KIT D’INITIATION

CRÉDITS
Sur une idée originale d’Emmanuel Chastellière
Conception et rédaction : Emmanuel Chastellière et Julien Arnaud
Illustration de couverture : Bastien Jez
Logo : Bastien Jez
Illustrations intérieures : David Chapoulet, Dimitri Chappuis,
Thomas Dambreville, Damien Nagy
Maquette : Julien Dejaeger
Direction éditoriale : Simon Gabillaud
Coordination éditoriale : Frédéric Meurin
Relecteurs : Frédéric Meurin, Coline Pignat

Célestopol 1922 : Le jeu de rôle est un jeu de rôle © Antre Monde Éditions – Tous droits réservés –
Dépôt légal juin 2024
Toute utilisation ou reproduction sans accord préalable par écrit est strictement interdite. Aucune par-
tie de ce produit ne peut être reproduite, stockée ou transmise de quelque façon que ce soit par voie élec-
tronique ou mécanique, par enregistrement ou autre sans autorisation expresse des éditeurs. Autorisation
de photocopier les aides de jeu pour un usage strictement personnel.
Antre Monde Éditions – 48 domaine de la Chartreuse – 27940 Aubevoye

LE MOT D’EMMANUEL CHASTELLIÈRE

De tous les univers que j’ai eu la chance de créer, Célestopol représente sans doute celui qui me tient le
plus à cœur.
Celui où j’ai mis, et laissé, le plus de moi-même, de mes aspirations, de mes fêlures et de mes envies.
Songer qu’un jour, lectrices et lecteurs puissent devenir actrices et acteurs, que de nouveaux venus aient
l’occasion d’arpenter ses rues et ses canaux, c’était justement un magnifique mais simple rêve pour moi.
Un rêve qui s’offre désormais au regard de chacun. Avec ce jeu de rôle, que Julien Arnaud et moi vous
promettons plein de surprises, Célestopol prend vie sous un autre jour.
Et la cité ne m’a jamais paru plus belle.

LE MOT DE JULIEN ARNAUD

J’ai plongé dans les brumes de sélénium de la ville lunaire il y a fort longtemps maintenant… J’en suis
ressorti marqué par une subtilité et une profondeur bien plus larges qu’un simple « steampunk sur la
Lune ». Le côté doux-amer, les personnages hauts en couleur, les intrigues exigeantes et la dimension
folklorique slave m’ont complètement séduit et touché. Lorsque 1922 est sorti quelques années plus tard,
c’est avec un immense plaisir que je me suis replongé dans les nouvelles d’Emmanuel pour retrouver mes
personnages favoris, cette ambiance si particulière, mais aussi pour en apprendre plus sur la ville et son
duc. Évidemment, adapter les nouvelles explorant Célestopol m’a rapidement fait envie. Ça a donc été
un véritable bonheur de répondre à l’appel d’Antre Monde pour participer à ce fabuleux projet qu’est
Célestopol 1922 : Le jeu de rôle. À travers les mécaniques de jeu, que nous souhaitons fluides et
simples, nous voulons favoriser la narration et refléter la poésie de l’univers de Célestopol en plaçant le
surnaturel, la ville et ses factions au centre des enjeux.

UN UNIVERS BAROQUE
SUR LA LUNE
Célestopol 1922 est une création originale à la croi-
sée des genres. Elle vous entraîne sur la Lune, au
cœur des Années folles nées de cette uchronie prête
à forger un xxe siècle inédit.
UNE AMBIANCE SLAVE
ET ART DÉCOPUNK UNIQUE
Bien que cosmopolite, Célestopol est marquée
par ses origines. Teintée de romantisme et de fan-
tastique slave, l’atmosphère du jeu y ajoute donc
une dose de merveilleux scientifique, où progrès et
magie se confondent parfois.
CRÉER DES HÉROS
EXTRAORDINAIRES
Les personnages-joueurs sont sensibles au sélé-
nium, cette source d’énergie qui a fait la fortune
de la ville. Ils en tirent des pouvoirs surnaturels
leur servant à protéger la cité. Les PJ constituent
ainsi des anomalies dans les rouages bien huilés de
Célestopol.
POLITIQUE ET FACTIONS
AU CENTRE DU JEU
Les enjeux de pouvoirs sont centraux dans l’uni-
vers de Célestopol 1922. Si les PJ font partie de
différentes factions jouant des coudes, ils devront
composer avec les objectifs des uns et des autres
afin de préserver un équilibre souvent précaire.
LA VILLE COMME PERSONNAGE
Donnant son nom au jeu de rôle comme aux
recueils de nouvelles, la ville de Célestopol incarne
un personnage à part entière. Empruntez ses
canaux brumeux, arpentez ses souterrains, et n’hé-
sitez pas à vous perdre au hasard des rencontres et
des rues, entre merveilles et mirages.
Crédits
LE MONDE D’UN AUTEUR
Inspiré de l’univers littéraire d’Emmanuel
Chastellière, récompensé notamment par le prix
Futuriales, Célestopol 1922 : Le jeu de rôle s’appuie
sur cette dimension romanesque, avec la contribu-
tion d’Emmanuel, lui-même co-auteur du jeu.
LA NARRATION
AU CŒUR DES RÈGLES
S’appuyant sur un système léger et dynamique,
Célestopol 1922 : Le jeu de rôle fait la part belle à
l’ambiance et donne libre cours à ses racines litté-
raires pour mieux plonger les joueurs dans cette
cité grouillante de vie et de mystères.
INTERPRÉTER LA CHANCE
GRÂCE AU DÉ DE LA LUNE
Le dé de la Lune est un dé spécial émulant les
8 phases de la Lune. Il ajoute une dimension nar-
rative aux 2d8 utilisés pour le système Anomalie.
Le dé de Lune offre également plusieurs usages
comme le dé de la chance.
UNE GAMME COMPLÈTE
Célestopol 1922 : Le jeu de rôle est proposé comme
une gamme complète avec un livre de base décri-
vant la cité et présentant un système de jeu simple,
un écran du meneur de jeu magnifiquement illus-
tré ainsi qu’une campagne complète en 5 scéna-
rios. Bref, de quoi jouer pendant de nombreuses
heures ! À cela s’ajoute un tarot spécialement conçu
pour Célestopol 1922 : Le jeu de rôle, des livrets
de joueurs et même le dé de la Lune à débloquer
durant la campagne de financement participatif.
UN JEU FAIT PAR
DES MAINS HUMAINES
Antre Monde Éditions promeut l’art et soutient
les artistes depuis Knight, son premier jeu de rôle.
Que ce soient les auteurs, les illustrateurs, les gra-
phistes ou encore les musiciens, l’ensemble du jeu
est conçu par des artistes humains qui vous offrent
chacun une part d’eux-mêmes dans ce magnifique
projet qu’est Célestopol 1922 : Le jeu de rôle !
 SOMMAIRE
L’oiselier de la rue Kramskoï (première partie)…………………………………… 5

BIE NVE NUE À CÉLESTO PO L ! 6

Un univers uchronique …………………………………………………………… 7
La situation du monde en 1922…………………………………………………… 9
La place de la Lune et de la cité………………………………………………… 11
La vie à Célestopol……………………………………………………………… 12

L’oiselier de la rue Kramskoï (deuxième partie)……………………………… 15

SYSTÈ M E DE JEU 16
Le principe……………………………………………………………………… 17
Les personnages………………………………………………………………… 25

SC É NARIO : UN E N UIT À L ’OP É R A R OMANOVA 30

Présentation…………………………………………………………………… 32
Distribution et décors…………………………………………………………… 33
Mise en scène (intrigue)………………………………………………………… 37
Acte I - Une mission de routine………………………………………………… 38
Acte II - La tension monte……………………………………………………… 42
Acte III - Tout n’est qu’illusion………………………………………………… 44
Fermeture……………………………………………………………………… 48

Personnages prétirés…………………………………………………………… 49
 L'Oiselier de la rue Kramskoï

L’OISELIER DE
LA RUE KRAMSKOÏ

PRE MI È RE PA RTI E
Minuit résonna sur la ville.
D’instinct, Varvara leva les yeux sur Saint-Basile. La gigantesque tour d’horloge, parée de cuivre et de
chrome, semblait dominer Célestopol, d’où qu’on la contemple.
– La neige arrive !
Les flâneurs attardés, qu’ils quittent le dernier opéra à la mode ou la table de leur restaurant préféré
après une assiette d’okrochka, tous ne cessaient de répéter ces trois mots, avec un grand sourire aux lèvres,
en tapant dans leurs mains. Ils semblaient guetter les flocons perlés avec grande impatience. Varvara fit la
moue. Elle ne partageait pas cette exaltation nocturne, loin de là. La jeune fille savait très bien elle aussi
ce que signifiait ces douze coups de carillon, au cœur des deux semaines de nuit qui baignaient l’unique
cité bâtie sur la Lune, un autre fait dont la plupart de ses habitants se révélaient particulièrement fiers et
qui la laissait, elle, froide.
Varvara souffla sur ses mitaines. Froides. C’était le cas de le dire. Dans une poignée d’heures, tout au
plus, une première giboulée de neige s’abattrait donc un peu partout sous la coupole : dans les rues pavées,
sur les tourbillons de sélénium des canaux mordorés, sur les toits d’ardoises ou les dômes d’oignon de ses
temples abandonnés.
Pour beaucoup, cette neige représentait un véritable enchantement, chaque fois renouvelé, un spectacle
merveilleux, féérique, digne d’être immortalisé sur ces cartes postales illustrées qui faisaient fureur parmi
les visiteurs. Varvara le comprenait. Elle glissa les mains dans les poches de son manteau élimé, refermant
la droite sur l’un de ces bouts de carton. La jeune fille en avait justement dérobé une pas plus tard que tout
à l’heure, au coin d’un kiosque. Varvara sourit ; elle n’avait personne à qui envoyer une telle carte, mais il
y avait mieux à faire avec que de griffonner un mot oublié sitôt survolé d’un œil distrait.
Pour elle, la neige n’avait rien d’une bénédiction immaculée. À Célestopol, les autorités de la ville fai-
saient littéralement la pluie et le beau temps et, tous les hivers, les agents du duc Nikolaï décidaient de la
quantité de neige prête à tomber, de la vivacité des bourrasques glacées. Une mécanique sans faille, sans
retard, orchestrée depuis des années pour le plus grand plaisir des touristes et des plus fortunés. Mais tout
le monde n’habitait pas un luxueux appartement chauffé, avec vue sur les jardins du musée des Beaux-
Arts, recouverts dès demain d’un épais manteau blanc. Avec ironie, les citadins avaient même donné un
surnom à ce prédateur invisible libéré ou enchaîné selon le bon vouloir du duc : Polyarnyy volk. Le loup
polaire.
Varvara grimaça et sentit son nez la piquer. Ce vent, déjà, sifflait dans la ruelle, ses accents moqueurs
lancés à ses trousses. Elle serra plus fort la carte postale, au risque de la froisser, puis se mit en route d’un
pas pressé pour rejoindre les artères majeures de la cité sélène. La jeune fille se refusait à courir ; pas avant
le premier flocon. Elle ne faisait pas partie des privilégiés et ne connaissait personne chez ceux qui vivaient
dans les sous-sols, pour la plupart des ouvriers ou de modestes employés de bureau. Cette situation l’amu-
sait plutôt : Varvara aimait dire qu’elle possédait un « pied-à-terre » dans les beaux quartiers, et c’était
vrai ! Elle se souvenait avoir découvert cette expression dans la bouche d’une belle dame dont elle faisait
les poches.

5
 BIENVENUE À
INTRODUCTION

CÉLESTOPOL !
 Bienvenue à Célestopol !

UN UNIVERS
UCHRONIQUE
1840.

La Grande Moscovie semble au bord du gouffre.

Le tsar et sa lignée ont été renversés quelques
années plus tôt par celle depuis devenue impéra-
trice de toutes les Russies, la jeune Glorianna, que
d’aucuns jugent comme une parvenue.

D’autant que sous son règne naissant, France et

Angleterre incarnent toujours les deux grandes
puissances de l’Europe, sans même parler de l’Em-
pire des Habsbourg. À l’Ouest, la Révolution
industrielle a débuté depuis plusieurs décennies et
les trains à vapeur circulent déjà d’un bout à l’autre
du continent. La Russie, elle, est isolée, repliée sur
elle-même, alors que découvertes et innovations de
toutes sortes fleurissent en Occident.

Que peut encore espérer cette nation malade qui

s’étend de la mer Noire au Pacifique ?

Ce que les cours européennes ou le Nouveau

Monde ignorent, c’est que, quelque part dans les
profondeurs de l’Oural, une expédition scienti-
fique a découvert une étrange météorite de compo-
sition chimique inconnue. Incroyable ! Il apparaît
bien vite que cette pierre venue des cieux est en
réalité une roche lunaire.

En faisant fondre celle-ci, ils découvrent une

matière aux propriétés incroyables qu’ils bap-
tisent « sélénium ». Alors que la Russie n’a plus
aucun espoir de se tailler un empire sur Terre, la
tsarine lève les yeux sur la Lune, ultime recours.
Dans le plus grand secret, la Russie organise un
voyage désespéré et, aux yeux de la plupart des
membres de cette conjuration, sans retour. Le tout
premier vaisseau, simple obus transformé en cara-
velle céleste, est tiré le 28 septembre à l’aide d’un
canon géant et se pose dans la mer des Pluies le
17 octobre 1843.

7
Cette véritable prouesse n’a qu’un but : exploi-
ter cet étrange matériau qu’est le sélénium. Une
colonie minière voit le jour, toujours à l’abri des
regards des rivaux de l’impératrice. À l’aide des car-
gaisons qui se succèdent à destination de Moscou,
la Russie rattrape son retard : trains, automobiles,
premiers engins volants, automates à même d’exé-
cuter des tâches de plus en plus complexes… Les
inventions se multiplient. Plus besoin d’acheter
pétrole ou charbon ou de trouver comment pro-
duire et stocker la précieuse électricité.

Il apparaît vite que les intentions de l’impératrice

Glorianna ne s’arrêtent pas à ces découvertes scienti-
fiques. Il est ainsi décidé de bâtir sur la Lune une cité
à la gloire de la Grande Moscovie, un véritable idéal
que tous, aux quatre coins de la Terre, pourront
contempler avec stupeur et fascination. Son époux
lui-même en supervise la construction sur place.

Ainsi débute le vaste chantier de Célestopol qui

réunira des dizaines de milliers d’ouvriers. La ville
accueille officiellement ses premiers habitants
quelques années plus tard. Célestopol est ainsi
inaugurée le 16 décembre 1850.

Les autres nations finissent par s’inquiéter et un

traité international de l’éther est signé en 1852. Il
doit officiellement limiter l’utilisation de la Lune à
des fins non guerrières, interdisant son usage pour
tester des armes ou conduire des manœuvres straté-
giques, établir des bases militaires, des installations
ou des fortifications. « Officiellement », comme
toujours…

Qu’à cela ne tienne, l’impératrice portera le fer sur

Terre : cette année voit aussi le coup d’envoi d’une
campagne d’envergure préparée dans l’ombre par
Glorianna, avec la Première Guerre de Crimée, qui
voit finalement la victoire de la Russie face à l’al-
liance ottomane.

Les troupes russes ne s’arrêtent pas là, tel un

« géant froid famélique dont la gueule s’entrebâille
toujours vers le riche Occident ». Accompagnées
d’automates et de machines alimentés au sélénium,
elles déferlent sur le continent européen. Et rien ne
leur résiste bien longtemps. Londres est tout bon-
nement détruite sous les bombes. Paris est encore
debout, mais la France doit s’en remettre à son
empire colonial pour perdurer, car les frontières de
la Russie atteignent désormais l’océan Atlantique.

