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[36-304-A-50]
Thiopental
Résumé
Le thiopental a été l'une des premières substances administrées chez l'homme pour
l'anesthésie intraveineuse. II demeure l'agent anesthésique de choix dans la plupart des
situations cliniques et la substance de référence dans le domaine des anesthésiques
intraveineux. Synthétisé entre 1930 et 1935, c'est l'homologue soufré du pentobarbital.
Les premiers essais cliniques ont été réalisés par Pratt et coll. [82] à Madison dans le
Wisconsin et par Lundy [65] à la Mayo Clinic en 1934 et 1936. L'avènement du thiopental a
permis le véritable essor de l'anesthésie intraveineuse. Auparavant, le seul barbiturique
d'action courte qui existait était l'hexobarbital : l'anesthésie immédiate qu'il procurait
s'expliquait par la forte liposolubilité obtenue par la substitution d'un radical méthyl en N3,
mais elle s'associait à de nombreux effets indésirables, en particulier une forte incidence
de mouvements anormaux de type excitatoire [30].
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PROPRIÉTÉS PHYSICOCHIMIQUES
Les barbituriques ont en commun le cycle malonylurée qui résulte de la condensation d'une
molécule d'urée et d'une molécule d'acide dicarboxylique, l'acide malonique. Selon la
nature des substituants sur ce noyau, il existe de nombreuses substances barbituriques qui
peuvent avoir un profil pharmacodynamique très différent de l'une à l'autre. Le thiopental
a, du fait de la fixation d'un soufre en C2, une forte liposolubilité. Le coefficient de partition
huile/eau est de 89 [8]. L'absence de substituant sur les atomes d'azote permet d'éviter
les signes cliniques d'excitation.
Le thiopental est soluble dans l'eau, c'est un acide faible dont le pKa est de 7,6, la fraction
non ionisée est de 61 % à pH 7,4 [12]. Il est possible d'obtenir des solutions de sels de
sodium de thiopental pour un pH de 10,5. En dépit de ce pH alcalin, la solution à 2,5 % ne
crée pas de douleur après administration intraveineuse, par contre elle est irritante en cas
d'injection extra-vasculaire accidentelle. Comme toutes les substances barbituriques, il est
instable en solution aqueuse, ce qui nécessite qu'il soit préparé extemporanément.
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PHARMACOCINÉTIQUE
Des études ultérieures ont utilisé des techniques de dosage par HPLC plus sensibles qui
permettaient d'effectuer des prélèvements sur 24 heures. Elles ont mis en évidence une
décroissance triexponentielle de la concentration plasmatique du thiopental répondant à un
modèle à trois compartiments [15, 40, 51, 75]. Les concentrations plasmatiques maximales
sont obtenues aussitôt après l'administration intraveineuse. La demi-vie de la phase de
distribution rapide (t 1/2 ) est de 2 à 4 minutes et celle de la phase de distribution lente
WĮ GHà 60 minutes.
Le système nerveux central est inclus dans le compartiment V1 pour le thiopental [42].
Comme pour tous les agents très liposolubles, les concentrations s'équilibrent aussitôt
entre le système nerveux central et le plasma, mais la décroissance plasmatique est rapide
car le médicament va rapidement diffuser dans le compartiment V2 représenté par le
muscle strié et les tissus maigres (fig. 1). La diffusion vers le compartiment V3,
représenté probablement par les graisses, est plus lente [99]. V1 correspond ainsi au
secteur vasculaire et au groupe des tissus richement vascularisés (GRV), c'est-à-dire
cerveau, coeur, rein, foie, tube digestif, glandes endocrines, V2 au territoire cutané et
musculaire et V3 au territoire des graisses et des tissus peu vascularisés (GPV). Les
concentrations plasmatiques deviennent inférieures aux concentrations minimales efficaces
pour induire la narcose avant la fin de la phase de distribution. Cette phase est terminée
quand l'équilibre entre les différents tissus est atteint, c'est-à-dire entre 2 et 4 heures
après l'injection intraveineuse. Ensuite, la décroissance plasmatique correspond
exclusivement à la phase d'élimination. La demi-vie de la phase d'éOLPLQDWLRQ Wǃ HVW
longue, entre 10 et 12 heures pour des doses habituelles d'induction quand les
prélèvements ont été effectués au moins sur une période de 24 heures. Quand les doses
injectées sont importantes, c'est le cas de certaines indications particulières en
QHXURWUDXPDWRORJLH FRPPH QRXV OH YHUURQV OD W ǃ SHXW être allongée jusqu'à 70
heures [98].
