Nations Unies CRPD/CSP/2022/SR.

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Convention relative aux droits Distr. générale
des personnes handicapées 29 août 2022
Français
Original : anglais

Conférence des États parties à la Convention

relative aux droits des personnes handicapées
Quinzième session
New York, 14–16 June 2022
Compte rendu analytique de la 3 e séance
Tenue au Siège, à New York, le mercredi 15 juin, à 10 heures
Présidence : M. Fatah (Vice-Président par intérim) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . (Iraq)
puis : M. Salovaara (Président) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . (Finlande)

Sommaire
Point 5 de l’ordre du jour : Questions relatives à l’application de la Convention
(suite)
b) Tables rondes :
i) L’innovation et la technologie au service des droits des personnes
handicapées
a) Débat général (suite)

Le présent compte rendu est sujet à rectifications.

Celles-ci doivent être rédigées dans l’une des langues de travail. Elles doivent être présentées dans
un mémorandum, portées sur un exemplaire du compte rendu et adressées dès que possible à la
Chef de la Section de la gestion des documents (dms@un.org).
Les comptes rendus rectifiés seront publiés sur le Système de diffusion électronique des
documents (http://documents.un.org).

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*2209308*
CRPD/CSP/2022/SR.3
En l’absence de M. Salovaara (Finlande), M. Fatah
(Iraq), Vice-Président par intérim, assume la présidence.
La séance est ouverte à 10 h 10.
Point 5 de l’ordre du jour : Questions relatives
à l’application de la Convention (suite)
b) Tables rondes :
i) L’innovation et la technologie au service
des droits des personnes handicapées
1. M. Fatah (Iraq), Président, et M. Serwadda
(société civile) président en tant que coprésidents.
2. M. Fatah (Iraq), coprésident, déclare que le cadre
normatif mondial, qui comprend la Convention relative
aux droits des personnes handicapées, fournit un
ensemble complet d’outils servant à promouvoir les
droits des personnes handicapées dans le contexte de
l’innovation et de la technologie. L’innovation et la
technologie peuvent être sources de profonds
bouleversements et ne conduisent pas nécessairement à
des fractures technologiques profondes si les
institutions et les politiques les guident. Bien que
l’évolution rapide de la technologie offre d’excellentes
possibilités d’accélérer la réalisation des objectifs de
développement durable, elle pose aussi un certain
nombre de difficultés. Au cours des dernières décennies,
les produits et services technologiques d’assistance ont
ouvert de nouvelles perspectives aux personnes
handicapées. Toutefois, ces nouveaux outils ne sont pas
toujours accessibles ni adaptés, et il reste encore à les
rendre universellement disponibles, en particulier dans
les pays à revenu faible ou intermédiaire. L’expérience
montre que la collaboration entre les diverses parties
prenantes et la coopération internationale peuvent
souvent remédier aux lacunes de ce type.
3. M. Bankole Williams (responsable de la
technologie d’assistance à l’Université du Ghana),
expert intervenant en visioconférence, souligne que la
pandémie de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) a
poussé nombre d’établissements éducatifs à recourir aux
systèmes électroniques d’enseignement à distance. Dans
certains pays, l’État a diffusé les programmes éducatifs
du primaire et du secondaire à la télévision ou à la radio.
De nombreuses écoles ont mis en place des systèmes de
gestion de la formation, parfois en s’appuyant sur les
plateformes de médias sociaux.
4. Les solutions susmentionnées ont posé un certain
nombre de problèmes aux personnes handicapées.
Certaines plateformes de gestion de la formation étaient
structurellement incapables de tenir compte de certains
handicaps. Le manque de connaissance relative à
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l’utilisation des plateformes et aux dynamiques
d’apprentissage à long terme étaient aussi
problématiques. Parfois, les contenus audiovisuels,
comme les cours télévisés et les vidéos, ne prévoyaient
pas d’interprétation en langue des signes,
d’audiodescription ni de sous-titrage pour personnes
sourdes. Le coût élevé des équipements d’assistance a
aussi constitué un obstacle majeur pour les apprenants
et apprenantes handicapés.
5. À l’avenir, les systèmes électroniques de gestion
de la formation devraient être spécifiquement mis au
point pour leur public cible, à savoir les apprenants et
apprenantes handicapés, et les institutions éducatives
devraient désigner des responsables de l’intégration du
handicap au sein des équipes chargées de
l’apprentissage en ligne. Les contenus audiovisuels
devraient comporter audiodescription et sous-titrage
pour personnes sourdes, et l’utilisation de fichiers
électroniques inaccessibles, comme les présentations
sur PowerPoint, devraient être interdites. Les décideurs
travaillant sur les questions informatiques et les
développeurs de plateformes de gestion de la formation
devraient suivre les directives relatives à l’accessibilité
et considérer l’apprentissage comme un droit des
personnes handicapées. Enfin, il est important de mettre
en place des dispositifs pour apprendre aux apprenants
et apprenantes handicapés à utiliser les systèmes de
gestion de la formation.
6. Mme Mkamori (directrice des programmes à
United Disabled Persons of Kenya), experte intervenant
en visioconférence, fait remarquer que la demande
d’informaticiens surpasse l’offre et devrait encore
progresser. Or nombre de personnes handicapées
souhaitant se former aux compétences numériques se
heurtent à des obstacles inutiles : haut niveau
d’instruction requis, complexité et inaccessibilité des
tests d’aptitude, niveau élevé des coûts, inaccessibilité
des infrastructures, absence de technologies
d’assistance, d’aménagements raisonnables et de
méthodes d’enseignement inclusives.
7. Au Kenya, la Bridge IT Academy a démontré de
manière innovante que la suppression des obstacles
inutiles permettait aux personnes handicapées de suivre
avec succès les mêmes formations en informatique que
les autres apprenants. L’inscription y est gratuite et
n’exige aucun niveau d’instruction minimum, et
l’établissement fournit sans coûts supplémentaires
l’équipement adapté aux besoins spécifiques. On y
emploie de nouveaux modes d’évaluation, et les
enseignants certifiés, formés à la formation des
personnes handicapées, appliquent les programmes
standards en recourant à des méthodes adaptées.
