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Plan de travail national pour la

Mise en place des cibles volontaires nationales de la Neutralité en matière de


Dégradation des Terres (NDT) au Maroc.

Analyse SWOT du cadre juridique et institutionnel


marocain

Mr Sabir Mohamed

Rabat, Décembre 2019

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Analyse SWOT du cadre juridique et institutionnel marocain
17 mai 2019

Tableau 1. Les forces, opportunités, faiblesses et menaces du cadre juridique marocain (Analyse SWOT).

Forces Faiblesses
- Un arsenal juridique assez riche et dense pour la - Certains vides juridiques persistent : retards de publication ou
préservation de l’environnement ; absence de certains textes d’application relatifs à certaines lois
- Une loi-cadre portant Charte nationale de l’environnement cadres (loi pastorale, loi du littoral, loi sur l’eau, certification, etc.) ;
- Un nombre important de dahirs portant sur la protection semble en
et du développement durable a été adoptée par le Maroc,
porte-à-faux avec les dispositions de la nouvelle Constitution, qui
conférant ainsi une assise juridique à l'engagement du
considère, dans son article 70, que les règles relatives à la gestion de
Maroc pour la protection de l'environnement ;
l’environnement, à la protection des ressources naturelles et au
- Réglementation relative à la CMD (compensation de la mise
développement durable font partie du domaine de la loi, et ne
en défens) devenue un outil juridique important de
peuvent, en l'espèce, faire l'objet de dahirs ;
conservation des ressources ;
- Le Code de l'environnement "doit être une construction nationale
- Existence de plusieurs cadres de coordination au niveau
résultant d’un consensus entre les différents partenaires du secteur
national, régional et local : des Conseils supérieurs, Conseils
public, du secteur privé et de la société civile" ;
provinciaux, Conseils communaux ;
- Les lois environnementales sont "éparpillées dans plusieurs textes,
- Les communes disposent, via la nouvelle Charte
ce qui impacte le niveau de coordination des institutions concernées:
communale, des compétences légales pour développer une
département de l'Environnement, de l’Energie, de la Santé ou des
politique sociale dynamique ;
eaux et forêts, etc. ;
- les lois organiques sur les régions et sur les communes prévoient
l’élaboration de Programmes de Développement Régional (art. - le corpus juridique marocain ne comporte pas de loi qui engage la
83) et de Plans d’action des communes (art. 78) tenant compte responsabilité civile sur les dégâts environnementaux",
de l’approche genre - La loi sur la conservation des forêts est considérée comme une

