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ROSHDI RASHED
Laboratoire SPHERE, UMR 7219, université Paris Diderot – CNRS
Email : rashed@paris7.jussieu.fr
1
Cf. notamment : « Gleichheit, Kongruenz und Ähnlichkeit in der antiken Mathematik bis auf
Euklid », dans Kurt von Fritz, Grundprobleme der Geschichte der antiken Wissenschaft (Ber-
lin : De Gruyter, 1971), p. 430-508 ; et aussi Oskar Becker, « Eudoxos-Studien II : Warum
haben die Griechen die Existenz der vierten Proportionale angenommen ? », dans O. Neu-
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aristotélicien. C’est en effet à partir de cette lecture que les mathématiciens et les
philosophes grecs et arabes ont repris la discussion afin de préciser le sens de ces
notions. Il va falloir revenir, au moins rapidement, à ces sources pour éclaircir
l’histoire de ces concepts. Commençons donc par Euclide, avant de nous arrêter
à la Physique d’Aristote.
C’est à partir des cinq « notions communes » placées au début des Éléments
que les mathématiciens ont engagé la discussion de la notion d’égalité 2 . Ces
« notions communes » portent pour l’essentiel sur cette notion d’égalité, et aussi
sur celle de superposition. On a alors voulu savoir si l’on peut définir l’égalité
entre grandeurs géométriques par la superposition ; ou encore, si la superposition
est une condition nécessaire et suffisante de l’égalité. En d’autres termes, incon-
nus à l’époque, on a voulu savoir si le mouvement de superposition fournit la
définition de la congruence. On rencontre cette question (le rapport entre égalité
et superposition) chez les plus grands successeurs d’Euclide, comme Apollo-
nius, et notamment au sixième livre des Coniques, ainsi que je l’ai montré 3 ; et,
plus tard, d’une manière explicite, chez Ibn al-Haytham.
La quatrième « notion commune » porte sur ce qu’on peut nommer « l’égalité-
superposition ». Elle s’énonce : Καὶ τὰ ἐφαρμόζοντα ἐπ’ ἄλληλα ἴσα ἀλλή-
λοις ἐστίν 4 , « Celles (les choses) qui se superposent les unes aux autres sont
égales les unes aux autres. » Cette « notion commune » a été rendue en arabe
dans la traduction des Éléments par al-Ḥajjāj, par : « Celles qui se superposent
les unes aux autres, les unes sont alors égales aux autres 5 . » Dans la traduction
des Éléments de Isḥāq-Thābit on lit : « Celles qui ne s’excèdent pas les unes les
autres, si les unes se superposent aux autres, alors elles sont égales 6 . »
Si j’ai rappelé ici ces traductions du ixe siècle, c’est parce que les mathé-
gebauer, J. Stenzel et O. Toeplitz (éd.), Quellen und Studien zur Geschichte der Mathematik,
Astronomie und Physik, série B (Études), vol. 2 (1933), p. 369-87.
2
Pour la discussion de cette notion par Platon et Aristote, cf. O. Becker, Grundlagen der Ma-
thematik in geschichtlicher Entwicklung (Freiburg / München, 1954), p. 45-52.
3
Apollonius de Perge, Coniques, tome 4 : Livres VI et VII, éd., trad. et comm. Roshdi Rashed
(Berlin : De Gruyter, 2009), p. 9-13.
4
Euclides, Elementa, vol. 1 : Libri I-IV cum appendicibus, éd. I. L. Heiberg et E. S. Stamatis
(Leipzig : Teubner, 1969), p. 6.
5
Ms. Qum, Marashi 6526, fol. 12r-v :
. فبعضها مسا ٍو لبعض،بعضا
ً والتي يطابق بعضها
6
Ms. Téhéran, Malik 3586, fol. 8v :
. فهي متساوية،يفضل أحدها على ا ٓخر إذا انطبق بعضها على بعض والتي
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maticiens et les philosophes les ont utilisées ensuite, dans leur version arabe ou
dans une traduction latine ; c’est aussi pour constater l’accord sur le sens de cette
notion, ou, comme l’écrit Th. Heath :
Il semble clair que la notion commune, ainsi formulée, est destinée à affirmer
que la superposition est une voie légitime pour prouver l’égalité de deux figures qui
ont toutes leurs parties respectivement égales, ou, en d’autres termes, pour tenir lieu
d’axiome de congruence 7 .
