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Ecrire Pour Les Nuls - Gilles Guilleron
Ecrire Pour Les Nuls - Gilles Guilleron
« Pour les Nuls » est une marque déposée de Wiley Publishing, Inc.
« For Dummies » est une marque déposée de Wiley Publishing, Inc.
Éditions First-Gründ
60, rue Mazarine
75006 Paris – France
Tél. : 01 45 49 60 00
Fax : 01 45 49 60 01
E-mail : firstinfo@efirst.com
Internet : www.pourlesnuls.fr
À propos de l’auteur
Gilles Guilleron est professeur agrégé de lettres modernes et
enseigne à l’université de Lorient. Chez First, il est également
l’auteur de Comment les haïkus naissent dans les choux, du
croustillant Petit livre des gros mots et de À la queue leu leu.
Dédicace
À Marie, mon épouse, qui partage ma vie, parfois mon humeur
chagrine devant un chapitre qui n’avance pas comme je le
souhaiterais, et qui, avec sa patience parfois mise à rude
épreuve, m’a supporté (mais aussi au sens de « supportrice » !)
et a accompagné mes immersions prolongées dans ce travail
passionnant.
« Les mots sont des mystères, ceux qui les écrivent et les
comprennent aussi. »
Ecrire Pour les Nuls
Sommaire
Page de titre
Page de Copyright
À propos de l’auteur
Dédicace
Remerciements
Introduction
À propos de ce livre
Comment utiliser ce livre
Comment ce livre est organisé
Première partie : Les mots pour écrire
Deuxième partie : Faire le point (à la ligne)
Troisième partie : « Mon ami le Nul, prête-moi ta plume ou ton
clavier… »
Quatrième partie : Les ateliers d’écriture
Cinquième partie : La galerie des grands modèles
Sixième partie : La partie des Dix
Septième partie : Annexes
Les icônes utilisées dans ce livre
Eh bien, non et non, cela n’est pas une fatalité ! Écrire, bien
écrire, n’est pas réservé à quelques élus touchés par la grâce…
Chacun peut avec un peu de méthode et des points de repère
simples, trouver ou retrouver le goût d’écrire, et de bien écrire.
C’est l’ambition de ce livre.
À propos de ce livre
Vous aimez écrire, vous devez écrire, mais les mots, la syntaxe
vous semblent des obstacles, voire pire, des ennemis…
Écrire pour les Nuls vous donnera des clés pour écrire en toute
tranquillité, en toute liberté ; vous aurez alors la satisfaction de
mettre « noir sur blanc », sans hésitation et sans crainte d’être
lu, ce que vous avez à dire, ce que vous pensez, ce que vous
voulez transmettre. Il vous aidera à :
faire le point ;
vous montrer que vous vous faites peut-être une
montagne d’une petite colline et faire disparaître ce
sentiment de fatalité sur votre niveau (« de toutes
façons, je n’ai jamais été bon à l’écrit ! ») ;
trouver la méthode qui convient ;
vous entraîner ;
vous perfectionner ;
devenir efficace, professionnel dans votre travail ;
faire que votre écrit soit un atout, et non pas un
boulet.
Pourtant, il n’est peut-être pas inutile de découvrir à quel point l’écrit est un
phénomène récent, encore aujourd’hui énigmatique, qui a accompagné la
naissance et le développement de la langue française ; c’est ce que nous
vous proposons dans cette première partie, avec aussi une petite visite dans
les rouages et le fonctionnement de cette écriture, véritable « mécanique »
que chacun d’entre nous utilise chaque jour sans nécessairement en
percevoir tous les rouages. Finalement une bonne occasion de faire un
premier point sur la place que l’écriture occupe dans notre vie.
Chapitre 1
Dans ce chapitre :
Faites un petit tour du côté du mystère… de l’écriture
Découvrez à quel point l’écriture est un phénomène
récent aux pouvoirs multiples
Observez comment l’écriture est résolument un outil
de transmission vivant
Constatez aussi que l’écrit ne vaut que s’il est partagé
par tous
HERMOGÈNE.
HERMOGÈNE.
SOCRATE.
SOCRATE.
Hypothèse « contemporaine » !
Plus près de nous, Claude Lévi-Strauss (1908-2009),
anthropologue, ethnologue (mais aussi philosophe !), suggère
que la prohibition de l’inceste a joué un rôle majeur dans
l’éclosion du langage verbal. En effet, après avoir vécu
plusieurs années au contact de tribus amazoniennes dans les
années 1930, en étudiant les « structures élémentaires de la
parenté » (titre de sa thèse de doctorat soutenue en 1949), il a
émis l’hypothèse que cet interdit obligeait les hommes à sortir
de leur noyau familial initial et à chercher des femmes hors de
leur communauté. Lévi-Strauss considère que cette loi dite de
l’exogamie (c’est-à-dire qui favorise les mariages entre
membres de clans différents) était un puissant incitateur et
vecteur de communication. Dès lors, il y avait nécessité pour
les hommes et les femmes de trouver un terrain d’entente… En
suivant cette perspective, si l’on osait, et nous allons oser, on
peut dire que les mots et l’écriture sont les fruits de l’amour !
Bilan hypothétique
Voilà, nous avons fait un bref tour des principales hypothèses
pour expliquer ce mystère qui fait que vous comprenez les
mots que vous êtes en train de lire ! Votre moue dubitative (si,
avouez-le, votre moue est dubitative !) révèle bien que pour
vous le mystère n’est toujours pas élucidé ; et nous partageons
votre point de vue. Mais nous vous avions prévenu, ce mystère-
là résiste avec la même intensité que celui de la présence
humaine sur Terre ; c’est pourquoi la pirouette du poète citée
au début de ce chapitre (« Quand un mystère vous
échappe… ») semble être la bonne réponse, à défaut d’être la
solution ! Mais ne perdons pas de vue que notre objectif
principal n’est pas tant de résoudre des mystères que de vous
aider à manier ces mots dans vos différents projets d’écriture.
Cependant avant d’entrer le vif du sujet, si cela vous intéresse,
nous vous proposons un bref voyage dans le temps pour voir
comment nos ancêtres se sont débrouillés avec ce mystère
finalement bien commode.
Pour les anciens Égyptiens, c’est le dieu Thot qui aurait créé
l’écriture et en aurait fait don aux hommes : c’est pourquoi le
caractère désignant l’écriture, le hiéroglyphe, signifie « écriture
des dieux », de hieros « sacré », et glaphein « graver ».
Flash d’écriture
Rédigez un texte de 3 lignes en utilisant au moins 10 mots
d’origine grecque ; bien sûr, le texte doit avoir du sens et
être génial. Dans l’annexe A, vous trouverez de l’aide avec
une liste des principales racines grecques et latines.
La tour de Babel
La Bible, dans sa première partie, la Genèse, explique
que la tour de Babel (à Babylone) fut érigée par les
descendants de Noé pour tenter d’atteindre le ciel ;
uniques représentants de l’humanité, ils parlaient tous
une même langue. Jugeant leur projet orgueilleux,
Dieu créa de multiples langues au sein de ce groupe
originel, si bien qu’ils ne se comprirent plus et durent
arrêter la construction de la tour avant de se disperser
partout sur la terre.
Flash d’écriture
Rédigez un texte de 5 lignes ; puis imaginez pour chacun
des mots employés un équivalent dans une langue
imaginaire dont vous serez l’auteur. Puis reprenez les mots
de la langue inventée et essayez de produire une phrase.
Par exemple :
Les alphabets
L’invention de l’écriture est liée à celle des alphabets
(de alpha et bêta, les deux premières lettres de
l’alphabet grec), systèmes de symboles graphiques
pour représenter les sons et les lettres des mots. On
compte une bonne quarantaine d’alphabets ; parmi les
plus connus : arabe, araméen, cyrillique, grec, hébreu,
japonais, latin. Certains sont moins connus : le carien,
langue indo-européenne d’Asie mineure, parlée au 1er
millénaire avant J.-C ; le glagolitique, le plus ancien
alphabet slave qui se développe à partir du IXe siècle.
D’autres sont particuliers, tel le morse, inventé pour la
télégraphie en 1835 par Samuel Morse et fondé sur la
combinaison d’impulsions longues et brèves. Le
braille inventé en 1829 par Louis Braille est un
système tactile à points saillants pour les aveugles et
les malvoyants.
Station n° 1
Chaque mot possède un sens « objectif », le sens que vous
pouvez lire dans le dictionnaire, sur lequel tout le monde
s’accorde (les linguistes l’appellent la dénotation) ; seulement
voilà, votre histoire, votre éducation, vos expériences vont
peut-être donner à ce mot une signification qui s’éloignera
singulièrement du sens habituel. Prenons un exemple, en
l’occurrence deux personnes qui ne sont jamais allées aux
sports d’hiver. Si vous leur demandez la signification de cette
expression « sports d’hiver », elles vous répondront
sensiblement la même chose en s’appuyant sur leurs
connaissances générales du vocabulaire : « les sports d’hiver »
regroupent toutes sortes d’activités physiques qui se
pratiquement généralement… l’hiver sur des reliefs
montagneux enneigés ; parmi les principales, le ski de descente
ou nordique, la randonnée à skis ou en raquettes, etc.
Station n° 2
Soit ! Envoyons ces deux personnes aux sports d’hiver : la
première personne A, dans une station de moyenne montagne
(pour ne fâcher personne, nous ne donnerons aucune indication
géographique), vers la fin du mois d’avril. Malheureusement,
ce n’est pas une année à neige dans la région et le beau soleil
des quinze derniers jours a sérieusement fait fondre le manteau
neigeux. Et aujourd’hui, pour la première descente de monsieur
A, pas de chance, le temps est couvert, il bruine par
intermittence, on ne voit pas grand-chose ; il fait une mauvaise
chute, boum, boum, badaboum, heurte plusieurs cailloux
apparents et se brise une jambe. Secours, évacuation en
hélicoptère, deux jours d’hôpital, rapatriement en ambulance à
la maison, deux mois de plâtre, un mois de rééducation
pénible…
Station n° 3
Maintenant, imaginez une soirée où monsieur A et monsieur B
se rencontrent ; au cours de la conversation, ils en viennent aux
sports d’hiver ; cette évocation va immédiatement déclencher
des associations d’idées, des souvenirs diamétralement
opposés : chez monsieur A, ces mots vont résonner
douloureusement, alors que chez monsieur B, l’expression sera
associée à un moment privilégié !
Voilà toute la difficulté des mots et du langage verbal ! Ils
veulent dire la même chose pour tout le monde et, en même
temps, ils ont un sens sensiblement différent pour chacun
d’entre nous, lié à notre histoire personnelle. Un peu comme si
nous étions bilingues dans notre propre langue !
Flash d’écriture
À partir du mot de votre choix, trouvez tous ses
anagrammes et essayez de faire une phrase ; par exemple
avec écran → carne, crâne, rance, nacre : « Sur l’écran de
nacre, on voit le crâne d’une carne rance ! »
De l’argile au numérique
Quoi qu’il en soit, la langue reste ce merveilleux outil avec
lequel nous communiquons et donc avec lequel nous écrivons
depuis des siècles. Naturellement, en même temps que la
langue évoluait, les supports matériels de l’écriture
changeaient.
Les bibliothèques
Très vite s’est posé le problème de la conservation des
écrits et de leur consultation : ainsi, dès le IIIe siècle
avant J.-C à Alexandrie en Égypte, sous l’impulsion
de Ptolémée 1er, se constitue la première grande
bibliothèque (plus de 500 000 volumes). Aujourd’hui,
la plus grande bibliothèque du monde se trouve à
Washington ; il s’agit de la bibliothèque du Congrès
qui compte plus de 30 millions de volumes.
Qui écrit ?
La question peut paraître saugrenue ! On serait tenté de dire,
tout le monde écrit ! Et pourtant ! Longtemps réservée à une
élite, l’écriture s’est lentement démocratisée en même temps
que ses supports évoluaient.
Autrefois
Dans l’Antiquité égyptienne, la maîtrise et l’usage de l’écriture
sont réservés à une caste héréditaire, celle des scribes qui
administrent le royaume du pharaon. Au Moyen Âge, en
France, l’écrit est l’apanage des moines qui copient
manuellement les ouvrages (l’imprimerie n’existe pas encore)
et la majorité de la population est analphabète. Le
développement du livre imprimé, de la presse, la
démocratisation de l’école (à partir de la fin du XIXe siècle)
vont progressivement faire reculer l’analphabétisme et
permettre l’accès à l’écriture et à la lecture.
Aujourd’hui
Dans notre société contemporaine, l’écrit et l’acte d’écriture
sont omniprésents. Du cours préparatoire à l’âge adulte,
l’écriture est au centre de tous les apprentissages et d’un grand
nombre d’activités. Notre environnement, notre quotidien sont
traversés par l’écriture : cours à école, courrier, contrats,
publicités, documents administratifs, livres, journaux, modes
d’emploi, programmes politiques, l’écriture est partout !
L’écrit aujourd’hui
L’omniprésence de l’image et des techniques virtuelles
numériques pourrait faire penser que nous vivons la fin du
temps de l’écriture et que voici venu le temps « d’après
l’écriture » ; d’autant que dans des périodes relativement
récentes, on a vu le livre et l’écriture, moyens d’expression,
être mis en péril par des régimes autoritaires.
Vision pessimiste ?
Dans un ouvrage intitulé Auto-bio-graphie (Odile Jacob, 1991),
Georges Gusdorf, annonce la fin de l’écrit : « La civilisation de
l’imprimé est entrée en décadence au milieu du XXe siècle. Au
règne de la graphie succède, depuis quelques dizaines
d’années, le règne de la phonie et de la scopie. […] À la limite,
l’homme le plus civilisé d’aujourd’hui pourrait être un
illettré. » Ce texte fait écho à un texte plus ancien publié en
1962 par Marshall MacLuhan, La Galaxie Gutenberg¸ dans
lequel l’auteur annonçait la fin de la « galaxie Gutenberg »,
autrement dit de l’écriture, et les débuts de l’ère « électrique »
(qu’il appelait la « galaxie Marconi ») caractérisée par le
recours au visuel, au virtuel, à la simultanéité de l’image, du
son et du mouvement, la vitesse (le tout accompagné par le
« fameux haut débit »). Même si cette perspective s’est révélée
juste, l’écrit demeure encore un moyen majeur de transmission
et de communication.
Dans ce chapitre :
Naissance et livret de famille de la langue française
De l’enfance à l’âge adulte ; regards sur l’évolution
d’une langue vivante
Le français à travers 10 extraits
La défense de Joachim !
Mais une loi n’est pas suffisante ; pour vivre, une langue a
besoin d’être pratiquée, enrichie, transformée. C’est ce que va
entreprendre un jeune groupe de poètes fréquentant une école
parisienne, le collège de Coqueret. Érudits et passionnés par la
poésie grecque et latine, mais aussi par l’italien, ils se nomment
Ronsard, Du Bellay et Baïf, Pontus de Tyard, Peletier, Belleau,
Jodelle et forment le groupe de la Pléiade, en référence à une
constellation et à sept poètes de l’Antiquité (on n’est pas
modeste à l’époque !). Joachim Du Bellay est chargé de rédiger
un manifeste, Défense et illustration de la langue française
(1549), pour soutenir et défendre la langue française contre ses
détracteurs qui considèrent que c’est une langue trop pauvre,
notamment dans son expression littéraire. Voici un extrait
véhément de son argumentaire :
Demandez le programme !
La simple lecture des titres des 24 chapitres de la Défense et
illustration et de la langue française révèle bien l’ambition des
poètes de la Pléiade : faire prendre conscience aux Français
qu’ils possèdent une langue et que celle-ci doit s’imposer et
vivre par l’action de chacun.
Livre premier
Chapitre premier. De l’origine des langues
Livre deuxième
Chapitre Premier. De l’intention de l’auteur
Un peu d’ordre !
Ouf, quel déluge verbal ! Voilà, vous étiez prévenu, le François
n’était pas du genre à faire dans la demi-mesure ! Autant le
XVIe siècle est marqué par une prolixité et une invention
langagière, autant le siècle suivant sera celui d’une stabilisation
du français avec l’élaboration de règles sous l’impulsion de
plusieurs grammairiens et auteurs (dites merci à MM.
Chapelain et Malherbe) et la création de l’Académie française
en 1635 sur ordre du cardinal de Richelieu. Celle-ci devient
rapidement l’institution de référence et de contrôle « sur la
façon de parler ». Ainsi, un de ses membres, Vaugelas, est
chargé dès 1639 de la rédaction du premier dictionnaire de
l’Académie ; il publie ses Remarques sur la langue française
(1647) qui fixe durablement ce qui sera considéré comme la
meilleure façon de s’exprimer en français (même si ce n’était
pas l’intention première du grammairien !). En 1674, Nicolas
Boileau, poursuivant un travail de réflexion sur la langue et son
style, publie son Art poétique où le rapport à l’écriture est
précisé :
L’Académie aujourd’hui
Le rôle de l’Académie tel que le définissent les
académiciens eux-mêmes sur le site Internet de
l’Académie française est le suivant :
La dame
Qui son chien veult tuer lui met la rage
Assus, dist on, ainsi me veulz tu faire
Faulx desloyal, qui dis que mon corage
Se veult de toy, pour autre amer, retraire.
Mais tu scez bien, certes, tout le contraire
Et qu’en mon cuer n’a grain de tricherie.
Mais cë es tu mauvais, tu t’as biau taire,
Qui deceveur es plain de menterie.
RODRIGUE
Hauteville-House, 1862.
Victor Hugo, Les Misérables, Préface.
Le spectacle était épouvantable et charmant.
Gavroche, fusillé, taquinait la fusillade. Il avait l’air
de s’amuser beaucoup. C’était le moineau becquetant
les chasseurs. Il répondait à chaque décharge par un
couplet. On le visait sans cesse, on le manquait
toujours. Les gardes nationaux et les soldats riaient en
l’ajustant. Il se couchait, puis se redressait, s’effaçait
dans un coin de porte, puis bondissait, disparaissait,
reparaissait, se sauvait, revenait, ripostait à la
mitraille par des pieds de nez, et cependant pillait les
cartouches, vidait les gibernes et remplissait son
panier. Les insurgés, haletants d’anxiété, le suivaient
des yeux. La barricade tremblait ; lui, il chantait. Ce
n’était pas un enfant, ce n’était pas un homme ; c’était
un étrange gamin fée. On eût dit le nain invulnérable
de la mêlée. Les balles couraient après lui, il était plus
leste qu’elles. Il jouait on ne sait quel effrayant jeu de
cache-cache avec la mort ; chaque fois que la face
camarde du spectre s’approchait, le gamin lui donnait
une pichenette.
Dans ce chapitre :
Vous aimez les surprises ? Oui. Alors, faites une
petite visite avec nous dans la fabrique de l’écriture
La phrase c’est simple, la phrase c’est complexe
Les types de textes
Comment ça marche ?
Nous possédons tous une sorte de petite fabrique d’écriture
plus ou moins développée et qui sert plus ou moins selon les
goûts et les nécessités de chacun.
Cela n’a l’air de rien, mais pour fabriquer cette phrase dont la
qualité littéraire et la portée philosophique ne vous aura pas
échappé, il a fallu mettre en œuvre des phénomènes d’une
extraordinaire complexité qui dépasse de très loin les capacités
des plus puissants des ordinateurs en service à l’heure actuelle.
Vous en doutez ? Eh bien, observons ce qui s’est passé.
La prose de Monsieur
Jourdain
MONSIEUR JOURDAIN
MAÎTRE DE PHILOSOPHIE
MONSIEUR JOURDAIN
Flash d’écriture
Avec des si… Si vous veniez de gagner le gros lot au Loto,
rédigez vos 10 priorités.
Extraordinaire, ce film !
Premier baiser, première émotion.
L’Or, titre d’un roman de Blaise Cendrars
Rendez-vous à 5 heures devant le Panthéon.
Quel chameau !
Sous les pavés la plage (slogan de mai 1968)
La phrase simple
Voici trois exemples de phrases simples qui ne bouleverseront
pas l’histoire de la littérature française :
La phrase complexe
La phrase complexe n’est pas compliquée ; elle comporte une
proposition principale et des propositions qui en dépendent, les
subordonnées. Reprenons nos pommes :
La période
La période est une longue phrase dont on voit malgré tout le
bout ; elle est composée de plusieurs propositions :
Paul, qui est un écrivain connu, ami de longue date que j’ai
rencontré sur les bancs de la communale, m’a invité à venir
passer quelques jours dans sa maison de l’île de Groix.
Paul, qui est un écrivain connu, ami de longue date que j’ai
rencontré sur les bancs de la communale où nous avons fait les
quatre cents coups, m’a invité à venir passer quelques jours
dans sa maison de l’île de Groix.
Le rythme binaire
Là c’est facile, il suffit de savoir compter jusqu’à 2 ! La phrase
comporte deux parties d’égale longueur et souvent de même
construction ; ce rythme permet une symétrie pour exprimer
soit un parallélisme, soit une opposition. Un exemple ? Soit,
sollicitons Alcofribas Nasier :
Le rythme ternaire
Comme pour le rythme binaire, la phrase du rythme ternaire
comporte des parties d’égale longueur et de construction
proche, sauf qu’au lieu d’être composée de deux parties, il y en
a trois. Voici un bel exemple de la sobriété romaine ; comment
résister à cette phrase de Jules César ?
L’accumulation
Sollicitons un amoureux du verbe ! Dans cet extrait, tiré de
Quatrevingt-treize (1874) (orthographe hugolienne !), roman
historique sur la Révolution française, Victor Hugo décrit les
dégâts provoqués par un gros canon de marine qui vient de
rompre brutalement son amarre sur un bateau pris dans une
tempête (avec Hugo, pas de demi-mesure !) :
La dentelle proustienne
Le rythme peut devenir un phénomène complexe. Voici un
exemple qui peut (nous vous l’accordons) donner le vertige :
propositions courtes, longues, enchâssements, du grand art ! Le
héros-narrateur, un certain Marcel (double de Proust), est
fasciné par la duchesse de Guermantes qui, au cours d’une
soirée à l’Opéra, lui a adressé « l’averse étincelante et céleste
de son sourire ». Il cherche à la revoir. Nous vous laissons
apprécier ce guet amoureux qui tient en quatre phrases :
Les paragraphes
Petite séance de « portes ouvertes » ! Nous savons que les mots
font des phrases, que les phrases font des paragraphes, et que
ces derniers font des textes. Les paragraphes sont au texte ce
que les wagons sont à un train : ils constituent des éléments à la
fois autonomes mais aussi reliés les uns aux autres pour former
un ensemble qui se tient et permet ainsi de « voyager »…
Dans tous les cas, le paragraphe est une unité de sens qui peut
développer plusieurs combinaisons. Voici les principales pour
un texte argumentatif :
Flash d’écriture
Vous êtes confortablement installé(e) à la terrasse d’un
café ; vous décrivez le lieu en 5 lignes, sans utiliser une
seule fois le verbe être.