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8. L’établissement a des partenariats avec le secteur
privé, le Gouvernement, des institutions éducatives, des
organisations donatrices et des organisations de
personnes handicapées, qui sont tous directement
intéressés à la réussite du programme. La première
promotion se composait de 20 hommes et de 20 femmes,
sélectionnés parmi 475 candidats. Trois apprenants ont
trouvé un emploi avant la fin de leur formation. Les
autres ont obtenu leur certificat puis trouvé un emploi
ou un stage rémunéré à plein temps.
9. Mme Palma Pardo (Ministère colombien des
technologies de l’information et des communications),
experte, souligne que, dans une démarche visant à
mettre le pouvoir de la technologie au service des
personnes handicapées, le Gouvernement colombien se
concentre sur l’éducation et la formation, l’assistance,
la création de contenus audiovisuels et l’accessibilité
des divertissements. Au Sommet sur la transformation
de l’éducation, la Colombie défendra le recours aux
plateformes pédagogiques pour réduire le fossé entre
personnes handicapées et valides dans le secteur
éducatif. Par ailleurs, le pays met actuellement en place
un programme de formation aux outils numériques pour
personnes handicapées. Il a créé un centre de
communication vidéo gratuit dont les interprètes en
langue des signes permettent aux personnes sourdes et
malentendantes de passer des appels téléphoniques, et il
a érigé les Règles pour l’accessibilité des contenus Web
en normes à respecter pour le secteur public et pour les
entreprises privées.
10. Grâce à une initiative publique-privée, les
personnes handicapées peuvent télécharger gratuitement
le lecteur d’écran JAWS (Job Access with Speech) ou y
accéder dans les bibliothèques, les écoles, les services
judiciaires et administratifs. Elles peuvent aussi utiliser
une application gratuite pour ajouter aux films des
fichiers d’audiodescription, de sous-titrage pour
personnes sourdes ou d’interprétation en langue des
signes, et elles peuvent participer au festival colombien
SmartFilms, qui met en compétition des courts métrages
tournés sur téléphone portable.
11. M. Joost (Ministère estonien des affaires
sociales), expert, dit que la société estonienne bénéficie
d’un niveau élevé de dématérialisation qui permet aux
personnes handicapées d’utiliser des logiciels
d’accessibilité afin de réaliser la plupart de leurs
démarches administratives ou de voter en ligne. Par
ailleurs, l’amélioration de l’accessibilité demeure un
objectif prioritaire du Gouvernement, qui a chargé un
groupe d’étude de faire de nouvelles propositions pour
que l’Estonie soit pleinement accessible à l’horizon
2035. Dans un petit pays dont les ressources humaines
sont en inadéquation avec les besoins, en particulier
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dans les zones rurales, les solutions qui permettent aux
personnes de vivre décemment sans dépendre d’autrui
sont particulièrement précieuses.
12. En Estonie, les applications bancaires et de
signature de contrats à distance ont été pourvues
d’options d’accessibilité, et, depuis mars 2022, la
télévision publique sous-titre les programmes
d’information en estonien. Très répandus depuis la crise
de la COVID-19, les dispositifs adaptés aux personnes
handicapées, comme le travail à distance, qui est facilité
par la technologie, ne doivent pas servir d’excuses pour
ne pas développer les aménagements raisonnables.
13. Depuis 2017, l’Estonie autorise l’expérimentation
des véhicules autonomes, susceptibles d’ouvrir un jour
des perspectives pour la mobilité des personnes qui ne
peuvent conduire. La livraison robotisée de colis, déjà
courante, renforce la nécessité de déblayer le cadre bâti
en cas de neige ou de gel, ce qui bénéficie également
aux personnes présentant certains handicaps.
14. En ce qui concerne les données relatives au
handicap, l’Estonie applique des indicateurs spécialisés
dans le cadre de son plan d’action pour 2035 et a réalisé
un bilan économique afin d’identifier les situations où
l’accessibilité complète du cadre bâti et de
l’environnement numérique réduirait les coûts des
services publics. Le pays tient aussi à jour des
statistiques sur le nombre de personnes dont le handicap
est le résultat d’un traumatisme lié à un conflit.
15. Des mesures ont été prises afin que les grands
événements culturels et les films soient accessibles aux
personnes présentant des déficiences visuelles ou
auditives. Dans tous les festivals de chant et de danse
ainsi que lors des fêtes publiques, des dispositifs
d’audiodescription, d’interprétation en langue des
signes et d’inscriptions tactiles sont prévus.
L’audiodescription est requise pour tous les films
financés par l’institut national du cinéma.
16. En ce qui concerne la législation et les politiques
relatives à l’égalité de traitement, la loi est en cours de
modification aux fins d’un renforcement de la protection
des personnes handicapées, et un projet pilote
interministériel a été lancé dans le but que soit élaboré
un modèle pour l’intégration des questions d’égalité
dans toutes les politiques publiques. Dans le même
temps, l’Estonie continue de transposer l’acte législatif
européen sur l’accessibilité dans le droit national.
17. Au lieu d’œuvrer avec la communauté
internationale à la réalisation des objectifs de
développement durable, la Russie sème la destruction en
Ukraine. Son agression doit cesser. L’Estonie a accueilli
plus de 40 600 réfugiés ukrainiens, dont beaucoup
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d’enfants, de personnes âgées et de personnes
handicapées.
18. M. Kósa (président de l’Association hongroise des
sourds et malentendants) rappelle en tant qu’expert que,
tandis que le téléphone filaire avait, à l’origine, séparé
les personnes sourdes du monde des entendants, le
téléphone mobile et les services de messagerie ont
replacé les uns et les autres sur un pied d’égalité.
Membre du Parlement européen, l’intervenant estime de
son devoir d’aider les États membres à supprimer les
obstacles rencontrés par les personnes handicapées dans
leur vie. Il a d’ailleurs contribué à l’élaboration de l’acte
législatif européen sur l’accessibilité.
