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Fiche C.

Taylor ; Multiculturalisme

Introduction : Pose la question des institutions publiques qui en démocratie


doivent ( peuvent ) reconnaître à égalité les identités culturelles des minorités culturelles ! Qu'est ce
que cela implique ? Si il y a non reconnaissance par ces démocraties et ces institutions publiques de
ces identités culturelles minoritaires, cela implique-t-il qu'ils ne sont plus représentés comme
égaux ?

Un courant important du libéralisme considère que la considération de la neutralité des institutions


est la condition essentielle pour une protection de notre égalité. Nos caractéristiques communes
prisent en charge par ces institutions telles que l'éducation, la santé, les revenus notamment ne
souffrent pas de notre race, sexe ou encore religion. « Il s'ensuit que les institutions publiques n'ont
ni besoin ni même obligation de chercher à reconnaître nos spécificité culturelles lorsqu'elles nous
traitent en citoyens libres et égaux »(p,15)
Donc les revendications de reconnaissance de type multiculturelles ou nationales sont
nécessairement non libérales ?
Pourtant si on considère que les Hommes ont besoin d'un solide contexte culturel pour donner une
signification à leurs choix existentiels alors cela devient un bien fondamental et des lors les États
démocratiques libéraux sont requis pour aider les minorités à préservées leur culture !

Néanmoins un problème apparaît lorsqu'on se penche sur les contenus de ces cultures.Il y a une
impossibilité de respecter des cultures se basant sur supériorité de certains alors qu'il y a une
prétention à l'universalisme et à l'égalité !

Taylor dans son essai « La politique de reconnaissance », indique que c'est par la fin de l'Ancien
Régime qu'il y a l'arrivée de l'idéal de dignité égale pour tous !
Taylor insiste aussi sur des caractéristiques de l'identité humaine, créée dialogiquement, en
réponse à nos relations avec les autres.. Si la société reconnaît identité individuelle il faut une
société délibérative car les identités individuelles sont constituées par des dialogues collectifs.

Pour Taylor, il est impossible de ne pas répondre à la demande de reconnaissance par les citoyens.
De plus, l'exigence de reconnaissance amène une protection des droits fondamentaux des individus
et une reconnaissance de leur besoins spécifiques en tant que groupe culturels spécifiques.

La reconnaissance publique pleine et entière comme citoyens égaux peut être double, à la fois pour
l'individu et son identité unique et par ses activités en tant que pratiques d'un groupe souvent
désavantagé !
Le problème est que selon Rockefeller, la deuxième conception ( nos origines, nos religions...)
peut amener à contester l'identité universelle de personne digne de respect...Cela est le cœur des
démocraties libérales ! Cela pose problème car la valeur de la démocratie libérale n'est pas le besoin
de préserver à travers le temps des cultures distinctes...
De ce fait, la conception démocratique libérale minimise t elle le besoin humain d'une identité
culturelle sûre et distincte ?

Or, même si il y a une méfiance de la démocratie libérale pour les demandes de préservation
d'identité les « institutions démocratiques tendent à ouvrir à leurs citoyens un ensemble très
différencié de valeurs culturelles ».(p,22)
Ainsi, la défense de la diversité s'appuie sur une perspective universaliste plutôt que
particulariste.
« Traiter tous les gens comme des êtres libres et égaux »(p,22) amène deux visions universalistes
avec :
-Une Neutralité politique envers les diverses conceptions de la vie idéale dans une société pluraliste
( doctrine de la séparation de l'Église et de l'État américaine avec le refus d'identifier une de ses
propres institution avec sa tradition religieuse propre).
-L'Autorisation de seconder les valeurs culturelles particulières à condition que les droits
fondamentaux soient respectés + pas obligation d'accepter les valeurs culturelles représentés par les
institutions + institutions publiques sont responsables des choix faits ! ( liberté dans les États des
USA de communiquer via éducation une image locale tant qu'elle ne viole pas laïcité et les droits
fondamentaux).

