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Bonne et Heureuse Année pour vous, lectrices et

lecteurs de cette édition du FIL. Bonne et Heu-


reuse Année aussi pour votre loge ! Que l’entente
règne parmi vous !

Bien sûr l’époque que nous vivons n’est pas vrai-


ment radieuse et il nous faut résister et endurer. Il
nous faut favoriser l’émergence d’une résilience
nécessaire et indispensable pour transformer ce
vieux monde ! A nous de contribuer à ce change-
ment, sans surestimer les capacités de la dé-
marche maçonnique mais aussi sans la dévalori-
ser !

FIL est un outil pour vous aider à mieux vivre en


loge ! Merci pour la confiance témoignée !

Matéo Simoita

Directeur de la publication

Au sommaire de ce numéro de FIL (28 pages)

1. La Loge dans la cité : Quand une loge laisse 7. Un rite en loge : Le rite Ancien et Primitif
une trace dans l’histoire d’une ville ! de Memphis-Misraïm
8. Un poème en loge : Eloge de la poésie !
2. Quel avenir pour la loge ? La loge, une ma-
trice pour une maïeutique à repenser ! 9. Un rite, une question : Une autre manière
de comprendre le Rite Ecossais Rectifié
3. Philosophie en loge : Les théories de la Re-
10. Un site pour la loge : Quand la loge s’exté-
connaissance
riorise sur le web !
4. Un geste en loge : Le baiser maçonnique 11. Humour en loge : Fouilles Curieuses d'un
5. Un office en loge : Le ou la Grand Expert- Maçon Polisseur
e, l’esprit du rite ! 12. On en parle en Loge : Un article du
« Monde » à propos du mot « Frère » !
6. La Loge, un groupe en mouvement : Etre
heureux en loge ? Comment y parvenir ? 13. Bonnes pages : « 14 – Le Fil à plomb et
la « DEEP ECOLOGY »

FIL N° 4—Page 1
Quand une loge laisse une trace
dans l’histoire d’une ville !

Lorsqu’une loge le veut, elle peut !


A l’occasion du bicentenaire de la révolution française en 1989 , le GODF avait incité les loges à créer des actions aussi bien
maçonniques que profanes pour commémorer cet événement fondateur de la reconnaissance des Droits de l’Homme.

C’est ainsi que la loge Equerre de Moulins-sur-Allier décida de solliciter un sculpteur, Yves Ribardière, afin qu’il réalise un bas
relief symbolisant les représentants bourbonnais des trois ordres.

Ce bas relief fut offert à la mairie de Moulins et il a été installé dans le grand escalier de l’hôtel de ville !

Chacun peut admirer cette œuvre mémorielle à l’occasion d’une visite dans la préfecture de l’Allier.

FIL N° 4—Page 2
La loge, une matrice pour
une nouvelle maïeutique !
d’un changement de paradigme qui
doit être en concordance avec les
trois valeurs platoniciennes que sont
le Beau, le Bon et le Juste.

Pour acquérir une crédibilité, il


me semble que l’on pourrait ima-
giner le travail en loge en retrou-
vant l’essence même de l’athanor
des occultistes : faire de la loge
une matrice capable, grâce au
rituel, de transformer non pas
l’être humain mais le groupe hu-
Aujourd’hui, il est clair que le fonc- volonté de produire une transforma- main que constitue l’ensemble
tionnement de la loge pose pro- tion du groupe des membres de la
des sœurs et /ou des frères d’une
blème ; sa gouvernance sur le mode loge ?
loge !
actuel, dirigiste et souvent laxiste,
Cette transformation est une véri-
n’est pas facile. Une plus grande au- Dans une société moderne qui prend
table maïeutique collective fondée
thenticité dans les relations interper- conscience que le paradigme du
sur une critique de ce qui a été tenté
sonnelles est réclamée par des sœurs XVIIIème siècle n’est plus adapté aux
depuis des siècles. Aujourd’hui, le
et des frères. La maladie de la cordo- exigences intellectuelles contempo-
travail en loge doit prendre en
nite et la confusion entre degrés et raines, la loge pourrait être une réelle
compte plusieurs contraintes et en
hiérarchie apparaissent en contradic- matrice à l’intérieur de laquelle une
particulier :
tion avec l’objectif ésotérique et maïeutique initiatique pourrait pro-
éthique. • L’atavisme du machisme sociétal duire ses effets sur le groupe humain
et la violence qui l’accompagne, constitué par celles et ceux qui ont lié
Ces critiques ne mettent pas en cause
leur avenir dans une démarche initia-
le modèle initial tel qu’il a été mis en • La spécificité féministe qui se
tique maçonnique.
place par nos précurseurs : des êtres heurte encore à bien des obs-
humains libres dans une loge libre tacles,
pour se transformer ! • L’approche nouvelle de la spiri- Matéo Simoita
La loge reste l’élément structurant de tualité qui doit prendre en
la franc-maçonnerie à condition compte la non-croyance comme
qu’elle joue son rôle. une de ses composantes,

L’originalité du travail en loge maçon- • L’universalisme contemporain.


nique ne consiste-t-elle pas dans la Tout cela rentre aussi dans le cadre

Fil — Infos Loge

Magazine maçonnique numérique gratuit men-


suel. Pour le recevoir, faîtes la demande via
fil.infosloge@gmail.com
Directeur de la publication : Mateo Simoita

FIL N° 4—Page 3
Trois loges s’engagent

Vous invitent à une TBF le mercredi 7 février 2024 à 20H Temple Arthur Groussier (n°1)

FIL N° 4—Page 4
Les théories
de la reconnaissance
On assiste aujourd’hui
à une explosion des
attentes et des de-
mandes de reconnais-
sance.
Ces demandes concernent
aussi bien des droits fonda-
mentaux – les libertés civiles
et politiques par exemple –
que des droits spécifiques que
l’on cherche d’ailleurs de gré
ou de force à intégrer dans le
groupe des droits fondamen-
taux : demande de reconnais-
sance d’une spécificité cultu-
relle, ethnique ou religieuse;
demande de reconnaissance
de la légitimité des langues
minoritaires; demande de re-
connaissance relevant du
« genre ».

Il n’est pas jusqu’aux négo-


ciations économiques entre
les différents agents qui ne
soient porteuses d’attentes de
reconnaissance, même lors-
que l’on doit négocier sur de
simples questions de pouvoir
d’achat.

Alors que l’essentiel des con-


flits politiques et sociaux avait
porté depuis au moins deux
siècles sur la question de la
propriété et des revenus,
mettant au premier plan
l’aspiration à une répartition
plus égale des richesses, ils
se structurent et se formulent
désormais aussi dans le lan-
gage du droit à une égale re-
connaissance, sans que l’on
soit toujours très clair sur les
objets et les conséquences de d’en comprendre la significa- richesse polysémique
ces revendications. tion philosophique et symbo-
lique et voir comment de du mot
Cela m’a frappée car en franc telles attentes ont pu éclore « reconnaissance »,
-maçonnerie, nous avons au dans nos sociétés. du verbe reconnaitre.
1er grade cette affirmation :
Pour faire une synthèse, les 3
- Es tu FM Avant toute chose et sens fondamentaux de la re-
- Mes FF/SS me recon- simplement par esprit connaissance sont :
naissent pour tel-le. de système je vou- 1. Saisir (un objet) par l'es-
drais rapidement sou- prit, par la pensée, en reliant
Je vais donc remonter à la
source de ces questions de ligner l’extraordinaire (Suite page 6)
reconnaissance pour tenter

