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DOCUMENTATION
08/10/2008

Béton hydraulique – Mise en œuvre


Bétonnage
par Jean-Marie GEOFFRAY
Cete de Lyon. Laboratoire régional de Clermont-Ferrand

1. Maîtrise du béton frais sur site ............................................................ C 2 229 – 2


1.1 Incidents rhéologiques ................................................................................ – 2
1.2 Définition de l’anomalie de comportement ............................................... – 2
1.3 Recherche préalable des causes probables............................................... – 2
1.4 Analyser efficacement un bordereau de pesée ......................................... – 2
1.5 Actions correctives ...................................................................................... – 4
1.6 Cas des bétons auto-plaçants ..................................................................... – 4
2. Coulage des bétons par gravité ........................................................... – 4
2.1 Approvisionnement sur chantier................................................................ – 4
2.2 Déversement du béton ................................................................................ – 6
2.3 Arrêts et reprises de bétonnage ................................................................. – 7
3. Pompage des bétons ............................................................................... – 8
3.1 Processus et matériel de pompage ............................................................ – 8
3.2 Critères de formulation des bétons............................................................ – 9
3.3 Transport et distribution du béton ............................................................. – 10
3.4 Conduite de pompage sur site.................................................................... – 11
3.5 Incidents techniques de pompage ............................................................. – 11
3.6 Sécurité prévisionnelle sur chantier........................................................... – 11
4. Serrage du béton avec apport d’énergie ........................................... – 12
4.1 Vibration interne .......................................................................................... – 12
4.2 Vibration externe du béton coffré .............................................................. – 14
4.3 Vibration externe superficielle des dalles et chaussées ........................... – 14
4.4 Bétons compactés routiers ......................................................................... – 15
5. Bétonnage des fondations profondes ................................................ – 15
5.1 Bétonnage au tube plongeur ...................................................................... – 15
5.2 Bétonnage à la pompe ................................................................................ – 16
5.3 Bétonnage à la benne à clapet.................................................................... – 17
5.4 Achèvement du bétonnage......................................................................... – 17
5.5 Recépage des éléments............................................................................... – 17
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. C 2 231

e troisième volet aborde les problèmes de bétonnage courant. Les aspects


C de maîtrise de la plasticité sont détaillés de façon pratique sur chantier.
Comment distinguer un problème aléatoire d’une inadaptation fonctionnelle de
béton ? Et, dans le cas d’incident ponctuel, savoir déterminer les causes réelles.
5 - 2008

Le coulage du béton dans le coffrage est ensuite traité, en passant par les
différentes situations susceptibles d’être rencontrées dans le cas de pompage
du béton, puis de serrage par vibration pour les bétons courants. Le cas parti-
culier d’emploi de béton auto-plaçant est également évoqué.
Enfin, le cas de bétonnage des fondations profondes est traité à part, compte
C 2 229

tenu des spécificités des bétons fluides et non vibres employés.


Le lecteur n’omettra pas de se reporter aux autres dossiers de cette série :
[C 2 227], [C 2 228], [C 2 230v2] et [C 2 231].

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BÉTON HYDRAULIQUE – MISE EN ŒUVRE _______________________________________________________________________________________________

1. Maîtrise du béton frais


sur site
1.1 Incidents rhéologiques
À titre de rappel (voir dossier [C 2 227]), les incidents rhéologi-
ques du béton frais peuvent se manifester le plus fréquemment
sous trois aspects :
– perte brutale de maniabilité du matériau ;
– apparition de ségrégation ;
– formation de ressuage avant coulage ou après mise en place
du béton.
Ces incidents peuvent se traduire concrètement par des impossi- Figure 1 – Aspect de ségrégation de gros gravillons sur béton frais
bilités de pompage, de grosses difficultés de coulage à la benne,
des problèmes au serrage par vibration. Ultérieurement, ils se tra-
duiront, sur béton durci, par des pertes de résistance et, surtout,
par de graves défauts d’aspect et des insuffisances notoires en
matière de durabilité.
Pour faire face à ces problèmes, les solutions doivent viser un
retour rapide à la normale, sans pour autant engager les proprié-
tés de durabilité et d’aspect du matériau. Il est donc indispensable
de bien définir l’anomalie rencontrée, d’en rechercher les causes
les plus probables, et d’apporter les solutions correctives pertinen-
tes qui n’engagent pas la durabilité de la structure. À cet effet, il
est recommandé d’exiger, à la signature du marché, la fourniture
des bordereaux de pesée avec les bons de livraison.