Cette « notion commune » se présente comme un critère de l’égalité, et ain-
si la superposition sera une condition nécessaire et suffisante de l’égalité entre
grandeurs. Mais on sait que cela ne tient pas puisque la converse de cette asser-
tion n’est pas vraie en général, c’est-à-dire qu’elle ne vaut pas pour toutes les
grandeurs, et encore moins pour la plupart des angles mixtilignes. C’est ce que
Proclus avait déjà souligné :
Il y a là deux axiomes qui contiennent toute la méthode du théorème abordé. L’un
est que les choses superposables sont égales les unes aux autres – cet axiome est vrai
simpliciter et ne demande aucune distinction supplémentaire. L’auteur des Éléments
l’utilise dans le cas de la base, de l’aire et des autres angles [lors de la première
démonstration de l’égalité des triangles]. Car ces choses, dit-il, du fait qu’elles sont
superposables, sont égales. L’autre est que les choses égales sont superposables les
unes aux autres – celui-là n’est pas vrai dans tous les cas, mais concerne les choses
de même espèce. J’appelle « de même espèce », par exemple, une droite par rapport
à une droite, un arc de cercle par rapport à un arc du même cercle, des angles par
rapport à des angles contenus par des semblables semblablement disposés. Dans ces
cas, les choses données pour égales sont superposables l’une à l’autre 8 .
Selon Proclus, en effet, la définition euclidienne de l’égalité-superposition
n’est ni générale ni complète : elle ne vaut, pour ainsi dire, que pour des objets
semblables, et la converse n’est pas toujours vraie ; c’est-à-dire que deux gran-
deurs peuvent être égales sans se superposer, et ainsi sans être congruentes.
En fait, ce concept d’égalité-superposition ne fait intervenir aucune notion de
grandeur, encore moins de mesure. On se contente de supposer que les formes
des figures sont telles que leurs contours, ainsi que les contours de leurs parties,
coïncident parfaitement. D’autre part, on suppose l’existence d’un mouvement
de déplacement, sans l’évoquer, et encore moins le définir. Enfin, ce concept
n’est pas opératoire : pour qu’il le soit, il faut qu’il soit doublé d’un autre concept
7
The Thirteen books of Euclid’s Elements, introd., trad. et comm. Thomas Heath, 2e éd. (New
York : Dover, 1956), vol. I, p. 225.
8
Proclus, In primum Euclidis Elementorum librum commentarii, éd. Gottfried Friedlein (Leip-
zig : Teubner, 1873), 240.24-241.9.
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tel que l’égalité des longueurs, ou celle des aires ou éventuellement des volumes
– c’est-à-dire d’un autre concept d’égalité qui s’applique aux grandeurs. Dans I.4
et I.8, Euclide utilise l’égalité-superposition pour établir l’égalité des triangles ;
mais, pour vérifier l’égalité des triangles et, plus généralement, celle des poly-
gones, il est amené à démontrer l’égalité des segments et des angles. Il applique
un procédé analogue lorsque, au troisième livre, il examine l’égalité des cercles.
Cette fois, il utilise l’égalité des diamètres.