8

LA SITUATION DU MONDE EN 1922
L’EUROPE
L
’Angleterre a perdu une grande partie de son
empire colonial, à l’image de la péninsule
indienne. Il s’agit sans aucun doute du grand
perdant des conflits de cette seconde moitié du
xixe siècle sur le Vieux Continent. Beaucoup de
riches anglais ont quitté Londres, du moins si leur
fortune ne s’est pas évaporée dans la défaite.
L’Allemagne demeure l’un des plus grands rivaux
de l’Empire russe. Elle s’appuie sur de nombreuses
colonies orientales, principalement en Chine.
Après des années à jouer la carte d’une certaine
discrétion, en tout cas sur le continent européen,
l’Allemagne paraît avoir décidé de changer de
stratégie, avec notamment le développement d’un
vaste réseau d’espions.
En plus du bassin versant du fleuve Saint-Laurent,
des Grands Lacs ou de Haute-Louisiane, la
Nouvelle-France s’étend sur quasiment tout le
reste de l’Amérique du Nord. Il ne reste que la
République de Californie pour lui tenir tête.
Si Québec, parfois surnommé Nouveau-Paris,
demeure la capitale sur un plan historique, la
Nouvelle-Orléans et Port-au-Prince lui disputent
ce titre en termes d’influence. Ce nouvel empire,
dirigé par un Napoléon IV d’origine haïtienne jus-
tement, ne rêve que d’une chose, se venger de la
Russie.
Vaste puissance à cheval entre deux continents,
l’Empire ottoman a conservé les frontières
connues à son apogée et un sultan règne toujours
depuis Constantinople la millénaire.
Souvent en affaire avec l’Allemagne, notamment
en vue d’une ligne de chemin de fer devant relier
Berlin à Bagdad, l’Empire n’a pas dit son dernier
mot malgré une nouvelle défaite à l’occasion de la
Seconde Guerre de Crimée.
9
Bienvenue à Célestopol !
À l’instar de nations comme l’Espagne ou le
Portugal, quelques territoires sont encore – offi-
ciellement – indépendants, voire contestent la
domination russe. C’est le cas de la République
de Saint-Marc (Venise) ou du Grand-Duché
de Finlande, qui ne veut plus qu’on le consi-
dère comme une simple extension de la Grande
Moscovie. Un conflit larvé perdure ainsi depuis
des années le long de certaines frontières volon-
tiers mouvantes. Dans le nord de l’Europe, seule
la Suède, aidée par l’Allemagne, n’a pas encore été
dévorée par les forces de Glorianna.
LE NOUVEAU MONDE
Seul vestige des États-Unis d’Amérique, la
République de Californie a pris son indépendance
depuis quelques décennies, une indépendance ren-
forcée par l’émergence de la Nouvelle-France sur
le continent. C’est un état prospère, très porté
sur les nouvelles industries. Cette république
abrite notamment le siège de la White Star Line,
ancienne compagnie maritime qui a abandonné les
océans pour des croisières dans les étoiles.
La République fédérale du Mexique est la
seule démocratie du continent avec sa voisine du
Nord. Elle pourrait bien entrer en guerre avec
la Nouvelle-France, pour le contrôle du Texas
notamment, à moins de devoir composer avec
la République de Californie, cette fois pour la
domination de cette même péninsule.
L’Empire du Brésil est quant à lui dirigé par la
dynastie de la maison de Bragance, qui avait
fui l’Europe pour échapper à Napoléon au
début du xixe siècle. Cet empire doit composer
avec le Royaume d’Araucanie. Symbole de la
volonté d’implantation de la Nouvelle-France en
Amérique, ce petit royaume à l’existence contestée
est établi au Chili et à la frontière de l’Argentine,
constituant une véritable épine dans le pied des
grandes puissances de la région.

L’ASIE ET LE RESTE
DU MONDE
La Chine a été phagocytée par les colonies des uns
et des autres, en particulier de l’Empire allemand
établi à Qingdao. De l’autre côté de l’Himalaya,
l’Inde, sous la bannière de l’Empire moghol, a
connu un destin plus chanceux et a su échapper à
la domination anglaise, qui a dû se contenter d’une
poignée de comptoirs commerciaux.
La République d’Ezo, autrement dit le Japon, et
le royaume de Silla (en Corée) sont les deux autres
puissances dominantes de la région. Une guerre
entre la Russie et la République d’Ezo pourrait
10
bien éclater sous peu, selon les dernières rumeurs
qui circulent, aussi bien sur Terre que sur la Lune.
Dans ce conflit comme avec beaucoup d’autres,
on prête souvent à Célestopol des intentions en
contradiction avec celles de l’impératrice.
En dehors de l’Empire ottoman qui a donc un pied
sur le continent africain, ce dernier demeure lar-
gement replié sur lui-même. De grands royaumes,
comme celui du Dahomey, observent l’Europe
se déchirer de loin, préférant opter pour une poli-
tique d’autarcie.
Le continent Antarctique n’est pas oublié lui non
plus, puisque certaines colonies anglaises se sont
établies sur ses rives.

LA PLACE DE LA LUNE
ET DE LA CITÉ
L
’astre sélène est un territoire rude et dangereux.
En 1922, malgré plusieurs décennies de pré-
sence humaine, il reste largement inexploré.
Il en va en particulier de ce que l’on nomme la face
cachée, ou bien encore le périlleux pôle Sud. On
présume que les autorités de la ville ont mandaté de
nombreuses expéditions afin de cartographier ces
régions avec davantage de précision, mais difficile de
savoir s’il s’agit d’une réalité ou d’un écran de fumée.
Même pour la poignée de stations de recherche qui s’y
trouvent, et dont seuls les mieux informés connaissent
l’existence, ces territoires désolés conservent encore
bien des secrets. Le pôle Nord est quant à lui exploité
depuis plus de trente ans pour ses immenses réserves
de glace qui permettent à Célestopol de demeurer
entièrement autonome en eau.
Si notre satellite se révèle donc encore en grande
partie « Luna incognita », il attise néanmoins toutes
les convoitises. Après tout, de quel droit la Russie
peut-elle prétendre dominer la Lune tout entière
grâce à Célestopol ? C’est la question de tous les
autres empires terrestres encore debout, tels que l’Al-
lemagne ou la Nouvelle-France. La cité détient la
quasi-intégralité des réserves mondiales de sélénium
et accepte d’écouler ses stocks avec parcimonie. Sans
cette source d’énergie, les automates qui se sont mul-
tipliés aux quatre coins de la Terre ne pourraient pas
fonctionner de façon viable, sans même parler des
simples machines. Un temps, l’administration du
barrage aux abords de la cité était placée sous mandat
anglais jusqu’à ce que ses représentants soient accusés
de comploter contre la Grande Moscovie.
Il n’existe cependant aucune autre cité bâtie sur la
Lune : Célestopol est considérée comme la perle de
l’Empire russe, la ville de toutes les démesures. À
quoi bon en édifier une copie ? Quant aux autres
puissances terrestres, aucun autre État ne dispose
des ressources nécessaires pour se lancer dans pareille
entreprise, sans compter les représailles militaires aux-
quelles s’exposent les intrépides candidats potentiels.
11
Bienvenue à Célestopol !
La Lune représente la chasse gardée de Glorianna.
Célestopol elle-même se dresse dans la mer des
Pluies, près de la majestueuse chaîne de montagnes
des Apennins.
Les plus aventureux des visiteurs peuvent se rendre sur
place afin d’escalader des parois à pic dépassant par-
fois plus de trois cents mètres de haut ou simplement
survoler les sommets, une activité nettement moins
risquée. On ignorera souvent en revanche « l’ancienne
ville », le nom donné aux baraquements et autres
bâtiments construits pour accueillir les ouvriers, ingé-
nieurs et autres artisans lors de la construction de
Célestopol et surtout du barrage de sélénium. Laissé à
l’abandon sans protection, on dit qu’il ne reste que des
ruines de ce premier établissement lunaire.
À l’abri de sa coupole de verre et de métal, la cité aux
mille ponts (en vérité, il y en aurait « seulement »
trois cents) use et abuse des ressources que lui offre le
sélénium. Qu’il soit exploité sous forme de minerai
ou de gaz, ses propriétés s’avèrent innombrables et
ses vapeurs habillent la cité de mille feux. À l’image
de la Saint-Pétersbourg d’autrefois, avant qu’elle
ne soit détruite par Napoléon Bonaparte au cours
de sa campagne de Russie, le pouls de Célestopol
bat au rythme de ses canaux envahis de brume
mordorée.
Le duc Nikolaï, le propre fils de l’impératrice, s’em-
para des rênes de Célestopol en 1900, après avoir
mis un terme à une campagne d’attentats terro-
ristes en ville. Depuis, il conserve le pouvoir sans
état d’âme et sans contestation. Le Kaiser incarne
certainement le plus grand rival actuel de Nikolaï
et semble d’ailleurs chercher à accentuer les dissen-
sions entre la cité sélène et la Grande Moscovie. Ces
dissensions existent : les velléités d’indépendance du
duc se font de plus en plus vives, alors que sa mère,
entourée d’une cour de figures mystiques de plus
en plus présentes auprès d’elle, règne toujours d’un
océan à l’autre, en dépit de son âge vénérable.
 LA VIE À CÉLESTOPOL
C
élestopol représente une cité à la fois au faîte
de sa puissance et isolée sur un plan diploma-
tique, que l’on connaît pour ses monuments
extraordinaires et ses innovations technologiques.
Toutes et tous lèvent les yeux sur la Lune, qui
elle-même donne l’impression de les toiser avec
une morgue qui n’est pas que feinte. Mais cela
ne semble pas inquiéter outre mesure les autori-
tés ducales. La Seconde Guerre de Crimée a pris
fin il y a quelques années seulement et de nom-
breux citoyens se sont battus ou ont perdu des êtres
chers au cours du conflit sanglant. Il règne ainsi
une atmosphère douce-amère sous la coupole, où
percent malgré tout des envies de fête et d’oubli,
bien que tout le monde ne se soucie pas des récep-
tions grandioses du duc ou de ses ingérences dans
la politique terrestre.
La population de Célestopol compte environ deux
millions d’habitants dans les années 20. Les auto-
mates de deuxième génération dotés de cylindres
cognitifs ne sont toutefois pas comptabilisés dans ce
recensement. Ils pourraient représenter entre 150 et
300 000 « habitants » de plus. Il est à noter que les
ouvriers, quant à eux, forment encore environ 20 à
25% de la population recensée.
À l’instar de Port-au-Prince et San Francisco ou de
villes du passé comme Londres et Constantinople,
Célestopol est connue pour son caractère
cosmopolite. Si les conflits « terriens » ont poussé
de nombreux réfugiés à tenter de rallier la Lune, le
duc Nikolaï a également encouragé ces arrivées, car
scientifiques ou artistes font souvent partie de ces
populations en quête d’une nouvelle vie.
On trouve par exemple un casino flottant sur les
canaux, véritable enclave chinoise, un bureau de
l’agence Pinkerton, agence de détectives créée à
Chicago, plusieurs fondations étrangères… Il s’agit
encore une fois de décisions politiques et d’image
publique pour une ville qui n’a que soixante-dix
ans d’histoire derrière elle : plus la cité entretien-
dra elle-même des liens avec des puissances ou des
pouvoirs étrangers et plus elle s’imposera comme
12
un interlocuteur légitime et distinct de l’Empire
russe. L’ambition du duc semble d’ailleurs sans
limites : parmi les rumeurs les plus folles à circuler
en ville, certaines affirment que Nikolaï envisage-
rait de changer toute la Lune en petite Terre, avec
ses propres océans et continents. Mais comment
pourrait-il accomplir de tels prodiges ?
Toujours est-il que sa politique d’accueil et de dia-
logue prend chaque jour un tour plus ironique.
Que l’on soit puissant ou misérable, tout le monde
à Célestopol se retrouve sous l’œil du duc. Sous la
coupole de la cité, le Parlement ne constitue guère
plus qu’une force de proposition, que Nikolaï
entérine ou pas selon son seul bon vouloir. Il
faut tout de même noter que l’ouverture d’esprit
de Nikolaï, elle, semble sincère ; Ajax, son plus
proche conseiller, n’est autre qu’un automate et,
s’il occupe officiellement le poste de majordome,
tout le monde sait dans les hautes sphères de la
cité qu’il a l’oreille du duc. Une proximité qui en
dérange plus d’un car, malgré les services inesti-
mables rendus par les automates, ceux-ci restent
en général fort mal considérés par la population,
y compris en ville. Tout le monde connaît, ou pré-
tend connaître, quelqu’un qui a perdu sa situation
à cause d’un automate.
De fait, une certaine fièvre se répand dans les rues,
débordant largement des quartiers souterrains !
Tout duc qu’il soit, Nikolaï n’a peut-être pas saisi
que la forme d’une ville change plus vite que le
cœur des mortels…
 Bienvenue à Célestopol !

13
14
 L'Oiselier de la rue Kramskoï

L’OISELIER DE LA RUE KRAMSKOÏ

DEUX I È ME PA RT I E
Elle longea un moment le canal de l’Amirauté, l’un des trois plus grands de la cité, avant de bifurquer rue
Dovlatov, jetant à peine un coup d’œil aux deux cantines fermées qui se faisaient face. Vite, le mercure
chutait déjà, à chaque pas crissant. Le gel ! La jeune fille n’osait lorgner la coupole, de crainte de s’aperce-
voir qu’une nuée de nacre avait déjà dévoré les étoiles.
Elle ignora la statue de Ksénia Bakounina, premier être humain à avoir posé le pied sur la Lune, du
moins, selon le duc. Sur Terre, l’histoire officielle avait retenu le nom de Pavel Gazenko, mais on racontait
que cet officier supérieur n’avait pas eu le cran de sortir se charger d’une réparation urgente après l’alunis-
sage, laissant sa seconde prendre tous les risques au nom de la mission.
Enfin, Varvara s’engagea rue Kramskoï. Là, au numéro 28, dans un cul-de-sac, au fond de l’arrière-
boutique d’un ancien atelier d’oiselier inoccupé depuis trois ans, la jeune fille avait trouvé refuge. Le bâti-
ment, modeste, ne comptait que deux étages. La réserve lui convenait très bien. Il était bien plus facile de
rester discrète ainsi.
Varvara se glissa à l’intérieur, échappant à la morsure de la bise. Dans son dos, la porte à double battant
trembla un instant sur ses gonds et la pique-poche se demanda si elle l’avait claquée trop fort ou si le loup
l’avait suivie jusqu’ici, elle, entre toutes ses proies. Elle tendit l’oreille, mais le vent ne grattait plus.
– Je suis rentrée ! lança-t-elle.
Sans surprise, personne ne la salua en retour, mais elle adressa tout de même son plus beau sourire à
l’imposant automate avachi dans un angle de la pièce. Il ne s’agissait pas de l’un de ces modèles modernes,
à l’apparence si travaillée qu’il était facile de se tromper, de les prendre pour des hommes ou des femmes
de la rue. Varvara ne savait même pas s’il fonctionnait avec une pile au sélénium. Non, celui-ci était beau-
coup plus… « rustique ». Son cylindre de calcul scolastique devait posséder une seule fonction : protéger
les oiseaux qui autrefois chantaient dans la boutique et les empêcher de s’enfuir si l’occasion se présentait.
On pouvait même glisser une cage au niveau de son abdomen, s’il fallait transporter l’un de ces précieux
volatiles en toute sécurité.
– Et ta journée ? demanda encore Varvara.
Elle avait songé à le transformer en samovar géant, sans parvenir à s’y résoudre. C’était pourtant là la
seule source de chaleur potentielle dans l’atelier qui ne possédait pas de cheminée. Il n’y avait sans doute
pas de chaudière dans le petit immeuble.
Cette fois, elle n’oublia pas de s’approcher pour allumer l’interrupteur du petit poste de radio qu’elle
avait installé au niveau de son « visage ». Un grésillement doux se mit à mugir entre les cages poussié-
reuses, incapable cela dit de soulever le moindre grain de poussière. Lorsque quelqu’un parlait, le transis-
tor donnait une drôle de voix à l’automate, qui, l’espace de quelques instants, semblait prendre vie.
Entre deux affiches collées sur la vitrine crasseuse, Varvara aperçut un premier flocon prendre pour cible
la boutique. Presque malgré elle, la frêle voleuse frissonna.

À suivre…

15
 SYSTÈME DE JEU
CHAPITRE 1
 Système de jeu

AVA N T - P RO P O S

Le système Anomalie a été spécialement

créé pour Célestopol 1922 : Le jeu de rôle
afin d’émuler de la meilleure manière ses
scénarios mêlant enquêtes complexes, mys-
tères ésotériques et action endiablée. Il se
veut simple, réaliste et fluide, laissant la
part belle à l’interprétation et à l’ambiance.
Anomalie fonctionne avec 2d8 que seuls les
personnages-joueurs lancent, laissant ainsi le
MJ se concentrer sur la narration. Le système
met en avant la particularité des personnages,
dont la position d’acteurs de premier plan
de l’histoire est menacée. En effet, le pire à
craindre pour les PJ n’est pas la mort, mais de
sortir de la fiction créée par le récit.

LE PRINCIPE

D
ans la plupart des cas, le simple bon sens ou les
capacités d’un protagoniste suffisent à résoudre
les actions. Toutefois, certaines situations néces-
sitent de réaliser un « test » afin de mesurer les actes
plus risqués et en saisir leur portée.

™ Pour vérifier qu’une action est réussie, le joueur

lance 2d8 et ajoute ou soustrait à leur résultat
la valeur de Spécialisation et d’Aspect de son
personnage, ainsi que des bonus ou malus de
contexte (est-il aidé ? bénéficie-t-il d’un maté-
riel de qualité ?…). Il compare le résultat à une
Difficulté fixe de 13 : si le résultat du jet de dés
et de ses modificateurs est supérieur ou égal à
cette Difficulté, l’action entreprise est une réus-
site. Sinon, il s’agit d’un échec.
™ Ensuite, ce succès ou cet échec est pondéré
par le dé de la Lune (voir p. 21). Ce dé fonc-
tionne plus ou moins à la manière des « oui
et », « oui mais », « non et », « non mais »
en ajoutant une dimension supplémentaire à
une réussite ou un échec.
™ La jauge du destin, quant à elle, permet au
personnage de faire des actions d’éclat. Elle
se remplit en fonction des épreuves que subit
le personnage.