Figure 2 – Ressuage sur béton frais avec sortie d’eau en périphérie,


1.2 Définition de l’anomalie et sur le dessus entre gravillons
de comportement
Les anomalies de comportement qui apparaissent systématique- 1.3 Recherche préalable des causes
ment sur chantier sont soit : probables
– inhérentes au béton, si celui-ci n’a pas été défini correctement
pour répondre à toutes les charges spécifiques du chantier ; Les réactions du chef de chantier sont chronologiquement les
– dues à des facteurs externes non prévus dans le cahier des suivantes :
charges. – signaler l’anomalie au fabricant de béton ;
Dans ces cas, il convient de redéfinir un cahier des charges – ne pas chercher à améliorer la plasticité du béton livré par
adapté, et de reformuler les choix respectifs (béton, matériel de ajout d’eau ou autres produits. Ces ajouts ne font que dégrader la
mise en œuvre, coffrage, ...). qualité du béton, et le client perd toutes ses garanties vis-à-vis du
fournisseur. Il convient de préciser que la plupart de ces ajouts
Si les incidents apparaissent de façon aléatoire, il convient nocifs seront ultérieurement détectables ;
d’examiner les perturbations du moment dans les conditions de – examiner le bon de livraison :
fabrication, ou de chantier, pour déterminer l’élément responsable • est-ce que la livraison est bien destinée au chantier ?
du changement de comportement.
• est-ce que le type béton, mentionné sur le bon, correspond à
Si les conditions propres au chantier de mise en œuvre sont celui commandé ?
inchangées, l’anomalie provient du matériau à son arrivée sur • le béton arrive-t-il de la centrale de fabrication habituelle ?
chantier. Elle peut se manifester sur chantier de différentes – si une des réponses est négative, renvoi immédiat du camion
façons : avec sa charge en centrale. Si les réponses à ces trois questions
– le bruit important du matériau tournant dans le camion toupie sont affirmatives, faire un essai de confirmation de mesure de
(désolidarisation des gravillons avec la phase mortier) peut consti- plasticité du béton ;
tuer une première alerte ; – si l’anomalie est confirmée, en informer le fabricant de béton ;
– les essais de réception (affaissement ou étalement) révèlent un – analyser le bordereau de pesées. Si ce dernier ne peut pas être
comportement inhabituel, tels qu’un changement de classe de obtenu, renvoi immédiat du camion avec sa charge en centrale.
plasticité, une apparition de ressuage à la périphérie de l’échan-
tillon, des remontées de laitance, une formation de ségrégation
(agglomération localisée de gravillons, ... ;
– un simple examen visuel suffit parfois à détecter la ségréga-
1.4 Analyser efficacement un bordereau
tion (figure 1) ou le ressuage (figure 2) ; de pesée
– au coulage par gravité à la benne, le béton s’écoule difficile-
ment, ou adhère trop aux parois de celle-ci ; 1.4.1 Ce qu’il est inutile de faire
– au pompage, il apparaît rapidement des bouchons ;
– à la vibration, les remontées de laitance sont très rapides, avec Recalculer la composition du béton fabriqué pour s’assurer qu’il
des difficultés pour enfoncer le vibrateur (présence de nids de s’agit du bon béton. Ce travail a été réalisé par l’automate qui, par
cailloux, etc.). principe, ne se trompe pas de façon accidentelle.

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1.4.2 Ce qu’il faut vérifier chronologiquement Dans le cas où le problème n’est pas lié aux conditions de fabri-
Pour déterminer les causes réelles de l’incident, les vérifications cation, il convient de rechercher les causes soit dans celles :
à effectuer chronologiquement sont détaillées dans la figure 3 et le – du transport (durée inhabituelle) ;
tableau 1. – thermiques (températures élevées, ou faibles).

Toutes les pesées sont


conformes aux tolérances NON
admises
1b

OUI

Modification affichée du Ajout ou retrait


dosage en eau dans le OUI
malaxeur de la centrale
2a

< 20 kg/m3 > 20 kg/m3


NON de béton de béton

3a 3b

Évolutions dans les


affichages des teneurs en OUI
eau des constituants
4a 4b

NON Les teneurs en eau des


constituants ne sont
pas déterminées
correctement
Le problème 5b La composition
n’est pas lié aux du béton
conditions de fabriqué n’est
fabrication pas conforme

Figure 3 – Grille d’analyse des bordereaux de pesée

Tableau 1 – Commentaires attachés à la grille d’analyse des bordereaux de pesée (figure 3)


Cas Commentaires
1b Les tolérances admises sur les pesées des constituants sont généralement fixées par le marché. À défaut, celles spécifiées dans les
tableaux 21 et 24 (norme NF EN 206-1) doivent être utilisées pour les centrales non certifiées, et celles du paragraphe dosage des cons-
tituants (référentiel NF 033 de janvier 2005) doivent l’être pour les centrales bénéficiant du droit d’usage de la marque NF BPE [71].
Le non-respect d’une seule pesée peut engendrer des déséquilibres de rendement et influer lourdement sur la rhéologie. Le
béton est donc réputé non conforme et renvoyé en centrale.
2a Il convient d’entendre l’ajustement toléré par le référentiel de certification de la marque NF-BPE article 2.2.3.3. [71]. Cet ajuste-
ment doit rester ponctuel.
3a Le recours systématique à cette possibilité révèle une détermination déficiente des teneurs en eau des granulats, et/ou de
l’emploi d’une composition inadaptée à l’usage requis dans le cahier des charges du client.
3b Les ajouts d’eau sont trop importants, la composition du béton n’est plus conforme.
4a Si les teneurs en eau sur les sables baissent rapidement, d’une gâchée à l’autre, le fabricant n’a pas mesuré les teneurs en eau
de ses matériaux et les cherche empiriquement par modification progressive du béton. Cette pratique n’est pas correcte.
Cependant, en tout début de fabrication, si les trémies de sable ne sont pas protégées, ou si les teneurs en eau des sables sont
élevées, les sondes d’humidité enregistrent des valeurs fortes au démarrage qui s’atténuent au fur et à mesure de la consomma-
tion. Une visite en centrale peut permettre de distinguer les cas.
4b Si, en cours de fabrication, l’affiche des teneurs en eau baisse et conduit à un incident (augmentation brutale de plasticité, voire
ressuage), il est fort probable que l’affiche soit erronée et serve à masquer une augmentation de la teneur en eau d’ajout.
Cette procédure n’est pas autorisée mais se rencontre encore malheureusement.
5b Les affiches erronées de teneurs en eau dégradent souvent la durabilité du béton. De ce fait, il peut être considéré que le béton
fabriqué est non conforme.
La meilleure solution consiste cependant à ménager un climat de confiance entre le fabricant et l’utilisateur, avec vérification
régulière de l’application du contrôle interne du premier.