Pour Walzer il s'agit ici de deux visions du libéralisme, le 2ème étant plus démocratique car il
permet aussi le 1. Les USA forment une société d'immigrants car chaque groupe culturel est « libre
de se tirer d'affaire, mais non d'enrôler l’État pour soutenir ou reconnaître ses projets culturels
particuliers » (p,24).
Finalement cela peut être deux conceptions d'un même courant qui utilise la neutralité étatique dans
certains courants ( Religion ) et pas d'autres ( éducation). On peut ici considérer que la démocratie
libérale est à la fois le garant de la protection des droits et aussi la reconnaissance publique des
cultures particulières.

Une question brûlante qui fait écho à un débat sur le contenu d'un programme annuel de l'université
de Stanford. Il y a opposition entre les essentialistes considérant que diluer des auteurs de base pour
de nouvelles œuvres était un abandon de la civilisation occidentale au profit d'une frivolité des
modes et de leur calamité intellectuelles, et les déconstructionnistes considérant qu'il n'y avait pas
de sacro-saint canon classique et qu'il s'agissait la d'une vision euro-centrée perpétuant étroitesse
d'esprit et tyrannie...

Or, pourquoi penser qu'en substituant des œuvres nouvelles aux anciennes les vérités des anciennes
seront perdues ?
Les plus grande œuvres philosophiques ne contiennent pas nécessairement la plus grande sagesse
morale accessible sur tous les sujets importants ( ex : Les idées de T.D'Aquin sur la désobéissance
civile sont mieux que M.L.King ?...).
« Si les essentialistes ouvraient explicitement leur argumentation publique à la possibilité que les
classiques ne contiennent pas nécessairement des vérités exhaustives ou intemporelles sur tous les
sujets d'importance, ils pourraient modérer leurs critiques et reconnaître la recevabilité de
certaines réformes proposées pour créer davantage de cursus multiculturels ». (p,29)

Néanmoins, l'argument principal contre est que Platon et Aristote sont des références intangibles et
totale sur la nature humaine.
Hutchins « La vérité est partout la même. Partant,l'éducation devrait partout être la même ».
(p,30)
Or Emerson fait une critique de la vision essentialiste lorsqu'il dit « Aucun artiste ne peut
entièrement exclure le conventionnel, le local, le périssable de son ouvrage, ou écrire un livre de
pensée susceptible d'être aussi efficace pour une postérité lointaine que pour les contemporains, ou
plutôt pour la seconde époque ».(p,30)
Il est utile de lire des livres aussi célèbres mais il est nécessaire de lire pour son époque aussi !!

Les Déconstructionnistes de leur côtés considèrent que les critères communs voulus au niveau
culturel marquent la volonté de puissance politique des groupes hégémoniques.
Cette logique, dans un premier temps démontre la volonté hégémonique elle aussi des
déconstructionnistes et aussi montre que si c'est le cas il n'y a pas d'autres choix pour ces groupes
d'accepter cette domination s'ils sont réellement dominés.
La logique des déconstructionnistes qui fait du réductionnisme de l'intelligence et de la discussion à
l'intérêt politique. Cela menace l'université car risque de ramener l'université ( lieu de discussion
entre intellectuels en désaccord) en un lieu où règne l'impossibilité de réponses raisonnables et
risque de tout ramener au pouvoir politique.
Ainsi « La défense déconstructionniste d'un cursus plus multiculturel apparaît elle même comme
affirmation du pouvoir politique au nom des exploités et des opprimés, plutôt qu'une réforme
intellectuellement défendable ».(p,34-35)

Finalement, on retrouve une opposition entre les déconstructionnistes qui considèrent la vision
essentialistes comme indéfendable intellectuellement et les essentialistes qui invoquent des vérités
intemporelles plutôt qu'en les défendant !
L'opposition sur le sujet au départ de la présence ou non indispensable de livres est normal au
départ étant donné qu'aucune université ne peut tout proposer. Il y a par la suite dans ces positions la
création de « deux cultures intellectuelles mutuellement exclusives et dépourvues de respect,
écartant toute volonté d'apprendre quelque chose de l'autre parti ou de lui reconnaître une
quelconque valeur ». ( p,36)
Cela peut déboucher sur la violence !

