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INITIATIQUE S
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Actualité de la Franc-Maçonnerie « 37
L'Actualité et la pérennité 43
Bibliographie . 54
TRAVAIL DE MAITRE
Discours prononcé à une réception de ce grade
le 16 septembre 1764
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enfin dans ce moment doit retracer une époque douloureuse, quoi
qu'elle ne soit pas consignée dans l'histoire la tradition qui lui
;
Celui que l'Ordre regarde comme tel, périt sous les coups
gemmés des tramtres qui l'assassinent, l'ambition aiguise leur poi-
gnard, l'avarice préside au complot et la perfidie guide leur main
sacrilège. Le Père de la Maçonnerie dont la mort même ne peut
ébranler la constance, expire avec son secret, victime de la trahi-
son et de sa propre fidélité. Tel est le précis du grade que vous
venez d'acquérir, précis sec, froid, monotone, et qui n'aurait pas
de quoi vous satisfaire, mes chers Frères, si vous n'en suiviez
l'allégorie dans tous ses points.
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ments de ceux qui composent cette respectable loge, les mettent
infiniment au-dessus du besoin d'instruction à cet égard les
vôtres, mes Frères nouveaux reçus, dont nous avons pour gage,
naissance, nom, éducation, état, esprit, m'auraient suffisamment
dispensé d'un si long détail, si je n'avais cru par ma place, en
vous ouvrant le sanctuaire de la vérité, être obligé de vous la
découvrir sans aucun voile c'est par cette route peu frayée du
vulgaire, que la Maçonnerie conservera toujours l'estime qu'elle
mérite la dignité de Maître à laquelle vous venez d'être élevés,
est le prix du rapport de vos sentiments aux nôtres, il exige qu'à
l'avenir nous communiquions avec vous de la façon la plus intime,
la plus complète, la plus ingénue c'est ainsi que, marchant à la
suite, de grade en grade, jusqu'au dernier but de notre association,
vous y reconnaîtrez toujours cette morale sage et solide, qui pré-
sentant d'un côté, sous les surfaces de nos allégories, tous les
monstrueux abus que le caprice, l'indiscrétion, l'avidité, l'orgueil,
l'ambition, l'amour et la haine peuvent enfanter, fournissent de
l'autre un antidote sûr, contenu dans les sages maximes de
l'Ordre, dans les vertus qu'il inspire, dont cette respectable loge
vous donnera des exemples constants, et qui conviennent, on ne
peut mieux, mes chers Frères, à la beauté de votre âme, et à ce
caractère que nous aimons en vous.
N.B. Il est bon de savoir tirer parti de tout. Les apologues sont
la meilleure de toutes les leçons, on ne peut ranger une hypothèse
dans la même classe que les fables en ce cas, celle de la mort
:
du Chef que les Maçons ont admise, deviendra une invention utile,
si l'on sait en prendre occasion d'admonester le vice et de prêcher
la vertu j'approuve l'entreprise, mais je voudrais qu'un Maître
fût soigneux de ne pas hasarder des paradoxes : par exemple, les
penchants vicieux de la nature, cette phrase n'est pas supportable,
les bons Philosophes ne peuvent la protéger. Justifie-t-on des
enfants criminels, en déshonorant leurs mères ? Les vices ne sont
point dans la nature, ils sortent au contraire de l'ordre et du
cercle qu'elle-même a circonscrit nous ne tenons pas d'elle le
goût et l'aptitude aux atrocités, mais l'abus des droits naturels
nous y conduisent quelquefois. Tout homme naît pour le bien, sup-
poser le contraire, c'est accréditer un blasphème : celui qui créa
tout, fit deux lots à droite, il plaça les vertus à gauche, la fatale
boite aux crimes il dit à l'homme : tu es libre, choisis les argu-
:
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Observation
La foule des grades qui suit immédiatement les trois pre-
miers, produit également un tas de discours analogues aux rêve-
ries qui sont l'essence de ces modernes inventions, on se dis-
pense d'en donner aucun de cette espèce, parce qu'il serait indé-
cent de dialoguer sur des objets, dont on croit d'ailleurs avoir assez
montré l'absurdité ou le ridicule au surplus, comme ces grades
:
n'ont pas une forme fixe, et qu'ils varient suivant la chaleur d'ima-
gination ou l'intérêt particulier de ceux qui les administrent, et
qu'en général, hors de la France, ils ont un très petit crédit, les
discours prononcés en conséquence ne peuvent intéresser ni ins-
truire. La Maçonnerie semble être parvenue à son nec plus ultra,
lorsqu'on arrive à l'Ecossisme, moyennant que par une juste esti-
mation, l'on rejette vingt-cinq chimères qui portent ce nom, pour
s'attacher au seul grade qui le mérite, et qui est connu de peu de
personnes. Comme il est assez simple que chacun soit de son
pays, l'on croit devoir donner la préférence à I'Ecossisme d'Ecosse,
intitulé de Saint André ; les choses sérieuses et raisonnables qu'il
contient vaudraient bien, si cela se pouvait, une dissertation par-
ticulière et lumineuse mais l'on se bornera aux prérogatives et
;
privilèges acquis aux Maçons qui ont obtenu ce grade, cette ébau-
che suffira pour en donner une idée avantageuse.