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Tableau 2 – Actions correctives après détection d’écarts relevés sur les bordereaux de pesée
Cas Actions correctives possibles
1b Si les tolérances admises sur les pesées des constituants ne sont pas respectées, il est nécessaire d’intervenir sur la centrale
pour régler les débits de matériaux :
- vérification des bascules et doseurs ;
- réglage des ouvertures de trémies et des vitesses de tapis extracteurs ou des vis d’alimentation ;
- resserrement des tolérances affichées sur l’automate pour mieux maîtriser les erreurs de chute ;
- pour les sables, s’assurer du bon écoulement avec implantation, si besoin, de vibreurs, canons à air, etc.
2a • Si les ajouts sont permanents et constants, il est préférable d’ajuster la composition nominale et de régler le nouveau rende-
3a ment volumique, en s’assurant des critères prescrits (dosage minimal en liant, rapport E/C maximal, air entraîné, etc.).
3b • Si les ajouts sont occasionnels ou permanents, mais non constants, il faut introduire une procédure plus contraignante dans la
détermination des teneurs en eau des constituants, et utiliser des granulats â teneur en eau plus homogènes dans la durée.
3b Les ajouts d’eau sont trop importants, le rendement volumique du béton est modifié trop sensiblement, et tous les dosages des
constituants sont erronés. Les caractéristiques prescrites des bétons ne sont plus assurées, donc le béton ne peut plus être utilisé.
4a • Le fabricant détecte une anomalie rhéologique à la sortie du malaxeur et l’impute à la teneur en eau du béton. Les affiches de
4b teneurs en eau sur les granulats (sables principalement) vont alors être modifiées empiriquement, d’une gâchée à l’autre, le fabri-
5b cant cherchant à occulter la modification de la teneur en eau de son béton. Cette attitude incorrecte, loin d’apporter une solution
fiable, génère le plus souvent de nouveaux problèmes en cours de bétonnage, et conduit à des bétons non conformes.
• La solution passe par la mesure des teneurs en eau des granulats, et par une commande de granulats à teneurs en eau plus
maîtrisées (à spécifier dans la fourniture des granulats).