19. La Convention relative aux droits des personnes
handicapées fournit un très bon cadre théorique, mais la
promotion de la technologie et de l’innovation en
matière d’accessibilité pose un dilemme pratique : les
États ont le choix entre réglementer et laisser le marché
opérer librement. La législation européenne exige
l’accessibilité des produits numériques, des émissions
de télévision, des transports, des services bancaires et
téléphoniques, mais il n’impose aucune règle stricte au
cadre bâti. Or il n’est pas suffisant qu’un distributeur de
billets soit adapté aux différents handicaps, si une
personne se déplaçant en fauteuil roulant ne peut entrer
dans le bâtiment où il est installé. Au demeurant, grâce
à la diffusion rapide de la technologie numérique, la
plupart des gens utilisent déjà leur smartphone pour
leurs transactions bancaires. Quoi qu’il en soit, même en
l’absence de loi, on est en droit d’attendre de
l’innovation qu’elle offre des solutions qui bénéficient
aux personnes handicapées de la même manière qu’aux
autres membres de la société. S’il ne faut pas limiter
l’innovation, il convient toujours de fixer clairement les
principales orientations et les attentes. Le public visé –
les personnes handicapées – joue un rôle essentiel dans
ce processus et doit être identifié comme un groupe de
consommateurs à prendre en compte.
20. Le représentant de l’Iraq dit que son
Gouvernement travaille à rendre les services publics
accessibles en ligne aux personnes handicapées, par
exemple en mettant en place une base de données et un
portail numérique destinés à gérer les demandes de
pension d’invalidité. Il souhaite savoir comment les
gouvernements et les organisations non
gouvernementales (ONG) représentant les personnes
handicapées peuvent coopérer pour surmonter les
difficultés auxquelles ces personnes sont confrontées,
en particulier dans les zones rurales. Il apprécierait que
soient communiquées des informations sur les efforts
faits pour réduire les écarts entre les genres parmi les
personnes handicapées, spécifiquement dans les zones
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rurales et dans les régions touchées par la
désertification.
21. La représentante de l’Égypte dit qu’il y a eu peu
de discussions sur les technologies d’assistance pour
personnes présentant un handicap physique ou une
déficience visuelle. Il convient de noter que, pour être
capables d’utiliser efficacement les équipements
d’assistance, les personnes sourdes ou malentendantes
doivent suivre une formation et, lorsqu’il s’agit
d’enfants, les membres de leur famille doivent aussi être
formés. En outre, étant donné que certains ne peuvent
supporter les dépenses nécessaires à l’utilisation de ces
équipements, dans un souci d’équité, ces coûts devraient
être pris en charge par les assurances ou par les
politiques éducatives. Par ailleurs, les employeurs et les
collègues de personnes qui recourent aux technologies
d’assistance devraient être sensibilisés afin de ne pas les
traiter comme des extraterrestres, et les employeurs
devraient contribuer à l’achat des équipements
concernés. Enfin, les personnes sourdes et
malentendantes devraient participer activement à
l’évaluation des technologies d’assistance, et c’est à
elles de choisir celles qu’elles veulent utiliser.
22. La représentante d’El Salvador dit que son pays
fournit des ordinateurs adaptés aux apprenants et
apprenantes handicapés. Les enseignants sont aussi
formés à l’utilisation des technologies d’assistance, et
des leçons vidéo en langue des signes salvadorienne
sont disponibles en ligne. L’intervenante demande si un
nouveau mécanisme de coopération internationale est
nécessaire pour amplifier les efforts nationaux destinés
à mettre la technologie et l’innovation au service des
personnes handicapées, et, si tel est le cas, elle demande
ce que les Nations Unies et les autres acteurs peuvent
faire pour développer les synergies.
23. L’observatrice de l’Union mondiale des aveugles
souligne que son organisation et l’International
Disability Alliance ont travaillé ensemble pour mettre
au point un affichage en braille qui coûte environ 500
dollars, soit dix fois moins que les lecteurs d’écran
précédents. En 2022, l’Union a créé une fondation afin
d’aider les Ukrainiens et Ukrainiennes aveugles à
accéder aux technologies adaptées.
24. En ce qui concerne les livres destinés aux
personnes qui rencontrent des difficultés à lire des textes
imprimés, l’application gratuite Dolphin EasyReader et
les bibliothèques électroniques comme Libby,
BorrowBox et Audible demeurent peu accessibles. Les
États devraient encourager les agences et les
bibliothèques qui utilisent ces applications à faire
pression sur les développeurs pour qu’ils en améliorent
l’accessibilité.
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25. L’intervenante recommande aux délégations de
porter à la connaissance de leurs gouvernements les
conclusions du Global report on assistive technology,
récemment publié par l’Organisation mondiale de la
Santé (OMS) et par le Fonds des Nations Unies pour
l’enfance. Enfin, elle exhorte les organismes des
Nations Unies, les gouvernements et les ONG à
travailler ensemble à l’abaissement des tarifs douaniers
et des taxes à l’importation, qui découragent
l’exportation de matériel d’assistance offert par les
donateurs.
26. L’observateur de l’Organisation internationale
du Travail (OIT) remarque que les logiciels de
recrutement utilisant l’intelligence artificielle ou la
reconnaissance faciale discriminent souvent les
personnes handicapées. Si l’on considère la demande
dont les professionnels du numérique font l’objet à
travers le monde, il y aurait du travail dans ce secteur
pour les personnes handicapées compétentes. Avec le
soutien de l’Agence allemande de coopération
internationale, l’OIT a lancé des projets pilotes dans
cinq pays d’Asie afin de déterminer ce qui doit être fait
pour que les formations numériques deviennent
pleinement inclusives.
27. La représentante de l’Union européenne dit que
l’Union européenne a adopté une législation complète
afin de garantir l’accessibilité des technologies de
l’information et des communications pour les personnes
handicapées. Dans le cadre de sa stratégie en faveur des
droits des personnes handicapées (2021-2030), l’Union
européenne ouvrira un centre de ressources qui servira à
soutenir une mise en œuvre fidèle de la législation sur
l’accessibilité, à proposer des formations et à
encourager le partage des bonnes pratiques.
L’intervenante souhaiterait que les autres participantes
et participants partagent leur point de vue sur la manière
dont la coopération internationale peut encourager la
transition numérique et le développement de
technologies accessibles qui profitent aux personnes
handicapées, dans le contexte du relèvement après la
pandémie de COVID-19.
28. La représentante du Mexique souligne que, si les
nouvelles technologies ont le pouvoir de lever certains
obstacles, les personnes issues des groupes vulnérables
n’ont souvent pas les moyens d’acheter, d’entretenir ou
de faire réparer les équipements d’assistance ni
d’accéder aux infrastructures dont elles ont besoin. Elle
souhaiterait que les autres intervenantes et intervenants
donnent leur avis sur les mesures que les États
pourraient prendre pour garantir l’accès des populations
marginales aux technologies. Elle demande aussi quels
équipements d’assistance devraient avoir la priorité
dans les politiques nationales.
