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Le Vin dans la Bible:

Une Étude Biblique de l’usage de boissons alcooliques


par Samuele Bacchiocchi

Traduit et abrégé par Yvon Caza avec l’aide de A.-M. Tallé

Copyright 1990 par Samuele Bacchiocchi.

Tous droits réservés.


On citera dans ce livre différentes versions de la Bible dont voici les sigles et leurs
explications:

D = Version J. N. Darby.

FC = Bible en Français Courant.

Jér = Version de Jérusalem.

MH = Version Maredsous-Hautecombe.

S = Version Louis Segond de 1910.

TOB = Traduction Oecuménique de la Bible.

Lorsqu’une référence biblique ne comporte aucun sigle, il s’agit de la version Louis


Segond révisée 1978, la Bible à la Colombe [SR].

Dans les références les titres des livres Bibliques sont abrégés d’après les abréviations
de la version Louis Segond révisée 1978, la Bible à la Colombe [SR].

Note du Traducteur

On trouvera ici une traduction abrégée du texte de l’auteur. Les Notes et Références ont
été adaptés en fonction du public francophone. Pour les cas où il n’a pas été possible de
citer en note un auteur dans sa traduction française, je donne la référence à l’édition
telle qu’elle est fournie par l’auteur.
Table des matières

1. Introduction

2. La définition du mot «vin»

3. L’approbation et la désapprobation biblique du «vin»

4. La préservation du jus de raisin

5. Jésus et le vin

6. Le vin dans l’église apostolique

7. Quelques textes mal compris

8. Ellen White et les boissons alcooliques

Notes et références
1. Introduction
L’usage de boissons alcoolisées est devenu le plus grand ennemi public en Amérique,
coûtant au delà de $117 billions chaque année et sacrifiant au moins 100.000 vies
américaines, 25 fois le nombre total des victimes consommatrices de drogues illégales.1
Le vrai coût humain d’alcool dépasse toute estimation de statistique de mortalités,
d’infirmités, et de coût. D’après un sondage effectué en 1987, une famille sur quatre est
touchée par le problème de l’alcool.2 Plus de 61 millions d’Américains sont affectés
directement ou indirectement par ce fléau: enfants retardés, divorces, violence à domicile,
différents types de crime, maladie, et mortalité.

Les églises chrétiennes ont pour leur part une grande responsabilité dans cette épidémie
d’alcool en Amérique aujourd’hui, Elles sont capables d’influencer, plus que n’importe-
quelle autre institution, les valeurs et pratiques morales de la société. Ce que les pasteurs
prêchent du haut de leur chaire au sujet des boissons alcoolisées détermine dans une large
mesure la position que les chrétiens prennent à ce sujet. La majorité des 100 millions de
buveurs de boissons alcoolisées en Amérique sont des membres d’église à qui on a
enseigné que la Bible sanctionne un usage modéré de boisson alcoolisée. La prise
modérée de boissons alcoolisées a conduit plus de 18 millions d’Américains à devenir
des buveurs immodérés, parce que l’alcool est un narcotique qui affaiblit les facultés et
affecte la maîtrise de soi.

L’abandon de l’abstinence. Depuis l’abrogation de la loi sur la prohibition (1933) aux


Etats Unis, la plupart des églises évangéliques ont graduellement abandonné leur prise de
position sur l’abstinence totale pour en adopter une de modération envers l’usage
d’alcool. Un facteur majeur ayant contribué à cette prise de position a été
l’affaiblissement de la conviction que l’abstinence totale est un précepte biblique et moral
qui doit être respecté comme tout autre précepte divin. Billy Graham a soutenu cette
opinion quand il a déclaré: «Je ne crois pas que la Bible enseigne l’antialcoolisme... Jésus
a bu du vin. Jésus a changé l’eau en vin à une noce. Ce n’était pas du jus de raisin comme
plusieurs essaient de le soutenir.»3 N’ayant plus de conviction contraignante biblique et
morale pour rester ou devenir abstinent, les chrétiens cèdent de plus en plus à la pression
sociale pour justifier leur consommation de boissons alcoolisées.

Je me suis rendu compte de l’étendue du problème de la consommation d’alcool au cours


des conférences que j’ai eu l’occasion de donner récemment en Amérique du Nord et
outre-mer. Plusieurs pasteurs et membres d’église m’ont souvent demandé d’expliquer
certains textes de la Bible utilisés par leurs membres pour justifier leur usage modéré de
boissons alcoolisées. Devant répondre à plusieurs appels d’aide, je n’ai pu continuer, en
toute conscience, d’ignorer le problème. Aussi, j’ai décidé de prendre le temps (outre
mon enseignement à l’Université d’Andrews [E.-U.] pour faire une étude approfondie sur
ce que la Bible nous apprend concernant l’usage des boissons alcoolisées. A la suite de
cette étude, j’ai publié mes résultats dans un livre intitulé «Wine in the Bible: A Biblical
Study on the employé of Alcoholic Beverages» (300 pages, 1989) Le livre a déjà été
favorablement passé en revue par plus de 100 savants et dirigeants d’églises de diverses
dénominations. Ce livre-ci est un résumé des traits saillants de cette recherche. Cependant
les lecteurs désirant en savoir d’avantage sont encouragés à lire la version originale
anglaise qui est beaucoup plus détaillée.

Une contradiction apparente. Quand j’ai commencé à lire ce que les Saintes Ecritures
enseignent au sujet du vin, je me suis aperçu que la Bible semble en parler d’une façon
contradictoire. D’une part, la Bible désapprouve totalement l’usage du vin (Lv 10.8-11;
Jg 13.3,4; Pr 31.4,5; 23.31; 20.1; Ha 2.5; Ep 5.18; 1 Tm 3.2,3), d’autre part, elle
l’approuve entièrement, le considérant comme une bénédiction divine pour bénéficier le
peuple. (Gn 27.28; 49.10-12; Ps 104.14,15; Es 55.1; Am 9.13; Jn 2.10,11).

Les partisans de la modération essaient de résoudre cette contradiction apparente


soutenant que les Ecritures condamnent l’usage immodéré de boissons alcoolisées mais
qu’elles recommandent l’usage modéré. Cette croyance est fondée sur une hypothèse
selon laquelle la Bible ne parle que du vin fermenté et qu’elle considère comme une grâce
divine si on s’en sert modérément. Par conséquent, la condamnation de la consommation
du vin dans la Bible ne se réfère pas à la sorte de vin (alcoolisé), mais à la quantité
absorbée.

Le paradoxe suivant démontre une faiblesse de cet argument: Les Ecritures approuvent
et désapprouvent à la fois l’usage du vin, sans égard à la quantité utilisée. Le vin est
dénoncé comme étant «traître» (Ha 2.5) et « moqueur» (Pr 20.1) qui «finit par mordre
comme un serpent et par piquer comme un aspic» (Pr 23.32). Pour éviter l’embarras et la
souffrance causé par la consommation de vin fermenté, la Bible nous commande non d’en
faire un usage modéré mais elle préconise l’abstinence totale: «Ne regarde pas le vin» (Pr
23.31). La raison de cette prohibition absolue est sans doute liée au fait que lorsque le
regard se fixe sur une chose attrayante, il en subit l’attraction et il n’y a qu’un pas à faire
pour s’en obtenir.

D’autres essaient de résoudre cette contradiction apparente entre l’approbation et la


désapprobation biblique du vin en discutant que les références positives représentent une
concession divine envers la faiblesse humaine, plutôt qu’une approbation divine. Le
problème principal posé par cette interprétation est que certains textes nous parlent du
«vin», non pas comme étant une concession divine mais comme étant une grâce de Dieu
pour enjouer le peuple. Par exemple, le psalmiste dit que Dieu donne «le vin qui réjouit
le coeur de l’homme, et fait plus que l’huile resplendir son visage, et le pain qui soutient
le coeur de l’homme» (104.14,15). Ici le «vin» est joint avec l’huile et le pain comme
grâces divines fondamentales qui jouissent de l’approbation de Dieu.
2. La définition du mot «vin»
L’apparente contradiction entre l’approbation et la désapprobation biblique du vin est
dictée par la supposition que les mots hébreux et grecs traduits par le mot vin en français
(yayine et oinos) signifient toujours du «vin fermenté». Est-ce que cette supposition est
correcte? Pour pouvoir répondre à cette question, il faut rechercher l’usage historique et
biblique du terme «vin», en commençant avec le mot français «vin», suivit par le mot
latin «vinum», le grec «oinos», et finalement l’hébreu «yayine». Le résultat de cette
recherche est sans doute très clair: c’est quatre mots relatifs ont été employés
historiquement se référant au jus de raisin, soit fermenté ou non fermenté.1

L’acception du mot français «vin». tout les dictionnaires consultés définissent le mot
«vin» comme jus de raisin fermenté. Par contre, on trouve que le mot vin peut aussi
signifié du jus de raisin non fermenté. Par exemple, le Larousse de la Langue Française
Lexis [1985 et 1989]; (voir aussi Emile Littré: Dictionnaire de la Langue Française
1958.), sous l’article du mot «doux,» ont cette définition suivante: «vin doux: jus de raisin
non fermenté.»

Le Petit Larousse en Couleurs 1972 [et 1959] définit «moût» comme «vin doux qui n’a
pas encore fermenté.» (voir aussi le Nouveau Dictionnaire Universel Illustré par G.
Bovier-Lapierre, Autorisées par l’Académie Française en 1901 et 1905, édition
canadienne de 1922).

Dans l’Encyclopédie, ou Dictionnaire Raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers, par
une société de gens de lettres, A Neufchastel (1751-1765) on lit: «Mouft: vin au fortir de
la grappe, qui n’a point encore fermenté.» p. 825, tome dixième. De la même
encyclopédie, p. 300 du tome dix-septième, on lit: «vin muet: vin fait avec du moût, dont
on empêche la fermentation au moyen du foufre.»

Du Grand Dictionnaire Universel du XIXe Siècle de P. Larousse (1865-1890), la


définition du mot moût se trouve comme ceci: «Moût: du latin mustum, vin nouveau- On
appelle quelquefois vin doux le moût qui coule du pressoir...» Le même dictionnaire
définit le «vin de goutte» comme «vin qui coule des grappes bien mûres, avant qu’on les
ait mises au pressoir.» Dans cette dernière définition on remarque que le mot vin sans
qualificatif peut désigner le jus de raisin non fermenté.

Donc, d’après ces définitions, on s’aperçoit que le mot français «vin» peut clairement
signifier du jus de raisin non fermenté.
L’acception du mot grec «oinos». Des exemples du double usage d’oinos abondent dans
le grec séculier. Dans son livre «Météréologiques», Aristote (384-322 av. J.-C.) parle de
jus de raisin non fermenté (glukus) en disant: «Ce n’est du vin [oinos] que de nom; ce
n’en est pas en réalité. Car il n’a pas le suc de vin, et c’est pourquoi il ne grise pas, ce que
fait le premier vin venu.»2 Dans ce texte, Aristote nous informe explicitement que le jus
de raisin non fermenté était appelé «oinos - vin», même s’il ne goûtait pas et n’enivrait
pas comme du vin ordinaire.3

Dans la Septante, une traduction Grecque de l’Ancien Testament du troisième ou


deuxième siècle av. J.-C., «le mot hébreu pour du jus de raisin - tirôche est traduit au
moins 33 fois par le mot grec oinos - vin, et l’adjectif "nouveau" n’est pas présent.
Donc, Oinos sans détermination, peut facilement signifier le vin non fermenté dans le
Nouveau Testament.»4

On trouve un usage possible d’oinos dans le Nouveau Testament pour dénoter du vin non
fermenté dans Matthieu 9.17 où Jésus nous dit qu’on «met le vin nouveau dans des outres
neuves.» En vue du fait qu’aucune outre neuve peut résister à la pression causée par la
fermentation du vin nouveau, il est raisonnable de supposer que le «vin nouveau»
mentionné par Jésus était un vin fraîchement pressé qui a été passé au filtre et
probablement bouillit et placé immédiatement dans des outres neuves pour assurer
l’absence des substances qui causent la fermentation. Plusieurs auteurs attestent cette
pratique.

L’acception du mot hébreu «yayine». Comme dans le grec, le terme


hébreu «yayine» traduit par le mot vin en français, était employé se référant soit à du vin
fermenté ou non fermenté. La «Jewish Encyclopedia» nous dit que «le vin frais avant la
fermentation était appelé "yayine mi-gat" (vin de la cuve; Sanh 70a).»5 L’Halakot
Gedalot, qui est le compendium primitif juif du Talmud, indique: «On peut pressé une
grappe de raisin et prononcé le Qiddûsh sur le jus, car le jus de raisin est considéré comme
étant du vin [yayine] d’après les lois du naziréen.»6

L’usage de yayine dans l’Ancien Testament pour désigner le jus de raisin non fermenté
ne saute pas aux yeux, pour la simple raison qu’il n’est pas condamné comme
le yayine fermenté. Cependant, dans plusieurs textes le contexte indique clairement que
le mot désigne du jus de raisin non fermenté (Jr 40.10,12; Né 13.15; Lm 2.12; Gn 49.11;
Ct 1.2,4; 4.10).7 Par exemple, Esaïe 16.10 nous parle du jugement de Dieu pour Moab
qui se manifesta dans l’enlèvement de la grâce divine envers la vigne et le jus de raisin:
«La joie et l’allégresse ont disparu du verger; dans les vignes, plus de chants, plus de
réjouissances! Le vendangeur ne foule plus le vin dans les cuves; j’ai fait cesser les cris
de joie.» Le «vin» (yayine) que les vendangeurs foulent dans les cuves, est sans doute du
jus de raisin non fermenté car la fermentation est un procès à temps réglementé.
Un autre exemple clair où le mot yayine se réfère à du jus de raisin non fermenté
est Jérémie 40.10,12. Dans le verset 10, Guedalia, le gouverneur de la Babylone, indique
aux juifs qui n’étaient pas captifs: «faites la récolte du vin [yayine], des fruits d’été et de
l’huile, mettez-les dans vos récipients, et restez dans vos villes, celles dont vous vous êtes
saisis.» Cette commande encouragea ces juifs qui s’étaient enfuis aux pays voisins de
retourner aux pays de Juda «et ils firent une très abondante récolte de vin [yayine] et de
fruits d’été.» (v.12) Dans ces deux versets le terme yayine se réfère à du fruit de la vigne.
Un tel usage nullifie la supposition queyayine se réfère seulement à du vin fermenté.

Dans Néhémie 13.15 se trouve un autre exemple où yayine signifie du jus de raisin
fraîchement pressé. A cette époque, je vis en Juda des hommes fouler au pressoir pendant
le sabbat, rentrer des gerbes, les charger sur des ânes, de même que du vin [yayine], des
raisins, des figues et toutes sortes de fardeaux, et les amener à Jérusalem le jour du sabbat;
et je leur donnai des avertissements le jour où ils vendaient leurs denrées.» Iciyayine est
tout probablement du jus de raisin fraîchement pressé puisque il est mentionné avec le
foulage au pressoir pendant le sabbat. On vendait le jus frais de même que des raisins et
d’autres fruits.

Les prélèvements ci-dessus de témoignages bibliques et historiques nous suffisent pour


démontrer que la Bible connaît deux sortes de vin, une qui est fermentée dont elle
désapprouve, et l’autre qui n’est pas fermentée, qu’elle approuve. Cette conclusion
devient plus claire quand on examine les raisons pour la désapprobation biblique du vin
fermenté et pour l’approbation du jus de raisin non fermenté.
3. L’approbation et la désapprobation biblique du «vin»

L’approbation biblique du vin non fermenté. La vigne, avec ses produits de raisin et
de vin, était vitale pour l’économie et la théologie biblique. Un seul regard dans une
concordance nous suffit pour reconnaître ce fait. On trouve le mot «vin - yayine» 141 fois
dans l’Ancien Testament, et le mot «vin - oinos» 30 fois dans le Nouveau Testament.

Dans plusieurs exemples le contexte nous indique que les références positives du «vin»
désignent le jus de raisin non fermenté qui n’enivre pas. A cause de ses vertus naturelles
et nutritives, le jus de raisin était employé pour représenter la grâce divine de prospérité
matérielle (Gn 27.28; 49.10,11; Dt 33.28), la grâce divine de l’âge messianique (Jl
2.18,19; Jr 31.10-12; Am 9.13,14), l’offre gratuite de grâce qui nous sauve (Es 55.1), la
joie saine que Dieu offre à son peuple (Ps 104.14-15; 4.7), et la reconnaissance à Dieu
par l’usage du jus de raisin pour la dîme, les offrandes et libations (Nb 18.12; Dt 14.23;
Ex 29.40; Lv 23.13).

Le»vin» comme jus de raisin non fermenté est approuvé dans les Ecritures parce que cela
nous pourvoit de boisson saine et délicieuse pour réjouir notre coeur sans être sous
l’euphorie du vin fermenté. Cette idée est exprimée dans Psaumes 104.14-15: «Il fait
germer l’herbe pour le bétail, et les plantes pour le service des humains, pour tirer le pain
de la terre, le vin [yayine] qui réjouit le coeur de l’homme, et fait plus que l’huile
resplendir son visage, et le pain qui soutient le coeur de l’homme.»1

Dans ce cantique d’action de grâce le psalmiste énumère les provisions généreuses de


Dieu pour les besoins de ses créatures. Il se réfère au plantes qui nous fournissent la
nourriture et au «vin», le jus de raisin qui réjouit le coeur par son agrément. Les idées qui
sont mises en contraste sont la subsistance et la douceur. Dieu nous fournit la nourriture
nécessaire à notre subsistance et une boisson douce et délicieuse - du jus de raisin.

L’habilité du jus de raisin pour réjouir le coeur est attestée dans Psaumes 4.8 où on lit:
«Tu mets dans mon coeur plus de joie qu’au temps où abondent leur froment et leur vin
nouveau [tirôche]» (comparez Jg 9.13). Ici, le mot traduit «vin nouveau» est tirôche, un
terme qui est explicitement employé dans plusieurs textes de l’Ancien Testament se
référant au jus de raisin. Ce que le psalmiste dit dans ce texte est que, tandis que les
irréligieux dérivent leur plus grandes joies de l’abondance de leur froment et jus de raisin,
le croyant éprouve encore une plus grande joie quand il est le bénéficiaire de la lumière
de la face de Dieu. La vérité exprimée dans ce texte est différente de celle dans Psaumes
104.14-15, néanmoins les deux textes nous démontrent que le froment et le jus de raisin
étaient ordinairement aperçus comme sources de joies. Ceci nous donne raison de croire
que le «vin» (yayine) mentionné dans Psaumes 104.15 est le même que le «vin» non
fermenté (tirôche=jus de raisin) du Psaume 4.7, puisque les deux textes nous parlent
d’une boisson de raisin qui réjouit les coeurs humains.
Il est important de se rappeler que les anciens aimaient des boissons sucrées (douces).
Tandis qu’aujourd’hui beaucoup de gens pensent que le lait et le jus de raisin sont des
boissons pour les enfants et que le café et le vin fermenté sont pour les adultes; durant les
temps de la Bible, le lait et le jus de raisin étaient désirables pour les vieux de même que
les jeunes. Pline nous dit que quelquefois les gens ajoutaient une quantité considérable
de miel au jus de raisin pour le rendre encore plus sucré.2 Plus la boisson était douce,
plus désirable qu’elle était. Il est bon de se souvenir que le pays de Canaan était connu
comme «un pays où coulent le lait et le miel» (Lv 20.24), deux produits connus pour leurs
subsistances et leurs douceurs.

La désapprobation biblique du vin fermenté. Les références négatives du «vin»


désignent le vin fermenté qui enivre. Les Ecritures s’en servent pour représenter
l’immoralité, l’apostasie et le courroux divin (Es 19.14; Ap 14.10; 16.19; 17.2; 18.3). La
condamnation biblique de l’usage du vin qui enivre est exprimée de diverses façons.

Quelques textes condamnent complètement l’usage du vin (Pr 23.29-35; 20.1; Ha 2.5; Ep
5.18). Salomon, par exemple, nous exhorte catégoriquement de s’abstenir et même de
regarder le vin dans le but d’éviter la honte et la souffrance causées par cette boisson (Pr
23.31). Dans la crainte qu’une personne soit séduite par l’ attrait du vin fermenté,
Salomon continue à décrire sa nature mortelle en comparant le vin à la morsure d’un
serpent et la piqûre d’un aspic (Pr 23.32).

D’autres textes décrivent les conséquences morales et physiques de l’usage de boissons


alcoolisées. Voici quelques conséquences mentionnées: elles déforment la faculté
perceptive de la réalité (Es 28.7; Pr 23.33); elles affaiblissent l’habilité de prendre des
décisions responsables (Lv 10.9-11); elles affaiblissent les sensibilités et inhibitions
morales (Gn 9.21; 19.32; Ha 2.15; Es 5.11-12); elles provoquent des maladies physiques
(Pr 23.20-21; Os 7.5; Es 19.14; Ps 60.5); et elles disqualifient pour le service civil et
religieux (Pr 31.4,5; Lv 10.9-11; Ez 44.21,23; 1 Tm 3.2,3; Tt 1.7-8).3

Un des plus clairs préceptes bibliques est que l’alcool disqualifie une personne du service
civil ou religieux. Le sage Salomon dit clairement que les rois et chefs doivent s’abstenir
du vin: «Ce n’est pas aux rois, Lemouel, ce n’est pas aux rois de boire du vin (yayine), ni
au princes de rechercher des boissons fortes» (Pr 31.4). La raison pour cette injonction
explicite suit: «de peur qu’en buvant ils n’oublient ce qui a été prescrit et ne dénaturent
la cause de tout les malheureux» (Pr 31.5).

Ce texte est un jugement de valeur du vin alcoolique lui-même, plutôt que sur la quantité
bue. Le texte ne dit pas, «ce n’est pas aux rois de boire beaucoup de vin,» mais nous dit,
«ce n’est pas aux rois de boire de vin.» Ce qui est défendu ici, comme ailleurs dans les
Ecritures, n’est pas, comme plusieurs essaient de soutenir, l’abusmais l’usage actuel de
boissons alcoolisées.
L’abstinence de boissons qui enivrent est exigée dans la Bible, non seulement pour les
fonctionnaires tel que les rois et princes, mais aussi pour les chefs religieux, tel que les
sacrificateurs dans l’Ancien Testament et les évêques/anciens/diacres dans le Nouveau
Testament. Dans l’Ancien Testament il était explicitement exigé des sacrificateurs de
s’abstenir de boissons alcoolisées: «Tu ne boiras ni vin, ni liqueur, toi et tes fils avec toi,
lorsque vous entrerez dans la tente de la Rencontre; ainsi vous ne mourrez pas» (Lv 10.9).
La raison pour cette instruction est que les boissons alcoolisées altéreraient leur habilité
pour discerner et enseigner les saints préceptes de Dieu: «afin que vous puissiez
distinguer ce qui est saint de ce qui est profane, ce qui est impur de ce qui est pur; et
enseigner aux israélites toutes les prescriptions que l’Eternel leur a données par
l’intermédiaire de Moïse (Lv 10.10-11; voir Ez 44.21,23). Plus tard, nous verrons que les
même exigences d’abstinence de boissons alcoolisées s’appliqueront aux chefs d’églises
dans le Nouveau Testament (1 Tm 3.2-3; Tt 1.7-8).

Le fait que les sacrificateurs devaient s’abstenir de boissons alcoolisées pour préserver la
sainteté du sanctuaire implique que les Ecritures voient l’alcool comme profane et impur.
La raison pour ceci est trouvée dans lanature intrinsèque de l’alcool, c’est à dire, son
pouvoir d’enivrer (Pr 23.29-30; 20.1; Ha 2.5); et dans ses effets, c’est à dire, dans sa
capacité d’altérer l’habilité de distinguer ce qui est saint de ce qui est profane, et ce qui
est juste de ce qui est faux (Lv 10.11; Ez 44.23). Du fait que nous les chrétiens soyons un
«sacerdoce royal» (1 P 2.9) appelés à être «sensés et sobres» (1 P 4.7) dans un monde
insensé et intempérant, l’ injonction de s’abstenir de boissons alcoolisées pour préserver
notre discernement moral est particulièrement pertinent pour nous aujourd’hui.

Les considérations précédentes indiquent que l’approbation et la désapprobation du «vin»


sont déterminées non par la quantité de vin consommée mais par la nature du «vin» lui-
même. Les références positives du «vin» concernant le jus de raisin non fermenté. En
contraste, toutes les inculpations du «vin» concernant le vin alcoolisé. Ce dernier est
condamné indépendamment de la quantité consommée.
4. La préservation du jus de raisin
Une objection principale contre le fait que les Ecritures approuvent l’usage du jus de
raisin non fermenté est l’allégation que dans les temps de la Bible c’était impossible de
le préserver de la fermentation. Pour vérifier la validité de cette supposition populaire j’ai
recherché ce que les anciens écrivains ont dit concernant l’art de préservation de fruits et
de vins en général, et du jus de raisin en particulier.1 Je fus surpris de découvrir que les
anciens étaient beaucoup plus savants dans l’art de préservation de fruits et de vins qu’on
ne le croie généralement.

Le vin fermenté. Au contraire de l’opinion populaire, les anciens avaient d’aussi gros
problèmes, sinon de plus gros problèmes, à préserver le vin fermenté en comparaison du
jus de raisin non fermenté. Pour empêcher le vin fermenté de devenir trop acide, moisi,
ou fétide, les négociants en vins se servaient de plusieurs préservatifs tel que du sel, de
l’eau de mer, du poix liquide ou solide, du moût condensé, de la poussière de marbre, de
la chaux, de la fumée de soufre, ou de l’iris écrasé.

Caton (Marcus Porcius Cato 234-149 av. J.-C), qui est considéré le père de la prose latine
et de la littérature sur l’agriculture, réfère à l’usage de certains de ces préservatifs, en
disant: «Répartissez dans les jarres, en quantités égales, le jus extrait proprement tout les
jours; si besoin est, mettez dans le moût du defrutum obtenu en cuisant un vin de goutte,
ajoutez un quarantième de defrutum ou une livre et demie de sel par culleus; si vous
mettez du marbre, mettez une livre par culleus; mettez-le dans une cruche, mélangez avec
du moût, versez le mélange dans la jarre. Si vous mettez de la résine, pour un culleus de
moût, broyez-en convenablement trois livres, mettez dans une faisselle, et suspendez-la
dans la jarre de moût; secouez-la fréquemment, pour que la résine fonde entièrement.
Que vous ayez mis defrutum, marbre ou résine, brassez fréquemment pendant 20 jours;
raclez le fond chaque jour; ajoutez le moût de seconde serre, de taille, en le répartissant
également dans chaque jarre.»2

Le jus de raisin non fermenté. En comparaison, la préservation du jus de raisin non


fermenté était un procédé plus simple. Les sources anciennes nous informent qu’ils se
servaient de quatre méthodes principales pour cette préservation: (1) en réduisant le jus à
un sirop, (2) en filtrant le jus de raisin pour séparer la pulpe qui cause la fermentation, (3)
en plaçant le jus fraîchement pressé dans des pots scellés qui sont immédiatement
immergés dans une mare d’eau froide, et (4) en fumant les pots de vin avec du soufre
avant de les sceller.3
1. Réduire le jus à un sirop. En bouillant, l’eau du jus de raisin évapore, les levures et
moisissures sont détruites, et le contenu de sucre augmente, ce qui empêche donc la
levure de s’accroître. Cette méthode de préservation était employée avec grand succès à
travers l’ancien monde. Columelle, l’agronome renommé du premier siècle A.D., discute
en grand détail les différentes méthodes employées pour préserver le jus de raisin de la
fermentation. En discutant la méthode de préservation en faisant bouillir le jus, il nous
dit: «Certains font réduire d’un quart le moût dans des vases de plomb, d’autres d’un
tiers.»4 Il continue en nous expliquant qu’après le «refroidissement [du moût], on [le]
versera dans des vases qu’on couvrira et qu’on luttera; ainsi "le vin" durera plus
longtemps et ne souffrira aucun dommage.»5 La coutume de préserver le jus de raisin par
cette méthode a survécu à travers les siècles dans le Moyen-Orient et les pays de la
Méditerranée. Cette boisson est connue comme vino cotto en italien, nardenk en syriaque,
et dibs en arabique.