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antiquaillerie : le Dahir sur la conservation et l'exploitation des
forêts, qui date de 1917, prévoit des amendes en franc, des
distinctions entre indigènes, Européens et Français, et fait mention
d'une "zone française du protectorat au Maroc" (articles 48, 49).
- Le législateur n’a accordé au droit de l’environnement, au sein du
code pénal réformé et complété, qu’une place très réduite ;
- Le droit pénal de l’environnement est encore à ses balbutiements, se
présente comme un droit relativement complexe, et les textes qui le
composent sont éparpillés ;
- Un système dualiste qui caractérise le droit interne et qui engendre
des retards dans l’application des législations internationales :
retards dus aux problèmes de traduction des textes internationaux ;
- Les mesures destinées à protéger l’environnement peuvent
augmenter le prix de revient de tel ou tel produit sur le marché
international, ce qui équivaut à pénaliser les Etats favorables à
l’environnement, en l’occurrence le Maroc ;
- La publication des lois internes, comme des conventions
internationales, n’est pas explicitement réglementée au Maroc.
Certaines conventions de protection de l’environnement liant le
Maroc n’ont pas été insérées au Bulletin Officiel. Et lorsqu’elles le
sont, c’est souvent avec des retards considérables : une durée
moyenne (calculée sur la base de 14 conventions publiées) de deux
ans et demi sépare en effet la ratification d’une convention de sa
publication au Bulletin Officiel (utilisation de deux langues) ;
- La carence au niveau de l’application de certains textes : délimitation
et respect du domaine public forestier, hydraulique, etc. ;
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- Les textes législatifs sont parfois élaborés sans souci de continuité et
mentionnent rarement la participation de population aux décisions.
L’arsenal juridique est caractérisé par la rareté des mesures
incitatives par rapport à une pléthore de mesures répressives.
- Certaines lois nécessitent d’êtres actualisées et d’autres restent à
parachever (loi sur le sol) ou à élaborer (Décret sur les évaluations
environnementales stratégiques….)
- Besoin en reformes sur le plan protection sociale et mesures
d’incitation (pauvreté constitue un facteur clé de la désertification)
Opportunités Menaces
- Le Maroc a renforcé son arsenal dans le secteur de - Gouvernance foncière inadéquate et manque de coordination et
l’environnement par la création de plusieurs institutions synergie entre les règlementations ;
pour la gestion, le suivi et la mise en places des procédures - Etalement urbain sur les bonnes terres agricoles et perte de SAU ;
environnementales ; - Extension des cultures sur les terres forestières et de parcours
- Le droit à l'environnement au sein du code pénal entrainant une intense dégradation.
-
mentionne que le droit pénal de l’environnement est
évolutif, puisqu’il doit s’adapter continuellement à
l’évolution des connaissances scientifiques et techniques ;
- Volonté politique de promouvoir une gestion intégrée de
l'eau par l'application des principes et dispositions de la
nouvelle Loi 36-15 sur
l'eau (contrat de nappe);
- Le Maroc a adhéré à plusieurs instruments (conventions)
internationaux : Désertification, changement climatique,
conservation de la diversité biologique ;
- Le droit interne et le droit international sont appelés à se

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compléter, à s’imbriquer, à conjuguer leurs apports
respectifs, au bénéfice d’une cause commune : la saine
gestion écologique de la planète Terre ;
- Le Maroc a assez largement donné son appui aux
instruments juridiques internationaux faiblement
contraignants, et avec quelques réticences, il a
progressivement adhéré à certaines conventions
internationales à caractère obligatoire ;
- le Conseil national et l’observatoire national de
l’environnement, légalement associés aux activités
internationales de conservation de l’environnement,
disposent à cette fin, d’une commission spécialement
chargée des questions juridiques et des relations
internationales ;
- Stratégie de développement des zones de montagnes ;
- Engagement du pays dans la mise en place des mécanismes
PSE.

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Tableau 2. Les forces, opportunités, faiblesses et menaces du cadre institutionnel marocain (Analyse SWOT).

Forces Faiblesses
- la Constitution de 2011 constitue un cadre normatif et - La capacité administrative de l’administration publique et réduite ;
juridique de haute importance pour la mise en caractérisée par une bureaucratie classique et demeure centralisée.
application des valeurs et principes qu’elle comporte Elle transfère peu de pouvoirs au niveau territorial malgré la
dans les réformes sectorielles à toutes les échelles prédominance des représentants de l’Etat aux niveaux régional et
territoriales. provincial ;
- Emergence de départements regroupant plusieurs sous- - Lenteur et complexité des procédures administratives ;
départements et institutions pour plus d’efficacité : - La corruption est une des causes fondamentales du retard dans le
MADRPMEF, MEMEE, etc. ; développement économique du pays. Le Maroc est classé en 70ème
- Les communes disposent, via la nouvelle Charte position sur 133 pays en 2003 ;
communale, des compétences légales pour développer - Manque de structures suffisamment souples pour intervenir à
une politique sociale dynamique ; petites échelle. Les administrations sont adaptées pour mener des
- Existence d’un réseau dense d’institutions et opérations d’envergure ;
d’administrations encadrant le territoire - Centralisation excessive du processus décisionnel ;
national (couverture géographique renforcée) : - Le mouvement associatif marocain souffre toutefois de plusieurs
HCEFLCD, MADRPMEF ; insuffisances : absentéisme, manque de compétences, faiblesse des
- Un dynamisme de certaines agences autonomes, telles investissements, manque de liens avec les pouvoirs publiques ;
que la Fondation Mohammed V pour la Solidarité et - Manque de moyens humains, matériels et financiers chez ces
l’Entraide nationale et l’Agence de Développement institutions ;
social ; - La limitation du budget de l’Etat et la faiblesse des ressources
- Un réseau d’établissements d’expertise (bureaux financières des Administrations régionales comparées à leurs
d’études marocains) spécialisés dans les domaines des nombreuses attributions et aux grandes étendues de leurs zones
ressources naturelles (eau, sol, forêt), environnement et d’action (Ex : DREF);
climat est constitué et est en pleine expansion ;
- La faiblesse des investissements par le privé dans le secteur des
- Emergence d'une intégration des actions de
ressources naturelles (forêts) ;