Le texte narratif
Pour raconter des événements concrets qui se sont produits
dans un temps (réel ou imaginaire). Il sert à relater des
événements, établir une chronologie, donner des informations
documentaires. Ce texte se caractérise par la fréquence des
groupes verbaux et l’emploi de certains temps (présent,
imparfait, passé simple), par l’emploi de points de vue narratifs
(l’adoption du point de vue de celui qui parle, qui raconte).
Le texte descriptif
Pour décrire un lieu, une situation, une personne (un portrait
donc !). Il permet de donner des repères spatiaux, temporels, de
créer une ambiance, une psychologie, un physique. L’imparfait
est le temps le plus employé.
Le texte argumentatif
Pour transmettre vos idées, défendre vos convictions, présenter
vos objectifs. Il possède deux fonctions essentielles : persuader
le lecteur que votre point de vue est le meilleur, unique,
incontournable ; montrer votre désaccord avec une position, un
jugement, en démontrant (voire en démontant !) que l’autre
(l’adversaire, le méchant !) a tort et que vous avez raison ! En
règle générale, le présent fait l’affaire !
Le texte explicatif
Pour fournir des informations, des connaissances. Là, c’est
votre côté pédagogue qui intervient pour éclairer le destinataire
de votre écrit, lui expliquer ce qu’il doit savoir ou ne comprend
pas. Le présent est souvent de rigueur.
Le texte injonctif
Pour initier une action, donner des ordres à suivre. Bon, fini de
plaisanter ! Passons aux choses sérieuses ! Il s’agit de
conseiller, de dicter un mode ou une marche à suivre, un
comportement à adopter. Impératif, conditionnel (pour faire
passer l’ordre dans la nuance !) et indicatif présent sont les
modes les plus employés.
Pourquoi écrit-on ?
Dans ce chapitre :
Mille et une raisons pour écrire
L’écrit, un outil de communication et de transmission
L’écrit, un plaisir…
Si vous avez ce livre entre les mains, c’est que vous voulez
écrire. Pour une raison ou une autre, comme l’on dit. Ou pour
plusieurs raisons ! Quoi qu’il en soit, vous voulez apprivoiser
cet outil d’expression pour une finalité qui vous appartient.
Dans ce chapitre, nous vous proposons d’explorer ce qui peut
inciter (par besoin, par envie, par curiosité), à un moment
donné, à écrire.
Écrire ?
Écrire sur l’écriture. On sent bien la gageure se profiler, mais
rassurez-vous, notre objectif n’est pas de construire une énième
thèse de troisième cycle sur cette problématique (évidemment
les thèses de troisième cycles sont respectables !) ; on a déjà
beaucoup écrit là-dessus ! Pourquoi avons-nous besoin, envie,
d’écrire ? Notre réponse pourrait donc être lapidaire. Parce
que… Certes, certes, mais, vous l’avez compris, nous vous
proposons de compléter l’implicite suggéré par ces trois points
de suspension !
Flash d’écriture
À votre tour ! Trouvez 20 mots qui pourraient vous servir
pour dire les raisons qui vous poussent à écrire. Mais
attention chaque mot doit commencer par une lettre
différente de l’alphabet. Dans notre grande mansuétude,
nous vous dispensons des lettres W, X, Y, Z. Vous pouvez
nous remercier !
Idée reçue !
Un vieux sage chinois (« le vieux sage chinois » est toujours
très commode quand on ne se rappelle plus le nom de
l’auteur !) a dit : « Méfions-nous des évidences, ce sont des
obstacles à la connaissance ! » ; en effet, puisque c’est évident,
on ne prend pas la peine de s’interroger, de creuser, de vérifier,
d’approfondir, tout est congédié d’un geste de la main : « C’est
évident ! ». Pour les idées reçues, le processus est identique ;
on ne se donne pas la peine de vérifier leur validité, elles
semblent là, triomphantes, ostensibles, sûres d’elles, et
pourtant ! La plupart du temps, ce sont des concentrés de
préjugés (donc de jugement sans fondement !), de stéréotypes
qui se sont imposés au fil du temps. Vous vous demandez où
nous voulons en venir ? À l’écriture bien sûr, et à ce cliché
selon lequel l’écriture, l’aisance à écrire, serait un don ! Dès
lors à quoi bon espérer progresser, puisque c’est un don : on l’a
ou on ne l’a pas ! Certes, on ne peut pas nier que certains
d’entre nous ont des facilités, des dispositions, une attirance
pour l’écriture, mais quand on y regarde de plus près, dans une
majorité des cas, ces personnes écrivent régulièrement depuis
longtemps, sont des passionnés de lecture, exercent des métiers
où l’écrit tient une grande place. Dès lors, c’est plutôt du côté
d’une pratique régulière de l’écriture qu’il faut rechercher les
raisons de cette aisance.
Où êtes-vous ?
Voici une liste, non exhaustive de raisons qui poussent à écrire :
L’écriture au quotidien
… et sans liberté
Il y a fort à parier qu’aujourd’hui un monde sans écriture
équivaudrait à un monde sans liberté. Lorsque dans un pays, la
liberté d’écrire est menacée, contrôlée, censurée, lorsque les
écrivains et les journalistes sont mis en prison pour qu’ils
n’écrivent plus, alors c’est la liberté des individus qui est
bâillonnée et menacée.
Flash d’écriture
Quel est le mot de la langue française que vous aimez le
plus ? Dites pourquoi.
Quel est le mot de la langue française que vous trouvez
vraiment bizarre ? Dites aussi pourquoi.
Le pari de Stendhal
Si Stendhal, de son vrai nom Henry Beyle, fit une
carrière diplomatique en demi-teinte, en revanche son
œuvre d’écrivain lui valut notoriété et reconnaissance
de son vivant, mais seulement auprès d’un public
restreint d’artistes et de petits cercles lettrés. Entourée
par des géants de la littérature comme Chateaubriand,
Victor Hugo et Honoré de Balzac, son œuvre demeura
peu connue de son vivant. Ainsi, dans un récit
autobiographique, La Vie d’Henry Brulard,
commencé en 1835 et publié de manière posthume en
1890, Stendhal donnait sa motivation d’écrire :
« J’écris pour des amis, une poignées d’élus qui me
ressemblent : les happy few. » Plein d’humour, il
ajoutait sous forme d’un pari sur l’avenir : « Je mets
un billet à la loterie, dont le gros lot se réduit à ceci :
être lu en 1935. » Pari gagné !
En guise de conclusion pour cette première partie et
d’introduction pour les suivantes…
D’abord pas de complexe. Ne surévaluez pas les difficultés.
Ah ! Évidemment, si vous placez d’emblée la barre trop haut,
vous risquez rapidement le découragement : vous voulez être
Flaubert, Yourcenar, Gracq, tout de suite ! Holà, on se calme,
mais pourquoi pas ! Mais, à moins d’être tombé dans la cuve
magique qui fait les Rimbaud, les Radiguet, les Aragon, les
Koltès (auquel cas, vous pouvez arrêter cette lecture !), donc à
moins d’être tombé dans cette fameuse cuve magique, il vous
faudra faire preuve d’un peu de patience et d’un peu (voire
beaucoup !) de travail. Mais, en retour, vous aurez la
satisfaction de maîtriser une écriture qui vous sert, vous
prolonge et vous valorise.
Page d’écriture
Quel est le mot que vous aimez le plus ?
Pourriez-vous dire pourquoi en quelques lignes ?
Quel est le mot que vous détestez le plus ?
Pourriez-vous dire pourquoi en quelques lignes ?
Faites un texte de 10 lignes qui commencera au
choix par :
« Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau
voyage ».
« Le désir d’apprendre. »
« Et pourquoi moi ? »
Notre manière d’écrire nous ressemble… Selon notre âge, notre histoire,
notre situation, l’écriture occupe une place particulière dans notre
existence : boulet pour les uns, atout pour les autres, ce qui est sûr, c’est que
nous avons tous besoin d’écrire et si possible bien… Ici, vous allez pouvoir
sereinement identifier vos besoins, blocages et faire le point avant de vous
orienter avec précision dans Écrire pour les Nuls.
Chapitre 5
Dans ce chapitre :
Choisissez le profil qui correspond à vos attentes du
moment
Les différentes maîtrises de l’écrit dont vous avez
besoin
Les chapitres à consulter
Qui êtes-vous ?
Vous parlez tous les jours ! Mais écrivez-vous tous les jours ?
Cela dépend…
Flash d’écriture
Avez-vous vu ce film de Steven Spielberg, Arrête-moi si tu
peux, avec Tom Hanks et Leonardo DiCaprio ? Ce dernier
joue le personnage d’un jeune homme, joyeux mythomane,
puis faussaire, qui commence sa carrière en se faisant
passer lors d’un quiproquo pour le professeur remplaçant
d’espagnol alors qu’il est élève et ne parle pas un traître
mot de la langue de Cervantès ! Imaginez qu’à votre tour
vous débarquez dans une classe où l’on vous prend pour le
professeur de mathématiques. Racontez comment vous
vous y prendriez.
C’est Paul Valéry qui disait que le premier vers était donné par
les dieux et que la difficulté, justement, c’était de mettre le
deuxième vers à la hauteur du premier, il n’avait pas tort !
Dans ce chapitre :
L’écriture, un pensum !
Regardons ensemble les raisons des blocages
L’écriture, un plaisir !
Écrire, un cauchemar ?
À propos de votre rapport à l’écriture, nous n’allons pas jouer
au docteur Knock, personnage éponyme de la pièce de Jules
Romains, qui demande à son patient : « Est-ce que ça vous
gratouille ou est-ce que ça vous chatouille ? » En revanche, il
serait utile que vous vous intéressiez à ce qui se passe lorsque
vous êtes confronté à un travail d’écriture. Vous vous dites :
« Oh, chouette, écrire ! Tout ce que j’aime ! » ; dans ce cas-là
Écrire pour les Nuls sera pour vous comme une sorte de
gourmandise dont vous consulterez certains chapitres avec
délectation, mais dès à présent vous pouvez faire l’économie de
la lecture de ce qui suit, vous n’êtes plus concerné. Mais si à
l’idée d’écrire, vous sentez une espèce de poussée d’urticaire,
une démangeaison, une envie d’aller voir ailleurs si vous y
êtes ; bref, si pour vous l’écriture est synonyme de charge, de
devoir, de labeur, de servitude, de corvée, de pensum, alors
vous pouvez poursuivre la lecture, vous êtes à la bonne page !
En effet, si pour vous écrire c’est cela, alors Écrire pour les
Nuls doit devenir votre livre de chevet ! Il vous permettra de
calmer rapidement votre angoisse et votre envie de fuir.
Flash d’écriture
En 5 lignes, racontez votre pire cauchemar… dans un
cauchemar !
L’écriture anémiée
La lecture de certains écrits fait penser qu’une maladie
mystérieuse a détruit des légions de mots : par exemple, les
verbes sont représentés par quelques rescapés (être, avoir, faire,
dire, penser, croire), les adjectifs sont réduits à une peau de
chagrin, les temps sont réduits au présent, à l’imparfait et au
passé composé, les autres ont disparu par une trappe
mystérieuse. Cette écriture « recroquevillée, racornie,
anémiée » correspond à différentes causes : elle traduit le plus
souvent une absence de pratique, mais elle peut aussi être le
signe d’un manque de confiance en soi (puisque je ne suis pas
sûr de moi, j’assure le programme minimum !), enfin elle peut
caractériser une habitude contemporaine d’aller au plus vite en
considérant qu’écrire ralentit l’action ! Mais dans tous les cas,
le résultat est une expression appauvrie qui s’avère réductrice
de l’intention que l’on voulait exprimer.
« Ce n’est pas pour moi, je suis mauvais, pas assez cela, pas
assez ceci, je n’y arriverai pas, je n’ai jamais été bon à
l’écrit » : vous avez sans doute comme Daniel Pennac des
« chagrins d’école »… L’écriture, c’est un peu comme le
dessin. À la maternelle, les petits enfants n’ont aucun a priori
et font en peinture des choses magnifiques ; et puis survient le
moment fatidique où le vilain formatage tue la belle créativité.
On leur demande de ne pas déborder, de savoir reproduire tel
objet, telle forme, d’aller vers l’imitation, car « ça » doit
ressembler à quelque chose, à la réalité ; la fleur du jardin doit
se retrouver sur la feuille, le vase avec son bouquet éternel, sur
le guéridon. À partir de là, pour une grande majorité d’enfants,
c’est le sempiternel rejet qui s’installe avec le « de toutes
façons, je ne sais pas dessiner » !
Flash d’écriture
Vous êtes chargé(e) de rédiger le texte de la plaque qui sera
déposée sur la planète Mars, pour d’éventuels habitants ou
visiteurs. Allez-y, la navette est prête à décoller !
La dysorthographie
On a tendance à confondre la dysorthographie, qui concerne
des difficultés à orthographier correctement, avec la dyslexie
qui relève d’un trouble lié à l’acquisition de la lecture. Les
deux sont bien sûr étroitement liées et rendent la maîtrise de
l’écrit délicate ; dès lors, à l’école, ce trouble devient un
handicap, contre lequel il convient de se mobiliser par le
recours à des méthodes de rééducation à mettre en œuvre le
plus tôt possible si l’on est parent d’un enfant atteint de ce
problème. Aujourd’hui, il n’existe pas de solution miracle,
mais toute une série d’accompagnements (comme
l’orthophonie) qui aide à réduire ce handicap.
Votre écrit
Attention : ne confondez pas « j’écris » et « je
copie » ! C’est vrai, vous pourrez trouver des
quantités d’ouvrages qui vous proposeront des
modèles tout prêts de lettre de motivation, de CV, de
lettres types pour tel ou tel courrier, tel ou tel service
(assurances, banque, services publics, administration,
etc.) ; certes, dans l’urgence cela peut toujours
dépanner, mais vous risquez de reproduire un modèle
standard où la spécificité de votre profil, de votre
requête, de votre intention ne sera pas évidente.
Apprendre à rédiger, donc à rechercher, à organiser et
à formuler votre pensée, vous donnera à la fois
l’autonomie, l’originalité et l’assurance d’être maître
d’œuvre de votre écrit.
Vive la mine !
Une fois débarrassé de ce joug : « Mais qu’est-ce que ça veut
dire ? », dites-vous que vous êtes l’heureux propriétaire d’une
mine d’or (si, si !) et qu’il ne tient qu’à vous de découvrir et
ensuite d’exploiter les bons filons, même s’ils ne sont pas
forcément accessibles au premier coup de pioche (enfin de
crayon ou de frappe sur le clavier !). Il faut creuser ! Et encore
creuser !
Flash d’écriture
Imaginez une courte scène où le personnage principal a un
sérieux problème : tout ce qu’il pense dans sa tête, et donc
devrait rester parfaitement inaudible et inaccessible, est
entendu par son entourage. Parfois, cela peut être gênant.
L’atelier d’écriture
En France, c’est indéniable, nous avons une certaine difficulté
à admettre qu’il existe des techniques pour apprendre à écrire.
Ainsi, aux États-Unis, toutes les universités ont leur cours
d’écriture, leurs ateliers de création, alors qu’en France cela
passe encore pour une idée incongrue. C’est que perdure l’idée
que la grâce de l’écriture touche certains et que l’on peut
étudier, critiquer leurs textes, mais surtout ne pas s’aviser (en
tout cas publiquement) d’avoir la prétention de les imiter, de les
suivre dans leur démarche. Ainsi, l’enseignement de l’écriture
littéraire n’existe pas ; les auteurs et leurs écrits font l’objet
d’une véritable sacralisation.
S’évaluer
Dans ce chapitre :
Des séries de petits tests pour exercer vos différentes
maîtrises
Plusieurs évaluations pour faire un point
Dans quelles directions travailler
La maîtrise lexicale
Un dictionnaire de langue courant comporte environ 60 000
mots qui sont à votre disposition pour vous exprimer au
quotidien ; évidemment, certains vous sont très familiers et
d’autres un peu moins, voire parfaitement inconnus. C’est
pourquoi, chaque fois que vous avez le moindre doute sur une
orthographe ou sur une signification, vous devez prendre
l’habitude de consulter votre dictionnaire (voir chapitre 8).
Chez vous, cet outil indispensable doit toujours être visible, à
portée de main ! À l’extérieur, il existe aujourd’hui plusieurs
moyens de procéder à une vérification : par exemple, vous
pouvez utiliser le correcteur d’orthographe de votre traitement
de texte ou, si vous avez une connexion Internet, consulter un
dictionnaire en ligne.
L’orthographe lexicale
Avec les 26 lettres de l’alphabet, le monde des mots s’offre à
nous ; encore faut-il savoir choisir les bonnes lettres et les
placer dans le bon ordre. Maîtriser l’orthographe lexicale, c’est
donc composer les mots tels qu’on les trouve écrits dans le
dictionnaire.
Petites annonces
Je vends un char d’assaud ayant peu servi ; prévoir
changement des chenilles à l’éclosion des papillons.
Bulletin météo
2e test
Quand les adjectifs se transforment en adverbes de manière, on
ajoute le suffixe -ment « simplement » ; enfin, pas toujours si
« simple »… Vérifiez votre manière de les écrire ; évidemment,
vous devez répondre par oui ou par non !
Les accents
Avec ou sans chapeau ?
Ils veulent tous porter l’accent circonflexe ! Vous savez, celui
que vous appeliez « le chapeau de gendarme » ou « le chapeau
chinois » lorsque vous étiez enfant. Retrouvez ceux qui doivent
ôter leur « chapeau » :
âcre – aîne – arôme – bâteau – boîteux – brêche – châpitre –
cîme – cône – côtre – crêpu – dégaîner – drôlatique – emblême
– fantôme – fût – fûtaie – goître – icône – infâme – jeûner –
monôme – pître – râcler – râtisser – râtelier – symptôme –
tâter – trône
allégre / allègrement
ascète / ascètique
bête / bétail
câble / encâblure
diplôme / diplômatique
fièvre / fièvreux
grâce / grâcieux
hygiène / hygiénique
obèse / obèsité
pôle / polaire
règle / règlage
synthèse / synthétique
tempête / tempêtueux
Tréma
Les deux fameux petits points : à vous de dire s’il en faut ou
pas, et s’ils sont placés au bon endroit !
Les abréviations
Pouvez-vous abréger en toute connaissance de cause ?
Première évaluation
Dans cet extrait, le lexique a été malmené ! Votre mission (si
vous l’acceptez, bien entendu !), c’est de retrouver les dix
fautes que nous avons commises à votre intention.
La maîtrise grammaticale
Savoir écrire correctement les mots est une compétence
importante ; maintenant, il s’agit de mettre en œuvre leur
combinaison pour produire des idées, en d’autres termes, de
construire des phrases en respectant les différentes règles de
grammaire concernant le pluriel et le genre des noms, l’accord
des adjectifs, des participes passés, la conjugaison des verbes
en fonction des temps, et de la personne, etc. La maîtrise
grammaticale repose essentiellement sur deux capacités : celle
qui est liée à votre mémoire et qui vous permet d’activer en
situation les différentes règles que vous avez apprises au cours
de votre scolarité ; évidemment vous pouvez avoir oublié ou
mal compris, et dans ce cas, il sera utile de consulter l’annexe
A (grammaticale) où sont répertoriées les principales règles. La
seconde capacité concerne votre logique d’analyse ; vous
pouvez connaître une règle d’accord, mais ne pas savoir
identifier les différentes fonctions des mots dans une phrase :
sujet, complément d’objet, complément circonstanciel,
épithète, attribut, etc. Là aussi, un passage par l’annexe A vous
permettra de retrouver la bonne démarche.
Le genre
De la même manière que vous ne pouvez pas confondre une
vache dans un pré avec un renard dans un poulailler, il convient
de savoir identifier le genre des mots pour ne pas faire de faute
d’accord !
Le nombre
Accord ou pas d’accord ?
Source d’innombrables fautes, erreurs, oublis, les accords en
nombre concernent les noms, et ceux en genre et en nombre,
les adjectifs et les participes passés.
La conjugaison
« Ô temps suspends ton vol ! » Soit, mais pas la conjugaison
des verbes !
Voici trois séries de tests pour faire un rapide point sur votre
rapport aux temps…
1er test
Ces verbes sont correctement conjugués au présent de
l’indicatif ; confirmez ou infirmez cette affirmation :
2e test
Dites si pour vous le temps et le verbe proposés sont justes :
3e test
Les modes et les temps des verbes ont des valeurs et des sens
particuliers ; reliez chaque élément de la première colonne avec
l’élément de la seconde colonne qui lui correspond :
Deuxième évaluation
Dans cet extrait où il est question de musique, nous avons
glissé 6 « fausses notes » ; avez-vous « l’œil » d’un
mélomane ?
Le pianiste
La maîtrise d’expression
Les mots nous permettent de nous approprier le monde en le
nommant. Mais convenez-en c’est un vaste programme.
Les écarts
Nous avons l’esprit créateur. C’est bien, mais avec la langue,
les mots, il faut demeurer prudent et veiller à être compris par
tous ! Ainsi, si nous créons de toutes pièces un mot par
approximation avec un autre qui existe, nous devenons l’auteur
d’un barbarisme et la communication avec nous risque de
devenir compliquée (exemple : rénumération n’existe pas ; en
revanche rémunération existe !). Par ailleurs, si dans la
précipitation nous employons un mot pour un autre par
confusion (percepteur pour précepteur), nous produisons une
impropriété qui peut faire sourire (à nos dépens !).
Les barbarismes !
Saurez-vous repérer les barbarismes dans ces couples ?
Astérique / astérisque
Obnubiler / omnubiler
Pécuniaire / pécunier
Aréopage / aéropage
Dilemme / dilemne
Fruste / frustre
Pérégrination / périgrination
Rouvrir / réouvrir
Les impropriétés !
Voici des couples de mots pris souvent l’un pour l’autre ;
pouvez-vous brièvement indiquer leur sens respectif ?
Agonir / agoniser
Décade / décennie
Avatar / avarie
Démystifier / démythifier
À l’intention / à l’attention
Recouvrer / recouvrir
Illettré / analphabète
Jadis / naguère
Troisième évaluation
Devinez qui je suis avant d’arriver à la fin du récit et surtout
repérez les 10 fautes qui conduisent jusqu’à mon identité ! Un
indice : je suis tellement énorme que certains disent « C’est
assez ! »
— Tu veux ma photo ?
