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La cérémonie de l’augmentation de salaire de l’Apprenti comporte cinq « voyages » au

cours desquels lui sont dévoilés autant de cartouches affichant chacun une devise ou
maxime. C’est ainsi qu’il découvre l’impératif pour lui de « glorifier le travail ». Quelle
résonance peut bien avoir en lui, dans un XXIe siècle où le travail n’est plus qu’une
nécessité souvent d’ailleurs inaccessible, une telle expression ?

1La définition des deux termes donnée par le Centre National des Ressources Textuelles et
lexicales ne peut résoudre le problème sémiologique d’un point de vue maçonnique. La
glorification (subst. fém. Fin XIIIe-début XIVes. Glorificassion « action de glorifier »
(Légende des saints, ms. Bibl. Tours 1008, etc.). Emprunté au latin chrétien glorificatio
« exaltation, glorification »), ce terme ne pose guère de problème. Le travail, en revanche
(subst. masc., maison). Activité professionnelle) n’apporte pas un éclairage suffisant pour
rendre compte du sens que veut lui donner la franc-maçonnerie. Car dans les principes mêmes
de la Maçonnerie, le travail en loge est tout sauf professionnel.

2Nonobstant, il se pourrait que la devise implique une injonction ou un engagement, fait par
le Premier Surveillant, au grade d’Apprenti, lors de la fermeture des travaux : « Vénérable
Maître, nos Frères n’aspirent pas au repos, ils promettent de continuer, au dehors du
Temple, l’œuvre Maçonnique. »

3En suivant chronologiquement, dans les rituels au Rite Français et au Rite Ecossais Ancien
Accepté, l’évolution du 5e voyage et les commentaires des Vénérables sur le travail, il a été
possible d’appréhender le sens donné au mot travail.

4Cette étude a également permis de dater l’introduction des cartouches et de la Glorification


du Travail.

5Par contre, il s’est avéré impossible de connaître les raisons de l’introduction des cartouches
et de leur contenu, les archives du Grand Orient n’ayant pu conserver le rapport sur les
nouveaux rituels fait par Louis Amiable et daté de 1886 – seul document pouvant,
éventuellement, nous renseigner.

6Par ailleurs, un certain nombre de modifications ou ajouts paraissent liés au débat intense,
dans le monde profane, sur la nature du travail et la situation des travailleurs au XIX° siècle.
L’industrialisation et les changements politiques de l’époque, sous l’influence de l’analyse
marxiste relayée par les Internationales Ouvrières, pénètrent les temples.

Au XVIIIe siècle, la valorisation du travail


n’est pas celle du travailleur
7Depuis ses origines, le travail a eu une place importante dans la philosophie de la
Maçonnerie. Olivier Frayssé [1][1]Travail exalté, rapport salarial occulté, aux sources du…
rappelle que la valorisation du travail au XVIIIe siècle en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis
n’est pas une valorisation du travailleur. Car tout est placé sur le plan moral, tandis que
l’Ordre s’interdit toute activité dans la cité. L’instruction fondamentale est le respect de la loi
morale et le travail est le moyen de parvenir à la rectitude morale (…). L’article premier des
Constitutions d’Anderson 1723 débute ainsi : « Un Maçon est obligé par son engagement
d’obéir à la loi morale … »

8Il semble qu’il faille prendre le terme « loi morale » dans une acception religieuse, car ce
premier article des Constitutions d’Anderson s’intitule « Concernant Dieu et la Religion ».

9On peut formuler l’hypothèse que « les nobles et les bourgeois du XVIIIe siècle et d’une
partie du XIXe ne travaillaient pas (pas vraiment, sauf exception) et donc qu’il fallait montrer
aux “travailleurs” qu’ils étaient solidaires, qu’ils comprenaient leur souffrance et que même
ils la glorifiaient ». Une explication qui comporte certainement sa part de vérité, même si elle
n’est pas exclusive d’autres interprétations. En France, à partir de la fin du XVIIIe, le travail
est présent dans les rituels d’élévation au grade de Compagnon au Rite Français et au Rite
Ecossais Ancien Accepté.