Il y a des indications que les juifs anciens préservaient leurs vins en les bouillants.
La Cyclopedia of Biblical Literature de John Kitto nous dit: «La Mishnah dit que les juifs
avaient l’habitude des vins cuits. Ils ne bouillaient pas le vin de l’offrande prélevée, parce
que cela le condensait, et par conséquent l’épaississait, ainsi pour le boire, il faut le
mélanger avec de l’eau; mais il est immédiatement ajouté, "rabbin Yehudah permet
ceciparce que cela l’améliore." (Teroomoth Perek 100, 11).»6

2. Filtrer le jus. Une autre méthode par laquelle on peut empêcher la fermentation du jus
de raisin, c’est en séparant l’albumen (qui est localisé dans le doublage de l’enveloppe
extérieure et dans l’enveloppe des graines de raisin) des autres éléments. L’albumen
contient les agents de fermentation, la levure. Par un procédé soigneux de filtrage le jus
de raisin peut être séparé de la pulpe qui cause la fermentation. Les anciens se servaient
d’un sac, qu’ils appelaient sacco, dans lequel ils y plaçaient les raisin. Un vase était placé
en dessous pour recevoir le jus qui tombait.

Pline nous dit: «Le meilleur [des «vins...les plus sains»] pour tout est un vin dépouillé de
sa force par le filtrage[sacco]. Souvenons-nous que le vin est le jus [d’un fruit] qui,
d’abord à l’état de moût, a pris de la force par la fermentation.»7 Dans cette déclaration
Pline explique clairement que le but du filtre (sacco) était d’enlever les substances qui
causent la fermentation.

C’est certain que le jus de raisin était filtré pour le priver de sa force causé par la
fermentation. Plutarque, le biographe et moraliste grec du premier siècle, après nous avoir
parlé du procédé de filtrage en se servant de mots similaire à Pline, nous dit: «Le vin est
rendu vieux, ou de force faible, quand il est fréquemment filtré. Sa force étant donc
exclue, le vin n’enflamme pas le cerveau ni n’infeste l’esprit et les passions, et il est
beaucoup plus agréable à boire.»8 C’est remarquable que Plutarque dénote que le vin
filtré non alcoolique était «plus agréable à boire» que le vin fermenté.

3. Sceller et refroidir le jus. Caton (234-149 av. J.-C) mentionne une autre façon de
préserver le jus de raisin: «Si vous voulez avoir du vin doux toute l’année, mettez le moût
dans une amphore, scellez le liège avec de la poix; plongez dans un bassin. Retirez au
bout de trente jours; ce vin restera doux toute l’année.»9 Columelle ajoute qu’aussi
«longtemps qu’il [le jus] sera bien frais, il se maintiendra.» De plus, il nous dit: «Avant
de placer le marc sous la presse, prenez à la cuve et mettez dans une amphore neuve le
tout dernier moût écoulé, bouchez-la et poissez soigneusement, de sorte qu’il ne puisse
s’y introduire d’eau; plongez alors entièrement l’amphore dans une citerne d’eau douce
froide, de façon que rien n’en émerge; ensuite, au bout de quarante jours, retirez-la. Le
moût se maintiendra ainsi doux toute une année.»10 De cette façon, le jus ne fermente
pas quand il est gardé en dessous de 4 degrés Celsius. D’après les excavations de James
B. Pritchard aux fouilles de Gabaon,11 il nous semble raisonnable de présumer que les
juifs connaissaient et se servaient de cette méthode romaine pour préserver le jus de
raisin.

4. Enfumer les pots. L’usage de fumée de l’anhydride sulfureux était une autre méthode
que les anciens se servaient pour empêcher la fermentation. La Cyclopedia of Biblical
Literature de John Kitto dit: «Quand laMishnah défend de se servir de vins fumés pour
offrande (Manachoth, viii. 6, et commentaire), cela se réfère à la pratique romaine de
fumigation des vins avec du soufre. La vapeur qui absorbait l’oxygène empêchait la
fermentation. Les juifs évitaient soigneusement les vins et vinaigres des Gentils.»12

Le fait que l’Anciens et le Nouveau Testament ne discutent pas l’art de préservation du


jus de raisin n’indique pas que ces méthodes y étaient inconnues. Les juifs n’étaient pas
moins savants en ce qui concerne l’art de préservation que leurs voisins. Flavius Josèphe
nous dit que les romains étaient étonnés de trouver dans la forteresse de Massada, du vin,
de l’huile, des fruits et des céréales préservés à frais, bien que cela était emmagasiné pour
plusieurs années.13 De plus, des sources rabbiniques mentionnent spécifiquement
l’usage de vins cuits.14

La raison du silence envers les méthodes de préservation du jus de raisin dans les
Ecritures se trouve dans le fait de la nature de la Bible-même, un livre qui traite
essentiellement ces aspects de vies qui sont reliés à l’histoire du salut. Dans la Bible on
ne trouve pas un traité d’agronome, comme dans les écritures classiques. La raison n’est
pas un manque d’intérêt ou de connaissance de l’agriculture, mais une répugnance à
traiter des sujets qui ne sont pas reliés à la vie religieuse du peuple de Dieu. Nous avons
raison de croire que les Juifs connaissaient quelques méthodes de préservation reconnues
et employées à travers le monde de ce temps. Cette conclusion sera invétérée par les
prochains chapitres qui traitent de l’enseignement de Jésus et de l’église apostolique
concernant les boissons alcoolisées.
5. Jésus et le vin

L’exemple et les préceptes du Christ sont la norme pour les pratiques et croyances
chrétiennes. Si, (comme beaucoup de chrétiens bien intentionnés croient,) Jésus a fait du
vin fermenté au noces de Cana; qu’Il lerecommanda dans ses paraboles d’outres de vin
nouveau et de vin vieux; qu’Il admit d’en boire dans sa description de son mode de vie
(«mangeant et buvant» Mt 11.19); et qu’Il commanda d’ici à la fin du monde, son usage
à l’institution du repas du Seigneur; alors, cela ne peut pas être intrinsèquement faux de
boire modérément des boissons alcoolisées. En d’autres mots, «Si le vin était bon pour
Jésus, c’est bon pour moi!»

En vue de l’importance fondamentale des préceptes du Christ et leurs conséquences de


grande envergure, nous allons examiner brièvement ce que Jésus dit au sujet du vin.

Les noces de Cana

Beaucoup de chrétiens bien intentionnés croient que le «bon vin» que Jésus créa à Cana
(Jn 2.10) était bon parce qu’il avait un taux élevé d’alcool. Cette croyance est basée sur
3 suppositions majeures. D’abord, on supposait que les juifs ne pouvaient pas empêcher
la fermentation du jus de raisin, et du fait que les noces eurent lieu juste avant la Pâque
du printemps (Jn 2.13), c’est à dire, 6 mois après la récolte de raisin, cela donnait
beaucoup de temps au vin pour fermenter. Deuxièmement, on supposait que la
description de «bon vin» (2.10) donnée par l’organisateur du repas en ce qui concerne le
vin fournit par le Christ désignait un vin alcoolique de haute qualité. Troisièmement, on
supposait que l’expression «bu copieusement (Jn 2.10 MH)» employée par le maître du
banquet indiquait que les invités étaient enivrés parce qu’ils buvaient du vin fermenté.
Par conséquent, le vin que Jésus créa devait être fermenté. En vue de l’importance que
ces suppositions ont pour déterminer la nature du vin fourni par le Christ, nous allons
examiner chacune d’elles.

La première supposition est discréditée par les nombreux témoignages romains du temps
du Nouveau Testament., qui décrivent diverses façons pour préserver le jus de raisin de
la fermentation. Dans le chapitre précédent, on s’est aperçu que la préservation du jus de
raisin non fermenté était de plusieurs façons, un procédé plus simple que la préservation
du vin fermenté. Donc, la possibilité existait d’avoir du jus de raisin non fermenté au
noces de Cana, (au printemps) car de telles boissons étaient préservées durant toute
l’année.

«Le bon vin.» La deuxième hypothèse, que le vin était déclaré «bon» parce qu’il était
dune haute qualité d’alcool (Jn 2.10), est basée sur le goût des buveurs du vingtième
siècle qui définissent la bonté d’un vin par sa force alcoolique. Mais durant les temps du
Nouveau Testament, dans le monde romain, les meilleurs vins étaient ceux dont la force
alcoolique avait été enlevée par l’ébullition ou la filtration. Pline, par exemple, dit que
«Le meilleur [des «vins...les plus sains»] pour tout est un vin dépouillé de sa force par le
filtrage [sacco].»1 De même, Plutarque indique que le vin est «beaucoup plus agréable à
boire» quand il «n’enflamme pas le cerveau ni n’infeste l’esprit et les passions»2 parce
que sa puissance a été enlevée par de fréquents filtrages.

Le Talmud indique que boire des boissons alcoolisées avec l’accompagnement de la


musique instrumentale dans des festivités comme des noces étaient défendu.3 Ceci est
invétéré par le témoignage subséquent de rabbins. Par exemple, rabbin S.M. Isaac, un
rabbin éminent du dix-neuvième siècle qui était éditeur du journalThe Jewish Messenger,
dit: «Dans les fêtes sacrées, même les noces, les juifs ne se servent pas de boisson
fermentées. Dans leurs oblations et libations, soit publiques ou privées, ils se servent du
fruit de la vigne - c’est à dire, de raisin frais - du jus de raisin non fermenté, et des raisin,
comme symbole de bénédiction. La fermentation pour eux est toujours un symbole de
corruption.»4 Quoique la déclaration de rabbin Isaac ne soit pas tout à fait précise,
puisque des sources juives ne sont pas unanimes sur la sorte de vin employée durant les
fêtes sacrées, cependant elle nous indique que quelques juifs se servaient de vin non
fermenté durant des fêtes nuptiales.

«Bu copieusement.» La troisième conjecture est que l’expression «lorsqu’on a bu


copieusement» (Jn 2.10 MH) signifie que les invités étaient enivrés et que le «bon vin»
fourni par Jésus était fermenté de-même. Cette supposition est une fausse interprétation
qui fait un mauvais usage du commentaire du maître de banquet, et qui néglige l’usage
du verbe employé dans son sens large. Le commentaire en question n’était pas fait en
référence de cette réception de noces, mais à la pratique générale de ceux qui sont en
charge des fêtes: «L’usage est de servir d’abord le bon vin, puis, lorsqu’on a bu
copieusement, le moins bon...» MH («Tout homme sert d’abord le bon vin, puis le moins
bon après qu’on s’est enivré.») (Jn 2.10). Cette remarque fait partie du métier d’un maître
de banquet, plutôt qu’une description actuelle de l’état d’intoxication d’une réception en
particulier.

Une autre considération importante est le fait que le verbe grec methusko, traduit ici par
«est enivré (S,TOB)», peut aussi signifier «bu copieusement» (MH), «beaucoup bu»
(FC), et «bien bu» (D), sans aucune implication d’intoxication. Herbert Preisker, dans
son article sur ce verbe dans le Theological Dictionary of the New Testament nous
dit: «’Methuskomai’ est employé sans aucun jugement religieux ou moral dans Jean
2.10 en connexion avec la règle que le vin le moins bon est servit seulement lorsque les
gens ont bu librement.»5
L’implication morale. Le verbe methusko dans Jean 2.10 est employé dans le sens de
satiété. Il réfère simplement à la grande quantité de vin généralement consommée durant
la fête, sans aucune référence d’effets d’intoxication. Ceux qui veulent insister sur le fait
que le vin de la fête était alcoolique et que Jésus créa du vin alcoolique de meilleur qualité,
sont amenés à la conclusion que Jésus a fourni une grande quantité additionnelle de vin
fermenté pour que les invités continuent leur indulgence téméraire. Une telle conclusion
détruit l’intégrité morale du caractère du Christ.

La logique morale exige que le Christ n’aurait pas pu produire miraculeusement 500 à
750 litres de vin fermenté pour l’usage des hommes, femmes et enfants qui étaient réunis
aux noces de Cana, sans qu’Il devienne moralement responsable pour leur intoxication.
La logique morale et des Ecritures exige que le «bon vin» produit par le Christ était le jus
de raisin frais, non fermenté. Cette conclusion est supportée par l’adjectif qui décrit le
vin: kalos qui signifie ce qui est moralement excellent.6 L’adjectif n’est pas agathos qui
signifie «bon» seulement.

Le vin nouveau dans des outres neuves

Le commentaire du Christ qu’il «faut mettre le vin nouveau dans des outres neuves» (Lc
5.38; Mt 9.17; Mc 2.22) est compris par les partisans de modération comme une
indication que Jésus recommanda l’usage modéré de boissons alcoolisées. Cette vue est
basée sur l’hypothèse que l’expression «vin nouveau» désigne du vin fraîchement pressé
qui est déjà dans un procédé de fermentation. C’est donc cette sorte de vin qui est mis
dans des outres neuves parce que les outres vieilles éclateraient sous la pression.

Vin nouveau qui fermente? Cette interprétation est très imaginative mais n’est pas en
accord avec les faits. Quiconque est familier avec la pression causée par les gaz de la
fermentation sait qu’aucune bouteille, soit de peau ou de verre, peut résister à la pression
du vin nouveau qui fermente. Comme le dit Alexander B. Bruce, «Jésus ne parlait pas de
vin fermenté qui enivre, mais de "moût", une boisson qui n’enivre pas, qui pouvait être
préservée sans dommage dans des outres neuves, et non dans des outres vieilles qui
antérieurement avaient contenu du vin ordinaire. Ces dernières, à cause des particules de
matière d’albumen qui avaient adhéré à l’intérieur, auraient causé la fermentation et
auraient développé une pression énorme de gaz.7

Le seul «vin nouveau» qui aurait pu être conservé sans dommage dans des outres neuves
était du moût non fermenté qui avait été filtré ou cuit. Columelle, l’agronome romain
renommé, qui était contemporain des apôtres, atteste que «l’amphore neuve» était
employée pour préserver le moût frais non fermenté: «Avant de placer le marc sous la
presse, prenez à la cuve et mettez dans une amphore neuve [amphoram novam] le tout
dernier moût écoulé, bouchez-la et poissez soigneusement, de sorte qu’il ne puisse s’y
introduire d’eau.»8

Le sens symbolique. Cette interprétation est invétérée par le sens symbolique des mots
de Jésus. Le langage figuratif du vin nouveau dans des outres neuves sert d’exemple de
régénération. Ernest Gordon nous explique convenablement que «Les outres vieilles,
avec leur lies alcoolisées, représentent la nature corrompue des Pharisiens. Dans elles, on
ne pouvait pas mettre du vin nouveau de l’Evangile parce que, elles le fermenteraient. "Je
suis venu [dit Jésus] non pour appeler les pharisaïques mais les pécheurs repentants" Ces
derniers par leur conversion deviennent des vaisseaux nouveaux capables de retenir le
vin nouveau sans le gâter (Mc 2.15-17,22). Alors, en faisant cette comparaison de vin
fermenté avec le pharisaïsme, le Christ indique clairement son opinion sur le vin
fermenté.»9

«Il est bon de tenir compte,» nous dit Ernest Gordon, «que par cette illustration casuelle,
Il [Jésus] identifie complètement le vin avec du vin non fermenté. Le vin fermenté n’est
pas reconnu. Celui-ci [vin fermenté] aurait pus être mis dans n’importe quelle sorte
d’outre, peut importe sa qualité, soit pauvre ou corrompue. Mais le vin nouveau est
comme un vêtement neuf qui est trop bon d’être déchiré pour mettre une pièce à de vieux
chiffons. C’est une chose [vin nouveau] propre et saine, qui exige un récipient propre. La
façon naturelle dont Jésus s’est servi de cette illustration suggère au moins une entente
pratique couramment employé chez son auditoire juif: que le vrai fruit de la vigne, le bon
vin, n’était pas fermenté.»10

Le vieux est meilleur

Dans l’évangile selon Saint Luc, les mots du Christ du «vin nouveau dans des outres
neuves» sont suivis par une autre déclaration: «Et personne, après avoir bu du vin vieux,
n’en veut du nouveau, car il dit: Le vieux est bon (meilleur - D,FC,MH).» (Lc 5.39)
Plusieurs croient que Jésus ici recommande le vin alcoolique.

Sans doute, le «vin vieux» est un vin fermenté. Tout d’abord, «le vieux est meilleur»
n’est pas l’opinion de Jésus mais celle de ceux qui sont accoutumés au goût du vin vieux.
Il disait tout simplement que ceux-ci ne veulent pas du nouveau. Ceci est sans doute le
cas aujourd’hui. Ceux qui boivent des boissons alcoolisées préfèrent des stimulants et
non des jus non fermentés.11
Quel est le but de l’illustration? Heinrich Seeseman nous dit: «c’est un avertissement
contre la surestimation du vieux.»12 Le but de l’illustration n’est pas de louer la
supériorité du vin vieux mais de les avertir contre la surestimation de vieilles formes de
bigoterie encouragées par les Pharisiens. Ces bigoteries consistaient dans
l’accomplissement de pratiques ascétiques externes tel que le jeûne et la prière publique
(verset 33). Pour justifier le fait que ses disciples n’observaient pas ces formes externes
de bigoterie, Jésus s’est servi de quatre illustrations: les amis de l’époux ne jeûnent pas
en sa présence (v.34-34); un morceau de vêtement neuf n’est pas déchiré pour mettre une
pièce à un vieux vêtement (v.36); le vin nouveau n’est pas mis dans des outres vieilles
(v. 37-38); et le vin nouveau ne plaît pas à ceux qui sont accoutumés à boire le vieux
(v.39).

Le but de ces quatre illustrations c’est d’aider les gens (qui ne connaissent pas la nouvelle
forme de vie religieuse enseignée par le Christ) qui sont accoutumés aux anciennes
formes de religion de reconnaître que celles-ci semblent être bonnes aussi longtemps
qu’ils ne sont pas accoutumés à la nouvelle vie supérieure en Christ.13

Est-ce que Jésus était un ivrogne et un glouton?

Au delà de 19 siècles, Jésus fut accusé d’être «un glouton et un ivrogne» (Lc 7.33-34;
Mt 11.19 TOB) parce qu’il est venu mangeant et buvant. Les partisans de la modération
croient que sa propre description de son mode de vie, «mangeant et buvant» prouve qu’Il
admit ouvertement d’avoir bu du vin alcoolique. De plus, ils disent, que Jésus a dû boire
du vin fermenté parce que ses critiqueurs l’accusaient d’être un «ivrogne» (TOB).

Le mode de vie sociale. Cette interprétation feint d’ignorer plusieurs considérations


importantes. L’expression «mangeant et buvant» est employée de façon idiomatique pour
décrire la différence entre le mode de vie sociale de Jésus et celui de Jean Baptiste. Jean
est venu «ne mangeait [mangeant] pas de pain et ne buvait [buvant] pas de vin» (Lc 7.33),
c’est à dire, il vécut une vie sociale complètement isolée; par contre, le Christ est venu
«mangeant et buvant,» c’est à dire, Il vécut une vie sociale libre.

Le manque du mot vin. Un point significatif souvent négligé, est que Jésus ne mentionne
pas le «vin» en décrivant sa propre manière de vivre. Tandis que Jésus nous dit que Jean
Baptiste est venu «ne mangeait [mangeant] pas de pain et ne buvait [buvant] pas
de vin,» Jésus nous dit tout simplement à propos de lui-même: «Le Fils de l’homme est
venu, mangeant et buvant.» Si Jésus avait voulu faire savoir que, contrairement à Jean
Baptiste, Il était un buveur de vin, Il aurait pu répéter le mot «vin» pour plus de clarté.

En refusant de spécifier quelle sorte de nourriture et de boisson Il consommait, le Christ


voulait probablement priver ses critiqueurs de toute base pour leur charge de gloutonnerie
et d’ivrognerie. L’omission du «pain» et du «vin» dans la deuxième déclaration (Matthieu
les omet dans les deux locutions) pouvait vouloir exposer la stupidité de la charge. En
d’autres mots, il semble que Jésus a dit: «Mes critiqueurs m’accusent d’être un glouton
et un ivrogne parce que je ne mange pas seul mais je suis souvent avec d’autres personnes.
Je mangesocialement. Mais, mes critiqueurs ne savent pas ce que je mange.»

Même si ses critiqueurs avaient réellement vu Jésus boire quelque chose, ils l’auraient
accusé immédiatement d’être un ivrogne, même s’Il ne buvait que du jus de raisin, ou de
l’eau. Au jour de la Pentecôte les critiqueurs ont accusé les apôtres d’être soûls en buvant
du jus de raisin (gleukos - Ac 2.13). Ceci nous montre que peu importe ce que Jésus aurait
bu, ses critiqueurs peu scrupuleux l’auraient calomnié comme ivrogne.

De déduire que Jésus a du boire du vin parce que ses critiqueurs l’accusaient d’être un
«ivrogne» signifie qu’on accepte comme vérité le mot des ennemis du Christ. En deux
autres occasions, les critiqueurs accusaient Jésus en disant: «Tu as un démon.» (Jn 7.20;
8.48) Si on croit que Jésus a du boire du vin alcoolique parce que ses critiqueurs
l’accusaient d’être un ivrogne, alors on doit aussi croire qu’il avait un esprit mauvais
parce que ses critiqueurs l’accusaient d’avoir un démon. L’absurdité d’un tel
raisonnement prouve que de se servir des accusations des critiqueurs n’est pas une bonne
méthode pour définir des préceptes bibliques.

Jésus a répondu cette accusation sans base de ses critiqueurs en disant: «Mais la sagesse
a été justifiée par tout ses enfants.» (Lc 7.35) L’évidence textuelle de ce texte est divisée
entre «enfants» et «travaux,» mais le sens de cette déclaration est toujours le même, c’est-
à-dire, que la sagesse doit être jugée par ses résultats. La sagesse de Dieu est justifiée par
les travaux de bonté qu’elle produit. Ainsi, de déduire d’après les bases des calomnies de
ses critiqueurs que Jésus buvait du vin, démontre un manque complet de sagesse. Les
résultats de sa vie frugale parlent d’eux-mêmes.

Le vin de la communion

Une importance fondamentale est attachée au «vin» de la sainte cène parce que le Christ
s’en servit et parce qu’Il exigea ses fidèles à s’en servir jusqu’à la fin du monde, en
mémoire de son sang qui fut répandu pour le pardon des péchés (Mt 26.28-29; Mc 14.24-
25). On croit généralement que le vin de la sainte cène était alcoolique, pour 2 raisons
principales: (1) la locution «fruit de la vigne» était prétendue être l’équivalent fonctionnel
du vin fermenté, et (2) les juifs par supposition se servaient seulement du vin fermenté
durant la Pâque. Cette croyance est discréditée par plusieurs considérations importantes.

«Le fruit de la vigne.» Le langage de la sainte cène est significatif. Dans tout les
Evangiles synoptiques Jésus appelle le contenu de la coupe le «fruit de la vigne» (Mt
26.29; Mc 14.25; Lc 22.18). Le substantif «fruit»(gennema) désigne ce qui est produit
dans un état naturel, tel qu’il est récolté. Le vin fermenté n’est pas le «fruit de la vigne»
naturel mais le fruit affecté par la fermentation et la décadence. L’historien juif Josèphe,
qui était un contemporain des apôtres, appelle explicitement les trois grappes de raisin
fraîchement pressées dans la coupe par l’échanson du Pharaon, «le fruit de la vigne.»14
Ceci établit nettement le fait que cette expression était employée pour désigner le jus de
raisin doux non fermenté.

«Buvez-en tous.» Si le contenu de la coupe avait été du vin fermenté, le Christ n’aurait
pas dit: «Buvez-en tous» (Mt 26.27; Mc 14.23; Lc 22.17), surtout parce que la coupe
typique de la Pâque contenait non seulement un petit peu de vin, mais à peu près 2/5 d’un
litre.15 Le Christ n’aurait pas commandé à «tous» ses disciples de boire de la coupe, si
le contenu avait été du vin alcoolique. Il y en a certains qui ne peuvent pas prendre de
l’alcool sans être indisposés. Les jeunes enfants qui participent à la cène ne devraient
certainement pas toucher le vin fermenté. Il y en a certains dont le simple goût ou l’odeur
de l’alcool éveille un désir ardent assoupi ou conquérant pour l’alcool. Le Christ, qui
nous a enseigné à prier «Ne nous laisse pas entrer dans la tentation» (Mt 6.13), pouvait-
Il avoir fait de sa communion commémorative un endroit de tentation irrésistible pour
certains et de danger pour tous? Le vin de la sainte cène ne pouvait pas être
bu librement et festoiement aussi longtemps qu’il était alcoolique.

La loi d’exclusion d’articles fermentés. Un appui complémentaire pour la nature non


fermentée du vin de la communion, est pourvu par la loi de Moïse qui exige l’exclusion
de tout articles fermentés durant la fête de la Pâque (Ex 12.15; 13.6,7 (voir surtout
MH,TOB). Jésus comprit le sens de la lettre et l’esprit de la loi de Moïse en ce qui
concerne les choses fermentées (le levain), comme nous l’indique son avertissement
contre le «levain des Pharisiens et des Sadducéens» (Mt 16.6). Le «levain» pour le Christ
représente une nature corrompue et des préceptes malhonnêtes, comme les disciples l’ont
compris ensuite (Mt 16.12). La consistance et la beauté du symbole du sang ne peuvent
pas être convenablement représentées par le vin fermenté qui correspond à la dépravation
humaine et à l’indignation divine.
On ne peut pas concevoir que le Christ bénisse par la prière d’action de grâce une coupe
qui contient du vin alcoolique que les Ecritures nous avertissent de ne pas le regarder (Pr
23.31). Une coupe qui enivre est une coupe de malédiction et non une «coupe de
bénédiction» (1 Co 10.16); c’est «la coupe des démons» et non «la coupe du Seigneur»
(1 Co 10.21); c’est une coupe qui ne peut pas convenablement symbolisé «le sang
précieux de Christ» qui ne peut être corruptible (1 P 1.18-19 D). Ceci renforce notre
croyance que la coupe qu’Il a «bénie» et donnée à ses disciples ne contenait pas de choses
fermentées (levain) défendues dans les Ecritures.

Des témoignages historiques. Des témoignages historiques juifs et chrétiens corroborent


l’usage du vin non fermenté à la Pâque et à la sainte cène. Louis Ginzberg (1873-1941),
un savant distingué du Talmud qui était président du département des études rabbiniques
et Talmudiques au Séminaire Juif de l’Amérique (Jewish Theological Seminary of
America), fournit ce qui est peut-être l’analyse la plus complète de références concernant
l’usage du vin dans les cérémonies religieuses juives. Il conclut son investigation en
disant: «On a donc prouvé sur la base de textes principaux du Talmud de Babylone et
celui de Jérusalem que le vin non fermenté peut être
employé lekatehillah [facultativement] pour le Qiddûsh [la consécration d’une fête en se
servant d’une coupe de vin] et les autres cérémonies religieuses hors du temple.»16

Les conclusions de Ginzberg sont invétérées par la Jewish Encyclopedia. Commentant


sur le temps de la sainte cène, elle dit: «D’après les évangiles synoptiques, il semble que
le dernier jeudi de sa vie, Jésus avec ses disciples entrèrent dans Jérusalem pour manger
la Pâque avec eux dans la sainte ville; s’il en est ainsi, l’hostie et le vin de la messe ou du
service de la communion qui était alors institué par lui comme commémoratif serait le
pain sans levain et le vin non fermenté du culte de Seder.»17

La coutume de se servir du vin non fermenté à la Pâque a survécu à travers les siècles
non seulement parmi certains juifs, mais aussi entre quelques groupes et églises
chrétiennes. Par exemple, dans le traité apocryphe de«Les Actes et le Martyre de l’Apôtre
Saint Matthieu,» qui circulait au troisième siècle, une voix du ciel instruisit l’évêque de
la région, Platon, en disant: «Lit l’Evangile et amène pour offrande le pain sacré; et après
avoir pressé 3 grappes de raisin dans une coupe, communie avec moi, comme Jésus nous
l’a démontré quand Il est ressuscité des morts au troisième jour.»18 Ceci est un
témoignage clair de l’usage de jus de raisin fraîchement pressé pour la célébration de la
sainte Cène.