Il y a une différence entre tolérer l'expression de certains propos et les respecter ( racisme...).
Le respect est beaucoup plus discriminant que la tolérance. Le respect implique de comprendre une
position comme reflétant un point de vue moral.
Ainsi « Une société multiculturelle est contrainte d'inclure une vaste gamme de désaccords moraux
respectables qui nous laissent la possibilité de défendre nos positions devant des gens moralement
sérieux avec qui l'on est pas d'accord,et par la même d'apprendre à partir de nos différences » .
(p,37-38)

La politique de Reconnaissance

I
La thèse est que « notre identité est partiellement formée par la reconnaissance ou par son
absence, ou encore par la mauvaise perception qu'en ont les autres ».(p,41)
La non reconnaissance ou la reconnaissance inadéquate cause du tort aux groupes.( ex : image
dépréciative qu'avaient d'elles mêmes les femmes dans les sociétés patriarcales pour certaines
féministes). « De ce point de vue, cette auto dépréciation devient l'une des armes les plus efficaces
de leur propre oppression ».(p,42)
Ainsi la reconnaissance est bien un besoin humain vital.

Le passage à la reconnaissance se fait avec la fin de l'Ancien Régime et l'effondrement des


hiérarchies sociales intrinsèquement inégalitaires. Le principe de dignité remplace le principe
d'honneur ; celui-ci est perçu comme universel.
Il y a une nouvelle conception de l'identité individuelle à la fin du 18ème. L'idéal est d'être « fidèle
à moi même et ma propre manière d'être » (p,44).L'idéal d'authenticité a lui comme point d'origine
l'idée que chaque être humain naît avec une forte conscience de ce qui est bien et mal, en
concurrence avec l'idée présente au 18ème siècle qu'il y a en réalité un simple calcul des
conséquences. Ici, on parle du sens de moralité ! Désormais la source que nous devons atteindre est
nous même pour atteindre la plénitude ! De ce fait, « nous venons à nous penser nous mêmes
comme êtres dotés de profondeurs intérieurs »(p,46).
Rousseau présente la moralité comme le fait de « suivre la voie de la nature »(p,46) qui est en
nous.
Herder poursuit l'idée en indiquant que chacun a une manière originale d'être humain. Il accorde
une importance morale à être soi, chacune de nos voix à quelque chose d'unique à dire.
Pour Herder, cela doit se comprendre à deux niveaux, aussi bien individuel que collectif .« Les
Allemands ne doivent pas essayer d'être des Français de second choix »(p,48).
Cet idéal d'authenticité est comme la dignité « un produit du déclin de la société
hiérarchique »(p,49).En effet, la manière d'être n'est plus seulement produit comme dans l'Ancien
Régime par sa place dans la société mais aussi intérieurement, par une certaine originalité.

Le rôle dialogique est le fait qu'on apprend les langages par des échanges avec les autres ( autres
donneurs de sens), la genèse de la pensée humaine est par conséquent dialogique et non pas
monologique.
La définition de notre identité se fait « au cours d'un dialogue avec-parfois lors d'une lutte contre-
les choses que nos autres donneurs de sens veulent voir en nous ». ( ex : parents) (p,50).
En réalité, l'idéal monologique sous estime le dialogique qui n'est pas que la genèse, il continue
aussi ! En effet, l'identité « c'est l'arrière plan sur lequel nos goûts, nos désirs, nos opinions et nos
aspirations prennent leur sens. Si certaines choses que j'apprécie le plus ne me sont accessibles que
par la relation avec la personne que j'aime, celle-ci devient alors partie de mon identité » (p,51).
On retrouve un aspect dialogique partout même chez ceux cherchant à se séparer de la famille par
exemple ou autre...( ermite avec Dieu).

Rousseau fait une critique féroce de l'honneur hiérarchique, c'est pour cela qu'on retrouve de
nombreux éléments chez lui concernant la dignité du citoyen et la reconnaissance universelle.
Aujourd'hui, la politique de reconnaissance est essentielle. La reconnaissance égalitaire n'est pas
seulement une mode approprié pour une société démocratique, elle peut infliger un dommage à
ceux à qui on la refuse, qui risquent d'intérioriser cette image dépréciative si on leur refuse une
reconnaissance égalitaire!