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développement dans les projets d'aménagement intégré - Manque de lien recherche / développement : la collaboration entre
des bassins versants. le système universitaire et le milieu professionnel dans les domaines
- La nouvelle logique budgétaire issue de la Loi Organique des ressources naturelles (eau, sol, forêt), de l’environnement et du
n° 130-13 relative à la loi de Finances (LOF) promulguée
climat est très faible ;
par le dahir n°1-15-62 du 14 Chaâbane 1436 (2 juin
2015), - Manque d’un système national institutionnalisé d’informations ;
- Le décret n° 2.17.618 instituant la charte nationale de la - Manque de collaboration entre les institutions nationales de
déconcentration administrative (en cours de finalisation) recherche ;
- Schéma national (SNAT) et de Schémas Régionaux - Déficit de convergence des politiques sectorielles ;
d’Aménagement du Territoire (SRAT), destinés à - Déficit de gouvernance locale : leaders agricoles, approche
articuler et à harmoniser deux grands principes : l’égalité participative, contractualisation avec les communautés pour la
des citoyens/es d’une part, et l’efficacité économique et
gestion responsabilisée des ressources naturelles/écosystèmes ;
la durabilité d’autre part.
- Forte dualité agricole et rurale s’exprimant au niveau du foncier
(inégalité et atomisation) et des systèmes de production / territoires
(irrigué / pluvial ; zones favorables / difficiles) ;
- Manque de coordination et d’harmonisation des stratégies et
programmes d’actions des départements (Agriculture, Eaux et forêts,
Intérieur) malgré l’existence des cadres institutionnels (conseil
provincial, etc.) ;
- Parfois, un même système écologique ou une zone bien restreinte se
trouvent gérés par de nombreux acteurs. Il en découle, entre autres,
une multiplicité des discordances et des retards dans les prises de
décision
- Insuffisance de la réflexion institutionnelle sur les modes de
financement alternatifs des projets de développement ;
- Procédures d’exécution budgétaire contraignantes aux niveaux
central, régional et local ;