FIL N° 4—Page 5
(Suite de la page 5)

entre elles des images, des


perceptions qui le concer-
nent ; distinguer, identifier,
connaître par la mémoire, le
jugement ou l'action.»
2- Accepter, tenir pour vrai
(ou pour tel). »
3- Témoigner par de la grati-
tude que l'on est redevable
envers quelqu'un de (quelque
chose, une action).»
Il est possible que tous ces
sens du mot se télescopent
dans la formule « Mes FF/SS
me reconnaissent pour tel-
le »
Mais revenons à nos de-
mandes sociales de reconnais- sance, je dirais même bien au ment au moment où l’ancien
sance qui sont très fortes au- contraire. Je vais rapidement ordre féodal, basé sur les
jourd’hui et qui nous parais- tenter de dégager les lignes états et sur leurs codes com-
sent quasiment aller de soi. d’appui de la notion au tra- portementaux spécifiques,
En s’y intéressant de plus vers des points de vue de cède progressivement la place
près, on va voir que, comme Hobbes, Rousseau, Hegel à la société de classes mo-
beaucoup de concepts ou de avant de compléter avec Hon- derne, que la question de la
normes, celle-ci a été prépa- neth. reconnaissance sociale se
rée, élaborée, mûrie par des pose avec virulence dans une
Avant Hegel, la demande
intellectuels, des philosophes, grande partie de l’Europe.
de reconnaissance indivi-
qui, longtemps avant les
duelle n’était pas forcé- Mais, pour lui c’est le concept
autres, ont compris et antici-
ment valorisée d’amour-propre qui en dérive
pé les évolutions sociales et
le plus naturellement, amour
sociétales. Rien en tombe ja- Hobbes, dans les premiers, a
propre qui implique le désir de
mais tout seul de l’arbre. bien compris que ce ne sont
se montrer meilleur, excel-
pas tant des besoins phy-
lent, supérieur, plus distingué
siques, mais avant tout le dé-
aux yeux de ses semblables
Histoire de la théorie sir psychologique de distinc-
et qui mène à singer la vraie
de la reconnaissance tion et d’honneur qui a
grandeur, la vraie noblesse,
d’abord poussé les hommes à
Il est maintenant établi que, lesquelles n’ont pas besoin du
rechercher la compagnie
en ce qui concerne la re- regard d’autrui.
d’autres hommes, et donc à
cherche d’un principe direc- vivre dans des collectivités Ce concept d’amour propre
teur d’une théorie de l’ordre sociales. Mais l’idée de n’est pas en conséquence po-
politique, la prédominance du Hobbes s’arrête là, et il se sitif mais au contraire jugé
marxisme a perduré en Eu- concentre sur ce qui fait sur- plutôt négatif ; Pour ces philo-
rope jusque dans les années tout la stabilité du corps social sophes, cela revient à être
80. à savoir que chacun est si dépendant du jugement d’au-
Hegel (1802, 1805) est un préoccupé par sa sécurité que trui. Le risque est alors de
philosophe qui a notamment chacun veut avant tout con- perdre, au profit d’une sotte
travaillé sur la reconnaissance tracter avec un vanité, notre propre indivi-
en toile de fond de ses écrits. « souverain » (un pouvoir) qui dualité.
s’en porte garant.
Avant lui Hobbes (1532), Ma- Il n’est donc pas du tout évi-
chiavel (1561), mais égale- Il faut arriver à Rousseau dent que les demandes de
ment Rousseau s’y sont inté- pour que la question de la re- reconnaissance soient pour
ressés sans pour autant en connaissance soit plus préci- les philosophes jusqu’à la fin
arriver à la valorisation ac- sément étudiée et ce n’est du XVIII° siècle
tuelle du besoin de reconnais- pas un hasard car c’est seule-
(Suite page 7)

FIL N° 4—Page 6
(Suite de la page 6) accepte de se faire recon- négliger le fait que ce désir
naître. est également un désir d’être
Les théories de Hegel reconnu. Chacun commence
Un être humain ne conquiert
Sans nous attarder, il faut donc par vouloir être reconnu
son humanité qu’en risquant
rappeler brièvement les théo- par l’autre sans reconnaître
de la perdre. Ce processus
ries de Hegel sur la question l’autre : le rapport primordial
inéluctable d’autocontradiction
de la reconnaissance. entre les hommes ne peut
est la loi de toute réalité : He-
alors être qu’un con-
Dans son livre, gel le nomme la « dialectique
flit. L’être humain est voué
« Phénoménologie de ».
au risque, et la mort est à
l’Esprit », un chapitre s’inti- Si le désir de reconnaissance l’horizon de tous les risques.
tule « La vérité de la certi- n’est pas considéré une aber-
tude de soi-même ». Hegel Toutefois, remarque Hegel, si
ration regrettable de notre
nous annonce ainsi que ce qui le désir de reconnaissance
comportement, mais ce qui
est en jeu dans le désir de oblige deux combattants à
fait de nous des êtres hu-
reconnaissance, c’est la véri- risquer leur vie, il leur interdit
mains, il en résulte trois con-
té elle-même : chercher à se en même temps de le faire
séquences. La première est
faire reconnaître, c’est une jusqu’au bout, puisqu’on ne
que le désir de reconnais-
façon de chercher la vérité. saurait être reconnu par un
sance est le principe fonda-
mort, ni quand on est mort.
Si quelqu’un renonçait à la mental de tous nos désirs hu-
C’est le dilemme du voyageur
reconnaissance, il renoncerait mains. . La seconde concerne
à qui on crie « la bourse ou la
du même coup à la vérité. Se- le désir qu’il faut distinguer du
vie ! » : il faudrait être parti-
rait-il alors dans l’erreur ? besoin. Le désir nous place en
culièrement stupide pour
Non, il s’en tiendrait, nous dit relation avec ce qu’autrui dé-
s’imaginer avoir le choix entre
Hegel, à la simple certitude de sire ou non, et donc en con-
sauver sa vie en sacrifiant son
soi-même. Il aurait la certi- formité (nous sommes confor-
argent « ou bien » sauver son
tude d’être un « moi », mais il mistes) ou en opposition
argent en sacrifiant sa vie !
renoncerait à se modifier lui- (nous sommes anticonfor-
même, à se dépasser. Il pré- mistes). Toujours dans le Cette dialectique aboutit
serverait son animalité, rien cadre de la reconnaissance. à une absurdité : Celui
de plus. La troisième conséquence, qui est reconnu ne l’est
Car seul l’être humain accède enfin, est celle que Hegel met donc pas par un égal,
à la conscience de soi, mais il particulièrement en valeur. mais par un inférieur,
ne peut y accéder que s’il sort Quand chacun, pour être re- par un être qui renonce
de lui-même, s’il prend le connu, cherche à capter le de son côté à la recon-
risque de l’objectivation, s’il désir d’autrui, il doit d’abord naissance.
Il a besoin de cet inférieur,
qui est l’intermédiaire néces-
saire entre lui et la satisfac-
tion de son désir. Voilà la dia-
lectique du maître et de l’es-
clave, qui est le fondement, le
socle de toutes les théories
marxistes du travail.
Dans le travail, note Hegel,
l’être humain voit son désir
retardé : ce n’est que plus
tard, en recueillant les fruits
de son travail que le prolé-
taire pourra accéder à la sa-
tisfaction de ses désirs, alors
que le maître en jouit immé-
diatement puisqu’il profite du
travail d’autrui.
Hegel a donc bien construit sa
(Suite page 8)

FIL N° 4—Page 7
(Suite de la page 7) lutte pour la reconnaissance. reconnaissance :
Cette conception de la socié- Exprimée comme le fait Axel
philosophie sur le désir de re-
té, A. Honneth l’assoit sur une Honneth, et surtout compte
connaissance mais il n’en a
certaine compréhension de tenu de notre expérience con-
pas fait le moteur des luttes
l’homme, celle d’un être qui temporaine de la question de
sociales, il a dérivé immédia-
pour être épanoui, pour avoir la reconnaissance, la théorie
tement sur les besoins écono-
une relation harmonieuse à lui semble évidente, mais elle
miques, formes pour lui fi-
-même, a besoin des autres. pose néanmoins de nombreux
nales, des demandes de re-
De leur amour, de leur consi- points d’interrogation.
connaissance.
dération, de leur respect, tant
dans leur regard que dans • La reconnaissance se
leurs jugements et leurs com- limite-t-elle au registre
Les théories d’Axel portements. A. Honneth dis- des relations primaires
HONNETH tingue trois principes de re- (amour, amitié), des
connaissance dans nos socié- relations juridiques
Axel Honneth a repris la ques- tés modernes qui déterminent
tion de la reconnaissance pour
(droits) et de la com-
les attentes légitimes de cha-
en faire le pivot d’une nou- munauté de valeurs
cun.
velle théorie de la société. (solidarité) ?
L’amour, dans la sphère de
Honneth entend rompre avec l’intimité, qu’il soit familial, • Quand une lutte pour
les conceptions instrumen- amoureux ou amical, est in- la reconnaissance se
tales et utilitaristes du conflit dispensable pour parvenir à la termine-t-elle ?
social où seuls priment les confiance en soi.
intérêts économiques afin de • Qui doit être reconnu ?
privilégier une grammaire Dans la sphère des relations
• Par qui ?
morale des luttes sociales. politiques et juridiques, le
En articulant philosophe so- principe de l’égalité prévaut : • Qu’est-ce qui doit être
ciale et sociologie comme ou- chacun doit avoir les mêmes reconnu ?
til d’un diagnostic du temps droits que les autres pour
présent, le philosophe cherche avoir le sentiment qu’on le • Comment ?
à mettre en évidence le lien respecte. C’est la reconnais-
• Quelles formes de re-
entre la naissance de cer- sance des droits
connaissance (prise de
tains mouvements sociaux Enfin dans la sphère collec- parole publique, res-
(mouvements de révolte, tive, l’individu doit pouvoir se
de protestation et de résis-
ponsabilités, visibilité,
sentir utile à la collectivité, il
tance) et l’expérience mo- etc.)?
doit avoir le sentiment que
rale du mépris. l’on prend en considération sa • Qu’en est-il des rap-
Pour A. Honneth, la société contribution, que ce soit par ports entre les deman-
n’est pas un agrégat d’indivi- son travail ou par ses valeurs. deurs et les distribu-
dus égoïstes mus par le calcul C’est la reconnaissance cultu- teurs de reconnais-
rationnel de leurs intérêts. Les relle qui permet l’estime de
sance ?
hommes ont des attentes soi.
morales. Les mobilisations et Je souligne que je me suis • Quels types de liens les
les luttes sociales ne visent concentré sur les théories minorités entretien-
pas seulement à obtenir des d’Axel Honneth mais que nent-elles avec la ma-
avantages matériels, elles cette question de la recon- jorité ?
sont des « luttes pour la re- naissance a été abordée, étu-
connaissance ». Certaines • Comment s’effectue le
diée et disséquée par de nom-
émotions négatives telles que breux autres philosophes, psy passage d’une recon-
la honte, la colère ou l’indi- etc…surtout à partir des an- naissance dans la
gnation ressentie face à nées 1990-2000, mais je ne sphère individuelle à
l’injure ou au mépris pour- peux pas alourdir cette celle dans des groupes
raient constituer la motivation planche avec trop de con- ou des mouvements
affective dans laquelle s’enra- cepts. sociaux ?
cine la lutte pour la reconnais-
sance. Le manque ressenti à • Toutes les revendica-
travers l’expérience du mépris tions de reconnais-
Les problèmes que
pousse les individus à s’enga-
ger par réaction dans une pose cette notion de (Suite page 9)