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DISCOURS
SUR LA MYTHOLOGIE
*
De la Mythologie des Anciens
mane et les génies percèrent cet oeuf brillant aussitôt les maux
;
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hommes heureux n'auront plus qu'une même vie, une même
langue et un même gouvernement. Théopompe écrit aussi que,
suivant la doctrine des mages, ces dieux doivent se combattre
pendant neuf mille ans, l'un détruisant ce que l'autre a fait, jus-
qu'à ce qu'enfin l'enfer soit aboli. Alors les hommes seront
bienheureux et leurs corps deviendront transparents. Le Dieu qui
a tout produit, se cache jusqu'à ce temps : cet intervalle n'est
pas trop long pour un Dieu mais il est semblable à un moment
de sommeil.
Nous avons perdu les anciens livres des premiers Perses.
Pour juger de leur mythologie, il faut avoir recours aux philosophes
orientaux de nos jours et voir s'il reste encore parmi les disciples
de Zoroastre quelques traces de l'ancienne doctrine de leur
Maître. Le célèbre M. Hyde, docteur de l'Eglise anglicane, qui a
voyagé dans l'Orient et qui savait parfaitement la langue du pays,
a traduit de Sharisthani, philosophe arabe du quinzième siècle,
les principes suivants : Les premiers mages ne regardaient point
les deux Principes comme coéternels mais ils croyaient que
;
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Après que cet historien eut décrit la vie et les moeurs des brah-
manes, il ajoute Ces philosophes regardent l'état des hommes
:
pendant cette vie, comme celui des enfants dans le sein de leur
mère. La mort est, selon eux, une naissance à une véritable et
heureuse vie. Ils croient que tout ce qui arrive aux mortels ne
mérite le nom ni de bien, ni de mal. Conformes aux Grecs en
plusieurs choses, ils pensent que le monde a commencé et qu'il
finira que Dieu qui l'a produit et qui le gouverne est présent
;
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lis enseignaient enfin « qu'après un certain nombre de métem-
psychoses, toutes les âmes seront réunies à leur origine, rentre-
ront dans la compagnie des dieux et seront divinisées. »
Je n'aurais pas regardé ces traditions comme authentiques et
je ne me serais point fié aux traducteurs du Vedam, si cette doc-
trine n'était pas parfaitement conforme à celle de Pythagore que je
viens d'exposer. Ce philosophe ne fit qu'enseigner aux Grecs ce
qu'il avait appris des gymnosophistes.
La découverte de ces sentiments uniformes et semblables
dans la Grèce, dans i'Egypte, dans la Perse et dans les lndes m'a
donné envie de pénétrer plus avant dans l'Orient et de porter mes
recherches jusques à la Chine. Je me suis adressé à ceux qui
entendaient la langue de ce pays, qui y avaient demeuré plusieurs
années de suite et qui en avaient étudié les Livres originaux. Ils
m'ont communiqué les traits suivants qu'ils ont traduits des anciens
Livres chinois qu'on a apportés dans l'Europe et dont ceux qui
entendent cette langue peuvent vérifier la traduction.
Dans les anciens Commentaires sur le Livre Yking, c'est-à-dire
le Livre des Changements, on parle sans cesse d'un double Ciel,
d'un Ciel primitif et d'un Ciel postérieur et voici comment on y
;
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sion. Il n'y avait ni vents impétueux, ni pluies excessives. Le
Soleil et la Lune, sans s'obscurcir jamais, fournissaient une
lumière plus pure et plus éclatante qu'aujourd'hui. Les cinq pla-
nètes suivaient un cours réglé sans inégalités. Rien ne nuisait à
l'homme et l'homme ne nuisait à rien. Une amitié et une harmo-
nie Liniverselle régnaient dans toute la Nature.