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- Manque de coordination des actions publiques : décalage entre
édification des barrages et aménagement de bassin versants et non
internalisation de l'aménagement des bassins versants aux projets
hydroagricoles ;
- Disparité en investissements amont-aval des bassins hydrauliques
malgré la mise en œuvre de la loi 10-95 sur l’eau : manque de
solidarité amont-aval ;
- Absence de systèmes rigoureux et appropriés reposant sur des
indicateurs de performance et d’impact pour le suivi et l’évaluation
des programmes de l’Etat en matière de gestion des ressources
naturelles.
Opportunités Menaces
- Une politique publique évolutive orientée vers une - Objectifs de développement économique réalisés au dépend de la
nouvelle dynamique de développement : libéralisation, durabilité de certains écosystèmes (Arganeraie, Terrains de parcours
régionalisation, décentralisation, lutte contre la pauvreté ; de l’oriental) ;
- L’élaboration de la Stratégie nationale de développement - Développement non soucieux de l’environnement et de la durabilité
durable (SNDD) 2030 : permettre la mise en cohérence des ; dégradation des écosystèmes, aggravation des inégalités sociales et
programmes, des plans et des politiques sectorielles dans risques de pertes de capacité de production (alimentation, services
une perspective de durabilité ; environnementaux) ;
- Le Maroc a développé plusieurs stratégies et plans - Manque d’expertise notamment dans le conseil et l’encadrement
nationaux relatifs à la gestion durable des ressources des usagers des terres ;
naturelles (Eau, Terres, Forêts, Bassins versants, Climat, - Insuffisances des financements et indisponibilité aux moments
Biodiversité) : Plan Maroc vert (conversion des terres de opportuns ;
céréaliculture en arboriculture), Stratégie d’énergie, - Dysfonctionnement du système éducatif livrant annuellement des
Stratégie nationale de la biodiversité, Stratégie nationale de centaines de milliers de jeunes chômeurs dans le mode rural ;
l’eau, Stratégie nationale des zones humides, Stratégie - Manque de dialogue institutionnel régulier entre les institutions
nationale de l’industrie, Stratégie sectorielle de publiques et les acteurs économiques ;
sylvopastoralisme ; - La décentralisation et la déconcentration administratives ne sont pas
- La décentralisation est un choix irréversible et opérationnelles au niveau des Collectivités Locales (tutelle encore

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dynamique ayant connu plusieurs réformes : permettre aux trop présente au niveau des CL pour la gestion des partenariats);
citoyens de disposer d’une administration de proximité, - La grande vague de départ à la retraite des enseignants
efficace, efficiente et à l’écoute de leurs attentes et universitaires, des cadres et des ingénieurs du secteur public dans les
aspirations (décentralisation au niveau communal, création dernières années et celle prévue dans les prochaines années
des régions, etc.) ; constitue un risque de perte de l’expertise nationale et une menace
- L’Administration appelle les communes à augmenter les pour l’encadrement des jeunes chercheurs et cadres spécialisés,
aides financières au profit du mouvement associatif suivant surtout que le nombre de postes crées annuellement est faible par
une nouvelle démarche axée sur les programmes, les rapport à l’importance des besoins exprimés ;
projets et les résultats à atteindre ; - L’accès aux données publiques nécessaires à l’élaboration de travaux
- L’Initiative nationale de développement humain (INDH), scientifiques et techniques de qualité portant sur les ressources
développée par le pouvoir marocain en 2005 et soutenue naturelles et l’environnement est généralement difficile (thèses,
par sa Majesté le Roi Mohammed VI du Maroc (discours masters, mémoires, articles, communications aux colloques et
18.5.2005) lance plusieurs programmes pour l’amélioration congrès, etc.) ;
durable du bien-être des populations marocaines les plus - Faible implication des collectivités locales ;
défavorisées ; - Participation insuffisante des populations pour l'appropriation des
- L’importance du tissu associatif sur l’ensemble du territoire actions d'aménagement antiérosives après projet ;
national et le vivier important de ressources bénévoles pour - Manque d’organisation institutionnelle pour promouvoir la solidarité
le développement rural ; entre régions et entre les secteurs (forêts, eaux, énergie).
- Le développement du Partenariat Public Privé autour des - La convention sur la désertification est le parent pauvre des trois
ressources (eau, agriculture, forêt, etc.) ; conventions internationales (Changement climatique, Biodiversité et
- Le développement de la coopération internationale dans désertification).
plusieurs domaines ;
- L’existence d’institutions et de procéduriers pour la
valorisation des produits d’origines biologiques et
naturelles (direction des filières, labellisation, certification,
etc.) ;
- Mobilisation des bailleurs de fonds et des organisations
internationales pour la gestion intégrée de l’eau.

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