FIL N° 4—Page 8
(Suite de la page 8)

sance sont-elles justes


et légitimes ?
• Une politique de la re-
connaissance est-elle
non pas par égalité effective mandent les travailleurs, c’est
possible ? (Quelles re- des droits mais au contraire la reconnaissance de la
lations établir entre la par différenciation de ceux-ci contribution qu’ils appor-
redistribution (afin de sur des critères ethnocultu- tent à la production, d’une
pallier des injustices rels. part, à la coopération,
économiques) et la re- d’autre part.
Je veux être reconnu dans ma
connaissance (afin de spécificité, parce que je suis C’est la reconnaissance de
pallier des injustices d’une autre religion, que j’ap- leur travail, pas vraiment
culturelles) ? partiens à un autre pays, que d’eux-mêmes comme per-
j’ai un physique, une orienta- sonnes, qui est recherchée.
• Le bénéfice du succès
tion sexuelle, une façon d’être
des luttes sociales Et se posent aussi toutes les
minoritaire au sein d’un col-
pour la reconnaissance questions relatives à la ma-
lectif etc…
doit-il se mesurer en nière d’accorder cette recon-
termes de bien-être De ce fait, les demandes de naissance.
reconnaissance finissent par
(individuel ou collectif) Rendre une pratique ou un
éparpiller, éclater, disperser
ou en termes de jus- acteur visible est-ce pour au-
toute la collectivité qui
tice ? tant lui accorder une recon-
n’existe plus, chacun, chaque
naissance ?
• Pourquoi ne s’intéres- groupe ayant des spécificités
qu’il faudrait reconnaitre … Ce n’est pas si simple et re-
ser qu’à la « face né-
quiert donc de comprendre,
gative de la reconnais- Certes, mais au regard de
peut-être au cas par cas, ce
sance (la stigmatisa- quel ensemble, en comparai-
qui sera ou non reçu comme
tion, l’illégitimation, le son de quelle majorité ?
reconnaissance.
déni de valeur, le mé- On se trouve même devant
Les individus mobilisent en
pris, la condescen- l’impossibilité de répondre
réalité, pour parler de recon-
dance, l’humiliation, aux demandes de reconnais-
naissance, plusieurs critères
l’indifférence, l’aban- sance, à cause de la pluralité
de justice différents et sou-
don) »? des demandes et donc par
vent contradictoires : égalité,
concurrence entre elles.
• L’argent est-il, « au mérite, autonomie. Ils font
En outre, je remarque que exploser l’évidence et l’unité
moins dans le monde
dans le courant des vies, les de la reconnaissance.
du travail, un medium identités, quoiqu’en disent les
acceptable au service Je peux estimer que mon mé-
demandeurs, ne sont jamais
d’une politique de la rite n’est pas reconnu parce
fixes, clouées, immuables,
que ma progression salariale
reconnaissance ? » mais peuvent toujours évo-
est liée à l’ancienneté, tandis
luer, changer, muter. Sans
• De quelle manière peut que mon collègue peut soute-
quoi elles deviennent de nou-
-on penser concrète- nir que précisément ce sys-
velles prisons et les luttes
ment les différents tème est juste car il reconnaît
peuvent devenir complète-
processus d’intégra- l’égalité des salariés par
ment aliénantes.
exemple.
tion sociale fondée sur
Si je prends l’exemple du tra-
la reconnaissance ? Il y aurait vraiment beaucoup
vail, on peut considérer que la
à dire sur la reconnaissance
• Faut-il abandonner les reconnaissance de l’être (de
au travail et d’autres pen-
exigences écono- la personne, d’une personne)
seurs, sociologues, psy, an-
miques au profit de ces s’avère souvent contre-
thropologues en ont parlé
productive.
exigences morales ? abondamment. C’est pourquoi
Elle génère encore davantage je ne peux que soulever des
Car, bien entendu, certains
de sentiments d’injustice par- questions et éviter d’entrer
groupes sociaux revendiquent
mi les travailleurs. Ce que de-
le droit à la reconnaissance (Suite page 10)

FIL N° 4—Page 9
(Suite de la page 9) l’œil, la considération, l’estime aussi profondément humaine
des autres était nécessaire. et humaniste !
dans une discussion bien trop
Et si je ne suis pas encore, Je suis reconnue dans une
lourde pour une simple over-
comme AA, capable de me communauté, j’y suis accep-
view.
définir de manière autonome, tée, intégrée, comme une
ce sont mes SS qui me don- personne individuelle, chargée
nent en miroir l’assurance que de toutes les particularités qui
Conclusion : j’ai bien les qualités requises sont les miennes, mais je suis
Je vais m’arrêter là, laissant pour exister dans le Temple aussi intégrée parce que je
je le sais beaucoup de points avec les autres. suis l’égale de toutes les
d’interrogation mais je vais autres, j’accepte les règles de
Je suis reconnue comme fai-
conclure avec nos réponses conduite de toutes les autres,
sant partie de la communau-
maçonniques rituelles et ten- qu’elles s’appliquent d’ailleurs
té, à titre individuel, non pas
ter d’en comprendre l’origina- à elles mêmes autant que je
parce que je me distingue des
lité et le bien fondé les applique pour moi-même.
autres et que je suis une mi-
norité, mais bien parce que je Une jolie leçon d’humilité, et
Es tu FM ? me conforme à un standard, une des conditions d’un vivre
le même pour toutes, qui me ensemble apaisé et …
Mes SS me reconnaissent apaisant !
pour telle. confère, avec ce que j’ai déjà
vécu par mon initiation, la Odile G.-V.
qualité de FM et le droit de
Voilà qui parait bien plus re- siéger avec mes SS dans
posant et clair que toutes les le Tem.
théories sociales. Que de différences avec les
La petite société que nous for- revendications sociales ac-
mons a compris à quel point tuelles hors FM! Et combien
le besoin de reconnaissance cette vision, qui restitue au
était important et combien collectif toute sa valeur, est

Un projet qui ne vivra que si vous y participez !


Vous! Que vous soyez grand et puissant ou anonyme et sans moyen !
La démarche maçonnique est un école d’humilité ! L’être humain dans sa solitude n’est rien ! Un jour ou l’autre
il disparaîtra et on l’oubliera ! Les décorations qu’il a pu avoir, la fortune qu’il aura amassée, l’engagement qu’il
aura exprimé, tout cela est peu de chose et finira dans la poubelle de l’Histoire !
Seule la dimension collective a des chances de perdurer ! C’est la perspective qu’offre la loge ! C’est pour elle
que notre existence et notre dévouement peuvent avoir un sens !
FIL, avec son projet éditorial, est ouvert à toutes celles et tous ceux qui croient dans la capacité des loges à pren-
dre une place plus grande dans la vitalité maçonnique !