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29. L’observatrice de Disabled Peoples Organization
Denmark dit que l’innovation technologique pourrait
changer la donne pour les personnes handicapées mais qu’elle
connait des limites et n’est pas accessible à tous ceux qui en
ont besoin. Les personnes handicapées doivent participer au
développement des technologies d’assistance, et leurs
remarques sont les bienvenues. Il faudrait que les
intervenants et intervenantes partagent leurs idées sur
les moyens d’inclure les personnes handicapées dans les
processus de développement et de perfectionnement,
ainsi que sur les risques que cela comporte et sur les
moyens de les éviter.
30. L’observateur de Transforming Communities
for Inclusion constate que, dans les pays en
développement, la fracture numérique est souvent plus
profonde en ce qui concerne les personnes handicapées,
notamment les femmes et les filles, qui sont parfois si
pauvres qu’elles ne peuvent s’acheter de smartphone.
Les personnes handicapées rencontrent plus de
difficultés socioéconomiques et sont plus souvent en
position de victimes que les autres. Durant la pandémie
de COVID-19, les personnes présentant un handicap
psychosocial étaient sujettes aux rechutes alors même
qu’elles n’avaient pas accès à l’assistance proposée via
Internet et les messageries sur smartphone.
31. La représentante de la Suisse indique que son
pays soutien de nombreux projets de recherche
technologique au service des droits des personnes
handicapées, ainsi que les programmes visant à
améliorer l’accessibilité numérique. Les dépenses
engagées pour rendre un équipement numérique
utilisable par les personnes handicapées sont
négligeables lorsque l’accessibilité est intégrée dès
l’étape de conception, tandis qu’éliminer les barrières a
posteriori coûte cher. Tant les entreprises du numérique
que leurs clients doivent prendre conscience des besoins
liés à l’accessibilité.
32. Le représentant de l’Ukraine fait valoir que, bien
avant l’invasion russe, avait été mise au point, dans le
cadre de la stratégie nationale destinée à créer un
environnement sans obstacles pour les personnes
handicapées, une plateforme numérique permettant à
tout Ukrainien muni d’un smartphone d’effectuer un grand
nombre de démarches administratives depuis son compte
personnel, du paiement des impôts à l’enregistrement d’une
société. Depuis le déclenchement de la guerre, de nouvelles
fonctions ont été ajoutées : on peut y envoyer des dons à des
personnes déplacées à l’intérieur du pays, et les soldats
ukrainiens peuvent y partager des informations relatives
aux positions ennemies. L’Ukraine dispose également
d’un service en ligne d’interprètes en langue des signes
qui permet aux personnes sourdes et malentendantes de
contacter un médecin ou le service des urgences.
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33. La représentante de la République dominicaine
demande si le centre de communication vidéo
colombien peut aussi être utilisé par les personnes
présentant un handicap intellectuel et si un centre
similaire est envisageable dans son pays.
34. L’observateur de Sense International India dit
que l’Inde a une des législations les plus progressistes
au monde en ce qui concerne le handicap, et que les
personnes sourdes-aveugles doivent être dénombrées
lors du prochain recensement. La commission électorale
garantit l’accessibilité des scrutins, et les personnes
sourdes-aveugles auront bientôt les moyens de
participer à l’édification de la nation. Partout dans le
monde, les personnes sourdes-aveugles devraient avoir
la possibilité d’aider à reconstruire en mieux.
35. La représentante de l’Équateur dit que, durant
la pandémie de COVID-19, le Gouvernement a diffusé
des directives spéciales pour aider les enseignants à
répondre aux besoins des enfants handicapés ou
vulnérables, et qu’il a facilité la communication
quotidienne entre enseignants et parents. Elle
souhaiterait entendre le point de vue des autres
intervenantes et intervenants sur l’importance de
sensibiliser les populations au handicap, en particulier
les enfants qui peuvent être amenés à côtoyer des élèves
handicapés.
36. Le représentant de l’Espagne dit que, si
l’intelligence artificielle possède un fort potentiel en
matière d’inclusion des personnes handicapées, elle
apprend grâce aux données qui lui sont fournies et est
donc susceptible de reproduire les préjugés négatifs qui
prévalent dans les grands médias et sur les réseaux
sociaux. Le problème est encore plus aigu à
l’intersection des questions du genre et du handicap. Les
États parties ont le devoir de veiller à ce que
l’intelligence artificielle fasse l’objet d’une approche
fondée sur les droits humains.
37. Le représentant du Brésil signale que son
Gouvernement met en place un plan national
d’assistance technologique. Les entreprises de
télécommunications sont classées en fonction de leur
accessibilité, la compétition étant censée encourager les
progrès. Par ailleurs, la loi impose aux chaînes de
télévision d’assurer le sous-titrage pour personnes
sourdes et 20 heures d’audiodescription par semaine, et
toutes les pages Web de l’administration et des
entreprises privées ayant leur siège au Brésil doivent
être accessibles. L’intervenant demande si tous les
programmes de certification en informatique doivent
inclure un module sur l’accessibilité.
38. M. Kósa (président de l’Association hongroise des
sourds et malentendants) met en garde, comme il l’a fait
6/11
précédemment, contre un excès de réglementation de
l’innovation. Si un cadre légal est nécessaire, il importe
d’assigner des objectifs clairs à l’innovation avant de
légiférer.
39. Les services de communication vidéo conviennent
sans nul doute aux personnes présentant un handicap
autre qu’une déficience auditive, et cette technologie est
exploitable dans n’importe quel pays. Par ailleurs, les
financements doivent couvrir non seulement l’achat
mais la maintenance et la réparation des équipements
d’assistance.
40. Certaines technologies utilisées par le grand public
peuvent être adaptées à l’usage des personnes
handicapées. Par exemple, certaines prothèses auditives
connectées à un iPhone peuvent permettre de capter
directement les sons. Il faudrait que les innovations
technologiques de ce type soient disponibles librement.
41. En ce qui concerne les zones rurales, il peut être
utile de distinguer les questions touchant les personnes
handicapées de celles qui regardent le grand public, car
les solutions ne sont pas forcément identiques. Dans le
même temps, il convient de trouver un équilibre qui
fasse avancer l’ensemble de la société.