La pratique de presser le raisin préservé directement dans la coupe de communion est


attestée par des conciles, des papes et théologiens, y compris Thomas d’Aquin (A.D.
1225-1274).19 L’usage du vin non fermenté est bien documenté spécialement parmi
quelques églises d’Orient tel que l’Eglise d’Abyssinie, l’Eglise Nestorienne de l’Asie
occidentale, et parmi les chrétiens de Saint Thomas de l’Inde, les monastères Coptes en
Egypte, et les chrétiens de Saint Jean en Perse, chacun desquels célébraient la sainte cène
avec du vin non fermenté fait avec des raisins frais ou secs.20

Par suite des considérations précédentes on conclue que le «fruit de la vigne» que
recommanda Jésus comme commémoratif de la rédemption par son sang, n’était pas
fermenté, car le vin fermenté signifie dans les Ecritures la corruption humaine et
l’indignation divine. Au contraire, c’était le jus pur de raisin non fermenté, un emblème
convenable du sang non corrompu que le Christ a versé pour pardonner nos péchés.

L’affirmation que le Christ s’est servi et qu’il a sanctionné l’usage de boissons alcoolisées
se trouve être non confirmée. L’étude du langage de la sainte Cène, de la loi pascale
contre la fermentation, de la logique du symbole, et de la survivance de l’usage de jus de
raisin non fermenté à la cène; tout indiquent que Jésus s’abstenait de toutes boissons
fermentées et qu’il n’autorisait pas ses disciples à s’en servir.
6. Le vin dans l’église apostolique

L’importance de l’église apostolique comme modèle de pratiques et de croyances


chrétiennes inclut son enseignement de l’usage de boissons alcoolisées. La façon dont les
apôtres ont compris, prêché et pratiqué les doctrines de Jésus et de l’Ancien Testament
en ce qui concerne les boissons alcoolisées, est fondamentale pour déterminer si nous,
comme chrétiens aujourd’hui, devrions se ranger du côté de la modération ou de
l’abstinence.

En dehors des quatre Evangiles, Il y a treize1 références spécifiques dans le Nouveau


Testament du mot «vin»(oinos). Huit se trouvent dans l’Apocalypse où le «vin»
symbolise soit la dépravation humaine ou le châtiment divin. En plus de ces textes qui
mentionnent spécifiquement le «vin,» il y a dans le Nouveau Testament au delà de 20
textes qui exhortent les chrétiens d’être «sobres». Dans la plupart des cas, on va voir que
ces admonitions sont reliées directement à la consommation. Tout d’abord, on va
examiner quelques textes qui mentionnent le vin et en suite, ceux qui exigent l’abstinence.

Actes 2.13 «Pleins de vin doux.»

Les apôtres avaient à peine commencé leur proclamation du Messie quand ils ont été
accusés d’être soûls. Au jour de la Pentecôte le premier groupe de croyants recevait le
don de langues qui lui permettait de prêcher l’Evangile dans les langues diverses des gens
qui étaient rassemblés pour la fête à Jérusalem. Tandis que des milliers de gens croyaient
en Christ à la suite du miracle, d’autres commencèrent à se moquer des disciples, en
disant: «Ils sont pleins de vin doux.» (Ac 2.13).

Quelques personnes supposent que les moqueurs n’auraient pas accusé les chrétiens
d’être soûls s’ils n’avaient pas déjà vu des croyants boire du vin alcoolique auparavant.
La faiblesse de ce raisonnement est qu’il suppose que l’accusation des railleurs était basée
sur une observation factuelle de l’habitude de boire des chrétiens. Cependant, des
moqueurs ne basent pas nécessairement leur calomnie sur des faits. De plus, si les
railleurs avaient vraiment voulu charger les disciples d’ivrognerie, ils les auraient accusés
d’être pleins de «vin» (oinos)et non de «jus de raisin» (gleukos).

Plusieurs savants et lexiques grecs reconnaissent que gleukos désigne exclusivement le


jus de raisin non fermenté.2 Par exemple, Horace Bumstead, un auteur d’une des plus
savantes défenses de la modération, nous donne cette explication claire et concluante:
«Gleukos, comme dans le grec classique, correspond au latinmustum, signifiant le jus de
raisin fraîchement pressé, et ainsi n’a pas un sens large tel que [l’hébreu] tirôche ouasis.
On trouve ce mot seulement une fois [Ac 2.13] et je ne vois pas la nécessité d’essayer de
prouver que c’était une boisson qui enivre, tel que certains ont essayer de le faire, y
compris Robinson...Il me semble qu’Alford et d’autres, en argumentant sur le rôle
fermenté de gleukos, comme vin doux, ont perdu de vue la distinction classique déjà citée
entre gleukos=mustum, qui est doux parce qu’il est du jus de raisin non fermenté, et oinos
glukus = vin doux, ainsi nommé parce que même s’il était fermenté, il était riche en
sucre.»3 Auparavant, dans son article de 71 pages qui fut publié dans Bibliotheca Sacra,
Bumstead explique que quand le mot gleukos a lieu par lui-même, comme on le trouve
dans les Actes 2.13, cela se réfère spécifiquement à du jus de raisin non fermenté.4

L’ironie de la charge. L’ironie de la charge saute aux yeux quand on accepte le sens
de gleukos comme étant du jus de raisin non fermenté. Voici ce que les moqueurs disaient:
«Ces hommes qui sont trop abstinents pour toucher n’importe quoi de fermenté, se sont
soûlés avec du jus de raisin.»

Le fait qu’ils se moquaient des apôtres d’être ivres de jus de raisin (leur boisson usuelle)
prouve indirectement que les disciples étaient reconnus par leur mode de vie d’abstinence
et par induction, celui de leur Rabbin (Jésus).

Hegesippus, qui a vécu immédiatement après les apôtres, nous fournit une confirmation
historique de cette pratique est fournie par le témoignage En écrivant au sujet de
«Jacques, le frère du Seigneur, [qui] a succédé au gouvernement de l’église en
conjonction avec les apôtres,» Hegesippus dit: «Il était saint de la matrice de sa mère; et
il ne but ni vin ni liqueur forte, et il n’a pas mangé de viande.»5 On peut supposer que la
vie de stricte abstinence de Jacques, qui pour un temps exerçait les fonctions de président
de l’église de Jérusalem, servit d’exemple aux chrétiens apostoliques.

1 Corinthiens 11.21: L’un a faim, tandis que l’autre est ivre».

Les partisans de la modération se servent de ce texte pour prouver qu’on se servait de vin
fermenté à la cène. Paul dit: «Donc, lorsque vous vous réunissez, ce n’est pas pour manger
le repas du Seigneur; car en mangeant, avant les autres, chacun prend son propre repas,
et l’un a faim, tandis que l’autre est ivre.» (1 Co 11.20,21). En d’autres mots, Paul
condamne les abus et non l’usage du vin fermenté à Corinthe.

On va examiner cette prétention en étudiant trois points: (1) La nature du festin; (2)
L’acception du verbeMethuo; et (3) Les implications de l’admonition de Paul.
1. La nature du festin. Pour mieux apprécier les problèmes qui se sont développés à
Corinthe en conjonction avec la sainte cène, on doit comprendre les coutumes sociales
de ce temps. C’était la coutume pour des groupes qui appartenaient à des organisations
religieuses et séculaires de se rencontrer pour manger des repas en commun. En
particulier il y avait une certaine sorte de repas de camaraderie qu’on appelait eranos,
dont chaque participant amenait de la nourriture mise en commun. La première église a
adopté cette coutume, la transformant en «Festin d’Amour» qu’on appelait agape. Tout
les membres de l’église amenaient ce qu’ils pouvaient au festin, et quand toute la
nourriture était répartie, ils s’asseyaient pour manger. C’était une belle façon de faire et
de nourrir une vrai camaraderie chrétienne. Beaucoup d’églises aujourd’hui ont une
pratique semblable où ils partagent un repas après le culte religieux.

A Corinthe, comme on va le voir, le festin agape semblait être incorporé dans la sainte
cène. Cependant, sa célébration a dégénéré en un festin égoïste. L’art de partager était
perdu. Les riches ne partageaient pas leur nourriture avec les pauvres mais ils mangeaient
pour eux-mêmes dans de petits groupes exclusifs. Alors, certains avaient faim tandis que
d’autres étaient pleins à satiété. Les distinctions de classes, qui devaient être éliminées à
la Sainte Table, étaient accentuées. Ils ne tenaient aucun compte de la décence et du bon
ordre. De plus, ils avaient perdu la solennité de l’occasion.

Tout d’abord, sans hésitation et sans ménager ses efforts, Paul réprimande cet état de
chose en rappelant aux Corinthiens le but de s’assembler ensemble: «pour manger le
repas du Seigneur» (1 Co 11.20). Ce que Paul voulait dire pourrait être paraphrasé comme
suit: «Même si vous vous assemblez ostensiblement pour participer au repas du Seigneur,
vraiment, vous ne le vivez pas d’une façon qui en mérite le nom. Car, chacun de vous
mangez avidement et égoïstement ses provisions, tandis que vous ignorez les pauvres qui
ne pouvaient rien amener. Alors, un a faim et n’est pas satisfait, tandis que l’autre
est plein jusqu’à satiété. N’avez-vous pas des maisons pour y manger et boire? Pourquoi
transformez-vous l’église de Dieu qui est dédiée à l’amour fraternel, en une place pour
festoyer égoïstement, pour faire honte à ceux qui n’ont rien? Je ne peux vous louer pour
une telle conduite égoïste» (une paraphrase de 1 Co 11.20-23).

La déclaration de Paul, «Lorsque vous vous réunissez, ce n’est pas pour manger le repas
du Seigneur» (1 Co 11.20) indique clairement qu’ils se réunissaient pour célébrer le repas
du Seigneur. Ils ont transformé la sainte cène en festivité ordinaire selon les festins
idolâtriques. Il y a aucune évidence dans ce texte-ci, ou ailleurs dans le Nouveau
Testament, que le repas du Seigneur a été observé en connexion avec un repas de
fraternité. Ceci veux dire que ce qui s’est passé à Corinthe était irrégulier, impropre, et
contre les instructions que Paul avait reçues du Seigneur qu’il avait transmises (1 Co
11.23).
Alors on peut conclure: tout ce qui s’est passé à Corinthe était irrégulier et impropre. Les
chrétiens avaient mal compris totalement la nature de l’ordonnance sacrée du repas du
Seigneur, en le convertissant en festivité séculaire, où prévalait même l’intempérance.

En vue de ce fait, n’importe quelle «ivresse» alléguée, qui s’est passée à la Sainte Table
à Corinthe, ne peut guère prouver l’existence de consommation de boissons alcoolisées
dans l’église apostolique. Une perversion locale ne peut indiquer la pratique générale des
chrétiens. De plus, si les Corinthiens ont dévié des instructions qui leur ont été transmises,
alors leur mauvaise conduite est plus un avertissement qu’un exemple pour nous.

2. L’acception du verbe methuo. Une raison pour laquelle plusieurs croient qu’il y avait
de l’ivresse à la Sainte Table de l’église de Corinthe, est la traduction courante du
verbe methuei par les mots «est ivre.» Par contre, notre étude de l’usage de ce mot dans
Jn 2.10 a démontré que le verbe methuo ne signifie pas toujours l’ivresse. Le contexte
doit déterminer son acception propre. Dans ce cas-ci, methuei est employé contrairement
au mot peina «faim» et ceci exige que le verbe soit compris dans son sens générique de
«rassasié» plutôt que dans le sens étroit de «ivre.» Leon C. Field élabore clairement d’une
manière concluante sur ce point, et ajoute que cette interprétation est adoptée par
beaucoup de savants, tel que Chrysostome, Bengal, Grotius, Wyclif, Kuinoel, Bilroth,
MacKnight, Newcome, Bloomfield, Clarke, Lightfoot, Dean Stanley, et Whedom.7 On
peut mentionner aussi Clément d’Alexandrie, qui a vécu seulement un siècle et demi
après Paul. Dans son traitéInstructor (livre 2,1), Clément, comme nous le dit A. W.
Samson, «contredit la suggestion qu’on se servait ici de vin fermenté. Il indique que Paul
se réfère à la nourriture plutôt qu’à la boisson, et que Paul les réprimande pour se "saisir
de délicatesses," et pour "manger au delà des besoins d’alimentation."»8

La Septante (la traduction grecque de l’Ancien Testament du troisième au deuxième


siècle av. J.-C) donne beaucoup d’exemples où le mot methuo est employé dans son sens
générique d’être «plein en abondance.» Par exemple, Ps 23.5 dit: «ma coupe déborde»
(methuskon - plein jusqu’au bord). Ps 65.10 nous fournit un autre exemple: «Tu visites la
terre et tu lui donnes l’abondance [methuson].» Jérémie 31.14 est un autre exemple: «Je
rassasierai [methuso] de graisse la personne des sacrificateurs. De tels exemples suffisent
pour montrer clairement que methuo est souvent employé dans les Ecritures par son sens
générique pour exprimer le rassasiement et la satiété.

3. Les implications de l’admonition de Paul. La réprimande et l’admonition de Paul


suggèrent que l’ivresse n’était pas le problème à la Sainte Table de l’église Corinthienne.
Il dit: «N’avez-vous pas des maisons pour y manger et boire?» (v.22). Si l’ivresse avait
été le problème, Paul aurait dit, «N’avez-vous pas des maisons pour manger et s’enivrer?»
Le fait que Paul dans sa réprimande ne fait aucune allusion à «l’ivresse» suggère que le
problème à Corinthe n’était pas l’intoxication de vin alcoolique mais plutôt une
indulgence excessive dans le boire et le manger.

Auparavant dans la même épître Paul dit catégoriquement que «ni les
ivrognes...n’hériteront le royaume de Dieu» et il exhorte les membres à «ne pas avoir de
relations avec quelqu’un qui, tout en se nommant frère, serait...ivrogne» (1 Co 6.10;
5.11). D’après cette exhortation, il est juste de supposer que si quelques-un avaient été
ivres au repas du Seigneur, Paul aurait averti les autres de ne pas s’associer avec eux. Si
les membres de l’église Corinthienne étaient soûls à la Sainte Table, Paul n’aurait pas dit
auparavant dans cette même lettre, que dans le passé, quelques-un d’entre eux étaient des
ivrognes «mais vous avez été lavés, vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus-
Christ et par l’Esprit de notre Dieu.» (1 Co 6.11)

D’après les considérations citées ci-dessus on conclut que cette référence d’»ivresse» à
la Sainte Table de l’église Corinthienne n’offre aucun appui pour un usage modéré de vin
alcoolique soit au domicile ou publiquement au repas du Seigneur. D’abord, parce que
ce qui c’est passé à Corinthe était une déviation des instructions qui leur ont été
transmises, par conséquent, leur mauvaise conduite est plus un avertissement qu’un
exemple pour nous. Deuxièmement, parce que le problème au repas du Seigneur semble
être une indulgence dans le manger et non de l’intoxication de vin alcoolique.

Éphésiens 5.18: «Ne vous enivrez pas de vin».

Une puissante inculpation biblique contre le vin fermenté se trouve dans Ephésiens 5.18,
où Paul réprimande les Ephésiens en disant: «Ne vous enivrez pas de vin: c’est de la
débauche. Mais soyez remplis de l’Esprit.» Le texte se compose de deux déclarations
majeures qui sont mises en contraste (antithèse) : «enivrer de vin» contre «remplis de
l’Esprit.»

L’antithèse suggère que le contraste n’est pas entre la modération et l’excès, mais entre
la plénitude de vin et la plénitude de l’Esprit. Les deux déclarations pointent à une
inconciliation inhérente de la nature et du fonctionnement entre les sources de telles
plénitudes, c’est-à-dire, le vin qui enivre et le Saint Esprit. Une telle inconciliation
mutuelle exclut l’autorisation d’un usage modéré de vin enivrant.
Qu’est-ce que la débauche? L’admonition de Paul «Ne vous enivrez pas de vin» est
suivie d’un avertissement que la version Segond Révisée 1978 rend par «c’est de la
débauche.» Une traduction littérale du texte grecque se lit: «Et ne vous enivrez pas de
vin, en quoi [en ho] est la débauche [asotia - littéralement, "qui ne peut sauver"].» Le fait
que la SR rends «en ho - en quoi» avec «c’est de la» fait la condition d’être ivre par le
vin, plutôt que le vin lui-même, le sujet de «la débauche.» Cette construction de la phrase
est basée non sur la nécessité exégétique du texte, mais sur la supposition que l’usage
modéré du vin fermenté était approuvé durant les temps du Nouveau Testament.

Historiquement, plusieurs traducteurs et commentateurs considéraient le «vin» plutôt que


l’état d’ivresse comme cause de débauche. La raison pour ceci est la position
de oinos («de vin»), qui dans le grec est placé immédiatement avant le relatif «en quoi.»
De plus, d’après le The Interpreter’s Bible Commentary, les mots «’Ne vous enivrez pas
de vin,’ sont cités de Proverbes 23:31 (la Septante d’après Codex [manuscrit] A),» 9 où
le texte condamne l’usage du vin fermenté («Ne regarde pas le vin parce qu’il est d’un
beau rouge»), et non son abus.

De les anciennes traductions qui rendent Ephésiens 5.18 comme condamnation de vin
fermenté, je peux mentionner la Vulgate latine (A.D. 400), qui se lit: «et nolite inebriari
vino, in quo est luxuria» («Et ne vous enivrez pas de vin, en quoi est la sensualité»). La
connexion entre vino «vin» et quo «quoi» est indubitable dans cette traduction latine, car
le relatif quo a le même genre neutre que vino, sur lequel il est basé.

Certaines traductions modernes. Plusieurs traductions modernes suivent la Vulgate


dans sa traduction fidèle littérale. Par exemple, la Version Française Synodale dit: «Ne
vous enivrez pas de vin: car le vin porte à la dissolution.» Pour enlever toute possibilité
de malentendu, les traducteurs ont répété le mot «vin» dans la proposition relative. La
Version de Darby dit: «Et ne vous enivrez pas de vin, en quoi il y a de la dissolution;
mais soyez remplis de l’Esprit,» de plus les versions françaises de David Martin,
d’Ostervald disent la même chose. La TOB se lit: «Ne vous enivrez pas de vin, il mène à
la perdition, mais soyez remplis de l’Esprit.» De même, en anglais les traductions
de Robert Young et de la marge de la New American Standard Bible, en allemand la Die
Gute Nachricht, en italien la version protestante de Riveduta par Giovanni Luzzi, et aussi
laVersion Catholique Italienne produite par l’Institut Biblique Pontifical suivent la
traduction de la Vulgate.

A la vue de plusieurs traductions anciennes et modernes qui rendent la proposition


relative d’Ephésiens 5.18 comme condamnation non de l’ivresse mais du vin lui-même,
il semble qu’en raison de leur prédilection pour le vin, plusieurs traducteurs ont choisi de
«sauver la face du vin en condamnant l’ivresse,» comme nous le dit Ernest Gordon.10
1 Timothée 5.23: «Fais usage d’un peu de vin, parce de ton estomac.»

Quand on mentionne le sujet du vin dans la Bible, souvent le premier texte qui vient à
l’esprit est 1 Timothée 5.23 où Paul conseille Timothée en disant: «Cesse de boire
uniquement de l’eau, mais fais usage d’un peu de vin, parce de ton estomac et de tes
fréquentes indispositions.» Ce texte a été employé par de nombreuses personnes durant
les derniers 19 siècles pour justifier leur consommation de boissons alcoolisées. C’est
donc important pour nous d’établir la nature du conseil de Paul et son application
aujourd’hui.

La nature du conseil de Paul. Le conseil de Paul doit être vu d’abord comme une
expression d’intérêt paternel et non comme une injonction obligatoire. L’apôtre
ne commande pas son fils bien-aimé de l’Evangile de boire du vin copieusement; plutôt,
il lui conseille de se servir un peu de vin «parce de ton estomac et de tes fréquentes
indispositions.»

La prudente précaution du langage de l’apôtre est très significative. Il ne dit pas, «Bois
du vin,» mais plutôt «fais usage d’un peu de vin avec de l’eau.»11. Il ne dit pas, «pour le
plaisir physique de ton ventre,» mais plutôt, «pour les besoins médicaux de ton estomac.»
Même si le «vin» avait été fermenté, ce texte ne supporte d’une aucune façon son usage
régulier. Il ne disait pas à Timothée, «bois...» mais «prends...»(MH,TOB,etc); le verbe
«prends» est employé par un médecin quand il prescrit le dosage d’un médicament à un
patient. De même, l’adjectif «peu» implique un usage très modéré de vin. Ceci semble
être plutôt une prescription pour un patient qu’un précepte général pour tout le monde.

Timothée était abstinent. Un autre fait souvent ignoré est que l’avis «Cesse de
boire uniquement de l’eau « implique que Timothée, comme les sacrificateurs et les
naziréens, s’était abstenu jusqu’à ce temps de vins fermentés ou non fermentés. Ceci était
probablement en conformité de l’exemple de Paul et de ses instructions. Dans la même
épître, Paul lui conseilla d’exiger d’un évêque/épiscopat/dirigeant ou surveillant de
l’église d’être non seulement abstinent (nephalion), mais aussi de ne pas être présent où
on boit de la boisson fermentée (me paroinon - 1 Tm 3.2-3). Il est raisonnable de supposer
que l’apôtre n’aurait pas instruit Timothée d’exiger l’abstinence pour les chefs d’églises
sans lui avoir premièrement enseigner ce précepte. Le fait que Timothée buvait
uniquement de l’eau implique qu’il suivait scrupuleusement le conseil de son maître.

Il est à croire que l’abstinence d’un ministre chrétien était basé sur la législation de
l’Ancien Testament qui empêchait les sacrificateurs de se servir de boissons alcoolisées
(Lv 10.9-10). Le sentiment naturel était que le ministre chrétien ne devait pas être moins
saint que le sacrificateur juif, surtout si la raison pour la loi mosaïque s’appliquait à eux
aussi: «Afin que vous puissiez distinguer ce qui est saint de ce qui est profane, ce qui est
impur de ce qui est pur; et enseigner aux Israélites toutes les prescriptions que l’Eternel
leur a données par l’intermédiaire de Moïse.» (Lv 10.10-11) Le précepte de l’abstinence
n’était pas violé par la recommandation de Paul, parce que l’usage d’un peu de vin était
recommandé non pour le plaisir du ventre mais pour le besoin médical de l’estomac.

Quelle sorte de vin? Généralement on suppose que le vin que Paul recommanda à
Timothée était fermenté. Mais ceci n’est pas en aucune façon certain, pour deux raisons.
D’abord, à cause du terme oinos («vin»), comme cela fut été montré, était employé de
façon générique pour dénoter soit du vin fermenté ou non-fermenté. Deuxièmement,
parce qu’il y a des témoignages historiques qui attestent l’usage du vin non-fermenté pour
des besoins médicaux.

Aristote (384-322 av. J.-C) recommande l’usage du jus de raisin (appelé glukus dans le
grec), parce qu’il dit: «Ce n’est du vin [oinos] que de nom; ce n’en est pas en réalité. Car
Il n’a pas le suc du vin, et c’est pourquoi il ne grise pas, ce que fait le premier vin venu.»12
Athénée, le grammairien grec (280 A.D.), conseille spécifiquement l’usage du «vin
doux» (glukon oinon) non fermenté pour les maladies d’estomac. Il dit: «Qu’il prenne
avant le repas un vin doux mouillé d’eau et chaud, principalement le vin
appelé protropos(prédisposant) qui est stomachique. Du reste le vin [oinos] doux
n’alourdit pas la tête.»13 Ici on a un conseil très similaire à celui de Paul, mais la
différence c’est qu’Athénée qualifie quelle sorte de vin qu’il recommanda, c’est-à-dire,
le vin doux appelé «protropos,» parce que ce vin avait aucune force alcoolique.

Un autre conseil similaire de l’usage médical du vin est donné par Pline (79 A.D.), un
contemporain de Paul et l’auteur de l’oeuvre reconnue, l’Histoire Naturelle. Il conseille
de se servir de vin cuit non-fermenté appelé adynamos («le vin sans force») pour les
personnes qui sont malades «pour lesquels on craint un effet nocif du vin.»14 Il
recommande aussi d’éviter les effets secondaires de l’alcool par l’usage de vins filtrés de
substances qui causent la fermentation: «Le meilleur [de ces «vins...les plus sains»] pour
tout est un vin dépouillé de sa force par le filtrage [sacco].»15

En vue de ces témoignages, il est raisonnable de supposer que le vin recommandé par
Paul à Timothée pouvait bien être non-alcoolique. Ellen White soutient cette conclusion
en disant: «Paul conseille à Timothée de prendre un peu de vin pour son estomac et ses
fréquentes indispositions, mais il faisait allusion au jus de raisin non-fermenté. Il n’a pas
conseillé à Timothée de prendre ce que le Seigneur avait défendu.»16
Des admonitions d’abstinence - 1. Nepho.

Les admonitions apostoliques d’abstinence sont exprimées par le verbe grec nepho et
l’adjectif nephalios (1 Th 5.6-8; 1 P 1.13; 4.7; 5.8; 2 Tm 3.2, 11; Tt 2.2). Il y a une
unanimité remarquable parmi les lexiques grecs sur l’acception primaire du
verbe nepho qui signifie «de s’abstenir de vin» et de l’adjectif nephalios qui signifie «être
abstinent, sans vin.»17

Cette acception est attestée dans les écritures de Josèphe et de Philon, lesquels étaient
contemporains de Paul et Pierre. Dans ses Antiquités Judaïques, Josèphe écrit des
sacrificateurs: «Ceux qui portaient les vêtement sacerdotaux étaient sans tache et ils
étaient éminents pour leur pureté et sobriété [nephalioi], ne leur étant pas permis de boire
du vin aussi longtemps qu’ils portaient ces vêtements.»18 Semblablement, Philon
explique dans ses Lois Spéciales que le sacrificateur doit officier en étant nephalios, c’est
à dire, être totalement abstinent du vin, parce qu’il doit exécuter les instructions de la loi
et doit être en position d’agir comme tribunal final sur la terre.19

Si Josèphe, Philon et une multitude d’autres écrivains se servaient


de nepho/nephalios avec l’acception primaire «d’abstinence de vin,» on a raison de croire
que Paul et Pierre se servaient aussi de ces termes dans le même sens. Cette conclusion
est soutenue, comme on va le voir, par le contexte où ces termes se trouvent. Néanmoins,
ces mots ont été habituellement traduits dans le sens figuré de «sobre.» Beaucoup de
chrétiens sincères ont été trompés de croire par de telle traduction que la Bible enseigne
la modération de l’usage de boissons alcoolisées, plutôt que l’abstinence.

1. Nepho -a) 1 Thessaloniciens 5.6-8. Dans sa lettre aux Thessaloniciens, Paul exige des
croyants d’être «sobres» en vue de la venue soudaine et inattendue du Christ. Il dit: «Ne
dormons donc pas comme les autres, mais veillons et soyons sobres [nephomen]. Ceux
qui dorment, dorment la nuit, et ceux qui s’enivrent, s’enivrent la nuit. Mais nous qui
sommes du jour, soyons sobres [nephomen]: revêtons la cuirasse de la foi et de l’amour,
ainsi que le casque de l’espérance du salut» (1 Th 5.6-8).

Ce texte consiste en un nombre de parallèles en contraste: le jour et la nuit, veiller et


dormir, être sobre et être ivre. En vue des contrastes entre les enfants du jour qui sont
sobres et ceux de la nuit qui sont ivres, il est évident que l’exhortation d’être sobre signifie
non seulement être vigilant mentalement mais principalement d’être abstinent
physiquement.

Cette conclusion est soutenue par la connexion entre la sobriété et la vigilance: «Veillons
et soyons sobres» 9v.6). Le premier verbe, gregoromen, se réfère à la vigilance mentale
et le deuxième verbe , nephomen, à l’abstinence physique. Autrement, ce serait une
répétition inutile (tautologie): «Veillons et soyons éveillés.» Il est évident que Paul joint
la vigilance mentale avec l’abstinence physique parce que les deux vont ensemble. La
vigilance mentale dans le Nouveau Testament est souvent mise en connexion, comme on
va le voir, avec l’abstinence physique. Ceci deviendra plus clair lorsqu’on considéra les
autres textes en questions.

L’admonition d’abstinence physique exprimée par le verbe nepho se trouve de nouveau


dans la première épître de Pierre (1.13; 4.7; 5.8). C’est remarquable qu’à chaque texte,
l’exhortation de Pierre d’abstinence est donnée dans le contexte d’être prêt pour le retour
imminent du Christ. Ceci implique que Pierre, comme Paul, base son appel pour une vie
d’abstinence et de sainteté dans la certitude et l’imminence du retour de Jésus.