17
 ™ La jauge de spleen représente l’impact des
épreuves sur la psyché des personnages. Cette
jauge se remplit selon plusieurs types d’aléas
et provoque des séquelles dramatiques. À
terme, ces séquelles effacent la dimension
« protagoniste » des personnages en en fai-
sant de simples figurants de l’histoire.
™ Les Anomalies sont autant de facultés surna-
turelles permettant aux personnages-joueurs
d’utiliser des pouvoirs paranormaux obtenus
grâce à une affinité spéciale avec le sélénium.
™ Les Attributs signalent des avantages qui
se traduisent notamment par Entregent,
Fortune, Équipement, etc. Ils seront détail-
lés dans le livre de base.
™ Enfin, les factions constituent des groupes
d’influence octroyant contacts et ressources aux
PJ. Elles seront détaillées dans le livre de base.
TENTER UNE ACTION
1. Le joueur décrit son action.
2. Le MJ indique une Spécialisation et les éven-
tuels bonus et malus.
3. Le joueur lance 2d8 et ajoute au résultat de ces
derniers la Spécialisation (voir p. 25) employée, un
Aspect (voir p. 25) s’il s’applique (ou il le retranche
s’il s’applique négativement).
4a. Si le résultat est supérieur ou égal à la
Difficulté (13 par défaut en dehors des tests d’op-
position, voir p. 22), le test est une réussite.
4b. Si le résultat est inférieur à la Difficulté (13
par défaut), le test est un échec.
Un échec n’implique pas forcément que le person-
nage n’entreprend rien, mais plus souvent qu’il se
trompe ou qu’il ne parvient pas à atteindre son but.
EXEMPLE
Si un PJ négocie l’achat d’un objet mais rate
son test de Faveur, il l’achète au prix indiqué
sans rechercher une autre échoppe où l’article est
éventuellement meilleur marché. En effet, s’il a
pris le temps de négocier, c’est que le personnage
a besoin de l’objet et l’échec implique que son
personnage a fini par être convaincu de la légi-
timité du prix.
18
LE S MOD I FI CATE U R S
Suivant les situations, plusieurs paramètres peuvent
influer sur le résultat. Un modificateur (abrégé
« modif. ») est alors appliqué afin de déterminer
la complexité de la tâche. Deux méthodes peuvent
être employées pour fixer cette valeur : celle jugeant
la difficulté de l’épreuve à réaliser et celle évaluant
la fréquence à laquelle l’action est réalisée.
Qualificatif Modificateur
Évident Réussite automatique
Malaisé 0
Difficile -2
Très difficile -4
Extrêmement difficile -6
Incroyablement difficile -8
EXEMPLES
™ Pour un horloger réputé, identifier la marque
et le modèle d’une montre très répandue est
une action Évidente. Pas besoin de lancer les
dés, la réussite du test est automatique.
™ Réparer un automate est une action Extrê-
mement difficile (modif. -6). Le PJ souffre
alors d’un malus de -6 au résultat de son jet.
Les circonstances peuvent compliquer la tâche et
donc augmenter la difficulté de l’action. Le mau-
vais temps, de l’agitation, du matériel inadapté,
un manque de participants ou un état de santé
dégradé peuvent, entre autres, transformer une
tâche simple de prime abord en défi insurmon-
table. Même dans le pire des cas, le modificateur
maximum est de -8.
EXEMPLES :
™ Même un horloger réputé aura du mal à
identifier une montre courante qui aura été
trafiquée et maquillée par une consœur ha-
bile. Ce qui était une action Évidente de-
vient une action Très difficile.
™ Réparer un automate est de base Extrême-
ment difficile. Toutefois, avec du matériel de
fortune et alors que les balles sifflent autour
de soi, réussir cette réparation demande des
talents exceptionnels : de -6, le modificateur
passe à -8.

Certains éléments offrent également des modifica-
teurs positifs. Parmi ces derniers, on peut citer :
Bonus Valeur
Matériel adéquat / de qualité +1 / +2
Excellente idée +1
Prendre du temps / le doubler +1 / +2
Participant supplémentaire +1
EXEMPLE
Deux personnages se mettent en tête de répa-
rer une montre à gousset. Cette montre est Très
difficile à réparer (modif. -4). Mais ils ont du
matériel adéquat (modif. +1). L’un des person-
nages assiste l’autre (modif. +1). Cependant,
au-delà de deux, le nombre de participants de-
vient contre-productif et pourrait même empê-
cher la bonne réparation de la montre.
TEST DE RÉSISTANCE
Un test de résistance est requis lorsqu’un PJ est réel-
lement menacé, que ce soit par un PNJ ou tout autre
phénomène extérieur qui peut lui faire du mal, lui
infliger des blessures ou le secouer mentalement. Un
PJ réalise ce test à l’aide des 2d8 auxquels s’ajoutent
d’éventuels bonus liés au score de résistance indiqué
à côté de chacun de ses Domaines (abrégé « rés. »).
Il faut noter que le dé de la Lune n’est pas utilisé lors
des tests de résistance.
Un test de résistance dépend toujours d’un des
quatre Domaines et n’est à effectuer que lorsque le
personnage est dans une situation périlleuse.
™ En cas de réussite au test de résistance, le
personnage ne subit aucun désagrément.
™ En cas d’échec au test, le PJ subit une bles-
sure. Les malus infligés par les blessures sont
détaillés p. 29.
ÂME : blessure liée à la volonté, à la
détermination.
CORPS : blessure liée à l’effort physique ou à
des dégâts endurés.
CŒUR : blessure liée à une émotion forte, un
traumatisme émotionnel.
19
Système de jeu
ESPRIT : blessure liée à une charge mentale
excessive, une perte de mémoire.
Bien que les conséquences d’un échec soient tou-
jours une blessure, seule son interprétation varie.
EXEMPLE
Irina officie depuis la nuit dernière au cours de
laquelle elle a subi plusieurs blessures (Blessure
dérisoire cochée). Irina est maintenant suivie
par un agent secret souhaitant la faire prison-
nière. Elle effectue un test de résistance de Cœur
pour ne pas être surprise. Le test est raté, Irina
coche alors Blessure négligeable, car selon le MJ,
elle est menacée et effrayée ! Elle subit désormais
un malus de 1. Elle essaie néanmoins de se dé-
fendre alors que l’agent tente de la ceinturer. La
jeune femme effectue donc un test de résistance
lié au Domaine du Corps avec un malus de 1
dû à sa Blessure négligeable (une minute ne s’est
pas écoulée depuis). Mais le test est à nouveau
un échec. Directement en danger, Irina coche
alors la case du niveau Blessure superficielle.
Son malus reste de 1. L’affrontement tourne
court et Irina est faite prisonnière. Plus tard,
elle est interrogée par trois individus. Ne pas cé-
der à la menace revient à mobiliser le Domaine
de l’Âme. Irina tente de résister. Même sans ma-
lus (il s’est passé plus d’une minute depuis l’ob-
tention de la Blessure superficielle), elle échoue à
son test. Elle coche alors le niveau Blessure légère
qui lui inflige un malus de 2 à tous ses tests pen-
dant les deux prochaines scènes. Elle révèle ce
qu’elle sait à ses ravisseurs.

COMBATS
Même s’ils ne sont pas au centre des enjeux dans
Célestopol 1922 : Le jeu de rôle, des affrontements
physiques peuvent avoir lieu. Les combats se
résolvent comme des oppositions à l’exception près
qu’un ordre d’action est donné. Une passe d’armes
correspond à un tour équivalent à 6 secondes. Un
tour correspond à un seul échange de coups entre
deux personnages (le PJ attaque alors que le PNJ
défend ou l’inverse).
L’initiative d’un PJ se calcule selon la formule sui-
vante : 4 + score de Mobilité + score d’Inspiration.
L’initiative d’un PNJ est égale à la valeur de son
Domaine Corps.
Les personnages conservent leur initiative tout au
long de l’affrontement.
EXEMPLE :
Irina possède la Spécialisation Mobilité à 6 et la
Spécialisation Inspiration à 4. Son score d’ini-
tiative est donc de 14 (4+6+4).
1. Les actions sont résolues par ordre d’initiative
décroissante. En cas d’égalité avec un PNJ,
le PJ débute. En cas d’égalité entre PJ, les
joueurs choisissent entre eux ou se départagent
l’initiative en utilisant le dé de la Lune.
2. Les joueurs réalisent le test en opposition avec
la Spécialisation Échauffourée et comparent
les valeurs du Domaine Corps du PNJ.
3a. En cas de réussite, le PJ touche son adversaire
qui inflige un niveau de blessure (le MJ coche
une case de blessure pour le PNJ) auquel
s’ajoutent, si nécessaire, les dégâts de l’arme
(pas de dégâts supplémentaires à mains nues).
3b. En cas d’échec, c’est l’adversaire qui touche
et inflige une blessure à laquelle s’ajoutent les
dégâts de l’arme si nécessaire (pas de dégâts
supplémentaires à mains nues).
3c. En cas d’égalité, rien ne se passe, personne
n’est blessé.
4. Un nouveau tour débute.
20
Trois remarques sont importantes :
™ Le déroulé précédent décrit une confron-
tation. Bien évidemment, les personnages
peuvent annoncer d’autres actions que com-
battre (soigner avec Traitement, fuir ou se
mettre à couvert avec Prouesse, parlementer
avec Faveur…).
™ Il s’agit d’un jet en opposition. Le même jet
couvre donc à la fois l’attaque et la défense
des deux protagonistes. Ainsi, un PJ ne jette
qu’une seule fois les dés par tour.
™ Dans le cas d’une confrontation à distance, si
un PJ n’a pas d’arme à distance, il doit faire
un test de Spécialisation Mobilité avec pour
Difficulté le Domaine Corps du PNJ. Si à l’in-
verse c’est le PNJ qui n’a pas d’arme à distance,
le PJ effectue un test d’Échauffourée avec pour
Difficulté le Domaine Corps du PNJ. À la dif-
férence d’un test d’opposition classique, si le
test échoue, les personnages ne reçoivent pas
de blessures dans ce cas de figure.
DE S DÉ G ÂTS E T DE S AR ME S
Dégât 0 : mains nues, arme improvisée,
bâton, ceste, matraque, rasoir, arc, chaîne,
couteau, poignard.
Dégât 1 : arbalète, épée, hachette, masse
d’arme, rapière, fléau, hache, hallebarde.
Dégâts 2 : armes à feu.
Dégâts X (au choix du MJ) : explosif,
sélénium, etc.
Les armures, quant à elles, diminuent
les blessures occasionnées de 1 ou 2 suivant
l’importance de la protection. Cette der-
nière joue également le rôle de malus aux
différents tests.
EXEMPLES DE PASSES D’ARMES
™ Armé d’une rapière (dégât 1), Alvin (épéiste
confirmé, initiative 12, Échauffourée 6)
tente de tuer son adversaire (Corps 10). L’ad-
versaire choisit de fuir. Le joueur incarnant
Alvin doit donc faire un test de Prouesse Dif-
ficulté 10 pour savoir si son adversaire lui
échappe.

™ Mêmes personnages, mais l’adversaire décide de
se battre. Le joueur incarnant Alvin doit donc
faire un test d’Échauffourée Difficulté 10 pour
savoir qui de lui ou de l’adversaire remporte la
manche. Alvin obtient la somme de 16 grâce
à 10 (2d8) + 6. Son adversaire reçoit donc
1 blessure (liée au fait d’être touché) + 1 autre
blessure (liée au dégât 1 de la rapière) pour un
total de 2 blessures. Le PNJ coche 2 cases de
blessures et se voit infliger un malus de 2. Son
score du Domaine Corps passe donc à 8 (10-2).
GESTION DES
PERSONNAGES
NON-JOUEURS
La réussite ou l’échec d’une action qu’un PNJ
entreprend dépend généralement de l’intrigue du
scénario ou du bon vouloir du narrateur. Leurs
caractéristiques sont donc, le plus souvent, données
en opposition à celles des PJ. Ainsi, une gestion sim-
plifiée est proposée afin de privilégier la fluidité de la
narration et diminuer les calculs pour le MJ. Cette
dernière repose sur les 2 points suivants.
™ L’utilisation des Domaines (Âme,
Corps, Cœur, Esprit) plutôt que des
Spécialisations. Cela permet d’avoir rapide-
ment une vue d’ensemble de leurs capacités.
En effet, la valeur du Domaine sert d'oppo-
sition et donc de Difficulté pour les actions
des PJ. S’il est besoin de quelques précisions
supplémentaires, des Aspects peuvent être
octroyés aux PNJ afin de mieux les définir.
™ Par défaut, les PNJ ont des valeurs de 9
dans chaque Domaine. Il est possible de
typer un PNJ en ajoutant 4 ou 8 points
dans un ou deux Domaines afin de refléter
la puissance ou la renommée d’un PNJ dans
son activité.
EXEMPLES :
Voici quelques PNJ moyens :
™ Un gros bras : Âme 9, Corps 13, Cœur 13,
Esprit 9
™ Un constructeur d’automate : Âme 13,
Corps 9, Cœur 9, Esprit 13
™ Un amuseur public : Âme 13, Corps 9,
Cœur 13, Esprit 9
21
Système de jeu
TE ST S D ' OP P OSI TI ON
Quand un PJ veut tenter une action contre un
PNJ, il tente un test d'opposition.
La Difficulté que le PJ doit dépasser est égale à la
valeur du Domaine du PNJ
EXEMPLE
Irina veut éviter d'être repérée par l'amuseur
public. Elle doit donc lancer 2d8, ajouter sa
Spécialisation Effacement au résultat et faire
plus que la valeur du Domaine de Cœur de
l'amuseur public, soit 13.
AI DE DE S P NJ
Si le MJ a besoin de simuler l’assistance qu’un PJ
peut recevoir d’un PNJ, il suffit de diviser la valeur
du Domaine concerné par 4 (arrondi à l’inférieur).
EXEMPLES
En reprenant les PNJ de l’exemple précédent :
™ Un gros bras fournit un bonus de 3 en Corps,
mais seulement un bonus de 2 en Esprit.
™ L'amuseur public, lui, fournit un bonus de 2
en Corps, mais de 3 en Âme.
™ Le constructeur enfin donne un bonus de 3
en Esprit.
DÉ DE LA LUNE
Dans Célestopol 1922 : Le jeu de rôle, le dé de la
Lune apporte des nuances aux réussites et aux
échecs donnés par les seuls 2d8 classiques. Ces
nuances sont au nombre de 8 et vont du Triomphe
à la Catastrophe. Chacune de ces nuances est asso-
ciée à une phase de la Lune ; la Nouvelle Lune
est ainsi associée au Triomphe car elle incarne le
renouveau, une dimension éminemment positive.
Chaque test de Spécialisation ne nécessite pas for-
cément de lancer le dé de la Lune. Le MJ demande
de le lancer en plus des 2d8 normaux dans des
situations particulièrement hasardeuses ou lorsque
les risques sont importants, voire lorsque l’enjeu
est particulier (sujet ou contexte sensibles pour le
PJ, faisant écho à un passé douloureux ou simple-
ment lorsque l’affect est fort).
 EXEMPLES
Voici quelques situations nécessitant l’utilisa-
tion du dé de la Lune :
™ Irina discute avec un contact susceptible
d’avoir des informations décisives sur la lo-
calisation d’un proche ayant disparu depuis
plusieurs jours.
™ La jeune femme court sur les toits à la pour-
suite de son contact. Les aléas sont nombreux
et la course périlleuse.
™ Elle cherche à atteindre son arme tombée à
deux mètres alors que de l’extérieur, elle est la
cible d'un feu nourri.
EXEMPLE FILÉ
Irina tente de crocheter la porte donnant l’accès
décisif à un laboratoire secret.
™ Nouvelle Lune (1) : TRIOMPHE, quel
que soit le résultat donné par les 2d8, avec
cette face du dé de la Lune, le personnage
tire un avantage exceptionnel de son action
ou regagne une utilisation de son pouvoir
d’Anomalie (voir p. 29).
Le dé de la Lune indique un Triomphe. En cas
de réussite, la serrure ne garde aucune trace d’ef-
fraction et Irina remarque un iconoscope (camé-
ra discrète) qu’elle peut facilement contourner.
En cas d’échec, Irina n’arrive pas à ouvrir la
porte, mais ne laisse aucune trace sur la serrure.
De plus, elle remarque l’iconoscope (qu’elle peut
donc éviter) ainsi qu’une conduite d’aération
constituant un itinéraire bis pour pénétrer dans
le laboratoire.
™ Premier croissant (2) : EXPLOIT, quel que
soit le résultat donné par les 2d8, avec cette
face du dé de la Lune, le personnage gagne
un avantage décisif à son action.
Le dé de la Lune indique un Exploit. En cas
de réussite, la serrure ne garde aucune trace
d’effraction. En cas d’échec, la serrure n’est pas
endommagée et Irina peut faire un nouvel essai
sans malus.
22
™ Premier quartier (3) : BRIO, quel que soit
le résultat donné par les 2d8, avec cette face
du dé de la Lune, le personnage gagne un
avantage significatif de son action.
Le dé de la Lune indique un Brio. En cas de
réussite, Irina remarque une trace laissée sur
la serrure qu’elle peut tenter d’estomper. En cas
d’échec, Irina peut faire un nouvel essai avec un
malus de 2.
™ Lune gibbeuse et voûtée (4-5) :
NEUTRALITÉ, quel que soit le résultat
donné par les 2d8, avec cette face du dé de la
Lune, l’action ne subit aucun impact.
Le dé de la Lune indique l’une des faces Neutra-
lité. La réussite ou l’échec de Irina ne bénéficie
d’aucun avantage ni ne subit aucune compli-
cation.
™ Dernier croissant (6) : CONTRECOUP,
quel que soit le résultat donné par les 2d8,
avec cette face du dé de la Lune, le personnage
connaît une complication mineure (un aléa
mineur, une seconde chance avec malus,
1 blessure (cocher 1 case) ou une perte
d’1 point sur la jauge du destin).
Le dé de la Lune indique un Contrecoup. En
cas de réussite, Irina endommage ses outils, il
faudra les réparer avant de pouvoir les utiliser à
nouveau. En cas d’échec, la serrure est endom-
magée. Irina peut retenter avec un malus de 4.
™ Dernier quartier (7) : DÉCLIN, quel
que soit le résultat donné par les 2d8, avec
cette face du dé de la Lune, le personnage
connaît une complication significative (un
aléa négatif important, 2 blessures (cocher
2 cases), une perte de 2 points sur la jauge du
destin, un malus de 4 sur l’action suivante).
Le dé de la Lune indique un Déclin. En cas
de réussite, Irina casse ses outils. En cas d’échec,
une alarme se déclenche.
 Système de jeu

™ Pleine Lune (8) : CATASTROPHE, quel Le dé de la Lune indique une Catastrophe. En

que soit le résultat donné par les 2d8, avec cas de réussite, Irina casse ses outils et se blesse
cette face du dé de la Lune, le personnage avec. En cas d’échec, une alarme se déclenche
connaît une complication majeure (ou perd et une porte de sécurité s’abat en emprisonnant
une utilisation de son pouvoir d’Anomalie). Irina.