II
La politique de reconnaissance égalitaire est à la fois personnelle et dans la sphère publique.On
observe un passage de l'honneur à dignité amenant à l'égalisation des droits et des attributions.
Même ceux opposés dans les années 60 au droit de vote des Noirs se basaient sur un prétexte
universaliste avec un examen à faire passer !
Dans un second temps, la politique de la différence peut se mettre en place. On demande ici la
reconnaissance de l'identité unique d'un individu, ce qui le distingue de tous les autres. Or, « Avec la
politique d'égale dignité, ce qui est établi est censé être universellement le même, un ensemble
identique de droits et de privilèges »(p,57).

La politique de la dignité universelle « a lutté pour des formes de non-discrimination qui étaient
parfaitement aveugles aux façons dont les citoyens diffèrent entre eux, la politique de la différence
redéfinit souvent la non-discrimination comme requérant que nous fassions de ces distinctions le
fondement même d'un traitement différentiel » (p,58-59).
Cela apparaît comme une trahison pour certains partisans de la politique originelle de la dignité !
« La discrimination inverse est défendue comme une mesure temporaire susceptible d'égaliser les
chances » ( p,59).

Kant, « ce qui exigeait le respect en nous était notre statut d'agents rationnels, capables de diriger
nos vies selon des principes » ( p,61) = potentiel humain universel.
La politique de la différence a comme fondement ce potentiel + respect égal des cultures. L'exemple
de la déclaration de Bellow sur les Zoulous n'est pas seulement une erreur de jugement sur la
culture des Zoulous mais aussi constitue un refus d'égalité de potentiel !
Cela amène une opposition des deux politiques avec l'une aveugle aux différences et s'attachant à
ce qui est identique en tous et l'autre où on doit favoriser la particularité. La 1ère accuse la seconde
« de violer le principe de non-discrimination » et « La seconde reproche à la première de nier
toute identité en imposant aux gens un moule homogène qui ne leur est pas adapté » (p,63).Elle est
accusée d'inhumanité car elle détruit les identités et surtout, insidieusement, détruit seulement les
identités minoritaires, donc étant discriminatoire ! Il s'agirait en réalité d'un « particularisme se
déguisant en principe universel » (p,64).
III
La politique d'égale dignité est apparue de deux manières ( Rousseau et Kant).
Pour Rousseau, l'accent est mis sur l'importance de l'égalité de respect jugée indispensable pour la
liberté. Il faut l'opposer à la liberté dans la hiérarchie avec la dépendance aux autres pour survivre
mais surtout « parce que l'on désire leur estime » (p,65), c'est à dire leur préférences dans une
conception traditionnelle. L'estime recherchée est un bien positionnel !
Cela entraîne une situation où le maître est lui aussi dépendant de l'esclave car « dans un système
d'honneur hiérarchique, la déférence des classes inférieures est essentielle » (p,66). Rousseau
souhaite un monde où on se libère de l'amour propre et des réputations.

Or, en République, malgré tout, les citoyens font très attention aux opinions d'autrui. La réponse
serait que la liberté et l'unité sociale sont compatibles avec l'estime dans ces Républiques parce que
« la société est une entité dans laquelle tous les vertueux seront estimés également et pour les
mêmes justes raisons » et que dans le cas d'une société hiérarchique « la gloire d'une personne peut
signifier la honte d'une autre » (p,68).

Finalement, Rousseau ne fait pas de renoncement total de l'estime, il rejette simplement la


recherche acharnée de privilèges. En réalité, « Tous les citoyens vertueux doivent être également
honorés » (p,70).

Cela amène la vision de Hegel avec l'idée de l'importance de la reconnaissance mais qui est
défectueuse dans le cadre de la hiérarchie car il n'y a pas de reconnaissance pour les perdants et les
gagnants le sont reconnus par les perdants. Il faut selon Hegel « un régime de reconnaissance
réciproque entre égaux » (p,70).
Cependant, selon Rousseau il faut pour mettre en place cette politique d'égale dignité un dessein
très serrée, il faut de ce fait une exclusion rigoureuse de toute différenciation des rôles Cela peut
malheureusement amener des tyrannies homogénéisante ( Terreur jacobine).