42. Mme Palma Pardo (Ministère colombien des
technologies de l’information et des communications)
déclare que la coopération peut jouer un rôle important
dans la mise à disposition des innovations
technologiques pour les personnes handicapées vivant
dans les zones rurales. Une méthode particulièrement
efficace consiste à reproduire les programmes qui ont
fait leurs preuves dans d’autres pays.
43. Le centre de communication vidéo fonctionne
depuis 20 ans en Colombie et cible spécifiquement les
personnes sourdes et malentendantes. Il fournit deux
types de services : l’interprétation en langue des signes
pour les appels téléphoniques ou passés sur la
messagerie WhatsApp, et l’accès en ligne à un interprète
en langue des signes pour les situations de
communication en face à face. Le Gouvernement
colombien est prêt à partager son expérience avec les
pays désireux d’adapter ce dispositif à leur contexte
national.
44. Une loi de 2018 demande à toutes les institutions
d’envisager des aménagements raisonnables afin d’assurer
l’égalité de service pour les personnes handicapées.
L’approche colombienne des aménagements raisonnables
repose sur l’encouragement et la sensibilisation plutôt
que sur la contrainte.
45. La Colombie propose aux femmes des formations
gratuites au numérique qui sont accessibles aux femmes
handicapées. Pour la deuxième année, elle met en place
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un programme qui encourage les filles scolarisées dans
le secondaire à se lancer dans des études de sciences, de
technologie, d’ingénierie ou de mathématiques, et qui
les y prépare.
46. M. Joost (Ministère estonien des affaires sociales)
souligne, à propos de la fracture numérique, que tout le
monde ne souhaite pas ou ne sait pas utiliser les
appareils numériques, et que même à des fins
statistiques, il est impossible de savoir si un utilisateur
recourt à une assistance. Durant la pandémie de COVID-
19, les personnes hospitalisées qui ont besoin des outils
numériques pour communiquer n’y avaient pas toujours
accès.
47. Comme dit précédemment, il est important de
garantir la maintenance et la réparation des équipements
d’assistance. Certains pays prennent uniquement en
charge les coûts liés à l’usage professionnel, ce qui
témoigne d’une vision étroite de la question à une
époque où travail et vie privée s’entremêlent. Par
ailleurs, les budgets des services sociaux ne suivent pas
la hausse des coûts, ce qui entraîne des restrictions.
48. La stratégie de l’Union européenne en faveur des
droits des personnes handicapées (2021-2030) souligne
la nécessité de faire avancer les droits des personnes
handicapées à l’échelle mondiale. Il faut espérer que
cette stratégie donnera un nouvel élan aux projets de
coopération tournés vers le développement de
l’innovation et de la technologie au service des
personnes handicapées.
a) Débat général (suite)
49. M. Salovaara (Finlande), Président, prend la
présidence.
50. M. Gamarra La Barrera (Pérou) indique, dans
une déclaration vidéo préenregistrée, qu’environ
3 millions de personnes vivent avec un handicap au
Pérou. Au cours de l’histoire, les politiques visant à
améliorer leur qualité de vie et à leur assurer la pleine
jouissance de leurs droits ont été inefficaces, mais d es
progrès ont été réalisés. La politique nationale sur le
handicap adoptée en 2021 se déploie sur trois niveaux
administratifs et met en place de nouveaux instruments
normatifs et de nouveaux services. La loi oblige ainsi
les administrations régionales et locales à allouer 1 % de
leur budget à l’amélioration de l’accessibilité de
l’infrastructure urbaine, tandis que les fonctionnaires
suivent des formations sur une approche de l’inclusion
des personnes handicapées fondée sur les droits
humains. Afin que le processus législatif tienne compte
de l’avis des personnes handicapées, des directives
relatives à la tenue des consultations ont été adoptées.
Par ailleurs, plus de 12 000 personnes handicapées ont
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bénéficié d’une aide au développement de leurs
compétences et de leurs capacités d’insertion
professionnelle. Une deuxième enquête nationale sur le
handicap est en préparation. Elle servira à évaluer la
situation des personnes handicapées après la pandémie,
à mesurer les effets des programmes sociaux et à
contrôler l’amélioration du ciblage des aides.
51. Mme Manombe-Ncube (Namibie) indique que, en
dépit des difficultés causées par la pandémie, son pays
a su apporter un soutien continu aux personnes
handicapées. En 2023, la hausse de l’indemnité versée
aux enfants handicapées sera effective, et le
recensement national de la population et du logement
inclura le bref questionnaire du Groupe de Washington
sur le handicap. La collaboration avec la National
Federation of People with Disabilities in Namibia
progresse, et, en 2021, à l’occasion de la Journée
internationale des personnes handicapées, le
Gouvernement a lancé une aide à la fourniture de biens
essentiels pour les enfants et les adultes présentant un
handicap.
52. Malgré l’existence de lois sur le sujet, l’emploi des
personnes handicapées demeure un défi à relever. Il faut
faire plus pour que la législation soit appliquée. Le
Gouvernement namibien continuera de veiller à ce que
les droits des personnes handicapées soient respectés,
promus et protégés.
53. M. Kyslytsya (Ukraine), s’exprimant également
au nom de l’Albanie, de l’Allemagne, de l’Andorre, de
l’Australie, de l’Autriche, de la Belgique, de la
Bulgarie, du Canada, de Chypre, de la Colombie, de la
Croatie, du Danemark, de l’Espagne, de l’Estonie, des
États-Unis d’Amérique, de la Finlande, de la France, de
la Géorgie, de la Grèce, du Guatemala, de la Hongrie,
des Îles Marshall, de l’Irlande, de l’Islande, d’Israël, de
l’Italie, du Japon, de la Lettonie, du Libéria, de la
Lituanie, du Luxembourg, de la Macédoine du Nord, de
Malte, de Monaco, du Monténégro, de la Nouvelle-
Zélande, du Panama, des Pays-Bas, de la Pologne, du
Portugal, de la République de Corée, de la République
de Moldova, de la Roumanie, du Royaume-Uni de
Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, de Saint-Marin,
de la Slovaquie, de la Slovénie, de la Suède, de la
Suisse, de la Tchéquie, de la Türkiye et de l’Union
européenne, déclare que ces pays condamnent
l’agression injustifiée menée par la Russie contre
l’Ukraine, qui constitue une grave violation du droit
international et notamment des principes de la Charte
des Nations Unies. Ils demandent à la Fédération de
Russie de cesser immédiatement son agression militaire
et de retirer ses soldats hors des frontières et des eaux
territoriales internationalement reconnues de l’Ukraine.