1.5 Actions correctives 1.6 Cas des bétons auto-plaçants


Au démarrage d’un bétonnage de partie d’ouvrage, la meilleure Les bétons auto-plaçants contiennent généralement de forts dosa-
solution consiste à refuser la poursuite du bétonnage avec le maté- ges en adjuvants, et les problèmes précédents (pompage, écoulement
riau défectueux, à évacuer le peu de béton qui a été coulé, puis, à dans le coffrage, ségrégation, ou ressuage) se trouvent exacerbés.
chercher une solution corrective. Les tolérances admises pour les bétons traditionnels de (± 20 kg
■ Lorsque l’anomalie intervient en cours de bétonnage d’une par- d’eau par m3) sont réduites à ± 10 kg d’eau par m3. Si les correc-
tie d’ouvrage, et que le coulage est suffisamment avancé, il tions de composition n’ont pas été étudiées lors de la formulation
devient plus délicat d’adopter la solution précédente, car l’arrêt de du béton, il est recommandé de suspendre le chantier dans
bétonnage peut engendrer des problèmes parfois plus importants. l’attente de nouvelles solutions.
En règle générale, plusieurs possibilités sont envisageables :
– si de fortes exigences de durabilité sont prescrites, il est préfé-
rable d’arrêter le bétonnage et d’aménager une zone de reprise. 2. Coulage des bétons
Cette solution permet de limiter les dégâts, mais engage générale-
ment l’esthétique de la partie d’ouvrage ; par gravité
– s’il n’y a que de faibles contraintes de durabilité et que le
matériau présente une large sécurité au niveau des caractéristi-
ques mécaniques et esthétiques, il reste possible de modifier légè-
2.1 Approvisionnement sur chantier
rement le matériau pour le rendre plus maniable, ou moins Il est indispensable de prévoir la cadence d’approvisionnement
sensible, aux anomalies rhéologiques. Mais, cette modification sur chantier en prenant en compte le temps de remplissage d’un
doit être encadrée par des justifications pré-établies en début de camion toupie, la durée de transport, et la nature du trajet, ainsi
chantier, et avoir reçu l’aval du maître d’œuvre. Dans ce dernier que la durée de vidange du porteur sur chantier. Cette prévision
cas, les épreuves mécaniques ne doivent être engagées que sur le doit intégrer les aléas de transport, les aléas de conditions ambian-
matériau modifié ; tes (températures, pluies, ...), et les arrêts temporaires admissibles
– enfin, dans les cas extrêmes où les exigences mécaniques, de bétonnage. Pour assurer le bon déroulement du chantier, il est
esthétiques et de durabilité sont très fortes, il est préférable d’arrêter nécessaire d’assurer la compatibilité entre les durées de fabrica-
le bétonnage, d’ouvrir le moule, et d’évacuer le matériau déjà coulé. tion en centrale, de transport, et de coulage.
■ Les actions correctives pour les anomalies relevées sur les bor- ■ La durée de fabrication est conditionnée par le type de centrale
dereaux de pesée peuvent être multiples (tableau 2). et la nature du béton à fabriquer. Il appartient au fabricant d’indi-
Dans tous les cas, les interventions sont lourdes, et les décisions quer cette durée et, notamment, le temps de malaxage. La durée
du directeur ou chef de chantier doivent rester promptes, sans minimale de malaxage est stipulée, ou recommandée, par les dif-
céder pour autant à l’improvisation, et se situer le plus en amont férents règlements ou cahiers des charges :
possible : – règlement de la marque NF BPE : 35 secondes de malaxage pour
– en ayant une maîtrise des conditions de fabrication ; les bétons normaux, et 55 secondes pour les bétons adjuvantés ;
– en programmant les bétonnages dans des périodes judicieuse- – dans le cas des BAP et des bétons spéciaux, ce temps minimal
ment choisies (éviter les plages horaires de trafic dense, celles très peut atteindre plusieurs minutes (durée minimale fixée par un
froides ou très chaudes), tout en veillant aux conditions minimales cahier des charges spécifique au béton fabriqué).
de démarrage de prise dans le moule ; En dehors des bétons de chaussée, le béton traditionnel est trans-
– en utilisant des matériels de transport et de mise en œuvre porté en camion toupie (parfois appelé bétonnière portée) dont la
adaptés et bien entretenus ; capacité varie entre 4 et 8 m3. La rotation lente et continue de la
– en préparant correctement les accès, les circulations sur chan- cuve assure un brassage pour livrer un matériau homogène.
tier, et les aires de stationnement des camions d’approvisionne- L’emploi de ce type de porteur offre, sous certaines conditions opé-
ment et des engins utilisés pour le coulage (pompe, grue). ratoires, la possibilité d’adjuvantation complémentaire sur chantier.

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Tableau 3 – Exemple de cahier des charges d’un bétonnage continu


Paramètres Symboles Valeurs imposées dans l’exemple
Quantité de béton transportée par porteur 6 m3
Volume total de béton à couler 60 m3
Durée du trajet aller centrale – chantier Ta 30 minutes
Durée du trajet retour chantier – centrale Tr 30 minutes
Durée de fabrication – chargement du porteur en centrale Cf 6 gâchées d’un m3 toutes les 3 minutes, avec un temps
mort de 2 minutes par rotation : donc Cf = 20 minutes
Durée de vidange du porteur sur chantier Sv 30 minutes (mise en place incluse)

Âge
0 30 60 90 120 150 180 210 240 270 300 330 360
(min)

C1 Cf Ta Sv Tr Cf Ta Sv Tr Cf Ta Sv Tr

C2 Cf Ta Sv Tr Cf Ta Sv Tr Cf Ta Sv

C3 Cf Ta Sv Tr Cf Ta Sv Tr Cf Ta Sv

C4 Cf Ta Sv

Figure 4 – Planning de livraison continue avec 4 camions (Ci)