Clairance
Volume de distribution
Il est sous-estimé quand la durée des prélèvements n'excède pas 12 heures, ce qui
explique les divergences qui existent dans les résultats selon les études. Un grand volume
de distribution explique le risque d'accumulation en cas d'administration de doses fortes
uniques ou cumulées. Il rend compte également qu'une fraction importante de la
substance n'est présente ni dans le système nerveux central, ni dans le plasma, et n'est
pas disponible pour l'élimination [40].
Métabolisme
Le thiopental est entièrement métabolisé dans le foie par le système des mono-oxygénases
au niveau du cytochrome P450 (CP450). La vitesse des réactions métaboliques est lente. Il
s'agit essentiellement de réaction d'oxydation aboutissant à la formation d'acide
thiobarbiturique qui est pharmacologiquement inactif. Une très faible fraction (2-3 %) du
thiopental est désulfurée au niveau hépatique en pentobarbital. La vitesse de formation du
pentobarbital est très lente et ne peut pas rendre compte d'une activité pharmacologique
après une injection unique de thiopental [37]. Par contre, la perfusion continue de fortes
doses de thiopental pendant plusieurs jours s'accompagne de concentrations
pharmacologiquement actives de pentobarbital [98]. Ces métabolites sont ensuite
glycuroconjugués et éliminés dans les urines.
Age
Il a été rapporté que la demi-vie d'élimination du thiopental augmente avec l'âge et que
ceci est en relation avec une augmentation du volume de distribution sans modification de
la clairance [56]. Ces constatations n'ont pas été retrouvées par Homer et Stanski [50],
mais ces auteurs ont mis en évidence une augmentation de l'effet du thiopental chez les
sujets âgés. Il ne s'agit pas d'une hypersensibilité. En effet, les concentrations inhibitrices
déterminant une diminution de 50 % de la fréquence de l'EEG sont indépendantes de l'âge.
Par contre, le volume du compartiment central du thiopental diminue avec l'âge,
expliquant l'augmentation des concentrations plasmatiques initiales observées, à l'origine
d'une diffusion plus importante de thiopental dans le système nerveux central chez le sujet
âgé. Cette explication pharmacocinétique confirme la nécessité de diminuer la dose de
thiopental chez les sujets âgés. La dose de 2 mg/kg est suffisante pour créer une perte du
réflexe cornéen chez le sujet âgé [19].
Chez l'enfant, la demi-vie d'élimination du thiopental est plus courte que chez l'adulte, les
volumes de distribution et la fraction libre restent inchangés, par contre, la clairance est
plus importante, le double en moyenne de celle des adultes, avec une relation linéaire
inverse entre clairance et âge jusqu'à 15 ans [97].
Grossesse
Chez l'obèse, le volume de distribution du thiopental est augmenté ainsi que la demi-vie
d'élimination, sans modification de la clairance et de la fraction libre [57]. Le compartiment
central est également inchangé, ainsi, il apparaît logique de ne pas modifier la dose
d'induction du thiopental chez les sujets obèses comparativement aux sujets maigres et,
comme nous l'avons déjà signalé, la dose de thiopental doit être calculée en fonction du
poids maigre et non du tissu gras. Ainsi, lors de l'injection d'une dose unique, le réveil se
fait dans des délais comparables au sujet normal.
Insuffisance rénale
Insuffisance hépatocellulaire
Chez le patient cirrhotique, la fraction libre du thiopental est augmentée sans modification
de la clairance totale, probablement du fait de la diminution de la clairance intrinsèque.
L'augmentation de la fraction libre [38, 80] est secondaire à l'hypoalbuminémie, elle pourrait
rendre compte d'une augmentation de l'effet hypnotique du thiopental chez le cirrhotique
[80]
.