1.b) 1 Pierre 1.13. Le premier usage de nepho par Pierre se trouve dans 1 P 1.13: «C’est
pourquoi, affermissez votre pensée, soyez sobres [nephontes] et ayez une parfaite
espérance en la grâce qui vous sera apportée, lors de la révélation de Jésus-Christ.» Ici
Pierre, comme Paul, met en corrélation la vigilance mentale («affermissez votre pensée»)
avec l’abstinence physique («soyez sobres»).

L’admonition «d’être abstinent» prend une forme radicale dans 1 P 1.13 parce qu’elle est
suivie immédiatement par l’adverbe «teleios», qui signifie «parfaitement» ou
«complètement.» Ainsi, la traduction réelle devrait être, «soyez complètement ou
parfaitement abstinent.» La plupart des traducteurs, possiblement à cause de leur
prédilection pour les boissons alcoolisées, ont choisi de faire teleios modifier le verbe
suivant- elpisate(«espérez (D); ayez une espérance (SR)»), ainsi donc,le rendant «espérez
parfaitement (D)» ou «ayez uneparfaite espérance (SR).»

Il est remarquable que la Vulgate (la traduction latine fameuse de Jérôme qui était la
Bible officielle de l’église Catholique à travers les siècles) traduit teleios comme
modificateur de nephontes, ainsi donc, «sobrii perfecte»(«parfaitement sobre»). D’après-
moi, cette traduction de Jérôme réfléchit précisément l’intention de Pierre qui répète de
nouveau son appel à l’abstinence, deux autres fois dans cet épître. Ainsi, la traduction
propre devrait être: «C’est pourquoi, affermissez votre pensée, soyez complètement
abstinent et espérez dans la grâce qui vous sera apportée, lors de la révélation de Jésus-
Christ.»

1.c) 1 Pierre 4.7. Le deuxième usage de nepho se trouve dans 1 P 4.7: «La fin de toutes
choses est proche; soyez donc sensés et sobres en vue de la prière.» Ici aussi, Pierre
exhorte les chrétiens à être vigilant mentalement et physiquement abstinent. L’acception
de nepho comme abstinence de vin est aussi suggérée par le contexte, où Pierre fait un
contraste de l’ancienne manière de vivre de «dérèglement, les convoitises,l’ivrognerie,
les orgies, les beuveries et l’idolâtrie criminelle» (1 P 4.3) avec la nouvelle manière de
vivre d’abstinence et de tempérance. Le texte pourrait être paraphraser comme suit: «La
fin de toutes choses est proche; soyez donc sobres en esprit et abstinent en vie pour que
vous puissiez être capable de maintenir à présent une vie saine de dévotion durant ce
temps critique.»

1.d) 1 Pierre 5.8. Le troisième usage de nepho se trouve dans 1 P 5.8: «Soyez
sobres [nepsate]. Veillez[gregoresate]! Votre adversaire le diable , rôde comme un lion
rugissant, cherchant qui dévorer.» Ici aussi, comme dans les deux cas antérieurs, Pierre
associe la vigilance mentale avec l’abstinence physique., parce que les deux sont
mutuellement dépendantes. Les boissons alcoolisées diminuent le pouvoir de la
conscience et de la raison, ainsi affaiblissant les inhibitions pour mal-faire. Le dernier
résultat est que le diable est capable de mieux «dévorer», littéralement,
«avaler (katapino)» de telles personnes.

Le contraste entre nepsate (de ne piein, «ne pas boire») et katapiein (de kata piein «a
avaler») a été reconnu par Adam Clarke, qui commente: «Ce n’est pas tout le monde qu’il
peut avaler. Ceux qui sont sobres et vigilants sont saufs; il ne peut les avaler. Ceux qui
sont ivres avec les soucis de ce monde, et qui ne veillent pas, ceux-ci il peut les avaler. Il
y a une beauté frappante dans ce verset, une apposition entre le premier et le dernier mot,
laquelle je crois n’a pas été observée; -Etre sobres, nepsate, de ne = non, et piein =
d’avaler - de ne pas avaler - et le mot katapiein, de kata = en bas, et piein = d’avaler. Si
vous avalez de la boisson forte, le diable va vous avaler. Ecoutez ceci vous les ivrognes,
pochards, poivrots, soûlauds ou par n’importe quel nom que vous êtes reconnus dans la
société ou envers vos compagnon-pécheurs, la boisson forte n’est pas seulement votre
chemin au diable, mais sa voie en vous. Vous êtes tels que le diable peut particulièrement
vous avaler.»20

Sommairement, les cinq usages de nepho, deux par Paul (1 Th 5.6,8) et trois par Pierre
(1 P 1.13; 4.7; 5.8), tout démontrent une logique étonnante en exhortant à la vigilance
mentale et à l’abstinence physique. C’est aussi significatif que toutes les cinq admonitions
à l’abstinence se trouve dans le contexte de la préparation du retour imminent du Christ.

2.Nephalios comme abstinence physique- 1 Timothée 3.2-3,11; Tite 2.2.


L’adjectif nephalios est employé trois fois par Paul dans sa description des qualités
désirées des évêques, des femmes, et des vieillards. Les deux premiers cas se trouvent
dans 1 Timothée 3.2-3,11: «Il faut donc que l’évêque soit irréprochable, mari d’une seule
femme, sobre [nephalion], sensé [sophrona], sociable, hospitalier, apte à
l’enseignement, qu’il ne soit ni adonné au vin...Que les femmes de même soient
respectables, non médisantes, sobres [nephalious], fidèles en toute chose.» Le troisième
exemple se trouve dans Tite 2.2, «Dis que les vieillards doivent être sobres [nephalious],
respectables, sensés [sophronas], sains dans la foi, dans l’amour, dans la patience.»

Ci-dessus, on a remarqué que l’adjectif nephalios est employé par des auteurs
contemporains tel que Philon et Josèphe pour signifier l’abstinence du vin. Cette
interprétation littérale est soutenue par le fait que dans 1 Timothée 3.2 et Tite 2.2
l’adjectif nephalios se trouve avec sophron, le premier pour signifier l’abstinence
physique et le deuxième, la vigilance mentale.21 La connexion entre les deux exige une
interprétation littérale de nephalios, comme quelqu’un qui est abstinent du vin.

«Ni adonné au vin.» Quelques-un argumentent que l’interprétation littérale


de nephalios comme étant «abstinent» est contredite par me paroinos, qui est traduit par
«ni adonné au vin» (SR). Leur raisonnement est que Paul n’aurait pas en premier lieu
enjoint un évêque d’être abstinent et ensuite d’être «ni adonné au vin,» c’est à dire, être
modéré dans l’usage du vin. Cette contradiction apparente est résolue en reconnaissant
que l’acception de paroinos va au delà d’être adonné au vin»22 Paroinos signifie aussi
l’idée complémentaire d’être para «proche» oinos «vin,» c’est à dire, proche d’une place
où on consomme du vin. «L’ancienparoinos,» comme Lees et Burns expliquent, «était
un homme accoutumé à être présent à des réceptions où on buvait de la boisson
alcoolique, et par conséquence, à être associé intimement à la boisson forte.»23

Albert Barnes, un commentateur renommé du Nouveau Testament, explique l’acception


de paroinos, en disant: «Le mot grec (paroinos)...signifie, proprement près [du] vin; c’est
à dire, cela montre ce qui se passe près oudans la présence du vin, comme la bacchanale,
les chansons de boissons, etc. Alors, cela désigne quelqu’un qui est assis auprès du vin;
c’est à dire, qui a l’habitude d’en boire...Cela veut dire qu’une personne qui a
l’habitudede boire du vin, ou qui est accoutumée à s’asseoir avec ceux qui en boivent, ne
doit pas avoir la permission d’entrer dans le ministère. La façon dont laquelle l’apôtre
mentionne ce sujet-ci nous porte a supposer qu’il ne voulait pas recommander l’usage du
vin dans aucun cas; et qu’il le considérait comme dangereux et, qu’il désirait que les
ministres de religion s’en abstiennent totalement.»24

La signification de paroinos comme «près du vin,» c’est a dire proche d’une place où on
consomme l’alcool, est supportée par les lexiques anciens et modernes. Le Lexicon
Graeci Testamenti Alphabeticum, publié en 1660, définit paroinos dans le grec et le latin
comme «para to oino, apud vinum,» qui peut être traduit»près ou en présence du vin.»25
Liddell et Scott définissent le mot relatif paroinios comme «convenable à une réception
de boisson alcoolique.»26

Compris dans ce sens, me paroinos n’affaiblit pas nephalios. Au contraire, cela le


renforce. Paul dit qu’un évêque doit être non seulement abstinent, mais qu’il doit aussi
refuser sa présence et son approbation dans les places et les associations qui pourraient
tenter son abstinence et celle des autres. Ceci est en accord avec l’admonition de Paul
dans 1 Corinthiens 5.11: «Maintenant, ce que je vous ai écrit, c’est de ne pas avoir de
relations avec quelqu’un qui, tout en se nommant frère, serait débauché, ou cupide, ou
idolâtre, ou insulteur, ouivrogne, ou accapareur, et même de ne pas manger avec un tel
homme.»27

Enkrateia comme l’abstinence physique.

Le mot enkrateia se trouve cinq fois dans le Nouveau Testament (Ac 24.25; Ga 5.22-3;
2 P 1.6; 1 Co 9.25; Tt 1.8). Ce mot dérive son acception du thème krat qui «exprime le
pouvoir ou la seigneurie qu’une personne a, soit sur soi-même ou sur quelque chose.»28
Ce pouvoir sur soi-même se manifeste spécialement dans la capacité de s’abstenir de
toute sorte de mal.

Le mot est traduit avec beaucoup de variété: maîtrise de soi (SR,MH,TOB,FC),


abstinence (S,SR), tempérance (S,D,MH), régime (D), continent (D), privation (MH),
ascèse rigoureuse (TOB), et discipline sévère (FC).

Walter Grundmann, dans son article sur le mot enkrateia dans la Theological Dictionary
of the New Testamentfournit une documentation étendue historique du fait que
l’acception primaire du mot enkrateia signifie l’abstinence.29

Par exemple, Aristote (384-322 av. J.-C) dit: «Le continent [enkrates], lui, sachant que
les convoitises sont mauvaises, se refuse à les suivre en s’appuyant sur la règle.»30 Le
livre apocryphe d’Ecclésiastique a une section intitulée «Etre maître de
soi» [enkrateia] qui débute avec ces mots: «Ne te laisse pas entraîner par tes désirs, et
refrène tes convoitises (18.30 TOB).» (MH - «...détourne-toi de tes désirs.») L’abstinence
était extrêmement estimée parmi les esséniens. Josèphe nous dit: «Ces esséniens rejettent
le plaisir comme étant mauvais, mais ils estiment l’abstinence [enkrateia], et la conquête
de nos passions, comme étant une vertu.»31 Peut être la preuve la plus concluante de la
connotation du mot enkrateia est l’usage du titre «encratite» pour désigner plusieurs
premiers groupes de chrétiens qui s’abstenaient du vin, de la viande, et quelques-un même
du mariage.32
Actes 24:25. Les auteurs du Nouveau Testament retiennent l’idée de l’abstinence dans
leur usage du motenkrateia. Tout d’abord, le mot se trouve dans les Actes des Apôtres
24.25. Ici Paul faisait un discours à Félix et Drusille: «Mais, comme Paul discourait sur
la justice, la maîtrise de soi [enkrateias] et le jugement à venir, Félix, saisit de crainte,
lui dit: Pour le moment, tu peux t’en aller; quand j’en trouverai le temps, je te rappellerai.»
Félix était un gouverneur injuste qui vivait dans l’adultère avec Drusille et qui était
adonné à une indulgence licencieuse. En vue de la cruauté notoire et du dévergondage de
ce couple coupable, il est évident que quand Paul leur a parlé de enkrateia, son thème
n’était pas la modération mais l’abstinence de toutes pratiques pécheresses et illégales.

Wycliffe traduit correctement enkrateia dans ce texte par «chastitie» («chasteté»). Cette
acception est plus évidente dans 1 Corinthiens 7.9 où Paul se sert de la forme verbale de
ce mot pour décrire la même vertu de chasteté: «Mais s’ils manquent de
continence [enkrateuomai], qu’ils se marient.»

1 Corinthiens 9:25. Dans la même épître, Paul se sert du verbe une deuxième fois d’une
façon qui comprend clairement l’idée d’abstinence: «Tout lutteur s’impose toute espèce
d’abstinences [panta enkrateuetai]; eux, pour recevoir une couronne corruptible, nous,
pour une couronne incorruptible» (1 Co 9.25, S,SR). La version de Darby rend cette
expression par «de régime en toutes choses,» la MH, «toutes sortes de privations,» la
TOB, «une ascèse rigoureuse,» et la Vulgate «ab omnibus se abstinet» («il s’abstint de
toutes choses»). Cette acception de ce terme pour désigner l’abstinence est soutenue par
l’allusion d’entraînement des athlètes pour les jeux anciens. Plusieurs commentateurs
donnent de références abondantes d’anciens auteurs à ce sujet.33

Dans les prochains versets, Paul illustre cette définition en faisant une application
personnelle. En continuant l’image du lutteur, il dit: «Moi donc, je cours, mais non pas à
l’aventure; je donne des coups de poing, mais non pour battre l’air. Au contraire, je traite
durement mon corps et je le tiens assujetti, de peur, après avoir prêché aux autres, d’être
moi-même disqualifié.» (1 Co 9.26-27). Un tel langage soutient rarement la vue que cela
parle de modération de consommation de boisson alcoolisées. Au contraire, cela implique
une discipline sévère qui fait abnégation de soi. Cela implique que pour se qualifier pour
être accepté comme citoyen du ciel, on doit subjuguer nos désirs ardents envers les
boissons alcoolisées par le pouvoir de la grâce divine (Ph 4.13).
D’autres textes. L’idée d’abstinence est présente dans d’autres textes où se
trouve enkrateia. Dans Galates 5.22-23 on lit ceci: «Mais le fruit de l’Esprit est: amour,
joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur, maîtrise de soi [enkrateia]; la
loi n’est pas contre de telles choses.» Le fruit de l’Esprit , y compris le dernier nommé,
est en opposition des «oeuvres de la chair» énumérées dans le verset précédent parmi
lesquels l’»ivrognerie» est saillante. Ceci suggère que enkrateia est vu par Paul
spécialement comme antithèse de l’ivrognerie.

Dans 2 Pierre 1.6, enkrateia se trouve être énuméré avec d’autres vertus. Il est traduit par
l’expression «maîtrise de soi» ou «tempérance,» dans les traductions françaises,
«abstinentia» dans la Vulgate, et «absteynence» dans la traduction de Wycliffe.

L’adjectif enkrate se trouve une fois dans Tite 1.8 ou il se conforme


à nephalion («abstinent») dans 1 Timothée 3.2.

De cette enquête il est clair que les admonitions à la sobriété, la tempérance, et la maîtrise
de soi dans le Nouveau Testament exigent des chrétiens de faire un usage modéré de
bonnes choses et d’être totalement abstinent de tout ce qui est nuisible. En Appliquant
ceci aux boissons alcoolisées, le Nouveau Testament enseigne l’abstinence totale.

La raison fondamentale donnée par Paul pour vivre une vie pieuse d’abstinence est
eschatologique: «Car la grâce de Dieu qui apporte le salut est apparue à tout les hommes,
nous enseignant que, reniant l’impiété et les convoitises mondaines, nous vivions dans le
présent siècle sobrement [sophron-sensé SR, avec retenue MH), et justement, et
pieusement, attendant la bienheureuse espérance et l’apparition de la gloire de notre grand
Dieu et Sauveur Jésus-Christ, qui s’est donné lui-même pour nous, afin qu’il nous
rachetât de toute iniquité et qu’il purifiât pour lui-même un peuple acquis, zélé pour les
bonnes oeuvres.» Les Ecritures louent une vie saine et pieuse non seulement pour la santé
et la bonté, mais surtout par égard au désir de Dieu qui veut vivre quotidiennement en
nous (1 Co 3.16-17;6.13) et, par Son désir de notre camaraderie dans la vie future.

C’est cet espoir d’être prêt à recevoir le Christ, et d’être reçu par Lui au jour de
l’apparition de sa gloire, qui devrait motiver tout les chrétiens à se purifier «comme Lui
est pur» (1 Jn 3.3). C’est à cet espoir que Pierre fait appel quand il demande la vigilance
mentale et l’abstinence physique dans ces trois textes qu’on a déjà examinés. Son
admonition, «affermissez votre pensée, soyez complètement abstinent» est suivie
immédiatement par l’exhortation «ayez une espérance en la grâce qui vous sera apportée,
lors de la révélation de Jésus-Christ» (1 P 1.13).

Pour les chrétiens qui croient dans la certitude et l’imminence du retour du Christ,
l’admonition apostolique de s’abstenir de boissons alcoolisées prend une importance
additionnelle: cela représente une réponse tangible à l’invitation de Dieu de faire une
préparation concrète pour la venue du Seigneur Jésus-Christ.
7. Quelques textes mal compris

La Bible est un livre de source et non un manuel de doctrine où les sujets sont
systématiquement présentés en ordre séquentiel. Pour l’enseignement des Ecritures sur
n’importe quel sujet, tout les textes pertinents doivent être examinés d’après leur contexte
immédiat et l’enseignement biblique total.

Une des plus importante sauvegarde pour l’interprétation d’un texte biblique est le respect
pour l’analogie des Ecritures. Ceci veut dire que les Ecritures doivent servir de guide
pour comprendre les Ecritures. Quel que soit le texte à étudier, il ne doit pas être interprété
par lui-même, mais en vue de l’enseignement total des Ecritures. L’interprétation d’un
texte qui contredirait la tendance entière des Ecritures doit être rejetée comme fausse.
Faire autrement signifie qu’on voit la Bible comme étant tout simplement un produit
humain littéraire, harcelé d’enseignements en conflits. Une telle vue est niée par le témoin
interne des Ecritures, qui soutient que son contenu n’est pas le produit d’interprétation
privée, «car ce n’est nullement par une volonté humaine qu’une prophétie a jamais été
présentée, mais c’est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de
Dieu.»

Dans le chapitre qui suit, nous allons interpréter chaque texte d’après la syntaxe, c’est à
dire, selon les lois grammaticales qui gouvernent le texte; ensuite de façon contextuelle,
c’est à dire, selon le contexte immédiat et général; historiquement, c’est à dire, d’après
les circonstances et les coutumes de ce temps; et enfin, analogiquement, c’est à dire, en
respectant l’enseignement global des Ecritures.

Dans les chapitres précédents, on avait déjà étudié plusieurs textes qui avaient été mal
compris, plus particulièrement l’étude des enseignements de Jésus et des apôtres
concernant le vin. Cependant, quelques textes ont été intentionnellement omis afin
d’éviter une longue digression du sujet principal.

Dans le chapitre qui suit, nous allons examiner les cinq textes suivants: Osée 4.11; Juges
9.13; Deutéronome 14.26; Proverbes 31.6; et 1 Timothée 3.8.

Tirôche -Osée 4.11;Juges 9.13

Dans un contexte de lamentation divine envers l’apostasie spirituelle d’Israël, Osée 4.11
dit: «La prostitution, le vin (vieux) et le vin nouveau [tirôche] entraînent le coeur.» La
plupart des partisans de la modération font appel à ce texte pour défendre leur théorie
selon laquelle le verset d’Osée 4.11 prouverait que le vieux vin(yayine) et le vin
nouveau (tirôche) seraient des vins fermentés.
Il est donc important de répondre à deux questions: (1) Lorsqu’il est question dans ce
texte de «vin nouveau»(tirôche) s’agit-il de vin fermenté? (2) Si oui, est-ce que ce texte
permettrait un usage modéré de vin alcoolisé? Nous allons essayer de répondre à ces deux
questions en examinant tout d’abord, l’acception générale detirôche («vin nouveau») et
ensuite, son usage en particulier dans Osée 4.11.

L’acception de tirôche. Il existe de nombreux désaccords sur la définition actuelle


de tirôche. Pour quelques-uns, il s’agirait du «vin en procédé de développement et de
fabrication.»1 Pour d’autres, il s’agirait de raisinsdans leur forme solide et non de jus de
raisin soit fermenté ou non.2 On trouve également chez d’autres, l’idée que cela «signifie
uniformément du jus de raisin pur et frais.»3

Le mot tirôche se trouve cité 38 fois dans l’Ancien Testament. Selon différentes versions
françaises, il est traduit par les mots tels que: dans la version Segond révisée: vin nouveau
29, vin 5, moût 2, jus 1, vin doux 1; dans la version Segond: moût 31, vin 6, jus 1; dans
la version Darby: moût 37, vin nouveau 1; dans la versionTOB: vin nouveau 25, vin 6,
moût 5, suc 1, ivresse 1; dans la version Maredsous-Hautecombe: vin 20, moût 16, vin
nouveau 1, jus 1; dans la Bible de Jérusalem: vin nouveau 17, vin 15, moût 4, vin doux
1, jus 1; dans la version du Français Courant: vin 19, vin nouveau 11, vigne 2, vendange
2, vin de l’année 1, juteuse 1, jus de raisin 1, et des raisin 1.

Dix-neuf fois, le mot vin se trouve écrit en parallèle aux mots «blé» (dagan) et «huile
fraîche» (yitzhar), et habituellement, dans l’ordre suivant: blé, vin nouveau, et huile.4
Onze fois, il est en parallèle avec le mot «blé» seulement,5 et deux fois avec «huile»
seulement.6 Cinq fois ce terme se trouve sans les deux mots cités plus-haut.7

Une étude du contexte où apparaissent ces trois mots «blé, vin nouveau (moût), et huile»
illustre clairement que ces trois mots signifient les produits bruts qui ont été battus ou
pressés. Ceci est aussi prouvé par le fait que l’Ancien Testament se sert de trois mots
différents pour désigner le dernier produit prêt pour la consommation: «pain» (lehem),
«vin» (soit fermenté ou non- yayine), et «huile» (shemen).8

Esaïe 65.8 nous fournit un exemple clair où tirôche signifie du jus de raisin frais: «Ainsi
parle l’Eternel: Quand il se trouve du jus [tirôche] (SR,S,MH,Jér; la TOB mentionne le
mot «suc;» la D - «moût»; la FC - «juteuse.») dans une grappe, on dit: Ne la détruis pas,
car il y a là une bénédiction! J’agirai de même, parce de mes serviteurs, afin de ne pas
détruire l’ensemble.» Il est évident que dans ce texte tirôche signifie le jus de raisin frais,
car il est question du jus qui se trouve encore sur la vigne. De plus, cette traduction est
soutenue par les versions françaises sus-mentionnées.
Cependant, d’autres textes suggèrent que tirôche signifie non seulement du jus de raisin
mais qu’il se réfère auxraisin-mêmes sous leur forme solide. Par exemple, dans Michée
6.15, tirôche illustre le foulage des raisin: «Vous sèmerez sans pouvoir récolter. Vous
presserez des olives, mais vous n’en utiliserez pas l’huile. Vous foulerez du raisin
[(tirôche); traduit par le mot «moût» dans les versions suivantes:S,SR,TOB,MH,D,Jér]
mais vous ne boirez pas le vin [yayine]» (FC). On trouve un autre exemple très clair dans
Néhémie 10.37/38 où les gens ont promis d’amener les prémices du «fruit de tout les
arbres, du moût [tirôche] et de l’huile» (S). Icitirôche se réfère clairement au fruit de la
vigne. Il semble clair que tirôche fait allusion ici de raisins et non du vin.

Les exemples mentionnés ci-dessus indiquent que tirôche signifie soit le jus de raisin
fraîchement foulé ou les raisin-mêmes. Par contre, est-ce que tirôche peut aussi signifier
du vin nouveau fermenté qui n’a pas fini de vieillir?

Il faut admettre que plus tard, dans l’histoire juive, tirôche désignait du vin fermenté.9
Par contre, il est impensable que ce terme fut déjà utilisé pour désigner du vin fermenté
au temps d’Osée au huitième siècle av. J.-C puisque, d’un accord commun, on désignait
par ce terme les raisin ou le jus de raisin fraîchement pressé. Mais supposons ici, à titre
d’exemple, que tirôche signifie le vin nouveau fermenté (dans Osée 4.11); ceci ne ferait
que prouver que le terme était utilisé dans un sens générique pour désigner les raisin, le
jus de raisin, et le vin fermenté. Un tel usage générique ne devrait pas nous surprendre,
parce qu’on a déjà remarqué que le termeyayine («vin») procédait aussi d’une acception
générique.

Supposons sans y accorder cette acception, que tirôche signifie du "vin nouveau
fermenté" dans Osée 4.11, quelle serait alors la signification réelle du texte? Il ne s’agit
pas ici de modération mais d’abstinence. Pourquoi? Tout simplement parce que le
prophète ne dit pas «trop de vin et de vin nouveau entraîne le coeur,» mais tout
simplement, «le vin (vieux) et le vin nouveau entraîne le coeur.» Cet énoncé, tout comme
celui dans Proverbes 23.31-32, parle du «vin vieux et [du] vin nouveau» sans tenir compte
de la quantité ingurgitée.

Son contexte. Par contre, une étude du contexte immédiat et au sens plus large exclue la
possibilité que tirôchesignifie du vin nouveau fermenté. D’abord, parce que le
verbe yiqqah (entraîne-SR; ôtent-D) n’a jamais le sens d’ivresse ou d’intoxication dans
la Bible. Les significations possibles de ce verbe sont «prendre, aller chercher, ôter,
enlever, emporter, occuper, séduire, captiver, etc.»10

Deuxièmement, si le prophète avait voulu donner une liste des éléments principaux
causant l’ivresse et qui entraînent (font perdre-S.FC.TOB.Jér) le coeur, il n’aurait pas
mentionné tout d’abord la «prostitution» parce que cela n’enivre pas littéralement. De
plus, pourquoi aurait-il énuméré deux produits de la même catégorie mentionnant en
dernier lieu le produit le moins fort des deux: «vin nouveau» (tirôche). Il aurait été plus
logique pour le prophète de citer le produit à l’effet le plus fort en dernier, tel que le
«vin» (yayine) et la «boisson forte»(chekar).

La solution au problème est de reconnaître que ce qui lie ensemble «la prostitution, le vin
et le vin nouveau» n’est pas l’intoxication physique mais l’apostasie spirituelle. Dans une
analyse perspicace de ce texte, Robert Teachout a démontré d’une manière convaincante
qu’Osée 4.11 fait fond sur le deuxième chapitre, où, basé sur le portrait poignant et
tragique de la femme infidèle d’Osée, Dieu se lamente du fait que les bonnes choses qu’Il
lui a données, tel que «le blé, le vin nouveau et l’huile,» elle s’en sert pour «Baal» (Osée
2.10). Dans le quatrième chapitre, le prophète fait ressortir un argument qu’il avait déjà
utilisé auparavant, c’est à dire, «que même les bonnes choses que Dieu leur a données
peuvent, comme conséquence d’une théologie pervertie concevant Baal comme source
de la fécondité et de la productivité du sol, être liées avec d’autres péchés plus évidents
pour enlever la loyauté d’Israël envers son Dieu. Donc, la prostitution, le vin et même le
jus de raisin fraîchement foulé leur fait perdre leur fidélité envers Dieu.»11 La raison
pour laquelle le «jus de raisin»(tirôche) leur a fait perdre leur fidélité ou leur raison (MH),
est que (comme on a déjà remarqué dans Osée 2.10) tirôche était une des bénédictions
dont Israël s’était servie pour adorer Baal.