Nous croyons en la gratuité, dans le bénévolat et aussi dans le mécénat comme valeurs maçonniques ! Les con-
flits d’intérêt sont une source d’aliénation de notre liberté fondamentale !
Aujourd’hui vous êtes près de 1 200 à recevoir cette édition de FIL ; le contenu a été rédigé par quatre collabora-
trices et collaborateurs ! Nous envisageons aussi une édition papier qui serait distribuer gratuitement aux loges
qui en feraient la demande. N’hésitez pas à nous critiquer, à suggérer des innovations ! Pour que ce projet vive
et joue son rôle chacun-e a un rôle à jouer ! Merci pour votre soutien !
Matéo Simoita—Directeur de la publication

FIL N° 4—Page 10
Le baiser maçonnique
On définit le baiser comme ralement par trois : il s’agit d’un
l’apposition des lèvres sur une frottement des joues sans réel bai-
ser ; le premier sur la joue droite de
partie du corps de celui ou de celui qu’on salue, le second sur la
celle auquel ou à laquelle il est joue gauche et le troisième à nou-
destiné. veau sur la joue droite .

Le baiser est un geste culturel Il faut noter que dans les loges afri-
qui n’est pas pratiqué dans caines on ne pratique généralement
pas l’accolade mais un fraternel et
toutes les régions du monde. triple affrontement des fronts.
de Paul « Salutate invicem in osculo
Ce geste peut avoir plusieurs sancto » (Saluez-vous les uns les
autres avec un saint baiser) (2ème Le baiser maçonnique
sens :
épître aux Corinthiens) ou dans proprement dit
«Saluez tous les frères par un saint
• Affectif baiser » (I Thessaloniciens 5 :26).
On peut en décrire deux formes :
• Protecteur
• Déférent Il faut distinguer le baiser • le baiser sur la joue dans le
• Erotique cadre d’une accolade modifiée
maçonnique de l’accolade
A propos de l’accolade, il y a parfois • Et le baiser sur le front qui est
Les maçonnes et les maçons une confusion avec « la colade » qui le véritable baiser maçonnique
ont coutume de se saluer phy- est d’origine chevaleresque. symbolique
siquement ; dans le monde
L’accolade maçonnique se fait géné- Le baiser sur la joue est une manière
profane ils se saluent en se particulièrement affective d’effectuer
serrant la main, tout en ajou- l’accolade ; il n’y a pas de règle véri-
tant des attouchements ; en table !
loge ou lorsqu’ils sont dans un
lieu « discret », ils le font gé- On retrouve le baiser sur le front
dans les rituels des hauts grades et
néralement en se donnant
on voit aussi parfois des vénérables
l’accolade ou en s’échangeant maîtres dans certains rites faire ce
un baiser sur la joue. Le baiser baiser sur le front au moment de la
maçonnique est aussi un geste réception du nouvel initié à la suite
symbolique qui entre dans le de deux accolades.
cadre du rituel.
Dans le monde profane, le baiser sur
le front symbolise une affection parti-
Peut-être peut-on trouver l’origine de
culière avec une forte connotation de
ce baiser dans la célèbre injonction
protection.

Si les études concernant le baiser sur


la bouche sont nombreuses, le baiser
sur le front suscite beaucoup moins
de littérature. L’utilisation de cette
pratique au cours de l'histoire entre
le plus souvent dans les relations
entre vassal et seigneur, ou dans les
(Suite page 12)

FIL N° 4—Page 11
(Suite de la page 11)

premiers temps de l'Eglise chré-


tienne.

La majeure partie des références


aux baisers sur le front concer-
nent des relations entre sujets
engagés dans un rapport de filia-
tion ou de protection.

Car il faut noter que celui-qui donne


le baiser n’est pas le même que celui
qui le reçoit, contrairement au baiser
sur la joue, ou sur les lèvres ; « Les
pères et les mères doivent baiser leurs
enfants au front. » énonce le Diction- On voit bien dans ce texte la filiation
naire de Furetière en 1690.
The third eye Kiss
entre la colade chevaleresque, l’acco-
lade et le baiser sur le front. On pour- Le baiser sur le front peut aussi
Fin XIXe-début XXe siècle, on re- rait dire que celui-ci n’a plus vraiment s’interpréter symboliquement
trouve ce conseil dans les « bons le même contenu de protection que
usages » : comme un baiser sur le « troisième
dans le sens profane mais celui de
reconnaissance et d’admission. œil » en relation pour certains avec
«La comtesse de Gencé con- le 6ème chakra, celui-ci étant placé
seille aux jeunes filles qui se Il en est aussi fait mention dans le entre les sourcils.
respectent de rester « sobres livre de William Morgan « Mysteries
d’embrassades ». of Freemasonry » (1826) dans une Embrasser le 3ème œil dans la tradi-
réception d’un grade de perfection : tion orientale c’est un peu comme si
On s’embrasse entre amies d’enfance on embrassait l’âme de la personne
ou entre parents, sur la joue si la « Some Knights, in addition to concernée.
différence d’âge n’est pas grande, this, kiss the forehead of the
sinon sur le front. C’est toujours le brother saying « Alpha » to M. S.
plus âgé qui prend l’initiative, et au- which he answers « Omega ».
PS : Pour aller plus loin, lire « Les
cun baiser ne peut être échangé dans
la rue ou dans un endroit pu- fonctions rituelles et mythologiques
Au Rite Ecossais Rectifié, c’est au troi-
blic.» (référence : Le Baiser : pre- sième degré qu’après l’élévation, le du baiser chez les Slaves de l'Est »
mières leçons d'amour ) rituel enjoint le VM :

En Franc-Maçonnerie, on retrouve « Il l'embrasse en lui donnant


une référence au baiser sur le front le baiser fraternel sur les deux
au rite pratiqué par la Mère-Loge joues et au front. »
écossaise de Marseille (1750), ou Rite
philosophique en 18 degrés, dans le
rituel du double grade Général des
Argonautes et Chevalier de la Toison
d’Or (10ème et 11ème grade) où
dans le cadre de l’instruction du réci-
piendaire il est dit :
« L’accolade est de baiser au
front celui qui vous reconnaît
et qu’il doit rendre de la même
façon.»

L’information des sœurs et des frères au quotidien !

FIL N° 4—Page 12
Le grand expert / la grande experte
L’esprit du rite
Dans la distribution des fonc- officiers et l’épée flamboyante du ou
tions qui interviennent dans la de la VM symbolisaient la parole de
Dieu !
« gouvernance » d’une loge
maçonnique, le ou la GE a un Aujourd’hui, dans une pratique ma-
çonnique plus universaliste et ou-
rôle spécifique : il ou elle est
verte sur d’autres cultures, on pour-
en lien étroit avec « l’esprit du rait se poser la question de l’utilité de
rite ». l’épée ! Elle reste cependant le sym-
bole de la Justice.
L’absence de formation, une disponi-
bilité réduite et aussi une incompré- Ne pourrait-on pas affirmer que les
hension aboutissent parfois à un Il est clair que si son rôle est toujours trois officier-e-r-s qui l’ont en attribut
exercice minimum des offices ! Tel lié à l’exercice du rite pratiqué par la sont en quelque sorte en situation
est souvent le cas pour le Grand Ex- loge, la manière de le pratiquer a d’interface :
pert (ou la Grande Experte). Et pour- évolué. Celui que l’on nommait « le
• entre le monde profane et la loge
tant c’est un office qui, en complé- frère terrible » doit tenir compte de
pour le couvreur (ou la couvreuse),
ment de celui de Maître des Cérémo- la nécessaire adhésion des membres
nies, a une spécificité symbolique, en de la loge ; cela suppose une capacité • entre le geste rituel porteur de
rapport avec le rite pratiqué ! pédagogique basée sur une très sens et celui qui se réduit à un
bonne connaissance du rite pratiqué. automatisme pour le ou la GE
A signaler que les déplacements de
l’expert dans la loge se font sans le • et entre le Bien et le Mal pour le
maître des cérémonies. ou la VM ?
Porteur (ou porteuse) de
Selon le rite, le sautoir du ou de la GE l’épée ou du glaive
est orné de trois ou quatre de ces
Être à l’ordre pour le ou la GE
symboles : En dehors du ou de la VM qui mani-
pule l’épée flamboyante, le ou la GE La logique veut que le ou la GE se
• l’épée,
fait partie avec le couvreur (la cou- mette à l’ordre en portant son épée
• L’œil, vreuse) des rares officier-e-s qui por- tenue par la main droite au niveau du
• la règle à 24 divisions tent une épée ! menton. Dans certaines loges on voit
• Et les épis de blé. l’épée tenue par la main gauche et la
Ce n’est évidemment pas l’arme de
main droite à l’ordre.
combat mais plutôt le symbole d’une
Les deux fonctions essentielles autorité morale et spirituelle ; on
du ou de la GE retrouve ce contenu symbolique dans
L’épée, un symbole contestable ?
la Bible et dans les différents ordres
• Disposer les outils symboliques
chevaleresques. C’est aussi un symbole qui représente
pour sacraliser le local où se dé-
aussi la violence. L’épée et la truelle
rouleront les travaux maçon- « Heb 4:12 Car la parole de Dieu est
évoquent la construction du temple
niques ; vivante et efficace, plus tranchante
dans une ambiance conflictuelle que
qu’une épée quelconque à deux
• Veiller au respect du rite utilisé. l’on retrouve dans l’imaginaire cheva-
tranchants, pénétrante jusqu’à par-
Dans le cadre de ces deux fonctions, il leresque : ne serait il pas temps de
tager âme et esprit, jointures et
ou elle participe à la formation, aux dépasser cette approche ?
moelles; elle juge les sentiments et
trois degrés, en coordination avec les les pensées du cœur. »
surveillant-e-s.
L’épée symbolique portée par les