10En 1782, le Grand Orient de France procède à la standardisation des rites « modernes » et,
en 1785, les rituels pour les trois premiers degrés en loge bleue sont établis. Un imprimeur
diffuse, en 1801, ces rites sous le titre : « Le Régulateur du Maçon » [2][2]Le Régulateur du
Maçon, par Pierre Mollier, A l’Orient, Paris,…, lequel ne mentionne pas de cartouches lors de
l’élévation au grade de Compagnon.

11Dans ce document, le 5ème voyage débute à Midi et l’impétrant est conduit par le Grand
Expert par main droite, le retour se fait à l’Occident et sans aucun outil. Les 4 voyages
précédents étaient faits avec des outils.

Un résultat du compagnonnage opératif ?


12Citons brièvement le Vénérable Maître s’adressant à l’impétrant : « Ce voyage vous figure
la 5ème année du temps de compagnonnage. Suffisamment instruit dans la pratique de l’Art, le
Compagnon doit employer cette année à l’étude de la théorie c’est pour cela que vos mains
sont libres ». C’est au travail de l’esprit (…) que tous vos pas se dirigent vers la
connaissance de la vérité, but unique que nous proposons (…)

13Il ressort des paroles du Vénérable Maître qu’au début du XIXe siècle, le lien avec le
compagnonnage « profane » est clairement fait.

14Le travail est un travail de l’esprit, l’étude de la théorie, avec la connaissance de la vérité
comme but unique. Le symbole c’est les mains libres. Le travail servait aussi de protection
contre la séduction « du vice et de la fougue des passions » par des efforts constants, ce qui
reste d’actualité à ce jour.

15Le Régulateur du Maçon concerne jusqu’en 1810 aussi bien la Grande Loge de France que
le Grand Orient de France.

16En 1858, le « Rite français dit de Murat » est défini, sous l’égide du Grand Maître le Prince
Lucien Murat, centré sur l’esprit de construction. Le discours du Vénérable Maître comporte
les mêmes symboles : la 5ème année du Comp∴, les mains libres suggérant le travail de l’esprit.
S’y ajoute une mise en garde contre les préjugés et un glissement de la connaissance de la
vérité vers les connaissances humaines. Les allusions au vice semblent remplacées par une
mise en garde contre les préjugés.
17Nous retrouvons le travail de perfectionnement mais aussi des symboles nouveaux : le
passage des travaux matériels aux travaux intellectuels; le Temple dont le Maçon est la
matière et l’artisan qui doit se rapprocher autant que possible de la perfection ; et le culte du
travail en tant que devoir.

18Jusqu’ici le travail reste essentiellement symbolique, c’est celui de « l’esprit » ; il est tourné
vers le perfectionnement maçonnique avec toutefois une référence au travail matériel profane.

Le positivisme d’Auguste Comte influence


les rituels à partir de 1879
19Le Grand Collège des Rites du Grand Orient de France décide, en 1879, d’abroger toute
référence religieuse dans le Rite Français, comme la référence au Grand Architecte de
l’Univers. Pendant l’année 1885, le Grand Orient pose, à ses loges, la question : « Quelles
sont les modifications qu’il convient d’apporter aux rituels ? ».

20L’année suivante voit la création d’une commission de 12 membres, présidée par Louis
Amiable, membre du Conseil de l’Ordre du GODF, qui révise le rituel dit de Murat de 1838.
Le nouveau rituel, élaboré en 1887, se réfère au positivisme, système philosophique
d’Auguste Comte, qui considère que le fondement de la connaissance repose sur l’observation
et l’expérience.

21Dans le rituel Amiable, le 5ème voyage se fait avec une truelle à la main, débute à midi et
finit au plateau du président où le cartouche « Glorification du Travail » est découvert. C’est
donc en 1887 qu’apparaissent, au Rite Français, la truelle, peut-être empruntée au Rite
Ecossais Rectifié, les cartouches qui sont de forme ovale couchée et l’épigramme
« Glorification du Travail ».