Alcoolisme chronique
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MÉCANISME D'ACTION
Le mode d'action du thiopental, comme celui des autres anesthésiques généraux, demeure
toujours hypothétique en dépit de la somme considérable de travaux effectués pour tenter
de situer le point d'impact et de découvrir le mécanisme de l'effet des anesthésiques
généraux. Le point d'impact électif des anesthésiques généraux le plus admis par tous
aujourd'hui est la synapse neuro-neuronale [55, 91]. Ils s'opposent aux anesthésiques
locaux qui diminuent la vitesse de conduction nerveuse le long des axones des cellules
nerveuses. Au niveau de certaines synapses spécifiques, dans le système nerveux central,
les barbituriques exercent deux types d'effets : ils facilitent ou augmentent les actions
synaptiques des neurotransmetteurs inhibiteurs et bloquent les actions synaptiques des
QHXURWUDQVPHWWHXUV H[FLWDWHXUV ,OV PDMRUHQW O K\SHUSRODULVDWLRQ LQGXLWH SDU O DFLGH DŽ-
aminobutyrique (GABA) [77] en augmentant le temps d'ouverture et en diminuant la
fréquence d'ouverture du canal au chlore [101]. Le mécanisme synaptique exact
permettant ces actions n'est pas connu. Ils n'agissent directement, ni au niveau des
récepteurs du GABA, ni au niveau du canal au chlore. En effet, les barbituriques ne sont
pas des antagonistes de la picrotoxine qui est un bloqueur des canaux au chlore et
augmentent faiblement la fixation du GABA et des benzodiazépines pour leurs récepteurs
respectifs [79].
Les barbituriques ont également la caractéristique de diminuer les réponses des neurones
corticaux à un neurotransmetteur excitateur comme l'acétylcholine ou l'acide glutamique
[90]
.
La conséquence est une dépression de certaines régions du système nerveux central [27] :
la substance réticulée ascendante, le thalamus ventrobasal, le cortex cérébral, les
systèmes cérébelleux et vestibulaire, les centres contrôlant la ventilation et la circulation,
et enfin la moelle épinière dont le site d'action a été évoqué par la diminution de
l'amplitude de la réponse H du réflexe médullaire monosynaptique que crée l'anesthésie
[36]
. Le thiopental crée une dépression globale sans phénomène d'excitation du système
nerveux central contrairement à d'autres agents anesthésiques tels le méthohexital.
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EFFETS PHARMACODYNAMIQUES
Action cérébrale
Le thiopental fait partie du groupe des agents anesthésiques intraveineux au délai d'action
le plus court. La narcose est obtenue en 30 à 45 secondes avec un écart-type à la
moyenne de 10 secondes dans la plupart des études pour une dose de 3 à 8 mg/kg de
thiopental [16, 24, 28, 31, 66, 81, 92, 104, 105, 108]. Cette action anesthésique se traduit par une
diminution dose-dépendante de la concentration alvéolaire minimale (MAC) des halogénés.
thiopental qui franchit très rapidement la barrière hémato-encéphalique. Un dixième de la
dose administrée serait ainsi capté au niveau du cerveau en 40 secondes selon le modèle
physiologique développé par Price [84, 85]. La durée de la narcose du thiopental est aussi
l'une des plus courtes des agents anesthésiques intraveineux : entre 3 et 5 minutes pour
les doses habituelles entre 5 et 8 mg/kg. Une orientation satisfaisante est obtenue en 15
minutes, la somnolence persiste 45 minutes et les tests psychomoteurs sont perturbés 90
minutes. La possibilité d'effectuer une marche en ligne droite est obtenue en 60 minutes
[3, 4, 44, 60, 61]
. La durée courte s'explique par la rapidité de la redistribution dont la moitié
se réalise en 5 minutes selon les modèles de Price [84] (fig. 1) et de Brodie et coll. [9, 10,
11]
.
Modifications électroencéphalographiques
L'autorégulation cérébrale est maintenue sous thiopental ainsi que la réactivité au CO2. Le
débit sanguin cérébral reste constant pour des diminutions de pression artérielle moyenne
jusqu'à 60 mmHg [62, 87].
A faible dose, l'action du thiopental et des autres barbituriques est négligeable au niveau
de la jonction neuromusculaire du muscle strié. Aux doses plus fortes, les barbituriques
diminuent la sensibilité de la membrane postsynaptique à l'action dépolarisante de
l'acétylcholine. Ils augmentent l'action myorelaxante de la D-tubocurarine et du
décaméthonium. Les barbituriques auraient une action de blocage du récepteur
cholinergique postsynaptique identique à d'autres substances (anesthésiques locaux,
hydantoïnes, phénothiazines). Ils agiraient à un site différent du site de reconnaissance de
l'acétylcholine. Ils bloqueraient le ionophore de la plaque motrice tel un bouchon au travers
du canal. Le blocage se réaliserait sur un ionophore ouvert. Néanmoins, en clinique, le
thiopental ne semble pas augmenter les effets des curares [55, 91].