Ils condamnent également l’implication du Bélarus dans
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CRPD/CSP/2022/SR.3
l’agression. Ils réaffirment leur plein soutien au peuple
ukrainien et leur solidarité, en particulier envers les
personnes handicapées.
54. L’agression russe a plongé les civils dans une
profonde crise sur le plan humanitaire et sur celui des
droits humains, et elle affecte les personnes handicapées
d’une manière disproportionnée en les confrontant à
l’abandon, à la violence et au manque d’accès aux
services de base. Les attaques illégales menées par la
Russie sur les installations civiles comme les écoles, les
hôpitaux et les orphelinats sont fermement condamnées.
Le nombre de civils blessés, en particulier parmi les
enfants handicapés, est extrêmement préoccupant.
55. La détérioration de tous les aspects de la situation
de toutes les personnes handicapées et des femmes et
des filles, qui se retrouvent dans un état de vulnérabilité
croissante, est très inquiétant. Les délégations citées
s’engagent à travailler avec le Secrétaire général, avec
toutes les agences et entités compétentes des Nations
Unies et avec le Comité international de la Croix-Rouge
pour faire face au conflit en Ukraine.
56. M. Gastorn (République-Unie de Tanzanie)
rappelle que, tandis que le monde se relève de la
pandémie, il est confronté à de nouveaux défis comme
les changements climatiques et les conflits, qui ont
déplacé l’attention et freiné les efforts faits pour
résoudre les problèmes que rencontrent les personnes
handicapées. Le Gouvernement tanzanien attache de
l’importance à l’inclusion des personnes handicapées
dans tous les aspects de la vie. Il a confié un dossier sur
ce sujet à toutes les hautes directions administratives, et
des personnes handicapées ont été nommées à de hauts
postes décisionnels dans divers organes et ministères.
Un conseil consultatif national et plus de
12 organisations spécialisées se consacrent à la
promotion et à la protection des droits des personnes
handicapées. Enfin, le Gouvernement a créé un fonds
pour aider les personnes handicapées à s’impliquer dans
l’activité du pays et à accéder aux services et aux prêts
qui amélioreront leur indépendance.
57. Mme Swaffer (observatrice de Dementia Alliance
International), s’exprimant également au nom
d’Alzheimer’s Disease International dans une
déclaration vidéo préenregistrée, rappelle que plus de
55 millions de personnes sont atteintes de démence et
que cette maladie est une cause majeure de handicap, la
septième cause de décès dans le monde et la première
dans certains pays. L’OMS demande que la réponse
sanitaire publique apportée à la démence soit centrée sur
les droits humains des personnes concernées et qu’elle
repose, entre autres principes, sur l’autonomisation,
8/11
l’inclusion et la responsabilité. Cette approche reflète
celle prônée par l’organisation de l’intervenante.
58. Les personnes atteintes de démence sont laissées
de côté car elles ne sont généralement pas considérées
comme des personnes handicapées et se voient donc
dénier les droits définis par la Convention. La pandémie
a révélé les injustices du passé et accru l’isolement, la
stigmatisation, la discrimination et l’inégalité d’accès à
la santé et au soutien dû aux personnes handicapées.
L’autonomie de vie et l’inclusion dans la société sont
essentielles à la qualité de vie de tous, y compris des
personnes handicapées. Or les personnes atteintes de
démence ne bénéficient pas des adaptations du cadre de
vie et de l’accompagnement du handicap nécessaires à
la réalisation de ces objectifs, et elles continuent d’être
victimes de ségrégation au logement. Il est essentiel que
personne ne soit laissé de côté, y compris les personnes
atteintes de démence.
59. M. Gallarraga (Argentine), fait valoir dans une
déclaration vidéo préenregistrée que, après l’expérience
de la pandémie de COVID-19, l’Argentine a créé un
comité composé d’experts handicapés et valides qu’elle
a chargés de divers dossiers relatifs à la santé, à
l’éducation, à l’inclusion professionnelle et à
l’accessibilité. Ce comité étudie les obstacles anciens et
nouveaux rencontrés par les personnes handicapées,
réexamine le rôle de l’État et pose la question des
réseaux, organisations, mécanismes et diverses
solutions à mettre en place pour que les personnes
handicapées jouissent pleinement de leurs droits en
Argentine. Toutes les conclusions du comité doivent
donner lieu à des mesures et à des initiatives concrètes
qui auront des effets dans la vie quotidienne.
60. Dans un pays fédéral comme l’Argentine, aussi
marqué par la diversité et par les inégalités, la pandémie
a néanmoins occasionné la création d’un réseau national
et suscité une activité transversale jamais vue
auparavant. Les confinements n’ont pas rendu la tâche
facile, mais les progrès semblent avoir été consolidés et
les leçons ont été retenues. La création du comité va
dans la bonne direction, mais il y a encore beaucoup à
faire avant que les personnes handicapées ne constatent
les progrès réalisés dans la construction d’un État qui
tient compte de leur point de vue et d’une société où les
obstacles disparaissent.
61. Mme Schitz (Bélarus) dit dans une déclaration
vidéo préenregistrée que, membre de l’équipe nationale
paralympique de ski et de biathlon, elle a été blessée,
comme tous les athlètes paralympiques bélarussiens,
lorsque le conseil de direction du Comité international
paralympique a décidé d’exclure ces derniers des Jeux
paralympiques d’hiver 2022. Au nom de la politique,
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des années d’efforts et d’entraînement ont été rendues
inutiles, et l’on a sacrifié, outre les principes sportifs, les
rêves de celles et ceux qui sont des sources d’inspiration
pour les autres. Le sport a toujours été et doit rester hors
de la politique.
62. Le Mouvement paralympique est un symbole
d’égalité, d’accessibilité, d’objectivité et d’impartialité,
et il est douloureux de constater la destruction de ces
principes. La Conférence des États parties à la
Convention a laissé croire aux personnes handicapées
que leurs droits à l’égalité seraient protégés par tous les
États et par toutes les organisations, notamment par les
associations sportives internationales. L’intervenante
exhorte les membres de la Conférence à user de leur
influence nationale et internationale pour encourager le
Comité international paralympique à revenir sur sa
décision. Elle espère qu’il sera mis un terme à la
discrimination envers les sportifs handicapés
bélarussiens et que la justice prévaudra.