22Dans son introduction, le Vénérable Maître rappelle que les élèves de Pythagore devaient
faire 5 années d’études, afin (…) « qu’ils fussent en état d’enseigner à leur tour et dignes
d’être écoutés ». Une assertion qui évoque les règles du compagnonnage. La truelle est
définie comme le symbole de la glorification du travail et aussi comme instrument de
l’achèvement du travail du constructeur, en l’occurrence le Maçon. Citons le V∴ M∴ :
« L’humanité subsiste et ne se perfectionne que par le travail, c’est lui qui est le vainqueur de
la nature. C’est lui aussi qui nous améliore : il nous protège contre le vice ; il nous assure la
liberté ; il nous enseigne l’égalité et il nous mûrit pour la fraternité ».

23La première phrase nous fait entrer avec le travail dans le monde profane et, dans la
deuxième phrase, le « nous » peut laisser penser à une abolition de la frontière entre la
Maçonnerie et le monde.

24Suit une comparaison entre « les colonies animales et la société humaine » avec un accent
sur l’importance pour l’individu d’être utile à la société : « l’œuvre le plus humble a toujours
une certaine utilité sociale ». Sont blâmés ceux qui restent oisifs et inutiles !

25Le V∴ M∴ poursuit : « Mais aussi que cette Glorification du Travail ne soit pas un
hommage stérile rendu aux travailleurs. Retenons les enseignements de ce symbolisme.
Puisque les sociétés ne vivent que du travail de leurs membres, elles doivent préparer les
travailleurs de l’avenir par l’éducation et l’instruction, elles doivent empêcher l’oppression
de ceux qui travaillent avec leur bras et tout mettre en œuvre pour améliorer leur sort ».

Net glissement vers la définition profane du


travail à la fin du XIXe siècle
26Ce dernier paragraphe ressemble fort à une injonction faite au Compagnon d’intervenir
directement, ce qui semble faire référence à la loi du 16 juin 1881 dite de Jules Ferry.

27Le glissement du travail intellectuel et symbolique vers le travail dans le monde profane est
net dans les deux derniers paragraphes du discours du V∴M∴, s’ajoutant à l’introduction qui
implique que le Compagnon doit être « en état d’enseigner et digne d’être écouté ». Une
injonction qui, pour ne pas être explicite, peut s’appliquer également au rôle que le
Compagnon aura à jouer dans l’enseignement aux Apprentis.

28Le sens du travail se rapproche avec ce rituel de l’acception profane et le perfectionnement


Maçonnique paraît très ténu avec une seule mention pour l’amélioration du Maçon.

29Ce nouveau rituel du Rite Français est adopté par le Conseil de l’Ordre les 15 et 16 avril et
gardera sa forme initiale jusqu’en 1938, à l’exception de quelques modifications mineures en
1907 où le voyage débute à midi et s’achève au milieu du Temple et un ajout au discours du
V∴M∴ : « elles [les sociétés] doivent enfin mettre à l’abri du besoin ceux qui par l’âge ou
par les accidents sont devenus invalides du Travail. »

30En 1938, le Grand Maître du Grand Orient de France, Arthur Groussier, propose une
nouvelle réforme du rite qui marque un retour à une certaine orthodoxie. Le voyage se fait
avec la truelle et le cartouche prend sa forme triangulaire actuelle.

31Le V∴M∴ s’adresse ainsi à l’impétrant : « Mon Frère, la truelle que vous teniez à la main
pendant ce dernier voyage est l’outil par lequel l’œuvre du constructeur s’achève et devient
parfaite. Elle symbolise la Glorification du travail. Glorifions le travail : c’est par lui que
l’homme devient meilleur. Glorifions le travail : l’effort du plus humble des hommes peut
contribuer à un progrès de l’humanité. Glorifions le travail. C’est par lui que l’œuvre de la
franc-maçonnerie se poursuivra. C’est par lui qu’un jour la construction du Temple sera
parachevée. »

32Ce rituel saisit de façon remarquable l’essentiel du précédent, tout en renforçant à nouveau
l’idée de la primauté du travail maçonnique. Le Rite Français dit Groussier sera finalisé en
1955 sous l’autorité de Paul Chevalier.

33Le Cahier du Grade de Compagnon de 1981 n’apporte aucun changement au 5ème voyage,
par rapport au précédent.

34Enfin, au Rite Français, les derniers changements datent de 2002 (repris en 2009) en ce qui
concerne le 5ème voyage.
35Le voyage se fait dans le sens solaire, après que le V∴M∴ a donné la truelle en disant : « Je
te remets la truelle, la truelle est l’attribut du constructeur ».