Action ventilatoire
Le thiopental crée une dépression de la ventilation qui aboutit à une apnée fréquente aux
doses anesthésiques, précédée d'une augmentation du volume courant sur deux à trois
cycles respiratoires. L'apnée est fonction de la dose et de la vitesse d'injection. Elle est
transitoire, inférieure à une minute. La dépression de la commande ventilatoire se traduit
par des diminutions identiques des réponses à l'hypercapnie et à l'hypoxie [6, 49]. La
dépression est plus marquée sur le volume courant que sur la fréquence chez les patients
maintenus en ventilation spontanée. Les réflectivités laryngée et trachéobronchique ne
sont pas diminuées sauf à des doses élevées de thiopental. La conséquence est, en
pratique, l'apparition éventuelle de laryngospasmes ou de bronchospasmes durant une
anesthésie peu profonde à la suite d'une stimulation bronchique ou trachéale. Par contre,
aucune étude n'a prouvé l'effet direct bronchoconstricteur du thiopental. Les réflexes de la
toux ne sont déprimés qu'à fortes doses. Cependant, les incidences de la toux et du
hoquet, à l'induction, sont particulièrement faibles avec le thiopental.
Actions cardiovasculaires
Le thiopental n'a pas d'effet direct sur la vasomotricité des artères coronaires, le débit
sanguin coronaire reste régulé en fonction des besoins métaboliques du myocarde [89]. Le
débit coronaire ne diminue qu'en cas de réduction de la consommation en oxygène du
myocarde dont peut rendre compte la baisse de la précharge et de l'inotropisme. En fait, la
tachycardie est associée à une élévation de consommation d'oxygène myocardique et par
conséquent du débit coronaire [88, 96]. L'augmentation de consommation d'oxygène du
myocarde peut atteindre 50 % et peut être délétère chez l'insuffisant coronarien. Les effets
du thiopental sur la précharge et sur la force de contraction myocardique expliquent qu'il
soit contre-indiqué dans les cas sévères d'hypovolémie et d'insuffisance cardiaque. Dans
ces deux situations, le ralentissement circulatoire favorise un apport important du
thiopental au niveau des organes dont la vascularisation est maintenue (coeur et cerveau).
Chez les patients âgés, les effets hémodynamiques sont importants du fait des
modifications pharmacocinétiques, ils sont minimisés par la réduction des doses et des
vitesses d'injection.
Action digestive
Ces effets sont la résultante d'une action directe sur les fibres lisses et d'une action sur le
système nerveux central [47].
Action hépatique
Au niveau hépatique, le thiopental crée une induction enzymatique du CP450, mais cette
action ne se manifeste que lors d'administrations répétées sur plusieurs jours comme ceci
est réalisé dans certaines indications, à la suite de traumatismes crâniens sévères. Ces
modifications ne s'associent pas à des altérations des tests de fonction hépatique [47].
Actions oculaires
Aux doses faibles, le thiopental n'exerce pas d'effet. Aux doses anesthésiques, il entraîne
une dilatation pupillaire initiale puis un myosis. Les mouvements oculaires sont inhibés et
la réflectivité cornéenne ne disparaît qu'aux plus fortes doses. Le thiopental à dose
anesthésique diminue la pression intra-oculaire [54].
Action utérine
[47]
Le thiopental ne modifie pas la motricité utérine aux doses anesthésiques habituelles .
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COMPLICATIONS
Complications générales
Réactions allergiques
En dehors des manifestations sous forme de rashs cutanés, les accidents anaphylactiques
graves à type de collapsus cardiovasculaire sont très rares : 1 pour 30 000 anesthésies.
Les mécanismes de ces rares accidents allergiques font intervenir une histaminolibération
directe à partir des mastocytes et des basophiles [29, 48, 63, 64].
Complications locales
La fréquence des complications locales est avant tout en rapport avec la dilution.
L'injection intraveineuse de thiopental est rarement douloureuse à la concentration de 2,5
% ; la fréquence des douleurs à l'injection quand celle-ci est strictement réalisée au niveau
d'une veine du dos de la main est de 9 %, avec 4 % de séquelles veineuses (thromboses)
au site d'injection [58]. L'injection sous-cutanée ou intramusculaire cause une irritation
locale et une nécrose cutanée est possible. L'injection intra-artérielle est une erreur grave
et heureusement rarement observée (1 pour 35 000 à 56 000 administrations). Cet
accident se traduit par une ischémie locale avec disparition des pouls distaux, pâleur et
cyanose. Une gangrène et des séquelles nerveuses sont possibles. Le traitement consiste à
maintenir en place le trocart où a été injecté le thiopental et à diluer la solution injectée
par un soluté NaCl à 9 ‰ . associé à 50 mg de lidocaïne et à de l'héparine.
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UTILISATION DU THIOPENTAL EN ANESTHÉSIE
Prémédication
Les barbituriques sont de mauvais agents de prémédication. Ils n'ont pas d'effet
anxiolytique [32].