Lorsqu’un ajout d’adjuvant réducteur d’eau, ou haut réducteur Si un court arrêt de bétonnage est prévu entre chaque porteur
d’eau, est prévu en fin de transport sur chantier, il est recom- (10 minutes au maximum, par exemple), le planning s’assouplit consi-
mandé d’effectuer, avant déversement dans l’ouvrage, un bras- dérablement et le nombre de porteur diminue (3 porteurs suffisent),
sage supplémentaire du matériau d’au moins une minute par mais la durée totale de bétonnage augmente de 50 minutes.
mètre cube, sans être inférieur à 5 minutes pour les bétons rele-
vant de norme NF EN 206-1. Ce temps de brassage supplémentaire 2.1.2 Bétons auto-plaçants
est à prendre en compte dans le temps de transport et la définition
des rotations de porteurs. Des aspects propres aux bétons auto-plaçants (BAP) viennent
modifier la situation :
■ La prévision de la durée de coulage résulte du cumul du temps de – ces bétons sont fortement adjuvantes et les temps de
mise en place du porteur, des temps de remplissage de bennes, de malaxage augmentés, ce qui provoque des temps de fabrication
leurs transferts, et vidange. Le temps de serrage par vibration n’est plus élevés ;
pas à prendre en compte dans ce calcul s’il ne vient pas ralentir la – les camions porteurs transportent 1 m3 de moins par rapport à
vidange de la benne. Il convient de s’assurer que le coulage du leur capacité maximale ;
béton de chaque porteur pourra être terminé dans les deux heures – sur chantier, ces matériaux se coulent plus rapidement que les
suivant l’heure de fabrication de la première gâchée du béton de ce autres bétons ;
porteur. Dans le cas d’impossibilité matérielle, la fabrication en cen- – les bétons auto-plaçants ne supportent pas les longs arrêts de
trale doit comprendre une incorporation de retardateur de prise bétonnage (durée maximale tolérable variant de 30 minutes à
dans le béton, permettant ainsi de couvrir le délai réel. 1 heure, suivant les évolutions rhéologiques) ;
– en cas de bétonnage par injection en pied de coffrage, les
2.1.1 Bétons courants arrêts de bétonnage sont déconseillés.
Pour garder une certaine souplesse dans la conduite de
Les bases, prises en compte pour le calcul des rotations de por- bétonnage, plusieurs solutions pratiques peuvent être adoptées :
teurs, sont les suivantes : – une adjuvantation finale sur chantier ;
– le temps de fabrication de la gâchée moyenne ; – un malaxage court en centrale, suivi d’un brassage en camion
– le volume maximal transportable par les camions porteurs porteur si le temps de transport est suffisamment long ;
(notamment pour tous les types de bétons fluides) ; – le recours à un malaxeur de plus forte capacité.
– la durée de rotation d’un camion porteur (temps aller + temps Dans le cas de la première solution, le béton fabriqué en cen-
de vidange + temps retour + attentes éventuelles sur site, ou en trale est généralement un béton très plastique à valeur cible de
centrale) ; consistance fixée à l’arrivée sur chantier. L’introduction de l’agent
– le nombre de camions porteurs mis à disposition pour appro- de fluidification est alors exécutée dans le porteur à son arrivée
visionner le chantier. Voir l’exemple du tableau 3. sur chantier, et un brassage est effectué dans les conditions
Exemple tiré du tableau 3. définies précédemment. Cette durée de brassage est à prendre en
Si aucun arrêt de bétonnage n’est autorisé, le planning peut être compte dans le cycle de fabrication. Cette procédure permet d’uti-
dressé comme suit (figure 4) et nécessite la mise en circuit de liser le porteur à sa capacité maximale, et de limiter très sensible-
3 camions porteurs (C1 à C3), avec un quatrième camion porteur C4, ment les évolutions rhéologiques du béton pendant le transport.
en fin de production, du fait que le camion C1 ne peut pas être de Quatre exemples de choix de moyens sont donnés dans les