Il convient de souligner que l’idée générale et fondamentale de Teachout avait déjà été
présentée en 1881 par Horace Bumstead dans ce qui est peut être la défense la plus érudite
sur la sanction biblique prétendu du vin alcoolisé, publiée dans Bibliotheca Sacra (71
pages). En dépit de sa position en faveur de la modération, Bumstead avoue que dans
l’Ancien Testament tirôche signifie «le produit du sol et du pressoir et le don de Dieu
envers le cultivateur.»12

Cette reconnaissance mène Bumstead à faire de conclusions remarquables dont il vaut la


peine d’en tirer une citation complète: «Etant utilisé constamment de cette façon, et
jamais où se situe l’action de boire, à l’exception de rares cas qu’on a déjà
mentionnés, tirôche serait naturellement dissocié d’évidence de force d’intoxication qu’il
posséderait seulement dans son état fini. Aussi, pour cette raison, je suis très prêt à
abandonner le seul texte qui prouve le caractère enivrant du mot tirôche: "La prostitution
et le vin (yayine) et le vin nouveau (tirôche) entraînent le coeur." (Osée 4.11) Je donne
volontiers mon accord sur l’interprétation qui fait état des abus faits par les enfants
d’Israël des grâces temporelles de Dieu, lesquelles les ont entraînés à l’idolâtrie
(prostitution spirituelle). Ceci était précisément le message donné en vision prophétique
dans le dernier cantique de Moïse, Deutéronome 32.14,15,16. Selon le texte d’Osée, la
prostitution semble être tout simplement les séductions du culte idolâtre, qui devenaient
plus attrayantes par le yayine, le vin apprêté (qu’on buvait ou non en excès, cela ne fait
pas de différences) et par le tirôche, dans ce cas-ci, le vin inachevé que le fermier
préparait pour un usage futur, les deux étaient considérés comme grâces des dieux vers
qui les Israélites idolâtres se tournaient.»13

Deux ans après la publication de l’article de Bumstead, L.C. Field présentait une
interprétation semblable d’Osée 4.11 dans son livre, Oinos: A Discussion of the Bible
Wine Question où il a écrit: «’entraînant le coeur,’ dans ce texte ne signifie pas une
intoxication, mais, comme nous le dit l’évêque Lowth, de "priver les hommes de leur
jugement et de troubler leur compréhension." Alors on dit que des cadeaux "font perdre
le sens" (Ecclésiaste 7.7). Le fait que trois choses distinctes sont nommées indique qu’il
y a une différence. Il n’y a aucun parallélisme dans ce texte. La prostitution n’est
pas yayine, et yayine n’est pas tirôche. Sans doute le premier signifie l’idolâtrie ou le
culte illicite; le deuxième [signifie] l’assouvissement sensuel, et tirôche[désigne] les
choses matérielles de ce monde. Les trois ont entraîné leurs coeurs loin du Dieu qui est
la «Bonté illimitée» et la «Source de joie spirituelle.» Tout ceci est un accomplissement
étonnant de la dernière prophétie de Moïse dans Deutéronome 32.14-16. On peut en
conclure que lorsqu’on parle de tirôche, il ne s’agit en aucun cas de vin mais du fruit
naturel de la vigne, dans son état solide et duquel provient le vin.»14

De plus, il est évident que les traducteurs des versions françaises, telles que celles de
Darby, Jérusalem, Maredsous-Hautecombe, et Segond, considèrent
qu’ici, tirôche désigne le «moût.»

Les considérations précédentes indiquent que le texte d’Osée 4.11 n’a rien à faire avec
l’intoxication physique mais qu’il se réfère à une apostasie spirituelle d’Israël. Les mots
«vin et jus de raisin» sont cités comme étant des grâces accordées par Dieu aux enfants
d’Israël, dont ils ont abusées et se sont servis pour leurs cultes idolâtres. Ce texte ne doit
pas servir à la défense de ceux qui professent l’usage modéré des boissons fermentées
parce que, d’une part, les trois mots semblent être employés plus au sens figuré qu’au
sens littéral. D’autre part, quand bien même le «vin et le vin nouveau» seraient alcoolisés,
leur usage en serait condamné par ce texte en raison même du résultat: ils «entraînent le
coeur» (font perdre la raison [S]) nonobstant la quantité consommée.

Juges 9.13. Beaucoup croient que dans Juges 9.13 le mot tirôche signifie le «vin.» Le
texte se lit comme suit: «Renoncerais-je [la vigne] à mon vin [tirôche] (ici la version
Darby traduit le mot tirôche par le mot «moût») qui réjouit Dieu et les hommes.»
Plusieurs pensent que seulement le vin fermenté peut réjouir l’homme et Dieu. Mais ceci
n’est pas nécessairement le cas. Par exemple, Jérémie 31.12 (TOB) nous dit: «Ils arrivent,
ils entonnent des chants de joie sur les hauteurs de Sion. Ils affluent vers les biens du
Seigneur, vers le blé, le moût[tirôche] (S,MH,D; vin nouveau -SR,FC,Jér) et l’huile
fraîche, vers le petit et le gros bétail.» Ici, les gens se réjouissent de l’abondance des biens
du Seigneur qui inclus le moût. C’est non seulement ceux qui reçoivent les biens du
Seigneur qui se réjouissent, mais sans doute, Dieu aussi se réjouit de pouvoir donner de
telles libéralités. Il n’y a rien dans ce texte qui nous permet d’interpréter tirôche comme
«vin fermenté,» par conséquent il n’y a absolument aucune raison de ne pas prendre son
acception naturelle de «moût-jus de raisin.» La version Darby a donc traduit le
mot tirôche par le mot «moût» parce que le produit naturel de la vigne est toujours du jus
de raisin frais, non fermenté.

Chekar - Deutéronome 14.26

Deutéronome 14.22-26 contient une ordonnance unique concernant la fête annuelle de la


moisson où tout l’Israël se rassemble au sanctuaire pour apporter leurs dîmes et pour
célébrer la moisson abondante de Dieu. L’ordonnance se compose d’une loi générale
pour ceux qui vivaient à proximité du sanctuaire et d’une stipulation spéciale pour ceux
qui vivaient à une grande distance. La loi générale déclare: «Tu lèveras la dîme de tout
ce que produira ta semence, de ce que rapportera ton champ chaque année. Tu mangeras
devant l’Eternel, ton Dieu, dans le lieu qu’Il choisira pour y faire demeurer son nom, la
dîme de ton blé, de ton vin nouveau [tirôche] et de ton huile, les premiers-nés de ton gros
et de ton menu bétail, afin que tu apprennes à craindre toujours l’Eternel, ton Dieu» (Dt
14.22-23).

La stipulation spéciale dit: «Peut-être, le chemin sera-t-il trop long pour ce transport,
parce de ton éloignement du lieu qu’aura choisi l’Eternel, ton Dieu, pour y faire résider
son nom, parce que l’Eternel, ton Dieu, t’aura béni. Alors, tu échangeras (ta dîme) contre
de l’argent, tu serreras cet argent dans ta main et tu iras au lieu que l’éternel, ton Dieu,
aura choisi. Là, tu échangeras l’argent contre tout ce que tu désireras, gros et menu bétail,
vin [yayine] et liqueurs [chekar], tout ce qui te fera plaisir, tu mangeras là devant
l’Eternel, ton Dieu, et tu te réjouiras, toi et ta famille» (Dt 14.24-26).

Cette stipulation spéciale pour «la dîme retardée» est vue comme la locus classicus où
les Ecritures sanctionnent clairement un usage modéré de boissons alcoolisées. Kenneth
Gentry dit: «Le coup de ce texte est sans ambiguïté et la sanction divine est
indubitable: chekar [la boisson forte alcoolisée] n’était non seulement permise au peuple
de Dieu mais pouvait être bue avec jouissance "devant l’Eternel" (v.26) si elle était prise
dans "la crainte de Dieu" (v.23).»15

Le problème. Il faut admettre que ce texte-ci pose un problème, puisqu’il semble donner
la permission de Dieu pour ceux qui étaient situé à grande distance du sanctuaire de
dépenser une partie de leur argent de dîme pour acheter non seulement de la nourriture
(«gros et menu bétail») mais aussi du «vin et [des] liqueurs» (v.26). Le mot «liqueur» qui
est la traduction du mot hébreu chekar est un terme qu’on trouve 23 fois dans l’Ancien
Testament. Avec l’exception de son usage dans Deutéronome 14.26 et probablement dans
quelques autres textes,16 chekar signifie une boisson alcoolisée désapprouvée par Dieu.

Par exemple, Proverbes 20.1 condamne la «boisson forte» (chekar), la jugeant comme
étant «tumultueuse.» De même, Esaïe prononce une malédiction sur «ceux qui se lèvent
de bon matin pour rechercher des liqueurs fortes(chekar)» (Es 5.11). On interdit les
«liqueurs» et le vin aux sacrificateurs (Lv 10.9-11) et aux naziréens (Nb 6.2-4; Jg 13.3-
5). Connaissant la désapprobation accablante divine de l’usage du vin et des liqueurs,
comment peut-on expliquer leur sanction apparente durant la fête annuelle de moisson
décrite dans Deutéronome 14.26?

La résolution des partisans de la modération. Les partisans de la modération essaient


de résoudre cette contradiction apparente en distinguant la désapprobation divine de la
consommation immodérée de «vin et [de] liqueur» et l’approbation divine de son usage
modéré. Par exemple, Kenneth Gentry soutient que chekar«pouvait être bue avec
jouissance "devant l’Eternel" (v.26) si elle était prise dans "la crainte de Dieu" (v.23).»17

Cette résolution est inacceptable pour deux raisons. D’abord, la locution «afin que tu
apprennes à craindre toujours l’Eternel, ton Dieu» (Dt 14.23), ne qualifie pas directement
l’usage de «vin et [de] liqueur.» Cette locution se rapporte au rendement de la dîme au
temps de la moisson et de la consommation au sanctuaire du produit moissonné de blé,
de vin nouveau [tirôche - jus de raisin], de l’huile et des premiers-nés du troupeau (Dt
14.23). Deuxièmement, la consommation de boisson alcoolique (comme on a déjà
remarqué dans le troisième chapitre) est condamnée dans les Ecritures, indépendamment
de la quantité bue. Ceci veut dire: soit que chekar est employé ici d’une façon différente
que normalement ou que les Ecritures se contredisent. Le dernier point n’est pas possible
parce que cela rendrait nulle la révélation divine et l’inspiration de la Bible (2 Tm 3.16;
2 P 1.20-21).

Une concession divine? D’autres essaient de résoudre cette contradiction apparente en


pensant qu’ici la permission de Dieu représente une concession divine envers la faiblesse
humaine et non un assentiment divin.18 Cette résolution est contredite par deux facteurs:
le contexte et le bon sens. Le contexte du texte est un appel au peuple de Dieu d’être
«saint pour l’Eternel» (Dt 14.2,21) en ne mangeant rien d’impur (versets.3-21). Est-ce-
que Moïse aurait pu conseiller au peuple de vivre saint en ne mangeant rien d’impur, et
ensuite leur conseiller de boire librement de «vin et [de] liqueur» fermentés?
Le bon sens nous dit que Moïse n’aurait pas recommandé de se servir de l’argent de leur
dîme pour acheter de la boisson alcoolique.

De plus, plusieurs textes nous parlent du «vin», non comme concession divine, mais
comme grâce de Dieu qui joui de Son approbation pour enjouer le peuple (Ps 104.14-15,
etc.). Donc, cette interprétation n’est pas en accord avec l’enseignement général de la
Bible. Elle ignore le précepte de l’analogie des Ecritures, d’après quoi on doit interpréter
un texte difficile en vue de l’enseignement total de la Bible.

Jus de raisin satisfaisant. Robert Teachout présente une résolution remarquable à la


tension apparente de Deutéronome 14.26. En bref, Teachout démontre dans sa
dissertation que chaque fois que yayine et chekar(«vin et liqueur») se trouvent ensemble,
les deux mots constituent uniformément un hendiadys, c’est à dire, ils expriment la même
idée de «vin.» Dans la plupart des cas, ils signifient du vin fermenté, mais dans
Deutéronome 14.26 les deux mots ensemble, yayine et chekar, expriment l’idée unique
de «jus de raisin satisfaisant.»19

La conclusion de Teachout est basée d’après des considérations textuelles et


contextuelles. Textuellement, il démontre que chekar, comme le yayine, «peut aussi
signifier du jus de raisin de même que du vin (voir Dt 29.6; Nb 28.7; Ex 29.40).»20 Le
verbe chakar, qui est étymologiquement relatif au substantif chekar, signifie
essentiellement «de boire copieusement,» comme l’indique son usage dans Aggée 1.5-6
(voir D,MH,S) et dans le Cantique des Cantiques 5.1 (voir D).21 Ainsi, l’idée d’ivresse
n’est pas l’acception innée du substantif ou du verbe, mais doit être déterminée par son
contexte et par la boisson qui est bue.

Teachout prouve d’une manière convaincante que «le contexte exige cette entente parce
que cela indique spécifiquement que cette boisson doit être bue "devant l’Eternel." Pour
pouvoir se réjouir saintement devant l’Eternel de ce qu’Il nous a donné, il faut être sobre.
Puisque Dieu a défendu explicitement les boissons fermentées (en exigeant la mort - Lv
10.9) aux sacrificateurs qui servent en Sa Présence, l’idée que Dieu exigel’usage de ces
mêmes boissons fermentées pour les fidèles ne s’accorde guère avec Son Caractère. Ceci
est surtout le cas, quand on se souvient du fait que ces fidèles étaient en compagnie de
ces mêmes sacrificateurs et que c’était une des occasions rares où ils se trouvaient devant
le Seigneur.

«Le contexte suggère très fortement qu’il s’agit seulement de jus de raisin frais au verset
26, en vue des versets précédents. Au verset 23 il est clair que tout ceux qui viendraient
à cette fête de moisson amèneraient et boiraient du tirôche et non du yayine. Tandis
que yayine peut être considéré comme un terme quelque peu ambigu (signifiant soit du
jus frais ou du vin fermenté d’après le contexte), tirôche signifie seulement du jus frais
de raisin dans chacune des trente-huit fois qu’il se trouve dans l’Ancien Testament. [Voir
page 83, note 1.]

«La boisson devant être bue par ceux qui habitaient à proximité [du sanctuaire] pour
apporter leur dîme de la moisson était explicitement limitée à du jus de raisin frais. Donc,
il semble peu approprié de supposer que ceux qui avaient besoin d’échanger leur dîme en
argent parce qu’ils vivaient trop loin, qu’ils seraient libre d’acheter et de boire du vin
fermenté au lieu de jus de raisin frais. La boisson qui était appropriée de boire lors d’une
fête de la moisson était du jus de fruits fraîchement pressés. Ainsi, la nature de la fête et
la participation des sacrificateurs (verset 29) indiquent la fraîcheur de la boisson dans le
verset 26.»22

Ces observations perceptives en ce qui concerne les implications du contexte, fournissent,


d’après-moi, des raisons concluantes que la locution «vin et liqueur» ne signifie pas de
boissons alcoolisées. La proposition de Teachout que les deux mots ensemble expriment
l’idée unique (un hendiadys) de «jus de raisin satisfaisant» mérite de sérieuses
considérations. L’occurrence fréquente de yayine et de chekar, soit ensemble ou dans un
parallélisme de synonyme (Pr 20.1), suggère la possibilité que les deux mots peuvent
signifier en effet une boisson en commun de raisin, qui pourrait être fermenté ou non,
d’après le contexte.

Une boisson sucrée. Sans dévaluer la proposition de Teachout, j’aimerais en soumettre


une autre: que chekardans Deutéronome 14.26 pourrait être une boisson sucrée faite de
dattes ou de miel. Dans ce cas, le texte se lirait, «tu échangeras l’argent contre tout ce que
tu désireras, gros et menu bétail, jus de raisin et boissons sucrées.» L’appui de cette
proposition dérive de l’usage de chekar dans Esaïe 24.9 et de l’acception de la racine de
ce mot dans les autres langues apparentées de l’hébreu.

En décrivant les effets du jugement divin sur la terre, Esaïe dit: «On ne boit plus de
vin [yayine] en chantant, les boissons fortes [chekar-B,TOB,FC; traduit par liqueur-
S,MH; boisson-Jér; liqueur forte-S] sont amères aux buveurs» (Es 24.9). La traduction
de la TOB de chekar comme «boisson forte» obscurcit le contraste établi entre le «sucré»
et «l’amer.» L’adjectif «forte,» qui est souvent utilisé en conjonction avec le mot chekar,
ne fait pas partie du mot lui-même, mais il est ajouté. Ceci, combiné avec le mot «liqueur»
donne une mauvaise impression au lecteur d’aujourd’hui, qui est porté à croire que le
peuple vivant au temps de l’Ancien Testament buvait des boissons alcooliques distillées.
Ceci est sans doute faux puisque le procédé de distillation de l’alcool ne s’est pas
développé avant l’an 500. Esaïe 24.9 suggère que chekar dans l’Ancien Testament était
une boisson connue pour sa douceur, une qualité qui disparaît lorsque le sucre est converti
en alcool.

Leon Field observe à ce propos que «le contraste établi entre le "sucré" et "l’amer" dans
Esaïe 24.9 (littéralement, "amer est la boisson sucrée-chekar- pour ceux qui la boivent,")
démontre que chekar était considéré en raison de sa douceur, une qualité qui diminue en
proportion de la quantité d’alcool qui est présente. Le fait qu’il [chekar] était exigé d’être
bu «devant l’Eternel» (Dt 14.26) et d’être offert en libation (Nb 28.7) signifie que ce mot
se référait à du jus de fruit non fermenté.»23

La dérivation de chekar. La dérivation et l’usage subséquent de chekar soutient


l’opinion qu’on se servait de ce mot pour une boisson sucrée. Par exemple, en araméen,
le substantif shikra, qui est parent avec le mot hébreu chekar, d’après G.R. Driver,
«semble signifier différentes liqueurs alcoolisées, y compris la bière à base d’orge et le
vin de dattes de même que l’hydromel ou le vin de coupage.»24 Dans l’akkadien le
substantifshikarum signifiait la «bière» faite de blé. Cependant, il semble que la bière
n’était pas populaire en Israël. La fabrication de la bière est un procédé assez complexe
et la Bible n’en parle pas. De plus, comme le dit Teachout, «tout aspect historique [de
l’Ancien Testament] qui est en rapport avec la consommation de boissons alcoolisées
causant un état d’ivresse, se rapporte spécifiquement au produit fermenté de la vigne.»25

Vu l’abondance de palmiers en terre Sainte et la facilité de la fabrication du vin de palmier


ou du vin de dattes, il semble probable que l’interprétation de chekar ne se réfère pas à la
bière mais à une boisson faite de dattes. Cette interprétation est soutenue par l’usage des
dérivatifs de chekar en araméen, en syriaque et en arabe pour désigner le vin de dattes.
Stephen M. Reynolds, un des traducteurs de la version anglaise de la Bible, la New
International Version, nous dit: «La langue syriaque a un mot congénère selon lequel
l’acception première de la racine sh-k-r procède de la plus ancienne forme de la langue
sémitique qui aurait pu être une boisson faite à partir de dattes ou de miel [A Compendious
Syriac Dictionary Founded Upon the Thesaurus Syriacus of R. Payne Smith, Edited by
J. Payne Smith, Oxford: Clarendon Press. Article, "Chakar"] Le vin de dattes fermenté
aurait pu devenir, avec le temps, la définition du mot, et il est aussi possible que le mot
aurait le sens de "bière."

«Il existe assez d’évidences pour justifier que le mot chekar ne signifie pas exclusivement
une boisson enivrante; et, puisque les circonstances de son usage dans Deutéronome
14.26 sont telles que l’usage d’une boisson fermentée est incompatible avec l’esprit des
commandements de Dieu; on doit supposer qu’il s’agit d’une boisson non fermentée.»26
Il y a beaucoup d’autres références qui soutiennent l’idée que chekar se réfère au vin de
dattier ou de palmier, soit fermenté, ou non.27

Plusieurs dictionnaires français et encyclopédies bibliques montrent que la racine des


mots français «sucre» et «cidre» dérive du mot hébreu chekar ou de mots apparentés de
langues sémitiques.28 Si cela est vrai, et cela paraît être très plausible, ceux-ci
soutiennent l’hypothèse qu’originellement chekar signifiait une boisson reconnue pour
sa douceur. Il est difficile d’imaginer que le mot «sucre» dériverait d’un terme qui serait
apparenté à l’idée d’une boisson alcoolisée ne contenant pratiquement pas de sucre ou
n’ayant aucun goût sucré.

La The Popular and Critical Bible Encyclopedia fournit une description concise et
compréhensive des dérivatifs de chekar dans plusieurs langues. Dans sa première
définition de chekar on lit: «(1) Vin Doux ou Sirop. chekar, boisson délicieuse,
boisson saccharine ou sirop sucré, avec du sucre ou du miel de dattes ou de
palmier...Cependant, il semble plus probable que le sirop de palmier ou de miel apparenté
au mot chay-kawr, était utilisé pour faire des sucreries soit de nourriture ou
de boisson, comme l’hébreu sobhe et le romain sapa(vin cuit), dilué avec de l’eau, comme
[on le fait] avec les sirops modernes de raisin et de miel ou de sorbets (Pr 9.2,5). Il existe
de nombreux dérivatifs du mot chekar selon cette première acception. En direction est et
sud, suivant la voie des Arabes et des conquêtes des Sarrasins, on trouve les formes les
plus évidentes du mot hébreu qui signifie encore le sucre. Ainsi on a l’arabe sakar, le
perse et le bengali, chukkur (d’où le mot anglais pour les bonbons de
sucre, chukurkund, rock-sugar); l’indien commun jagree ou zhaggery; le
mauresquesekkour; l’espagnol, azucar; et le portugais, assucar (la mélasse étant mel-de-
assucar "miel du sucre," abrégé). Au nord... le mot se trouve dans les langues grec et
teuton. Donc, dans le grec, sakehar; le latin, saccharum; l’italien, zucchero;
l’allemand, zuker et juderig; le hollandais, suiker; le russe, sachar; le danois, sukker; le
suédois, socker; le gallois, siwgwr; le français, sucre; et nos mots communs
(anglais) sukkar (sucreries), sugar, et saccharine.»29

Voici la deuxième définition du mot chekar suggérée par cette encyclopédie biblique:
«(2) Vin de dattes ou de palmiers. Vin de dattes ou de palmier dans son état frais et non
fermenté.» Cette acception est en accord avec le contexte de Deutéronome 14.26 et Esaïe
24.9. En effet, le dernier texte est cité immédiatement par cette encyclopédie par suite de
cette deuxième définition: «L’évêque Lowth traduit Es 24.9 ainsi, "On ne boit plus de vin
(c.-à-d. de jus de raisin) en chantant, le vin de palmier devient amer au buveur."... Ceci
est l’acception propre du mot chekar et du grec sikera. Toute jouissance cesse; le vin le
plus doux deviendra amer dans la bouche.» 30

Dans la conclusion de son article sur le sens du mot chekar, cette encyclopédie dit: «
[que chekar signifie du vin de dattes, de palmier, de dattier, soit fermenté ou non] le
langage que le prophète utilise dans ce chapitre qu’on a déjà cité [Es 24.9] devient d’une
telle façon en apposition. Sa prédiction est que "la terre est complètement dévastée,
totalement pillée," (v.3) que la lumière de joie devient les ténèbres de douleur, de même
que la boisson sucrée qui corrompt, qui devient amère et sûre à ceux qui la boive. Le
texte indique clairement la nature de la boisson qui était sucrée que les juifs estimaient
d’après eux comme étant dans sa condition la plus précieuse mais, qui
devenait amère dans son état fermenté. Donc Esaïe (5.20-22) décrit l’ivrogne comme
étant quelqu’un qui "change l’amertume en douceur et la douceur en amertume."»31

Sommaire. Les considérations précédentes ont suggéré cinq raisons principales qui
explique que la locution «vin et liqueur» de Deutéronome 14.26 signifie une boisson non
fermentée. D’abord, dans le sens au plus large du contexte, ce texte exige au peuple d’être
«saint pour l’Eternel» en ne mangeant rien d’impur (Dt 14.3-21), ce qui empêche la
consommation libre de boissons alcoolisées «devant l’Eternel» (versets 23,26) durant
cette fête solennelle de la moisson.

Deuxièmement, le contexte immédiat (v.23) spécifie que la dîme devait être payée avec
des produits frais de la moisson (blé, jus de raisin [tirôche], huile, et les premiers-nés du
gros et menu bétail) par ceux qui vivaient à proximité de l’emplacement du sanctuaire.
En épuisant ces provisions, le blé aurait été connu comme du pain et le jus de
raisin (tirôche) comme du vin non fermenté (yayine). C’est absurde d’imaginer que les
fidèles qui vivaient proche du sanctuaire, célébraient la fête de moisson en mangeant des
produits frais, tandis que ceux qui venaient de grandes distances buvaient des boissons
fermentées.

Troisièmement, la participation des sacrificateurs Lévites durant la fête de la moisson


(v.27) empêcherait la consommation de boissons alcoolisées (Lv 10.9-10).

Quatrièmement, le mot chekar, tout comme yayine, est un terme générique qui peut
dénoter soit une boisson fermentée ou non-fermentée. En ce qui concerne le texte en
question, le contexte présuppose une boisson non-fermentée.

Cinquièmement, la dérivation de chekar, son usage dans Esaïe 24.9, et les mots
congénères de les langues sémitiques et indo-européennes, indiquent que ce mot signifiait
originellement une boisson sucrée qui pouvait devenir amère si on la laissait fermenter.
Proverbes 31.6

Dans Proverbes 31.6-7 on trouve ce conseil apparemment paradoxal: «Donnez des


boissons fortes à celui qui périt et du vin à celui qui a l’amertume dans l’âme; qu’il boive
et oublie sa pauvreté, et qu’il ne se souvienne plus de sa peine.» Une lecture superficielle
de ce texte suggère qu’on peut noyer nos problèmes dans l’alcool.

Quelques-uns interprètent ce texte comme étant une recommandation pour prendre des
boissons alcoolisées avec modération pour tranquillisant pour soulager la douleur, le
stress et la tension. Est-ce là l’intention du texte? Si non, qu’elle est la signification de
cette admonition? Pour répondre à ces questions, tout d’abord, on va examiner le contexte
et par suite le texte-même.

Le contexte. Le contexte immédiat du verset 6 contient une admonition ferme envers les
rois et les princes. Ils devaient s’abstenir du vin et des boissons fortes parce que cela les
priverait de se souvenir des lois et par conséquent cela diminuerait leur capacité d’être
juste dans l’exercice de leurs fonctions judiciaires.

Le contexte établit un jugement de valeur en prohibant l’usage et non l’abus des boissons
alcoolisées. Cela ne dit pas, «Ce n’est pas aux rois de boire beaucoup de vin,» (v.4) mais
plutôt, «Ce n’est pas aux rois de boire du vin.» En vue de cette défense catégorique envers
l’usage du vin dans les versets 4 et 5, l’écrivain inspiré n’aurait pas recommandé un usage
modéré de vin fermenté pour soulager la douleur ordinaire et pour libérer la tension et le
stress de la vie.

Un impératif conditionnel. Selon le contexte immédiat, le premier impératif


«Donnez» (tenu) ne doit pas être compris comme une obligation de donner de l’alcool
aux personnes en détresse mais, il doit plutôt être entendu dans le sens d’un impératif
conditionnel. Il faudrait donc lire, «[Si vous donnez de la boisson forte à quelqu’un, alors]
donnez des boissons fortes à celui qui périt...»

La structure grammaticale de la phrase soutient cette thèse, parce qu’elle ne dit pas,
«Donnez du vin et des boissons fortes aux affligés pour qu’ils oublient leurs problèmes;»
mais elle dit, « Donnez-leurs du vin et des boissons fortes et laissez-les boire et oublier
leurs tracas.» C’est une façon de parler qui est commune à toutes les langues. Par exemple
on dit, «Donnez-lui-en grand comme le doigt, il en prendra long comme le bras.» Par ceci
on veut dire, «Si on lui en donne grand comme le doigt, lui en prendra long comme le
bras.» Cela peut être défini comme un impératif conditionnel, plutôt qu’un impératif
obligatoire.

L’impératif «Donnez» peut aussi être entendu comme une comparaison conditionnelle.
Les rois et les princes doivent s’abstenir de boissons alcoolisées (versets 4-5) parce
quelles diminuent leur acuité mentale et leur intégrité judiciaire. Si l’alcool n’est pas
convenable pour les gens responsables, pour qui est-il acceptable? Le verset 6 donne la
réponse: «[Si vous offrez une boisson forte à quelqu’un, alors] donnez-en à celui qui
périt...» pour le soulager de sa souffrance.

Le texte entier peut être comparé aux deux faces d’une médaille. Sur un coté il est inscrit:
«Les boissons alcoolisées sont impropres aux gens qui pensent et qui sont responsables.»
Sur l’autre coté il est écrit: «Les boissons alcoolisées sont acceptables pour ceux qui sont
en train de mourir sans espoir.» Donc, Le verset 6 doit être vu comme étant un conseil
sarcastique et ironique. Après avoir mis en garde son fils royal contre les méfaits de
l’alcool, la mère de Lemuel lui faisait remarquer, avec ironie, que les misérables sont les
seuls pour qui l’alcool est acceptable. Peut-on trouver une plus forte condamnation des
boissons alcoolisées?