La maîtrise de la syntaxe
Savoir écrire correctement les mots, connaître les règles
d’accord et être le roi ou la reine de la conjugaison, c’est bien,
même très bien. Reste à mettre tous ces savoirs en pratique,
c’est-à-dire à produire des phrases qui transmettront vos idées
en respectant des règles de construction logique.
La ponctuation
Élément indispensable pour organiser, rythmer vos phrases, la
ponctuation marque des étapes logiques dans votre écrit. Un
texte mal ponctué peut rendre confus, voire incompréhensible,
un argument, un exemple. Dites si ces affirmations sont vraies
ou fausses.
1. Le mot virgule vient du latin virgula, « petit virage ». V/F
2. La virgule ne permet pas d’insérer des éléments explicatifs entre le
sujet et le verbe. V/F
3. La virgule permet d’évoquer une succession chronologique. V/F
4. Le point-virgule sépare deux propositions. V/F
5. Les deux points ne permettent pas de citer les paroles de quelqu’un.
V/F
6. Les deux points peuvent introduire une explication. V/F
7. Le point indique la fin d’une phrase. V/F
8. On n’utilise le point d’interrogation qu’avec une interrogation directe.
V/F
9. À la fin d’une phrase le point d’exclamation exprime un sentiment ou
une intention. V/F
10. On peut mettre trois, quatre ou cinq points de suspension à la fin d’une
phrase. V/F
11. Les guillemets permettent de citer les paroles ou les écrits de
quelqu’un. V/F
12. On peut écrire « entre parenthèse ». V/F
13. Le tiret sert à indiquer le changement d’interlocuteur dans un dialogue.
VF
La construction de l’expression
Il y a plusieurs manières d’écrire : la bonne et l’approximative,
voire la mauvaise. Ce qui est sûr, c’est qu’une expression
respectant les règles de construction est plus efficace ; saurez-
vous retrouvez dans cette suite d’expressions, celles qui sont
correctes et celles qui sont fautives ?
Quatrième évaluation
Un peu de détente pour finir !
C’est vrai, elle est difficile ; c’est pourquoi vous n’y trouverez
que 13 fautes ! Nombre porte-bonheur !
La dictée de Prosper
Mérimée !
Attribuée à Mérimée, cette dictée fut réalisée lors
d’une soirée par l’empereur Napoléon III (c’était un
de ses passe-temps favoris), l’impératrice et leurs
invités.
Page d’écriture
Voici une liste de proverbes. À partir de l’un
d’eux imaginez un récit dont il serait le point de
départ ou la chute. Naturellement, si l’exercice
vous plaît, vous pouvez construire d’autres récits.
Prête-moi ta plume…
Lire d’accord, mais écrire, ce n’est pas pour moi ! J’ai toujours été nul en
rédaction, en orthographe, en dissertation, et puis ce n’est pas maintenant
que cela risque de changer, c’est trop tard… Vous avez peut-être déjà
entendu, voire prononcé, ces litanies de lassitude et de renoncement face à
l’écriture. Mais comme vous lisez ces lignes, cela signifie que vous avez
décidé de tordre le cou à cette apparente fatalité et vous avez entièrement
raison. Sans prétendre faire de vous le Chateaubriand du XXIe siècle (mais
sait-on jamais !), nous vous proposons de vous guider vers une meilleure
maîtrise de l’écrit grâce à des outils, trop souvent oubliés ou décriés, car
mal connus ou mal sollicités : dictionnaires, fondamentaux de grammaire et
traitement de texte (le petit dernier !) peuvent devenir de précieux alliés et
vous redonner aussi la goût de la lecture, source inépuisable de
connaissances, de plaisirs et d’évasion. Alors, faites-nous confiance et
lancez-vous sans appréhension dans l’aventure de l’écriture.
Chapitre 8
Les dictionnaires
Dans ce chapitre :
Un dictionnaire ?
Les dictionnaires, à quoi ça sert ?
La grande famille des dictionnaires
Le dictionnaire
Le dictionnaire n’est pas un livre comme les autres ; qu’il soit
dans une bibliothèque, sur un bureau, dans un cartable, en un
volume, en plusieurs volumes ou encore sur Internet, il ne
propose rien de semblable aux autres livres : ni histoire
romanesque, ni pièce de théâtre, ni poésie, ni discours, ni essai,
mais simplement, de manière organisée, tous les mots à partir
desquels toutes ces œuvres seront construites. Il n’est pas non
plus comme les autres livres, car chaque personne l’emploie
avec des objectifs différents. Et à chaque utilisation, il s’ouvre
à un endroit différent, mais certaines de ses pages ne seront
peut-être jamais ouvertes, certains de ses mots ne seront peut-
être jamais consultés et resteront de parfaits inconnus.
Le Dictionnaire de l’Académie
française aujourd’hui
Courage, courage, on arrive à la lettre Q !
C’est bien connu, qui veut aller loin ménage sa
monture… Ainsi depuis la première édition de son
Dictionnaire en 1694, l’Académie française a publié
huit éditions : 1718, 1740, 1762, 1798, 1835, 1878,
1932-1935, 1992. Les quarante académiciens (il y a
en fait cinq femmes, Assia Djebar, Florence Delay,
Hélène Carrère d’Encausse, Danielle Sallenave et
Simone Veil) ont entamé en 1986 la rédaction de la
neuvième édition du Dictionnaire de l’Académie ;
deux premiers volumes ont été publiés : en 1992 le
premier tome (A à Enzyme) et en 2000 le second tome
(Éocène à Mappemonde).
Un outil utile
Le lexicographe réputé Alain Rey définit ainsi l’objectif des
dictionnaires dont il dirige la rédaction : faire « la description
d’un français général, d’un français commun à l’ensemble de la
francophonie, coloré par des usages particuliers, et seulement
lorsque ces usages présentent un intérêt pour tout le monde ».
Autrement dit à un moment donné, présenter un état de la
langue dans toute sa modernité ancrée dans une histoire, sans
évidemment prétendre à une complétude, par ailleurs
impossible, tant la langue est un phénomène vivant dans lequel
des mots disparaissent, d’autres apparaissent ou se
transforment dans leur morphologie ou leur signification.
Dès lors, quel que soit votre âge, le dictionnaire est un outil
indispensable autant pour vérifier votre expression que pour
l’améliorer ou voyager dans l’univers des mots.
C’est un dictionnaire « extraordinaire » ! Nous l’avons dit, le
dictionnaire est bien sûr un outil de savoir et de recherche mais
c’est aussi une réserve pour l’imaginaire : ainsi cette série de
mots pris au hasard, mais par ordre alphabétique, dans le
Dictionnaire des mots rares et précieux, collection 10/18, n°
2782.
Le dictionnaire étymologique
Ce dictionnaire est une véritable machine à explorer le temps :
il donne l’origine, la filiation d’un mot et à partir du sens initial
reconstitue son histoire, son évolution de sens et ses différents
usages au fil du temps. Il vous permet de gagner en précision et
aussi en nuance. Enfin, il donne, ou redonne, aux mots du
quotidien leur force initiale ; par exemple, le mot succès
emprunté au latin successus, « action d’avancer, succession »,
avait au XVIe siècle le sens de « suite, succession de temps ou
d’actes, et de ce qui arrive de bon de mauvais » : c’est
seulement au milieu du siècle suivant que le sens moderne de
« réussite » est apparu. Autre exemple, fortune du latin fortuna,
« sort », prend le sens de richesse au XVe siècle mais signifie
aussi « sort » et dans le cas d’une « fortune de mer » un
mauvais sort, car cela indique le naufrage d’un navire ! Dernier
exemple : au siècle de Racine (le XVIIe siècle !) fier avait la
signification usuelle de son origine latine ferus, « sauvage,
farouche, cruel », alors qu’aujourd’hui il suggère surtout une
attitude morale d’arrogance ou de dignité.
Un mot sans h !
Contrairement à une orthographe fautive assez
communément répandue, étymologie ne prend pas de
h après le t puisque son radical est etymos, « vrai » ;
sans doute l’influence de mots comme éthique (du
grec ethos, « mœurs ») et ethnie (du grec ethnos,
« peuple, nation »).
Le dictionnaire analogique
Si vous cherchez à enrichir votre vocabulaire, à rendre plus
précise votre pensée, ou tout simplement à éviter une
répétition, le dictionnaire analogique est utile, car il groupe les
mots selon leurs ressemblances de sens et vous offre ainsi toute
une série de mots appartenant à un même champ sémantique.
C’est le grammairien et philosophe Jean-Baptiste Prudence
Boissière qui publie, en 1862, le Dictionnaire analogique de la
langue française. Répertoire complet des mots par les idées et
des idées par les mots, premier dictionnaire français
analogique, classant les mots à partir d’un ordre thématique et
alphabétique.
Le dictionnaire de rhétorique
Nous l’avons déjà dit, avoir des idées, beaucoup d’idées,
géniales, absolument géniales, c’est bien, c’est possible… Mais
les transmettre, les écrire, voilà une autre affaire ! Cela
nécessite le choix des mots, des expressions, une organisation,
un ton, bref un style avec toutes sortes de procédés destinés à
rendre lumineux aux autres ce qui l’est pour vous ! Bien,
soyons peut-être plus modeste pour commencer ! Vous devez
être convaincu que la manière, la forme que vous adopterez
pour écrire, auront une incidence directe sur la réception et
l’intérêt porté à votre écrit. Bref, que votre style devra être un
atout ; ce sera l’association réussie du fond et de la forme
(n’oubliez jamais cette formule, « la forme nous informe » !).
Dans ce chapitre :
Appeler un chat « un chat » et donc… savoir
reconnaître les différentes classes de mots
À chacun son rôle ou savoir identifier les fonctions
des mots
Faire des phrases, comme les marins…
Pour être au point avec la ponctuation
Nature et fonction
Nature et fonction, voilà deux termes importants qui sont
parfois l’objet de confusion : pourtant, impossible de se
tromper. Prenons un exemple : regardez cet objet avec un
dossier, quatre pieds et un plan horizontal, sur lequel vous avez
coutume de vous asseoir lorsque vous êtes à table ou à votre
bureau, c’est une chaise ! C’est la nature de cet objet que vous
ne confondrez jamais avec cet autre objet constitué d’un cadre
métallique (ou en carbone !), de deux roues, d’un pédalier, de
freins, et que vous appelez, que nous appelons, un vélo ! La
chaise a une fonction première et évidente, elle permet de
d’asseoir ; le vélo a une fonction également première et
évidente, c’est un moyen de transport qui permet de se déplacer
plus rapidement qu’à pied… Eh bien, les mots, c’est pareil !
Chaque mot a une nature et appartient à une des dix classes
grammaticales que nous venons juste de voir (finalement peu,
puisqu’il y en a dix !). Chaque mot a également une utilité,
autrement dit une fonction ; nous les présenterons un peu plus
loin : et là, aussi, les principales fonctions sont peu
nombreuses, donc pas de quoi s’affoler !
Les classes sur vos dix doigts !
Sauf à venir d’une autre planète, vous avez dix doigts et vous le
savez puisque vous vous en servez tous les jours ! Eh bien,
pour la grammaire c’est aussi simple : retenez qu’il y a dix
classes grammaticales de mots à partir desquelles se fabrique la
langue que vous employez tous les jours. Cette classification
vous donne la nature de chaque mot et vous permet de savoir à
quoi il sert, autrement dit sa fonction. Encore une fois, il ne
s’agit pas de connaître toutes les subtilités et exceptions
attachées à ces dix classes, simplement d’être capable
d’identifier ces dix classes et leur utilité dans la construction de
vos phrases.
Le nom
C’est un mot ou un groupe de mots qui désigne une réalité
concrète ou abstraite : des êtres (mon frère), des objets (un
ordinateur), des notions
Commun / propre ?
Le nom est commun quand sa signification vaut pour toute une
série d’éléments : le nom commun kangourou s’applique à tous
les « kangourous ». Il commence par une minuscule sauf en
début de phrase.
Quel genre ?
Le nombre
Bande à part
Les articles indéfinis (un, une, des) ; les articles définis (le, l’,
la, les, au, aux, du, des), les articles partitifs (du, de la).
2e famille
L’adjectif qualificatif
L’adjectif qualificatif indique une caractéristique, une qualité
de l’être, de la chose ou de l’idée auquel il se rapporte. On peut
parfaitement écrire une phrase sans employer les adjectifs
qualificatifs et conserver le sens principal, mais on perd en
évocation et précision. Ils sont très nombreux et c’est à grâce à
eux que vous allez donner de la consistance à vos pensées, à
votre argumentation, à vos descriptions. Vous avez compris que
s’en passer serait dommage. Mais attention, la maîtrise de leur
emploi est cruciale, jugez plutôt : une femme peut être belle,
adorable, splendide, séduisante, jeune, fine, intelligente, douée,
subtile (que de qualités !) mais aussi redoutable, méchante,
inquiétante, vulgaire, laide, menteuse (que de défauts !) ; et de
la même manière un homme peut être beau, adorable,
splendide, etc. (là encore, que de qualités !) mais aussi
redoutable, méchant, inquiétant, etc. (et là aussi, que de
défauts !).
Le genre
Le nombre
Je me mets où ?
Si l’adjectif épithète vous posait cette angoissante
question, vous pourriez lui répondre que dans la
plupart des cas il serait très bien après le nom qu’il
caractérise. Mais (en grammaire, il y toujours des
« mais » !) il existe quelques cas où sa place sera
avant. Cette position peut avoir une influence sur le
sens ; ainsi vous faites la différence entre :
un curieux homme et un homme curieux
un brave homme et un homme brave
un grand homme et un homme grand
Les pronoms
Les pronoms sont comme les remplaçants dans une équipe de
football. Ils entrent dans la phrase comme le joueur remplaçant
sur le terrain à la place d’un autre joueur. Ainsi le pronom peut
se substituer à un nom (pro nomen en latin veut dire « pour le
nom ») qui a été déjà évoqué ou à quelque chose
d’indéterminé. Autant dire que c’est une famille nombreuse !
Dans les mots croisés, on est souvent défini par des formules
comme « c’est la rumeur », « c’est un inconnu à qui l’on prête
des propos », « colporteur de ragots », etc. Autant dire qu’il n’a
pas bonne réputation. En fait, il s’agit d’un pronom indéfini
dont l’origine latine homo signifie « un homme » ; il est
toujours sujet et indique un référent humain ; la plupart du
temps c’est un pronom de la 3e personne du singulier, mais il
peut très bien prendre la valeur de toutes les autres personnes,
même si c’est plus rare dans un langage soigné. Dans ce cas,
soyez vigilant avec les accords ; par exemple, si une femme
parle et dit : « Sylvie et moi, on est allées se promener », vous
observez que le participe passé prend la marque du féminin et
celle du pluriel. « On » vous aura prévenu…
Le verbe
D’abord des chiffres :
J’adore Écrire pour les Nuls. Nous adorons Écrire pour les
Nuls. Ils adoreront Écrire pour les Nuls.
L’adverbe
Voilà un mot avec lequel vous n’aurez jamais d’angoisse à
propos de son accord, car il est invariable ! Vous pouvez
l’employer pour modifier le sens d’un verbe mais aussi d’un
adjectif, d’un autre adverbe, d’une phrase. L’adverbe est très
utile pour nuancer sa pensée, ses propos.
« J’écris → Depuis que j’ai lu Écrire pour les Nuls, j’écris bien
→ Depuis que j’ai lu Écrire pour les Nuls, j’écris très bien →
Depuis que j’ai lu Écrire pour les Nuls, j’écris vraiment très
bien ! » Arrêtons là les compliments, merci, merci, mais vous
voyez l’effet produit par l’ajout de ces adverbes. Pour
mémoire, retenez qu’il existe sept grandes catégories
d’adverbes : de manière, de quantité, de temps, de lieu,
d’affirmation, de négation, de doute (pour avoir un aperçu,
votre curiosité vous poussera sûrement jusqu’à l’annexe A).
Les conjonctions
Leur rôle est de mettre en relation un nouvel élément avec un
élément déjà présent ; il existe deux catégories de
conjonctions : les conjonctions de coordination et les
conjonctions de subordination. Pas de problème d’accord avec
les conjonctions, elles sont invariables.
Les prépositions
Elles se présentent sous deux formes : des mots courts et des
groupes de mots invariables ; elles relient des mots dans la
phrase et sont porteuses d’une signification qui marque la
fonction des mots. Elles peuvent exprimer la cause (à cause de,
en raison de, étant donné…), le temps (avant, après, dès,
depuis, jusqu’à), la conséquence (de façon, à, de manière à…),
la condition (à condition de, à moins de…), le lieu (dans, à
l’intérieur de, sur, entre…)…
Les interjections
Mots ou groupes de mots suivis d’un point d’exclamation ou
d’interrogation, ils sont invariables. Ils traduisent de manière
expressive une sensation, un sentiment, une attitude, une
réaction. Petit florilège en vrac : Aïe ! ouille ! ah ! ouf ! hein,
pouah, zut, ciel, morbleu, au secours, heu, ohé, diable, hep,
bien, dommage, nom d’un chien, doux Jésus, bof !
Les onomatopées
L’étymologie nous apprend que l’onomatopée, du grec
onomatopoeia, signifie « création de mots par imitation de
sons », waouh ! On peut imaginer qu’à l’état primitif de toutes
les langues il y avait des cris plus ou moins articulés ;
l’onomatopée serait donc l’ancêtre de notre langage verbal. On
notera que la manière de traduire les sons change d’un pays à
l’autre ; ainsi, si le coq gaulois fait cocorico, le coq italien fait
chichirichi, tandis que le coq grec fait kikiriku. Vous aurez
compris que le coq fait ce qu’il veut mais qu’il réveille tout le
monde avec son chant matinal et qu’il arrive parfois qu’un
voisin excédé lui torde le cou, et que cela fasse couic ! Par
ailleurs, les amateurs de bandes dessinées et de mangas
japonais connaissent bien ces transcriptions des bruits, qui
prennent souvent plus de place que le récit et les dialogues.
Les fonctions
Non, non, ne fuyez pas, vous pouvez rester ! Nous vous l’avons
promis au début du chapitre, nous n’allons pas vous replonger
dans les affres de l’analyse logique ! L’essentiel est de
comprendre les relations qui s’établissent entre les mots pour
que chacun d’entre eux soit bien à sa place lorsque vous
rédigez et corresponde ainsi à votre intention de départ. Nous
vous proposons l’essentiel de ce qu’il faut savoir, l’objectif n°
1 restant toujours le même : mettre l’écriture et ses rouages à
votre service.
Le sujet
Il peut faire l’intéressant parce que dans une phrase c’est de lui
qu’on parle, c’est lui qui fait l’action, c’est encore lui qui
impose l’accord au verbe, et au participe passé (avec être). Il
répond à la question : « Qui est-ce qui (fait cette action ou la
subit) ? »
Le complément d’objet
Ils sont trois à s’avancer sur la scène : le complément d’objet
direct, le complément d’objet indirect, et le complément
d’objet second.
Le complément circonstanciel
Le complément circonstanciel est un complément du verbe qui
apporte des informations sur les circonstances de l’action.
Le complément du nom
Pas de révélation ! Le complément de nom complète… le nom
(ou un groupe de mots autour du nom). Il répond à la question
à qui ? de qui ? à quoi ? de quoi ?
Le complément d’agent
Il est l’agent de l’action exprimée par le verbe et le sujet de la
phrase subit cette action. On le trouve dans les phrases à la voix
passive qui se construit avec l’auxiliaire être. Le complément
d’agent est pratiquement toujours introduit par la préposition
par et parfois par la préposition de.
L’épithète
D’abord levons une ambiguïté : on dit une épithète, et non
comme on l’entend trop souvent « un épithète ». Ensuite,
retenons que c’est l’adjectif qualificatif qui peut avoir cette
fonction d’épithète, c’est-à-dire apporter, en étant lié
directement au nom qu’il qualifie, une caractéristique
particulière (qualité, défaut…).
L’attribut
Il correspond à une caractéristique attribuée au sujet par le biais
d’un verbe d’état (être, paraître, sembler, devenir, demeurer,
rester, avoir l’air, être considéré comme…) ou au complément
d’objet après des verbes de jugement, d’appréciation, de
transformation (estimer, juger, croire, penser, dire, traiter,
rendre, élire, prendre pour, considérer).
La phrase simple
La phrase simple, c’est simple, elle est simple ! C’est une suite
de mots qui signifie quelque chose, dont les limites sont
marquées par la majuscule du début et le point de la fin.
La phrase complexe
Nous le répétons, complexe ne veut pas dire compliqué ; la
preuve ? Si vous consultez l’étymologie des deux mots, vous
constaterez que complexe vient du latin complexus qui signifie
« fait d’éléments différents », tandis que compliqué est le
participe passé du verbe latin complicare, « plier en roulant »,
qui a développé la notion d’embarras, d’entrave.
Vous voilà rassuré ! Une phrase complexe est donc tout
« simplement » une phrase qui comporte plusieurs propositions
unies par un rapport d’égalité ou par un rapport de dépendance.
La ponctuation
La ponctuation, à quoi ça sert ? Bonne question ! Une autre
question : l’oxygène à quoi ça sert ? À respirer évidemment !
Évidemment. Eh bien, la ponctuation dans une phrase, c’est
pareil, elle permet à la phrase de respirer ; la preuve par
l’exemple : imaginons le célèbre texte de Victor Hugo
reproduit ci-dessous sans ponctuation !
Le point.
Le point marque la fin d’une phrase et il est suivi d’une
majuscule. Les phrases affirmatives (déclaratives) se terminent
par un point.
Le point d’interrogation ?
Il termine une phrase interrogative et il est suivi par une
majuscule, sauf si la phrase n’est pas finie.
Le point d’exclamation !
Placé à la fin d’une phrase, il exprime la surprise, l’ordre, un
sentiment de colère, d’admiration. Généralement, il est suivi
d’une majuscule, sauf si la phrase n’est pas terminée.
— Ci-devant… dit-il.
Le point-virgule ;
Placé à l’intérieur d’une phrase, il relie souvent deux
propositions. Il peut aussi relier dans une seule phrase les
étapes d’une même idée ou d’une description.
La virgule,
Placée à l’intérieur de phrase, légère comme une plume, elle
peut remplir plusieurs rôles :
Les guillemets « »
Ils servent pour signaler un emprunt, pour citer les paroles, les
écrits d’une personne.
Les parenthèses ( )
Elles permettent de présenter en l’isolant dans la phrase une
information, un commentaire, sur ce que vous écrivez.
Les tirets –
Aujourd’hui, ils sont souvent utilisés avec un rôle identique
aux parenthèses. Dans un dialogue, ils indiquent le changement
d’interlocuteur :
— Tu te perds dans le nuage.
— Et vous dans le calcul.
— Il y a du rêve dans l’harmonie.
— Il y en a aussi dans l’algèbre.
— Je voudrais l’homme fait par Euclide.
