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Bonne copie pour le sujet « Peut-on envisager une éducation sans contrainte ni ennui ?

(inspiré en grande partie de la copie de Lucie)

L’éducation est un processus par lequel nous acquérons des connaissances, des compétences
et des valeurs. C’est un moyen d’apprendre et de se développer tout le long de notre vie. C’est une
expérience qui nous permet de grandir et de devenir des individus épanouis. Cependant, depuis un
certain temps, l’école est atteinte, à forte échelle, par la « crise de l’autorité », les jeunes générations
ont de plus en plus de mal à supporter l’autorité, des apprentissages imposés. On peut ainsi se
demander s’il est possible d’envisager une éducation sans contraintes ni ennui. Nous verrons donc
les avantages des différents types d’éducation, en particulier deux : l’éducation qui s’efforce d’éviter
contraintes et ennuis puis celle qui juge la contrainte et l’ennui comme inévitables.

En premier lieu, on peut affirmer que sous certains aspects l’éducation qui s’efforce
d’éviter contraintes et ennuis possède effectivement des avantages.

Tout d’abord, ce type d’éducation s’efforce souvent de mettre l’accent sur la motivation
des élèves, leur envie d’apprendre, qui est jugée plus importante que l’acquisition de beaucoup de
connaissances. Ce qui est enseigné à l’école apporte de nombreuses connaissances, mais celles-ci ne
seront utiles que si l’élève comprend et apprend les choses de lui-même. Il faut qu’il ait l’envie de
progresser et d’acquérir de nouvelles connaissances sans pour autant qu’il se sente forcé à devoir
apprendre machinalement des leçons. Dans L’éducation et la paix, Maria Montessori présente une
pédagogie nouvelle qu’elle a inventée et qui justement s’appuie sur le fait pour les élèves de trouver
leur propre motivation : le rôle de l’adulte est seulement de créer un cadre de travail à l’intérieur
duquel l’enfant agira librement et trouvera seul la motivation d’apprendre. D’après son témoignage,
les enfants éduqués sur ce modèle deviennent à force très soigneux, travailleurs et autonomes. Dans
Gargantua de Rabelais, l’éducation de Ponocrates envers Gargantua montre qu’une bonne éducation
ne passe pas que par l’apprentissage continu de cours sans envie de les approfondir de la part de
l’élève. Ponocrates encourage Gargantua à explorer différentes disciplines et à développer sa
curiosité intellectuelle. Il lui enseigne des sujets variés en cherchant à éveiller l’esprit de son élève,
notamment en apprenant à partir de supports tirés du monde réel, et à façonner son esprit critique.
Grâce à cela Gargantua devient intéressé puis très doué pour certains sujets, c’est la preuve qu’on
peut bien apprendre en essayant de limiter les contraintes et l’ennui.

De plus, nous constatons que cette éducation apporte de l’apaisement, réduit le stress et la
pression que ressentent les élèves. Ceux-ci doivent comprendre que les éducateurs, parents ou
professeurs, les poussent à travailler et réussir pour leur bien, et pas pour le plaisir d’exercer une
autorité verticale. Dans l’article de Martine Fournier, « Autorité : où sont passés les modèles ? », elle
évoque un sondage qui montre que 93% des filles et 75% des garçons de Première et Terminale
affirment qu’ils sont prêts à se soumettre à une autorité si elle est « nécessaire, juste, souple,
respectueuse, compréhensive, source de bons conseils » plutôt que « étouffante » ou
« despotique ». Ceci prouve d’autant plus que l’éducation souple, bienveillante et dans une
démarche d’accompagnement et d’autonomie se montre avantageuse. Du côté de l’éducation
parentale, de nouveaux courants naissent en ce moment, comme « l’éducation positive » que décrit
Violaine de Montclos dans un article du Point, et qui consiste à limiter les punitions, donc les
contraintes, et à privilégier la coopération entre parents et enfants. Plutôt que de donner des ordres,
le parent doit faire comprendre à l’enfant que son intérêt est d’agir de telle ou telle manière. Les
enfants sont aussi amenés à exprimer leurs émotions, ce qui est un chemin vers l’apaisement.

En second lieu, on peut également affirmer que, sous certains aspects, l’éducation qui juge
la contrainte et l’ennui comme inévitables peut également montrer des avantages.

Tout d’abord, cette éducation peut aider l’élève à développer de la résilience et de la


persévérance, en apprenant à faire face aux contraintes et à l’ennui. Il peut développer des
compétences telles que la patience, la discipline et la capacité à surmonter les obstacles. Cette
méthode peut aussi renforcer la capacité à rester concentré et à accomplir des tâches même lorsque
celles-ci semblent ennuyeuses, ce qui peut être utile dans la vie professionnelle. Une telle éducation
est donc basée sur des contraintes comme sur les leçons apprises par cœur, les révisions intensives
et les règles strictes. Dans Gargantua de Rabelais, le géant reçoit en premier lieu une éducation par
un docteur en théologie. Cette éducation est principalement liée à l’acquisition de connaissances
approfondies dans des domaines comme la théologie, la philosophie et les langues anciennes. Certes
elle n’est pas très productive parce que les tâches à accomplir sont parfois absurdes, comme
apprendre des livres par cœur, mais elle prépare tout de même Gargantua à être capable d’absorber
le programme intensif de Ponocrates, qui comporte aussi des formes de contraintes comme un lever
matinal et des heures d’étude.

De plus, aucune éducation ne peut se passer complètement d’autorité, et donc de


contraintes. Dans son article, Martine Fournier parle d’une étude menée par des psychologues qui
prouve que les jeunes ont besoin, pour se construire, de figures d’autorité. Elle cite Luc Ferry, ancien
ministre de l’Education Nationale, qui pense qu’il faut réinventer une autorité assouplie, débarrassée
par exemple des châtiments corporels. Elle parle aussi de nombreux ouvrages écrits sur ce thème, ce
qui prouve qu’il fait débat, et qui s’efforcent de proposer des modèles de figures d’autorité. Dans Le
Premier homme, Albert Camus parle de son maître, M. Germain (qu’il appelle M. Bernard) qui savait
intéresser les élèves mais « ne cédait rien sur la discipline », c’est-à-dire était tout de même strict.
Dans la fable de La Fontaine « L’Education », on voit bien que l’auteur nous donne en modèle César,
un chien habitué à vivre à la dure en accompagnant son maître à la chasse, donc à se soumettre à
une discipline physique, tandis que le chien Laridon, qui vit librement dans la cuisine en se
nourrissant de restes de repas, est donné en contre-modèle car son éducation trop laxiste ne lui a
pas permis d’exploiter pleinement son potentiel génétique. C’est une façon de dire au lecteur que
tout enfant a besoin d’une forme de contrainte pour se révéler pleinement.

En conclusion, oui on peut envisager une éducation sans contrainte ni ennui, surtout dans
l’époque à laquelle nous vivons. Il faut enseigner de manière à ce que l’élève fasse les choses par lui-
même, de manière autonome et libre, sans lui « bourrer le crâne » de leçons qu’il se contentera de
lire sans forcément comprendre. Dans l’époque actuelle, les contraintes se limitent de plus en plus et
l’esprit critique se développe ; la notion d’autorité s’estompe au fil des années, ou l’autorité
s’exprime différemment.

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