Nouvelle Lune (1) Succès exceptionnel dépassant toutes les attentes,

Triomphe
réussite critique mirifique ou regain d'1 utilisation
d’un pouvoir d’Anomalie.
Premier croissant (2) Information supplémentaire importante, seconde
Exploit
chance sans malus, 2 blessures en moins (effacer
2 cases), gain de 2 points sur la jauge de destin, bonus
de 4 à l’action suivante.
Premier quartier (3) Information supplémentaire, seconde chance avec un
Brio
malus de 2, 1 blessure en moins (effacer 1 case), gain
d’1 point sur la jauge du destin, bonus de 2 à l’action
suivante.
Lune gibbeuse (4) et voûtée (5) Aucun avantage ni aucune complication.
Neutralité
Dernier croissant (6) Aléa mineur, seconde chance avec un malus de 2,
Contrecoup
1 blessure (cocher 1 case) ou perte d’1 point sur la
jauge du destin.

Dernier quartier (7) Aléa négatif important, 2 blessures (cocher 2 cases),

Déclin
perte de 2 points sur la jauge du destin, malus de 4
sur l’action suivante.
Pleine Lune (8) Échec critique désastreux ou perte d’1 utilisation
Catastrophe
d’un pouvoir d’Anomalie.

23

LE DÉ DE L A L UN E CO MM E
DÉ DE L A CH AN CE
Le dé de la Lune fait également office de dé de
la chance. Une bonne fortune est symbolisée par
les faces allant de Nouvelle Lune à Lune gibbeuse
alors qu’une mauvaise fortune est symbolisée par
les faces allant de Lune voûtée à Pleine Lune.
Nouvelle Lune (1) / Premier
Bonne
croissant (2) / Premier quartier
fortune
(3) / Lune gibbeuse (4)
Lune voûtée (5) / Dernier crois-
Mauvaise
sant (6) / Dernier quartier (7) /
fortune
Pleine Lune (8)
Trois cas de figure peuvent être envisagés pour
déclencher le dé de la chance :
™ Lorsqu’il s’agit de résoudre un événement
extérieur aux actions ou à l’influence des
PJ. Le MJ demande alors à un joueur de lan-
cer le dé de la Lune/de la chance et utilise le
résultat.
EXEMPLE
Savoir quel temps il fait, si la conductrice du
taxi est jeune ou plus âgée, si un restaurant est
bondé ou presque vide, etc.
24
™ Lorsqu’un PJ souhaite influer sur la nar-
ration de manière mineure.
EXEMPLE
Alors qu’elle essaie d’échapper à un groupe de
Cheyennes énervés, Irina s’engouffre dans une
ruelle étroite. Le joueur demande si des caisses
ou des planches se trouvent sur sa route que Iri-
na pourrait faire tomber pour ralentir la course
de ses poursuivants. Le MJ demande un test de
chance. Le joueur obtient Dernier quartier.
Malheureusement, aucun obstacle ne peut être
jeté sur le chemin des Cheyennes. Irina doit
trouver une autre solution pour s’en sortir…
™ Lorsqu’il s’agit de déterminer une valeur
comme une durée avant un événement. Le
MJ demande alors à un joueur de lancer le
dé de la Lune/de la chance et utilise le résul-
tat du dé, dont chaque face correspond à un
chiffre.
EXEMPLE
Déterminer combien d’hommes sont envoyés par
Li Chen pour menacer les PJ.
LES 3 UTILITÉS
DU DÉ DE LA CHANCE
Utilité 1 Déterminer un élément de la
fiction de manière aléatoire.
Utilité 2 Permettre à un PJ d’influer
sur la narration.
Utilité 3 Déterminer une quantité.

LES PERSONNAGES
U
n personnage se compose de plusieurs élé-
ments fondateurs :
™ Les Domaines : grands ensembles caracté-
risant un personnage : Âme, Corps, Cœur
et Esprit.
™ Les Spécialisations : recouvrent toutes
les connaissances et compétences classées
en Domaines (par exemple, le Domaine
du Corps regroupe les Spécialisations
Échauffourée, Effacement, Mobilité et
Prouesse).
™ Les Aspects : signe distinctif d'un person-
nage, un Aspect décrit un élément hors
norme. Un personnage peut donc être grand
ou petit, fort ou chétif, agile ou maladroit,
malin ou naïf, passionné ou froid, etc.
™ La jauge de blessures qui vont indiquer
la condition physique et la santé physique,
morale et mentale du personnage.
™ La jauge du destin qui sera détaillée dans le
livre de base.
™ La jauge de spleen qui sera détaillée dans le
livre de base.
™ Une Anomalie : une faculté surnaturelle per-
mettant au personnage de se jouer du hasard
ou de toucher au paranormal. L’ensemble de
ces facultés sera détaillé dans le livre de base.
Celles utilisées dans le cadre du présent kit
sont expliquées dans les prétirés.
™ Les Attributs : les composantes relatives à
l’influence et aux moyens du personnage
(Entregent, Fortune, Équipement). Elles
seront détaillées dans le livre de base.
25
Système de jeu
DOMAINES ET
SPÉCIALISATIONS
Les Domaines, au nombre de quatre (Âme,
Corps, Cœur et Esprit), regroupent chacun quatre
Spécialisations.
 ME
Ce Domaine permet de gérer tous les aspects rela-
tionnels. Il sert à décrire les actions liées à la com-
munication verbale et corporelle.
Artifice est une manière discrète et subtile d’ar-
river à ses fins. Cette Spécialisation représente en
effet l’art de lier le dialogue sur le ton du badinage.
Elle permet de se glisser subrepticement dans une
conversation afin de glaner de précieux rensei-
gnements. Elle peut aussi servir à noyer quelques
informations mensongères dans une conversa-
tion apparemment anodine. Son utilisation favo-
rise l’évocation et la manipulation plutôt que la
contrainte.
Attraction permet d’orienter les émotions de son
interlocuteur. Cette Spécialisation permet ainsi de
plaire, voire de séduire son interlocuteur ou, au
contraire, de chercher à ne pas se faire remarquer,
lors d’une soirée mondaine par exemple.
Coercition représente la capacité à intimider son
interlocuteur, que ce soit par un regard ou par des
mots bien sentis. Cette Spécialisation couvre éga-
lement l’aptitude d’un PJ à donner des ordres dans
un contexte militaire ou simplement hiérarchique.
Faveur s’applique chaque fois qu’un rapport de
force oral non équivoque s’installe entre plusieurs
personnes. Elle est employée pour convaincre son
interlocuteur, le persuader que céder à sa requête est
la meilleure chose à faire. Faveur s’articule souvent
autour d’un discours argumentatif visant à imposer
son point de vue. Elle sert également à négocier.
 CO R PS
Ce Domaine définit les actions nécessitant de la
coordination, de la puissance ou de l’endurance.
Échauffourée englobe toutes les techniques de
combat, que ce soit à mains nues, avec une arme
improvisée, une arme blanche ou tout type d’armes
à distance, y compris les armes à feu.
Effacement représente la capacité à être discret, à
ne pas se faire repérer. Cette Spécialisation couvre
également toutes les techniques de camouflage ou
d’escamotage. Effacement inclut souvent une part
d’immobilisme.
Mobilité rassemble tout ce qui est lié aux réflexes, à
la vivacité. Cette Spécialisation sert dans toutes les
situations liées à la conduite ou au pilotage (équi-
tation également), mais permet aussi de représen-
ter l’initiative d’un personnage-joueur.
CΠU R
Ce Domaine représente les cinq sens, de même
que l’intuition, le sixième sens. Il intervient lors-
qu’il s’agit de faire appel à son sens de l’observation
ou son instinct, mais également lorsque la fibre
artistique est en jeu.
Appréciation traduit la capacité à observer son
environnement de manière exhaustive et efficace.
Cette Spécialisation permet de repérer des intrus,
des pièges, des guets-apens, mais aussi les détails
comme les indices.
Arts s’applique à tous les domaines artistiques au
sens large, allant de la musique à la littérature en
passant par le théâtre ou la prestidigitation. Arts
permet de captiver par son interprétation un audi-
toire, de composer de la musique, de rédiger des
œuvres littéraires ou de réaliser des peintures ou
sculptures.

Prouesse couvre l’ensemble des efforts sportifs Inspiration fait appel à une part d’inconscient,
auxquels pourrait se livrer le personnage en cours aux liens et aux déductions qui s’imposent à
d’histoire. la conscience sans véritable démarche logique

VA L E U R D E S S P É C I A L I S AT I O N S

Les Spécialisations résument à la fois l’éducation, l’entraînement et les centres d’intérêt d’un
personnage. La valeur associée aux Spécialisations est comprise entre 0 et 8 et peut être interprétée
de la manière suivante :

Valeur Niveau de maitrise Renommée

0 Incompétent Illustre inconnu
1-2 Novice Inconnu
3-4 Amateur Quelques ouï-dire
5-6 Professionnel Connu dans la cité
7-8 Spécialiste Connu au-delà de la cité
Ne posséder aucun point dans une Spécialisation n’empêche pas son utilisation. Le simple fait
d’avoir un score à 0 devrait être, en soi, un frein. Les Spécialisations ont une définition assez large
sans pour autant octroyer la même liberté d’interprétation que les Aspects. Elles décrivent la capacité
d’un personnage à réaliser une tâche ou à évaluer un élément en rapport avec cette Spécialisation.

EXEMPLES
La Spécialisation Merveilleux technologique permet de construire ou réparer un objet, d’évaluer sa
qualité, mais également de le saboter. Échauffourée est employé pour frapper, jauger un combattant
ou la qualité d’une arme.

26

préalable. Inspiration revient à écouter « ses
tripes », cette petite voix intérieure qui s’exprime
pour le meilleur et parfois pour le pire. Elle permet
aussi, par défaut, de lire le comportement d’une
personne.
Traque correspond à l’aptitude à filer un individu
ou un groupe, avec une dimension liée au déplace-
ment. Pister, s’orienter sont également couverts par
cette Spécialisation qui ouvre ainsi vers la survie.
ESPR IT
Ce Domaine comprend l’ensemble des sciences
existantes sur un sujet. Il ne s’agit pas ici de chiffrer
une connaissance précise, mais plutôt les acquis
possédés dans certaines matières. Esprit sert soit
à évaluer, soit à influer sur l’état d’une chose ou
d’une personne.
Instruction inclut des savoirs extrêmement divers,
allant des sciences humaines (histoire, géographie,
anthropologie, etc.) à des sciences dites dures
(mathématiques, biologie, chimie, etc.) en passant
par les sciences sociales (linguistique, politique,
sociologie, etc.).
Merveilleux technologique englobe l’ensemble
des technologies extraordinaires dans Célestopol :
la mécanique (y compris celle des automates), l’in-
génierie basée sur le sélénium comme l’horlogerie,
la serrurerie, etc. Si besoin, cette Spécialisation
regroupe tous les types d’artisanat ainsi que le
bricolage.
Raisonnement correspond aux capacités cogni-
tives du PJ. La déduction froide, la logique prag-
matique, l’analyse des faits sont ainsi couvertes
par cette Spécialisation qui permet de percevoir
des liens entre différents éléments, au cours d’une
enquête par exemple.
Traitement relie toutes les techniques médicales,
allant des onguents traditionnels de rebouteux à
la chirurgie en passant par la pharmacopée, mais
également la psychanalyse et la psychothérapie.
27
Système de jeu
ASPECTS
Signe distinctif d'un personnage, un Aspect décrit
un élément hors norme. Un personnage peut donc
être grand ou petit, fort ou chétif, agile ou mala-
droit, malin ou naïf, passionné ou froid, etc.
Ces Aspects ne sont pas nécessairement des adjec-
tifs, mais peuvent être des phrases qui typent le
personnage.
De manière générale, un Aspect peut devenir un
avantage ou un désavantage en fonction de la situa-
tion dans laquelle il est utilisé (l'Aspect grand peut
par exemple être avantageux ou désavantageux en
fonction de la situation).
Une valeur numérique est associée à chaque Aspect
,égale à 1, 2 ou 3 suivant son importance. Si l’on
prend comme exemple la taille, on pourra consi-
dérer une personne comme grande (1), très grande
(2) et anormalement grande (3). Cette différence
lui apporte un bonus ou un malus suivant les
circonstances.
Il n’est possible de faire valoir qu’un seul Aspect
par test.
Les Aspects seront détaillés dans le livre de base.
BLESSURES
Une Blessure anodine ou dérisoire n’est qu’un
simple désagrément. Le personnage est un peu
endolori ou inquiet. Avec une Blessure négli-
geable ou superficielle, le personnage a une cou-
pure ou une bosse, il est un peu désorienté ou
décontenancé…
Une Blessure légère ou modérée impacte davan-
tage le personnage. Il claudique, est plongé dans le
doute, ressent de la peur ou de la colère…
Une Blessure grave représente un réel coup du
sort. Le personnage a une plaie ouverte ou un
membre choqué, il perd totalement confiance en
ses moyens, oublie les événements récents…
Quant à la Blessure dramatique, le personnage ne
peut tout simplement plus agir, il tombe dans l’in-
conscience (hors-fiction). Il faut alors déterminer
avec le dé de la Lune s’il tombe dans le coma ou
décède.
ou qu’elle soit soignée. Si Irina ne prend tou-
jours pas de repos ni ne reçoit de soins, la pro-
chaine blessure sera une Blessure légère. Cette
blessure occasionne un malus de 2 pendant
les trente prochaines minutes.

Si le malus est temporaire (voir encart Récapitulatif

des niveaux de blessure), la blessure ne disparaît
qu’après avoir pris un temps de repos suffisant
ou avec les soins appropriés (voir tableau dans
Récupération). Ainsi, un personnage peut évoluer
sans malus malgré une Blessure grave.
EXEMPLES
™ Après plusieurs coups durs l’ayant mené à
une Blessure grave, Piotr continue malgré
tout son enquête. Passées les trois heures avec
-3 à tous ses tests, le malus dû à la Blessure
grave disparaît, mais la blessure reste bien là.
Ainsi, au prochain test de résistance râté, c’est
la Blessure dramatique pour Piotr.
™ Le matin, Irina a subi une Blessure anodine,
puis une Blessure dérisoire. Le joueur coche
donc les niveaux de blessure Anodin puis Dé-
risoire sur la feuille de personnage. Jusqu’ici,
on peut encore dire que tout va bien. Le pro-
chain test de résistance raté fera subir une
Blessure négligeable à Irina, qui subira alors
un malus de 1 jusqu’à ce qu’elle ait pu se re-
poser 10 minutes. Sans repos ni soin adapté,
Irina poursuit son œuvre et écope d’une nou-
velle blessure. Le joueur coche ainsi la case
du niveau de blessure Superficiel. Le malus
reste de 1 jusqu’à ce qu’elle puisse se reposer
R É CU P É R AT I ON
Avec du repos, les blessures s’effacent à des rythmes
variables.
Il existe deux façons de les dissiper : le temps et les
interventions extérieures.
™ Le temps de récupération naturelle varie entre
une minute et une journée… voire bien plus
en cas de Blessure dramatique.
™ Les interventions extérieures sont les soins
(bandage des plaies, opérations chirurgicales,
décoctions, onguents et baumes), les plai-
doyers d’une tierce personne, les attentions
de proches visant à rassurer. Ces soins s’ap-
pliquent avec la Spécialisation Traitement.
Des tests réussis raccourcissent le temps
nécessaire à la récupération. Un personnage
ne peut bénéficier de Traitement que quatre
fois par jour.
Le temps de récupération pour une Blessure dra-
matique dépend des circonstances dans lesquelles
elle a été reçue et de l’appréciation du MJ.

R É C A P I T U L AT I F D E S N I V E AU X D E B L E S S U R E

Seuls les niveaux de blessure à partir de Négligeable octroient un malus à plus ou moins long terme :

Niveau de blessure Malus Récupération naturelle en

Anodin Aucun 1 minute
Dérisoire Aucun 1 minute
Négligeable -1 10 minutes
Superficiel -1 10 minutes
Léger -2 30 minutes
Modéré -2 30 minutes
Grave -3 1 journée
Dramatique Le personnage est hors-fiction

Attention, seul le malus le plus important compte. Un personnage avec une Blessure modérée ne
prend en compte que le malus de 2 lors de ses tests.