Ibn al-Haytham, dans ses traités Solution des doutes du livre d’Euclide et
Explication des postulats d’Euclide, s’arrête précisément à tous ces problèmes
soulevés par le concept d’égalité-superposition. Il met en lumière ce qui n’était
qu’implicite dans la pratique d’Euclide lui-même, comme dans celle des autres
mathématiciens. Ainsi, après avoir considéré les relations entre les « notions
communes » exposées dans les Éléments, en d’autres termes, après avoir exa-
miné la structure de l’axiomatique euclidienne, il conclut que ces notions com-
munes portent pour l’essentiel sur celle d’égalité et qu’elles sont des abstrac-
tions obtenues de l’expérience sensible faite sur les solides, c’est-à-dire à partir
d’une interprétation de l’expérience et d’une généralisation appropriée. Il af-
firme que ces « notions communes » reposent toutes sur la quatrième, qui doit
toutefois être complétée par sa converse. Or Euclide n’avait pas explicitement
formulé cette converse. Ainsi, la quatrième « notion commune », celle qui porte
sur l’égalité-superposition, devrait désormais être accompagnée de la notion de
« l’égalité-similitude » et s’écrire :
Les choses qui n’excèdent pas les unes les autres, si les unes se superposent aux
autres, alors elles sont égales ; et, inversement, les choses égales et semblables (al-
mutasāwiya al-mutašābiha) si l’une d’elles se superpose à l’autre, toute partie de
l’une se superpose à la partie homologue qui lui est semblable de l’autre, donc aucune
d’elles n’excède l’autre si elle se superpose à l’autre ; elles sont donc égales 9 .
Pour Ibn al-Haytham, en effet, l’égalité-superposition ne constitue pas à elle
seule la véritable notion d’égalité, à moins qu’elle soit complétée par la notion
de l’égalité-similitude. Il écrit par exemple :
9
Fī ḥall šukūk kitāb Uqlīdis, ms. université d’Istanbul 800, fol. 16r :
وعلى العكس هذه، فهي متساوية،ا ٔشياء التي يفضل أحدها على ا ٓخر إذا انطبق عليه
انطبق كل جزء،القضية هو أن ا ٔشياء المتساوية المتشابهة إذا انطبق أحدها على ا ٓخر
فهي، فليس يفضل أحدهما على ا ٓخر إذا انطبق أحدهما على ا ٓخر،على نظيره الشبيه به
.متساوية
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Le principe (aṣl) de l’égalité, pour toutes les choses égales, n’advient que dans
la distinction à partir de la superposition des choses les unes aux autres, si elles ne
s’excèdent pas, et aussi la converse, qui est : les choses égales et semblables, si les
unes se superposent aux autres, et si chaque partie se superpose à son homologue,
elle ne l’excède pas 10 .
Ibn al-Haytham, en combinant ainsi égalité et similitude et non plus seule-
ment égalité et superposition, voulait d’une part pallier les manques de cette der-
nière combinaison, et notamment le manque de généralité, et d’autre part doter
l’égalité des moyens de s’appliquer aux grandeurs géométriques – ces moyens
sont notamment la notion de forme et ceux qu’offre la théorie des proportions,
c’est-à-dire une métrique pour les seules grandeurs homogènes. Quand il s’agit
des figures, formées de plusieurs grandeurs, et des angles, Aristote avait déjà
écrit dans les Seconds analytiques, 91a, que par « similitude » on entend en fait
proportionnalité des côtés et égalité des angles.
