventuellement école doctorale maghrébine,
Inclusion de la formation des formateurs dans la vision ;
• La mobilité des étudiants et des responsables (Erasmus par exemple) ;
• Intégration des sciences humaines et sociales dans les projets science technologie et
innovation, mobilité type Erasmus+ étudiants et doctorants ;
• Privilégier la performance 5E : Élève, Enseignant, École, Environnement familial,
Environnement socio-économique ;
• Expérientiel versus théorie ;
• Recrutement et tests psychotechniques - Tête bien faite versus communication ;
• Étudiants – intégrer l’intelligence artificielle dans les programmes, éviter la quantité au
détriment de la qualité, problématique des stages.

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Les sciences de l’eau au Maghreb
H2O

H2O

H2O
H2O

H2O

Bureau de l’UNESCO pour le Maghreb


Avenue Aïn Khalwiya km 5.3,
BP : 1777RP - Rabat, Maroc
http://www.unesco.org/new/fr/rabat/home/ RAB/SC/2024/Publication/1

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Les sciences de l’eau au Maghreb

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