28
 Système de jeu

Temps de Temps de récupération Difficulté du

Niveau de blessure
récupération naturelle avec intervention traitement
Anodin et dérisoire 1 minute Immédiat 0
Négligeable et superficiel 10 minutes Immédiat -1
Léger et modéré 30 minutes 10 minutes -2
Grave 1 journée 1 heure -4
Dramatique Selon les cas Selon les cas -6

EXEMPLE
Piotr est rossé de coups par une bande d’hommes LES ANOMALIES
de main qui lui ont tendu une embuscade.
Après s’être défendu comme un beau diable, il se Les Anomalies constituent une série de 8 pouvoirs
retrouve à moitié inconscient (Blessure grave). permettant d’influer directement sur la mécanique
Ses amis le retrouvent quelques instants plus tard, du jeu ou bien d’intervenir sur la narration. Ces
étendu dans la ruelle, et lui prodiguent les pre- pouvoirs sont :
miers soins. Ils réussissent leur test de Traitement
et parviennent à le tirer d’affaires. Piotr n’a plus ™ l’Entropie,
« que » une Blessure modérée et il devra se reposer ™ la Communication avec les morts,
30 minutes avant de perdre cette blessure. ™ l’Illusion,
™ la Suggestion,
™ le Tarot divinatoire,
JAUGE DE DESTIN ™ la Télékinésie,
™ la Télépathie,
Cette jauge dispose de 8 cases se remplissant, une ™ le Voyage astral.
par une, à chaque fois que les faces Nouvelle Lune/
Triomphe ou Pleine Lune/Catastrophe appa- L’utilisation de ces pouvoirs est déterminée par
raissent sur le dé de la Lune. Une fois remplie, cette une valeur allant de 1 à 4. Un personnage avec
jauge permet par exemple de lancer 3d8 au lieu de Anomalie 2 peut ainsi utiliser son pouvoir deux
2, de gagner l’initiative lors d’un combat, etc. fois par scénario.

Cette jauge sera détaillée dans le livre de base. Le fonctionnement des Anomalies sera détaillé
dans le livre de base.

JAUGE DE SPLEEN
Dans Célestopol 1922 : Le jeu de rôle, le spleen va
plus loin qu’une mélancolie profonde ou un mal
de vivre. Il s’accompagne en effet d’une volonté
écrasante de ne pas succomber à la fatalité mal-
gré l’adversité et les obstacles. Cependant, malgré
la rage de vivre qu’il procure, une accumulation
de spleen fait passer les personnages de protago-
nistes de premier plan à figurants insignifiants de
l’histoire.
Cette jauge sera détaillée dans le livre de base.
LES ATTRIBUTS
Ils représentent les leviers sociaux, financiers et
matériels que les PJ peuvent activer. Ils permettent
l’obtention d’un avantage au cours du récit. Par
exemple, avec Entregent, un personnage obtient
un contact d’un certain milieu ; avec Équipement,
il peut trouver une vapomobile à emprunter ; avec
Fortune, il peut acheter les services d’un avocat ;
etc. Ces Attributs ont une valeur allant de 1 à 4.
Déclencher une utilisation fait baisser la valeur de
1. Un personnage avec Équipement 2 peut ainsi y
faire appel deux fois par scénario.

Ces Attributs seront détaillés dans le livre de base.

29
 UNE NUIT À
SCÉNARIO

L’OPÉRA
ROMANOVA
(Adaptation de
la nouvelle éponyme)
 Scénario

Le jeune avocat avait trouvé refuge dans un petit

bureau qui n’avait rien de commun avec la salle
magnifique où se déroulaient les enchères. La
pièce ne comptait même pas de fenêtre. Arnrún
siffla entre ses dents, notant la présence d’une
loupe sur pied posée sur la table de travail,
probablement destinée à déchiffrer des signatures
illisibles. Le jeune homme écarta justement une
pile de documents, et la mercenaire remarqua
un automate, qui ne devait pas faire plus de
quinze centimètres de haut.

– Je n’ai pas les moyens de payer un assistant

juridique, alors j’ai dû m’arranger. Il me sert à
classer des dossiers, ce genre de choses.

L ’automate miniature s’anima sous leurs yeux et

ramassa une gomme, qu’il rangea soigneusement
près d’un porte-cartes.

Arnrún sourit, presque malgré elle.

Extrait de la nouvelle
« Une nuit à l’opéra Romanova »,
Emmanuel Chastellière

Auteurs : Emmanuel Chastellière, Julien « Kherdan »

Arnaud

Type de scénario : Mystère, enquête

Inspirations : Le Fantôme de l’opéra pour les phénomènes

« paranormaux » qui se déroulent lors de la répétition. Le
film Le Prestige pour l’esprit de compétition qui peut pous-
ser des concurrents à des extrêmes. Les films comme Heat,
L’affaire Thomas Crown ou Point Break pour la dimension
casse de haut vol. Et enfin, pour une note plus loufoque, la
série de japanimation Sherlock Holmes pour les policiers qui
s’entassent à la fin du scénario.

Bande originale : La bande originale du jeu vidéo The Last Door

1 et 2.

31
 PRÉSENTATION
DANS LES ÉPISODES
PRÉCÉDENTS
Vous êtes des mercenaires indépendants autorisés
par le duc lui-même à opérer sur le territoire de
Célestopol, en plus d’une poignée d’autres agents
indépendants et de la fameuse agence Pinkerton.
Vous appartenez à l’agence du Lys blanc fondée par
Ernest Cerfontaine, ancien légionnaire français.
Engagés pour assurer la sécurité d’une vente
aux enchères prestigieuse, vous gagnez en guise
de paiement des invitations à la soirée d'avant-
première à laquelle doit se rendre l’archiduc
François-Ferdinand lui-même. Ce paiement spécial
a été obtenu par Ernest qui souhaite voir l’influence
de sa jeune agence augmenter à Célestopol.
COULISSES
Célestopol, la cité lunaire, est en plein émoi.
Un congrès de magie attire nombre de prestidi-
gitateurs venus des quatre coins de la Terre alors
que l’on annonce la visite officielle de l’archiduc
François-Ferdinand qui apporte dans ses bagages
un tableau célèbre, le Salvator Mundi de Léonard
de Vinci. Mais ces événements distincts se pré-
sentent sous des auspices étranges alors qu’une
mystérieuse « épidémie de temps » trouble à la fois
les horloges et les esprits de la ville sélène.
Ce congrès de magie voit émerger une figure exo-
tique et tonitruante nommée Sélim le Magnifique.
Au cours du scénario, ce dernier fait l’acquisition
d’un tour de magie à la réputation aussi dange-
reuse qu’intrigante : le Miroir du monde. Ce tour,
dont Jules de Rovère s’est autrefois attribué la
32
paternité, était en fait la réalisation de son assistant-
ingénieur Edmond Serioguine. Son arrière-petit-
fils, Philémon Serioguine, souhaite venger son
aïeul de cette spoliation et en profiter pour réali-
ser un vol unique en son genre. Tout comme son
ancêtre, Philémon possède un talent inné pour la
confection d’automates miniatures dont il va se
servir à de multiples reprises afin de réaliser son
plan : voler le tableau Salvator Mundi.
Grâce à ses automates miniatures, il va
successivement :
™ dérégler quantité d’horloges et de pendules
afin de détourner l’attention ;
™ créer une diversion (Le fantôme écarlate,
voir p. 42) dans l’opéra Romanova pour tes-
ter son dispositif ;
™ dérober une invitation des personnages-
joueurs (incendie inexpliqué, voir p. 43)
pour approcher le tableau ;
™ voler le célèbre tableau lors du spectacle de
Sélim.
CHRONOLOGIE
Cette aventure se déroule au cours de l’année 1922
sur une durée totale de 3 jours, mais l’épidémie de
temps a débuté 3 semaines auparavant.
™ Jour 1 : vente aux enchères (acte I, scènes 1
et 2) + entrevue avec Sélim (acte I, scène 3).
™ Jour 2 : préparatifs de la représentation
(acte II, scènes 1 et 2) + incendie au QG
(acte II, scène 3).
™ Jour 3 : avant-première du Miroir du
monde (acte III, scène 2) + course-poursuite
(acte III, scène 3).
™ Jour 4 : révélations (Fermeture).
 Scénario

R É P O NSE !
PR IN C IPE DE L ’IN DICE L’indice à retardement trouve sa réponse dans un
encart comme celui-ci. Vous saurez ainsi quand
À RETAR DEMEN T et quoi révéler aux PJ suite à leur demande plus
tôt dans la partie.
Dans ce scénario du kit, mais également dans le
reste de la gamme Célestopol 1922 : Le jeu de rôle,
les PJ doivent attendre avant d’obtenir les réponses ENJEUX
à certaines de leurs questions. Ces « indices à retar-
dement » se présentent sous forme d’encarts spéci- Ce scénario est l’occasion d’aborder quelques
fiques dans les scénarios et campagnes. facettes de l’univers de Célestopol. Tout d’abord,
une facette liée aux faux-semblants qui occultent
QU E ST I ON ? la réalité (congrès de magie). Ensuite, une liée
Les encarts comme celui-ci signalent une aux avancées technologiques de l’uchronie qu’est
démarche administrative officielle, une requête Célestopol (automates) et enfin, une liée aux
auprès d’une autorité compétente, une question volontés humaines et à la quête de justice (celle,
posée à Ernest ou toute autre demande qui étrange, de Philémon).
ne peut obtenir de réponse immédiate. Vous y
trouverez la question dont la réponse est différée
et quand elle parviendra aux PJ à l’aide d’un
renvoi vers la suite du scénario. À noter que,
à partir du moment où elle est formulée, peu
importe quand la requête est faite, le résultat
arrive toujours à l’oreille des PJ au moment
indiqué.

DISTRIBUTION ET DÉCORS

DISTR IBUTIO N
PREMIERS RÔLES
Ces personnages non-joueurs sont au cœur de
l’intrigue. Il convient de bien cerner leur per-
sonnalité et leurs desseins. Les interactions qu’ils
entretiennent avec les personnages-joueurs
sont déterminantes pour le récit.

™ Sélim Özdemir : Surnommé Sélim

le Magnifique, ce jeune ottoman
de près de deux mètres, dans la
vingtaine, est devenu un célèbre
prestidigitateur et la nouvelle
sensation des salles de spectacle
des grandes capitales du monde
connu. Adoptant un style exotique sans
moustache, ni favoris ou raie sur le côté, il

33
 se présente en public vêtu d’une tenue mul-
ticolore, taillée dans un tissu moiré, ses deux
bras passés dans des manches qui tombent
jusqu’à la ceinture. Son teint mat et les che-
veux bouclés qui encadrent son visage à la
mâchoire carrée sont légèrement adoucis
par le maquillage soulignant le contour de
ses yeux. Sous ces dehors fantasques, Sélim
cache une nature bien plus terre-à-terre.
En tant que petit-fils d’un diplomate haut
placé et héritier de la famille Özdemir, char-
gée de la construction de la ligne ferroviaire
Constantinople-Bagdad, il a accès à une
véritable fortune.
Domaines : Âme 17, Corps 9, Cœur 13, Esprit 9
Aspects : charismatique 2, riche 2
™ Philémon Serioguine : Avocat spécialisé en
droit magique, il a été engagé par la guilde des
magiciens présente à Célestopol afin de super-
viser l’aspect juridique des tractations liées à
la vente aux enchères. La trentaine, un phy-
sique commun malgré sa blondeur vénitienne,
Philémon conjugue la rigueur du droit et un
savoir-être propice aux affaires. En réalité, il
est l’arrière-petit-fils d'Edmond Serioguine,
l’ingénieur qui assistait Jules de Rovère et qui
est le véritable créateur du tour du Miroir du
monde. C’est ainsi que Philémon connaît tous
les secrets dudit tour. Il a donc usurpé son
statut d’avocat et fomente un cambriolage de
haute voltige, celui du Salvator Mundi apporté
34
sur la Lune par l’archiduc François-Ferdinand.
Sa mission officielle auprès de la guilde lui per-
met un accès privilégié à l’opéra et aux diffé-
rents acteurs entourant le tour du Miroir du
monde. En parallèle, il utilise la technique de
base de la prestidigitation : détourner l’atten-
tion. Il y parvient grâce à son expertise, héri-
tée de son aïeul en matière de miniaturisation
d’automates, qui lui permet notamment de
détraquer les horloges de la cité, créant un
émoi nommé « épidémie de temps ».
Domaines : Âme 13, Corps 9, Cœur 13, Esprit 17
Aspects : escroc 2, expert en automate 2
SECONDS RÔLES
Ces personnages non-joueurs peuvent avoir des
interactions avec les personnages-joueurs. Ils repré-
sentent autant d’antagonistes que d’alliés, autant
de fausses pistes que d’informateurs.
™ Barnabé Bertrand : Le directeur de l’opéra
Romanova apprécie modérément les scan-
dales et préfère que son petit monde reste
bien ordonné. Toutefois, contrôler les
rumeurs reste à Célestopol tout au mieux
un espoir. Il peut ainsi se montrer exigeant,
voire bourru. Cet aspect est encore accentué
par son allure, toujours impeccable.
Domaines : Âme 13, Corps 9, Cœur 9, Esprit 9
™ Ernest Cerfontaine : Ancien légionnaire
français prématurément à la retraite après
qu’un éclat d’obus l’a blessé à la jambe, lui
laissant une légère infirmité, cet homme
grisonnant à la carrure encore imposante
cherche à « faire son trou » dans la cité sélène.
Pour ce faire, il a engagé un groupe de per-
sonnes aussi complémentaires que soudées.
Ferme mais juste, Ernest reste un patron à la
fois opportuniste et scrupuleux.
Domaines : Âme 13, Corps 9, Cœur 13, Esprit 9
™ Les Siamoises : Surnom péjoratif attribué aux
deux gardes du corps de Li Chen, le proprié-
taire de la Libellule. Si elles arborent la même
coiffure en macarons tressés et des robes qipaos
en soie de lotus identiques, elles ne sont pour-
tant pas sœurs. Elles sont cependant origi-
naires du Siam. Athlétiques malgré leur petite
taille, elles sont redoutables et opèrent, le plus
souvent, ensemble. À noter qu’elles jouent
volontiers de leur image. On les dit prêtes à
tout pour leur employeur, y compris tuer.
Domaines : Âme 9, Corps 13, Cœur 13, Esprit 9
 Scénario

™ Françoise de Rovère : Petite-fille de Jules
de Rovère, Mme de Rovère cherche à pré-
server la mémoire de son aïeul tout autant
que l’héritage familial. Venue spécialement à
Célestopol pour racheter le célèbre tour du
Miroir du monde (que Buatier de Kolta a
acquis en son temps), elle devient très ten-
due lorsque Sélim, déboursant une somme
folle, s’approprie ce que la décence aurait dû
confier à Françoise. Femme mondaine dépas-
sant la cinquantaine, Mme de Rovère n’hé-
site pas à faire suivre les personnages-joueurs
pour savoir où ils doivent déposer la malle
contenant le tour.
Domaines : Âme 13, Corps 9, Cœur 9, Esprit 13
™ Messieurs Jasper et Oulianoff :
Commissaires-priseurs propriétaires de l’hô-
tel des enchères où sont vendus les biens liés
au congrès de magie, ils ont engagé le Lys
blanc pour assurer la sécurité des lieux durant
toute la durée des enchères. Passablement
tendus, ils essaient néanmoins de faire bon
accueil aux agents du Lys blanc tout en exi-
geant une attitude irréprochable. M. Jasper
est un jeune homme tiré à quatre épingles
avec des petites lunettes rondes sur le bout
du nez, alors que M. Oulianoff approche de
la cinquantaine, les yeux malicieux et un cer-
tain embonpoint.
Domaines : Âme 9, Corps 9, Cœur 9, Esprit 13
de fer sur la ville. De plus en plus dis-
cret au fil des ans, son apparence presque
inchangée à plus de 50 ans fait courir de
nombreuses rumeurs à son sujet, sous la
coupole de Célestopol comme sur Terre.
Mais après tout, sa mère, l’impératrice
Glorianna, a fêté son centenaire ! On le dit
d’ailleurs en conflit depuis de longues années
avec elle, Glorianna ne supportant pas ses
velléités d’indépendance.
™ L’archiduc François-Ferdinand : L’archiduc
d’Autriche-Este et prince de Hongrie et de
Bohême est en visite à Célestopol en 1922,
quelque temps après avoir échappé à une
tentative d’assassinat qui aurait pu avoir des
conséquences dévastatrices. Invité personnel
du duc Nikolaï, François-Ferdinand, tout
comme son hôte, sait que cette venue n’est
pas très appréciée, ni par Moscou, ni par
l’Allemagne (dont l’Autriche-Hongrie est un
vassal). François-Ferdinand arrive sur la Lune
avec dans ses bagages le Salvator Mundi, la
célèbre toile de Léonard de Vinci, qui doit
être exposée au musée des Beaux-Arts de la
ville.

FIGURANTS
Sauf volonté de votre part, ces personnages non-
joueurs, aussi emblématiques soient-ils, ne sont
au mieux qu’aperçus de loin, voire seulement
mentionnés.