Anesthésie
Posologie
Contre-indications
Absolues
Relatives
Précautions
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Hypertension intracrânienne
Les doses utilisées dans le traitement de l'oedème vasogénique sont, pour le thiopental,
une dose de charge de 10 mg/kg en 20 minutes suivie d'une perfusion de 70 à 80
mg/kg/24 h. Des contrôles réguliers de l'électroencéphalogramme (silence électrique de
plus de 5 secondes) et de la barbitémie (pour obtenir une concentration d'environ 30
NjJPO VRQW LQGLVSHQVDEOHV DLQVL TXH OD VXUYHLOODQFH FRQMRLQWH GH OD SUHVVLRQ
intracrânienne et de la pression artérielle pour connaître à tout moment la valeur de la
pression de perfusion cérébrale.
Les résultats rapportés par Marshall et coll. [69] dans le traitement des hypertensions
intracrâniennes post-traumatiques paraissaient encourageants dans l'immédiat et à long
terme. Dans cette étude, les bons résultats correspondaient aux hypertensions
intracrâniennes avec lésions diffuses, le traitement barbiturique ayant permis de
normaliser immédiatement la pression intracrânienne. Par contre, les patients associant
lésions focales et hypertension intracrânienne n'ont pas normalisé complètement leur
pression intracrânienne malgré le traitement barbiturique et ont présenté une évolution
constamment défavorable. Ceci est en accord avec Miller [73] qui a montré que
l'administration de barbituriques ne semble pas avoir modifié le pronostic des patients
présentant un oedème post-traumatique avec lésions focales d'ischémie. Il est, en effet,
possible d'imaginer qu'un traitement vasoconstricteur puisse aggraver les lésions focales
d'ischémie et l'oedème qui les accompagne. La meilleure indication du traitement
barbiturique concerne donc, probablement, des traumatisés crâniens avec vasodilation ou
oedème diffus et hypertension intracrânienne incontrôlable par les moyens thérapeutiques
habituels.
Arrêt cardiaque
Les premières études avaient montré que les barbituriques étaient efficaces pour prévenir
les lésions neurologiques d'une ischémie cérébrale totale telle que celle créée par un arrêt
cardiaque ou une autre forme d'arrêt circulatoire cérébral [7]. Des études plus récentes
[41, 106]
n'ont pas confirmé cet effet bénéfique du thiopental sur le devenir neurologique
après ischémie cérébrale globale ; en effet, si le thiopental à doses fortes diminuait la
fréquence des morts neurologiques chez l'animal après arrêt cardiaque par fibrillation
ventriculaire, ce traitement n'a pas eu d'effet sur le pronostic fonctionnel neurologique
ultérieur.
Le thiopental a été proposé dans le traitement des convulsions pour son délai d'action
court. Les benzodiazépines représentent cependant une meilleure indication [86]. En effet,
pour ces dernières, contrairement au thiopental, le rapport de l'activité anticonvulsivante à
l'activité anesthésique est élevé, l'effet anticonvulsivant des benzodiazépines apparaissant
pour les plus faibles concentrations plasmatiques.
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CONCLUSION
Index bibliographique
Fig 1 :
Fig 1 :
[84]
Distribution du thiopental dans les tissus d'après le modèle de Price .
A. Sang
C. Muscle
D. Graisse
Tableaux
Tableau I.
Tableau I. - Résultats individuels de l'étude du transfert placentaire
du thiopental administré en dose-bolus IV avant accouchement par
césarienne, d'après Morgan et coll. [76].
Délai entre
l'injection
Dose de Concentrations Rapport
Patient
(mg) thiopental plasmatiques veineuses fætomaternel
et ( g/ml)
l'extraction
du fœtus
(mn)
maternelles ombilicales
350
1 22,0 26,0 20,3 0,78
300
2 20,0 4,4 5,1 1,15
325
3 11,0 8,4 7,0 0,83
450
4 15,0 8,1 12,0 1,48
350
5 12,0 6,5 2,9 0,45
450
6 7,0 19,4 16,7 0,86
450
7 9,5 9,9 11,0 1,11
400
8 7,8 22,0 33,9 1,54
400
9 8,2 21,8 23,7 1,09
400
10 9,0 19,6 26,3 1,34
500
11 21,0 6,5 8,0 1,23
400
12 11,0 6,9 5,4 0,78
400
13 9,5 19,5 27,8 1,43
* La vitesse d'une réaction enzymatique varie en fonction de la concentration selon une