— Et moi, dit Gauvain, je l’aimerais mieux fait par Homère.
Attention, si l’élément mis entre les tirets finit la phrase, vous
ne mettez que le tiret initial, et c’est le point qui clôt la phrase.
Règles… ou pas règles ?
Pour les autres textes, c’est vous qui décidez jusqu’à quel point
vous pouvez jouer avec le système de ponctuation, voire le
faire disparaître complètement comme Guillaume Apollinaire
qui supprima au dernier moment toute la ponctuation de son
recueil Alcools en 1913 (voir le poème « Le Pont Mirabeau au
chapitre 17), en donnant cette explication :
Dans ce chapitre :
La lecture, une source de rencontres et de
questionnements
Les réponses de la lecture
Quels lecteurs ? Quelles lectures ?
Vous aimez les polars ! Vous aimez Harry Potter ; vous aimez
Claude Simon ; vous aimez les histoires sentimentales, les
bluettes (Zola disait les histoires « Jeanjean » !), vous aimez
lire L’Équipe, la rubrique internationale du Monde, les pages
« maison » de votre revue préférée, les mangas de Naruto.
Bref, vous aimez lire, et cela est excellent pour votre maîtrise
de l’écriture. Vous trouverez toujours des esprits chagrins (pour
être plus direct, des « pisse-froid » !) pour constater avec une
moue dédaigneuse : « Ah, vous lisez ce genre de… » ; surtout
ne cherchez pas à vous justifier ou à les convaincre ! Vous
savez ce que vous gagnez, ils ne savent pas ce qu’ils perdent !
Pourquoi ?
Demandez à un alpiniste pourquoi il s’échine à gravir des
montagnes. Au mieux, vous récolterez un haussement
d’épaules, car quand vous pourriez attendre une réponse
circonstanciée avec de belles phrases, bien balancées (« Voyez-
vous, la montagne représente une sorte de défi et permet à
l’homme de s’éprouver, de mesurer, dans l’effort, sa propre
finitude, sa petitesse, et son agrandissement dans le
surpassement de soi, bla-bla, bla-bla… »), l’alpiniste est
renvoyé par le biais de votre question à des sensations, des
états, où le moindre mot serait un affadissement majeur et fatal
de ce qu’il ressent. Alors, il hausse les épaules…
Quoi ?
Une information extraite du journal Le Monde (dimanche 24
juillet 2011) nous apprend qu’un livre nouveau est publié
toutes les trente secondes et qu’il faudrait 163 vies pour venir à
bout de tous les titres proposés par le site amazon. fr. Ah, tout
de même ! Dès lors, vous comprenez que devant une telle
production le vertige peut parfois être présent. Mais, en même
temps, partez du principe (vraiment vérifié !) que, toutes les
trente secondes, ce n’est pas un chef-d’œuvre, ni un livre
incontournable qui voit le jour. Ouf, cela rassure… Oui, mais
en même temps, si nous considérons seulement les livres
publiés dans les siècles passés, le vertige peut nous reprendre.
De toutes façons, l’affaire est réglée, à moins de croire à la
métempsychose, vous n’aurez pas les 163 vies nécessaires dont
il est question plus haut. Il faut en prendre son parti ! Cela dit,
que de belles perspectives selon le genre de lecture que vous
appréciez…
Qui ?
Là encore, ce sont vos choix guidés par vos goûts et le hasard
des rencontres. Quoi de mieux que de rentrer dans une librairie
ou dans une bibliothèque et de se laisser guider par votre
subjectivité : vous aimez bien la couleur de cette première de
couverture ; le titre vous accroche ; la lecture de la quatrième
de couverture (le dos du livre) vous paraît alléchante. Voilà
autant de bonnes raisons de vous décider, au lieu de prendre
comme critères de sélection un article que vous avez lu sur le
livre, sur l’auteur, ou les commentaires d’un ami qui vous en a
parlé, etc. A contrario, les mêmes critères peuvent vous
éloigner d’un livre. Ce qui compte au final, c’est la découverte
qui vous amène vers la lecture et le moment à chaque fois
nouveau où celle-ci commence.
Quand ?
Quand lire ? Quand vous le décidez ! Cela peut faire partie de
votre organisation quotidienne si vous faites un trajet régulier
pour vous rendre par exemple à votre travail.
Où ?
Il existe mille et un lieux (sans doute beaucoup plus) pour
entamer une lecture… Car l’avantage de la lecture, c’est qu’on
peut la pratiquer quasiment partout et que le livre (le journal, la
revue, etc.) est un objet absolument autonome qui n’a besoin
d’aucune énergie particulière ; pas de recherche d’un réseau
capricieux, pas de chargeur oublié qui le rendrait inopérant, pas
de clé ou de code secret pour l’ouvrir, juste votre volonté et vos
yeux…
Comment ?
Pas de règles ! Certains auront tendance à littéralement
« dévorer » les pages de leur roman ; d’autres prendront le
temps et savoureront lentement chaque page, en essayant de
retarder le moment redouté où la dernière page arrive ;
d’autres, encore, iront de page en page, s’arrêteront là, puis
repartiront de l’avant, reviendront en arrière… Tout dépend
aussi de la nature de la lecture. Un roman, un essai, de la
poésie, un journal, un article ne mobilisent pas de la même
manière. Certains lecteurs aiment bien se munir d’un crayon et
souligner les mots, les passages qui les ont particulièrement
intéressés, pourquoi pas ? D’autres considèrent le livre comme
un objet sacré sur lequel il ne faut laisser aucune trace, surtout
ne pas corner les pages, pourquoi pas ? D’autres encore
commencent plusieurs livres en même temps ou mettent
plusieurs mois à aller au bout du livre commencé, pourquoi
pas ?
Quel lecteur ?
Vous avez été un grand lecteur, mais voilà, vous n’avez plus le
temps ! Enfin, vous ne prenez plus le temps (ou la concurrence
d’autres vecteurs d’informations et de lectures, télé, Internet,
est trop forte) !
Si, finalement.
Quelles lectures ?
L’offre en matière de lecture est impressionnante : qu’elle soit
sous sa forme papier ou numérique, vous n’avez que
l’embarras du choix. Lectures d’apprentissage, d’information,
de loisirs, les temps consacrés à cette activité sont une
excellente base pour vos pratiques d’écriture à venir.
Les revues
Hebdomadaires, mensuelles, bimensuelles, trimestrielles,
annuelles, spécialisées, généralistes, les revues sont
innombrables. Elles présentent l’intérêt majeur de vous fixer
une sorte de rendez-vous régulier dans le temps et surtout elles
vous proposent des enquêtes, des dossiers qui vous permettent
d’approfondir vos connaissances et d’étayer vos positions.
Elles offrent donc d’excellents exemples de constructions de
textes argumentatifs, d’autant qu’elles accueillent souvent dans
leurs colonnes des journalistes et des écrivains de premier plan.
Pour mémoire voici quelques titres généralistes : Le Courrier
international, Elle, L’Express, Marianne, Le Nouvel
Observateur, Le Monde diplomatique, Le Point, Télérama…
Les bibliothèques
L’univers de la lecture est un monde sans fin ; on n’ose
imaginer la bibliothèque qui contiendrait tous les livres de
toutes les bibliothèques. Seul Jorge Luis Borges l’a fait dans
une nouvelle, La Bibliothèque de Babel, de son recueil
Fictions : cette bibliothèque contient tous les livres de 410
pages possibles ; chaque livre comporte le même nombre de
signes écrits au hasard à partir d’un alphabet de vingt-cinq
caractères (l’espace, le point, la virgule et vingt-deux lettres de
l’alphabet). La bibliothèque renferme donc tous les livres qui
ont été écrits et qui le seront puisqu’elle épuise toutes les
combinaisons possibles à partir des lettres de l’alphabet.
Vertigineux !
Dans ce chapitre :
Du calame au clavier
Écrire puis traiter le texte
Quelques avantages du traitement de texte
… au traitement de texte
C’est la société américaine IBM (International Business
Machines) spécialisée dans le domaine informatique qui crée
au début des années 1960, pour son propre usage, le concept de
traitement de texte, autrement dit l’édition de textes à l’aide
d’outils de rédaction. Dans la décennie suivante, l’innovation
se développe et quitte le secteur strictement informatique pour
proposer des logiciels permettant la création de documents
écrits aussi bien professionnels que privés. Rapidement le
traitement de texte s’impose partout : dans les secrétariats
d’entreprises, dans les administrations, chez les particuliers. Si
le milieu des années 1990 a sonné le glas de la machine à écrire
et… de la dactylo, il a consacré l’ère du clavier et de l’écran !
La mise en forme
Votre présentation doit refléter la structure de votre document
(une page, un chapitre, un livre, etc.). Cela vous conduit à faire
un certain nombre de choix dont voici les principaux :
Le WYWYSIG
« What you see is what you get », « ce que vous voyez est ce
que vous obtenez ».
Le copier-coller
Le « copier-coller » ou le « couper-coller », voilà un outil qui
rend la vie plus facile ! En vous relisant, vous voulez déplacer
une phrase, un paragraphe, une page, rien de plus facile : vous
sélectionnez la partie qui vous intéresse, vous utilisez l’outil
« Copier » et vous allez à l’endroit où vous voulez le placer et
vous utilisez alors l’outil « Coller », et le texte apparaît !
Le correcteur d’orthographe
Voici un outil intéressant qui peut aider à la correction (dans les
deux sens : corriger des fautes et respecter la graphie
lexicale !), mais attention il possède des limites. Ainsi, si vous
écrivez « toujour » sans s, vous êtes averti par la vaguelette
rouge qui souligne la graphie fautive du mot ; mais le
correcteur d’orthographe devient inefficace si la faute est
grammaticale :
Honoré de Balzac ou le
cauchemar des imprimeurs
Habituellement la première version imprimée d’un
livre, les épreuves, sert à corriger les erreurs de
l’impression et à procéder à quelques corrections ou
modifications de détail. Balzac procédait d’une toute
autre manière : il utilisait ces épreuves comme une
sorte de brouillon mis au net, auquel il apportait
d’innombrables corrections, ajouts, au point de rendre
les épreuves quasiment illisibles. Les ouvriers de
l’imprimerie vivaient un véritable parcours du
combattant en essayant de déchiffrer l’écriture
balzacienne. Voici comment Édouard Ourliac,
journaliste, raconte avec beaucoup d’humour « les
épreuves » du roman César Birotteau (1837) qui parut
pour la première fois en feuilleton dans son journal Le
Figaro :
Le correcteur de grammaire
Lorsqu’une construction lui paraît douteuse, le correcteur de
grammaire crée une vaguelette verte . Par exemple, ici c’est
l’espace supplémentaire entre verte et le point qu’il faut
supprimer : « vaguelette verte. » Mais son efficacité est
vraiment aléatoire et nous vous conseillons de l’oublier ; ce
correcteur reste à inventer même si les logiciels de traitement
de texte l’affichent dans leurs outils. La syntaxe n’est vraiment
pas son point fort ! La preuve ?
L’impression
L’impression donne vie à votre écrit : en fichier sur votre
ordinateur, c’est un document virtuel ; s’il est imprimé, sa
matérialité le fait entrer dans le monde réel. Cela vous permet
de le regarder différemment, de le montrer (on peut aussi
envoyer un fichier par courrier électronique).
Si le document fait une page, vous avez une bonne idée sur
l’écran de ce que donnera la version imprimée ; n’hésitez pas à
utiliser l’« Aperçu avant impression ». En revanche, si votre
travail comporte plusieurs pages, voire des dizaines, une
version imprimée intermédiaire ne sera pas forcément inutile
pour avoir une vision d’ensemble, car l’écran ne vous permet
de voir les pages qu’une par une, lorsque la taille de votre
police est 12 avec un zoom 100 %.
Vous pouvez toujours faire apparaître le document plus petit
avec un zoom 75 % pour voir les pages deux par deux, 50 %
pour les voir 3 par 3, mais il faut avoir une vue d’aigle pour
faire la moindre correction. Avec le zoom à 25 % le texte
devient illisible, on ne voit plus que les blocs de texte !
Évidemment écrire ne dispense pas d’être soucieux de sa
consommation de papier, et la décision d’imprimer un
document pour des étapes de correction doit vraiment
correspondre à une nécessité.
Enregistrez ! Enregistrez !
Voilà, vous avez travaillé plusieurs heures sur un texte, vous
avez eu des idées vraiment lumineuses, les phrases, les mots
pour les exprimer sont venues avec aisance, cela fait bien
longtemps que vous n’aviez travaillé avec un tel plaisir, une
telle efficacité, comme en état de grâce, vraiment une bonne
journée… Et puis ! Patatras ! La catastrophe, le cauchemar, un
cataclysme !
L’art du raccourci
Vous avez accès à la barre des différents outils en glissant à
l’aide de la souris le point d’insertion à l’endroit voulu, puis en
faisant le fameux « clic » droit. Mais il existe aussi sur votre
clavier toute une série de raccourcis pour laisser la souris au
repos. En voici quelques-uns :
Se lancer !
Dans ce chapitre :
Comment écrire dans de bonnes conditions
Vous adopterez les bonnes méthodes pour vos écrits
scolaires et professionnels
Avec les déclencheurs d’écriture, lancez-vous !
Un état d’esprit
Même si les années ont banalisé l’acte d’écriture, celui-ci reste
un phénomène magique où la pensée se matérialise, s’inscrit, se
transmet, et devient en quelque sorte un prolongement de soi,
une sorte d’ambassadeur, de « porte-parole ». Dès lors, rien
d’étonnant à manifester certaines réserves à l’idée d’écrire,
surtout si vos expériences scolaire et professionnelle ne se sont
pas avérées probantes.
Vitesse d’écriture
Écrire vite, lentement, par à-coups, régulièrement : chacun
possède son rythme. Voici l’exemple de trois champions très
rapides :
Le matériel
Vous connaissez l’adage « C’est à ses outils que l’on reconnaît
le bon ouvrier » ; pour l’écriture, les bons outils sont ceux…
qui vous conviennent ! Papier recyclé, blanc, de couleur,
feuilles à petits ou grands carreaux, cahier à spirale, bloc-notes,
carnet, ordinateur, Smartphone, crayon à papier, stylo bille,
stylo-feutre, stylo plume, etc. Arrêtons là l’énumération, c’est à
vous de choisir le matériel qui vous convient le mieux, avec
lequel l’écriture se fait sans forcer, aussi bien sur le plan
physique que sur le plan intellectuel.
Un livre brocante
Certains tapent sur des bambous pour faire de la
musique, d’autres pour écrire utilisent des supports
inhabituels (comme en témoigne la mode des livres-
objets), invitation à quitter le papier traditionnel pour
offrir des productions vraiment insolites. Le champion
dans le domaine est sans doute Jean Cocteau qui
publia, en 1932, un ouvrage intitulé Essai de critique
indirecte où l’auteur livre ses réflexions sur l’art sous
forme d’aphorismes et de notes sur l’art, la littérature,
la poésie et la peinture ; jusque-là rien
d’extraordinaire puisque Cocteau est justement un
artiste génial, tantôt peintre, tantôt écrivain. Non, ce
qui est étonnant, c’est la genèse du manuscrit dont il
raconte lui-même l’histoire : Le manuscrit, il a fallu le
taper d’abord et ensuite en faire cadeau à une amie
qui le désirait. Et ce n’était pas très commode parce
que j’avais écrit, rue Vignon, dans un appartement
très clos, sur des boîtes à cigarettes, sur de vieux
souliers de tennis, sur des dos d’enveloppes, sur des
nappes. Ce qui fait que le manuscrit était un sac
rempli d’objets. La dame à qui j’en ai fait cadeau l’a
emporté sur ses épaules, comme un charbonnier.
Conditions physiques
Pensez à vos yeux, votre dos, vos articulations. Cela n’est pas
anodin ! Écrire, c’est souvent passer du temps à son bureau ou
devant son écran d’ordinateur. Si vous ne voulez pas être
perclus de rhumatismes et souhaitez garder une bonne vue, il
est important de prendre quelques précautions. Voici celles qui
sont préconisées par l’INRS (Institut national de recherche et
de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des
maladies professionnelles) :
Les lieux
Là aussi, ce qui prime, c’est votre confort. Si comme Proust ou
Nathalie Sarraute, Marie Cardinale, vous aimez écrire dans
votre lit, si vous préférez votre bureau et la proximité de vos
livres, si vous appréciez l’ambiance feutrée d’une bibliothèque,
si selon l’exemple de Sartre ou Beauvoir, le vacarme d’un café
parisien est un havre de paix pour vous, si le coin d’une table
dans la cuisine ou dans le salon vous convient, si le temps de
trajet quotidien dans un transport en commun est propice pour
votre inspiration, si le banc du jardin public vous semble
accueillant, alors ne changez rien. En effet, il est important de
trouver « le lieu » où votre écriture pourra se développer. Vous
l’avez compris, dans ce domaine, il n’y a pas d’autre règle que
celle de votre convenance.
Écrire au lit !
Travailler au lit ! De grands écrivains ont adopté ce
lieu pour écrire : parmi eux, Marcel Proust. Voici ce
qu’en disait Céleste Albaret, sa gouvernante :
À votre tour !
2e exemple : en entrant dans le café nous remarquons deux
photographies qui se font face : la première est celle d’un
pêcheur du début du XXe siècle, il porte un chapeau à bord
large, un filet sur l’épaule, et tient un panier en osier dans une
main ; la seconde est celle de trois jeunes femmes (leur tenue
suggère aussi le début du XXe siècle) sur une jetée en train de
transporter des poissons.
Lui : la première fois que je l’ai vue, elle était avec ses
trois copines : elles remontaient le long de la cale avec
deux thons dans chaque main ; c’était marée basse,
les deux thoniers étaient à sec.
À votre tour !
J’ai acquis une isba de bois, loin de tout, sur les bords
du lac Baïkal.
Le temps
Combien ?
Écrire demande du temps et il semble qu’aujourd’hui celui-ci
devienne une denrée rare et donc précieuse. Écrire, c’est donc à
un moment donné, arrêter toutes ses activités urgentes,
indispensables, vitales, et s’installer dans un autre rythme, celui
de votre inspiration, de votre vitesse d’écriture, de votre
maestria avec les touches du clavier. Chacun son rythme :
certains ont besoin de s’installer dans des p(l)ages d’écriture au
long cours ; ils sont capables de travailler plusieurs heures par
jour, et tous les jours de la semaine (on pense à Balzac et à
Flaubert), d’autres par petites séquences (Paul Valéry
constatait : « Écrire longtemps m’est odieux »).
Quand ?
Envisageons les deux cas les plus fréquents :
Second cas : là, c’est plus tranquille, vous avez tout votre
temps, une semaine, quinze jours, un mois, un trimestre, une ou
plusieurs années. C’est bien, vous avez raison d’être tranquille,
mais attention au piège « temporel » : « Horreur, malheur,
enfer, damnation ! Je n’ai pas vu le temps passer, c’est demain
que je dois rendre mon devoir ! C’est la semaine prochaine que
je dois remettre mon rapport ! C’est à la fin du mois que je
présente mon mémoire ! C’est dans un trimestre que je remets
ma thèse de troisième cycle, et… je suis en retard ! » C’est la
panique ! Voilà, vous venez de prendre conscience que le temps
a filé, filé (c’est vraiment sa caractéristique, le temps est une
vraie Pénélope, il file, il file !) et vous n’êtes pas en avance
puisque vous êtes en retard. Alors un conseil, un seul : pas de
procrastination ! Vous froncez les sourcils ? Ah, oui, le terme
procrastination !
Écrit professionnel
Vous devez écrire une note de service, rédiger un compte rendu
de réunion, un rapport, ajouter des informations à un dossier, et
écrire ce n’est vraiment pas votre « tasse de thé », soit ! Pour
éviter de « boire le bouillon », voici quelques « petits trucs » :
La méthode de Raymond
Raymond ? Il s’agit de l’écrivain Raymond Roussel (1877-
1933) que les surréalistes considéraient comme l’un des leurs,
mais qui vécut et écrivit toujours en marge de tous les courants
et mouvements. Personnage original aujourd’hui relativement
oublié, il écrivit plusieurs romans et pièces de théâtre dont
l’originalité surprit. Dans un ouvrage posthume, Comment j’ai
écrit certains de mes livres (1935), il livre la manière dont il a
écrit plusieurs de ses livres (Impressions d’Afrique, Locus
Solus, L’Étoile au Front et la Poussière de Soleils) :
La pratique spirite ?
Dans la préface de son ouvrage De l’intelligence
(1878), l’historien Hippolyte Taine rapporte une
pratique spirite qui annonce l’écriture automatique des
surréalistes : Il y a une personne qui, en causant, en
chantant, écrit sans regarder son papier des phrases
suivies et même des pages entières, sans avoir
conscience de ce qu’elle écrit. À mes yeux, sa
sincérité est parfaite ; or, elle déclare qu’au bout de
sa page, elle n’a aucune idée de ce qu’elle a tracé sur
le papier. Quand elle le lit, elle en est étonnée, parfois
alarmée… Certainement on constate ici un
dédoublement du moi, la présence simultanée de deux
séries d’idées parallèles et indépendantes, de deux
centres d’actions, ou, si l’on veut, de deux personnes
morales juxtaposées dans le même cerveau ; chacune
a une œuvre, et une œuvre différente, l’une sur la
scène et l’autre dans la coulisse.
L’atelier d’écriture ?
Pour se lancer, si la solitude de la page blanche ou de
l’écran, qui s’est mis en veille parce que vos doigts
n’ont pas touché le clavier depuis longtemps, vous
effraie, vous pouvez participer à un atelier d’écriture ;
des situations, des thèmes, des exercices vous y seront
proposés, et vous échangerez, confronterez,
comparerez. C’est un excellent moyen de franchir le
pas, nous devrions dire le « saut de ligne », et
d’amorcer votre écriture. Mais vous ne devez pas
attendre de cet atelier qu’il fasse de vous un écrivain ;
d’ailleurs les animateurs sérieux d’ateliers d’écriture
préviennent les participants : l’atelier propose des clés
pour se lancer, donne des méthodes, règle des points
techniques, mais pour le reste, c’est vous. Le style par
exemple, ne s’apprend pas, il vous appartient ou… il
vous échappe. Aux États-Unis, où la pratique de
l’atelier d’écriture est banalisée, des écrivains de
renom comme William Styron et John Irving
admettent bien volontiers que l’atelier d’écriture leur
a permis d’acquérir des techniques mais en aucun cas
le style. Le style, c’est vous, vous seulement.