retour suffisamment tôt à la centrale de fabrication. tableaux 4 et 5 et la figure 5.

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Tableau 4 – Exemples de choix de moyens pour répondre pour un bétonnage en BAP


Choix du fournisseur
Conditions opératoires
A B C D (site)
Cahier Volume total de béton à couler 35 m3
des charges
Durée du trajet aller ou retour 30 mn
Durée de fabrication d’une gâchée, vidange incluse 5 mn 3 mn
Durée de fabrication – chargement du porteur en centrale 30 mn 20 mn 15 mn 20 mn
et temps mort
Durée de vidange du porteur sur chantier (mise en place incluse) 10 mn 20 mn
Choix du Volume du malaxeur 1 m3 2 m3
fournisseur
Quantité de béton transportée par porteur 5 m3 3 m3 4 m3 6 m3

Tableau 5 – Bilans des bétonnages en BAP


Choix du fournisseur
Bilans
A B C D (site)
Volume du malaxeur 1 m3 2 m3
Nombre de camions 4 3 5 5
Rotations de camions porteurs 7 12 9 6
Quantité de béton transportée par porteur 5 m3 3 m3 4 m3 6 m3
Durée totale du coulage 4 heures 4 h 30 3 h 30 2 h 30
Arrêt de bétonnage (en minutes) 20 à 30 10 à 20 continu 6 mn

35
En cas de refus d’une charge non conforme, il convient de
Volume livré (m3)

prendre en compte les risques engendrés par cet arrêt de


30 bétonnage (notamment, dans les cas de bétons fluides ou
auto-plaçants).
25
D C A B
20 2.2 Déversement du béton
■ L’élaboration d’un plan de bétonnage est recommandée et doit
15
porter au moins sur les points suivants :
10
– l’implantation des points de distribution (cheminées de
bétonnage, fenêtres, etc.) ;
5 – l’organisation pour s’assurer de la bonne répartition en cou-
ches d’épaisseurs définies (prises en compte des points de distri-
0 bution et de la section horizontale de la pièce) ;
0 1 2 3 4 5 – l’accessibilité des vibrateurs internes en évitant les possibilités
Durée de chantier de coulage de calage sur les armatures et les contacts avec les peaux
coffrantes ;
Figure 5 – Planning de livraison en fonction des choix
– les hauteurs maximales de chute de béton dans le coffrage ;
du fournisseur – les vitesses de montée du matériau dans le coffrage (notam-
ment, dans le cas des bétons fluides ou auto-plaçants où elles doi-
Il est donc possible d’avoir une multitude de choix permettant vent être freinées).
d’optimiser les moyens disponibles du fournisseur, tout en satis-
faisant les exigences du client : Ce plan de bétonnage doit également limiter au maximum les
– terminer le plus rapidement possible la phase de bétonnage ; interruptions de déversements de béton, car ces dernières génè-
rent des discontinuités du matériau en place, engageant ainsi la
– s’affranchir, plus ou moins, des arrêts de bétonnage, toujours
durabilité et l’esthétique. Les bétons fluides et auto-plaçants sup-
délicats à gérer.
portent mal les arrêts de bétonnage.
Enfin, il est recommandé de prévoir l’accessibilité au site de Si la taille du chantier est suffisante, la validation de ce plan de
bétonnage et une aire de livraison sécurisée (portance du sol) pour bétonnage peut être assurée lors de la réalisation d’un élément
les camions porteurs. En cas d’accès difficile, il convient de recou- témoin.
rir à une installation de pompage adaptée au site. En tout état de
cause, la durée de transport d’un béton non retardé ne doit pas ■ Dans le cas de déversement à la benne, le volume de celle-ci
excéder 1 h 30. Ce délai part de la fin de la fabrication, jusqu’à la doit être compatible avec le débit prévu de coulage, et adapté à la
fin de la mise en œuvre (serrage inclus) de la charge livrée. Lors- puissance de la grue qui doit rester totalement disponible pour le
que la fabrication de la charge excède 30 minutes, ou lorsque la coulage du béton. Il est conseillé de prévoir des plans de coulage,
température ambiante dépasse 25 ˚C, il convient de s’assurer du si plusieurs parties d’ouvrage sont coulées avec le même béton
maintien de maniabilité du matériau. dans une période donnée.