La nature du problème. Quelle est la nature du problème de ceux à qui l’alcool est
permis? Le texte nous parle de celui qui «périt» (obed) et ceux qui ont «l’amertume dans
l’âme» (marei naphesh). En hébreu, les deux termes réfèrent à une situation désespérée.
En autres mots, ce n’est pas quand une personne dit, «Je meurs de soif, donnez-moi une
bière,» ou «Je ne peux pas dormir, laissez-moi prendre un somnifère.» Mais, plutôt quand
une personne crie dans sa détresse, «La douleur est en train de me tuer! Donnez-moi
n’importe-quoi qui puisse abattre cette douleur.» Il s’agit donc de quelqu’un qui est en
train de mourir d’une agonie affreuse, comme la crucifixion.

Le Talmud interprète Proverbes 31.6 comme étant une recommandation pour donner des
boissons alcoolisées pour soulager la douleur de ceux qui feraient face à une
exécution. Sanhedrin 43a nous dit que: «Rab Ehisda déclare: "A celui qu’on a amené
pour être exécuté, on a donné un peu d’encens mélangé à du vin pour le priver de
conscience."»32 Dans son article sur le mot «Wine» (vin) dans Theological Dictionary
of the New Testament, Heinrich Seeseman met en rapport le texte en question avec le
«vin mêlé de myrrhe» (Marc 15.23) qui a été donné au Christ sur la croix et que Jésus
refusa de boire. Seeseman indique que le fait que Jésus refusa d’en boire démontre qu’Il
«a accepté la pleine force de la souffrance de la croix.»33 Si le Christ n’avait pas été notre
Sauveur, Il aurait peut-être accepté cette boisson. Les Ecritures ne sont pas contre l’usage
d’analgésiques. Cependant, le fait que le Christ refusa du vin fermenté même pour
soulager l’agonie de la croix, nous offre un témoignage très puissant de Sa
désapprobation de boissons alcoolisées. Il est remarquable qu’après, il accepta le
vinaigre (oxos), une boisson sans alcool, qu’on lui offrait. (Jean 19.29,30)

L’usage médical de l’alcool. Proverbes 31.6 peut éventuellement soutenir l’idée qu’on
puisse faire usage de l’alcool pour des raisons médicales. Remarquez, cependant, que le
texte ne dit pas que ceux qui sont affectés de malaises temporaires peuvent soulager leur
douleur en buvant de l’alcool. Plutôt, le texte stipule qu’on peut «donner» de l’alcool
comme analgésique à ceux qui souffrent d’une mauvaise santé. Appliquant ceci à nos
jours, le texte suggère que des drogues pourraient être administrées à un
malade seulement sous les ordres d’un médecin compétent.

Même quand une personne est sous les ordres d’un médecin, il est nécessaire de faire un
usage contrôlé et modéré de narcotiques tel que de l’alcool. Il existe plusieurs drogues
qui causent des effets secondaires une fois qu’elles sont absorbées. Si l’ingestion de
l’alcool est exigée pour des raisons médicales, son effet est réduit au minimum parce que
la quantité est habituellement minime et parce que le malade est au lit, ce qui le rend dans
une position où le risque de mettre la vie des autres en danger est considérablement réduit.

En somme, Proverbes 31.6 ne recommande pas un usage modéré de boissons alcoolisées


pour le plaisir. Plutôt, et de façon ironique, le texte suggère que l’alcool est utile
seulement pour alléger la douleur de quelqu’un qui souffre.

1 Timothée 3.8 et Tite 2.3

En parlant des qualités que doivent avoir les diacres, Paul dit: «De même, [il faut] que
les serviteurs soient graves, non doubles en paroles, non adonnés à beaucoup de vin, non
avides d’un gain honteux» (1 Tm 3.8 D). Les partisans de la modération attachent
beaucoup d’importance à l’expression «non adonnés à beaucoup de vin,» parce qu’ils
croient avoir ici une preuve évidente que les Ecritures approuvent l’usage modéré du jus
de raisin fermenté.

On considère la référence du mot «beaucoup» (pollo) comme étant très importante parce
que, comme le mentionne Kenneth Gentry, «’Beaucoup’ est en rapport avec la quantité
consommée.»34 Pour M. Gentry cela signifie que Paul «défend seulement l’abus de
boissons alcoolisées. (Qui peut dire qu’il exigeait des diacres de n’être pas "adonnés à
beaucoup" de jus de raisin?) Aucun apôtre du Nouveau Testament n’a prôné ce
commandement: "Ne buvez pas du tout de vin."»35 De la même façon, Fred Gealey
interprète «non adonnés à beaucoup de vin,» non comme un engagement d’abstinence,
mais comme un avertissement de ne pas être quelqu’un qui boit beaucoup d’alcool.36

Vu l’importance de cette locution, qui par supposition comporte une sanction claire et
biblique de l’usage modéré de boissons alcoolisées, il faut nous assurer de sa signification
en l’examinant d’après son contexte, son milieu culturel, et de l’enseignement général
des Ecritures.

Le contexte immédiat. Souvent, on néglige de tenir compte du contexte immédiat de 1


Timothée 3.8 quand on interprète l’expression «non adonnés à beaucoup de vin.» La liste
de qualifications attribuées aux diacres suit immédiatement celle attribuées aux évêques.
Elles sont jointes par l’adverbe «De même» (hosautos). Ceci implique que ce qui est dit
à propos des évêques s’applique aussi dans une large mesure aux diacres.

En ce qui concerne la charge d’évêque, Paul ajoute qu’une personne aspirant à cette
charge devait, entre autres choses, être nephalios, c’est à dire, faire preuve d’abstinence,
et me paroinos, c’est à dire, qu’elle ne devait pas être présente là où l’alcool est
consommé. (1 Tm 3.2-3). On a remarqué dans le sixième chapitre ce que Paul voulait
dire par ces mots: qu’un évêque ou ministre chrétien doit faire preuve non seulement
d’abstinence, mais qu’il doit aussi s’abstenir d’être présent dans les places et les
associations qui pourraient tenter son abstinence et celle des autres.

C’est dans le contexte de cette admonition d’abstinence donnée aux évêques que Paul dit:
(D) «De même, [il faut] que les serviteurs (diacres) soient...non adonnés à beaucoup de
vin.» Ceci pose un problème: Est-ce que la déclaration de Paul possède un sens double,
c’est-à-dire qu’il prônerait l’abstinence pour les évêques (anciens, pasteurs) et la
modération pour les diacres? En effet, quelques traductions laissent glisser cette
impression. La Darby, par exemple, traduit me paroinon comme «non adonné au vin»
(v.3) et me oino pollo prosechontascomme «non adonnés à beaucoup de vin» (v.8).
L’implication évidente de cette traduction suppose que si un évêque ne doit pas avoir une
inclination pour le vin, par contre un diacre peut si adonner modérément. Cela n’a pas de
sens. Paul ne règle pas ici un double niveau de conduite morale.

Est-ce bien d’être peu adonné? Etre adonné à quelque chose qui est intrinsèquement
mauvais est toujours moralement faux, que ce soit modérément ou à l’excès. Supposer
qu’être «non adonnés à beaucoup de vin» implique l’idée qu’on peut faire un usage
modéré de boissons alcoolisées c’est adopter une méthode dangereuse d’interprétation.
Une telle interprétation est basée sur la supposition suivante: ce qui est défendu
dans beaucoupest automatiquement admissible dans peu; ce qui est déclaré mal dans
l’excès est naturellement bien en modération. Cette supposition est-elle vraie? N’importe-
qui peut voir que cette méthode d’interprétation est absolument insoutenable. Lorsque
Pierre déclarait que les païens étaient surpris de voir que les chrétiens ne se livraient plus
avec eux «aux excès d’une si mauvaise conduite» (1 P 4.4 FC), cela ne voulait
évidemment pas dire que les chrétiens étaient modérés dans leur mauvaises conduites.
On ne peut pas automatiquement supposer que ce qui est illégal dans l’excès soit légal
dans la modération.

La clause la plus proche qui suit 1 Tm 3.8 illustre ce point: «Non avides d’un gain
honteux» (Darby). Par cette locution, est-ce que Paul avait l’intention de sanctionner un
désir modéré pour le gain honteux? Il est évident que la condamnation de Paul de l’excès
de l’usage du vin et du désir de gain honteux ne représente pas une louange de leur usage
en modération. Aujourd’hui on parle de la même façon quand on condamne l’excès sans
impliquer l’approbation de la modération. Par exemple, un abstentionniste peut
condamner une personne du fait qu’elle fréquente beaucoup de bars, sans vouloir lui
donner l’impression qu’il approuve qu’elle y va de temps en temps.

L’étude des admonitions du Nouveau Testament concernant la sobriété et la tempérance


(chapitre 6) indique que les Ecritures exigent des chrétiens à faire un usage modéré de
bonnes choses et de s’abstenir totalement de tout ce qui est nuisible. La modération dans
la Bible n’est pas seulement une affaire de degrés mais aussi denature. Si le vin fermenté
est naturellement mauvais, le boire avec modération ne le rendra pas bon.

La signification de l’expression «beaucoup de vin.» Jusqu’ici on a tenté d’expliquer


que dans son contexte immédiat, la locution «non adonnés à beaucoup de vin» (v.8) ne
pouvait pas soutenir l’idée de faire un usage modéré de jus de raisin fermenté parce que
cela était en contradiction avec les exigences d’abstinence que Paul avait recommandées
aux évêques. Que signifie donc cette expression? D’abord, la réponse se trouve dans le
fait que cette locution décrit une des quatre conditions préalables à laquelle un candidat,
qui aspire à la position de diacre, doit souscrire. Ce qui signifie que la première fonction
de cette locution «non adonnés à beaucoup de vin» n’est pas d’établir une règle générale
en prônant un usage modéré de vin, mais plutôt, d’exclure de la position de diacre
quiconque est reconnu d’être adonné à beaucoup de vin.

Albert Barnes met en relief ce point important en disant: «Ce n’est pas soutenu qu’il serait
approprié pour un diacre, pas plus que pour les évêques, de s’adonner à l’usage du vin en
petite quantité, mais il est soutenu qu’un homme qui était beaucoup adonné au vin, qu’il
ne devait, en aucune considération, être diacre.»37 Barnes poursuit: «On peut remarquer
que cette considération était jugée comme étant primordiale pour un pasteur. Même les
prêtres (ou les sacrificateurs) païens ne pouvaient pas boire de vin quand ils entraient
dans le temple (Bloomfield). L’usage du vin et de toutes sortes de boissons fortes étaient
absolument défendu au ministres juifs de tout rang quand ils étaient sur le point de
s’engager dans le service de Dieu (Lv 10.9). Pourquoi est-ce, qu’un ministre chrétien
aurait été autorisé de boire du vin tandis que les sacrificateurs païens et juifs n’en
pouvaient pas? Est-ce qu’un ministre de l’Evangile doit être moins saint que ses
prédécesseurs? Doit-il avoir un sens moins aigu de la pureté de sa vocation?38

«Beaucoup de vin» et «un peu de vin.» Un autre facteur important qui peut nous aider
à approfondir la signification de l’expression «beaucoup de vin» est la référence à
l’expression «un peu de vin» que fait Paul à Timothée dans 1 Timothée 5.23. Ce texte est
la seule autre occurrence du mot «vin» dans 1 Timothée. Notre analyse de ce texte a
montré deux choses: (1) Paul conseilla Timothée de prendre seulement un peu de vin,
non pas pour le plaisir mais à des fins médicales; (2) Le vin recommandé était
probablement du jus de raisin non fermenté, comme le suggère d’une part, les
commentaires d’auteurs non chrétiens au sujet de l’utilisation du vin non fermenté à des
fins médicales, et d’autre part, par les admonitions de Paul en faveur de l’abstinence. Il
faut être logique: Si Paul approuvait l’abstinence prônée par Timothée en lui conseillant
de prendre seulement un peu de vin pour des raisons médicales, il aurait eu du mal à
conseiller aux diacres de boire modérément du vin tout simplement pour le plaisir. Si
Paul avait vraiment cru que c’était approprié pour un chrétien de boire avec modération
du vin alcoolisé, il n’aurait pas donné à Timothée un conseil aussi restrictif («peu») et si
précis («parce de ton estomac»). D’après ces faits, l’expression «non adonné à beaucoup
de vin» est probablement une façon de parler pour exprimer l’abstinence de vin fermenté.

En interprétant cette locution pour impliquer qu’il est permis de boire modérément de
vin, ceci met cette interprétation en contradiction directe de ce qu’enseignent les Ecritures
et des admonitions de Paul d’abstinence. Cette contradiction peut être illustrée comme
suit: Si vous êtes évêque, vous devez vous abstenir(nephalios) de prendre du vin et même
de vous tenir près de lui (vin) (me paroinon-1 Tm 3.2-3). Si vous êtes diacre, vous pouvez
en boire modérément (me oino pollo-v.8). Si vous êtes une femme, probablement une
diaconesse, vous devez vous en abstenir (nephalious-v.11). Si vous êtes un homme âgé,
vous devez vous en abstenir (nephalious- Tt 2.2). Si vous êtes une femme âgée, vous
devez en boire modérément (me oino pollo- Tt 2.3). Maintenant, qu’arrive-t-il quand une
femme est diaconesse et âgée en même temps? Doit-elle s’en abstenir un jour et boire
modérément le lendemain? on peut éviter une telle contradiction absurde en reconnaissant
que l’expression «non adonné à beaucoup de vin» n’implique pas la permission d’en boire
modérément, mais que cette expression exprime tout simplement qu’il faut éviter de
prendre du vin fermenté.
Avoir du respect pour les convictions des autres. Le principe général énoncé par Paul
aux Romains (Ro 14.21) soutient cette conclusion: «Il est bien [kalon, convenable,
moralement excellent] de ne pas manger de viande, de ne pas boire de vin [oinos], et de
s’abstenir de ce qui pour ton frère est une cause d’achoppement, [de chute ou de
faiblesse].» L’apôtre signale à la fin de son exhortation le principe de ne pas manger ou
de boire des choses qui, même si elles sont bonnes, peuvent causer la chute de son
prochain (Rm 14.21).

La controverse qui existait entre les croyants «forts» et les croyants «faibles» au sujet des
jours de jeûne et de leurs régimes alimentaires (dans Romains 14) ne peut être retracée à
la loi mosaïque parce que le Pentateuque ne prescrit en aucun cas de suivre un régime
strictement végétarien et il ne montre aucune préférence quant aux jours de jeûne. Le fait
que Romains 14 ne menace pas l’équilibre de la loi mosaïque est aussi attesté par son
utilisation du terme koinos («commun») pour désigner la nourriture «impure» (Rm
14.14). Ce terme est fondamentalement différent du mot akathartos («impur») que la
Septante utilise dans sa traduction grecque de Lévitique 11 pour désigner la nourriture
interdite par les lois.

La «viande» et le «vin» de Romains 14 sont des aliments qui avaient été consacrés aux
idoles avant d’être vendu au marché. Certains étaient convaincus que de tels aliments,
même s’ils étaient bons en soi, ne devaient pas être mangés par les Chrétiens au risque
de démontrer ainsi leur appui pour le culte idolâtre. Paul discute explicitement ce
problème dans 1 Corinthiens 8 où, il établit un précepte semblable à celui qu’on trouve
dans Romains 14.21, c’est-à-dire: «Si un aliment fait tomber mon frère, jamais plus je ne
mangerai de viande, afin de ne pas faire tomber mon frère» (1 Co 8.13).

Même si le principe de s’abstenir de viande et de vin énoncé par Paul va dans le sens
d’une offense faite à la conscience d’un croyant ayant des scrupules à manger de la
nourriture consacrée aux idoles, ce précepte est assez large pour inclure dans sa portée
d’autres cas ou circonstances où l’idée principale est la même: la tentation et le péché
d’un autre. Lyman Abbott a commenté ce texte ainsi: Etre une cause de tentation pour les
autres ou pour soi-même, c’est tellement grave qu’il est préférable de se priver du plaisir
le plus innocent ou de l’exercice d’un don de Dieu, plutôt que de s’en servir et de porter
quelqu’un ou soi-même au péché.»39

En appliquant ceci à un diacre, ce principe l’obligerait de s’abstenir de boissons


fermentées au cas où son exemple en porterait d’autres à la même tentation. Ayant un
respect pour les convictions des autres est en soi une raison suffisante pour s’abstenir de
choses qui pourraient, en elles-mêmes, être bonnes. Ce principe était particulièrement
pertinent pour les diacres, qui, en raison de leurs fonctions, étaient appelés à visiter les
indigents de la communauté et les membres à domicile. Ce qu’ils buvaient et la quantité
qu’ils prenaient au cours de leurs visites pastorales pouvaient facilement ébranler les
convictions des autres.

Une référence possible de jus de raisin. Robert Teachout suggère une autre solution
possible pour cette contradiction apparente entre celle qui exige l’abstinence pour les
évêques et celle qui dit que les diacres doivent être «non adonnés à beaucoup de vin.» Il
suggère que la différence entre les deux expressions «peut bien indiquer une vérité
différente,» c’est-à-dire, que les premiers sont instruits à s’abstenir de boissons fortes,
tandis que les derniers doivent faire un usage modéré de jus de raisin.40

Teachout avoue «que cette solution simple, qui paraît d’abord à être forcée, qu’elle est
totalement en accord avec le sens légitime d’oinos et son contexte immédiat. Il paraît
étrange que ce soit seulement ici (une seule référence dans toute la Bible, un fait négligé
par la plupart de ceux qui soutiennent cette position) où on apprend le secret que la
quantité de vin que l’on prend détermine l’approbation de Dieu. Si cela était la clé du
problème envers la consommation de boissons alcoolisées, on en aurait eu besoin durant
la période de l’Ancien Testament. Dieu y approuvait explicitement le yayine [«vin»]
comme étant l’expression de Sa bénédiction envers l’homme et Il indiquait qu’on pouvait
en consommer à satiété (Cantique des Cantiques 5.1; et aussi Joël 2.18,19,etc.).
Cependant, 1 Timothée 3 met l’accent sur la maîtrise de soi et la modération. Ce n’était
pas inattendu d’ajouter l’idée de la modération dans l’usage du jus de raisin, un des dons
de Dieu, surtout parce qu’il y a là des raisons culturelles pour une telle restriction.»41

Pour clarifier son interprétation, Teachout donne deux exemples d’admonitions dans la
Bible relatives à l’usage modéré de choses qui sont bonnes en elles-mêmes. La première
qui est mentionnée se rapporte au «miel:» «Le miel, ce don de Dieu dont on peut jouir
(sans aucune connotation négative possible), est fortement recommandé et jugé comme
étant "bon" [Pr 24.13]. Cependant, Proverbes 25.27 nous dit que la modération est
importante même dans de bonnes choses: "Il n’est pas bon de manger beaucoup de
miel."»42

Sa deuxième admonition a rapport aux aliments, un autre don de Dieu (Ps 104.15).
Cependant, comme l’explique Teachout, «la gloutonnerie, et les excès de table sont
considérés comme étant un péché (Dt 21.20; Pr 23.21 FC,MH,Jér). Même si certains ont
essayé de comparer l’ivresse à la gloutonnerie, les considérant comme un péché du
même genre, il reste que bibliquement parlant, ce sont 2 choses distinctes. Boire du vin
est en soi une mauvaise chose (Pr 20.1; 31.4) peu importe la quantité. Il est intéressant de
relever l’analogie dans Juges 13:4,7,14 entre la consommation du vin (peu importe la
quantité) et la consommation de la nourriture impure (peu importe la quantité); d’après
les Ecritures, ces deux actes sont en soi des péchés. (noter Lv 11:44-47). Par conséquent,
supposer que 1 Timothée 3.8 autorise les diacres de boire du vin avec modération, c’est
complètement faux. Au contraire, les répétitions relatives d’exigences de sobriété, de
tempérance, et de maîtrise de soi adressées par Dieu aux dirigeants de l’Eglise comportent
la précaution de se servir de modération lorsqu’on jouit de jus de raisin, ce don de
Dieu.»43

Vu l’intempérance prédominante de la société Greco-romaine, Teachout y trouve un


appui légitime et culturel pour son interprétation. L’excès dans le boire est confirmé dans
les Ecritures (Tt 1.12; 1 Co 11.21,22; 6:10-11) et par des auteurs séculiers. Pline parle
avec répugnance de concours qui se faisaient et du prix à remporter pour celui qui buvait
la plus grande quantité de vin.44 Pline dit: «Afin d’en absorber davantage, on brise sa
force en le filtrant.»45 Cela indique qu’on se servait de vin qui avait la force brisée en
filtrant le moût, un procédé qu’on a étudié dans le quatrième chapitre. Parfois on se
remplissait l’estomac avec du jus de raisin et par suite, on vomissait, et ensuite, on
recommençait de boire.46

Des visites à domicile. Un autre facteur culturel, qui n’était pas mentionné par Teachout
mais qui appuie son interprétation, est suggéré par la nature particulière des fonctions de
diacre. C’était le travail du diacre de faire des visites à domicile pour ramasser les
offrandes et de pourvoir aux besoins des nécessiteux. Cela exigeait que le diacre effectue
de fréquentes visites sous la direction du chef-d’église. En raison de son ministère
particulier dans les foyers, chacune des quatre qualifications données par Paul est en
rapport avec les qualités nécessaires exigées pour un tel ministère (1 Tm 3.8).

La première qualité est «digne» [MH,TOB; honnête, S; respectable, SR; sincère, FC;
grave, D], parce que le diacre devait proprement représenter le caractère sacré de son
office. Le deuxième est «sans duplicité» (MH), parce que dans ses visites pastorales un
diacre ne devrait pas dire des histoires différentes à chaque autre membre pour essayer
de plaire à chacun. Il devait soutenir la vérité. La troisième est «non adonné à beaucoup
de vin,» parce que, en visitant les membres dans leurs maisons, on lui offrirait par
coutume du vin non fermenté à boire. La quatrième est «non avide d’un gain honteux,»
parce que, un diacre était responsable de faire la quête de maison en maison et d’en
distribuer à ceux qui en avait besoin. Ces qualités étaient nécessaires pour qu’un diacre
puisse conserver «le mystère de la foi dans une conscience pure» (v.9).

Ce serait naturel pour les Chrétiens (qui avaient été enseignés par Paul de s’abstenir de
boissons alcoolisées) d’offrir à un diacre qui les visitait, du jus de raisin non fermenté,
soit frais, bouilli et dilué avec de l’eau, ou préparé avec des raisin secs. C’était alors la
coutume, comme ce l’est encore aujourd’hui, d’offrir une boisson pour bien accueillir
quelqu’un. En vue de cette pratique culturelle, Paul exigeait des diacres d’être modérés
dans leur consommation de jus de raisin quand ils visitaient les membres, pour protéger
leur réputation et celle de l’église. Un diacre qui buvait plusieurs verres de jus de raisin
dans les foyers qu’il visitait serait connu pour sa gloutonnerie.

Entendu de cette façon, les admonitions de Paul sont consistantes et positives. On


s’attendait que les Chrétiens, surtout les chefs-d’église, devait s’abstenir de vin fermenté.
On s’attendait que les diacres, à qui on exigeait de visiter les membres dans leurs maisons,
soient modérés dans l’usage de vin non fermenté, pour sauvegarder leur propre réputation
et celle de l’église.

Sommaire. En sommaire, l’analyse précédente de 1 Timothée 3.8 indique que


l’expression «non adonné à beaucoup de vin» ne sanctionne pas un usage modéré de vin
alcoolique. Cette conclusion est soutenue par cinq raisons principales. D’abord, cette
interprétation contredit les exigences de Paul d’abstinence pour les évêques, les
diaconesses, et les vieux; ceci, étant un double niveau de conduite morale.
Deuxièmement, même aujourd’hui, la loi de consentement impliquée ne signifie pas que
ce qui est défendu dans beaucoup est automatiquement admissible dans peu.
Troisièmement, la fonction primaire de cette locution n’établit pas une règle générale en
ce qui concerne un usage modéré de vin, mais plutôt d’exclure de la fonction de diacre
quelqu’un qui est reconnu s’être adonné à beaucoup de vin. Quatrièmement, le conseil de
Paul à Timothée de prendre seulement un peu de vin pour des raisons médicales écarte
toute possibilité que l’apôtre aurait recommandé aux diacres de boire du vin fermenté en
modération pour le plaisir. En dernier, le contexte immédiat de même que les
considérations culturelles suggèrent la possibilité que l’expression peut signifier une
recommandation que les diacres doivent être modérés dans leurs consommations de jus
de raisin quand ils font des visites pastorales, pour sauvegarder leur propre réputation et
celle de l’église.

Conclusion du chapitre.
Ce chapitre-ci a examiné cinq textes où plusieurs croient que la Bible approuve un usage
modéré de boissons alcoolisées. Notre étude de chacun de ces textes en vue de leur
contexte immédiat et au plus large, des coutumes historiques de ce temps, et de
l’enseignement total des Ecritures, a démontré qu’aucun de ces textes contredit
l’impératif Biblique d’abstinence.

Conclusion

Les enseignements Bibliques en ce qui concerne l’usage de boissons alcoolisées peuvent


être résumés sommairement dans une seule phrase: Les Ecritures sont consistantes en
enseignant la modération dans l’usage de boissons saines non fermentées et en
enseignant l’abstinence de l’usage de boissons fermentées enivrantes. Les implications
pratiques de cette conclusion peuvent aussi être citées dans une phrase: Quand on accepte
l’enseignement Biblique que boire des boissons alcoolisées n’est pas seulement nuisible
physiquement mais aussi moralement, on se sent forcé non seulement de s’abstenir soi-
même de choses enivrantes, mais aussi d’aider les autres à faire de même.

8. Ellen White et les boissons alcooliques

Le principe biblique d’abstinence de boissons alcooliques a été adopté par l’Eglise


Adventiste du Septième Jour à grande mesure par l’influence d’Ellen G. White. Son
engagement à la cause de la tempérance embrasse chaque année de son ministère. La
tempérance était un thème favori des discours et des écrits de Madame White.

Quatre années avant sa mort, Ellen White écrivit: «Je considère comme un privilège
d’avoir pu rendre témoignage à ce propos devant de nombreuses assemblées et dans
beaucoup de pays. J’ai souvent parlé de ce sujet devant de grandes foules au cours de nos
camps meetings.»1 La tempérance était son «sujet favori.»2 Pendant tout son ministère
public, elle mena une croisade pour la cause de la tempérance dans de large salles, des
tentes, des églises Protestantes, des prisons, des associations de tempérance, des centres
de désintoxication, des camps meetings, et à différents groupes intéressés à travers
l’Amérique du Nord et à l’étranger,3 parlant parfois à des auditoires de 20.000
personnes.4

En vue du rôle fondamental d’Ellen White dans l’encouragement de la cause de la


tempérance et en formulant sa signification et son applicabilité en rapport à la mission de
l’Eglise Adventiste du Septième Jour, nous examinerons sa compréhension de
l’importance de la tempérance chrétienne et surtout de l’abstinence des boissons
alcooliques. La source primaire de cette étude sera le livre «Tempérance.»

La théologie de l’abstinence d’Ellen White

La signification de la tempérance. Ellen White emploie le terme «tempérance» pour


indiquer la modération dans l’usage de toutes choses saines, et l’abstinence totale de tout
ce qui est nuisible. «Ceux qui désirent préserver l’intégrité de leurs forces pour le service
de Dieu doivent observer une stricte tempérance dans l’usage de ses bontés, ainsi qu’une
abstinence totale de toute substance mauvaise pour le corps et l’esprit.»5 «La vraie
tempérance exige que l’homme s’abstienne de toute boisson alcoolisée. Elle exige aussi
une réforme dans les habitudes alimentaires, le vêtement et le sommeil.»6

Une indication de cette relation étroite entre la tempérance et l’abstinence dans l’esprit
d’Ellen White est fournie par ses références à l’intempérance. «C’est seulement en
s’abstenant de vin, de bière et de boissons fortes que l’on peut se préserver de
l’intempérance.»7 Souvent elle accentue l’idée d’abstinence: «’N’y goûtez pas, n’y
touchez pas’, telle devrait être notre devise. Vous devriez manger avec modération. Mais
l’alcool, laissez-le de côté. N’y touchez pas. Il ne peut y avoir de tempérance dans son
usage.»8 «Comment se fait-il que devant les conséquences terribles qu’entraîne l’alcool
sous les yeux, des hommes et des femmes, qui déclarent croire en la Parole de Dieu,
puissent se risquer à goûter au vin et aux spiritueux ou à en faire le commerce?»9 De tels
énoncés montrent que pour Ellen White, la tempérance signifiait essentiellement
l’abstinence de toutes substances enivrantes telles que les boissons alcooliques, et
secondement, la modération dans l’emploi de bonnes choses.