Flash d’écriture
À votre tour prenez un texte, par exemple La Colombe et
la Fourmi de La Fontaine, une chanson d’Alain Souchon,
de Camille, de Jaz, de Jacques Brel, d’Alain Bashung,
Maurane, Serge Gainsbourg, Claude Nougaro, Grégoire,
Yannick Noah, bref d’un artiste que vous appréciez et
appliquez lui la méthode S + 1, 2, 3, 4… Vous serez
surpris ! Et cela est un excellent moyen de s’ébrouer
l’esprit !
Si cette manière de se lancer vous stimule, nous vous
donnons rendez-vous dans le chapitre 20 où vous trouverez
d’autres exemples.
Écrire et réécrire
Nous n’inventons rien. Écrire, c’est d’une certaine façon se
placer sur un immense et invisible palimpseste. La Cigale et la
Fourmi que nous venons d’évoquer est une réécriture d’une
fable d’Ésope, fabuliste du VIIe siècle avant J.-C., La Fourmi
et l’Escarbot (escarbot est le nom donné à différents
coléoptères dont le hanneton !) ; Michel Tournier reprend Les
Aventures de Robinson Crusoé (1719) de Daniel Defoe et
réécrit même deux fois l’histoire : une version pour les adultes
Vendredi ou les limbes du Pacifique et une version pour les
enfants Vendredi ou la vie sauvage.
Les déclencheurs
Ils sont nombreux ! En voici quelques-uns. Soyez prêt à les
recevoir ou à les solliciter en ayant toujours de quoi écrire à
portée de main.
La musique
D’un côté sept notes de musique et des combinaisons à
l’infini ; de l’autre, les vingt-six lettres de l’alphabet et des
combinaisons à l’infini. Associez-les, elles peuvent faire bon
ménage à l’infini. Quels que soient vos goûts en matière
musicale, c’est un bon moyen pour créer une ambiance
d’écriture, ouvrir la « boîte à souvenirs, émotions, sensations ».
Le silence est « d’or » mais la musique peut aussi être une
alliée précieuse et le choix vous appartient… C’est vous qui
écoutez, c’est vous qui écrivez…
Une image
Peinture, photographie, carte postale, l’image est un concentré
d’informations figées que vous pouvez regarder à loisir, sur
laquelle il est possible de rêver, d’imaginer ; c’est une porte
ouverte pour l’écriture.
Le schéma heuristique
Nous savons que notre cerveau n’apprend pas de manière
linéaire mais combine et associe en permanence. Ainsi, vous
avez un thème, un concept, sur lequel vous voulez écrire : vous
l’inscrivez au milieu d’une page ; puis, vous notez autour les
idées fortes qu’il vous inspire ; ensuite, en essayant de n’établir
aucune censure, par associations libres, vous notez pour
chacune d’elles, les mots, les idées qui vous viennent à l’esprit.
Chaque terme est disposé sur une ligne reliée aux autres. Vous
serez étonné par la richesse de production de cette technique
qui mobilisera instantanément votre esprit et vous permettra
d’éviter par exemple la peur de la page blanche ou du « je n’ai
rien à dire là-dessus » le jour d’une épreuve écrite.
Montrer…
Montrer ce que l’on écrit permet d’obtenir un avis, des
éventuelles suggestions, des critiques, voire un éreintement…
Montrer avec l’espoir d’être flatté, de recueillir des louanges,
c’est mettre son ego en avant avec le danger d’être alors déçu.
S’entendre dire : « Oui, c’est intéressant, vraiment ! La
structure narrative s’inscrit bien dans la tradition du schéma
actanciel » ; « Les personnages sont vraiment bien typés », bref
recevoir une avalanche de poncifs, de la langue de bois, est-ce
bien utile ? Montrer, parce que l’on cherche à recueillir un avis
sérieux pour faire le point, pour comparer son intention avec le
ressenti d’un lecteur sincère et direct, dans ce cas oui. Reste à
trouver le lecteur !
… ou ne pas montrer
Rien ne vous oblige à recueillir des avis ; quelles sont vos
intentions ? Si vous cherchez à être publié, ce moment arrivera
inéluctablement. Donc, il faut vous habituer à montrer vos
écrits mais au moment que vous aurez choisi : si vous êtes dans
la phase de création, il n’est peut-être pas judicieux de montrer
trop vite votre travail ; conservez votre liberté complète, sans
influence… même si on sait que nous sommes influencés en
permanence (mais plus ou moins).
Page d’écriture
Inventez votre dictionnaire autobiographique.
Pour chacune des lettres de l’alphabet, choisissez
un mot important pour vous et réalisez un court
texte d’accompagnement. N’oubliez pas les
dernières lettres X, Y, Z.
Installez-vous dans une pièce de votre maison et
essayez de faire un inventaire absolument complet
de tout ce qu’elle contient. Nous sommes bien
d’accord, de tout ce qu’elle contient au moment de
votre notation ! Y compris les toiles d’araignée
(vous ferez le ménage après !). Votre texte devra
contenir au moins une fois tous les signes de
ponctuation.
Dans son recueil Collier de griffes (1908)
Charles Cros, (vous savez, l’inventeur du
phonographe !) imagine une drôle de machine, le
compteur à baisers ! À votre tour, inventez et
décrivez une machine imaginaire !
Voici dix thèmes : amour, amitié, bonheur,
découverte, étrange, guerre, mort, nature, solitude,
voyage. Choisissez-en un. Puis écrivez un texte
court où tous les noms, adjectifs, verbes et
adverbes commenceront par la première lettre du
thème choisi.
Voici deux faits divers : relatez-les en cinq
lignes, puis en dix lignes.
– Le chat fait mille kilomètres pour retrouver
ses maîtres.
– Le détenu profite de son transfèrement à
l’hôpital pour s’évader avec l’aide d’un
complice.
Expliquez sous la forme d’un petit récit l’origine
d’une superstition. Exemples : ne pas passer sous
une échelle ; croiser un chat noir ; le chiffre 13 ; le
fer à cheval porte-bonheur ; le trèfle à quatre
feuilles porte-bonheur ; toucher du bois ; briser un
miroir (sept ans de malheur) ; ouvrir un parapluie
dans une maison (malheur) ; le mot « lapin »
interdit sur les bateaux.
Quatrième partie
Vous voici au cœur d’Écrire pour les Nuls : les ateliers d’écriture. L’écriture
est un outil qui nous accompagne à tous les moments de notre vie. D’abord
pendant les phases d’apprentissage et d’études où elle sert à répondre à des
évaluations, à rédiger des rapports, des thèses, à passer des examens et des
concours : alors, il s’agit de savoir, et d’être capable de le prouver
notamment par nos écrits. Plus tard, dans le monde professionnel, l’écrit
devient une sorte d’ambassadeur et doit donc présenter de nous la meilleure
image possible. Plus intimement, l’écriture nous permet de tisser des liens
profonds, transmissibles, et aussi de créer des mondes imaginaires,
émanations de notre personnalité. L’ambition des quatre ateliers d’écriture
proposés dans cette quatrième partie, c’est de vous donner, quelle que soit
votre situation, les clés qui ouvrent les portes d’une expression écrite à la
fois maîtrisée, libre et inventive.
Chapitre 13
Objectif « Diplôme »
Dans ce chapitre :
Objectif « Concours »
Un coup d’œil sur l’horizon « bac » !
L’écrit pour les concours
De l’art de la prise de notes et du bon plan
Comment rédiger les écrits au long cours
Le bac de français
Le brevet des collèges passé dans l’insouciance est suivi deux
ans plus tard, au cœur de l’adolescence, par les épreuves du
baccalauréat de français : c’est la première étape d’un examen
dont l’enjeu est important, car c’est le sésame pour la poursuite
des études dans l’enseignement supérieur. Vous êtes en classe
de première ? Oui, alors, voici un bref rappel des points
importants pour rendre une copie pertinente.
La dissertation
L’écriture d’invention
Inventons
Écrivez :
un discours de bienvenue à un nouveau collègue
un discours de départ en retraite
un discours contre la peine de mort
une critique favorable pour un film que vous avez vu
une critique défavorable pour un livre que vous avez
lu
l’histoire d’un gagnant au Loto
un spectacle que vous avez vu au théâtre
Le résumé
On veut tester votre capacité à analyser un texte, une
argumentation, et l’on vous propose de résumer un texte en un
certain nombre de mots. Faire un résumé, c’est donc dire la
même chose mais avec vos mots à vous ! Vous avez cinq
principes à retenir :
La discussion
On attend de vous que vous confrontiez des points de vue, que
vous envisagiez le « pour » et le « contre » et que vous preniez
parti. Quel que soit le point de vue que vous adoptez (il vous
appartient et a priori ce n’est pas là-dessus que vous serez
évalué), n’oubliez jamais d’argumenter, c’est-à-dire d’étayer
vos affirmations de preuves avérées et d’exemples. Construisez
votre développement en imaginant qu’il y a un interlocuteur
qui n’est pas de votre avis ; efforcez-vous d’envisager les
objections qu’il pourrait vous faire et cherchez à les réfuter ou
à montrer qu’elles comportent des failles.
La note de synthèse
Une synthèse, c’est quoi ? Si vous voulez faire savant, vous
pouvez toujours rappeler que le terme synthèse vient du grec
sunthesis qui désigne l’action de mettre ensemble, d’arranger.
Si vous êtes plutôt visuel, vous comparerez la synthèse à un
travail de mosaïque. Un travail de mosaïque ? Oui, de
mosaïque. Et comme en plus d’être visuel, vous êtes aussi un
peu savant, vous glisserez discrètement la définition de la
mosaïque (prise dans le TLFI, Trésor de la langue française
informatisé) : « Assemblage fait de petits cubes ou de
fragments multicolores de divers matériaux (pierre, marbre,
émail, verre, métal, bois, etc.) formant un motif décoratif qui
pare le revêtement d’un sol, d’un mur, d’un plafond ou la
surface d’un objet ».
La France en concours
Atelier d’écriture
Résumé
vos derniers congés
votre joie en découvrant votre promotion
votre projet professionnel
vos relations avec vos collègues
vos relations avec votre hiérarchie
Argumentation
Rédigez un paragraphe d’argumentation (idée, argument,
exemple) de 10 lignes pour :
donner votre point de vue sur les gros salaires
dire ce que vous pensez de la spéculation
exprimer votre point de vue sur les phénomènes de
harcèlement au travail
dire ce que vous pensez de la réforme des retraites
donner votre point de vue sur l’Union européenne
exprimer vos solutions pour la sauvegarde de
l’environnement
Note de synthèse
À partir d’informations prises dans des journaux ou sur des
sites Internet, proposez des notes de synthèse de 10 lignes
sur les thèmes suivants : les pollutions marines – l’élection
présidentielle de 2012 en France – la gestion de l’eau – le
phénomène des réseaux sociaux – le dopage – l’objectivité
des médias – la « peopolisation » de la vie politique – la
spéculation boursière – la parité homme/femme – la
violence dans les banlieues – les dérives d’Internet.
Le plan consensuel
Vous adopterez ce type de plan si la thèse que l’on vous
demande de discuter semble valide :
Le plan « nuance »
Vous choisirez ce plan, si la thèse défendue comporte des
points discutables :
Le plan « critique »
Ce plan convient si vous n’êtes pas d’accord avec la thèse
présentée :
Le plan « proposition »
Ce plan permet de présenter une thèse, puis de la critiquer
avant de proposer sa propre thèse :
Le plan « solutions »
Ce plan s’inscrit dans une perspective chronologique :
Le plan « analytique »
Ce plan passe en revue les différents aspects d’une question :
Le plan d’hier
La rhétorique ancienne proposait dans une de ses
parties, la dispositio, « disposition », l’art d’exposer
les arguments dans un ordre pertinent et efficace, un
plan immuable à mettre en œuvre en toutes
circonstances ; ce plan a été employé jusqu’à la fin du
XIXe siècle :
l’exorde où il s’agissait de capter l’attention ;
la narration où les faits étaient exposés ;
la confirmation où la thèse défendue était
soutenue par des arguments ;
la réfutation où l’on examinait les arguments
contraires pour les réfuter ;
la péroraison où l’on concluait.
Atelier d’écriture
Proposer un plan en trois parties pour argumenter sur
chacun des sujets suivants :
l’allongement de la durée de vie
la morale en politique
le sport-spectacle
les initiatives écologiques
le réchauffement climatique
le danger du téléphone portable
la violence routière
le chômage
l’abstention aux élections
le harcèlement au travail
les congés payés
la place de la voiture
La thèse
Véritable travail au long cours (trois années parfois prolongées
à titre dérogatoire sur demande motivée et après avis du
directeur de thèse), la rédaction d’une thèse, amorcée pendant
la deuxième année de master, suppose une organisation très
importante, qui passe par une planification de votre travail à
partir de vos axes de recherche. Fixez-vous des dates butoirs
pour la rédaction des différentes parties de votre thèse ; celles-
ci sont en principe indiquées par le directeur de thèse.
L’atelier professionnel
Dans ce chapitre :
Écrire pour trouver un emploi : le CV et la lettre de
motivation
Écrire au travail : le point sur les différents écrits
professionnels
Le point sur Power Point
Avant la rédaction du CV
L’écriture d’un CV (abréviation courante de curriculum vitae),
que ce soit en réponse à une offre d’emploi ou une candidature
spontanée, demande une méthodologie, et bannit
l’improvisation sauf si l’on cultive un certain goût pour le
masochisme. Deux phases de préparation sont nécessaires
avant de passer à la rédaction du CV : d’abord faire le point sur
sa personnalité et son parcours, puis faire une analyse
minutieuse des offres d’emploi pour lesquelles on compte
postuler.
« Qui suis-je ? »
Commencez par faire le point sur vos qualités, vos défauts,
votre parcours scolaire, vos formations, leur cohérence, vos
expériences professionnelles, vos centre d’intérêt ; votre
conception de l’entreprise, du monde du travail. Cette mise au
point vous sera très utile, elle vous permettra par la suite de
renseigner votre CV, mais aussi votre lettre de motivation et de
préparer votre futur entretien. Si cette étape vous paraît difficile
à mener seul, sachez qu’il existe des démarches comme le bilan
de compétences (vous pouvez vous inscrire à celui proposé par
un Pôle emploi), qui permettent de cerner avec une bonne
précision ses compétences, ses motivations, sa faculté
d’adaptation, ses centres d’intérêt.
Organisation du CV
D’abord retenez cette règle d’or : une offre d’emploi = un
curriculum vitae. Ne commettez pas l’erreur de rédiger un CV
une fois pour toutes et de vous servir de celui-ci pour chaque
candidature. Vous allez constituer une sorte de CV matrice que
vous adapterez et renseignerez en tenant compte des
spécificités du poste auquel vous postulez.
La lettre de motivation
Elle accompagne votre CV et comme celui-ci doit être
différente et adaptée à chaque envoi.
Zéro bla-bla
Pour accrocher et donner envie de vous rencontrer, évitez les
formules creuses du style « ce poste est vraiment très
intéressant », « je serais vraiment très heureux ». Préférez du
concret, des éléments qui montrent que vous connaissez le
poste, que vous êtes motivé : « J’ai déjà mené à bien plusieurs
missions en vue de la certification ISO 14001 » ; « Ce poste
réclame une mobilité géographique qui s’accorde bien avec ma
disponibilité et ma faculté d’adaptation ».
Enfin une formule de politesse. Faites simple, car cela n’a pas
grande importance, inutile de vous torturer l’esprit pour savoir
si vous devez mettre « l’assurance de ma considération
distinguée » ou « l’expression de mes sentiments les
meilleurs » : personne ne lit cette formule ! Faites le test :
prenez un courrier que vous avez reçu, que se passe-t-il ?
Arrivé à la lecture du dernier mot, du dernier paragraphe, vous
apercevez au-dessous la formule de politesse : votre lecture
cesse immédiatement, car la partie informative du courrier est
terminée. Votre œil a repéré la formule de politesse mais n’est
pas allé jusqu’à la lire. Mais attention, cela ne signifie pas qu’il
ne faut pas mettre cette formule ; elle fait partie d’un code
social, celui de la politesse : sa présence est obligatoire. Si vous
terminiez votre courrier sans elle, le destinataire s’en
apercevrait immédiatement et aurait une prévention à votre
égard, car il vous trouverait malpoli ! Curiosité des bonnes
manières ! Vous trouverez en annexe D une série de formules
selon les destinataires. Votre signature termine le courrier.
A. Bernard M. leDirecteur
Monsieur,
Atelier d’écriture
Produisez un texte rédigé de 5 lignes pour chacune des
entrées suivantes :
mes principales qualités ;
ce que j’ai appris d’important pendant mes études ;
les raisons pour lesquelles j’ai choisi cette voie
professionnelle ;
mon expérience de travail préférée ;
une réussite dont je suis fier ;
un échec dont je peux parler ;
mon attitude en cas de désaccord avec ma hiérarchie ;
ce qui me fait perdre mon calme ;
ce que je pense de l’équilibre entre vie
professionnelle et vie personnelle ;
mon portrait du patron idéal.
La lettre professionnelle
L’immédiateté de l’e-mail, qui favorise prise de contact et
échange rapide, concurrence fortement la lettre professionnelle,
autrefois voie habituelle pour toutes les correspondances.
Cependant celle-ci demeure incontournable pour officialiser
une relation avec un client, finaliser une démarche, souscrire un
contrat, faire une réclamation. Ce document écrit établit donc
une relation d’affaires.
Pas d’angoisse particulière à avoir pour ce type d’écrit ;
l’entreprise ou l’organisme dans lequel vous avez été embauché
possède déjà ses modèles types, à partir desquels vous
rédigerez avec votre traitement de texte ; il est également
probable que si l’entreprise est d’une certaine taille, un service
secrétariat se chargera de la mise en forme de votre courrier.
L’e-mail
Né au début des années 1970, l’e-mail, ou courrier électronique
(ou courriel pour ne pas froisser les puristes de la langue
française), est devenu aujourd’hui un mode de communication
privilégié dans le monde du travail. Tellement privilégié que
parfois cela tourne à l’inflation et que les boîtes e-mail sont
saturées par quantité de messages inutiles et encombrants.
Le premier e-mail
C’est Ray Tomlinson, ingénieur travaillant pour le
projet Arpanet (l’ancêtre de l’Internet), qui a mis au
point le courrier électronique. À l’automne 1971, il
réalise deux programmes : le premier permet à
plusieurs utilisateurs d’un même ordinateur de se
laisser des messages ; le second permet la copie
simultanée d’un fichier sur tous les ordinateurs
d’Arpanet (à ce moment-là, 15 ordinateurs !). Il a
l’idée d’associer les deux programmes pour échanger
des messages entre deux ordinateurs. Il crée deux
boîtes aux lettres électroniques sur deux ordinateurs
qui sont dans la même pièce et fait passer un message
de l’un à l’autre. Il vient d’inventer le courrier
électronique, Netmail (pour Network Mail), qui
prendra le nom de e-mail un peu plus tard. La
première adresse électronique sera donc la sienne :
tomlinson@bbn-tenexa (BBN pour le nom de
l’employeur de Tomlinson et tenexa pour indiquer le
système d’exploitation utilisé, Tenex). Pour séparer le
nom de l’utilisateur et celui de l’ordinateur sur lequel
se trouve la boîte de réception, il a l’idée d’utiliser le
signe @ qui signifie en anglais « chez ».
La note d’information
Elle concerne la vie de l’entreprise et annonce la tenue de
réunions, la présence d’une consultation (médecine du travail),
des possibilités de formation, des arrivées ou des départs dans
l’entreprise, etc.
Émetteur Destinataire(s)
Note d’information
1er paragraphe
2e paragraphe
3e paragraphe
Une conclusion
La note de service
Elle concerne le fonctionnement de la production de
l’entreprise et fournit un certain nombre de consignes à un
public ciblé ; c’est donc un document de travail. Elle a un
caractère directif (c’est une communication descendante) qui
ne doit pas vous empêcher de rester courtois et d’éviter les
formules agressives. Elle ne doit pas ouvrir la porte (quelle
image !) à des interprétations : vous devez choisir votre
vocabulaire et faire des phrases claires sans ambiguïté ; soyez
vigilant dans l’emploi des adverbes et des adjectifs qui peuvent
introduire des nuances contestables, de possibles
interprétations. De même, proscrivez l’emploi du conditionnel :
le présent et le futur sont les deux temps de la note de service !
Une formulation impersonnelle permet de mieux faire passer le
message et évite la personnalisation (surtout si le contenu de la
note est un rappel à l’ordre !).
Exemple de structure
Émetteur Destinataire(s)
Action
Information
Archives
Objet Date
Note de service n°
1er paragraphe
2e paragraphe
3e paragraphe
Une conclusion
Le compte rendu
Comme la note d’information et la note de service, le compte
rendu est un document interne à l’entreprise qui transmet des
informations à des destinataires ciblés. Il rend compte à un
moment donné d’un événement (réunion, entretien, accident,
visite, mission) ou d’une activité. Souvent, comme dans le cas
d’une réunion, il s’agit de transmettre des informations orales
qui ont été tenues par différents participants ; on vous a confié
la charge d’en établir un compte rendu (en général, personne ne
se « bouscule » pour tenir ce rôle !). Vous allez donc travailler à
partir de votre prise de notes (voir chapitre 13).
Conseils de rédaction :
Le procès-verbal
Il possède toutes les caractéristiques du compte rendu
(document de travail) ; mais la différence notable est qu’il a
une valeur officielle et peut être opposé devant des
juridictions : à ce titre il doit être authentifié et validé par tous
les participants.
Le rapport professionnel
Vous devez bâtir un argumentaire qui répond aux mêmes
exigences méthodologiques et rédactionnelles que celles d’une
dissertation et d’un rapport de stage. En revanche,
contrairement au compte rendu, il vous implique
complètement, car c’est votre qualification, vos compétences,
votre expertise qui sont requises pour ce travail.
Flash d’écriture
Aimez-vous la bière ? Oui ! Quelle chance !
Dans ce chapitre :
Des écrivains et le moi
Les écrits du moi
Moi, j’écris « moi »
Mais vous mesurez bien que saisir ou tenter de saisir son moi,
ses moi successifs, ou simultanément (véritable gageure,
non ?), suppose à la fois un travail d’écriture régulier à travers
un journal intime, ou un exercice d’anamnèse, c’est-à-dire de
reconstruction du passé qui n’est pas toujours simple et peut
s’avérer douloureux et plein de surprises, pas nécessairement
bonnes, mais en même temps exaltant comme un terrain
d’aventures.
Le journal intime
Pour qui écrivez-vous ce journal intime ? Soyez clair avec
vous-même, sachant que vous pouvez évoluer dans vos
intentions.