63. M. Ionatamichvili (Géorgie) signale que 20 % du
territoire de son pays est occupé par la Fédération de
Russie. Tandis que le monde doit encore faire face à la
crise sans précédent provoquée par la pandémie de
COVID-19, les populations des régions de Géorgie
occupées par la Russie, en particulier les personnes
handicapées, se retrouvent dans une situation de
vulnérabilité croissante et sont sujettes à une longue
liste de violations des droits humains.
64. Dans le reste du pays, les changements sont
nombreux depuis deux ans. La législation nationale a été
harmonisée avec les valeurs et les principes de la
Convention, et la Géorgie a ratifié le protocole
facultatif. De nouvelles normes d’accessibilité ont été
approuvées, les services de réadaptation ont été
augmentés et un comité responsable de l’application de
la Convention a vu le jour. Le Gouvernement a érigé en
priorités l’évolution intégrale vers un modèle social et
l’augmentation de l’accessibilité en général, notamment
en ce qui concerne la justice, ainsi que l’accès aux
services de santé pour les femmes handicapées, qui sont
confrontées à un double risque de discrimination. Des
décisions doivent être prises rapidement et de manière
inclusive si l’on veut éviter une nouvelle génération
perdue de personnes handicapées.
65. La délégation géorgienne exprime sa solidarité
envers le peuple ukrainien. Celui-ci est confronté à
l’agression brutale de la Russie qui a pour conséquence
une augmentation du nombre de personnes handicapées
en Ukraine. Il est de la responsabilité de tous de créer
les conditions nécessaires pour que ces personnes vivent
dignement.
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66. M. Rashal (Israël) dit que, grâce aux efforts faits
par son pays pour changer les comportements envers les
personnes handicapées et sensibiliser la population, la
prise de conscience du public n’a jamais été aussi élevée
qu’actuellement. Toutefois, la quête de l’égalité
universelle se poursuit. Trop de personnes physiques et
morales refusent encore d’accepter que, pour atteindre
la véritable égalité, chacun doit consentir à des
changements nécessaires même si cela cause des
désagréments occasionnels ou des dépenses.
67. Une force d’entraînement et des campagnes de
sensibilisation et d’information sont essentielles à la
réalisation des objectifs communs de pleine acceptation
et d’inclusion. Toutefois, on ne peut atteindre ces buts
sans une législation forte et applicable. La législation
israélienne sur l’égalité des droits pour les personnes
handicapées a pour caractéristique décisive son mode de
mise en œuvre, qui prévoit le contrôle périodique de
l’accessibilité et des actions en justice consécutives aux
plaintes et aux inspections. Aussi utiles et nécessaires
que soient ces outils, la loi devra être modifiée, et un
texte est en préparation afin d’autoriser les sanctions
financières en cas de non-conformité.
68. Il faut continuer de travailler en faveur de la pleine
inclusion. Les services de protection sociale sont en
cours de réforme et d’amélioration, l’éducation
inclusive doit être développée et étendue, et il convient
de se détourner résolument de l’emploi protégé.
69. Mme Cox (observatrice de Women With Disabilities
Australia Inc.) déclare que, dans un monde exposé aux risques
de pandémies, de conflits armés, d’urgences humanitaires
et de catastrophes naturelles, les gouvernements doivent
faire beaucoup plus pour assurer la protection et la
sécurité des personnes handicapées. L’Australie a connu
deux épisodes d’inondations en un mois, or les
difficultés rencontrées par les personnes handicapées
lors du premier épisode se sont maintenues au second. Il
faut se demander pourquoi on ne tire pas
d’enseignements des erreurs de ce type. La Conférence
fournit aux nations l’opportunité de s’unir et de
s’engager à prendre toutes les mesures nécessaires pour
protéger les personnes handicapées et pour assurer leur
sécurité.
70. L’esprit de coopération internationale devrait
inclure les partenariats entre gouvernements et
personnes handicapées, avec deux objectifs en vue.
Premièrement, il faut identifier les barrières et les
mesures de protection, sans négliger l’expérience des
gouvernements disposant de ressources insuffisantes.
Deuxièmement, il faut faciliter et soutenir le
renforcement des capacités et le partage des meilleure s
pratiques de sorte que les personnes handicapées aient
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de réelles possibilités d’autonomisation grâce
auxquelles elles trouveront des solutions adaptées aux
différentes situations locales. Il doit être de la
responsabilité partagée de tous les gouvernements
d’offrir aux personnes handicapées des perspectives
égales d’engagement.
71. En Australie, le manque de données ventilées a
empêché l’adoption de mesures de riposte rapide dans
les situations de risque. Ces données sont nécessaires à
la formation de dispositifs cohérents qui garantissent la
protection et la sécurité des personnes handicapées dans
toutes les situations de risque.
72. M. Koba (Indonésie) constate que, si des progrès
ont été réalisés durant les 15 ans qui ont suivi l’adoption
de la Convention, ils n’ont pas été suffisants pour
parvenir à un développement durable qui ne laisse
personne de côté. La situation a été compliquée par la
pandémie, les adultes et les enfants handicapés étant
confrontés à des obstacles dans l’accès à l’éducation et
à la santé.
73. L’engagement au plus haut niveau politique sert de
base pour l’élaboration de mesures qui favorisent la
pleine participation des personnes handicapées. En
Indonésie, cet engagement s’est traduit en 2016 par la
promulgation d’une loi qui a changé l’attitude envers
l’égalité des chances et la participation des personnes
handicapées et qui a mené en 2020 à la création d’une
institution nationale pour la promotion et la protection
des droits humains des personnes handicapées. La
mobilisation de la population est également essentielle
à l’efficacité des politiques. En Indonésie, des centres
d’information pour les femmes handicapées ont vu le
jour au niveau local, et les femmes ont activement
contribué à la défense, à la formation et au soutien
psychosocial de celles-ci.
74. Un changement de paradigme s’impose. La prise
en compte de la question du handicap ne doit pas se faire
a posteriori mais doit être intégrée aux processus
décisionnels. L’Indonésie a généralisé ce principe, qui
est appliqué même à la réduction des risques de
catastrophe.