36A la fin du voyage, après que l’impétrant a lu le cartouche Glorification du travail, le


V∴M∴ dit : « Mon Frère, la 5ème étape de la construction achève l’édifice. En glorifiant le
travail, utilise la truelle pour cimenter les matériaux et supprimer les inégalités de votre
construction. Par le travail, améliore l’homme, la société, et la Franc-Maçonnerie. Progresse
ainsi vers ton triple idéal ».

L’évolution du Rite Ecossais Ancien et


Accepté est parallèle et comparable à celui
du Rite Français sur ce point
37Avant de conclure, cet historique ne serait pas complet sans mentionner les rituels du
REAA dont l’évolution montre une proximité étroite avec le Rite Français et l’antériorité de
la glorification du travail. Rappelons que, jusqu’en 1810, les rituels sont identiques au Rite
Français dans les grades bleus, notamment le Régulateur.

38En 1810, dans le Guide des Maçons Ecossais, édité à Edimbourg, il est précisé que « Le
candidat a les mains libres ».

39Le texte lu par le V∴M∴ est nettement plus court que dans le Régulateur et n’explique pas
les mains libres. Il reprend une partie du Régulateur et notamment l’étude de la théorie, les
sentiers de la vertu et introduit la notion de perfectionnement, ainsi que l’idée que la
connaissance est destinée aux « travaux Maçonniques plus élevés »

40Les Rituels du REAA de 1829 et 1843 diffèrent peu du précédent rituel et ne comportent
pas de cartouches.

41Au Rite Ecossais, le Suprême Conseil émet en 1829 et 1842 d’autres rituels sensiblement
identiques en ce qui concerne le 5ème voyage et sans mention de cartouches. Le premier rituel
imprimé au REAA parait en 1877 et, à la page 91, concernant l’élévation au grade de
Compagnon, est mise en exergue à l’entête :

42Cinquième Voyage

43LES MAINS LIBRES

44Glorification du Travail

45Le voyage consiste en un tour de la loge finissant entre les Colonnes puis le Récip∴ est
ramené à sa place.

46Le Vénérable expose que le tablier est l’emblème du travail et que :

47« nous sommes avant tout des travailleurs (…). Pour nous, Maçons, le travail est un effort
soutenu de nos bras et notre esprit ayant un résultat utile. Le travail est matériel ou
intellectuel. (…) Votre éducation d’initié est terminée, il ne vous reste plus (…) qu’à rendre à
ceux qui viendront après vous l’instruction que vous avez reçue vous-même. Notre but
constant, à nous autres Maç∴, c’est : « la civilisation de la société par la propagation des
sciences, et l’amélioration de l’espèce humaine par la morale qui résulte de l’influence de
chaque particulier ».

48Il semble donc que c’est au REAA que la glorification du travail est introduite dans le rituel
et si l’importance du travail est nettement soulignée, il est aussi défini comme utile dès lors
que le bras et l’esprit se conjuguent.

49L’injonction de transmettre ainsi que « la civilisation de la société » par l’influence de


chacun sont des notions qui sont toujours présentes. Il est à remarquer que, hormis
l’introduction des cartouches aux environs de l’année 1900, le rituel au REAA ne subit pas ou
peu de modifications jusqu’en 1991.

50Selon ce rituel, le récipiendaire voyage mains libres, dextrorsum, fait le tour complet de la
loge, s’arrête au pied de l’Orient. Il retourne le cartouche et lit GLOIRE AU TRAVAIL.

51Le V∴M∴ expose que les outils utilisés lors des voyages sont ceux des compagnons
opératifs et précise que : « nous sommes avant tout des travailleurs (…) Le travail est la
grande vocation de l’homme, il lui est enseigné comme un devoir impératif. (…) Pour nous,
Francs-Maçons, le travail constitue une véritable mission ».

La Franc-maçonnerie, religion du travail ?


52Après avoir évoqué la coopération du Maçon au grand œuvre selon le plan du Grand
Architecte de l’Univers, il affirme : « La Franc-Maçonnerie, mon Frère, est une véritable
religion du travail ». Il termine par une ode au travail dans laquelle sont repris les concepts
tels que la vertu maçonnique et le devoir sacré de l’homme libre. Il précise encore que le
travail préserve des passions lâches et mauvaises et de la corruption du vice, tandis qu’il
procure l’estime de nous-même et nous rend utiles aux autres.