Le projet de Michel
C’est icy un livre de bonne foy, lecteur. Il t’advertit dés l’entree,
que je ne m’y suis proposé aucune fin, que domestique et
privee : je n’y ay eu nulle consideration de ton service, ny de
ma gloire : mes forces ne sont pas capables d’un tel dessein. Je
l’ay voüé à la commodité particuliere de mes parens et amis : à
ce que m’ayans perdu (ce qu’ils ont à faire bien tost) ils y
puissent retrouver aucuns traicts de mes conditions et humeurs,
et que par ce moyen ils nourrissent plus entiere et plus vifve, la
connoissance qu’ils ont eu de moy. Si c’eust esté pour
rechercher la faveur du monde, je me fusse paré de beautez
empruntees. Je veux qu’on m’y voye en ma façon simple,
naturelle et ordinaire, sans estude et artifice : car c’est moy
que je peins. Mes defauts s’y liront au vif, mes imperfections et
ma forme naïfve, autant que la reverence publique me l’a
permis. Que si j’eusse esté parmy ces nations qu’on dit vivre
encore souz la douce liberté des premieres loix de nature, je
t’asseure que je m’y fusse tres volontiers peint tout entier, Et
tout nud. Ainsi, Lecteur, je suis moy-mesme la matiere de mon
livre : ce n’est pas raison que tu employes ton loisir en un
subject si frivole et si vain. A Dieu donq. De Montaigne, ce 12
de juin 1580.
Le projet de Victor
Qu’est-ce que les Contemplations ? C’est ce qu’on pourrait
appeler, si le mot n’avait quelque prétention, les Mémoires
d’une âme.
un examen de conscience ;
l’histoire d’une vie (« C’est l’existence humaine
sortant de l’énigme du berceau et aboutissant à
l’énigme du cercueil ») ;
le partage d’une expérience humaine (« Quand je
vous parle de moi, je vous parle de vous »).
C’est à vous !
Voilà, la littérature nous a fourni de beaux exemples de récits
où le « moi » est le thème central. À votre tour de vous essayer
à cette approche à la fois attrayante et mystérieuse d’une
personnalité (la vôtre ou celle d’un proche) par l’entremise des
mots.
8e étape : la rédaction
Le style adopté devra être en adéquation avec la personnalité
décrite. Essayez d’introduire les mots, les tournures qu’elle a
l’habitude d’employer. Il faudra établir avec elle le point de vue
narratif : rédiger à la première personne ou adopter un point de
vue extérieur. Par expérience, nous vous conseillons le récit à
la première personne, plus vivant et qui donne plus une valeur
de témoignage et de transmission au récit. Il vous faudra
trouver ce subtil dosage (si possible savant, mais tellement
difficile à obtenir !) entre des portraits, des descriptions, des
points d’histoire, des anecdotes, des scènes, des dialogues,
l’expression des émotions et des sentiments.
9e étape : la lecture
Avant le tirage, proposez à la personne (si elle est d’accord) la
lecture de certains passages. Observez bien sa façon
d’accueillir le texte et n’hésitez pas à modifier si vous sentez
que certains extraits, certains mots ou formules la gênent,
surtout si vous avez retenu l’emploi du « je ».
2e étape : l’organisation
Indispensable, si vous voulez utiliser avec profit le contenu du
« grenier » : il faut organiser la masse documentaire et des
souvenirs de manière chronologique et thématique.
Où écrire ?
un plat ;
un jeu d’enfance ;
un ami ;
une odeur ;
un objet ;
une saveur ;
un lieu ;
un moment ;
une maison ;
une parole ;
un mot ;
une cicatrice (physique ou morale !) ;
une musique ;
une chanson ;
un visage ;
une expression ;
un livre ;
un film ;
un mariage ;
une rencontre ;
un métier ;
un sentiment ;
un ressentiment ;
un enterrement ;
une peinture ;
un album de photographies ;
un modèle automobile.
Chapitre 16
L’atelier créatif
Dans ce chapitre :
La vie est un roman, écrivez-le
Vous rêvez de refaire le cercle des poètes
Écrivez votre texte pour aller « brûler les planches »
Vous voulez faire votre « cinéma »
L’intrigue
Vous avez sans doute déjà entendu cette formule selon laquelle
un bon roman c’est d’abord une histoire, puis une histoire et
enfin une histoire… Derrière cette pirouette, ce qui est souligné
avec insistance (oui, au bout de trois fois, on peut parler
d’insistance !), c’est la nécessité d’avoir des situations à
décrire, des personnages à mettre en action, des événements à
raconter. Ainsi, nous voici, vous voici devant le premier
élément à trouver : l’intrigue, c’est-à-dire la fiction qui portera
la succession de faits, d’aventures. Les sources sont multiples :
un rêve que vous avez fait, un mot, une phrase, une idée, un
visage, une situation vue ou vécue, un événement connu ou
vécu, une lecture, un lieu, un tableau, une image, etc.
Un déroulement
Votre « machinerie » est lancée ; il s’agit maintenant
d’organiser la succession des faits, des épisodes. Organisée en
parties, chapitres numérotés ou non, plus ou moins longs, votre
histoire peut se dérouler en suivant une chronologie simple ou
en intercalant des faits par des retours en arrière ; c’est à vous
de décider et de jouer avec les personnages, les forces en
présence, les différents événements et aléas, pour montrer les
ressorts et la complexité des trajectoires qui vont mener à la fin
de l’histoire.
L’épilogue
Tout a une fin. Voilà, vous êtes au bout de votre histoire (mais
pas au bout du rouleau, nous l’espérons !), il faut donner congé
à vos personnages mais aussi à votre lecteur ! Deux possibilités
s’offrent à vous. Soit vous proposez une fin fermée avec un
dénouement qui laisse peu de possibilités à une suite : par
exemple la mort du héros. C’est triste mais sans perspective, tel
l’épilogue dans Le Rouge et le Noir (1830) où Stendhal fait
mourir Julien Sorel (exécuté) et Mme de Rénal (morte de
chagrin) ; cependant vous pouvez très bien revisiter un épisode
antérieur de leur existence ! Soit vous écrivez une fin ouverte
comme Balzac dans Le Père Goriot (1835) où le héros, le jeune
et ambitieux Eugène Rastignac, contemple Paris après avoir
assisté à un enterrement :
Atelier d’écriture
Titre
Atelier d’écriture
Faites le portrait physique au choix :
d’un homme politique connu ;
d’une vedette de cinéma ;
d’une chanteuse ;
d’un sportif connu ;
d’un humoriste ;
d’un membre de votre famille ou de votre entourage ;
d’un monstre mi-homme, mi-animal.
Faites le portrait moral et psychologique au choix :
d’un dictateur connu ;
d’un chanteur ;
d’un écrivain ;
d’un cinéaste ;
d’un personnage historique ;
d’un membre de votre famille ou de votre entourage ;
d’un animateur de télévision.
L’espace romanesque
Pour le construire, vous aurez recours à des descriptions plus
ou moins précises qui renverront à des lieux fictifs ou réels.
Ces descriptions sont bien sûr d’abord le cadre de l’action mais
peuvent avoir aussi une fonction symbolique et apporter
indirectement des informations sur la situation et la
psychologie d’un personnage.
Le temps romanesque
Autant le savoir tout de suite, c’est un paramètre difficile à
manier qui déterminera de nombreux choix. En effet, il s’agit
d’un temps à deux variables que vous devez définir :
Il voyagea.
Il revint.
Atelier d’écriture
Décrivez en 10 lignes :
un quai de gare à une heure d’affluence ;
le lever du soleil au bord de la mer ;
des supporters de football dans un stade ;
l’arrivée d’un cargo dans un port ;
une file d’attente dans un grand magasin ;
un embouteillage à un péage d’autoroute ;
des maçons sur un chantier ;
un jardinier en train de tailler une haie ;
la salle d’attente chez le dentiste ;
l’installation d’un marché au petit matin ;
une cérémonie de mariage ;
un repas de famille ;
un accrochage entre deux automobilistes ;
une cour d’école.
Racontez une histoire inspirée par un des tableaux
suivants (vous les trouverez aisément sur Internet) :
La nouvelle
Si vous êtes tenté par les récits courts, la nouvelle est pour
vous ; c’est aussi une bonne entrée en matière si la perspective
d’une rédaction longue vous effraie dans un premier temps ;
mais attention, court ne signifie pas « plus facile », car la
nouvelle réclame une concision de tous les instants. Pour le
reste, toutes les indications précédentes sont valables.
Elle s’approcha.
— Bonjour, Jeanne.
L’autre ne la reconnaissait point, s’étonnant d’être
appelée ainsi familièrement par cette bourgeoise.
Elle balbutia :
— Mais… madame !… Je ne sais… Vous devez vous
tromper.
— Non. Je suis Mathilde Loisel.
Terrible, non ?
À l’aide Honoré !
Si vous êtes en panne pour trouver des noms de
personnages ou des catégories (par âges, professions,
situations, caractères), alors n’hésitez plus ; faites une
visite à Paris, à la Maison de Balzac où vécut l’auteur
de La Comédie humaine de 1840 à 1847. Vous
pourrez vous procurer une copie (pliable !) d’un
tableau long de 14,50 m qui répertorie les noms de 1
000 personnages de son œuvre, Généalogie des
personnages de La Comédie humaine ! On estime,
selon les experts, le nombre total de personnages
créés par Balzac entre 4 000 et 6 000 !
Exemple :
Voilà, votre manuscrit est prêt. Vous avez choisi votre éditeur
préféré. Envoi. Alea jacta est !
Vous écrivez ?
Éditions Gogo
www.gogo.fr
ÉCRIVAINS
Pour la poésie
Parfois les hommes et les femmes de pouvoir (politique,
économique, financier), pour atténuer leur image trop dure ou
lui donner un supplément d’humanité, lâchent dans un souffle :
« Je lis de la poésie, j’écris même des poèmes… » Vrai, faux ?
Mise en scène ou aveu intime ? Peu importe, car ce que révèle
ce genre de confidence, c’est le statut et la singularité d’un
langage ou plutôt la singularité d’un usage de la langue qui a
toujours exercé un attrait particulier sur les hommes, perplexes
devant cette énigme : comment à partir des mots de tous les
jours, peut-on fabriquer de telles images et provoquer de telles
émotions ? Poser de telles questions, c’était aussi imaginer des
réponses. Ainsi, dès l’Antiquité grecque il est admis que la
poésie est d’inspiration divine. Cela règle tout puisque les
dieux et leurs Muses sont dans le coup !
Ce qui est sûr (car pour les dieux grecs, nous n’avons aucune
certitude), c’est que les mots sont dotés de pouvoirs mystérieux
qui semblent nous échapper mais que la poésie, inlassablement,
essaie d’apprivoiser.
Atelier d’écriture
Pour chauffer votre imagination
Exemples :
Le parcours du combattant et le
compte en banque → le parcours en
banque et le compte du combattant
Exemple :
Exemples :
Exemple :
En deux mots
Il me raconta l’histoire
Mot pour mot
Au bas mot
On ne prononce pas un mot
Plus haut que l’autre
Malin et silencieux
Il le prit au mot
Sans mot dire
Même à mots couverts
Jamais
Il ne mâchait ses mots
Conseils de rédaction
Rédigez d’abord un résumé de l’histoire que vous voulez
raconter. Établissez la liste des personnages et leurs rapports ;
rappelez-vous que tous ces personnages apparaîtront sur la
scène.
Atelier d’écriture
Pour les différents exercices proposés, vous rédigerez une
scène avec une vingtaine de répliques.
Vous attendez votre train sur un quai de gare et un(e)
inconnu(e) vous aborde.
Quelle histoire ?
D’abord, il vous faut une histoire dont les sources peuvent être
diverses : personnelles, publiques, historiques, un fait divers,
un texte littéraire, un mythe revisité, etc. Une fois votre choix
arrêté, votre travail consistera à écrire un résumé d’une
vingtaine de lignes en définissant, comme dans tout récit, une
situation initiale, son développement et la situation finale, sans
entrer dans les détails et les différentes péripéties. Dans ce
résumé (un « pitch » en langage cinématographique,
littéralement « un boniment » !) sont indiqués les personnages
principaux, les buts poursuivis.
Le synopsis
Ce terme signifie « plan, vue d’ensemble, inventaire,
catalogue » ; il s’agit donc d’une sorte de plan détaillé où vous
présentez précisément tous les personnages (physique,
psychologie, fonction dramaturgique), la chronologie des
événements, la description des principales péripéties et la
scénarisation des trois temps forts : l’événement déclencheur
de l’intrigue, le point d’intensité maximale de l’histoire (le
« climax » en langage cinématographique) avec les réactions
des protagonistes et le dénouement.
Le traitement
C’est un développement littéraire de votre histoire, sous la
forme d’une nouvelle d’une quarantaine de pages : celle-ci
explore davantage les ressorts psychologiques des personnages,
et développe les éléments narratifs (événements, biographies,
thèmes) et descriptifs (milieux, époques).
Les dialogues
En 2011, Michel Hazanavicius a réalisé avec brio un film muet
en noir et blanc, The Artist, hommage aux films muets des
années 1920 ; pour ce film, l’acteur Jean Dujardin a été
récompensé au Festival de Cannes 2011 par le Prix
d’interprétation masculine. Sauf à reprendre cette idée, il vous
faut penser à construire des dialogues, ce qui n’est pas une
mince affaire. En effet, contrairement aux dialogues de théâtre
qui constituent l’essentiel du texte et au roman où ceux-ci sont
pris dans la trame narrative, les dialogues de cinéma
s’inscrivent dans un rapport avec l’image.
Vous pouvez retenir une règle d’or : qui parle et dans quel
contexte ? En d’autres termes, est-ce que les mots que je mets
dans la bouche de mon personnage sont vraisemblables et sa
réaction est-elle plausible par rapport à la situation ? Ainsi, on
a parfois une impression de dialogue artificiel lorsque l’on met
une pensée et des mots d’adulte dans la bouche d’un
personnage enfant : le décalage fait perdre toute crédibilité à la
scène.
Le séquencier
Dernière phase du travail d’écriture avant d’aller sur le
plateau : vous découpez en séquences toutes les actions selon
un ordre chronologique, sans placer les dialogues. Une
séquence peut comporter plusieurs scènes ; par exemple, une
séquence « rencontre » dans le métro :
La première séance
Atelier d’écriture
Écrivez :
une scène de colère pour Gérard Depardieu
une scène d’amour entre Julia Roberts et Brad Pitt
une scène de discussion, entre deux malfaiteurs
préparant un casse, jouée par Robert de Niro et Al
Pacino
une scène de retrouvailles entre deux vieux amis qui
ne se sont pas vus depuis dix ans, jouée par Sean
Connery et Woody Allen
une scène d’affrontement verbal entre deux personnes
qui ne sont pas d’accord sur les moyens à utiliser pour
sauver une personne coincée au cinquième étage d’un
immeuble en feu, jouée par Mel Gibson et Guillermo
del Toro
une scène de quiproquo à propos d’un rendez-vous
manqué, jouée par Dany Boon et Benoît Poolvorde
Critique de cinéma
Voici deux critiques différentes pour un même film, Vilaine
de Jean-Patrick Benes et Allan Mauduit (2008) avec
Marilou Berry et Frédérique Bel : une jeune femme,
Mélanie, gentille et serviable, est exploitée par son
entourage ; un jour, elle décide de se révolter et devient
méchante. Dans le même hebdomadaire (le TélObs du
jeudi 4 août 2011), deux critiques livrent leurs points de
vue divergents :
Page d’écriture
Vous avez le pouvoir de remonter dans le temps ;
quelle époque choisissez-vous et que décidez d’y
faire ?
Dans le vingtième siècle quelle est l’invention
qui vous paraît la plus importante pour
l’humanité ? Faites un texte d’environ cinq lignes
avec une seule contrainte : vous n’emploierez pas
une seule fois le verbe être (ni sous sa forme
auxiliaire !).
En dix lignes faites votre portrait.
Vous êtes sur le Titanic et cela ne va pas fort, car
le navire vient d’heurter l’iceberg. Dites-nous ce
que vous faites.
Rédigez pour vos amis, votre recette de cuisine
préférée.
Racontez le dernier film que vous avez vu sans
utiliser une seule fois le verbe être et un mot
contenant la lettre « o ».
Voici les titres pris méthodiquement de la
première à la dernière page dans une revue
hebdomadaire consacrée aux programmes de la
télévision et au cinéma ; choisissez-en deux et
imaginez un court récit qui commence par le
premier titre et s’achève par le second :
Le XVIIe siècle fut agité par une querelle, celle des Anciens et des
Modernes, qui divisa le milieu des écrivains en deux camps farouchement
opposés : d’un côté, les partisans de la stricte imitation des auteurs de
l’Antiquité qui, selon eux, avaient atteint la perfection esthétique ; de
l’autre, les partisans de l’innovation qui, sans récuser les Anciens, pensaient
que chaque époque pouvait apporter des formes nouvelles. L’histoire a
montré qu’il s’agissait d’un faux débat et qu’évidemment tout écrivain,
toute œuvre s’inscrit dans une filiation, puis emprunte sa propre voie et
développe son originalité.
C’est dans cette perspective que cette partie vous propose la visite de la
galerie de quelques grands modèles de la littérature, et plus généralement de
l’écrit, à travers des œuvres littéraires, leur genèse, et des discours qui ont
marqué en leur temps. Vous y trouverez des exemples à suivre qui pourront
vous inspirer et contredire en partie l’adage selon lequel on ne peut pas faire
du neuf avec du vieux…
Par ailleurs, si l’écriture est d’abord une activité plutôt solitaire, il est
toujours réconfortant de recueillir et de connaître les témoignages de ceux
qui passent l’essentiel de leur temps à imaginer des histoires, à jouer avec
les mots, pour ensuite les offrir à notre imaginaire… Écrire pour les Nuls
vous confie leurs petits secrets et vous fait entrer dans leur laboratoire
d’écriture…
Chapitre 17
Dans ce chapitre :
Les modèles du genre
Des commentaires pour devenir à votre tour un
modèle…
HOUGOMONT
Commentaire
Observez à quel point la prise de notes, les détails des lieux, de
l’événement, sont repris dans le texte final ; quelques
exemples :
Tome I - Fantine
Tome II - Cosette
Livre quatrième - Secours d’en bas peut être secours d’en haut
Deuxième plan
Commentaires
L’évolution du premier chapitre : Zola introduit les
personnages secondaires – les frères de Louise et la famille
Baudu – et indique la temporalité (octobre 1964).
À la Maupassant
Guy de Maupassant a écrit un peu plus de trois cents contes et
nouvelles : réalistes (Boule de suif) ou fantastiques (Le Horla ;
La Main). Il manie l’art du portrait en action, de l’implicite et
de la chute, caractéristiques indispensables à la brièveté de la
nouvelle. Voyez par vous-même :
La diligence du Havre allait quitter Criquetot ; et tous
les voyageurs attendaient l’appel de leur nom dans la
cour de l’hôtel du Commerce tenu par Malandain fils.
— L’instituteur de Rollebosc-les-Grinets ?
— Maît’ Caniveau.
Un gros paysan, plus lourd qu’un bœuf, fit plier les
ressorts et s’engouffra à son tour dans l’intérieur du
coffre jaune.
— Maît’ Belhomme.
Commentaires
Maupassant choisit un lieu clos pour placer son intrigue, une
diligence ; ce qui facilite le resserrement de l’intrigue et des
dialogues.
Commentaire
Chaque portrait débute par une brève description physique,
suivie d’une accumulation de notations sur les comportements
moraux, sociaux.
Commentaire
Cet extrait est un modèle d’argumentation où les faits et les
hypothèses sont soigneusement présentés, puis étudiés pour
aboutir à un double objectif : démontrer l’innocence d’une
victime et dénoncer l’aveuglement d’hommes censés rendre la
justice.
Un discours, un discours !
Le discours est un texte particulier. Argumentatif par définition,
il est écrit mais a une finalité orale, avec un seul but :
convaincre un auditoire d’adhérer à tout ce que l’on avance. Il
faut donc capter l’attention, savoir se faire écouter et séduire
pour être suivi. Les hommes politiques, qui sont des hommes
de paroles (aucune malice dans cette expression… nous
voulons simplement dire qu’ils utilisent la parole pour faire
passer leur message, leurs convictions…), sont de grands
producteurs de discours. Nous savons ainsi que les périodes
électorales sont des temps propices à l’éclosion des discours,
car c’est le moment où il faut montrer que son programme, ses
promesses sont plus valables que celles de l’adversaire. Il est
d’ailleurs parfois cruel de reprendre des discours anciens et de
les comparer aux engagements tenus. Mais rassurez-vous, loin
de nous l’idée de faire preuve ici de cruauté ! C’est pourquoi
nous avons choisi de vous présenter deux discours célèbres
prononcés par des personnages historiques de premier plan,
dans des circonstances exceptionnelles.
Le premier discours est l’œuvre de Maximilien de Robespierre
(1758-1794) : prononcé le 25 décembre 1793, en séance
publique devant la Convention nationale : il justifie la mise en
place d’un gouvernement de « salut public » doté de pouvoirs
exceptionnels. Le second est prononcé par Winston Churchill
(1874-1965) le 13 mai 1940, la guerre a éclaté : à peine nommé
Premier ministre, il s’adresse aux députés de la Chambre des
communes pour leur demander un vote de confiance pour son
gouvernement d’union nationale.
Commentaire
Quand il prononce ce discours Robespierre n’a plus que sept
mois à vivre. Son discours s’inscrit dans une lutte de pouvoir et
l’urgence d’une situation.
Commentaire
On distingue aisément les deux temps forts de ce discours : les
trois premiers paragraphes décrivent une situation politique
intérieure et extérieure et les procédures mises en place par
Churchill pour y faire face : la mécanique institutionnelle et la
conjoncture y sont étroitement mêlées. Le formule qui clôt le
troisième paragraphe : « Je n’ai rien à offrir que du sang, du
labeur, des larmes et de la sueur », vaut à la fois comme résumé
de ce qui arrive, de ce qui va se passer, mais aussi de la
détermination de l’homme politique qui décrit sans concession
l’avenir proche.
Le théâtre d’hier
C’est le philosophe Aristote (384-322 avant J.-C.) qui énonce
dans un ouvrage théorique, la Poétique, les règles du genre
tragique qui prévaudront pendant longtemps dans la
dramaturgie occidentale : « La tragédie est l’imitation d’une
action de caractère élevé et complète, d’une certaine étendue,
dans un langage relevé d’assaisonnements d’une espèce
particulière suivant les diverses parties, imitation qui est faite
par des personnages en action et non au moyen d’un récit, et
qui, suscitant pitié et crainte, opère la purgation propre à
pareilles émotions. »
PHÈDRE
Commentaire
Voilà, tout est dit avec une force alliée à une formidable
économie de moyens pour exprimer cette passion amoureuse
impossible :
Le théâtre d’aujourd’hui
Plus près de nous, Bernard-Marie Koltès (1948-1989) aborde
avec le langage contemporain les mêmes thèmes et la recherche
toujours insatisfaite de communication entre les êtres. Dans sa
pièce Roberto Zucco tiré d’un fait divers (un homme, Roberto
Zucco, a tué des parents à quinze ans, et une dizaine d’années
plus tard, lors d’une cavale meurtrière a tué à nouveau
plusieurs personnes, avant de se suicider), Koltès s’est intéressé
aux ressorts de ce personnage radical, échappant à toute
rationalité, pour essayer de comprendre son « trajet
invraisemblable ».