Rappelons d’abord que, par le mot « choses » dont on use pour traduire
l’énoncé des notions communes d’Euclide, Ibn al-Haytham entend les gran-
deurs géométriques. Il rappelle d’ailleurs que telle était l’intention d’Euclide
lui-même. Par « forme », il entend les rapports entre ces grandeurs. C’est grâce
à cette notion de forme qu’il combine égalité et similitude, ce qui complète la
combinaison entre égalité et superposition, laquelle, nous l’avons vu, n’est nul-
lement générale ni toujours valable. Bien des figures sont en effet égales sans
être superposables, comme l’explique Ibn al-Haytham : un triangle et un losange
d’aires égales ne sont pas superposables, par exemple, mais « la différence de
leurs formes n’empêche pas de juger de leur égalité »,
[…] car de nombreuses grandeurs peuvent être égales sans que les unes se super-
posent aux autres, comme les solides. Les volumes des solides peuvent être égaux,
et cependant le corps du solide ne se superpose pas au corps du solide. Les aires de
nombreuses figures planes peuvent être égales sans que les unes se superposent aux
autres, comme le losange et le carré, le triangle rectangle et le triangle à angles ai-
gus, un losange et un autre losange et un triangle à angles aigus et un autre triangle à
angles aigus. […] Cela en raison de la différence de leurs formes. Cependant la diffé-
rence de leurs formes n’empêche pas de juger de leur égalité, si elles sont égales, car
l’égalité n’est que dans leur quantité et la différence de leurs formes n’est que dans
10
Fī ḥall šukūk kitāb Uqlīdis, ms. université d’Istanbul 800, fol. 16v :
وأصل التساوي في جميع ا ٔشياء المتساوية إنما تحصل في التمييز من انطباق ا ٔشياء بعضها
ا ٔشياء المتساوية المتشابهة إذا: وكذلك العكس الذي هو، إذا لم تتفاضل،على بعض
. لم يتفاضل، وانطبق كل جزء على نظيره،انطبق بعضها على بعض
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leurs qualités. Mais la qualité en tant que forme de la quantité qui est une grandeur
ne diminue ni n’augmente celle-ci 11 .
Tout indique que la véritable égalité selon Ibn al-Haytham est l’égalité-
similitude, la seule qu’il admette. Il dit par exemple explicitement qu’il n’y a
de superposition que pour les deux premières grandeurs – lignes et surfaces –
et non pour les solides (tout comme Euclide dans la définition XI.10 et dans la
proposition XI.27, il n’admet pour les solides que l’égalité-similitude).
La question est donc de savoir pourquoi Ibn al-Haytham conserve l’égalité-
superposition s’il considère que la véritable égalité est celle de la similitude.
Deux raisons à cela. D’une part, l’égalité-superposition est à la fois valable et
commode pour comparer les grandeurs du premier degré, celles qui n’ont qu’une
seule dimension, les droites. Dans son Explication des postulats d’Euclide, Ibn
al-Haytham écrit :
Les rapports apparaissent beaucoup plus pour les droites, car toutes les droites se
superposent, et ainsi la grandeur de l’excédent des unes sur les autres apparaît d’une
manière évidente. Les autres grandeurs qui restent (i. e. les surfaces et les solides)
ne se superposent pas les unes aux autres si elles sont égales, ou si les unes excèdent
les autres, ou si les unes sont moindres que les autres. En effet, les solides peuvent
être égaux et proportionnels, sans cependant se superposer les uns aux autres, mais
leurs surfaces peuvent se superposer. Toutes les surfaces ne se superposent pas non
plus les unes aux autres, même si elles sont égales et proportionnelles 12 .
11
Fī ḥall šukūk kitāb Uqlīdis, ms. université d’Istanbul 800, fol. 17v :
فإن ا ٔجسام.ٔن كثي ًرا من المقادير قد تتساوى و ينطبق بعضها على بعض كا ٔجسام
ومع ذلك فليس ينطبق جثة الجسم على جثة الجسم وكثي ًرا من،قد تتساوى مساحاتها
ا ٔشكال المسطحة قد تتساوى و ينطبق بعضها على بعض كالمربع المعين والمربع القائم
الزوايا والمثلث القائم الزاوية والمثلث الحاد الزوايا ومعين ومعين آخر ومثلث حاد ومثلث آخر
،حاد ]…[ وذلك خت ف صورها إ أن اخت ف صورها يخرجها عن حكم التساوي
.إذا كانت متساوية ٔن التساوي إنما هو في كميتها واخت ف صورها إنما هو في كيفيتها
.وليس ينقص الكيفية من حيث هي صورة من الكمية التي هي مقدار و يزيد فيها
12
Fī šarḥ muṣādarāt kitāb Uqlīdis, ms. Istanbul, Feyzullah 1359, fol. 244r :
من أجل أ ّن جميع الخطوط،ف ٕا ّن ذلك ٔ ّن ال ِنسب تظهر في الخطوط ال ُمستقيمة ظهوراً أكث َر
، فيظهر ِمقدار تفاضل بعضها على بعض ظهوراً أكثر،ال ُمستقيمة َي ْن َط ِبق بعضها على بعض
، و إن تساوت وزاد بعضها على بعض،وليس جميع المقادير الباقية َي ْن َط ِبق بعضها على بعض
فليس َي ْن َط ِبق، وذلك أ ّن ا ٔجسام قد تتساوى وتتناسب ومع ذلك.ونقص بعضها عن بعض
والسطوح أيضاً ليس جميعها َي ْن َط ِبق،بعضها على بعض و إنّما ربّما تطابقت سطوحها فقط
.وتناس َبت
َ بعضها على بعض و إن تساوت
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Ibn al-Haytham affirme en effet que, parmi les grandeurs homogènes, seules
les droites se superposent les unes aux autres, que la superposition est une condi-
tion nécessaire et suffisante de leur égalité, et que la théorie des proportions s’y
applique d’une manière évidente. Nul besoin, donc, de l’égalité-similitude dans
le cas des droites.