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Le déversement à la benne est un processus discontinu ou, du Le bétonnage dans des coffrages verticaux constituant une opé-
moins, qui ne permet pas de réaliser un coulage strictement con- ration pénible et parfois dangereuse (présence de personnels sur
tinu. Dans cette hypothèse, il est indispensable d’optimiser la passerelle, déplacements de matériels lourds, travaux bruyants, ...),
durée de rotation de la benne. certains entrepreneurs développent des méthodes consistant à
injecter le béton par la base des coffrages. Cette opération délicate
■ Pour les coffrages de grande hauteur, il est conseillé de prévoir est surtout réservée à des bétons auto-plaçants présentant une
l’éclairage de l’intérieur avec un projecteur pour suivre les opéra- bonne robustesse rhéologique et approvisionnés sans disconti-
tions et répartir correctement le matériau. Pour éviter les princi- nuité. Dans quelques cas particuliers, cette méthode est extrapola-
paux défauts de ségrégation, il convient de prévoir les dispositions ble à des bétons fluides pompables. Mais, dans tous les cas, elle
matérielles pour limiter la hauteur de chute du béton (cheminées nécessite une fiabilisation des processus de commande et d’appro-
de descente de la manche de la benne ou de la pompe, et disposi- visionnement sur chantier. Par ailleurs, la méthode par injection
tif pour ajuster rapidement sa position en altitude, en cours de nécessite une étanchéité des banches entre elles et avec les talon-
bétonnage) (voir tableau 6). nettes de calage. De plus, elle nécessite la présence d’un agent sur
les banches pour vérifier l’arase supérieure en fin de coulage.
Tableau 6 – Recommandation de hauteur
maximale de chute libre du béton dans le coffrage
Hauteur 2.3 Arrêts et reprises de bétonnage
Béton Consistance
(m)
Les reprises de bétonnage volontaires ou involontaires peuvent
Courant plastique à très plastique 艋S4 1 avoir des effets catastrophiques au niveau de la durabilité et de
l’esthétique si le traitement des reprises n’a pas été envisagé préa-
Fluide S5 0,50
lablement.
Auto-plaçant BAP 0,50
2.3.1 Arrêts accidentels
Ces recommandations peuvent être rendues plus sévères à
l’issue de réalisation de coulages témoins. En cas d’arrêt accidentel de bétonnage, il convient d’adopter les
précautions suivantes :
– si la durée prévisible de l’arrêt de bétonnage reste inférieure à
2.2.1 Ouvrages horizontaux 1 heure, les 10 cm supérieurs de la couche de béton doivent rester
■ Pour les ouvrages horizontaux, la longueur de cheminement des légèrement foisonnés, et la couche est arasée horizontalement ;
bétons auto-plaçants peut être conditionnée par la géométrie de – si la durée prévisible de l’arrêt de bétonnage reste inférieure à
l’élément, l’épaisseur de la couche, la densité des armatures, les 3 h, la couche est arasée horizontalement et vibrée. En cas de res-
présences éventuelles de gaines et de réservations et, bien suage, l’eau excédentaire est évacuée et les formations de tassures
entendu, par le mode de mise en œuvre. Il convient de prévoir que légèrement revibrées ;
les bétons auto-plaçants actuels ne peuvent pas garder leur – si la durée prévisible de l’arrêt de bétonnage excède 3 h, les
homogénéité au-delà d’un rayon de 15 mètres à partir du point de prescriptions adoptées sont identiques à celles décrites pour un
coulage, et nécessitent parfois l’aménagement d’accès aux points arrêt programmé.
prévus pour le coulage. Dans le cas où la reprise est différée de plusieurs jours, il est
nécessaire de protéger les aciers en attente par un bâchage étan-
■ Pour les bétons traditionnels, une benne à volant sans man- che. Cette mesure permet de s’affranchir des traînées de rouille.
chette peut être utilisée pour assurer les dépôts de béton. Le
bétonnage est alors conduit avec dépôt de matériaux à l’avance-
ment, et le béton est serré en place sans transfert dans le coffrage. 2.3.2 Arrêts programmés
De ce fait, il convient de prévoir des accès pour tous les sites de la
dalle, et la possibilité de vérifier les épaisseurs et l’horizontalité de Dans le cas d’arrêts programmés, les dispositions constructives
la dalle, d’une part, et l’application d’une cure de protection ou la sont retenues dès la conception en vue d’atténuer les impacts de
mise en place des divers systèmes de protection, sans altération ceux-ci. Les reprises de bétonnage ne seront effectuées que sur des
des finitions de surface, d’autre part. arrêts parfaitement réguliers, voire horizontaux, dans le cas de parois
verticales. L’emplacement des reprises nécessaires de bétonnage
doit être défini par un plan de calepinage. Il est toujours préférable
2.2.2 Ouvrages verticaux de souligner la jonction des élémsnts constitutifs par un artifice
architectural (joint marqué en creux, comme indiqué, par exemple,
Pour les ouvrages verticaux, il convient de prévoir une benne à dans la partie traitant des coffrages – voir dossier [C 2 228]).
manche souple pour limiter au maximum les hauteurs de chute dans
le coffrage. Il faut aussi prévoir une alimentation régulière dans le Du point de vue structurel, pour que la continuité mécanique
coffrage en limitant, au besoin, les vitesses de coulage pour que la soit assurée, un certain nombre de recommandations sont à pren-
vibration de la dernière couche puisse être réalisée et assure la dre en compte :
liaison avec la couche précédente, dans le cas des bétons courants, – vibrer complètement le béton avant l’arrêt de bétonnage et
et évite les arrêts de bétonnage, pour les bétons auto-plaçants. marquer cet arrêt par des dispositifs ajoutés en surépaisseur sur la
peau coffrante ; ce qui revient à dire qu’une reprise volontaire de
En cas de coulage par couche, il est recommandé de ne pas bétonnage ne sera pas dissimulée mais, au contraire, nettement
excéder des épaisseurs de 60 à 80 cm, pour les bétons ordinaires, marquée ;
et inférieures à 30 cm, pour les bétons architectoniques. Pour évi- – éviter tout talochage fin sur la section d’arrêt, et éliminer l’eau
ter le déversement dommageable du béton contre les parois de superficielle en cas de ressuage ;
coffrages, il est conseillé : – ne pas tarder pour faire la reprise de bétonnage et utiliser la
– d’étudier une configuration et une disposition des cheminées même composition de béton (mêmes constituants, mêmes dosa-
de coulage permettant de couvrir toute la section de l’élément ; ges, et même consistance) et les mêmes matériels et méthodes de
– de maintenir l’orifice du tube plongeur, ou de la manche, juste mise en œuvre ;
au-dessus du béton déversé ; – adopter les mêmes délais de décoffrage et les mêmes
– de préciser les épaisseurs de couche en intégrant les notions démoulants pour les bétonnages successifs ;
de débit de béton, et de section horizontale de la pièce à couler. – retenir les mêmes procédés et les mêmes durées de cure.