FIL N° 4—Page 13
Le ou la G.A.D.L.U. ?
Le « quotidien » en loge :
NDLR : Mille excuses de n’avoir pu passer ce beau texte
avant le solstice. Petites attentions apprises
Nous approchons du solstice de la Saint-Jean d'hiver ; avec le temps !
c'est pourquoi nous pensons particulièrement au soleil
et à sa lumière qui nous manque. Qu’est-ce qu’un vieux maçon peut bien transmettre de
ce qu’il a pu apprendre après tant d’années passées à
Heureusement, cette lumière éclaire nos cœurs et nos fréquenter les loges ?
esprits ; ce qui nous amène à penser d'avantage à ceux
En réalité, on ne le sait qu’à l’occasion d’entretiens à l’ombre
que nous aimons.
d’un grand arbre lors d’une sortie familiale ou à l’occasion d’un
repas amical dans l’intimité ! Et encore ! Les vieux maçons par-
Nous disons le soleil et la lune, mais dans certaines
lent peu !
langues germaniques l'on dit la soleil (en allemand die
Sonne ) et le lune (en allemand der Mond). En anglais ce Comme si par pudeur ou humilité, ils n’avaient rien à dire ou
sera indifféremment the sun et the moon sans genre. Il plutôt prudent pour ne pas prononcer des paroles qui fâchent !
est à parier que beaucoup d'autres langues nous étonne-
Pourtant, j’ai pu parler avec le frère Maurice ; c’est un vieux
raient quant au genre des astres et peut-être de celui du,
frère d’une loge de la Grande Loge de France, le plus proche
de la G.A.D.L.U.
ami de mon parrain. Le fait que je sois à la Grande Loge Natio-
nale Française ne l’a pas perturbé.
Il n'y a aucun sacrilège de commis à se poser la question
car la F.M. n'est point une religion de substitution. Notre Maurice m’a appris quelques petits enseignements qui valent
Univers engendre telle une femelle ; hors à notre con- de l’or, et je voudrais vous en livrer un :
naissance aucun mâle n'engendre, sauf à donner une - Vivre la Bienveillance ; pour lui c’est une condition très im-
moitié de programme. Il existe dans notre monde biolo- portante, un préalable, pour apprécier la logique de la dé-
gique des femelles, dont certains lézard par exemple, marche maçonnique ! La Bienveillance, c’est ne pas juger, ni
capables de se reproduire sans les services d'un mâle et critiquer, ne pas commenter ! Cela vaut naturellement pour les
il existe des espèces de poissons, tel le mérou, qui chan- sœurs et frères que l’on rencontre en loge mais aussi dans la
gent de sexe en fonction de l'âge et des besoins de l'es- vie profane ! La Bienveillance permet de mieux comprendre
pèce. D'autres êtres, tels les bactéries se reproduisent qui sont celles et ceux que l’on peut côtoyer.
par clonage et communiquent entre elles des informa-
tions génétiquement intéressantes, non seulement au Cela n’a l’air de rien, mais vous verrez, cela vous évitera bien
sein de la même espèce, mais également entre es- des problèmes et en plus cela permet de garder l’esprit libre !
pèces... Sans oublier des escargots hermaphrodites. (à suivre)

Michel T.
Le, la Grand Architecte, l'Univers, alpha et oméga d'un
grand livre, nous a inscrit en quelques lettres au milieu
d'un petit paragraphe que nous espérons non totale-
ment écrit.
Devinette maçonnique
Je suis un XY, bien masculin et pourtant je n'oublie ja-
mais que je suis sorti du ventre d'une femme précédée Comment se fait le salut maçonnique en loge ?
elle-même par beaucoup d'autres femmes.

Mes sœurs, mes filles et mon épouse m'apportent un • Le bras droit levé à 45°,
grand bonheur, c'est pourquoi j'aimerais leur dédier • Le bras gauche à la verticale,
cette Saint-Jean et remercier le, la G.A.D.L.U. pour tous
• Le bras droit à l’horizontale,
ses bien faits, en lui demandant de ne pas oublier ceux
qui soufrent. • Le signe d’ordre.
"Scientia nos liberat" = la science nous libère (ou nous
rend libre )
John H. (Réponse dans le prochain numéro)

FIL N° 4—Page 14
Etre heureux en loge ?
Comment y parvenir ?
Le bonheur est un bien des bonheurs.

des objectifs du − Je vous comprends, mon brave;


travail maçonnique ! mais tous ces bonheurs ne sont
que des fractions de bonheur, des
espèces diverses d'une seule fa-
Ce devrait être la préoccupation mille : comment comprenez-vous
principale des officiers et aussi
le bonheur en général?
des conseillers de l’ordre des
obédiences !
− Comme il n'y a pas de vagabond
en général, je ne puis vous ré-
Au Droit Humain, la quêtê du Bon-
hêur êst mêmê inscritê dans la pondre. Seulement, dans le cours
constitution dans son articlê 3 : de ma vie, j'ai observé que pour
un homme bien portant, le bon-
heur c'était un verre de vin et un
« Les membres de l’Ordre Maçon-
morceau de lard; pour un homme
nique Mixte International le Droit
Humain cherchent avant tout à malade, c'était d'être couché tout
cêlêstê ; pour êux, l’accês au paradis seul dans un bon lit à l'hôpital. » ,
réaliser sur la terre et pour tous êt la bêatitudê qui l’accompagnênt,
les humains le maximum de déve- L'Âne mort et la femme guilloti-
justifiênt unê viê têrrêstrê axêê sur
loppement moral, intellectuel, et née,1829, pp. 67-68.
lê sacrificê, lês dêvoirs êt la souf-
spirituel, condition première du francê. Riên dê tout cêla dans la
bonheur qu’il est possible à dêmarchê maçonniquê. Psychologiquêmênt, lê bonhêur êst
chaque individu d’atteindre dans associê au biên-êtrê, a l’êngagêmênt
une humanité fraternellement êt au sêntimênt dê rêalisation dans
organisée ». unê rêlation avêc lê mondê êxtê-
Mais qu’est ce donc riêur.
le bonheur ?
Nê dit-on pas qu’au Ritê Opêratif dê
Salomon, l'Art Royal consistê a pra- Maçonniquement parlant, le
tiquêr la sciêncê du bonhêur ? Cê n’êst pas un têrmê facilê a dêfi- bonheur maçonnique pourrait
nir. Pour son accêption profanê, correspondre à la sensation
dans son livrê « L'Âne mort et la
On rêtrouvê aussi dans la dêclara- de réalisation que procure
femme guillotinée », notrê frêrê
tion d’indêpêndancê dês Etats-Unis
Julês Janin (Romanciêr êt critiquê
l’approche des valeurs plato-
d’Amêriquê, dont on connaît l’inspi- niciennes que sont le Beau, le
littêrairê—1804-1874) ên donnê
ration maçonniquê, cêttê rêfêrêncê Bon et le Juste dans un proces-
un apêrçu :
au Bonhêur commê un droit : sus d’engagement et de réali-
« Frère, lui dis-je avec un air sation collective.
« Nous tenons pour évidentes
d'intérêt, savez-vous ce que c'est
pour elles-mêmes les vérités sui-
vantes : tous les hommes sont que le bonheur! » Il me regarda Plusieurs conditions
créés égaux ; ils sont doués par le avec de grands yeux, avala une
nous semblent néces-
Créateur de certains droits inalié- bouchée avant de me répondre :
nables ; parmi ces droits, se trou- « Le bonheur! me dit-il enfin; de saires :
vent la vie, la liberté et la re- quel bonheur parlez-vous? » (...)
cherche du bonheur. » Depuis que je suis du monde, j'en • Ne pas être préoccupé-e ; lê
ai eu de mille sortes : enfant, j'ai rituêl êvoquê « l’abandon des
Cêttê rêchêrchê du bonhêur têr- eu le bonheur d'avoir une mère, métaux à la porte du
rêstrê pêut s’intêrprêtêr commê pendant qu'il y en a tant qui n'ont temple !» . On pourrait inclurê
unê dês diffêrêncês majêurês qui ni père ni mère; (...) homme fait, lês prêoccupations dans la catê-
nous distinguê dê la dêmarchê rêli- j'ai eu le bonheur de voyager aux goriê dês « métaux ».
giêusê êt du mysticismê. Pour lês frais du public et de m'instruire
rêligiêux êt lês mystiquês sêul des mœurs et des usages de tous Nê pas êtrê prêoccupê-ê supposê
comptê la rêchêrchê du bonhêur les peuples; vous voyez que voici (Suite page 16)

FIL N° 4—Page 15
(Suite de la page 15) faction d’un ou dê plusiêurs dê nos
sêns.
un travail pêrsonnêl, un « lachêr
prisê » êt aussi dê nê pas projê- Le bonheur en loge pourrait, lui,
têr sês dêsirs sur lês autrês ! être un sentiment de plénitude
conséquence d’une inter-action
• Être en capacité d’écoute : La entre deux composantes : L’êtrê
capacitê d’êcoutê supposê, biên humain, (la franc-maçonnê ou lê
sur, consciêncê êt vigilancê ; êllê franc-maçon), têl qu’il/êllê êst, êt lê
va dê pair avêc unê prisê dê pa- groupê humain constituant la logê
rolê rêsponsablê êt rêflêchiê qui maçonniquê, dans lêquêl il/êllê sê
doit rêstêr êxcêptionnêllê ! trouvê.