IV
De ce fait, la politique de dignité égale est vouée à l'homogénéisation ?
Nous allons nous intéresser au cas Canadien par exemple ! Il y a le désir de self government des
québecois et des populations aborigènes qui a par exemple amené certaines restrictions de liberté au
non de la survivance de ce groupe ( interdiction d'aller dans des écoles anglophones pour
francophones...). Est-ce acceptable ? « L'Amendement Meech » a proposé de reconnaître le Québec
comme une société distincte !

Cela amène une certaine reconsidération juridique de la Charte Canadienne notamment via
plusieurs aspects dont deux principaux :
-définition d'un ensemble de droits individuels semblables à ceux
protégés par d'autres chartes et constitutions dans les démocraties occidentales ( Europe).
-protection d'un traitement discriminatoire !

C'est assez général et suit l'exemple américain qui « ont été les premiers à rédiger et à verrouiller
un code de droits durant la ratification de leur constitution et comme condition de son bon
fonctionnement » (p,75).

Pour certains Canadiens Anglais, l'exemple québecois remet en cause les deux principes précédents.
En effet, « les desseins collectifs peuvent impliquer des restrictions à la liberté des individus, en
allant ainsi contre leurs droits » (p,76),avec l'exemple de l'imposition de certains types
d'écoles...De plus, ça peut être considéré comme intrinsèquement discriminatoire car amènent des
différences de traitements.
Cela explique en partie l'opposition virulente dont la charte a été la victime.

Les droits individuels perçuent comme prévalant sur les desseins collectifs forme une perspective
libérale du monde qui est anglo-américain et qui est défendue par des auteurs comme Rawls ou
encore Dworkin.
Dworkin considère que nous avons pas tous les mêmes vues considérant la finalité existentiel mais
nous devons moralement traiter également et avec considération avec autrui. Ne pas le faire
reviendrait à dire « Votre conception n'a pas autant de valeur, au yeux de cette politique, que celle
de vos compatriotes plus nombreux » (p,79). Dans une société démocratique, il s'agit d'un
comportement impossible !

Kant considère en effet que la dignité n'est pas tant une conception particulière que caractérisée par
son autonomie, de choisir une perspective. Ainsi, « Une société libérale doit rester neutre au sujet
de la vie idéale, et se limiter à garantir que, de quelque façon qu'ils voient les choses, les citoyens
traitent correctement entre eux, et l’État également avec tous » (p,79).

Néanmoins dans le cas Québecois, on pourrait affirmer que la langue française est une ressource
collective, au même titre que l'air et, disponible pour les individus. Il s'agit aussi d'un modèle libéral
différent par lequel « une société peut être organisé autour d'une définition de la vie idéale sans
que cela soit considéré comme une dépréciation de ceux qui ne partagent pas personnellement cette
définition » (p,81). De ce fait, il y a une distinction opérée entre les libertés fondamentales
infrangibles et d'autres privilèges importants mais pouvant être restreints pour des raisons de
politiques publiques.

Voici deux conceptions incompatibles ! « Le reste du Canada voyait que la clause de la société
distincte légitimait les desseins collectifs;le Québec voyait que la présence donnée à la Charte
imposait une forme de société libérale qui lui était étrangère et à laquelle il ne pourrait jamais
s’accommoder sans perdre son identité » (p,83).

Le 1er libéralisme est « inhospitalier à la différence » (p,83),et est coupable de ce dont l'accuse les
tenants d'une politique de la différence.
Il existent des sociétés libérales qui ne transigent pas sur la défense de certains droits ( habeas
corpus...) mais qui peuvent parfois choisir la survivance culturelle.Cela amène la question du
multiculturalisme.
V
Néanmoins il est toujours possible d'observer l'accusation d'un « libéralisme aveugle aux
différences » (p,84), avec un terrain neutre où toutes les cultures pourraient se rencontrer et
coexister.
Or, le libéralisme ne peut en effet revendiquer une neutralité complète !

