Communication et langages

Françoise Armengaud La pragmatique

Louis Timbal-Duclaux

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Timbal-Duclaux Louis. Françoise Armengaud La pragmatique . In: Communication et langages, n°68, 2ème trimestre 1986. pp.
126-127.

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Document généré le 05/01/2016

 votre esprit sans chercher la logique, ni la cor-,
rection... Ce n'est qu'ensuite qu'il faudra
reprendre ce premier jet en l'organisant
logiquement.
— La quatrième méthode regroupe
l'ensemble des « dérives créatives » à partir des textes
existants. L'auteur y cite abondamment la
« Petite fabrique de littérature » de Duchêne
et Leguay paru, il y a deux ans, aux éditions
Magnard et donne quelques exemples
humoristiques assez convainquants de « plagiat
structural »...
— La cinquième méthode est la seule qui
parte directement du « cerveau gauche » :
c'est l'analyse d'énoncé. Ce chapitre sera
d'une grande utilité pour les élèves et les
professeurs car il ne répertorie pas moins de
quatre techniques rigoureuses pour commencer
un texte à partir de son énoncé.
Dans le chapitre suivant, l'auteur consacre son
attention à ce qu'il appelle la « lecture
rédactionnelle » du premier jet et à « l'art oublié du
paragraphe ». C'est une réflexion fort originale
où de vieux enseignements sont repris et
expliqués sous un éclairage nouveau.
Enfin, dans le dernier chapitre sont abordés
l'hygiène de vie de l'écrivain et du rédacteur à
la lumière des découvertes neurologiques. Il
montre comment « l'état alpha » des ondes
cérébrales, qui se produit naturellement au
lever et au coucher, peut être volontairement
provoqué pour hâter l'inspiration.
En conclusion, Louis Timbal-Duclaux en
appelle à de nouvelles méthodes
pédagogiques dans l'enseignement de la composition
française. Méthodes inspirées de ce que les
Anglo-Saxons appellent : Writing accross the
curriculum.
Au total, un livre très lisible qui se veut plus
pratique que savant et qui sera d'une grande
utilité pour les élèves à partir de la seconde, les
étudiants qui ont à écrire des mémoires et des
thèses, les cadres qui doivent rédiger des
rapports, et surtout les enseignants et les
formateurs d'adultes qui veulent renouveler leurs
méthodes pédagogiques en matière
d'expression écrite, matière où les nouvelles
générations éprouvent tant cie difficultés...
Il montre que le « français n'est pas forcément
triste ». Et ce n'est pas là un mince résultat
pour tous ceux qui cherchent, une « seconde
chance » dans l'art d'écrire.
Ainsi, au printemps 1986, les « quatre
veaux » sont à l'honneur dans l'édition
française. Et c'est sûrement une bonne chose à
une heure où la question pédagogique revient
à l'ordre du jour. Petits ou grands, nous avons
en effet tout à gagner à mobiliser l'ensemble
de nos capacités cérébrales. Cela, si nous
voulons gagner la bataille de la matière grise.
H. Esquirol
Françoise Armengaud
LA PRAGMATIQUE
PUF,
n° 2231,
coll.1985,
Que 22,40
sais-jeF.?
Traditionnellement, l'étude du langage
comprend celle du sens des mots (ou sémantique)
et celle de la construction des phrases en
propositions signifiantes (ou syntaxe). Mais,
depuis un siècle environ, de grands esprits ont
montré, à travers des exemples très simples,
que ces deux parties n'épuisaient ni l'étude
des discours concrets, ni celle de la langue
même. C'est ce troisième volet qui constitue le
champ d'étude de la pragmatique linguistique.
Ces pionniers viennent de quatre horizons très
différents. Des logiciens, philosophes et
mathématiciens, d'abord, qui s'intéressent
aux conditions de la véracité d'un énoncé et
qui rêvent d'épurer et de formaliser le langage
courant en une « langue scientifique
universelle ». C'est le cas des positivistes logiques
du Cercle de Vienne : Wittgenstein, Carnap
ou celui de Frege et de Russel.
Il y a ensuite des linguistes et des sémanticiens
américains, comme Peirce et Morris, qui
veulent élargir le domaine des sciences des
significations en un système plus vaste. Ou des
Anglais comme Searle et Austin, qui
s'intéressent aux « actes du langage », c'est-à-dire aux
cas où le dire équivaut au faire (exemple « Je
te baptise Jean »).
Il y a ensuite les néo-rhétoriciens comme le
Français Oswald Ducrot, ou le linguiste Ben-
veniste, qui s'intéressent moins à Vénoncé
qu'à dénonciation, c'est-à-dire à l'implication
des interlocuteurs dans le discours.
If y a, enfin, les psychologues et les
psychiatres comme ceux du « Collège invisible » de
Palo Alto (Bateson, Hall, Watzlawitck...) qui
s'intéressent à l'effet des paroles sur leurs
patients, et à la combinaison signifiante de la
communication verbale et non verbale...

A l'évidence, en effet, toute parole est
fonction d'un triple contexte : contexte étroit des
paroles postérieures et antérieures ou à venir
(intertextualité), situation concrète de la
communication, enfin, avec une certaine dose de
coopération/conflit entre les locuteurs.
A la suite de Hausson (1974), en peut
distinguer trois degrés dans la pragmatique.
— Une pragmatique proprement linguistique
qui s'intéresse aux mots de la langue qui n'ont
pas de sens universel mais qui ne prennent
leur sens qu'en fonction du contexte (je, moi,
vous, hier, là, cela...).
— Une pragmatique qui, au second degré,
étudie renonciation, c'est-à-dire l'implication
des partenaires dans la communication.
— Les actes de langages proprement dits, cas
où la parole vaut action réelle : jurer,
inaugurer, promettre, baptiser, déclarer
solennellement...
De fait, aucun des grands auteurs cités n'est
d'accord ni sur la finalité de la pragmatique ni,
Livres 127
a fortiori, sur les divisions de son étude. Et ce
n'est que par souci de synthèse que l'on peut-
rapprocher ces courants- largement
divergents...
Cela, l'auteur nous le fait bien comprendre...
Trop bien, même ! En universitaire soucieuse
de n'oublier de citer personne, de bien
marquer les - subtiles différences entre écoles,
auteurs et points de vue, elle surcharge son
livre de tant de détails qu'il n'en devient lisible
que pour un étudiant de linguistique ayant
derrière lui plusieurs années d'étude. De fait, ce
n'est pas un « Que sais-je ? », c'est un cours
de licence, où un préambule historique savant
occupe à lui seul la première moitié de
l'ouvrage ! (qui ne devient compréhensible
qu'après la lecture du second !).
Le thème était intéressant ; dommage qu'il ait
été traité sans souci de vulgarisation. Tu es
prévenu, lecteur (et ceci constitue un acte de
parole).
L. Timbal-Duclaux