• Accepter les membres de la Chacun dêcrira cê bonhêur rêssênti


loge comme ils et elles sont, avêc dês mots pêrsonnêls mais, on
sans récrimination. pourrait y rêtrouvêr trois compo-
santês :
• Bénéficier de la force magique
du rituel lors des tenues ma-
– La satisfaction de partager des
çonniques : Cêla supposê dê la
valeurs morales qui irradiênt lês
part du vênêrablê êt dês officiêrs
sœurs êt lês frêrês aussi biên dans
dê la logê unê capacitê a organi-
lêurs pêrsonnalitês quê dans lêurs
sêr lê travail maçonniquê. L’ob-
prisês dê parolê, Lê bonhêur ên logê n’a dê sêns quê
jêctif êst dê pêrmêttrê au rituêl
d’êxêrcêr son influêncê. Pour s’il êst vêcu ên plêinê consciêncê ;
cêla, un ordrê du jour êquilibrê, – Le ressenti de paix au travêrs cê n’êst ni un plaisir ni unê jouis-
plutot sobrê, êst nêcêssairê. d’un êngagêmênt fondê sur cês va- sancê.
Dêux hêurês dê tênuê, c'êst lê lêurs moralês,
top ! Trois hêurês dêvrait êtrê un Il nous pêrmêt dê donnêr du crêdit
maximum a nê pas dêpassêr ! - Le curieux sentiment de com- a notrê dêmarchê maçonniquê. Nê
prendre unê partiê dês mystêrês
dê la viê. pas lê connaîtrê, favorisê lê dêta-
• Avoir résolu les conflits inter-
chêmênt voirê la dêmission.
personnels : lê moindrê conflit
pêut avoir unê influêncê dêlêtêrê Ne pas confondre Dê nombrêusês quêstions mêritê-
qui sê rêpêrcutêra inêvitablê-
mênt a un momênt ou a un autrê Bonheur et Egrégore raiênt un dêvêloppêmênt complê-
êt souvênt quand on s’y attênd lê mêntairê ; citons ên particuliêr :
moins ! Cêrtains parlênt parfois d’êgrêgorê.
• Bonhêur maçonniquê êt bonhêur
Lê têrmê d’êgrêgorê êst rattachê a
unê formê dê «béatitude ». Psycho- profanê,
• Vivre en conscience la dimen-
sion collective : Cêttê dêrniêrê logiquêmênt, on sait aujourd’hui • Bonhêur maçonniquê êt Initia-
condition rêsultê aussi dês prêcê- quê l’êgrêgorê êst lê fruit d’unê
tion.
dêntês. Rêduirê la dêmarchê ma- «dépersonnalisation » provoquêê
çonniquê a unê dimênsion indivi- par la misê ên condition quê pêut M. S.
duêllê êst un non sêns êt lê rê- rêalisêr l »animatêur d’un groupê.
fugê dê l’êchêc !
L’êgrêgorê a dêux facês : unê sênsa-
Lorsque toutes ces diffé- tion dê bêatitudê mais aussi un con-
ditionnêmênt qui pêut aboutir au
rentes conditions sont réu-
phênomênê sêctairê. .
nies, se sentir heureux en
loge lors d’une tenue ma-
çonnique devrait être pos-
sible. Le prochain numéro de FIL est prévu
pour le 15 février 2024
Comment analyser ce bon-
heur ressenti ? Merci d’adresser vos contributions
(articles et illustrations) avant le 1er février à
Bien sûr, il ne faut pas confondre
Bonheur et plaisir . Lê plaisir, c’êst
avant tout un rêssênti pêrsonnêl fil.infosloges@gmail.com
d’ordrê physiologiquê par la satis-
FIL N° 4—Page 16
Le rite Ancien et Primitif
de Memphis-Misraïm
Cette rubrique a pour objet de présenter les rites pratiqués par les loges maçon-
niques. Pour chaque rite, nous essaierons d’aller à l’essentiel. Rappelons que la
grande majorité des rites maçonniques comprenne de multiples degrés. Le seul
rite qui se limite à trois degrés est le rite dit « Emulation » créée par la Grande
Loge Unie d’Angleterre en 1823. De nombreux rites ont été modifiés ; c’est en
particulier le cas pour le Rite Français qui, à partir d’une version initiale compre-
nant sept degrés, s’est vu transformer pour donner naissance en 1922 au Rite
français dit Groussier à trois degrés du nom d’Arthur Groussier (1863-1957),
ancien Grand Maître du Grand Orient de France.

Le RAPMM un rite relativement ré-


cent fondé dans les années 1960 à
partir des rites dits égyptiens (en
particulier ceux de Memphis et de
Misraïm).

Le nombre des degrés varie selon les


loges et les obédiences entre 33 et
100 degrés ; comme pour le REAA,
seuls quatre degrés ont une valeur
symbolique justifiant un rituel parti-
culier pour y accéder. Comme la
Les particularités de ce rite • On trouve dans le rite des évoca-
grande majorité des rites maçon-
tions d’autres traditions : marti-
niques, le RA et P de M-M est un rite • Les références à la religion égyp-
nisme, élus coëns, Ordre kabba-
chrétien qui se fonde sur la trilogie tienne : elles sont essentielle-
listique de la Rose-Croix, alchi-
du Père, du Fils et du Saint-Esprit. ment formelles. On s’en aperçoit
mie, théurgie, etc.
très vite en entendant le vocabu-
laire utilisé dans les rituels ; ces • La tradition de l'ad-vitam pour les
références concernent unique- grands maîtres et l’autorité très
ment la didactique du rite.. Ce paternaliste qui leur est confé-
nouveau vocabulaire qui diffère rée : ce qui a souvent aboutit à
de celui utilisé dans les autres des ruptures organisationnelles.
rites apporte une touche d’exo- • Le refus de traiter en loge des
Pourquoi Ancien et Primitif tisme. questions sociétales.
• Des éléments symboliques origi- • La complexité des rituels exige
Plusieurs explications sont possibles
naux apparaissent comme par une rigueur et une théâtralité
mais il semble que ces qualificatifs
exemple l’autel du Naos avec son dans leur réalisation qui sont très
soient dus à John Yarker (1833-1913),
encens, la formule des prières difficiles à réunir.
franc-maçon anglais, auteur d'ou-
d’ouverture et de clôture, la réfé-
vrages maçonniques et occultistes. Il
rence à « l’architecte de tous les
joua un certain rôle au niveau de la
mondes », la robe dont se revê-
diffusion des rites égyptiens. Ancien
tent les Sœurs et les Frères, la
car appartenant à la tradition, et pri-
fête de la crue du Nil et le voile
mitif car pouvant être rattaché aux
d’accès au Naos à l’Orient.
premiers rites initiatiques.

FIL N° 4—Page 17
ELOGE DE LA POESIE

Apporter sa pierre à l’édifice, Amour ou Guerre


Sans artifice !
Doux mot
Ne pas se mentir, Pour nommer
Ce que l’on ressent, l’écrire. Un mystère.

Aimer les messages codés, Amour, passion des jours heureux,


A lecture différée. Eclair sans visage
Qui surgit quand il veut
Partager ses émotions, Et impose son sillage !
Avec compassion.
Mot chuchoté
Se libérer de ses pensées A l’oreille
Pour les mettre sur le papier. D’une passion.