™ Ajax : Le majordome du duc fait partie des

automates les plus avancés de la cité, au
point que l’on pourrait presque le croire
doté d’une conscience propre, quand on
ne le confond pas physiquement avec un
être humain. On l’accuse d’ailleurs souvent
d’outrepasser ses fonctions, mais il semble
conserver la pleine confiance du duc
Nikolaï.
™ Le duc Nikolaï : Le duc de
Célestopol a pris la tête de la cité
fondée par son père en 1900,
suite à des attentats. Amateur
de sciences et protecteur des
arts, Nikolaï règne d’une main

35

TO ILES DU DÉCO R
HÔTEL DES VENTES
Situé non loin du parc Pokrovsky, cet hôtel des
ventes n’est pas le plus prestigieux de la ville, mais
son sérieux en fait un établissement notoirement
recommandé. Ses acquéreurs jugèrent la solennité
de ce lieu, blotti au sein d’un ancien hôtel particu-
lier à l’architecture art déco, propice à la rigueur
des mises aux enchères. Les deux propriétaires
actuels sont les commissaires-priseurs Jasper et
Oulianoff, un duo accessible et affable, même si les
deux hommes restent avant tout des entrepreneurs.
OPÉRA ROMANOVA
Ponctuant la célèbre avenue Léopold, en hom-
mage au fondateur de la ville, le père défunt du
duc Nikolaï, l’opéra Romanova porte lui le nom
de la cousine du duc, morte tragiquement en
1900 lors d’une opération qu’elle menait à la tête
de ses Spetsnaz. Cet opéra grandiose, constitué en
majorité de marbre, faillit être construit à Paris par
l’architecte Charles Garnier. Empruntant un style
résolument baroque avec sa devanture audacieuse
ornée d’une loggia et de statues parées de feuilles
d’argent, c’est en ces lieux que Sélim le Magnifique
accomplit son spectacle dont le clou est le fameux
tour du Miroir du monde.
AGENCE DU LYS BLANC
Établie depuis seulement deux années en ville,
l’agence du Lys blanc possède ses locaux dans le
quartier de la bibliothèque impériale. De taille
36
modeste, le Lys blanc se réduit à une grande salle
accueillant les agents et la clientèle ainsi qu’un
bureau indépendant pour Ernest Cerfontaine. Avec
la présence de l’agence Pinkerton et de quelques
privés, la concurrence est rude et les moyens actuels
du Lys blanc sont encore bien limités.
ÎLE GATCHINA
L’une des curiosités de Célestopol. Cette île perdue
à l’écart des canaux au sud de la ville est le seul
endroit de toute la cité à posséder une étendue de
sable fin. Quand ils n’ont pas envie de loger dans
un hôtel de luxe du centre historique de la cité, les
invités de marque venus sur la Lune peuvent aussi
y résider et profiter, notamment, d’un orgue marin
qui chante au gré des vibrations du sélénium.
MUSÉE DES BEAUX-ARTS
Tout comme son homologue moscovite, qu’il sur-
passe toutefois en splendeur, le musée des Beaux-
Arts de Célestopol emprunte un mélange de style
architectural grec et byzantin si cher à son créateur
principal, Roman Klein. Jouxtant le canal Sainte-
Catherine, fort de ses innombrables galeries par-
semées de somptueuses colonnades de marbre, le
musée accueille de nombreuses expositions, dont
plusieurs temporaires, frôlant ainsi les 600 000
pièces exposées. Celles-ci sont essentiellement
originaires de Russie et d’Europe, mais l’on peut
trouver des œuvres venues des Amériques et même
d’Asie. C’est dans ce musée qu’a lieu l’avant-
première à laquelle vont assister le duc Nikolaï
ainsi que l’archiduc François-Ferdinand et son
tableau le Salvator Mundi.

MISE EN SCÈNE ( INTRIGUE )
D I F F I C U LT É
Dans le présent scénario, toutes les Dif-
ficultés des tests sont fixées à 13. Les PJ
voient leurs tests modifiés, le cas échéant,
par des modificateurs précisés à chaque
fois. Ils peuvent bien sûr proposer des
idées qui leur apporteront des bonus sup-
plémentaires.
INTRODUCTION
Les PJ reçoivent l’ordre de mission d’Ernest lui-
même. Il réunit son équipe en toute fin de journée
à l’agence. Il semble très enthousiaste et ne s’en
cache pas. Voici ce qu’il annonce à ses employés.
Bon, mes petits, vous n’êtes pas sans
savoir que c’est en ce moment que se
déroule le congrès de magie dont tout le
monde parle depuis quelques semaines.
À ce sujet, j’ai deux bonnes nouvelles.
La première, c’est que notre agence
a été sélectionnée pour assurer le bon
déroulement des enchères qui vont avoir
lieu à l’hôtel des ventes demain. En effet,
ces messieurs les commissaires-priseurs
Jasper et Oulianoff, les propriétaires des
lieux, se sont tournés vers le Lys blanc
pour encadrer la mise aux enchères des
différents tours de magie qui y seront
vendus. Vous devrez donc veiller sur
l’ensemble des biens exposés et surtout
l’un d’entre eux : un tour apparemment
hors-norme, le Miroir du monde.
Somme toute, rien de bien compliqué pour
des agents doués comme vous ! La vente
37
Scénario
compte cinquante pièces et, si ma mémoire
est bonne, le tour qui nous intéresse sera le
dernier présenté. Peu importe qui l’achète,
vous devez vous assurer que le tour arrive
bien à destination. C’est impératif !
La seconde, c’est que j’ai réussi à négocier,
en guise de paiement, suffisamment
d’invitations pour que toute l’agence du
Lys blanc puisse se rendre à l’avant-
première où sera exposé le Salvator
Mundi avec, s’il vous plaît, la présence
du duc Nikolaï, mais aussi celle de
l’archiduc François-Ferdinand lui-
même ! Inutile de vous dire que cette soirée
représente une sacrée opportunité de faire
parler de nous. En bien, évidemment !
Je compte donc sur vous tous pour être à
cette soirée et m’aider à faire « briller »
l’agence. Et qui sait, se faire de nouveaux
clients ! Ça va se dérouler au musée des
Beaux-Arts, dans la salle principale,
avec quelques dizaines d’invités triés sur
le volet.
Et alors, oui, je vous entends d’ici :
« Mais avec cette épidémie de temps
qui sévit en ce moment en ville, ça ne
va pas nous faciliter la tâche… » Tant
que ce ne sont pas vos compétences qui se
détraquent, moi ça me convient !
Allez, on vous attend demain matin à
l’hôtel des ventes. Et n’oubliez pas, vous
pouvez m’envoyer des messages par tubes
pneumatiques si besoin. Des questions ?
Ernest prend le temps de répondre aux éventuelles
questions des PJ. S’il répond en toute honnêteté,
ses connaissances sont toutefois limitées :
™ La vente aux enchères : plusieurs membres
de la guilde des magiciens seront présents,
ainsi qu’une certaine Françoise de Rovère,
héritière de Jules de Rovère, le célèbre pres-
tidigitateur ayant inventé le fameux tour du
Miroir du monde. Elle compte sûrement
l’acheter. Pourquoi n’en est-elle pas déjà
dépositaire en tant qu’héritière ? Il l’ignore.
™ Le Miroir du monde : tour de magie célèbre
dans le monde entier malgré le fait que per-
sonne ne l’a jamais vu réalisé sur scène. Son
inventeur, Jules de Rovère (presque aussi
célèbre que Robert Houdin) ainsi que les
propriétaires suivants (dont Buatier de Kolta)
n’ont jamais réalisé le tour à cause d’acci-
dents inexpliqués. Un test d’Instruction
réussi permet de savoir que Buatier de Kolta
est un prestidigitateur français né en 1847,
célèbre dans le monde entier. Fondateur de
la guilde des magiciens, il est mort sur scène
3 semaines plus tôt à Célestopol alors qu’il
allait réaliser ledit tour. Il a également conçu
les numéros de la cage éclipsée, de la femme
évanouie et du dé grossissant.
™ La venue de l’archiduc François-
Ferdinand : elle représente un défi à l’au-
torité de la Russie et en particulier celle de
l’impératrice Glorianna qui est normalement
la seule éminence à recevoir les égards diplo-
matiques des princes et autres chefs d’État.
™ Les invitations : elles sont anonymes, il ne
faut pas les perdre.
Les passages ainsi présentés sont à lire à vos
joueurs lorsqu’ils arrivent dans un nou-
veau lieu. Ils offrent une description qui
se veut succincte, mais suffisante pour une
entrée en matière. Pour le reste, il vous est
toujours possible d’ajouter des détails de
votre choix ou en fonction des questions de
vos joueurs.
38
ACTE I - UNE MISSION
DE ROUTINE
Depuis leur lieu de résidence respectif, les person-
nages se donnent logiquement rendez-vous direc-
tement à l’hôtel des ventes le lendemain matin à
9 h.
SCÈ NE 1 : SA L LE DE S E NCH È RE S
- H ÔTE L DE S VE NTE S
Vous arrivez devant un ancien hôtel par-
ticulier à l’architecture art déco conver-
ti en hôtel des ventes par les nouveaux
propriétaires. Une silhouette androgyne
semblant être drapée d’un manteau
de vagues égaie la façade alors que des
rayons de soleil symboliques fusent
dans le dos de la statue. À l’intérieur, le
grand hall accueille la salle des enchères,
d’un abord bien plus austère que l’exté-
rieur en dehors de deux escaliers en bois
émaillés de mains courantes en fer forgé
représentant des motifs floraux.
Sur place, les PJ sont accueillis par M. Jasper (voir
Distribution et décors, Distribution, Seconds
rôles, p. 35), un des deux commissaires-priseurs de
l’hôtel des ventes. Malgré son sourire, une certaine
tension émane de son langage corporel (test d’Ins-
piration -2 pour le déceler : il est simplement un
peu stressé par l’approche de la vente). Il confirme
que les ventes commencent dans une heure et
estime que la mise aux enchères devrait se terminer
en toute fin de journée si tout va bien.
 Scénario

P 1 – A LTERC ATION P 2 – I NTRU S

Les encarts présentés ainsi, et dont le titre est
précédé d’un P numéroté, mettent en scène des
passages facultatifs, mais qui permettent d’étoffer
le scénario, de lui donner des rebondissements et
d'apporter de l’implication aux PJ.
Alors que le 41e bien est annoncé, une certaine
agitation parcourt l’assemblée. Il s’agit de la
baguette du célèbre prestidigitateur Buatier
de Kolta qui est mise aux enchères. Alors
que les prix s’envolent, 3 magiciens en lice
s’interpellent à travers la salle. La tension
monte et ils en viennent à s’insulter avant
de rapidement provoquer une petite mêlée
devant le pupitre des commissaires-priseurs. Si
rien n’est fait, la situation pourrait totalement
dégénérer.
Séparer les belligérants peut se faire de plusieurs
manières :
™ en leur intimant l’ordre de reprendre leur
place : test de Coercition -3 ;
™ en leur faisant croire que la milice arrive :
test d’Artifice -3 ;
™ en immobilisant les magiciens un par un :
test d’Échauffourée +1.
Cette péripétie constitue une fausse piste et
permet de préparer l’acte III, scène 1 : Soirée
d'avant-première (voir p. 44). En réussissant
un test d’Attention, il est possible de remarquer
un représentant de Li Chen (un jeune homme
d’origine asiatique, la vingtaine, habillé d’un
costume sobre) installé nonchalamment derrière
un pilier au fond de la salle. Avec un test
d’Instruction +2 ou en discutant de cette présence
avec le PJ prétiré Bao Wang s'il est joué, voici ce
qu’il est possible d’apprendre : Li Chen est l’une
des figures les plus énigmatiques de la cité. Son
casino flottant, installé sur les canaux depuis
une petite dizaine d’années, s’apparente à une
parcelle de terre chinoise au cœur de Célestopol.
L’homme est réputé pour ne jamais quitter son
établissement, ce qui ne l’empêche pas de jouer
les collectionneurs d’art, les trafiquants d’opium
ou pire encore, car la rumeur l’associe à une toute
nouvelle drogue qui prospère en ville. On raconte
même qu’elle dévoie la plus grande richesse de la
cité : le sélénium.
Avec un test de Traque -2, il est possible de
surprendre l’individu, sinon, il s’éclipse.
Surpris, il affirme simplement qu’il assiste aux
enchères par curiosité. N’ayant rien fait de
répréhensible, il quitte les lieux malgré tout.

Alors que le dernier bien, le fameux tour appelé le

Miroir du monde, est annoncé par les commissaires-
priseurs avec une mise aux enchères à deux mille
roubles d’or, un nouveau venu fait une entrée
fracassante. Il s’agit de Sélim dit le Magnifique (voir
Distribution et décors, Distribution, Premiers
rôles p. 33), habillé de manière folklorique et
secondé par deux automates de facture plutôt
ancienne. Un test d’Instruction -2 apprend qu’il se
présentait comme le seul rival de de Kolta. Aussitôt
dans la salle, il lève les enchères à cinq mille roubles
d’or sans transition. Personne ne peut rivaliser
avec une telle somme, pas même Mme de Rovère.
C’est donc l’Ottoman qui acquiert le tour au grand
dam de l’héritière qui quitte la scène furieuse et
scandalisée, mais non sans lui lancer : « Vous le
regretterez ! » Alors que Sélim monte sur l’estrade
dans une posture victorieuse, des voix s’élèvent dans
la salle pour exprimer leur stupéfaction, mais aussi
les doutes sur sa solvabilité. Avec un test d’Attention,
il est possible de capter des suspicions d’espionnage
de la part de l’Ottoman.

39
Sélim n’y prête aucune attention et annonce haut et
fort qu’il réalisera le tour dans trois jours à l’opéra
Romanova avant de frapper dans ses mains, plon-
geant d’un coup l’immeuble dans le noir. Lorsque
les lumières sont rallumées, quelques secondes plus
tard, la vedette a disparu.
QU I E ST SÉLIM ?
La curiosité de vos joueurs devrait
naturellement être piquée par ce personnage
hautement énigmatique. S’ils s’interrogent
ouvertement sur ce PNJ, vous pouvez rappeler
à ce stade que les PJ ont la possibilité d’envoyer
des messages par tubes pneumatiques à Ernest
afin de lui poser des questions. Ernest fait alors
jouer son réseau afin d’en apprendre plus.
Résultat : acte II, scène 1, p. 42.
S C È NE 2 : BUREAU DE
P HIL ÉMO N - HÔ TEL
DES VEN TES
Très rapidement, les PJ sont approchés par un cer-
tain Philémon Serioguine (voir Distribution et
décors, Distribution, Premiers rôles, p. 34) qui
se présente comme l’avocat de la guilde des magi-
ciens, spécialisé en droit magique. Considérant
leurs responsabilités, il revient aux PJ de convoyer
la malle contenant le tour auprès de son nouveau
propriétaire qui s’est établi sur l’île Gatchina (voir
Distribution et décors, Toiles du décor, p. 36).
À ce titre, l’avocat leur fait signer un document
servant de garantie à l’hôtel des ventes en cas de
perte ou de vol.
40
E1 – L’AU TOMATE MI NI ATU RE
D E P H I L ÉMON
Les encarts présentés ainsi, et dont le titre est
précédé d’un E numéroté, mettent en scène un
passage obligé qui constitue un obstacle ou une
importante source d’informations pour les PJ.
Sur la table de travail de Philémon s’amoncelle
un certain nombre de documents. Au cours
de la conversation, un tas de papiers semble
se déplacer avant de laisser émerger un petit
automate rudimentaire pas plus gros qu’une
main. Celui-ci s’anime pour ramasser une
gomme et la ranger soigneusement près
d’un porte-cartes. Questionné, Philémon
explique l’avoir bricolé lui-même pour
l’aider dans sa tâche, lui qui n’a pas
suffisamment de moyens pour s’attacher les
services d’un assistant juridique. Un test de
Merveilleux technologique +4 révèle que ce
genre d’automates n’est pas courant, car peu
utilitaire.
Au cours de l’entretien, Philémon se montre
curieux, sans être non plus intrusif, et interroge
les PJ. Voici une liste des questions qu’il peut leur
poser :
™ Qui a fondé l’agence du Lys blanc ?
™ Quelle position le PJ prétiré Polyphème
endosse-t-il dans l’agence (s'il est joué) ?
™ L’un des agents a-t-il l’intention de se rendre
au spectacle donné par Sélim ?
Sur Sélim le Magnifique, l’avocat ne peut révéler
que peu de choses en dehors du fait que le magicien
est connu à l’international et qu’il appartiendrait à
une famille importante basée à Constantinople.
C’est le moment que choisit M. Oulianoff pour
entrer dans le bureau afin de vérifier que les agents
sont prêts, car la malle doit partir sans plus tar-
der. Au passage, il leur confirme que les invitations
pour l’avant-première ont déjà été envoyées au Lys
blanc. C’est alors que Philémon s’émerveille dans
un sourire : « Vous avez la chance de pouvoir admi-
rer le Salvator Mundi, je suis si jaloux ! » avant de
devoir suivre un commissaire-priseur pressant.