53Enfin, il est dit du travail qu’il « nous assure la liberté, nous enseigne l’égalité et mûrit nos
âmes pour la douce Fraternité ». Ce rituel parait comme une synthèse de l’ensemble des
rituels depuis Murat.

54On constate donc que le travail est, selon les rituels, dans le temps, tour à tour défini
comme manuel et/ou intellectuel et qu’il vise tout à la fois l’amélioration de l’homme et de la
société. C’est un travail maçonnique en loge et un travail profane dans la cité.

55Ces deux aspects sont également considérés comme le devoir, voire le but, de tout Maçon
et de la Maçonnerie Universelle.

56Bien que la démarche initiatique ne soit mentionnée que tardivement, dans les rituels du
REAA, elle est sous-jacente partout. Il convient de se souvenir qu’il s’agit de l’augmentation
de salaire de l’Apprenti !
57Citons ici Oswald Wirth, malgré son conservatisme, qui dit dans La Franc-maçonnerie
rendue intelligible à ses adeptes [3][3]L’Apprenti, Dervy-Livres, 1984, p. 123. sa vision du
parcours du Maçon, aux alentours de la fin du XIXe siècle : « La Franc-Maçonnerie vise à
former des Initiés, c’est-à-dire des hommes dans la plus haute acception du mot ».

58L’apprenti a comme objectif de se connaître et ne participe pas au travail de la loge qu’en


donnant sa manière de percevoir. Ce travail de « développement de soi » dans le silence et
l’écoute, loin d’être passif, ouvre à l’appartenance approfondie à la loge et le prépare à la
phase suivante, plus « participative ».

Travailler, oui mais comment et pourquoi ?


A l’amélioration de l’homme et de la société
59Par ce travail sur la pierre brute, l’Apprenti saisit le véritable objectif du Franc-Maçon :
travailler au perfectionnement de lui-même et de l’humanité.

60Il semble donc que la Glorification du Travail ne saurait être enseignée à un autre moment
du parcours maçonnique car, avant de pouvoir prétendre à transmettre et à diriger les travaux,
il faut avoir le sens du Travail, de la construction de tout. Irène Mainguy dit :

61« La glorification du travail par l’homme du métier correspond à un état d’esprit orienté
vers la perfection de la construction. Une manière d’être et de vivre en répercutant en toutes
choses un art et une éthique de comportement. Cette attitude nécessite dans la réalisation de
l’ouvrage ou de l’œuvre à accomplir au quotidien la vigilance et la conscience de
l’instant ». [4][4]La symbolique maçonnique du 3e millénaire, par Irène Mainguy.

62Notre société fait face à une réelle dépréciation de la valeur du travail, l’environnement
professionnel se durcit et de plus en plus de personnes se trouvent sans emploi. Cette société
se débat dans une crise mondiale marquée par la montée de l’individualisme et ou le monde
de la finance semble déconnecté du travail productif. C’est une mutation dont personne ne
connaît ni la dimension ni le résultat.

63La Glorification du Travail doit garder, plus que jamais, sa place dans la maçonnerie pour
que, dans la loge, la réflexion sur le travail du Maçon et son perfectionnement soit poursuivie.

64Dans la cité, le Maçon pourra ainsi être le moteur d’une mobilisation pour le respect du
travail bien fait. Il devra propager l’idée de la valeur du travail en tant qu’outil du progrès des
individus et de humanité.

Notes
 [1]
Travail exalté, rapport salarial occulté, aux sources du paradigme « anglo-saxon »
du travail, par Olivier Frayssé in « Travail et emploi », textes réunis et présentés par
M. Azuelos.

 [2]

Le Régulateur du Maçon, par Pierre Mollier, A l’Orient, Paris, 2004, in Le Guide des
Maçons écossais, de la même époque.

 [3]

L’Apprenti, Dervy-Livres, 1984, p. 123.

 [4]

La symbolique maçonnique du 3e millénaire, par Irène Mainguy.

Mis en ligne sur Cairn.info le 28/05/2021

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