Commentaire
Passage terrible où, en une dizaine de lignes, Koltès explore le
mécanisme d’un esprit et de sa folie meurtrière :
Modèles de vers
Dans son sonnet Le Tombeau d’Edgar Poe Mallarmé (1842-
1898) rappelle que l’enjeu majeur de la poésie est de « donner
un sens plus pur aux mots de la tribu ». Vous voilà prévenu, si
l’écriture poétique vous attire ! Il s’agit donc de reprendre le
langage quotidien pour explorer d’autres voies que celle de la
communication utilitaire ; si vous vous sentez prêt pour une
telle mission, voici trois modèles qui s’inscrivent dans cette
voie. Le premier, vous le connaissez sûrement, c’est le fameux
poème de Baudelaire L’Albatros ; le deuxième, un poème de
Guillaume Apollinaire, Sous le pont Mirabeau, initiateur de la
poésie moderne. Quant au troisième modèle, il nous fait
voyager très loin vers le pays du Soleil-Levant, autrement dit le
Japon, où existe une forme traditionnelle de poème court, le
haïku.
L’Albatros
Commentaire
Même si Charles Baudelaire (1821-1867) est considéré comme
un novateur qui annonce la poésie moderne, ce poème extrait
du recueil Les Fleurs du mal (1857) est d’une facture classique
qui en fait l’héritier des poètes de la Pléiade du XVIe siècle
(Ronsard, Du Bellay) : composant quatre quatrains, les vers
sont des alexandrins (12 syllabes) et alternent les rimes
féminines et masculines. Aujourd’hui, cette forme et ces vers
appartiennent au passé, mais rien ne vous interdit d’essayer
d’écrire un poème de cette manière. Le respect des contraintes
est un bon exercice d’entraînement. Si vous voulez employer
une forme fixe vraiment classique, vous utiliserez le sonnet
(deux quatrains et deux tercets).
Le Pont Mirabeau
Commentaire
Ce poème est sans doute un des poèmes les plus connus de la
poésie française ; il paraît dans le recueil Alcools en 1913. Écrit
en vers libre et sans ponctuation, il marque l’avènement d’une
poésie libérée des contraintes formelles des siècles passés mais
qui n’ignore pas le sens du rythme et les thèmes majeurs :
amour déçu, fuite du temps, expression des sentiments.
Nuit d’été
Le choc de mes socques
Fait vibrer le silence
Matsuo Basho (1664-1694)
À l’aube
Le soleil a jailli
D’une tête de sardine
Yosa Buson (1716-1783)
L’averse d’été
Cogne
Sur la tête des carpes
Masaoka Shiki (1867-1902)
Témoignages de pratiques
d’écriture
Dans ce chapitre :
Écrire, d’où vient ce drôle de besoin ?
Trois manières d’écrire
Écrire à quoi ça sert ?
Un petit tour du côté de la technique
Les laborieux
Dans cette catégorie, c’est incontestablement à Gustave
Flaubert que revient la palme de la souffrance de création.
Dans une lettre adressée à son amie Louise Colet, il écrit :
Les intuitifs
Cette catégorie est celle des écrivains pour qui l’écriture est
une évidence, une sorte de fonction organique, qu’ils utilisent
comme un don qu’on n’explique pas. Ainsi des écrivains
comme Victor Hugo et Louis Aragon écrivent véritablement
comme « ils respirent », sans aucune difficulté
d’« inspiration » ; leur activité d’écrivain se situe dans
l’invention de méthodes de travail pour canaliser leur flot
créateur. En revanche, d’autres comme Georges Simenon ou
Frédéric Dard se lancent dans l’écriture de leurs romans
policiers sans aucun plan, aucune méthode, mais avec une règle
quasi immuable, ils écrivent tous les jours. Ils « suivent »
littéralement ce que leur dicte leur inspiration ; doués d’une
vitesse d’écriture exceptionnelle, ils peuvent produire
régulièrement une dizaine de pages par jour sans aucune
difficulté. Ainsi, une anecdote rapporte qu’un jour Alfred
Hitchcock appela Georges Simenon au téléphone : une
secrétaire lui répondit que cela n’était pas possible dans
l’instant, car l’auteur était en train d’écrire un roman ; le
cinéaste aurait alors répondu : « Ce n’est pas grave, je vais
attendre qu’il l’ait fini ! »
Les méthodiques
Ce sont sans doute les plus nombreux, preuve que l’écriture est
aussi un vrai travail.
Dans ce groupe, Émile Zola est sans doute le champion : réglé
comme un métronome, il travaille tous les jours de 9 heures à
13 heures et produit ses trois pages de roman ; pour éviter de
s’écarter de cette « ligne » de conduite, il a même fait peindre
sur le linteau de la cheminée de son bureau : Nulla dies sine
linea, « Pas un jour sans une ligne ». Par ailleurs, sa création
suit un chemin préalablement balisé par des plans
préparatoires, nourris par un immense travail documentaire
(voir chapitre 17). Émile est un prudent, mais aussi un
travailleur acharné !
Vertigineux, non ?
Un conseil de William !
Lors d’un entretien, l’on demanda à William Faulkner
(1897-1962), quel était, selon lui, « l’environnement
le plus favorable pour un écrivain ». Voici sa réponse :
« Si vous prenez mon exemple, le meilleur boulot qui
m’ait jamais été offert a été gérant d’un bordel. Pour
moi, c’est l’environnement parfait pour un artiste au
travail. Cela lui donne une liberté économique
parfaite ; il est libéré de la peur et de la faim ; il a un
toit au-dessus de sa tête et absolument rien à faire
sauf tenir une comptabilité simple et aller une fois par
mois payer la police locale. L’endroit est tranquille le
matin, le meilleur moment de la journée pour
travailler. Il y a une vie sociale suffisante en soirée,
s’il veut y participer, pour se distraire ; cela lui donne
une certaine position sociale… » Revue Paris Review.
Les entretiens, tome III, traduit de l’anglais par Anne
Wicke, Christian Bourgois, 2011.
Page d’écriture
Le questionnaire de Marcel pour vous échauffer.
Le questionnaire de Marcel Proust, reprend un
jeu en vogue en Angleterre à partie des 1860 : il
consiste à répondre à une série de questions pour
cerner des traits de sa personnalité et de ses goûts.
À vous de jouer !
Ma devise.
Sixième partie
Petit, on apprend à compter sur ses dix doigts et l’on en utilise en général
trois pour écrire ; plus tard si l’on devient un « pianiste » du traitement de
texte, les dix doigts reprennent du service. Ce petit détour sur le bout des
doigts pour vous signaler que vous êtes arrivé dans la partie des Dix et qu’il
ne faut surtout pas la mettre à l’index ou s’arrêter devant en disant : « Je
mets les pouces ! », car vous allez y trouver dix conseils utiles pour vous
mettre dans de bonnes dispositions pour écrire ; dix propositions de micro-
fictions pour donner carte blanche à votre imagination et enfin dix manières
de donner du tonus à votre inspiration ! Donc en un mot comme en dix,
bonne écriture !
Chapitre 19
Dans ce chapitre :
Oui, écrire, c’est possible
Des conseils pour apprivoiser les mots
Des conseils pour éviter l’écrit vain et peut-être
devenir « écrivain »…
Conseil n° 1
« Pour écrire, il faut déjà écrire », dit Maurice Blanchot !
Derrière cette boutade (les spécialistes appellent cela une
tautologie, une figure de style qui équivaut à « enfoncer une
porte ouverte » !), il y a un constat incontournable : celui du
forgeron qui apprend en forgeant. Que ce soit pour la maîtrise
d’un écrit scolaire, professionnel, ou de création, c’est la
pratique régulière, et rien que la pratique régulière, qui vous
permettra d’acquérir l’aisance voulue. Ce sont les essais, les
tâtonnements, les corrections, qui, progressivement, donneront
à votre écrit la forme et le fond que vous souhaitez. En matière
d’écriture, c’est la seule potion magique qui vaille. Même si
l’expression peut paraître aujourd’hui un peu surannée, ne
perdez jamais de vue les conseils de notre Nicolas, car avec
eux vous ne serez jamais « chocolat » !
Conseil n° 3
Les ateliers d’écriture sont d’excellents endroits pour
désacraliser l’acte d’écrire, fournir des « embrayeurs », des
exercices, qui aident à la prise de confiance. Les échanges avec
d’autres personnes sont souvent fructueux et permettent de
découvrir de nouveaux horizons. Mais tôt ou tard, vous aurez
besoin d’un lieu personnel, intime, tranquille, pour écrire. C’est
que l’écriture, activité de communication par essence, est aussi
paradoxalement, un acte individuel, solitaire. Ce lieu sera votre
antre, sorte de repaire où votre imagination aura le feu vert (et
donc le feu sacré !).
Conseil n° 4
Lire pour écrire mieux. L’écriture est une expression qui se
nourrit de tous les ingrédients de la vie. Mais elle se nourrit
aussi de l’écriture des autres qui devient alors pour nous une
lecture. Lire, et lire encore, est sans doute le plus sûr moyen
(par assimilation, comparaison, imitation, inspiration,
dépassement) d’enrichir et d’améliorer sa propre écriture, tout
en partageant des pensées, des vies, des mondes réels et
imaginaires. Pour vous en convaincre, nous vous conseillons
l’admirable livre de Danielle Sallenave, Le Don des morts
(1991), où l’auteur nous donne les mille et une raisons de lire.
Voici quelques extraits pour vous convaincre :
Conseil n° 5
Dans le chapitre 8, nous vous proposons plusieurs dictionnaires
pour vous accompagner dans votre pratique de l’écriture.
Depuis les premiers et rares dictionnaires du XVIIe siècle,
l’offre s’est considérablement étoffée : en effet, en un ou
plusieurs volumes, vous avez à votre disposition des
dictionnaires de langue, étymologiques, analogiques, des
synonymes, des citations, des mots rares, des expressions, de
rhétorique. Le plus utile, et que vous devez toujours avoir à
proximité de la main, c’est évidemment un dictionnaire de la
langue : il vous sera utile pour vérifier le(s) sens d’un mot, son
orthographe, son évolution. Il doit être votre compagnon, et
non seulement vous aider à écrire en respectant les codes mais
aussi être une invitation permanente au voyage ; car les mots
sont de grands voyageurs, ils ont fait jusqu’à nous un long
chemin que raconte le dictionnaire ; n’hésitez pas à vous en
servir à votre tour pour créer une autre histoire.
Conseil n° 6
Si l’image est du côté de l’instantané, l’écrit, à la fois dans son
élaboration et dans sa lecture, demande du temps. Ainsi quand
vous écrivez, prenez votre temps, pas de précipitation.
N’oubliez pas que les mots sont à notre service : grâce à eux,
nous pouvons communiquer entre nous, mais attention à leur
emploi. Un mot mal utilisé, une phrase mal construite, et d’un
seul coup, d’un seul, la situation nous échappe, le sens se met à
aller « à hue et à dia » (expression de charretier, pour dire « à
gauche et à droite » en même temps, c’est-à-dire n’importe
comment !) et vous avez l’impression d’avoir été trahi, tandis
que ceux qui vous lisent pensent que vous venez d’une autre
planète avec une langue inconnue ! Tout cela pour vous dire
que, parfois, il est bon de laisser reposer un écrit comme on
laisse reposer une pâte à pain ou à crêpes. À la relecture, les
points à travailler, à conserver, apparaîtront plus facilement :
pendant le temps de repos du texte, votre pensée et votre
quotidien auront croisé mille et un petits (ou grands !) faits qui
donneront à votre regard une acuité nouvelle.
Conseil n° 7
« Les fautes, ah ! les fautes ! » S’il existait un produit ou une
astuce miracle pour s’en débarrasser ! Fautes de lexique ou de
syntaxe, elles ne se reposent jamais, toujours prêtes à frapper là
où l’on ne les attend pas. Il ne faut jamais baisser la garde, car
elles sont là, sournoises, cachées, toujours disposées à s’inviter
dans nos écrits, évidemment « à l’insu de notre plein gré » !
Que faire ? D’abord bien sûr, être vigilant en ayant toujours un
dictionnaire à portée de main, et surtout l’idée de s’en servir
dès que le moindre doute surgit ; ensuite, se lire, se relire en
regardant avec soin la fin des mots : en effet, c’est
pratiquement toujours là que la faute, l’intruse, s’impose, car
notre attention décroît et c’est là que se fait l’accord de
personne, de genre et de nombre ! Enfin, même si on pense être
un champion, il vaut mieux rester sur ses gardes, car nul n’est à
l’abri ; et si l’on est en froid avec les bons codes, reprendre
tranquillement et posément les grands fondamentaux (les règles
d’accord, les principales conjugaisons), s’en imprégner, et
surtout faire d’Écrire pour les Nuls votre fidèle compagnon
d’écriture ; il saura vous alerter en cas d’intrusion de fautes
dans votre travail.
Conseil n° 8
Notez, notez, il en restera toujours quelque chose. Ayez
toujours sur vous de quoi noter : cahier, carnet, ordinateur,
Smartphone, dictaphone, bout de nappe, boîte d’allumettes,
ticket d’achat, prospectus, crayon, stylo, feutre, charbon de
bois… Dites-vous que l’idée est un phénomène imprévisible
qui emprunte des chemins absolument mystérieux ; aussi,
lorsqu’elle se présente, vous devez être prêt à la… noter. Là
aussi, la liberté prévaut : si un mot noté en entraîne un autre,
que vous n’aviez pas prévu, ne le refusez pas ; qui sait, demain,
vous le préférerez peut-être au premier ; c’est grâce à lui que
vous déviderez un écheveau auquel vous n’aviez pas pensé. Si
l’idée de faire une liste de tout ce que vous voyez dans un
endroit vous prend (c’est ce que faisait Georges Perec, le roi
des listes !), n’hésitez pas ; ce qui n’est d’abord qu’une suite
linéaire peut devenir par la magie créatrice le début d’une
histoire. Noter, c’est vous constituer une sorte de réservoir, de
possibilités de situations, de personnages, d’actions, de
pensées ; c’est le bon moyen de capter le fugitif qui passe pour
en faire un jour le socle d’un récit auquel vous ne pensez pas
dans l’instant.
Conseil n° 9
Variez votre expression ! Laissez au repos (de temps en temps)
un certain nombre de verbes usés à force de servir dans tous les
« sens » : être et avoir sont évidemment les plus concernés,
mais aller, faire, dire, voir, penser, croire auraient aussi besoin
d’un peu de repos ! N’oubliez pas que vous avez à votre
disposition plus de dix mille verbes ! Même remarque pour les
noms communs ! Pensez au dictionnaire des synonymes,
véritable outil de précision, qui enrichit l’écrit en vous
indiquant « le mot » qui donnera toute sa force à votre pensée
initiale et géniale. Si vous avez l’humeur métaphorique, voici
un rapprochement pour saisir cette importance d’un lexique
aussi varié que précis : le texte primitif est une planche de bois
obtenue par la scie et le rabot, tandis que le texte final est cette
même planche de bois sculptée à l’aide de fines gouges
(ciseaux à bois).
Conseil n° 10
Un pastiche, sinon rien ! Nous sommes au XXIe siècle et nous
savons bien que beaucoup de choses ont déjà été écrites et que
nous remettons inlassablement nos pas dans ceux des
personnes qui nous ont précédés. Ce qui ne nous interdit pas,
bien au contraire, de découvrir régulièrement de nouvelles
pistes (d’écriture bien sûr !). Cependant, avant que vous
écriviez le monument de ce début de XXIe siècle, rien ne vous
empêche de faire des « écrits d’essai » comme d’autres (plus
cavaliers sans doute) font des « galops d’essai » ; en d’autres
termes, de faire des pastiches de manières d’écrire qui vous
intéressent. Vous aimez l’écriture luxuriante de Gabriel Garcia
Marquez, alors prenez un paragraphe qui décrit par exemple un
village étrange, dans Cent ans de solitude (1967), notez le
vocabulaire, la structure, le rythme des phrases, et essayez de
décrire à votre tour un lieu que vous connaissez pour créer la
même ambiance. Vous voulez écrire un article de presse pour
expliquer une situation politique à l’intérieur d’un parti à
quelques mois d’une échéance électorale : prenez un article sur
le sujet dans un journal de votre choix, repérez son schéma
argumentatif, ses enchaînements, le niveau de langue et faites à
votre tour l’article. Vous voulez réaliser un portrait : allez du
côté des maîtres du XIXe siècle (Hugo, Zola, Maupassant),
vous aurez l’embarras du choix, et imitez-les.
Chapitre 20
Dix micro-fictions
Dans ce chapitre :
À votre tour !
Soyez au fait… divers !
Lancez-vous dans la fiction
Sans plus attendre, placez vos mots sous les ordres du starter
« inspiration », sur votre ligne de départ, et au signal, écrivez !
Micro-fiction n° 1
C’est votre première phrase ? Oui. C’est votre dernière phrase ?
Oui. Bravo, vous avez choisi cet exercice d’écriture sans faire
appel à un ami, ni au public qui n’attend qu’une chose, pouvoir
lire votre récit.
Vous allez construire un récit (le genre est laissé à votre guise)
d’au moins une page (environ 2 000 caractères), qui commence
par la première phrase et s’achève par la dernière. La bonne
idée consiste à choisir une œuvre que l’on ne connaît pas et
ensuite, une fois son texte achevé, d’en faire la lecture et… de
comparer !
Nano-fiction n° 2
C’est le critique d’art Félix Fénéon (1864-1944) qui créa à
partir de mai 1906 une rubrique intitulée « Nouvelles en trois
lignes ». Publiées sous forme de brèves dans le journal Le
Matin, ces nouvelles étaient censées être de vraies dépêches sur
des faits divers, sur la vie de la société, la politique et
l’économie. Ne dépassant jamais les cent quarante caractères,
elles étaient tour à tour cyniques, cruelles, cocasses, absurdes,
factuelles, avec un soin tout particulier attaché à l’effet de style,
à la recherche de l’ellipse, et au rythme, l’ensemble n’étant pas
sans rappeler l’art de la fable.
Notations
Dans l’S, à une heure d’affluence. Un type dans les vingt-six
ans, chapeau mou avec cordon remplaçant le ruban, cou trop
long comme si on lui avait tiré dessus. Les gens descendent. Le
type en question s’irrite contre un voisin. Il lui reproche de le
bousculer chaque fois qu’il passe quelqu’un. Ton pleurnichard
qui se veut méchant. Comme il voit une place libre, se précipite
dessus. Deux heures plus tard, je le rencontre cour de Rome,
devant la gare Saint- Lazare. Il est avec un camarade qui lui
dit : « Tu devrais faire mettre un bouton supplémentaire à ton
pardessus. » Il lui montre où (à l’échancrure) et pourquoi.
C’est à vous !
Vous allez réécrire l’histoire suivante en reprenant les trois
styles précédents : « Notations », « Métaphoriquement »,
« Pronostication ».
Micro-fiction n° 4
Un homme, jardinier de son état dans une grande ville, est
menacé de mort et pressent qu’il ne pourra pas échapper à son
assassin. Il imagine alors le stratagème suivant pour dénoncer
celui-ci post mortem : sur le plus grand rond-point à l’entrée de
la ville, où chaque année il plante des rangées d’oignons de
fleurs qui, une fois écloses, dessinent forcément le nom de la
ville, il organise les bulbes pour que ceux-ci fassent apparaître
au printemps un message indiquant le nom de son assassin.
Micro-fiction n° 5
Vous êtes un scientifique et vous participez à une expérience
sur le sommeil et les rythmes biologiques ; ainsi, vous passez
six mois au fond d’une cavité sous la terre, coupé de tout
contact avec l’extérieur et de tous repères pouvant vous
indiquer l’heure ; un signal vous indiquera le moment où vous
pourrez remonter. Racontez votre installation sous terre,
l’organisation de votre temps : activités scientifiques, loisirs,
ennuis, souvenirs, doutes, envie de remonter à la surface avant
l’émission du signal. Décrivez la perte progressive des repères
temporels (jour, nuit, évaluation du temps qui passe). Enfin, le
signal retentit. Expression des sentiments ; dernier regard sur le
lieu. Retour à la surface et là, surprise ! il n’y a plus personne !
Tout est désert.
Micro-fiction n° 7
L’effet papillon. Imaginez un récit à rebours : vous partirez de
la conséquence finale et votre histoire devra remonter à
l’origine de cette situation en mettant bien en évidence les
différentes causes. Voici quelques propositions d’histoires :
Le Clou
Micro-fiction n° 9
Vous venez de remporter l’élection présidentielle après une
longue campagne électorale éprouvante. Vous voilà devenu
président(e) de la République française (impressionnant,
non ?). D’abord « bravo, si, vraiment, félicitations » ! Mais
maintenant il s’agit d’écrire le discours que vous allez
prononcer à la télévision devant vos concitoyens.
Pour vous inspirer, nous vous invitons à lire deux discours que
vous trouverez facilement sur Internet : celui de François
Mitterrand en 1981 (www.vie-publique.fr) et celui de Nicolas
Sarkozy en 2007 (www.rfi.fr). Le premier, relativement bref,
emploie des termes généraux, met en évidence les différentes
forces (« jeunesse », « travail », « création », « renouveau »)
qui ont contribué au « grand élan national » ; remerciant ceux
qui ont voté pour lui, François Mitterrand, s’adresse aussi à
l’ensemble des Français en souhaitant un engagement de tous
autour de ses valeurs. Le second discours est plus développé ;
après avoir remercié ses proches et « ses partisans », Nicolas
Sarkozy rappelle qu’il sera le « Président de tous les Français »
et brosse déjà des axes de politique générale ; il élargit
également la perspective vers les « partenaires européens » et
internationaux et rappelle que la France, dont « c’est
l’identité », portera partout ses valeurs de respect des Droits de
l’homme. À vous de choisir, Président(e) !
Micro-fiction n° 10
Une chance sur 14 millions de probabilités de réaliser la bonne
combinaison des six chiffres du Loto. Mais, voilà, ce soir-là,
cette chance est venue chez Monsieur X. Il est devant sa
télévision, sa femme vaque à ses occupations ménagères (qui
ne sont pas sans noblesse !), c’est le tirage du samedi soir. Et,
une par une, les boules affichent les six numéros de Monsieur
X. Décrivez l’effet produit. L’annonce faite à sa femme. Les
premières émotions. Les projets. Les craintes. Les choix. La
nuit qui suit.