Le débat sur le multiculturalisme peut être vu comme l'imposition de certaines cultures sur d'autres
car il y aurait une supériorité présumée ! La réponse du type « Ici c'est comme ça » (p,85) peut
apparaître comme indélicate, quant bien même le compromis paraît difficile. Le véritable enjeux est
la question de la reconnaissance de la valeur égale ou non des différentes cultures et de les laisser
survivre mais aussi de reconnaître leurs mérites.
Historiquement, par exemple,les sociétés multinationales ont souvent éclatés à cause du sentiment
perçue par l'une d'entre elle d'un certain manque de reconnaissance, et cela au même titre que
d’autres raisons plus prosaïques tels que l'exploitation ou encore l'injustice.

Cela pose la question de l'image de soi, dépréciative et imposée, que l'on doit modifier, en se faisant
violence.( certains courants féministes...). Il s'agit de l'argument principal aux demandes visant à
mettre en avant des auteurs non mâles européens, afin de lutter contre les images dépréciatives
créés par l'absence des auteurs femmes ou noires aux personnes de même sexe et race !
Dans cette perspective, « La lutte pour la liberté l'égalité doit donc passer par une révision de ces
images » (p,89-90).
Le présupposé est que nous devons un respect égal à toutes les cultures. Or, est-il impossible de
considérer que des cultures peuvent passer par des phases de décadence ?

En réalité, nous devons partir de cette hypothèse de départ pour étudier tout autre culture. Il faut
partir de cela car pour une culture très différente de la notre, nous n'avons au départ aucun moyen
objectif de sa valeur. Il faut alors effectuer un « mélange des horizons » (p,91) ( Gadamer) afin de
modifier les critères d'approche d'une culture, qui ne peut que difficilement se juger sur la base de
critères s'appliquant à des cultures en tout point opposées.

Le présupposé de respect égal se forme en opposition au déni d'égalité de statu et contre une
certaine arrogance ( accusation des multiculturalistes à l'encontre des défenseurs des canons
traditionnels par exemple).
Or si il y a refus de présomption = refus d'égalité et donc amène une auto dépréciation lié à ce
manque de reconnaissance, alors il s'agit d'un argument fort en faveur de « l'universalisation de la
présomption comme extension logique de la politique de dignité » (p,92).

Néanmoins, on peut considérer juste de « réclamer comme un droit que l'on aborde l'étude de
certaines cultures avec une présomption de leur valeur » mais « il est dépourvu de sens d'exiger
que nous finissions par conclure que leur valeur est grande ou égale à celles des autres » (p,93).
Au fond, cette exigence, avant même tout examen n'a pas de sens, on ne peut exiger « que nous
trouvions la terre ronde ou plate ou la température de l'air chaude ou froide » (p,93).
En clair, un jugement favorable sur demande est en réalité un acte de condescendance. Ceux
souhaitant bénéficier de la politique de reconnaissance cherchent non pas cela mais le respect. En
effet, « la dernière chose que l'on souhaite des intellectuels eurocentristes, à ce degré, est
l'émission de jugements positifs sur la valeur de cultures qu'ils n'ont pas étudiées avec
profondeur » (p,95).
Nous avons vu que l'étude passe par changements de critères, si nous faisons un jugement favorable
prématurément, nous ferions « à autrui l'éloge d'être comme nous » (p,96). De plus, cela amène une
homogénéisation car avec les mêmes critères, nous les incluons dans nos modèles.
Pour conclure, nous pouvons dire qu'il faut éviter à la fois « la demande inauthentique et
homogénéisante pour la reconnaissance d'égale valeur » et aussi « l'enfermement volontaire à
l'intérieur de critères ethnocentriques » (p,97).La présomption d'égale valeur ne doit pas être vue
comme un droit mais nous pouvons nous demander si c'est la manière d'aborder les autres.
Herder sur un plan religieux pense que la Divine Providence a fait la diversité des cultures pour
apporter une plus grande harmonie. Sur un plan humain, on peut soutenir l'idée qu'il est raisonnable
de penser que les cultures qui ont énoncé leur sens du bien, du sacré...ont presque sûrement
quelque chose de respectable bien que nous puissions rejeter certains aspects ! Finalement, la
présomption requiert « d'être ouverts à l'étude culturelle comparative, pour déplacer nos horizons
vers des mélanges nouveaux » (p,98).

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