Importance de la tempérance. Ellen White écrivit: «Dieu m’a montré que tous les
membres devraient signer l’engagement et faire partie de la ligue en faveur de la
tempérance.»10 Elle encouragea «ceux qui travaillent en faveur de la tempérance
cherchent à convaincre l’alcoolique de signer l’engagement de ne plus boire d’alcool.
C’est un bien.»11 Elle exhorte aussi les personnages de marque de promettre de s’abstenir
d’alcool: «A ceux en hautes positions, nous présentons le voeu d’abstinence totale, leur
demandant de donner l’argent qu’ils auraient autrement dépensé pour des indulgences
nuisibles de liqueur et de tabac, pour l’établissement d’institutions où les enfants et les
adolescents peuvent se préparer pour de positions utiles dans le monde.»12

Ellen White mentionna souvent la W.C.T.U. (Union Chrétienne de Tempérance des


Femmes) dont elle approuvait leurs objectifs majeures: «Aucun de ceux qui prétendent
jouer un rôle dans l’oeuvre de Dieu ne devrait ignorer l’importance qu’a revêtue cette
association dans la cause de la tempérance.»13 «La W.C.T.U. est une association à
laquelle nous pouvons sans crainte nous joindre pour faire connaître les principes de la
tempérance...Nous ne changerons pas d’attitude à l’égard de l’observation du sabbat en
nous joignant à cette association dans le dessein de faire progresser l’abstinence totale.
Nous montrerons de plus que nous approuvons leur prise de position en faveur de la
tempérance.»14

Une partie du message du troisième ange. La raison que l’abstinence en particulier, et


la réforme sanitaire en générale furent d’une importance vitale pour Ellen White et pour
les pionniers Adventistes, c’était que ceux-ci furent vus non seulement comme principes
physiologiques, mais premièrement comme des vérités bibliques, qui devaient être
proclamées comme étant partie du message du troisième ange. (Ap 14.9). Les Adventistes
voient dans cet ange une représentation de leur propre mission prophétique d’avertir le
monde et de préparer un peuple pour le retour du Christ. Ellen White écrivit: «Nous
désirons que vous compreniez l’importance du problème de la tempérance. Nous
voudrions que nos ouvriers s’y intéressent et sachent que ce sujet est aussi intimement lié
au message du troisième ange que le bras droit l’est au corps.»15

Une partie de l’évangile. Puisque le message du troisième ange est une partie de
l’évangile éternel (Ap 14.6), Ellen White conseille fortement la présentation de
l’abstinence totale comme étant partie de l’évangile: «Quand la tempérance est présentée
comme étant partie de l’évangile, plusieurs verront leur besoin de se réformer. Ils verront
la plaie des boissons alcooliques, et que l’abstinence totale est la seule plate-forme sur
laquelle le peuple de Dieu peut consciencieusement se tenir.»16

L’évangile pour Ellen White est la bonne nouvelle que le Christ n’a pas seulement payé
la peine de nos péchés passés, mais aussi qu’Il a fourni par son Esprit le pouvoir de
vaincre le péché présent, et ainsi d’être restaurer graduellement à l’image morale de Dieu.
Dans ce contexte, la tempérance devient une partie vitale du développement de la
restauration accomplie en acceptant le pouvoir de l’évangile. Elle écrivit, «Ce fut la
gourmandise qui fit perdre le jardin d’Eden à nos premiers parents. Pour le reconquérir,
la tempérance en toutes choses a plus d’importance qu’on ne le pense généralement.»17

Elle écrivit encore: «Adam et Eve tombèrent par l’appétit intempérant. Le Christ vint et
résista à la tentation la plus féroce de Satan et, au nom de la race, Il triompha l’appétit,
montrant que l’homme peut vaincre. Comme Adam tomba par l’appétit et perdit l’Eden
bienheureux, les enfants d’Adam peuvent par le Christ, triompher de l’appétit, et par la
tempérance en toutes choses, reconquérir l’Eden.»18

Préparation pour le retour du christ. Pour Ellen White, la restauration de l’image


morale de Dieu dans l’homme, par le pouvoir du Christ, fut une partie essentielle de
préparation pour le retour du Christ: «Tous ceux qui désirent achever leur sanctification
dans la crainte de Dieu doivent apprendre des leçons de tempérance et de maîtrise de soi-
même. Les appétits et les passions doivent être assujettis aux plus nobles facultés de
l’esprit. L’auto-discipline est indispensable pour obtenir une force mentale et un
discernement spirituel permettant de comprendre et de mettre en pratique les vérités
sacrées de la Parole de Dieu. Telle est la raison pour laquelle la tempérance trouve sa
place dans l’oeuvre de préparation en vue de la seconde venue du Christ.»19

Parlant des «dangers de l’intempérance dans le manger et le boire, notamment dans


l’usage des spiritueux,» elle dit: «Si tout cela avait été exposé en relation avec le retour
prochain du Christ, un réveil se serait produit parmi nos auditeurs. Si notre zèle était
proportionné à l’importance des vérités que nous possédons, nous pourrions être le moyen
de sauver du naufrage des centaines et des milliers d’âmes.»20 Par de tels énoncés on se
demande si la raison pour laquelle les Adventistes ne sont plus «secoués» par l’usage de
boissons alcooliques et d’autres substances nuisibles, c’est qu’ils ont perdu le sens de
l’urgence de se préparer pour le prochain retour du Christ.

Ellen White vit la pratique d’une abstinence stricte comme étant tout spécialement
nécessaire pour la crise finale. Dans un rêve, elle vit un messager divin réprimandant
quelqu’un qui refusait de signer le voeu de tempérance, disant: «Lorsque les plaies de
Dieu s’abattront sur le monde, vous comprendrez alors combien sont importants les
principes de la réforme sanitaire et de la stricte tempérance, et vous verrez que la
tempérance seule est à la base de toutes les grâces qui viennent de Dieu, à la base de
toutes les victoires que l’on peut remporter.»21 Ellen White prévient: «Celui qui aime
les stimulants et qui s’habitue à en faire usage ne peut pas croître en grâce.»22

La théologie de l’abstinence. Ellen White vit la tempérance en générale et l’abstinence


en particulier, comme étant des vérités morales et théologiques et non seulement comme
des moyens de santé et de société. Ce fut sa compréhension théologique de la tempérance
qui fit que ses discours en public sur ce sujet, furent d’une façon marquée, différents de
ceux de la plupart des orateurs de la tempérance. Tandis que ces derniers remplissaient
leurs discours avec des données médicales, des statistiques et des histoires, Ellen White,
comme nous le dit son mari, «s’adressait au peuple sur le sujet de la tempérance
chrétienne par la Bible.»23 Ceci était pour devenir l’approche Adventiste. «Dans toutes
nos large assemblées,» Ellen White écrivit, «nous devrions présenter à nos auditeurs les
arguments les plus convaincants en faveur de la tempérance et leur adresser les appels les
plus pressants. Le Seigneur nous a chargés d’enseigner la tempérance chrétienne en nous
basant sur la Bible.»24

De quelle façon présenta-t-elle ce message accentué? «J’ai parlé de la tempérance et j’en


ai présenté le point de vue chrétien: la chute d’Adam, la promesse de l’Eden, la venue du
Christ dans le monde, son baptême, ses tentations dans le désert et sa victoire. Tout cela
pour donner à l’homme une autre chance, qui lui permettrait de remporter la victoire en
sa faveur... Christ vint pour donner à l’homme la force morale de résister aux tentations
de l’appétit, de briser la chaîne qui le rend esclave de ses habitudes et de son
intempérance, et de retrouver sa dignité morale...Cette manière de présenter le sujet était
si différente de tout ce qu’ils avaient entendu sur la tempérance, que mes auditeurs
écoutaient avec une grande attention.»25

Sept points principaux de l’approche théologique d’Ellen White sur la tempérance,


peuvent être résumés comme suit:26

1. Ce fut par l’indulgence de l’appétit que nos premiers parents tombèrent et que le monde
antédiluvien fut détruit.

2. La Bible enseigne une abstinence totale par des avertissements et des exemples.
3. Un avertissement significatif est la punition divine sur Nadab et Abihu, parce que leur
raisonnement devint si embrouillé par les boissons alcooliques, qu’ils offrirent «du feu
étranger.»(Lv 10.1-8)

4.Les exemples d’abstinence le plus souvent cités sont les instructions donnés à la femme
de Manoach, la tenue ferme de Daniel pour l’abstinence, Jean-Baptiste, et surtout Jésus-
Christ.

5. Dans le désert de la tentation, le Christ endura l’épreuve de l’appétit, à laquelle nos


premiers parents faillirent.

6. Par le pouvoir du Christ nous pouvons vaincre tout désir pour n’importe quelle boisson
alcoolique et donc, être rétabli à l’image morale de Dieu.

7. La préparation pour le retour du Christ exige une vie de sainteté et d’abstinence.

La base morale d’abstinence. Ellen White comprenait l’intempérance comme étant le


résultat de notre nature pécheresse; par contraste, elle vit la tempérance/ abstinence
comme étant le fruit de la rédemption. Donc, d’après elle, boire des boissons alcooliques,
(indice d’intempérance) était une question de moralité et non seulement une question
médicale; un péché, plutôt que simplement une maladie. Cette vue est impopulaire
aujourd’hui. Maintenant, c’est la coutume de traiter le problème comme une maladie,
déchargeant ainsi le peuple d’une responsabilité active pour leur condition ou leur
infraction. La cause de ce problème est généralement attribuée à quelque facteurs
physiques, culturels ou psychologiques: un écroulement du système interne de
l’organisme.

En voyant l’intempérance comme étant une maladie, ceci affaiblit la résolution


personnelle de traiter le problème avec responsabilité. Insidieusement, ceci encourage
d’avantage la même conduite, puisque l’individu sait qu’il (ou elle) sera excusé pour cela
et ne sera pas rendu directement responsable. Au contraire, Ellen White conseille à ceux
qui se sentent incapables de s’arrêter de boire, d’être «strictes dans leurs principes et...[de
faire] preuve de fermeté dans l’abstention de l’alcool et du tabac.» Elle continue, «ces
substances sont des poisons et leur usage est une transgression de la loi de Dieu.»27

Ellen White comprit clairement que l’Ecriture défend l’emploie des boissons alcoolisées
et que par conséquent, leur usage représente une violation du principe moral établit par
Dieu pour notre bien être physique et spirituel. «Le Seigneur a donné des enseignements
précis dans sa parole au sujet de l’alcool et des spiritueux. Il en a interdit l’usage et il a
accompagné son ordre d’avertissements et de menaces sévères. Mais ses interdictions ne
sont pas l’expression d’une autorité arbitraire. Il a averti les hommes pour les préserver
des maux qu’engendre l’alcool.»28

L’érosion de la conviction. Ellen White comprit clairement que Dieu défendit l’usage
de boissons alcooliques. Mais à ma surprise, j’ai trouvé que plusieurs membres d’église,
et même quelques pasteurs sont troublés sur ce sujet. Certains croient sincèrement que la
Bible enseigne la modération plutôt que l’abstinence des boissons alcooliques.

Le numéro spécial sur la tempérance de la Adventist Review en 1982, exprime une autre
incertitude: «De plus en plus il nous semble rencontrer des gens, soit dans l’église ou hors
de l’église, qui demandent qu’il leur soit montrer que les Ecritures enseignent une
abstinence totale. Et à moins que nous fassions notre devoir, nous pouvons nous
découvrir sur la défensive. La vérité est que la Bible ne contient pas le genre de directives
concises et explicites qui prescrivent une abstinence totale, que plusieurs de nous
aimerions trouver.»29 La même pensée se trouve dans le paragraphe suivant:
«l’abstinence totale est un de ces domaines nombreux où la Bible ne donne pas une
directive explicite.»30 Bien que l’auteur soutienne fermement l’abstinence totale de la
Bible, il pense que ce doit être fait en tirant des conclusions et en appliquant largement
les principes bibliques, plutôt qu’en trouvant des commandements scripturaux clairs à ce
sujet.

Mon étude personnelle a montré autrement. L’Ecriture donne des directives claires d’être
abstinent (Lv 10.9; Pr 31.4; 1 Th 5.8; 1 P 1.13; 4.7; 5.8; 1 Tm 3.2; Tt 2.2.) et de ne pas
regarder «le vin.»(Pr 23.31). Une partie du problème c’est que certains textes bibliques
décisifs ont été mal interprétés, probablement pour sauver la face pour ceux qui
préconisent la modération tout en condamnant l’ivresse.31

Une conviction claire biblique. Il n’y avait pas de doute dans l’esprit d’Ellen White que
la Bible condamne explicitement l’usage des boissons alcooliques. Elle écrit: «Nulle part
la Bible ne sanctionne l’usage du vin fermenté...C’est l’esprit du Christ qui donna cet
avertissement aux Israélites: «Le vin est moqueur, la boisson forte est tumultueuse;
quiconque s’y égare ne deviendra pas sage [»manque de sagesse»- MH](Pr
20.1SR)...C’est l’esprit du Sauveur qui fit prescrire à Jean-Baptiste de ne boire ni vin, ni
boisson enivrante. Le même esprit fit une recommandation semblable à la femme de
Manoach, la mère de Samson. Jésus n’a jamais contredit ses enseignements. Le vin non
fermenté qu’Il fit aux noces de Cana était une boisson saine et rafraîchissante. C’est de
ce vin que lui et ses disciples se servirent lors de la première Cène.»32
En commentant sur Lévitique 10.9, où Dieu dit à Aaron, «Tu ne boiras ni vin, ni liqueur,
toi et tes fils,» Ellen White dit: «Nous trouvons ici les directives divines les plus claires,
ainsi que les raisons pour lesquelles Dieu a interdit l’usage de l’alcool; Il désire que ses
enfants restent lucides et agissent avec discernement; il veut qu’ils soient capables de
juger sainement et de faire la différence entre ce qui est pur et ce qui ne l’est pas.»33
Ailleurs elle dit: «Le Seigneur a donné dans sa Parole des instructions précises en ce qui
concerne l’usage du vin et des boissons alcoolisées. Il l’interdit et à renforcé ses
interdictions par de sévères avertissements et des menaces.»34

Ellen White se rapporte souvent à l’exemple d’abstinence de Daniel et ses trois


compagnons. «Non seulement ces jeunes hommes refusèrent de boire le vin du roi, mais
ils s’abstinrent des friandises de sa table. Ils obéirent à la divine loi, naturelle et
morale.»35 De leur exemple, elle tire la leçon que «ceux qui veulent préserver leurs
capacités non affaiblies pour le service de Dieu, doivent observer une tempérance stricte
dans l’emploi de toutes ses bontés, de même qu’une abstinence totale de chaque
indulgence nuisible ou avilissante.»35

En sommaire, Ellen White fut profondément convaincue qu’une abstinence totale est un
principe clairement enseigné dans l’Ecriture. Une indifférence à l’égard de ce principe
est une violation de la loi divine. Obéir ce principe par le pouvoir du Christ, contribue à
restaurer l’image morale de Dieu en nous. L’abstinence totale fait partie de l’évangile, et
plus spécifiquement, du message du troisième ange. Ceci signifie que l’abstinence est
une partie du développement de restauration occasionnée par le pouvoir de l’évangile-
une restauration qui est une partie essentielle de la préparation pour le retour du Christ.

Les conséquences de l’usage de l’alcool.

L’effet sur l’individu. Souvent et énergiquement Ellen White parla des mauvais effets
de l’alcool sur l’esprit:«Le cerveau s’obscurcit; la raison ne gouverne plus mais cède la
place à l’intempérance.»37 «Le vin qu’ils ont bu a affaibli leur mémoire. Ils ressemblent
à des personnes âgées. Quand ils veulent utiliser leur cerveau, celui-ci n’est plus capable
de mettre à leur service ses riches trésors.»38 «L’alcool prive les hommes de leur faculté
de raisonnement.»39 «Le système nerveux se détraque.»40 L’usage immodéré du vin
obscurcit «les sens.»41 «Le vin obscurcit l’esprit.»42

Les recherches modernes confirment le fait que l’alcool occasionne une perte de cellules
dans différentes régions du cerveau et rompt la connexion entre les cellules de nerfs. Ceci
affaiblit la vue, l’ouïe et le pouvoir de raisonner.43
L’alcool paralyse les sensibilités morales et les inhibitions. Ellen White exprime cette
vérité de différentes façons: «Leur [les buveurs] intelligence est affaiblie, leurs facultés
morales sont affaiblies, leurs sensibilités sont engourdies et les revendications de Dieu et
du ciel ne sont pas réalisées, les choses éternelles ne sont pas appréciées.»44 Quand le
goût pour les stimulants est cultivé, «les plus fermes résolutions sont alors sans effet et
les considérations les plus élevées sont incapables de soumettre l’appétit perverti au
contrôle de la raison.»45 Elle dit que celui «qui aime ces stimulants, et s’habitue à leur
usage, ne grandit jamais en grâce. Il devient grossier et sensuel; les passions animales
contrôlent les plus hautes facultés spirituelles, et la vertu n’est pas appréciée.»46

L’alcool a aussi des effets physiques. Ellen White affirma dans un langage simple et non
technique, il y a environs 100 ans, ce que des recherches modernes médicales ont
amplement confirmé. Elle dit entre autres que les boissons alcooliques corrompent le
sang;47 nuisent les organes digestifs et du cerveau;48 détraque le système nerveux;49
affaiblissent le pouvoir du corps pour résister à la maladie;50 causent une dégénération
physique et mentale;51 et «produisent des maladies de toutes sortes.»52

Les effets sur le foyer. Ellen White souligne le fait que l’alcool laisse ses traces non
seulement sur les individus, mais aussi sur les familles. Elle écrit: «Par suite de l’usage
de ces poisons [boissons alcoolisées], des milliers de familles sont privées du confort et
souvent des nécessités de la vie; les actes de violence et les crimes sont multipliés, et la
maladie et la mort précipite de myriades de victimes à des tombeaux d’ivrognes.»53
«Observez le foyer de l’ivrogne...Voyez la femme autrefois heureuse qui fuit son mari
devenu fou...Jour après jour, les cris de souffrance arrachés aux lèvres de la mère et des
enfants s’élèvent vers le ciel.»54

De tels abus sont d’origine satanique: «La cruauté de Satan est exprimée quand l’ivrogne
lève sa main pour frapper la femme qu’il a promis d’aimer et de chérir tout au long de sa
vie. Les actions de l’ivrogne sont une expression de la violence de Satan.»55 Ces abus
dans la famille ne sont pas seulement commis par les hommes: «Dans de nombreux
foyers, des enfants en bas âge sont chaque jour exposés au danger par la négligence, les
mauvais traitements ou la dureté d’une mère en état d’ébriété. Garçons et filles
grandissent à l’ombre de ce fléau.»56

Les effets sur la société. Dans ses écrits, Ellen White montre un intérêt spécial des effets
de l’alcool sur la société: par les crimes, le coût économique, les accidents, la santé
publique, et sur la responsabilité des chefs d’états et d’églises. Ce qui suit sera un
échantillon de ses commentaires sur chacun de ces points.
La cause du crime est rattachée à la boisson parce que Ellen White dit que par la boisson
«la raison est paralysée, l’intelligence est obscurcie, les passions animales sont excitées
et ceci résulte dans de crimes d’un caractère le plus avilissant.»57 «Cependant, la loi
autorise la vente de cet alcool maudit, cause de maux sans nombre pour celui qui s’adonne
à la boisson dont il sera la victime, ainsi que sa famille tout entière!»58

Ellen White note le coût économique de l’alcool à la société: «Chaque année, des millions
et des millions de litres de boissons alcoolisées sont consommés. Des millions et des
millions de francs sont dépensés pour procurer la misère, la pauvreté, la maladie, la
déchéance, la débauche, le crime et la mort. Par amour de l’argent, le débitant de boissons
vend à ses victimes un breuvage qui corrompt et détruit le corps et l’âme. Il attire pauvreté
et misère sur la famille du buveur.»59 «Les cris des millions de personnes qui dans notre
monde meurent de faim pourraient être rapidement apaisés si l’argent que les débitants
de boissons font entrer dans leur caisse était employé à soulager les souffrances de
l’humanité.»60

Les accidents causent la plus grande perte de vie et de biens. Pendant la plus grande partie
de la vie de Madame White, les automobiles étaient inconnues. Les «accidents de
circulation» étaient ceux de bateaux, de trains et de paquebots. De cela, elle écrit:
«Combien d’accidents horribles se produisent sous l’influence de l’alcool?»61 «Ceux qui
conduisent les grands transatlantiques ou qui ont une fonction importante dans les
chemins de fer sont-ils des hommes tempérants? Leur cerveau est-il dégagé de toute
influence de l’alcool? Si ce n’est pas le cas, les accidents qui surviendront pendant leur
temps de service leur seront imputés par le Dieu des cieux, Père de tout homme et de
toute femme.»62

Ellen White parle aussi des effets de l’alcool sur la santé publique: «Parmi les victimes
de l’intempérance, il en est de toutes classes et de toutes professions. Des hommes
éminents par leurs talents ou leur savoir se sont conduits de telle manière qu’il leur a été
impossible de résister à la tentation. D’aucuns qui étaient riches sont maintenant sans
foyer et sans amis. Plongés dans la misère, la souffrance, la maladie et le déshonneur, ils
ont perdu tout empire sur eux-mêmes. Si une main secourable ne leur est tendue, ils
descendront toujours plus bas. Pour eux, la satisfaction de leurs passions n’est pas
seulement un péché, c’est une maladie.»63

Ellen White place une responsabilité sur les bureaucrate et les législateurs: «Les
dirigeants du pays ne sont-ils pas en grande partie responsable du redoublement des
crimes et des fléaux mortels qu’a entraînés le commerce de l’alcool? N’est-il pas de leur
devoir et en leur pouvoir d’arrêter ce mal?... Que les législateurs se demandent s’il est
impossible d’éviter que la vie du corps et de l’esprit soit exposée à de tels dangers. Cette
perte de vies humaines est-elle vraiment obligatoire?»64
Les marchands de liqueurs ont aussi une responsabilité, comme le dit Ellen White,
«qu’importe qu’il ait été ou non autorisé par la loi à vendre des boissons empoisonnées à
son prochain! Dieu le considérera comme responsable de l’avilissement de l’âme rachetée
par le Christ...Il sera accusé de la misère, de la souffrance et du désespoir qu’a introduits
dans le monde le commerce de l’alcool. Il devra répondre de la détresse et de la pauvreté
des mères, du dénuement, de la faim, du manque d’abri dont ont souffert les enfants,
privés de tout espoir et de toute joie.»65

Les directeurs civils et religieux sont, d’une façon spéciale, appelés à vivre sobrement,
s’abstenant des substances alcooliques: «Toutes absorption de nourriture et de boisson
capables de léser le bon fonctionnement des facultés mentales est un grave p$ch$ aux
yeux de Dieu. Ceci concerne particulièrement ceux qui remplissent des fonctions sacrées,
qui devraient être de tout temps pour les fidèles des exemples et des guides toujours en
état de les instruire.»66 «Les chefs d’Etat et les légistes devraient, mieux que n’importe
qui, obéir aux lois supérieures qui sont à la base de toute règle dans la famille et la nation.
Il faudrait que ceux qui exercent une autorité aient le sentiment d’être eux-mêmes soumis
à une puissance supérieure. Mais tant que leur esprit se trouve sous l’effet de l’usage de
narcotiques et de spiritueux, ils n’auront pas ce sentiment...En pratiquant la tempérance
en toutes choses, ils seront toujours en mesure de distinguer nettement le sacré du
profane, et ils auront la sagesse d’agir avec cette justice et cette intégrité que Dieu
prescrivit à l’Israël d’autrefois.»67

Aidant les intoxiqués. Ellen White exprima une pitié et une inquiétude sincère envers
ceux qui étaient adonnés aux boissons alcoolisées ou le tabac. Elle offrit des
recommandations variées sur la manière d’aider de telles personnes.

1. Présenter les revendications de la loi de Dieu. Elle écrivit: «Pour faire oeuvre utile en
faveur de ceux qui sont tombés, nous devons d’abord mettre en évidence les exigences
de la loi divine et la nécessité de s’y conformer. Faisons ressortir la différence frappante
qui existe entre celui qui sert Dieu et celui qui s’éloigne de lui. Dieu est amour, mais il
ne saurait excuser la désobéissance volontaire à ses commandements.»68

On doit montrer aux personnes qui sont adonnées à l’alcool, par un amour chrétien, que
leur intoxication n’est pas seulement une mauvaise habitude ou une maladie, mais un
péché- un péché pour lequel Dieu est fidèle et juste de nous le pardonner et purifier.(1 Jn
1.9) «Quand un homme, esclave pendant longtemps d’habitudes mauvaises et coupables,
est touché par la puissance de la vérité divine opérant dans son coeur, ses facultés
morales, apparemment paralysées, reprennent vie.»69
2. La détermination de s’abstenir. «Les victimes des mauvaises habitudes,» écrivit Ellen
White, «doivent faire des efforts persévérants pour s’en affranchir. On peut tenter
l’impossible pour les relever, leur parler de la grâce de Dieu offerte gratuitement pour les
sauver, le Christ peut intercéder en leur faveur, les anges peuvent intervenir, tout sera
inutile si eux-mêmes n’entreprennent la lutte libératrice.»70 A plusieurs reprises elle
souligne le rôle essentiel de la volonté. «Celui qui est tenté a besoin de comprendre la
véritable force de la volonté. Ici est le pouvoir maîtrisant dans la nature humaine- le
pouvoir de décision, de choix. Chaque chose dépend de l’action juste de la
volonté...Plusieurs descendront à la ruine, bien qu’espérant et désirant vaincre leurs
mauvais penchants. Ils n’ont pas soumis leur volonté à Dieu. Ils n’ont pas choisi de Le
servir.»71

Une recherche récente met en doute la vue populaire de l’alcoolisme comme étant une
maladie qui rend la volonté du buveur incapable, montrant au contraire qu’un «buveur
peut et doit assumer certaines responsabilités pour changer, même en admettant que cet
engagement seul ne le changera pas.72 Cette recherche soutient pleinement le conseil
d’Ellen White à une telle personne.

3. Le réconfort du pardon et du pouvoir de Dieu. Ellen White écrit qu’en premier lieu,
surtout et avant tout «c’est d’attendrir et d’adoucir l’âme en présentant notre Seigneur
Jésus-Christ comme Celui qui a porté nos péchés; le Sauveur qui pardonne le péché; faire
connaître l’évangile aussi clairement que possible. Quand le Saint Esprit travaille parmi
nous...les âmes qui ne sont pas prêtes pour l’apparition du Christ seront convaincues...
Les fervents du tabac sacrifient leur idole et le buveur de liqueur, sa liqueur. Ils ne
pourront pas faire ceci, s’ils n’auront pas saisi par la foi, les promesses de Dieu pour le
pardon de leurs péchés.»73

Ellen White souligne aussi le besoin de «parlez de courage aux pécheurs. Présentez-les à
Dieu dans vos prières. Parmi ceux que la tentation terrasse, un bon nombre en sont
humiliés, et ont l’impression de s’approcher vainement du Seigneur. Mais cette pensée
leur est suggérée par l’ennemi. Lorsqu’ils ont péché et n’osent plus prier, dites-leurs que
c’est bien alors qu’il faut le faire. Ils peuvent se sentir profondément humiliés,; et honteux
d’eux-mêmes; mais s’ils confessent leurs péchés, Celui qui est fidèle et juste les leur
pardonnera et les purifiera de toute iniquité.»74

4. Avoir un intérêt personnel. Les programmes pour la guérison des alcooliques


soulignent l’importance de se pourvoir d’appui personnel ou de groupes pour l’intoxiqué.
Ellen White accentue ce même point de vue. «Je me souviens d’un homme présent dans
une assemblée à laquelle je me suis adressée. Son corps et son âme étaient terriblement
marqués par l’usage de l’alcool et du tabac; à cause de ses excès, il était tout courbé; ses
vêtements étaient aussi misérables que son état physique. Selon toute apparence, il
semblait ne pouvoir jamais sortir de cette situation. Mais alors que je l’exhortais à résister
à la tentation en ayant recours à la puissance d’un Sauveur ressuscité, il se leva en
tremblant et dit: "Vous vous souciez de moi, aussi je vais me soucier de ma personne."
Six mois plus tard, il vint chez moi. Je ne le reconnus pas. Le visage rayonnant de joie et
les yeux pleins de larmes, il me prit la main et dit: "Vous ne me reconnaissez pas, mais
vous souvenez-vous de l’homme vêtu d’un vieux pardessus bleu qui s’est levé lors de
votre assemblée et qui a dit qu’il essayerait de se réformer?" J’était stupéfaite; il se tenait
bien droit et paraissait avoir dix ans de moins. Il était retourné chez lui après cette réunion
et avait prié et lutté pendant les longues heures qui avaient précédé le lever du soleil. Ce
fut une nuit de combat, mais grâce à Dieu, il en ressortit victorieux.»75

5. Donner des instruction pour vivre sainement. Le problème de l’alcoolisme est souvent
rattaché à des habitudes insalubres alimentaires. Ainsi, Ellen White recommande que
«ceux qui luttent contre les tendances tyranniques de la chair doivent comprendre les
principes de la vie saine. Montrons-leur qu’en violant les lois de la santé, on crée un
terrain propice à la maladie, et on jette ainsi les bases de l’alcoolisme. Ce n’est qu’en
obéissant à ces lois que l’ont peut résister victorieusement à la soif de stimulants
artificiels. S’il faut compter sur Dieu pour briser les liens de l’esclavage, il est nécessaire
de collaborer avec lui en obéissant à ses lois morales et physiques.»76

Ceux qui sont intéressés à avoir plus d’information pour aider les intoxiqués sont
encouragés à lire le chapitre «Sauvons les intempérants» dans le livre Rayons de Santé.