S C È NE 3 : AU CAMPEME NT
- ÎLE G ATCH IN A
Les agents sont dirigés vers une cour intérieure
où les attend une malle en cuivre de taille consé-
quente. Elle contient, sous scellés, les accessoires et
les secrets du tour le Miroir du monde. Un assis-
tant leur précise qu’un canot les attend sur les quais
proches du Beau marché.
P 3 – FIL ATURE GROSSIÈRE
Peu importe les mesures que prennent les PJ
pour transporter la malle à bon port, ils peuvent
facilement remarquer qu’ils sont suivis. S’ils
interpellent l’importun (un homme dans la
quarantaine au fort accent français), celui-ci admet,
un peu penaud, que c’est sa patronne, Mme de
Rovère, qui tient à découvrir où la malle va être
déposée. Il n’insiste pas si les PJ lui demandent
d’évacuer les lieux, mais il ne pourra pas non plus
préciser les intentions de son employeuse.
Il faut presque une heure à pied pour rejoindre l’em-
barcadère prévu, à l’embouchure ouest du canal de
l’Aigle. De là, en naviguant sur un sélénium tour-
billonnant, il faut un peu plus d’une demi-heure
pour rejoindre le quai de l’île Gatchina.
Impossible de ne pas se sentir subjugué par
l’étendue immense sur laquelle vous naviguez.
Ce gaz dense aux teintes mordorées que
constitue le sélénium vous fascine autant
qu’il vous perturbe. Mais votre attention
finit par être attirée par la pilote de la
barque qui vous désigne votre destina-
tion : une petite île arborant une plage de
sable fin sur laquelle se trouve un campe-
ment de tentes aux allures orientales. En
effet, cinq abris de feutre aux dimensions
impressionnantes encerclent la tente
principale, plus grande et plus haute.
Alors que vous descendez de l’esquif, la
pilote vous annonce qu’elle attend votre
retour. Deux cents mètres séparent le
quai des tentes. En vous approchant,
vous remarquez Sélim assis dans un su-
perbe fauteuil au milieu de la tente cen-
trale dont plusieurs pans sont ouverts.
41
Scénario
Avec un test d’Inspiration +2, il est possible de
remarquer que l’attitude de Sélim est bien moins
théâtrale qu’à l’hôtel des ventes. Ni morgue, ni
effet de manche, il se contente d’accueillir poli-
ment les agents avant de leur proposer une tasse de
salep (un test d’Instruction permet de reconnaître
la boisson prisée en Turquie). Il jette à peine un
œil à la malle, puis demande aux PJ de bien vou-
loir assurer sa sécurité jusqu’au soir du spectacle à
l’opéra Romanova. Il propose à l’agence la coquette
somme de 500 roubles d’or par jour. C’est une très
belle somme, difficile à refuser d’autant plus que,
les PJ le savent, ils n’ont pas de missions prévues
pour les jours à venir.
P 4 – ENTRETI EN
AVEC U N MA G I C I EN
Voici ce que Sélim est prêt à révéler aux PJ :
™ À propos du tour : il n’a nullement
l’intention de nuire à la mémoire de de
Kolta ou spolier Mme de Rovère, juste
gagner de l’argent.
™ Sur l’épidémie de temps : il ne comprend
tout simplement pas comment les éminents
horlogers travaillant pour le duc n’ont pas
déjà réglé le problème.
™ Si c’est un espion : il ferait un bien piètre
espion à attirer de la sorte l’attention de
tous.
™ Son véritable nom : Sélim Özdemir, né
à Constantinople. Un test d’Attraction -4
permet d’obtenir dès maintenant l’indice à
retardement « Où l'on découvre qui est
Sélim ! » (voir p. 42).
Si les PJ refusent ou diffèrent leur réponse, Sélim
prend directement contact avec Ernest (par télé-
phone depuis l’opéra Romanova où il se rend à la
première heure le lendemain) : le directeur du Lys
blanc dépêche alors les PJ, mécontent qu’ils aient
écarté une telle proposition.
 ACTE II - LA
TENSION MONTE
Au cours de cet acte, les problèmes s’amoncellent
et les PJ ont fort à faire pour ne pas se perdre dans
les mystères de cette affaire.
SC È NE 1 : FAN TÔ ME ÉCAR LATE
- OPÉR A R O MAN OVA
OÙ L ’ON DÉCOUV RE QUI EST S ÉL I M !
Voici les informations qu’Ernest a réussi à
glaner sur Sélim : petit-fils d’un diplomate
haut placé et héritier de la famille Özdemir,
chargée de la construction de la ligne
ferroviaire Constantinople-Bagdad, il a accès
à une véritable fortune. Cette réalité explique
les dépenses importantes que s’autorise le
magicien.
L’opéra Romanova est un bâtiment gran-
diose, constitué en majorité de marbre.
Il faillit être construit à Paris par l’ar-
chitecte Charles Garnier. Empruntant
un style résolument baroque avec sa de-
vanture audacieuse ornée d’une loggia et
de statues parées de feuilles d’argent, cet
opéra constitue un des plus beaux joyaux
de Célestopol. La succession brute des
volumes et la composition très mo-
derne des façades s’expriment sur plus de
12 000 m2 au sol. L’ouvrage peut accueil-
lir 2 000 mille personnes au sein de la
salle de spectacle alors que ses centaines
de colonnades et de statues offrent une
immersion merveilleuse dans la mytho-
logie grecque notamment. Le marbre, le
velours, le stuc et les dorures rivalisent
pour attirer l’œil.
Sur la route pour l’opéra, les PJ peuvent observer
une équipe de la Western Union, s’activant pour
réparer l’horloge ornant la façade de la galerie mar-
chande Boucheron.
42
Sur place, une autre équipe d’horlogers s’affaire car
l’opéra semble « contaminé ».
Dans un premier temps, rien de passionnant :
Sélim et plusieurs assistants investissent la scène,
procèdent à quelques essais, gèrent l’installation
des décors, supervisent l’éclairage (plutôt faible)
pour correspondre à ses déplacements sur scène.
E2 – L E FA NTÔME ÉC A RL ATE
Alors que tout se passe calmement, un rire
moqueur éclate au niveau des loges. Un test
d’Attention +2 permet d’identifier précisément
la loge n° 5 comme source du bruit. Une
draperie déchirée rouge sang tourbillonne dans
les airs à 5 mètres de hauteur avant qu’une
série de grands voilages se mettent à tomber
eux aussi dans un arc de cercle étudié.
™ Fouiller la loge n° 5 : trois employés se
trouvent au deuxième étage, celui de ladite
loge, mais ils certifient ne rien avoir vu.
Rien à signaler dans la loge elle-même.
Interrogés avec insistance, les employés
repérés restent sur leur témoignage.
™ Fouiller la salle principale : rien à signaler.
™ Fouiller les draperies tombées : rien à
signaler.
™ Fouiller les coulisses : un test
d’Attention -3 permet de découvrir un
jeton de casino.
À ce stade, les automates utilisés par Philémon
pour mettre en scène cette épreuve sont si petits
qu’il est impossible de les repérer, considérant
la distance, le manque de luminosité et le
mouvement. Le temps que les PJ rejoignent la
loge, ils auront filé depuis longtemps.

SCÈNE 2 : DIRECTEUR PERTURBÉ
- OPÉRA ROMANOVA
EN QU ÊTER S UR LE PERS ONNEL
Si les PJ le désirent et à condition d’apaiser les
humeurs entre le directeur et le prestidigitateur, il
est possible de demander les dossiers du personnel
de l’opéra présent pour les préparatifs du spectacle.
Résultat : acte III, juste avant la scène 1, p. 44.
Très vite après cet incident, le directeur de l’établis-
sement, Barnabé Bertrand (voir Distribution et
décors, Distribution, Seconds rôles, p. 34) arrive
sur scène et interpelle Sélim. Il se montre parfaite-
ment désappointé et commence à reprocher la situa-
tion au magicien. Les deux individus s’invectivent et
le ton monte. Il faut l’intervention d’un ou plusieurs
PJ pour apaiser la situation avec un test de Faveur
-2. Sinon, Sélim quitte les lieux, désappointé.
Dans le sillage du directeur apparaît une personne
rencontrée la veille par les PJ : Philémon discute
nonchalamment avec un membre de l’équipe
chargée de la réparation des horloges. Interpellé,
il explique que son cabinet s’occupe également des
assurances de biens. C’est dans ce cadre que l’opéra
a fait appel à ses services, ce qui justifie sa présence
dans les coulisses. Mais la conversation coupe
court lorsqu’une ouvreuse entre en trombe pour
annoncer aux PJ : « Nous venons de recevoir un
message. Votre agence… il y a eu un incendie ! »
Compte tenu de cette annonce, tout ou partie de
l’équipe devrait quitter les lieux pour rejoindre l'agence.
Même si des agents restent en arrière pour assurer la
sécurité de Sélim, Philémon est très vite interpellé par
M. Bernard afin de régler les détails de leurs affaires.
QU I EST PHILÉMON S ÉRIOGUINE ?
Si vos personnages sont intrigués par cet avocat
dont la présence incongrue coïncide avec
l’incident du fantôme écarlate, ils peuvent faire
une demande d’informations sur son compte.
Une fois que les PJ auront constaté l’ampleur
finalement peu importante de l’incendie,
Ernest peut à nouveau faire jouer ses contacts,
notamment en interpellant la guilde des
magiciens pour laquelle il est censé travailler.
Résultat : acte III, scène 3, p. 47.
43
Scénario
SCÈNE 3 : INCENDIE INEXPLIQUÉ
- QG DU LYS BLANC
Lorsque vous arrivez à votre agence, deux
gardes pompes sont déjà sur place. Aucune
trace d’Ernest qui avait signalé devoir faire
une course dans la matinée. Après vous
avoir identifié, l’un deux vous déclare :
« Un câble a pu être mal installé ou bien il
n’était pas de très bonne qualité, je ne peux
pas vous répondre encore avec certitude.
Difficile de trouver des signes d’effraction,
enfin, rien ne le démontre en tout cas. »
Puis, il désigne la porte entrouverte d’un
mouvement de tête avant d’ajouter : « Vous
pouvez entrer, nous avons terminé. Vous
verrez, à part la porte, vous avez surtout du
rangement devant vous. »
Le garde pompe a raison. En dehors de la porte
principale que les deux hommes ont dû fracturer
pour entrer dans les locaux, peu de dégâts sont à
déplorer. Avec un test réussi de Merveilleux tech-
nologique +4, il est possible d’identifier un départ
de feu du côté d’une lampe à huile brisée au sol. Un
test réussi de Raisonnement indique qu’un phéno-
mène étrange a eu lieu puisque personne n’était
présent pour bousculer ladite lampe et qu’aucun
autre objet ne semble l’avoir percuté non plus (en
tombant par exemple).
E3 – C A FA RD MÉTA L L I QU E
Il suffit que l’un des PJ signale qu’ils fouillent
les lieux à la recherche d’un indice pour qu’il
découvre un automate minuscule, d’environ
5 cm : la version mécanique d’un cafard. Ce
dernier semble endommagé. Un test réussi de
Merveilleux technologique permet de déduire :
™ qu’il a dû subir un simple court-circuit ;
™ qu’il faudrait plusieurs heures pour le
réparer et des pièces spécifiques qui ne se
trouvent pas facilement ;
™ qu’une telle miniaturisation n’est pas
connue actuellement en dehors de quelques
prototypes très rares.
De plus, si un PJ annonce qu’il vérifie que rien
ne manque dans le bureau, il remarque qu’une
– et une seule – invitation pour l’avant-première
au musée des Beaux-Arts a disparu. Si les PJ ont
pris le soin de conserver leurs invitations sur eux,
c’est celle d’Ernest qui a été dérobée (elle était dans
son bureau). C’est d’ailleurs le moment que choisit
le patron pour faire son retour, interloqué. Si on
lui signale l’absence de l’invitation, il fait de suite
le nécessaire pour en obtenir une nouvelle en expli-
quant la situation à qui de droit.

ACTE III - TOUT

N’EST QU’ILLUSION
Alors que les énigmes s’accumulent avec les mul-
tiples accidents et incidents autour du personnage
de Sélim, les mondanités ne s’arrêtent jamais à
Célestopol.

O Ù L’ON EN A PPREND PLUS S UR LE

PERS ONNEL DE L’OPÉ R A !
Si les PJ ont demandé l’analyse des dossiers du
personnel de l’opéra, Ernest leur annonce qu’il
n’a rien trouvé de suspect de ce côté, tout est
en ordre. Il leur révèle cela alors qu’ils sont en
route pour le musée des Beaux-Arts dans une
vapomobile qu’il a louée pour l’occasion.

S CÈN E 1 : SO IR ÉE En dehors d’un échange courtois mais tendu

D'AVAN T- PREMIÈRE -
M USÉE DES BEAUX-ARTS
Vous longez le canal Sainte-Catherine, un
des trois canaux principaux de Célestopol,
qui jouxte le musée des Beaux-Arts. Ce
somptueux bâtiment emprunte un mélange
de styles architecturaux grecs et byzantins
avec ses innombrables galeries parsemées
de somptueuses colonnades de marbre et
de voûtes de verre. Vous êtes accueillis par
des domestiques en livrée ducale qui vous
guident vers la salle de réception après avoir
récupéré vos invitations officielles. Sur place,
une bonne partie de la belle société célesto-
politaine se trouve assemblée.
entre le duc Nikolaï (voir Distribution et
décors, Distribution, Figurants, p. 35) et Sélim
le Magnifique au sujet des nombreux lieux de
culte fermés, le début de la soirée se déroule sans
encombre. Les invités sont en majorité des nobles
russes et des entrepreneurs puissants parmi lesquels
le fameux automate Ajax (voir Distribution et
décors, Distribution, Figurants, p. 35) circule sans
cesse. De son côté, Ernest se montre le plus affable
possible et laisse aux PJ le soin de veiller sur Sélim.
Au bout d’un moment, l’archiduc François-
Ferdinand (voir Distribution et décors,
Distribution, Figurants, p. 35) fait une entrée
remarquée, accompagné de sa suite qui présente
le Salvator Mundi pour l’émerveillement géné-
ral. Difficile cependant d’approcher ces sommités
autour desquelles gravite tout un aréopage parfois
pressant.

44

P 5 – HÉRITIÈRE FLOUÉE
Mme de Rovère faisant partie des invités triés sur
le volet, elle invective Sélim en plein milieu de la
soirée. Un test réussi de Faveur -2 permet de la
calmer. Si les PJ n’interviennent pas, les regards
effarés s’arrêtent sur l’Ottoman, puis très vite sur
les agents du Lys blanc situés non loin, ce qui n’est
pas du tout du goût d’Ernest : il ordonne alors à
ses employés d’intervenir. Si les PJ s’y refusent ou
s’ils n’y parviennent pas, c’est Ajax, le majordome
du duc, qui écarte la femme en colère.
Un test réussi d’Attention +2 permet de repérer
Philémon au milieu de la foule. Il prétend qu’un
client lui a fait la faveur de l’inviter à l’avant-
première (test d’Artifice -4 pour réaliser que c’est
un mensonge). Si les PJ le suspectent de mentir et
le lui font remarquer, Philémon utilise l’humour :
« Alors disons que moi aussi je me suis mis à la
magie ! Après tout, côtoyer autant de talents
mystiques aura déteint sur moi ! » Des PJ peu
convaincus par cet argument ont bien vite d’autres
chats à fouetter comme expliqué ci-dessous.
45
Scénario
P 6 – L E S SI AM O I SE S
(voir Distribution et décors, Distribution,
Seconds rôles, p. 34)
Avec un test d’Attention réussi ou si le MJ
veut détourner les PJ de Philémon, ceux-ci
repèrent les sinistrement célèbres Siamoises
qui lorgnent du côté de l’archiduc et de son
tableau. Si elles sont surveillées de trop près
(test raté de Traque), elles s’éclipsent. Si les
agents les surprennent et les interpellent, elles
restent relativement mutiques et choisissent de
partir sans faire d’esclandre. Elles possèdent
bel et bien des invitations en règle (test
d’Artifice -2).

S C È NE 2 : SPECTACLE VOL É
- O PÉR A R O MAN OVA
Les PJ font leur retour à l’opéra suffisamment en
avance pour inspecter les lieux (rien à signaler de ce
côté). Empruntant l’entrée des artistes, ils évitent la
cohue des nombreux spectateurs se pressant bientôt
sur les marches de l’entrée principale. Il s’écoule une
heure entière avant que tout le monde ne prenne
place. Ce soir, pas de Mme de Rovère ni de membres
du gang de Chen pour perturber les PJ.
Les lumières se tamisent alors et un premier cri
de stupeur monte du public lorsque quelqu’un
aperçoit Sélim en train de descendre depuis les
voûtes de l’opéra, vêtu d’un costume cintré à la
dernière mode d’un noir éclatant. Une fois au sol,
il déclare : « Mesdames et messieurs, bonsoir !
Vous voici réunis dans cette salle magnifique pour
un spectacle unique ! Deux mille. Vous êtes deux
mille avec moi ce soir ! Jamais aucun illusionniste
n’a enchanté autant de monde à la fois. Et j’en
suis fier ! J’espère que vous ressortirez de l’opéra
avec la sensation d’avoir vécu deux heures… hors
du temps ! »
P 7 – P RÉSENC E P OL I C I ÈRE
Durant cet ultime numéro, un test
d’Attention -2 réussi permet aux PJ de
remarquer plusieurs policiers présents près des
différentes issues. Ceux-ci ont récemment été
équipés de casques surmontés d’une lampe
permettant de garder les mains libres. Les PJ
observent également que les policiers présents
ont la mine sombre et les mâchoires raidies.

Sélim annonce alors qu’il va remettre le tableau en place et s’apprête à quitter la scène lors-
qu’une silhouette noire au visage indistinct apparaît de l’autre côté du miroir, dans la galerie
du musée des Beaux-Arts. L’inconnu lève alors un doigt, comme pour signifier « non » juste
avant que le miroir ne vole en éclats.
Après plusieurs tours plutôt classiques (comme l’homme coupé en deux), les lumières
de la salle commencent à clignoter, signal connu des PJ, annonçant le dernier tour tant
attendu. Un miroir au cadre doré se matérialise soudain du fond de la scène et s’arrête
deux mètres derrière l’illusionniste. Il est d’apparence toute simple, en dehors de ses di-
mensions : il doit bien mesurer quatre mètres de large, et peut-être deux et demi de haut,
au bas mot. La surface du miroir se trouble, lentement, comme une mare ridée par des
ricochets. Elle se change bientôt en véritable étang de vif-argent. Enfin, sur le miroir, une
rue de Célestopol prend corps, un pavé par-là, un colombage par-ci. C’est alors que Sélim
traverse le miroir, disparaît au coin de la rue avant de revenir quelques instants plus tard,
un bouquet de fleurs à la main qu’il offre à une spectatrice du premier rang. Le magicien
se tourne à nouveau vers le miroir en déclarant : « Et maintenant, pourquoi ne pas nous
rendre au musée des Beaux-Arts ? » Le miroir s’ouvre en effet sur l’intérieur même de la
galerie, avec une vue imprenable sur le prestigieux tableau de Léonard de Vinci, tout juste
arrivé en ville. Sélim passe à nouveau le seuil du miroir puis revient sur scène, le Salvator
Mundi dans les mains. Tonnerre d’applaudissements.