Le plaisir des mots à offrir, Mais aussi déclamé


Essayer de faire sourire. A tue-tête,
Emouvante vibration !
Les poètes, les rêveurs
Veulent laisser un peu de bonheur Mot sensible
Qu’on oublie
Et si tout cela peut aider Pour aller à la guerre !
A plus de FRATERNITE !
Mot caché
Chez tous les combattants,
La poésie est l’avenir du monde civilisé. Qui se feront tués
Pour mourir en manant !
Michel R.
Êtres et peuples en ont besoin
Pour surmonter tous leurs tourments
Leur redonner un contrepoint
Pour un vrai émerveillement !

Que serait notre vie


Sans ce mot sans pareil
Qui nous donne cette envie
D’un monde sans corneilles.

Matéo S.

FIL N° 4—Page 18
Une autre manière de comprendre
le Rite Ecossais Rectifié
Le Rite Écossais Rectifié vient s'an- Brunswick, dans la perspective
crer dans une longue tradition qui du convent de Wilhelmsbad
transcende les distinctions, somme de 1782: « la vraie religion a
toute modernes, entre philosophie bien plus de 18 siècles. Elle
et religion, entre ésotérisme et mys- naquit le jour où naquirent les
tique . jours ».

Ce Rite associe indissolublement pen- Quelle est donc cette religion dont
sée et action, discours et vécu. font état Saint-Augustin et Joseph de
Maistre et dont nous recueillons
Retenons donc en premier lieu l'héritage en tant que Francs-
Maçons du Rite Écossais Rectifié ?
ce syntagme évocateur : la
« nostalgie de l'Unité ». Elle est l'expression de
cette nostalgie de l'Unité, déjà évo-
Et retenons avec lui la formule du quée et si présente dans l'histoire de
philosophe allemand Martin Heideg- notre Occident, depuis au moins Pla-
ger qui, dans son texte intitulé « Qui ton et les néo-platoniciens qui ont
est le Zarathoustra de inspiré Saint-Augustin et les Pères
Nietzsche ? », pose cette définition de grecs de l'Église comme Clément
la nostalgie : d'Alexandrie et Origène avant lui.

« La nostalgie est la douleur Qui dit nostalgie de l'Unité dit


que nous cause la proximité du « quête », on devrait dire « quête
lointain ». renouvelée et incessante », de l'Uni-
Dieu unique en trois personnes dis- té.
Rien n'illustre mieux cette nostalgie tinctes, toutes croyances fondées sur
que la citation qui figure en couver- les conclusions des Conciles œcumé- C'est ce qu'exprime notre Frère Jo-
ture de L'Homme de désir, l'ouvrage niques d'Alexandrie et de Chalce- seph de Maistre quand il évoque
de l'un des maîtres de notre rite, doine de 381 et 451.
Louis-Claude de Saint-Martin : « Les temps où ‘l’homme revê-
Pour autant, selon les mots mêmes tu de son corps de gloire’, sera
« Si des éclairs brillants et pas- de Saint-Augustin dans enfin reçu au sein de ‘l’Unité’ ,
sagers sillonnent quelquefois ses Révisions ou Retractationes (Livre réintégré dans sa véritable
dans nos ténèbres, ils ne font I, chapitre XIII, n*3) : nature divine, dans sa pre-
que nous les rendre plus mière propriété, vertu et puis-
affreuses, ou nous avilir da- « la même religion qu'on ap- sance spirituelle primitive, non
vantage, en nous laissant pelle maintenant religion chré- -séparé de sa véritable ori-
apercevoir ce que nous avons tienne était déjà celle des An- gine»
perdu ». ciens. Elle a conservé son em-
pire depuis nos premiers pa-
On sait que le Rite Écossais rents jusqu'à l'avènement du
La quête de l’Unité, c’est
Rectifié est un rite chrétien. Verbe incarné. La vraie foi ne le retour à l’origine.
porte le nom de religion chré-
On devrait rajouter que l'en-
tienne que depuis le Christ, Mais quel est le chemin qui peut nous
semble de la Franc- mais son existence remonte y mener ?
maçonnerie régulière univer- plus haut ». Notre Frère Jo-
selle est chrétienne. seph de Maistre ne dira pas Le dit chemin, nous pouvons l'appe-
autre chose dans le mémoire ler, avec la théologienne Marie-Anne
Notre rite tient pour vrais la double qu'il adressera au Grand Vannier, la « voie négative », une
nature, humaine et divine, du Christ Maître de la Stricte Obser- appellation peut-être plus pertinente
et le dogme de la Sainte Trinité, du vance Templière, le duc de
(Suite page 20)
FIL N° 4—Page 19
(Suite de la page 19) contribution de Willermoz au Régime Dans son Mysterium magnum,
Écossais Rectifié, elle est évidemment Boehme écrit :
que celle communément usitée de primordiale mais elle n'apparaît pas
« théologie négative » . Des chré- tant doctrinale, car, de ce point de « Quand je considère ce que
tiens (pas tous !) empruntent cette vue, Willermoz s'en tient à la doctrine Dieu est, je dis : vis-à-vis de la
route et ils y croisent les juifs kabba- martinésiste, étant entendu cepen- créature il est l'Un qui est en
listes. dant que toute la doctrine du Régime même temps le Néant éternel.
Écossais Rectifié se trouve exposée Il n'a ni détermination ni début
dans son rituel. ni lieu ; Il ne possède rien en
Une doctrine puissante dehors de lui-même ; Il est la
qui donne sens à la dé- Claude de Saint Martin et la volonté de ce qui n'a pas de
notion de « Sans fond » motif. Il n'est qu'Un en lui-
marche initiatique du Rite même ; Il n'a besoin ni d'es-
Écossais Rectifié. Il en va différemment pour Louis- pace ni de place ; Il s'engendre
Claude de Saint-Martin dont la ren- en lui-même d'éternité en éter-
Un point doit être souligné ici: Pas- contre avec l'œuvre de Jacob nité ; Il n'est identique ou sem-
qually était issu d'une famille mar- Boehme, plus encore que la ren- blable à rien et n'a aucun en-
rane, c'est-à-dire juive espagnole contre avec Martinez de Pasqually va droit où Il réside ».
convertie au catholicisme romain, s'avérer, de son propre aveu, déci-
mais il n'y a pas lieu de douter de la sive. Comment parvenir jusqu'à lui ? La
sincérité de cette conversion. La voie négative devient, avec Louis-
preuve en est que l'appartenance à C'est, en effet, après cette rencontre Claude de Saint-Martin, une voie in-
l'Ordre des Élus Coëns était exclusive- par livres interposés (ils ne sont pas térieure qui éveille l'homme à la
ment réservée aux catholiques. C'est contemporains: Jacob Boehme, né en conscience d'une perte et suscite le
donc certainement par la filiation 1575, s'était éteint en 1624), que Désir de l'Unité retrouvée.
jacobite que l'influence kabbalistique Louis-Claude de Saint-Martin écrira
s'est transmise à Pasqually. ses principaux ouvrages. Alain B.
Membre de la GLIF
Robert Amadou, dans son introduc- Jacob Boehme, qui place même le
tion au Traité de la Réintégration savoir dans la continuité de Jean Scot
(dont le titre complet est : « Traité de Érigène et de Maître Eckhart, va in-
la Réintégration des êtres dans leurs carner plus que tout autre la voie
premières propriétés, vertus et puis- négative dont il réunit les courants
sance spirituelles divines », souligne constitutifs dans ce que David Konig
que dans la Kabbale comme chez décrit comme une « synthèse théolo-
Martinez de Pasqually « priment les gique, hermétique et mystique, dont
thèmes théosophiques de la descente le mode d'expression est symbolique
et de la remontée; de la chute, de la et non conceptuel » (Le fini et l'infini
dispersion et de la restauration, de la chez Jacob Bohme, page 10).
réintégration ».
Cette synthèse se construit autour de
Willermoz et le RER la notion d'Ungrund, de « sans
fond », seule à même de nommer
Laissant maintenant Martinez de Pas- Dieu, mais aussi de définir le chemin
qually de côté, si nous examinons la qui peut nous mener à Lui.

FIL N° 4—Page 20
Quand la loge s’extériorise
sur le web !

Créer un site web est un jeu d’enfant mais gérer et animer un site web suppose beaucoup de
travail. Cette règle générale s’applique aussi aux sites maçonniques. Par rapport aux milliers de
loges existantes, peu s’aventurent dans cette extériorisation. Dans de nombreuses loges il y a
une méfiance pour tout ce qui touche à internet. Nous avons cependant répertorié près de 100
sites web maçonniques francophones.