Conclusion

Pour Ellen White, le message de la tempérance était une partie fondamentale de


l’évangile et de la mission de l’Eglise Adventiste du Septième Jour. Un tel message
enseigne au peuple la modération dans l’usage des choses salubres, et l’abstinence dans
l’usage de choses pernicieuses, tels que les boissons alcooliques. Ellen White vit
l’abstinence et la réforme sanitaire comme de principes bibliques, donnés par Dieu pour
aider à restaurer Son image morale dans la race humaine et pour préparer un peuple saint
pour la seconde venue du Christ. Ses convictions théologiques et ses conseils pratiques
dans l’usage de boissons alcooliques, se détachent par leur consistance biblique et leur
applicabilité pratique pour notre âge.
Notes et références

Chapitre 1

1. D’après les statistiques du rapport de gestion de 1986 de la «National Institute on


Alcohol Abuse and Alcoholism,» cité dans «Coming to Grips with Alcoholism,»U.S.
News and World Report, le 30 novembre, 1987: p.56.

2. Ibid., p.57.

3. «Carter Will Restore Confidence, Graham Says,» Miami Herald, le 26 décembre,


1976:A18.

Chapitre 2

1. L’étude complète se trouve dans le deuxième chapitre, «The Meaning of Wine,» du


livre anglais, Wine in the Bible: A Biblical Study on the employé of Alcoholic
Beverages. Dans ce livre, l’auteur étudie le mot anglais «wine» du latin, grec, et hébreu.

2. ARISTOTE. Météréologiques 387.b.9-13. Tr. par Pierre Louis, Paris: Société


d’édition «Les Belles Lettres,» 1982; pp. 62-63. Toutes les citations seront de cette
édition. Dorénavant seulement le titre de l’oeuvre d’Aristote sera cité.

Voir aussi Météréologiques 388.a.34 qui dit: «Parmi les liquides on peut hésiter pour le
vin [oinos]. Car il peut se vaporiser et il épaissit témoin le vin nouveau. La cause en est
que le mot vin ne correspond pas à une espèce unique et que chaque vin se comporte
différemment.» (pp. 65-66) La référence à l’épaississement du vin nouveau par la chaleur
implique que le vin nouveau était préservé de la fermentation par l’ébullition.

3. De même ARISTOTE nous dit dans Météréologiques 384.a.4-5: «Il existe en effet, du
vin [oinos] qui se solidifie et se réduit par l’ébullition, par exemple le moût [glukos].»
p.50.

4. ERNEST GORDON, Christ, the Apostles and Wine. An Exegetical


Study, Philadelphia: 1947, p.14. On va étudier le mot tirôche dans le septième chapitre.

5. The Jewish Encyclopedia, éd. de 1906, art. «Wine,» Vol. 12, p.533.
6. Cité par LOUIS GINZBERG, «A Response to the Question Whether Unfermented
Wine May Be Used in Jewish Ceremonies,» American Jewish Year Book 1923, p.409.

7. Une analyse de ces textes se trouve dans Wine in the Bible, pp. 67-69.

Chapitre 3

1. Nous soulignons.

2. PLINE L’ANCIEN, Histoire Naturelle 14,11,85; p.52. Tr. par Jacques André. Paris:
Société d’édition «Les Belles Lettres,» tome 14 - 1958; tome 23 - 1971. Toutes les
citations seront de ces éditions. Dorénavant, seulement le titre de l’oeuvre, l’auteur, et le
numéro du tome sera cité.

3. Pour une analyse de l’enseignement Biblique sur les conséquences de la


consommation de vin fermenté, voirWine in the Bible, pp. 95-101.

Chapitre 4

1. Les témoignages d’anciens écrivains en ce qui concerne la préservation de vin soit


fermenté ou non sont cités et analysés dans le quatrième chapitre, «The Preservation of
Grape Juice,» de Wine in the Bible.

2. CATON, De L’Agriculture 23; p.33. Tr. par Raoul Goujard. Paris: Société d’édition
«Les Belles Lettres,» 1975. Dorénavant, seulement le titre de l’oeuvre et l’auteur sera
cité.

3. Pour encore plus de documentation et de discussion sur chacune des quatre méthodes
de préservation de jus de raisin, voir Wine in the Bible, pp. 114-127.

4. COLUMELLE, De L’Agriculture 12,19,1, tr. par Jacques André, Paris: Société


d’édition «Les Belles Lettres,» tome 12, 1988; p.51. Toutes les citations seront de cette
édition. Dorénavant seulement le titre de l’oeuvre de Columelle sera cité.

5. Ibid., 12,26,1; p.62.

6. J. KITTO, Cyclopedia of Biblical Literature, éd. 1845, art. «Passover,» Vol 2, p.477.
7. PLINE L’ANCIEN, Histoire Naturelle 23,24; p.35.

8. PLUTARQUE, Symposiacs 8,7.

9. CATON, De L’Agriculture (n.2) 120,1;p.80.

10. COLUMELLE, De L’Agriculture (n.4) 12,30,1; 12,29.p.65.

11. J.B. PRITCHARD, Gibeon: Where the Sun Stood Still, Princeton:1962, pp. 90-98.

12. KITTO, Cyclopedia of Biblical Literature (n.6) vol. 2, art. «Wine,» p.956.

13. JOSEPHE, Les Guerres Juives 7,8,4.

14. Voir, par exemple, "abodah Zarah 30a", tr. en anglais par I. Epstein, The Babylonian
Talmud, London: 1936, pp. 148-149.

Chapitre 5

1. PLINE L’ANCIEN, Histoire Naturelle 23,24; p.35

2. PLUTARQUE, Symposiac 8,7.

3. Voir Sotah 48a; aussi Mishna Sotah 9,11.

4. Cité dans WILLIAM PATTON, Bible Wines. Laws of Fermentation, Oklahoma City,
p.83. (Nous soulignons)

5. H. PREISKER, «Methe, Methuo, Methuskomai,» Theological Dictionary of the New


Testament, édité par Gerhard Kittel, Grand Rapids:1967, Vol.4, p.547. (Nous soulignons)

6. «On doit remarquer,» dénote Leon C. FIELD, «que l’adjectif employé pour décrire le
vin créé par le Christ n’est pas agathos, "bon," tout simplement, mais kalos, ce qui est
moralement excellent, ou propre. Ce terme qui évoque la caractérisation de Theophrastus,
du vin non fermenté comme étant un vin moral (ethikos).» DeOinos: A Discussion of the
Bible Wine Question, New York:1883, p.57.

7. A.B. BRUCE, The Synoptic Gospels dans The Expositor’s Greek Testament, Grand
Rapids:1956, p.500. Voir aussi E. GORDON, Christ the Apostles and Wine (n.2,4),p.20.
8. COLUMELLE, De L’Agriculture 12,29; p.65.

9. E. GORDON, Christ the Apostles and Wine (N.2,4) p.20.

10. Ibid., p.21.

11. N. GELDENHUYS, Commentary on the Gospel of Luke, de la série «The New


International Commentary on the New Testament,» Grand Rapids:1983, p.198. Voir
aussi: H. ALFORD, The New Testament for English Readers, Boston:1875, Vol. 1, p.324;
R.C.H. LENSKI, The Interpretation of St. Luke’s Gospel, Columbus:1953, p.320; et J.
VAN IMPE, Alcohol: The Beloved Enemy, Royal Oak:1980, pp. 121-122.

12. H. SEESEMAN, art. «Oinos,» dans Theological Dictionary of the New Testament,
édité par Gerhard Friedrich, Grand Rapids:1968, Vol.5, p.163.

13. S.M. REYNOLDS, Alcohol and the Bible, Little Rock:1983, Challenge Press, p.42.

14. JOSEPHE, Antiquités Judaïques 2,5,2.

15. J.B. LIGHTFOOT, The Temple Service and the Prospect of the Temple,
London:1833, p.151.

16. L. GINZBERG, «A Response to the Question Whether Unfermented Wine May Be


Used in Jewish Ceremonies,» American Jewish Year Book 1923, p.414.

17. The Jewish Encyclopedia, éd. 1904, art. «Jesus,» Vol. 5, p.165.

18. Acts and Martyrdom of St. Matthew the Apostle, édité par Alexander Roberts et James
Donaldson, The Ante-Nicene Fathers, Grand Rapids:1978, Vol.8, pp.532-533.

19. THOMAS D’AQUIN, Summa Theologica, Vol.2, partie III, question 74, art.5,
p.2443; New York:1947 (éd. anglaise). Voir aussi: GRATIEN, De Consecratione, Pars
III, Dist. 2, c.7, cité par Leon C. FIELD, Oinos: A Discussion of the Bible Wine Question,
New York:1883, p.91; et J. BINGHAM, The Antiquities of the Christian Church,
London:1852, Vol.2, p.755.

20. G.W. SAMSON, The Divine Law as to Wines, New York:1880, pp.205-217; L.C.
FIELD (n.19) pp.91-94, et F.R. LEES et D. BURNS, The Temperance Bible
Commentary, London:1894, pp.280-282.
Chapitre 6

1. Rm 14.21; Ep 5.18; 1 Tm 3.8; 5.23; Tt 2.3; Ap 6.6; 14.8,10; 16.19; 17.2; 18.3,13;
19.15.

2. H.G. LIDDELL et R. SCOTT, A Greek-English Lexicon, éd.1968, art. «Gleukos;»


J.H. MOULTON et G. MILLIGAN, The Vocabulary of The Greek New Testament, art.
«Gleukos;» et J.H. THAYER, Greek-English Lexicon of the New Testament, art.
«Gleukos.»

3. H. BUMSTEAD, «The Biblical Sanction of Wine,» Bibliotheca Sacra 38 (janvier


1881): 81.

4. Ibid., p.62.

5. EUSEBE DE CESAREE,(Histoire Ecclésiastique), Church History 2,23,4, éditer par


Philip Schaff et H. Wace, Nicene and Post Nicene Fathers of the Christian Church, Grand
Rapids:1971, vol.1, p.175.

6. Une investigation de la façon de vivre de tels sectes tel que les Ebionites, les
Nazaréens, les Elkesiates, et les Encratites, pourrait soutenir considérablement
l’abstinence de vin fermenté dans l’Eglise Apostolique. G.W. SAMSON, The Divine Law
as to Wines, New York:1880, pp. 197-210. Par contre, la valeur de sa recherche, est
diminuée par un manque de références exactes.

7. L.C. FIELD, Oinos: A Discussion of the Bible Wine Question, New York:1883, p.60.

8. G.W. SAMSON (n.6), p.201.

9. The Interpreter’s Bible, New York:1970, vol.11, p.714.

10. E. GORDON, Christ, the Apostles and Wine. An Exegetical Study, Philadelphia:
1947, p.31.

11. F. FENTON, The Bible and Wine, London:1911, p.93.

12. ARISTOTE, Météréologiques 387.b.9-13, tome 2, pp.62-63.

13. ATHENEE DE NAUCRATIS, Les Deipnosophistes 2,24 p.112; tr. par A.M.
Desrousseaux et C. Astruc, Paris, Société d’édition «Les Belles Lettres,» 1956.

14. PLINE L’ANCIEN, Histoire Naturelle 14,19; p.112.


15. Ibid., 23,23; p.35.

16. ELLEN G. WHITE, «The Marriage in Cana of Galilee,» The Signs of the Times, le
6 septembre, 1899, p.6.

17. Voir par exemple les art. de «Nepho,» dans G.W. LAMPE, A Patristic Greek Lexicon,
Oxford:1961; J. DONNEGAN, A New Greek and English Lexicon, éd. 1847; T.S.
GREEN, A Greek-English Lexicon of the New Testament, New York:1850; G. ABBOTT-
SMITH, A Manual Greek Lexicon of the New Testament, éd.1937,; et aussi les art. de
«Nephalios;» Hesychii Alexandri Lexicon, éd.1858; D.C.S. BYZANTIOS, Lexicon
Epitomou tes Ellenikes Glosses, éd.1939.

18. JOSEPHE, Les Antiquités Judaïques 3,12,2.

19. PHILON D’ALEXANDRIE De Specialibus Legibus 4,183.

20. A. CLARKE, The New Testament of Our Lord and Saviour Jesus Christ, New
York:1938, vol.2, p.869.

21. Sophron peut aussi désigner l’abstinence. Voir par exemple, ARISTOTE, L’Ethique
à Nicomaque 2,9; 2,3,1; tr. par R. Antoine et J-Y. Jolif, Tome 1, Edition Béatrice-
Nouvelaerts, Paris:1958; The Testaments of the Twelve Patriarchs, The Testament of
Judah 16,3, éd. R.H. CHARLES, The Apocrypha of the Old Testament, Oxford:1913,
p.320; U. LUCK, art. «Sophron,» Theological Dictionary of the New Testament, édité
par Gerhard Friedrich, Grand Rapids:1971, vol.7, p.1101; PHILON
D’ALEXANDRIE, De Ebrietate, tr. par J. Gorez, éd. du Cerf, Paris:1962, pp.62-63;
CLEMENT D’ALEXANDRIE, Le Pédagogue 2,2.

22. H.G. LIDDELL et R. SCOTT, A Greek-English Lexicon, éd.1968, art. «Paroinos.»

23. F.R. LEES et D. BURNS, The Temperance Bible Commentary, London:1894, p.367.

24. A. BARNES, Notes, Explanatory and Practical on the Epistles of Paul to the
Thessalonians, to Timothy, to Titus and to Philemon, New York:1873, p.140.

25. Lexicon Graeci Testamenti Alphabeticum, éd.1660, art. «Par-oinos.»

26. H.G. LIDDELL et R. SCOTT, A Greek-English Lexicon, éd.1968, art. «Paroinos.»


La même acception se trouve dans le lexique moderne grec-anglais de G.
GIANNAKOPOULOU et E. SIAPENOU, Ariston Ellenoaggaikon Lexicon, éd.1971, art.
«Paroinos.»
27. Nous soulignons.

28. W. GRUNDMAN, «Enkrateia,» Theological Dictionary of the New Testament, éd.


Gerhard Kittel, Grand Rapids:1974, vol.2, pp.339-342.

29. Ibid., pp.339-342.

30. ARISTOTE, L’Ethique à Nicomaque 7,1,6, tr. par R. Antoine et J-Y. Jolif, Tome 1,
Edition Béatrice-Nouvelaerts, Paris:1958.

31. JOSEPHE, La Guerre Juive 2,8,2.

32. IRENEE DE LYON, Contre les Hérésies 1,28; tr. par A. Rousseau et L. Doutreleau,
Ed. du Cerf, Paris:1979; CLEMENT D’ALEXANDRIE, Stromateis 7,17;
HIPPOLYTE, Philosophoumena 8,20; EPIPHANE, Contre les Hérésies 46,47.

33. EPICTETUS, Encheiridion 35, cité dans Adam Clarke, The New Testament of Our
Lord and Saviour Jesus Christ, New York:1938, vol.2, p.239; HORACE, De Arte
Poetica v.412, cité dans Adam Clarke, Ibid., p.240; WALTER GRUNDMAN
(n.28),p.342; F.W. GROSHEIDE, Commentary on the First Epistle to the Corinthians,
The New International Commentary of the New Testament, Grand Rapids:1983, p.215.

Chapitre 7

1. H. BUMSTEAD, «The Biblical Sanction of Wine,» Bibliotheca Sacra 38 (janvier


1881): 66.

2. F.R. LEES et D. BURNS, The Temperance Bible Commentary, London:1894, p. xxiv;


et W. RITCHIE,Scriptural Testimony Against Intoxicating Wine, New York: 1866,p.35.

3. R. TEACHOUT, The employé of Wine in the Old Testament, dissertation de doctorat


en théologie, Dallas Theological Seminary, 1979, p.180.

4. Dt 7.13; 11.14; 12.17; 14.23; 18.4; 28.51; 2 Ch 31.5; 32.28; Né 5.11; 10.39; 13.5,12;
Jr 31.12; Os 2.8,22; Jl 2.19; Ag 1.11.

5. Gn 27.28,37; Dt 33.28; 2 R 18.32; Ps 4.7; Es 36.17; 62.8; Os 2.9; 7.14; 9.1-2; Za 9.17.

6. Né 10.37; Mi 6.15.

7. Jg 9.13; Pr 3.10; Es 24.7; 65.8; Os 4.11.


8. Ces mots se trouvent des centaines de fois. Voir R. TEACHOUT, (n.3) p.195.

9. Talmud Babli Yoma 76b, cité dans la compilation produit par Rabbin ISIDORE
KOPLOWITZ, Midrash Yayin Veshechor. Talmudic and Midrashic Exegesis on Wine
and Strong Drink, Detroit:1923, p.41.

10. F.R. LEES et D. BURNS, The Temperance Bible Commentary, London:1894, p.219.

11. R. TEACHOUT (n.3) pp. 190-191.

12. H. BUMSTEAD, «The Biblical Sanction of Wine,» Bibliotheca Sacra 38 (janvier


1881): 69.

13. Ibid.

14. L.C. FIELD, Oinos: A Discussion of the Bible Wine Question, New York:1883, p.43.

15. K.L. GENTRY, The Christian and Alcoholic Beverages, Grand Rapids:1986, p.42.

16. R. TEACHOUT (n.3) pp.238-240 où il présente des arguments irrésistibles pour


démontrer que chekar dans Dt 29.6 et Nb 28.7 peut signifier du «jus de raisin
satisfaisant.»

17. K.L. GENTRY (n.15) p.42.

18. L.O. CAESAR, «The Meaning of Yayin in the Old Testament» (dissertation de
maîtrise), Andrews University, 1986, p.184.

19. R. TEACHOUT (n.3) pp. 225-240.

20. R. TEACHOUT, Wine. The Biblical Imperative: Total Abstinence, publié par
l’Auteur, 1986, p.66.

21. R. TEACHOUT (n.3) pp.212-214.

22. R. TEACHOUT (n.20) p.67.

23. L.C. FIELD, Oinos: A Discussion of the Bible Wine Question, New York:1883, p.44.

24. G.R. DRIVER, Aramaic Documents of the Fifth Century B.C., abrégé et réviser,
Oxford:1965, p.60.
25. R. TEACHOUT (n.3) p.224. Une exception apparente, 1 S 1.15, qui, d’après
Teachout, est un hendiadys qu’on doit traduire comme «vin fermenté» (p.245).

26. S.M. REYNOLDS, Alcohol and the Bible, Little Rock:1983, Challenge Press, pp.24-
25.

27. The International Standard Bible Encyclopedia, éd. 1939, art. «Strong Drink,» vol.2,
pp.879-880;Encyclopedia Biblica, édité par T.K. CHEYNE et J.S. BLACK, éd.1903, art.
«Wine and Strong Drink,» vol.4, p.5310; Cyclopedia of Biblical Literature, édité par J.
KITTO, éd.1845, art. «Wine,» vol.2,p.953; JEROME,Lettre (L11) à Népotien, tr. par
l’abbé Bareille, Oeuvres Complètes de Saint Jérome, tome 1, Larousse, Paris:1877; et R.
YOUNG, Analytical Concordance to the Bible, vingt-deuxième éd., art. «Strong Drink,»
p.273, où il définit chekar comme étant une boisson soit fermenté ou non, et par suite, il
définit le mot grecsikera: «Boisson douce (souvent fermenté), sikera; chekar hébreu.»

28. L’étymologie de ces mots est uniforme dans tout les dictionnaires français
consultés. Ils tracent le mot sucre à l’arabe sukkar; et ils tracent le mot cidre à
l’hébreu, chekar. Ils ne lient pas ces deux mots comme le fait certains étymologistes, tel
que l’encyclopédie Biblique citée plus bas (dans le texte).

29. The Popular and Critical Bible Encyclopedia and Scriptural Dictionary, édité par S.
FALLOWS, éd.1909, art. «Strong Drink,» p.546.

30. Ibid.

31.Ibid., p.547.

32. Sanhedrin 43a, cité par H. SEESEMAN, «Oinos,» Theological Dictionary of the
New Testament, édité par Gerhard Friedrich, Grand Rapids:1968, vol.5,p.164.

33. H. SEESEMAN (n.32).

34. K.L. GENTRY, (n.15) p.47.

35. Ibid.

36. F.D. GEALY, The First and Second Epistles to Timothy and the Epistle to Titus, The
Interpreter’s Bible, Nashville:1960, vol.11, p.412. Voir aussi E. TILSON, Should
Christians Drink?, New York:1957, p.23.
37. A. BARNES, Notes, Explanatory and Practical on the Epistles of Paul to the
Thessalonians, to Timothy, to Titus and to Philemon, New York:1873, p.144.

38. Ibid.

39. L. ABBOT, cité dans L.C. FIELD (n.23) p.107.

40. R. TEACHOUT, (n.3) pp.442-443.

41. Ibid., pp.443-444.

42. Ibid., p.444.

43. Ibid., p.445.

44. PLINE L’ANCIEN, Histoire Naturelle 14,28; p.66. Tr. par Jacques André. Paris:
Société d’édition «Les Belles Lettres,» tome 14 - 1958

45. Ibid.

46. LUCIEN DE SAMOSATE, Philopatris 39.

Chapitre 8

1. ELLEN G. WHITE, Tempérance, Editions S.D.T., Dammarie Les Lys, France: 1973,
p.202.

2. Ibid., p.203.

3. Pour un exposé des discours d’Ellen G. White sur la tempérance, voir HORACE JOHN
SHAW, A Rhetorical Analysis of the Speaking of Mrs. Ellen G. White, a Pioneer Leader
and a Spokeswoman of the Seventh-day Adventist Church, une dissertation de doctorat en
Philosophie, Michigan State University, 1959, pp.200-210.

4. M.E. OLSEN, A History of the Origin and Progress of Seventh-day


Adventists, Washington, D.C.: 1925, p.283.

5. Tempérance, p.78.

6. Ibid., pp.152-153.
7. Ibid., p.145; voir aussi pp.158, 195.

8. Ibid., p.225.

9. Ibid., p.33. On trouve la même expression avec peu de variations dans pp.73, 81, 126,
225.

10. Ibid., p.154. Voir aussi pp.155-158 pour d’expressions semblables.

11. Ibid., p.154.

12. Testimonies for the Church, vol.7, Pacific Press Publishing Association, Mountain
View, California. C’est cette même maison d’édition pour tout les livres anglais de
Madame White.

13. Tempérance, p.174.

14. Ibid., pp.173-174.

15. Ibid., p.185.

16. Testimonies for the Church, vol.7, p.75.

17. Rayons de Santé, Editions S.D.T., Dammarie Les Lys, France: 1965, p.279.

18. Testimonies for the Church, vol.3, pp.161-162.

19. Jésus Christ, Editions S.D.T., Dammarie Les Lys, France: 1977, p.81.

20. Témoignages Pour L’Eglise, vol. 2, Editions S.D.T., Dammarie Les Lys, France:
1972, p.465.

21. Tempérance, p.157.

22. Ibid., p.72.

23. JAMES WHITE, «Health Reform,» Health Reformer, le 4 février, 1871, p.152.

24. Tempérance, p.186, nous soulignons.

25. Ibid., p.206.


26. Ces sept points sont un sommaire de ce qui a déjà été mentionné ci-dessus et de
l’appendice B, «Discours typiques d’Ellen G. White sur la tempérance,» du
livre Tempérance, pp.208-227.

27. Tempérance, p.81.

28. Ibid., p.33.

29. «Does the Bible Condemn "Moderate" Drinking?» Adventist Review, le 25 février,
1982, p.4.

30. Ibid.

31. Pour une analyse de ces textes voir chapitre 6.

32. Rayons de Santé, pp.187-188, nous soulignons. Elle s’exprime presque de la même
façon dans la revueSigns of the Times, (29 août, 1878) où elle dit: «Nulle part la Bible
enseigne l’usage du vin fermenté, soit comme boisson ou comme symbole du sang du
Christ.»

33. Tempérance, p.34, nous soulignons. Dans Signs of the Times, du 8 juillet, 1880, elle
commente sur Lv 10.9 d’une même façon: «Donc Dieu interdit explicitement l’usage du
vin et de spiritueux.»

34. Ibid., p.41.

35. True Temperance, An Indictment of the Liquor Traffic, Nashville, p.14.

36. Ibid., p.15.

37. Tempérance, p.72. Voir aussi Testimonies for the Church, vol.5, pp.356-357;
et Conseils sur la Nutrition et les Aliments, Editions le Monde Français, Pacific Press
Pub. Ass., Mountain View CA: 1972, p.520.

38. Ibid., p.29.

39. Ibid., p.145.

40. Ibid., p.72.

41. Ibid., p.50; voir aussi Patriarches et Prophètes, Editions S.D.T., Dammarie Les Lys,
France: 1948, p.476.
42. Ibid., p.71; voir aussi Spiritual Gifts, vol.4, partie 1, p.125.

43. Pour une discussion de ces effets, voir, par exemple, EDITH L. GOMBERG,
HELENE R. WHITE, et JOHN A. CARPENTER, Editeurs, Alcohol, Science and Society
Revisited, Ann Arbor, University of Michigan, 1985, pp.17-62.

44. Testimonies for the Church, vol.4, p.30.

45. Tempérance, p.72.

46. Conseils sur la Nutrition et les Aliments, Editions le Monde Français, Pacific Press
Pub. Ass., Mountain View CA: 1972, p.520, nous soulignons.

47. Testimonies for the Church, vol.4, p.30.

48. Counsels on Health, p.463.

49. Tempérance, pp.72, 216.

50. Medical Ministry, p.11.

51. Tempérance, p.133.

52. Testimonies for the Church, vol.4, p.30.

53. Gospel Workers, p.386.

54. Tempérance, pp.24-25.

55. Medical Ministry, p.114.

56. Rayons de Santé, p.193.

57. Testimonies for the Church, vol.3, p.561.

58. Tempérance, p.19.

59. Ibid., p.22.

60. Ibid., p.23.

61. Ibid., p.28.


62. Ibid., p.27.

63. Rayons de Santé, p.202.

64. Tempérance, pp.30-31.

65. Ibid., pp. 31-32.

66. Ibid., p.35.

67. Ibid., p.36.

68. Ibid., p.84.

69. Ibid., p.85.

70. Rayons de Santé, p.204.

71. Ibid., p.205.

72. HERBERT FINGARETTE, Heavy Drinking: The Myth of Alcoholism as a


Disease, Berkeley, University of California Press, 1988, p.79. Fingarette démontre la
fausseté du mythe que l’alcoolisme est une maladie. Quiconque est intéressé à ce sujet
«doit» étudier cette recherche.

73. Evangelism, p.264.

74. Rayons de Santé, p.211.

75. Tempérance, pp.85-86.

76. Rayons de Santé, p.206.

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