La seconde raison de conserver l’égalité-superposition est que, dans certains
problèmes qui portent sur les surfaces, la superposition peut être une condition
suffisante, et non nécessaire, de l’égalité.
13
Aristote, Physique, éd. et trad. Henri Carteron (Paris : Les Belles Lettres, 1926-1931), VII.4,
248a.
14
La Physique d’Aristote, trad. Isḥāq ibn Ḥunayn, éd. A. Badawi (Le Caire, 1965), vol. 2, p. 783.
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circulaire, il n’est pas égal à la rectiligne et les choses qui ne sont pas semblables ne
sont pas proportionnelles 15 .
Tous ces textes étaient connus en arabe et ont fourni un thème de réflexion
aux philosophes et aux mathématiciens, comme Avicenne et, plus tard, le mathé-
maticien philosophe Naṣīr al-Dīn al-Ṭūsī. D’ailleurs cette incomparabilité de la
corde et de l’arc, de la droite et de la courbe, est présente derrière l’incompara-
bilité des angles mixtilignes ; c’est également un élément central de la question
de la quadrature du cercle.
15
Op. cit. note 14 supra.
16
Avicenne, Al-Šifā : Al-tabī iyyāt, vol. 1 : Al-samā al-ṭabī ī, éd. S. Zāyid (Le Caire, 1983),
livre IV, ch. 5. Voir R. Rashed, Angles et grandeur : D’Euclide à Kamāl al-Dīn al-Fārisī
(Berlin : De Gruyter, 2015), p. 224.
17
R. Rashed, Angles et grandeur, p. 227, l. 1-4 :
أو،لو أمكن أن يعمل به ما يغيره إلى ا ستقامة لكان يكون بحيث يزيد على المستقيم
فما دام مستدي ًرا فليس يمكن أن يعمل به هذا. أو يساويه با نطباق عليه،ينقص عنه
.ا نطباق بالفعل اللهم إ بالقوة إن أمكن ذلك
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18
Fī ḥall šukūk kitāb Uqlīdis, ms. université d’Istanbul 800, fol. 167r :
و يزيد، وليستا من جنس واحد،الخطوط المستديرة ليس لها إلى الخطوط المستقيمة نسبة
بعضها على بعض؛ والذي ذكره أرشميدس من نسبة القطر إلى الدور إنما هو على التقريب
وقد كنا عملنا مقالة في. وليس يمنع تباين الخطوط من تناسب السطوح.على التحقيق
. بينا فيها أن من اله ليات ما يكون مساو ًيا لمثلث مستقيم الخطوط،ا ٔشكال اله لية
19
Archimède, La Sphère et le cylindre, éd. et trad. Ch. Mugler (Paris, 1970), p. 11.