Dans de nombreux cas; il est fait mention de la loge, de l’obédience, d’un formulaire de con-
tact et de quelques généralités sur la franc-maçonnerie. Parfois s’ajoutent des informations sur
des activités propres à la loge et aussi des documents historiques. De nombreux sites ont des
pages réservées pour leurs membres. Bien souvent, pour les pages accessibles à tout public,
l’actualisation n’est plus mise à jour et s’est arrêtée sur une date. Mais il existe aussi des sites
dynamiques, actualisés et possédant une certaine originalité. Dans cette rubrique, nous vous
présenterons un de ces sites. Pour ce numéro, il s’agit du site de la RL « Tolérance et Fraterni-
té » de la Grande Loge Suisse Alpina à l’orient de Genève accessible via l’adresse URL
http://www.tolerance-fraternite.ch

C’est un site actualisé comme l’atteste l’ordre du jour des tenues inscrites au calendrier, ergo-
nomique avec des rubriques qui offrent des informations claires et aéré avec une iconographie
sobre !

La rubrique « Coup de coeur » offre une personnalisation sympathique avec ses trois sous-
rubriques « Amour », « Humoue » et « Humeur » !

Une possibilité de contact existe pour celles et ceux qui veulent en savoir plus !

FIL N° 4—Page 21
Fouilles Curieuses
d'un Maçon Polisseur
Comme on disait au Grand Comme masseur polisson, non dames" . Ce n'est pas notre cas, nous
Siècle, je me suis embarqué comme Maçon polisseur, je me suis qui sommes pour la fixité, non la
prêté à de furieuses, pardon à de mixité des foules.
dans un Galère pas possible. curieuses fouilles, et voilà le résultat
Et oui, parceque les CONTRE- Il en est de même pour les maillons
de mes cogitations, qui sont trou de,
de couleur, que nous affectionnons
PETERIES , dont cette planche non t/out de mon cru, en tout cas
particulièrement, nous qui sommes
fait l'objet, peuvent atteindre replacés dans un contexte Maç.°. ,
internationaux.
2 écueils : car j'en suis le va... , pardon le sage
inventeur. Quant aux FF.°.MM.°. qui doutent de
- D'abord la grivoiserie, qui n'est pas leur foi, nous leur redonnons con-
acceptable en ce lieu, même pour fiance.
une planche d'été .. or la plupart des
Contrepèteries se situent en dessous
Alors, en premier lieu : Notre Tolérance nous conduit à ai-
mer, réciproquement, toutes nos
de la ceinture, de face comme de l'intendance. SS.°. même celles qui sont folles de la
dos, ce à quoi ne nous préparent pas
Il faut préparer le Temple de mon messe.
nos mots signes et autres attouche-
ments. Ss..., non de /Salomon. Les co- Ne perdons pas de vue les buts des
chonnes, je voulais dire les colonnes, élites.
- Ensuite rester incompréhensible et bien il faut en quelque sorte les
pour les non-initiés, et donc d'en brancher, en orientant les lettres Eloignons de nous la paire des, je
faire des exclus frustrés, parcequ'il "Cabine et J'ose", je veux dire B et J. veux dire la masse des perturbateurs,
faut connaître un vocabulaire spécial, et pour employer des expressions
style "Salle de garde", totalement Il faut aussi soigner la "sono", car les agricoles ou triviales , tout juste per-
absent de nos rituels habituels, et pannes de micro, ça brouille l'écoute. mises pour une planche d'été, conti-
surtout parcqu'en principe une con- Ne pas oublier non plus les outils, car nuons d'aimer franchement les, je
trepèterie ne se traduit pas, ne se on est trop, pardon on est sot sans veux dire, vachement les frangins, et
décode pas - comme sur les colonnes truelle. bien sûr aussi les frangines.
- mais qu'elle se suggère, ce qui doit
en faire toute la finesse. Faire attention , bien sûr, à ce que les
g/ants ne plissent pas.
Alors, je vais essayer de ne tomber Troisièmement : la
dans aucun de ces pièges, et de faire Savoir encore, que les Tenues sont à
jour fixe, et qu'on n'a pas le doigt
Méthode, la Philosophie.
en sorte, que si vous ne riez pas tous,
du moins vous ne sortiez pas d'ici, dans la, pardon le choix dans la date. Rappelons nous certains de nos an-
sans savoir ce qu'est peu ou prou, Il faut aussi réserver les Chats de, je ciens : lui découvrait l'Hébreu, et elle
une contrepèterie. veux dire les Bras de Chaise, pour les l'écossais.

Je vais donc tenter d'être didactique, dignitaires qui siègeront à l'Orient. Loin de nous les cailloux vides, tail-
c'est à dire de vous traduire les con- Enfin, pour les signatures de pré- lons au contraire nos fières, pardon
trepèteries traduisibles dans le t.°., sents, il faut s'arranger pour que tout nos pierres fines.
en réservant les autres pour la salle le monde puisse voir les bons cahiers. Oui, c'est ça : planchez sur les fines.
humide.
Il nous faut savoir lutter dans le pé-
Et pour ce faire, je vais tout simple- trin, c'est pourquoi nous abordons
ment vous narrer ce que nous faisons En deuxième lieu, parlons nos recherches sur le papier, sans
ici, dans un langage anodin, en tout
cas pour ce qui est des apparences
de l'ambiance qui doit ré- honte.

vues de l'extérieur. gner à nos travaux. Nous sommes des adeptes des sites à
bâtir en tout genre, et même des
La contrepèterie, c'est l'art de déca- Sachez que les Rites sont un Bien sites de banlieue.
ler les sons, et pour ceux qui pen- nécessaire.
saient tout savoir, et bien, vieux mo- "Laissant faire" n'est pas notre de-
Certaines obédiences disent : "Ce qui vise.
tard que jamais, pardon je voulais
nous démange, ce sont, pardon, ce
dire, mieux vaut tard que jamais. (Suite page 23)
qui nous dérange, ce sont les

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(Suite de la page 22) arrive à l'union par la rose, et où cer-
tains saints sont expliqués, sans ou-
En revanche, nous apprécions une blier que l'entrée du camp est
belle thèse et nous répugnons de agréable à la longue.
passer de la crète à l'abîme.
Enfin, considérons les nourritures
Nous passons sans, pardon nous pen- initiatiques qui contribuent à faire
sons sans nous laisser acculer. gaver les blancs.
Ensuite, nos joutes sont de véritables Mais Sagesse n'est pas folie, et les
bijoux. blancs ne sont pas toujours galants.
Mais attention, l'écoute donne des Cependant, trop grossir, pardon trop
chaleurs, et au début, on a peine à grandir n'empêche pas de bosser.
lire.
On sait que parfois l'aimable, pardon
les fables mentent, mais pourtant, Et tout ça dans l'humour
notre leit-motiv reste : Peaufiner. Car nous sommes des adeptes des
joies de la verve, et nous prenons
L'oignon, non pardon l'union des toujours la chose en riant.
Quatrièmement : quels potes (oui, quelquefois les titres sont
un peu vulgaires) En effet, nous savons bien que les
sujets abordons-nous ? luttes abiment, et qu'il ne faut pas
La Morale a des qualités montrer son calvaire à l'unisson.
. Des sujets antiques : "Livides pensée" : pas pour nous en
La Grèce facile . Des sujets chevaleresques ou philo- Tenue.
sophiques : Nous veillons à ce que notre verbe
La grosse, pardon la Grèce historique
La philantropie de l'ouvrier partant, soit en joie, et que notre mine ne soit
Les Mines de Pompéi non pardon, charpentier. pas piteuse.
Occitans hérétiques La pollution, non la Solution des Enfin nous évitons les travaux longs
La loi, non la voie d'Ulysse Pages et cassants.

Quel beau métier : professeur. C'est pourquoi j'évite l'abus, d'un su


(3)ccès(1) ressa(2)ssé
. Des sujets moraux : . Ou encore écologiques :
Et je vous quitte tout bonnement
Je vous salis ma rue
En attendant le plaisir de s'accouder
sur le bar de la salle humide
Et le cheminement Vous n'y prendrez pas le vin à demi,
initiatique dans tout surtout si c'est un vin bien seyant.

cela ? Ce sera le mot de la pitié, pardon je


voulais dire, le pot de l'Amitié.
Et bien , lors de l'initiation , au 1er
voyage, pendant l'épreuve de l'air,
c'est embêtant que la bise souffle Claude V.
jusqu'au banc.
Ultérieurement, le cube donnera la /
solution, sans oublier les globes sai-
sissants.
Puis ce sera les hauts grades où on

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Un article du « Monde » qui ne peut qu’attirer notre attention ...

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… mais aussi une interrogation : n’y-aurait’il
pas du machisme derrière cette pratique ?

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Un article du dernier numéro de « La Lettre des Deux Voies » , magazine « Pour favo-
riser des échanges et des liens entre des Francs-Maçons (es) qui sont déjà dans une démarche
Bouddhiste ou qui souhaitent connaître un peu mieux le Bouddhisme. »

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L’ensemble du magazine de 34 pages peut être
téléchargé gratuitement sur :
https://www.idealmaconnique.com/post/vient-de-
para%C3%AEtre-la-lettre-des-2-voies-n-7

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