D'LIn autre côté le philosophe Hoainantsé dit en parlant du
Ciel postérieur Les colonnes du Ciel furent rompues la terre
:
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descendu sur la terre pour combattre les monstres. Il paraît que
la source de toutes ces allégories est une très ancienne tradition
commune à toutes les nations, que le Dieu Mitoyen à qui elles
donnent toutes le nom de Soter ou Sauveur, ne détruirait les
crimes qu'en souffrant lui-même beaucoup de maux : mais je n'in-
siste point sur cette idée. Je ne veux parler que des vestiges qu'on
trouve dans toutes les religions d'une nature élevée, tombée et
qui doit être réparée par un héros divin.
Ces quatre vérités règnent donc également dans les mytholo-
gies des Grecs, des Egyptiens. des Perses, des Indiens et des Chi-
nois. Voyons à présent la mythologie hébraïque.
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Il suit de là que toutes les créatures sont en quelque chose
semblables les unes aux autres et que l'homme ou le microcosme
ressemble au grand monde DLI au macrocosme le monde materiel,
au monde intelligible et le monde intelligible à l'archétype, qui
est Dieu.
C'est sur ces principes que sont fondées les expressions allé-
goriques des cabalistes. En dépouillant leur mythologie de ce mys-
térieux langage, on y trouve des idées sublimes et semblables à
celles que nous venons d'admirer dans les philosophes païens.
Voici quatre de ces idées que je trouve assez clairement énoncées
dans les ouvrages des rabbins rira, Moschech et Jitzack, dont Rit-
tangelius nous a donné les traductions dans la Cabale dévoilée.
1° Toutes les substances spirituelles, les anges, les âmes
« des hommes et même l'âme du Messie furent créées dès le
« commencement du monde. Le premier père par conséquent dont
« parle Moïse représente non un individu mais le genre humain
« entier gouverné par un seul chef. Dans ce premier état tout était
« éclatant et parfait rien ne souffrait dans l'univers, parce que
:
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4° Les âmes passent par plusieurs révolutions, avant que de
revenir à leur premier état mais après l'avènement du Messie,
;
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3° La Divinité s'est unie à la nature humaine, pour expier le
mal moral par son sacrifice. Le Messie viendra enfin dans sa gloire
pour détenir le mal physique et renouveler la face de la terre.
4° Ces vérités nous ont été transmises de siècle en siècle
depuis le déluge jusqu'à présent par une tradition universelle.
Les autres nations ont obscurci et altéré cette tradition par leurs
fables. Elle n'a été conservée dans sa pureté que dans les Livres
sacrés, dont on ne saurait disputer l'autorité avec aucune ombre
de raison.
On croit ordinairement que toutes les traces qu'on voit de la
religion naturelle et révélée, dans les poètes et les philosophes
païens, se doivent originairement à la lecture des Livres de Moïse
mais il est impossible de répondre aux objections que les incré-
dules font contre cette opinion. Les juifs et leurs livres furent trop
longtemps cachés dans un coin de la terre pour devenir la lumière
primitive des nations. Il faut remonter plus haut jusqu'au déluge
même. Il est étonnant que ceux qui sont persuadés de l'authenti-
cité des Livres sacrés, n'aient pas profité de cette idée pour faire
sentir la vérité de l'histoire mosaïque sur l'origine du monde, le
déluge universel et le rétablissement de la race humaine par Noé.
li est difficile d'expliquer autrement que par la doctrine que je
mets à la bouche de Daniel, l'uniformité de sentiments, qui se
trouve dans la religion de toutes les nations.
Voilà, ce me semble, les grands principes du christianisme
et voilà l'hommage que j'ai voulu lui rendre, en justifiant les
dogmes contre les vaines subtilités des esprits téméraires et
contre les préjugés superstitieux des âmes faibles.
FIN
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LETTRE DE M. FRERET A L'AUTEUR
SUR LA CHRONOLOGIE DE SON OUVRAGE
Nous donnons la lettre de Freret, car elle apporte des reoseigne-
ments précieux sur la chronologie des rois de Babylone et sur l'histoire
de la plus haute antiquité.
Monsieur,
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