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166 ROSHDI RASHED
20
Cf. Kitāb al-kura wa-al-usṭuwāna, recension al-Ṭūsī, ms. Téhéran, Sepahsalar 4727, reprod.
photographique dans Naṣīr al-Dīn al-Ṭūsī, Majmū a rasā il riyāḍiyya wa-nujūmiyya, (Téhé-
ran : université islamique Azad, 1389 de l’hégire), p. 279 sq.
21
Voir R. Rashed, Angles et grandeur, p. 478-80 ; arabe p. 479, 16 – 481, 4.
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droite cessait d’être rectiligne pour devenir une courbe ou, inversement, si la
courbe cessait d’être curviligne pour devenir rectiligne. Or, selon les tenants de
cette thèse, ceci n’est pas possible : « rectiligne » et « curviligne » ne sont pas
des accidents mais des différences spécifiques, c’est-à-dire des attributs essen-
tiels qui, au sein du genre « ligne », distinguent deux espèces. Selon cette thèse,
donc, comme la superposition est le moyen de juger de l’égalité ou de l’inégalité
de deux grandeurs, seules des grandeurs homogènes et semblables sont en fait
comparables. Dans ce cas, toute partie de l’une coïncide avec une partie homo-
logue de l’autre et lui est semblable ; elle ne l’excède pas si les grandeurs sont
égales, tandis qu’elle l’excède si elles sont inégales.
Cette thèse majoritaire, appelons-la la thèse commune, repose manifestement
sur deux idées : l’une métrique, l’autre philosophique. La première renvoie à la
théorie des proportions et au livre V des Éléments (c’est cette théorie qui fournit
un moyen indirect de mesurer les grandeurs homogènes et de les comparer) ; la
seconde à la notion de continu, telle qu’elle se présente dans la tradition aristo-
télicienne.
Dans le cinquième livre des Éléments, Euclide définit ainsi le rapport entre
deux grandeurs homogènes :
Un rapport est une certaine manière d’être de deux grandeurs homogènes entre
elles (déf. 3).
Deux grandeurs sont dites avoir un rapport entre elles lorsque, ces grandeurs étant
multipliées, elles peuvent se surpasser mutuellement (déf. 4) 22 .
D’autre part, selon les philosophes aristotéliciens, il est impossible qu’une
grandeur continue soit formée d’indivisibles. La ligne, par exemple, n’est pas
formée de points, car elle est continue, alors que le point est indivisible. Dans ce
cas, on peut superposer des parties des lignes – qui sont elles-mêmes des lignes –
mais non pas des points.
Ce parti pris philosophique n’était cependant pas partagé par tous. Déjà au
e
xi siècle, Ibn al-Haytham considérait une courbe comme la limite d’un poly-
gone de côtés infiniment petits. Al-Ṭūsī, qui connaissait bien les écrits de ses
prédécesseurs, a repris cette idée pour la développer dans le contexte qui nous
22
Euclides, Elementa, vol. 2 : Libri V-IX, éd. I. L. Heiberg et E. S. Stamatis (Leipzig : Teubner,
1970), p. 1, 6-9. Cf. ms. Téhéran, Malik 3586, fol. 61v :
. التناسب هو تشابه النسب.النسبة هي إضافة ما في القدر بين مقدارين من جنس واحد
المقادير التي يقال إن بين بعضها وبعض نسبة هي التي قد يمكن إذا ضوعفت أن يفضل
.بعضها على بعض
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168 ROSHDI RASHED
23
Voir R. Rashed, Angles et grandeur, p. 484 ; arabe p. 485, l. 4-9.
24
Voir R. Rashed, Angles et grandeur, p. 484 ; arabe p. 485, l. 18-20.
25
Voir R. Rashed, Angles et grandeur, p. 486 ; arabe. p. 487, l. 15-16.
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M
A Q B
26
Voir R. Rashed, Angles et grandeur, p. 482 ; arabe p. 483, l. 3-8.
27
Voir R. Rashed, Angles et grandeur, p. 482 ; arabe p. 483, l. 8-10.
28
Thomas Heath, Mathematics in Aristotle (Oxford : Clarendon Press, 1949), p. 246-8.
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