46
 Scénario

S C È NE 3 : TABLEAU VO L ANT
- AVEN UE L ÉO PO L D
Pas le temps de reprendre son souffle que le tableau
se met à tournoyer dans les airs à plus de deux
mètres du sol. Sélim reste totalement stupéfait : un
test d’Inspiration +2 l’atteste. Il répète à qui veut
bien l’entendre qu’il ne comprend pas ce qui se
passe. Un officier de police lui annonce qu’il est
en état d’arrestation, tandis que le tableau s’envole
vers les balcons.

E 4 – COURSE- POURSUIT E
Le tableau parvient à sortir de l’opéra du côté du
boulevard d’Azov (perpendiculaire au canal Sainte-
Catherine). La maréchaussée se précipite en dehors
du bâtiment. Les PJ doivent réussir un test de
Prouesse -2 pour rester en vue du tableau qui s’élève
maintenant à presque dix mètres de hauteur. En
cas d’échec, il faut prendre le temps d’observer les badauds pour deviner la trajectoire de l’objet.
Alors que le tableau survole le canal, le commissaire présent demande à sa trentaine d’hommes de
réquisitionner une péniche à quai pour traverser au plus vite.
Difficile pour les PJ de suivre le trajet de l’œuvre d’art avec la foule s’agglutinant sur les trottoirs. Il
faut se rendre à l’évidence : récupérer le tableau semble impossible. Les PJ peuvent toutefois faire un
test de Raisonnement -4 pour calculer que la trajectoire du Salvator Mundi va l’amener à passer par
le pont Alexandre II, un des trois ouvrages de la cité à posséder un tablier mobile. Celui-ci se redresse
à heures fixes : 6 h, 12 h, 18 h et minuit. Il est 23 h. Toutefois, vraisemblablement touché par une
épidémie de temps, ledit pont s’élève en avance. Il faut alors réussir un test de Prouesse -4 pour
rattraper le tableau en sautant entre les deux parties du pont en train de s’éloigner l’une de l’autre.
Gare à l’atterrissage cependant, sans parler de ne pas abîmer l’œuvre d’art.
De leur côté, les policiers sont obligés de débarquer dans l’urgence alors que la péniche réquisitionnée
sombre dans le sélénium sous leur poids. Dans le cas où les PJ parviennent à récupérer le tableau en plein
vol, ils peuvent remarquer les trois automates miniatures volants qui étaient en train de le transporter.

Que les PJ aient récupéré le tableau ou pas, à leur

retour à l’agence, ils ont reçu un message par tube O Ù L’ O N DÉ CO U VRE
pneumatique en leur absence. Q U I E ST P HI LÉ MO N S É R I O G U I NE !
Les PJ apprennent que Philémon est en réalité
l’arrière-petit-fils de l’ingénieur de Jules de
Rovère, un certain Edmond Serioguine, qui
n’est autre que le véritable créateur du tour
du Miroir du monde. De plus, le courrier leur
révèle que Philémon a usurpé son diplôme
d’avocat.

47
 FERMETURE
Reste à interpeller le voleur.
S’ils ne l’avaient pas déjà obtenue, les PJ trouvent
aisément l’adresse où réside temporairement
Philémon (un hôtel discret). Que les PJ aient récu-
péré le tableau ou pas, ils découvrent Philémon en
train de prendre ses valises pour quitter la ville.
S’ils n’ont pas récupéré le tableau, Philémon l’a
dissimulé : il faut fouiller sa valise. Un test d’At-
tention -2 permet de découvrir la doublure en tissu
dissimulant la toile.
Dans un cas comme dans l’autre, Philémon
explique ses mobiles, à commencer par son lien
filial avec le tour du Miroir du monde et comment
48
Jules de Rovère s’est autrefois attribué sa pater-
nité alors qu’en réalité elle revient à l’aïeul de
Philémon, Edmond Serioguine, l’assistant de de
Rovère à l’époque. Philémon précise qu’il n’a pas
volé le tableau par vengeance, mais seulement par
appât du gain et accessoirement pour humilier
Sélim qu’il accuse de dévoyer l’art de l’illusion.
Grâce à ses automates miniatures, c’est également
lui qui a provoqué l’épidémie de temps, l’épi-
sode du fantôme écarlate ainsi que le cambrio-
lage à l’agence. Nul doute que les PJ présentent
le coupable à la justice. Ils ont alors l’occasion de
remettre le Salvator Mundi à son propriétaire en
mains propres. Celui-ci se déclare leur débiteur.
Une belle publicité pour l’agence du Lys blanc !
 Personnages Prétirés

PERSONNAGES PRÉTIRÉS
BAO WANG : L’ESCROC
Ancien employé du casino flottant la Libellule, Bao Wang offi-
ciait comme videur.

Après une adolescence de petite frappe dans les faubourgs de

Shanghai, il parvint à s’introduire dans un obus-traversier pour
rejoindre Célestopol, autant attiré par les perspectives offertes
par la cité lunaire que par le besoin de se faire oublier des services
de police de sa ville natale.

Problème : Bao répugne à se battre et préfère largement la finesse

à la violence. De son ancienne vie, il conserve un goût prononcé
pour le jeu et la gente féminine. Par ailleurs, Bao a également un
certain penchant pour les cabarets clandestins dans lesquels il
aime à se travestir à l’occasion. C’est dans l’un de ces lieux inter-
lopes de la cité que le jeune Chinois a rencontré Ernest. Ils ont
sympathisé et le vétéran a su voir un certain potentiel chez Bao.
Ce dernier, passablement désœuvré et fauché, accepta sans trop
y croire d’intégrer l’agence du Lys blanc.

Son sens de la débrouillardise et son passé houleux parfois bien

utile lui octroient des compétences uniques et font désormais de
lui un agent indispensable. Le jeune homme s’investit d’ailleurs sin-
cèrement dans son travail. Toujours tiré à quatre épingles, Bao est
reconnu parmi ses coéquipiers comme le plus nonchalant du groupe.
ÂME (RÉS +2) CORPS (RÉS +4) CŒUR (RÉS +0) ESPRIT (RÉS +0)
Attraction 2 Échauffourée Appréciation 2 Instruction 1
Artifice 4 Effacement 4 Arts Merveilleux technologique 2
Coercition 2 Prouesse 2 Inspiration 1 Raisonnement 1
Faveur 2 Mobilité 2 Traque 3 Traitement 2

Aspects : belle gueule 2 ; aime le jeu 1

JAUGE DE BLESSURES
Anodin Dérisoire Négligeable Superficiel Léger Modéré Grave Dramatique

0 0 -1 -1 -2 -2 -3 Hors-fiction

A NOMA L I E
Technique Bao peut relancer le dé de la Lune une fois lors d’un même scénario et
choisit de conserver le résultat qu’il préfère (cette faculté ne fonctionne
pas sur les tests de chance).
Entropie 1
Narratif Bao peut influer sur le hasard de manière mineure. Exemple : avoir une
bonne main en jouant au poker à la distribution, que le feu soit au vert en
tournant au coin de la rue, etc.

49
 NIELS BIELKE : L’ARTISTE MAUDIT
Niels Bielke a connu une carrière fulgurante en jouant sur les planches
de tous les théâtres réputés de Suède. Lassé par son succès, il quitta la
Terre pour conquérir la Lune.

Quelle déception de perdre son statut de vedette ! En effet, la concur-

rence est rude à Célestopol, où la culture sous toutes ses formes est riche-
ment célébrée, notamment à travers les dépenses pharaoniques du duc
Nikolaï. Niels pensait pouvoir se tailler la part du lion, mais c’est son ego
qui se retrouva taillé en pièce. Il s’obstina pendant plusieurs années en
voyant toutes les portes se fermer devant lui petit à petit. Sombrant dans
sa propre estime en même temps que dans l’alcool, Niels ne connut son
salut que grâce à l’intervention d’Ernest qui sauva littéralement la vie de
l’artiste maudit sur le point de se jeter dans le sélénium.

Depuis, Niels tente de payer sa dette en servant de son mieux comme agent
au sein de l’équipe du Lys blanc et en respectant sa parole de ne plus tou-
cher à l’alcool. Niels porte les stigmates d’un homme ayant commis des
abus et notamment un tic nerveux dont il n’arrive pas à se débarrasser.
Malgré ce désagrément et une allure en apparence négligée, il conserve une
aura et un charisme certains. Niels approche de la quarantaine.
ÂME (RÉS +0) CORPS (RÉS +0) CŒUR (RÉS +4) ESPRIT (RÉS +2)
Attraction 1 Échauffourée Appréciation 2 Instruction 2
Artifice 1 Effacement Arts 4 Merveilleux technologique
Coercition Prouesse 1 Inspiration 4 Raisonnement 2
Faveur 2 Mobilité 1 Traque Traitement

Aspects : charismatique 2 ; sensible 1

JAUGE DE BLESSURES
Anodin Dérisoire Négligeable Superficiel Léger Modéré Grave Dramatique

0 0 -1 -1 -2 -2 -3 Hors-fiction

A NOMA L I E
Technique Lors du test d’une Spécialisation d’Âme, Niels peut relancer les 2d8
deux fois lors d’un même scénario, mais doit conserver le dernier
résultat.
Narratif Niels est en mesure d’influer sur la prise de décision d’une personne
Suggestion 2 en lui parlant à voix haute et en le fixant dans les yeux. Cette décision
impacte une action immédiate. Exemple : un garde choisit finalement
de vous laisser passer, un prisonnier de vous donner son nom, etc.
Note : ce pouvoir fonctionne également sur les automates
sophistiqués.

50
 Personnages Prétirés

WIKTORIA RAZNY : LA VÉTÉRANE

Wiktoria Raźny était soldate durant la Seconde Guerre de Crimée.

Cette Polonaise de presque 40 ans aujourd’hui a pris les armes pour

défendre sa patrie en tant que conscrite. Blessée à l’œil, qu’elle finit
par perdre faute de soins adaptés, elle ne trouva pas le réconfort dans
l’estime et la reconnaissance que son sacrifice aurait dû lui apporter.
Au contraire, son handicap et sa dégaine dégingandée lui valurent un
certain rejet de ses compatriotes, ce qui la poussa, par dégoût, à s’éloi-
gner autant que possible de la Pologne. Et pour cela, quoi de mieux
que d’aller sur la Lune. Sur place, elle rencontra Ernest avec qui elle
eut une aventure. Leurs points communs étaient multiples, il faut dire.
Devenus bons amis, ils commencèrent à travailler ensemble quand le
vétéran recruta l’ancienne soldate dans son agence du Lys blanc.

Avec l’âge et le recul, Wiktoria assume parfaitement son handicap et

explore les soirées mondaines qu’elle apprécie tant et durant lesquelles
elle se fait fort de collecter nombre d’informations utiles à l’agence,
mêlant ainsi l’utile à l’agréable.
ÂME (RÉS +2) CORPS (RÉS +2) CŒUR (RÉS +0) ESPRIT (RÉS +0)
Attraction 2 Échauffourée 4 Appréciation 3 Instruction 1
Artifice Effacement 1 Arts Merveilleux technologique 1
Coercition 2 Prouesse 3 Inspiration 2 Raisonnement
Faveur 2 Mobilité 2 Traque 3 Traitement 2

Aspects : expérience militaire 1 ; affable 1 ; grande 1

JAUGE DE BLESSURES
Anodin Dérisoire Négligeable Superficiel Léger Modéré Grave Dramatique

0 0 -1 -1 -2 -2 -3 Hors-fiction

A NOMA L I E
Technique Lors d’un test de Coercition, d’Échauffourée, d’Effacement ou de
Traque, Wiktoria peut relancer les 2d8 une fois lors d’un même
scénario, mais doit conserver le dernier résultat.
Illusion 1 Narratif Wiktoria peut générer une petite illusion mineure (visuelle,
auditive ou olfactive... au choix) sans détails ou précisions pendant
1 minute. Exemple : le bruit d’un chat qui miaule ou d’un livre qui
tombe, un éclat métallique, une ombre fugace, une odeur de pluie ou
de fumée, etc.

51
 POLYPHÈME : LE CHRONIQUEUR
Automate émancipé par Ernest après que le Français l’a retrouvé dans
un piteux état au fond d’une impasse.

L’attention du vétéran fut attirée par l’être artificiel alors qu’un groupe d’étu-
diants sortait hilare de la ruelle sombre. L’automate s’était manifestement
fait passer à tabac. Après plusieurs semaines durant lesquelles personne n’en
revendiqua la propriété, Ernest prit sur lui de payer ses réparations.

Malgré sa remise en état de marche, l’automate semblait ne pas conser-

ver mémoire de sa « vie » passée. C’est ainsi qu’il entra au service d’Ernest
en tant qu’assistant-archiviste au sein de l’agence du Lys blanc. Baptisé
Polyphème, un nom grec en référence à l’automate le plus célèbre de la
cité, l’archiviste est désormais la propriété d’Ernest.

Dans les faits, l’automate est un membre à part entière de l’agence,

parfaitement intégré au sein de son équipe. Malgré tout, depuis son
agression, Polyphème se plaint de ne pas avoir le « bon visage », ce dont
il peut parfois faire une obsession.
ÂME (RÉS +0) CORPS (RÉS +2) CŒUR (RÉS +0) ESPRIT (RÉS +2)
Attraction Échauffourée Appréciation 3 Instruction 4
Artifice 3 Effacement 2 Arts Merveilleux technologique 3
Coercition 2 Prouesse Inspiration Raisonnement 3
Faveur 3 Mobilité 2 Traque 3 Traitement

Aspects : mémoire eidétique 2 ; vision aiguisée 1

JAUGE DE BLESSURES
Anodin Dérisoire Négligeable Superficiel Léger Modéré Grave Dramatique

0 0 -1 -1 -2 -2 -3 Hors-fiction

A NOMA L I E
Technique Lors d’un test d’Appréciation, de Merveilleux technologie, de
Traitement ou de Traque, Polyphème peut relancer les 2d8 jusqu’à
deux fois lors d’un même scénario, mais doit conserver le dernier
résultat.
Narratif L’esprit de Polyphème quitte son enveloppe corporelle et se déplace
Voyage astral 2 à 8 mètres pendant 1 minute, dans n’importe quelle direction. De
cette manière, l’esprit est invisible et peut ignorer tous les obstacles.
Ses sens restent toutefois les mêmes. Exemple : un PJ accède aux toits
d’une maison, il peut aller en repérage dans la pièce voisine, un éboulis
bloque le passage d’un tunnel, le PJ peut voir sur quelle distance et s’il
y a des survivants, etc.

52
 Personnages Prétirés

MARIBEL VARGAS : LA SCIENTIFIQUE

Ancienne mécanicienne ayant travaillé notamment sur les lignes
de chemin de fer reliant Célestopol à la station du pôle Nord.

Maribel Vargas fut longtemps bridée dans son évolution de car-

rière à cause de son origine mexicaine et de son sexe. Or, malgré
son jeune âge (25 ans), Maribel est une experte dans l’ingénierie
de pointe et notamment l’utilisation du fameux sélénium occu-
pant les canaux de la ville. Ses parents, aux revenus modestes,
ont fait beaucoup de sacrifices pour lui permettre d’étudier à
l’université de Célestopol d’où elle est d’ailleurs sortie major de
sa promotion. Pourtant, personne n’avait souhaité lui donner sa
chance avant Ernest qui tenait à avoir dans son agence une per-
sonne capable de réparer Polyphème, mais aussi de comprendre
les complexités de la technologie lunaire.

Maribel subit les moqueries amusées du reste de son équipe car

elle a tendance à parler seule, surtout quand elle répare ou exa-
mine un mécanisme, quel qu’il soit. Par ailleurs, c’est une véri-
table amatrice de peinture, qui connaît très bien les allées du
musée des Beaux-Arts.
ÂME (RÉS +0) CORPS (RÉS +2) CŒUR (RÉS +2) ESPRIT (RÉS +2)
Attraction Échauffourée Appréciation 3 Instruction 2
Artifice 2 Effacement 2 Arts 3 Merveilleux technologique 4
Coercition Prouesse 2 Inspiration Raisonnement 2
Faveur 2 Mobilité 2 Traque 2 Traitement 2

Aspects : sagace 2 ; déterminée 1

JAUGE DE BLESSURES
Anodin Dérisoire Négligeable Superficiel Léger Modéré Grave Dramatique

0 0 -1 -1 -2 -2 -3 Hors-fiction

A NOMA L I E
Technique Lors du test d’une Spécialisation d’Esprit, Maribel peut relancer les
2d8 jusqu’à deux fois lors d’un même scénario, mais doit conserver
Communication le dernier résultat.
avec les morts 2 Narratif Maribel rentre en contact avec l’esprit d’un défunt. Elle peut
lui poser une question fermée (réponse oui ou non). Exemple :
interroger la victime d’un meurtre, l’esprit d’un aïeul, etc.

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