75. M. Ke (Cambodge) affirme que le Cambodge a
fait des progrès significatifs dans la mise en œuvre de la
Convention depuis qu’il l’a ratifiée en 2012. Le pays a
adopté des politiques et des lois, à l’instar de la loi sur
la protection et la promotion des droits des personnes
handicapées, qui garantissent la non-discrimination,
l’égalité des chances et la pleine participation à la
société pour les personnes handicapées. Il a renforcé
l’institution nationale chargée des handicaps et a créé
des organes compétents au niveau national et dans les
territoires. Le système national mis en place pour
10/11
identifier toutes les personnes handicapées et améliorer
leur accès à l’éducation, à la prévoyance, à la protection
sociale et aux moyens de subsistance, a déjà recensé
60 000 individus. Un centre national pour personnes
handicapées est en cours de création. Il servira de
guichet unique qui améliorera l’accès aux services
d’accompagnement (réadaptation physique, formation
professionnelle, aide aux petites entreprises, etc.).
76. Le Cambodge ne ménage pas ses efforts dans la
lutte contre la pandémie de COVID-19 et la protection
de sa population, en particulier des personnes
handicapées. Plus de 90 % de la population est
entièrement vaccinée, et la réouverture de l’économie
bénéficiera à tous, y compris aux personnes
handicapées.
77. Mme González de Valenzuela (Panama) dit que
son pays a fait un grand pas vers la pleine inclusion des
personnes handicapées en adoptant une législation qui
donne à cette population des outils pour revendiquer la
protection de ses droits. La société civile, la volonté
politique et l’application de la Convention ont contribué
à améliorer l’accessibilité dans divers secteurs, mais il
reste encore beaucoup à faire.
78. Durant la pandémie, les besoins des groupes
vulnérables ont été pris en compte dans l’élaboration de
mesures adaptées de lutte et de relèvement. Le Ministère
de la santé diffusait ses conseils relatifs à la prévention
et à la maîtrise de la propagation de la COVID-19 dans
une langue accessible à tous et publiait sur les réseaux
sociaux des informations claires et simples traduites en
langue des signes et sous-titrées. Des efforts ont été faits
pour distribuer des médicaments et assurer un soutien
social et psychosocial, et les personnes handicapées
avaient la priorité en matière de transport. Des
entreprises privées et d’autres partenaires ont soutenu
un plan national alimentaire et médical, et toutes les
personnes handicapées âgées de plus de cinq ans ont
bénéficié du programme national de vaccination. Des
aménagements raisonnables ont été réalisés dans les
installations éducatives grâce à une coopération avec
des entreprises de communications. Cela inclut la
livraison d’équipements (entre autres des postes de
radio et des ordinateurs portables) dans les zones
reculées. Les systèmes d’alerte demeureront en place
afin de garantir l’inclusion, la sécurité et la protection
des personnes handicapées et de leur famille, de sorte
que personne ne soit laissé de côté.
79. M. Skinnari (Finlande) rappelle que, si la
pandémie de COVID-19 a touché tout le monde, les
personnes handicapées sont depuis longtemps
confrontées à la discrimination et à la vulnérabilité. La
pandémie et l’agression menée par la Russie contre
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l’Ukraine les placent dans des situations encore plus technologies d’assistance qui amélioreront le niveau de
vulnérables qu’avant. À travers le monde, les personnes vie, l’indépendance et l’inclusion des personnes
handicapées à faible revenu sont particulièrement handicapées. Les États Membres et les Nations Unies
touchées par la hausse des prix de l’alimentation et de doivent atteindre l’inclusion numérique en suivant les
l’énergie. Règles pour l’accessibilité des contenus Web et garantir
l’accès à l’infrastructure. Il est également essentiel
80. Les droits et les besoins des personnes
d’assurer le caractère inclusif et accessible de la
handicapées sont rarement pris en considération dans les
couverture sanitaire universelle et des programmes de
situations de conflit armé et d’urgence humanitaire. Il
protection sociale. Il faut s’attaquer de manière urgente
faut donc intensifier les efforts pour sécuriser l’aide et
aux violations des droits humains des personnes
le soutien dont ont besoin les personnes handicapées en
handicapées qui se trouvent en situation de conflit ou
Ukraine et dans toutes les situations de crise et de
d’occupation étrangère. La prise en compte du droit au
conflit.
développement des personnes handicapées pourrait être
81. D’après une étude récente menée en Finlande et une base remarquable pour la coopération et la solidarité
dans les autres États membres de l’Organisation de internationales.
coopération et de développement économiques, de
La séance est levée à 13 h 5.
nouvelles formes de services, par exemple les services à
distance, se sont rapidement mis en place au début de la
pandémie, et la transmission des mesures de riposte
sociale s’est quelque peu améliorée. Toutefois, ces
nouveaux services ne sont pas des réussites à tous les
niveaux, les personnes handicapées ayant notamment
éprouvé des difficultés à les utiliser. Pendant la
pandémie, les problèmes de santé mentale et la solitude
ont augmenté chez les personnes handicapées, et leurs
interactions sociales se sont réduites. À l’avenir, la
réalisation des droits de tous, en particulier des
personnes handicapées, devrait être au centre de la
planification des interventions d’urgence.
82. Mme Saleem (Pakistan) dit que son pays continue
de promouvoir les droits humains et les besoins de
développement des personnes handicapées par
l’intermédiaire d’un large éventail de mesures, telles
que l’adoption d’une loi sur les personnes handicapées
(2021), l’établissement de quotas pour l’emploi public,
l’intégration des droits des personnes handicapées dans
les programmes de secours d’urgence et de relèvement
consécutifs aux catastrophes naturelles, l’introduction
de l’éducation inclusive et d’une couverture sanitaire
universelle.
83. La pandémie de COVID-19 a placé les personnes
handicapées devant des problèmes comme la
discrimination et les violations des droits humains. Pour
aider à garantir un relèvement inclusif et résilient, la
communauté internationale doit redoubler ses efforts de
réalisation des objectifs de développement durables, et
il faut créer des emplois qui bénéficient
d’aménagements raisonnables et que l’on pourrait
associer à des quotas. Il faut lever des fonds et les
distribuer aux pays en développement et aux pays les
moins avancés, notamment par l’intermédiaire des
institutions financières internationales et de l’aide
publique au développement, afin qu’ils aient accès aux

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