Chapitre 21
Dans ce chapitre :
Trouvez votre thème et dites-lui « moi non plus »
Vous êtes à pied d’œuvre, à vous de choisir votre
source d’inspiration
l’amour
le temps
la guerre
le pouvoir
l’argent
l’amitié
le voyage
la solitude
la peur
la mort
William Shakespeare
Miguel de Cervantes
Léon Tolstoï
Jack London
Umberto Eco
Günter Grass
Jorn Riel
Philip Roth
Laisser un témoignage ;
Donner sa vision esthétique du monde ;
Exprimer ses sentiments et ses émotions ;
Communiquer ;
Construire des univers imaginaires ;
Rêver ;
Se connaître ;
Devenir meilleur ;
S’évader ;
Donner des clés de compréhension du monde.
Comme disait…
Citez, citez, il en restera toujours quelque chose… Donc, à
vous d’écrire pour prolonger (au moins 5 lignes !) ces citations
en donnant la parole aux personnages proposés.
disquisition
filetoupier
grosse-de-fonte
imblocation
malacie
mogilalisme
pernocter
quilboquet
robeuse
taphophobie
Le Vieux Tilleul
Soleil mort
Sang gelé
La Vie d’Elmo
À sa fenêtre
Le Mystère Alba
Il n’en est pas question
Des ronds dans la neige
Oui. Peut-être
Une bonne raison
Page d’écriture
Inventez votre dictionnaire autobiographique.
Pour chacune des lettres de l’alphabet, choisissez
un mot important pour vous et réalisez un court
texte d’accompagnement. N’oubliez pas les
dernières lettres X, Y, Z !
Septième partie
Annexes
Annexe A
Repères grammaticaux
Quel genre ?
Les adverbes
Si les deux adverbes les plus utilisés de la langue sont sans
conteste oui et non, il ne faudrait surtout pas croire que la
classe des adverbes définit un monde binaire. C’est tout le
contraire ! Grâce aux adverbes (ils sont vraiment nombreux !),
nous pouvons nuancer à l’extrême notre pensée. Voici les sept
principales catégories :
Je ne peux pas le
Je peux le dire
dire
Pécuniaire Pécunier
Rémunération Rénumération
Obnubiler Omnubiler
Dilemme Dilemne
Subjonctif passé : que j’aie rêvé, que tu aies rêvé, qu’il ait
rêvé, que nous ayons rêvé, que vous ayez rêvé, qu’ils aient
rêvé.
Passé antérieur : j’eus fini, tu eus fini, il eut fini, nous eûmes
fini, vous eûtes fini, ils eurent fini.
Subjonctif passé : que j’aie fini, que tu aies fini, qu’il ait fini,
que nous ayons fini, que vous ayez fini, qu’ils aient fini.
Drôles de conjugaisons !
Voici deux conjugaisons qui ont fait pouffé des générations
d’écoliers :
Avec Écrire pour les Nuls, pas de dilemme, nous vous offrons
être et avoir.
Présent : j’ai, tu as, il a, nous avons, vous avez, ils ont.
Passé simple : j’eus, tu eus, il eut, nous eûmes, vous eûtes, ils
eurent.
Passé composé : j’ai eu, tu as eu, il a eu, nous avons eu, vous
avez eu, ils ont eu.
Passé antérieur : j’eus eu, tu eus eu, il eut eu, nous eûmes eu,
vous eûtes eu, ils eurent eu.
Subjonctif présent : que j’aie, que tu aies, qu’il ait, que nous
ayons, que vous ayez, qu’ils aient.
Présent : je suis, tu es, il est, nous sommes, vous êtes, ils sont.
Passé simple : je fus, tu fus, il fut, nous fûmes, vous fûtes, ils
furent.
Passé composé : j’ai été, tu as été, il a été, nous avons été, vous
avez été, ils ont été.
Passé antérieur : j’eus été, tu eus été, il eut été, nous eûmes
été, vous eûtes été, ils eurent été.
Subjonctif passé : que j’aie été, que tu aies été, qu’il ait été,
que nous ayons été, que vous ayez été, qu’ils aient été.
Avec Écrire pour les Nuls vous ferez à coup sûr des progrès.
Quels temps !
Comme les prévisions du temps météorologique, l’emploi des
temps des verbes demande de la pratique et de la patience pour
une bonne maîtrise. Voici quelques conseils de base à appliquer
pour être sûr de ne pas recevoir une « pluie » de remarques
désagréables sur votre emploi des temps.
1er test
Voici les extraits du journal avec les mots qui étaient fautifs en
caractères gras.
La une du journal
La rencontre au sommet entre les dirigeants du G8 s’est
achevée dans une atmosphère glaciale. On prévoit donc un net
refroidissement sur le plan mondial qui pourrait ralentir le
réchauffement climatique.
Petites annonces
Je vends un char d’assaut ayant peu servi ; prévoir
changement des chenilles à l’éclosion des papillons.
Bulletin météo
En raison de fortes pluies de ces dernières vingt-quatre heures,
les règlements des factures en cours se feront
exceptionnellement par cartes bancaires ; le liquide n’est plus
accepté.
2e test
Vous écrivez : couramment, élégamment, épatamment,
fréquemment, récemment, savamment, vigilamment.
Les accents
Avec ou sans chapeau ?
Ils veulent tous porter l’accent circonflexe, mais vous savez
que ceux qui sont en caractères gras n’ont pas le droit au
« chapeau de gendarme » :
Tréma
Nous avons mis les points sur les ï aux mots en caractères gras.
Majuscule ou minuscule ?
Voici la fin d’un suspense insupportable !
a. Vous écrivez les noms des jours avec une minuscule : oui, mercredi.
b. Vous écrivez les noms des mois avec une majuscule : non, mai…
c. Vous écrivez les noms de fête avec une majuscule : oui, c’est Noël !
d. Vous écrivez les points cardinaux avec une minuscule : oui, par là,
c’est le sud !
e. Vous écrivez le premier mot d’une phrase avec une majuscule : oui.
C’est toujours le cas.
f. Vous écrivez les noms de pays avec une majuscule : oui, en France
mais aussi ailleurs.
g. Vous écrivez la première lettre d’une œuvre avec une majuscule : oui,
même quand c’est Du côté de chez Swann !
h. Vous écrivez les noms propres avec une minuscule : non, Marcel ne
serait pas content !
Les abréviations
Abrégeons notre angoisse !
a. L’abréviation etc., et cetera, signifie « et le reste », oui.
b. L’abréviation cf., confer, ne signifie pas « se reporter » mais
« comparer ».
c. L’abréviation P.-S. post-scriptum, signifie « écrit après », oui.
d. L’abréviation N.B., nota bene, ne signifie pas « note bonne » mais
« notez bien ».
e. L’abréviation CQFD, ne signifie pas « ce qu’il fallait dénoncer » mais
« Ce Qu’il Fallait Démontrer ».
f. L’abréviation M. ne signifie pas « monsieur » mais « mister » ;
monsieur s’abrège « M. ».
g. L’abréviation Me ne signifie pas « madame » mais « maître » ;
madame s’abrège « Mme ».
Évaluation finale 1
Les dix mots qui étaient mal orthographiés sont en caractères
gras.
Le genre
Côté masculin
abaque, acabit, acrostiche, adage, agrumes, alvéole, amiante,
antidote, antipode, antre, apogée, aromate, astérisque,
caducée, camée, colchique, décombres, effluve, en-tête, éloge,
entracte, enzyme, éphéméride, épiderme, équinoxe, esclandre,
exergue, exode, exorde, extrême, gynécée, ivoire, nymphée,
obélisque, octave, opprobre, opuscule, silicone, termite
Côté féminin
abside, acné, acoustique, alcôve, algèbre, alluvion, amibe,
ancre, anicroche, argile, arrhes, avant-scène, câpre, coriandre,
ébène, ecchymose, échappatoire, écrevisse, écritoire, égide,
encaustique, épithète, équivoque, clepsydre, dartre, épithète,
gemme, immondice, météorite, orbite, patère, pénates
Le nombre
Du singulier au pluriel, accord ou pas d’accord pour ces
noms ?
1er test
Ces verbes sont correctement conjugués au présent de
l’indicatif ; voici les réponses tant attendues :
2e test
Le bon temps et le bon verbe :
Deuxième évaluation
Les mots qui étaient mal orthographiés sont en caractères
gras.
Les écarts
« Les ba-ba, les ba-ba, les barbarismes ! »
Les impropriétés !
À chacun son sens :
Troisième évaluation
Les fautes étaient énormes, c’est bien normal puisqu’il
s’agissait d’une « baleine » !
Là, je suis mal en point, je crois que c’est la fin. Et l’autre qui
regarde mon œil !
— Tu veux ma photo ?
— Oui je veux bien.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Je suis dans la boîte. Sans faire de jeu
de mots, je peux dire que ça tombe bien, puisque je vais mourir.
Bon, d’accord, c’est pas très joyeux tout ça, mais ne vous en
faites pas, j’ai pris du bon temps et je me fais vieille. C’est
pour ça que je suis là. Ma tête ne va plus très bien : je me suis
complètement égarée ! Si on m’avait dit que je finirais ici !
Ça fait plusieurs années que cette photo a été prise :
exactement, le 18 janvier 1998. Ah, je me rappelle bien : il y
avait tellement de monde pour venir me voir qu’une voiture est
tombée de la jetée. Vous pouvez vérifier en me regardant, c’est
écrit dessus. Ah ça, j’en ai vu passer du monde. Tous les clients
qui viennent chercher leur dose de nicotine au tabac ; les
habitués accoudés à la demi-coque du comptoir et la salle de
restaurant, toujours pleine l’été avec son drôle de tableau des
commandes où s’alignent les pinces à linge pour accrocher les
notes.
Ah, juste avant de vous laisser ; ce qui est drôle, c’est que des
savants venus de Brest ont décidé de me mesurer et peser. Ç’a
pas été facile, vous pouvez me croire. Ils ont mis le résultat sur
ma photo ; ils auraient pu s’en dispenser, c’était personnel.
Enfin, sachez-le puisque ici tout le monde le sait : je mesure
quatorze mètres de long et je pèse quatorze tonnes et avant
d’être sur la photo, j’étais une baleine.
La ponctuation
1. Le mot virgule vient du latin virgula, « petit virage ». Faux, virgule
vient du latin virga, « verge » !
2. La virgule ne permet pas d’insérer des éléments explicatifs entre le
sujet et le verbe. Faux.
3. La virgule permet d’évoquer une succession chronologique. Vrai.
4. Le point-virgule sépare deux propositions. Vrai.
5. Les deux points ne permettent pas de citer les paroles de quelqu’un.
Faux.
6. Les deux points peuvent introduire une explication. Vrai.
7. Le point indique la fin d’une phrase. Vrai.
8. On n’utilise le point d’interrogation qu’avec une interrogation directe.
Vrai.
9. À la fin d’une phrase le point d’exclamation exprime un sentiment ou
une intention. Vrai.
10. On peut mettre trois, quatre ou cinq points de suspension à la fin d’une
phrase. Faux, trois seulement…
11. Les guillemets permettent de citer les paroles ou les écrits de
quelqu’un. Vrai.
12. On peut écrire « entre parenthèse ». Faux, « entre parenthèses », car
elles sont deux.
13. Le tiret sert à indiquer le changement d’interlocuteur dans un dialogue.
Vrai.
La construction de l’expression
Correctes ou fautives ?
Quatrième évaluation
Un peu de détente avec Prosper yop là ! boum !
1 – 8 – 2 – 11
10 – 3 – 6 – 7 – 9
4–5
Annexe D
Abréviations
Registres de langue
Figures de style
Quelques formules de politesse pour finir
Quelques abréviations
Dans les correspondances et dans certains écrits d’usage, nous
avons pris l’habitude, pour gagner du temps, pour être plus
direct, d’abréger ; mais parfois cela tourne à la confusion. Voici
un rappel de quelques abréviations :
Monsieur → M.
Madame → Mme
Messieurs → MM.
Mesdames → Mmes
Mademoiselle → Mlle
Maître → Me
Les abréviations de mesures sont toutes invariables :
Kilogramme → kg
Litre→l
Heure→h
Minute → min
Seconde→s
Mètre→m
Centimètre → cm
Kilomètre → km
Euro→€
Accroissement : ↑
Arrière : ar.
Avant : avt
Baisse : ↓
Beaucoup : bcp
Cependant : cpdt
C’est-à-dire : c-à-d
Changement : chgt
Commercial : cial
Courant : crt
Dans : ds
Dans les deux sens : ↔
Devant : dvt
Différent : ≠
Égal : =
Extérieur : ext
Femme : ♀
Général : gal
Géographie : géo
Gouvernement : gvt
Hausse : ↑
Homme : ♂
Idem : id.
Incompréhension : ? ?
Intérieur : int
Mais : ms
Maximum : max
Même : m
Minimum : min
Moins : –
Nous : ns
Pendant : pdt
Philosophie : ϕ
Plus : +
Plus grand que : >
Plus petit que : <
Pour : pr
Psychologie : ψ
Quand : qd
Quelquefois : qqf
Question : ?
Racine : √
Sans : ss
Sauf : sf
Souvent : svt
Toujours : tjts
Tout : tt
Tous : ts
Quels registres ?
Selon la situation, les circonstances, vous pouvez, pour dire la
même chose, changer de registre : tout un art !
Le registre soutenu
Il se caractérise par des tours particuliers et une connaissance
approfondie de la langue ; le moins que l’on puisse dire, c’est
qu’il ne traduit pas une spontanéité, mais une volonté d’afficher
un certain rang dans une hiérarchie. C’est un registre que l’on
trouve surtout à l’écrit : le vocabulaire est recherché, la
concordance des temps est strictement respectée, les
constructions de phrases complexes sont fréquentes ; bref, vous
l’avez compris, le registre soutenu peut très vite,
particulièrement à l’oral, être le signe d’une suffisance, d’un
pédantisme, d’un complexe de supériorité, d’un snobisme
(arrêtons là !).
Le registre courant
Employé à l’oral comme à l’écrit, c’est le registre du quotidien
que vous employez (ou devriez employer !) en société (école,
lycée, travail) avec des personnes qui ne sont pas des proches
(comme les membres de la famille). C’est un registre qui
respecte les codes grammaticaux, ne déforment pas les mots, et
ne recherche pas d’effets particuliers. Un registre sobre en
quelque sorte que l’on peut utiliser en toutes circonstances.
Le registre familier
Il relève surtout de l’oral avec une prononciation
approximative, et se caractérise par sa spontanéité ; son lexique
peut être argotique, voire grossier, et la construction des
phrases est plutôt relâchée. En situation scolaire,
institutionnelle ou professionnelle, ce registre est à bannir,
d’autant qu’il est un véritable vivier à fautes. Son emploi à
l’écrit doit être lié à une intention particulière, mais
reconnaissez qu’il vaut mieux qu’il ne traduise pas une
expression fautive du style : « Moi y’en a vouloir écrire et
pourquoi vous pas vouloir comprendre ? »
On notera que l’on peut jouer avec ces différents registres pour
créer des effets inattendus mais parfois bienvenus et appréciés ;
ainsi, en mêlant le registre soutenu et le registre familier, on
obtient un genre hybride, contrasté et assez drôle : Ces
godasses me font cruellement souffrir.
Adjonction
Elle permet de faire dépendre d’un mot ou d’une expression
plusieurs mots par une accumulation, ce qui produit un effet
d’insistance : Laisse faire le temps, ta vaillance et ton roi.
(Corneille). / Écrire pour les Nuls, c’est valable pour les
jeunes, les moins jeunes, les filles, les garçons, les Parisiens,
les provinciaux, les bruns, les brunes, les blonds, les blondes,
les chauves, les maigres, les enrobés, les joyeux, les moins
joyeux, les gagnants au Loto et surtout les autres !
Allégorie
Elle représente une idée par une image, un objet ou un être
vivant (dans ce dernier cas, c’est une personnification), pour
suggérer une émotion, une sensibilité : Mon beau navire ô ma
mémoire (Apollinaire). / Ma bouée de secours c’est Écrire pour
les Nuls.
Anaphore
C’est une répétition d’un même mot, d’une même expression,
pour insister sur une idée : Waterloo ! Waterloo ! Waterloo !
morne plaine. (Victor Hugo). / Pour les Nuls ! Pour les Nuls !
Pour les Nuls ! C’est First.
Antiphrase
C’est faire comprendre le contraire de ce qui est écrit, pour
provoquer par exemple l’ironie : Par des faits glorieux tu te vas
signaler. (Racine). / C’est sûr, en ignorant les conseils d’Écrire
pour les Nuls, vous avez toutes vos chances pour devenir
l’écrivain du XXIe siècle.
Antithèse
C’est la réunion de deux expressions ou pensées opposées qui
met en évidence une contradiction : L’avarice perd tout en
voulant tout gagner.
(La Fontaine). / En consultant Écrire pour les Nuls, vous
ignorerez les fautes de style.
Comparaison
Elle rapproche deux réalités qui ont un point commun à l’aide
d’un terme comparatif pour produire une image : La terre est
bleue comme une orange. (Paul Éluard). / Écrire pour les Nuls
se savoure comme un mille-feuilles.
Ellipse
C’est une suppression de plusieurs termes dans une phrase qui
garde malgré tout son sens ; cela donne un effet de densité et
laisse le lecteur imaginer : J’ai reçu une télégramme de l’asile :
« Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués. »
(Albert Camus). / Écrire pour les Nuls, indispensable,
incontournable, une vraie réussite !
Euphémisme
Elle permet d’atténuer la dureté d’une réalité, en mettant un
peu de douceur dans ce monde de brutes : C’est une personne
du troisième âge. C’est un malvoyant. Il a vécu. / C’est sûr que
s’il ne consulte pas Écrire pour les Nuls, il éprouvera quelques
difficultés à l’écrit.
Gradation
C’est une succession de mots ou d’idées dans un ordre
croissant ou décroissant ; elle permet de suggérer le
mouvement et l’amplification : C’en est fait, je n’en puis plus ;
je me meurs, je suis mort, je suis enterré. (Molière). / Écrire
pour les Nuls, c’est utile, c’est incontournable, c’est une
référence majeure !
Hyperbole
Elle exagère une réalité par l’emploi de mots très forts, voire
excessifs pour créer un effet d’exagération ou de parodie : À
l’arrivée, le coureur a déclaré : Je suis mort ! (Quelle
déclaration, mais rassurez-vous, il voulait simplement dire qu’il
était très fatigué.) / La qualité d’Écrire pour les Nuls me laisse
sans voix. (N’exagérons rien tout de même ; vous voulez dire
que cet ouvrage vous apporte des solutions d’écriture bien
utiles.)
Litote
Manière d’atténuer sa pensée tout en faisant comprendre plus :
Va, je ne te hais point. (Corneille ; belle manière employée par
Chimène pour dire à Rodrigue : « Je t’aime. ») / Écrire pour les
Nuls, ce n’est pas mal. (C’est donc bien !)
Métaphore
Rapprochement implicite entre deux réalités mais sans mot de
comparaison pour créer une analogie forte : Juin ton soleil
ardente lyre/brûle mes doigts endoloris (Guillaume
Apollinaire). / Écrire pour les Nuls, c’est une caverne d’Ali-
Baba pour enrichir votre expression.
Métonymie
Elle remplace un mot par un autre terme avec lequel il
entretient un lien logique : contenant/contenu ; cause/effet ;
objet/matière ; lieu/activité : Il but un verre à la santé de son
ami. / Le journaliste écrivit un excellent papier sur Écrire pour
les Nuls.
Oxymore
C’est une alliance de mots qui associe des mots antithétiques et
fait naître une image inattendue, voire poétique : Ma seule
étoile est morte, et mon luth constellé/Porte le soleil noir de ma
mélancolie. (Gérard de Nerval). / Un Nul savant écrit toujours
avec Écrire pour les Nuls à proximité…
Formules de politesse
Elles sont innombrables et correspondent à un code social qu’il
vaut mieux respecter. Cependant ne vous torturez pas l’esprit
lorsque vous avez un courrier à terminer. Faites sobre et
consacrez votre énergie au contenu du message.
« Pour retrouver la section qui vous intéresse à partir de cet index, utilisez
le moteur de recherche »
A
Abréviations
Académie française
Accent
Accord
de l’adjectif
du nom
du participe passé
Actio (action)
Activité professionnelle
Adjectifs
démonstratifs
indéfinis
interrogatifs
numéraux cardinaux
numéraux ordinaux
possessifs
qualificatif
Adverbe
Alinéa
Alphabétisation massive
Alphabets
Analogie
Analphabète
Anciens
Anglais
Anglicismes
Angot, Christine
Antiquité égyptienne
Antiquité grecque
Antonymes
Aparté
Apollinaire, Guillaume
Apprentissage
Aragon, Louis
Argile
Aristote
Articles
définis
indéfinis
partitifs
Arts
Asimov, Isaac
Association française de normalisation (AFNOR)
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Sartre, Jean-Paul
Scénario
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Scolarité
Scott, Walter
Sens
Sentences
Sentiments
Séquence
Shakespeare, William
Shelley, Mary
Shiki, Masaoka
Signes
Simenon, Georges
Simon, Claude
Singulier
SMS
Socrate
Soljenitsyne, Alexandre
Sonnet
Sons
Souris
Steinbeck, John
Stendhal
Stevenson, Robert Louis
Stichomythies
Stylistique
Stylo à bille
Styron, William
Subjonctif
Sue, Eugène
Sujet
Surréalisme
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Sweig, Stéphan
Synonyme
Synopsis
Syntaxe
Synthèse
Système scolaire
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Taille de la police
Télévision
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injonctif
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Temps
Théâtre
Thèse
Thot
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Tirets
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Tolstoï, Léon
Tour de Babel
Tournier, Michel
Traitement de texte
Transmission
Tréma
Trésor de la langue française
Twitter
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U
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Vaugelas
Vautrin, Jean
Vélin
Verbe
Verlaine, Paul
Verne, Jules
Vian, Boris
Vigan, Delphine de
Virgule
Vocabulaire
Voix
active
passive
pronominale
Voltaire
Volumen
W
Wilde, Oscar
Wolf, Tom
Woolf, Virginia
Word
Y
Yourcenar, Marguerite
Z
Zàfon, Carlos Ruiz
Zola
1
« Quand je les relis, j’ai honte de les avoir écrits, car j’y discerne maintes
choses qui, de l’avis même de leur auteur, méritent d’être effacées » (Ovide,
Pontiques, I, V, 15).
2
« Car ce qui charme, ce qui pénètre délicieusement les sens des humains,
c’est toujours aux aimables Grâces qu’ils le doivent. »