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Pour les arrêts programmés en parties verticales ou en pentes,


l’interposition de grillages en métal fixé au coffrage, ou de grillages 3. Pompage des bétons
en composite, raidis sur un cadre ou sur un support intégré aux
armatures de peau, constitue une disposition constructive accepta- Le pompage du béton constitue une technique de convoyage
ble. Cependant, la consistance du béton doit être adaptée, et la mécanique permettant l’acheminement rapide du béton dans le
maille du grillage doit rester compatible avec la granularité du béton. coffrage. Elle est caractérisée par :
– une productivité optimale par réduction des temps d’attente
2.3.3 Reprises de bétonnage sur chantier ;
– une accessibilité facilitée sur les sites difficiles d’accès ;
■ Dans la plupart des cas, une reprise non prévue va constituer – une meilleure continuité dans le coulage.
une singularité structurelle pouvant remettre en cause tout l’élé-
ment, tant du point de vue durabilité, que du point de vue
mécanique, et conduire parfois à enlever le béton déjà coulé. Dans Le béton doit être spécialement étudié pour ne pas perdre sa
le cas d’une reprise de bétonnage, le nouveau béton peut être con- plasticité et son homogénéité pendant l’opération de pompage.
fronté à des effets de parois plus importants qu’en régime perma-
nent de coulage, puisqu’aux surfaces coffrantes normales, s’ajoute
la surface de reprise de l’ancien béton. De ce fait, il sera bénéfique 3.1 Processus et matériel de pompage
de prévoir un redémarrage avec un béton plus riche en mortier,
avant de retrouver le régime permanent de coulage. Le processus de pompage du béton consiste à le convoyer
■ Dans les cas de reprise sur béton durci (béton armé ou précon- mécaniquement à travers un conduit rigide ou souple, après son
traint), il convient de prévoir des méthodes de préparation de sur- introduction dans une trémie d’approvisionnement, jusque dans le
face pour remettre à vif la surface du béton ancien. Suivant l’âge coffrage. L’opération est réalisée par des pompes de chantier :
de ce béton, plusieurs méthodes peuvent être adoptées, et les – automotrices à tuyaux, ou à flèches de répartition ;
matériels nécessaires prévus dès le démarrage du chantier. – stationnaires, destinées aux travaux en poste fixe et de lon-
Dès que le béton durci a atteint 48 heures d’âge, cet avivage de gues durées ;
surface de reprise consiste à la débarrasser de sa laitance. Il peut – plus récemment, directement installées sur les camions-tou-
être assuré par : pies.
– un jet d’eau haute pression (> 10 MPa), s’il n’y a pas de risque Les performances en débit pour une pompe à béton varient
pour les parements des parties inférieures. Cette opération est sui- entre 30 et 90 m3 par heure, et permettent des gains importants de
vie par un soufflage d’air déshuilé. La surface de reprise ne doit temps et de personnel. Ainsi, pour décharger 6 m3, les profession-
pas être ré-humidifiée avant le nouveau bétonnage ; nels avancent les performances du tableau 7.
– l’emploi d’un retardateur sur la surface du béton en fin de
bétonnage (cas des arrêts programmés). Ceci facilite l’opération Trois systèmes de pompes coexistent sur le marché :
précédente, mais nécessite certaines précautions pour éviter la – les pompes à piston qui constituent le parc le plus courant du
pénétration du retardateur le long du parement. De ce fait, cette fait de leur haut débit ;
méthode reste assez délicate d’emploi ; – les pompes rotatives à tuyau écrasé (pompes à rotor) pour les
– un léger bouchardage de la surface de reprise suivi d’un souf- pompages délicats ;
flage efficace. C’est ici une solution courante, mais cette méthode – les transports pneumatiques qui sont désormais délaissés
est souvent dommageable pour la durabilité du béton (création de pour les chantiers traditionnels.
fissures ou de microfissures) et ne doit pas être retenue dans le
cas de bétons précontraints ;
– le sablage léger qui peut constituer une solution pour retirer la 3.1.1 Pompe à piston
laitance superficielle de la surface de reprise, mais il faut
particulièrement prendre soin de ne pas affecter les parements Ce type de pompe, caractérisé par ses fortes pressions de refou-
latéraux adjacents. lement, est adapté pour les grands débits et pour les pompages
sur grandes distances.
Attention : Il est constitué par deux ensembles piston-cylindre à commande
– le lavage seul est inefficace et dangereux pour l’aspect du hydraulique travaillant en alternance. Le premier ensemble aspire
parement inférieur ; une charge de béton en provenance de la trémie d’approvisionne-
– le soufflage seul est inefficace. ment, pendant que le second ensemble refoule sa charge, préala-
blement aspirée, dans le tuyau de transport (figure 6).
■ Pour les reprises de bétonnage sous l’eau, la préparation de sur-
face étant particulièrement délicate, il conviendra d’éviter tous les Cependant, les cylindres ne sont jamais tout à fait pleins à la fin
cas autres que ceux de la transmission de la contrainte principale de l’aspiration, et les pompes les plus efficaces se caractérisent par
en compression. les coefficients de remplissage les plus élevés.

Tableau 7 – Performances de coulage en fonction du type de matériel (d’après [60])


Temps d’occupation
Durée de coulage
Matériel de déchargement Nombre d’agents des agents par m3
(min)
(agents × min)/m3

Brouette (6 brouettes de 50 l) 120 7 140

Grue (benne de 200 l) 60 5 50

Pompe (30 m3/heure) 12 3 6

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Conduite de refoulement Conduite de refoulement


du béton
Pompe en Rotor avec galets
Trémie aspiration
Trémie de déversement
d’approvisionnement du béton

Vis d’alimentation
et de malaxage
Tuyau torique
Bras Pompe en flexible
d'alimentation refoulement
du béton vers
les cylindres Figure 7 – Principe de la pompe à tuyau écrasé
Trompe
oscillante Le débit est lié à la vitesse du rotor et au diamètre du tuyau. La
pompe à rotor travaille à débit constant et faible pression
Figure 6 – Pompe à piston avec répartition par trompe oscillante (< 25 bar). Pour ne pas engendrer de pertes de charges, le tuyau
flexible de pompage et la conduite de refoulement ont les mêmes
Les pompes se distinguent par leur fluide de commande (géné- diamètres. Le débit maximal de ce type de matériel n’excède pas
ralement l’huile, mais aussi l’eau), et par leur dispositif de distribu- 50 m3/h.
tion d’admission ou de refoulement (clapet, tiroir, casque, trompe,
etc.). Elles se caractérisent par le diamètre du cylindre de pompe,
La durée de vie du tuyau flexible reste le point faible des
par la course du piston, et le nombre de cycles par minute. La
pompes à rotor, puisqu’elle ne dépasse que rarement
combinaison de ces caractéristiques détermine le débit horaire 2 000 m3 de béton pompé.
maximal théorique Vm de la pompe [37] :
La pompe à rotor constitue cependant une solution écono-
Vm = 60 Φ2 LN (en m3/h) mique pour les pompages courts ou de répartition.
avec Φ diamètre (exprimé en mètre) des conduites de
refoulement,
L course des pistons (en m), 3.2 Critères de formulation des bétons
N nombre de cycles par minute (en min−1). Un béton réputé pompable doit présenter les caractéristiques
Mais, ce débit théorique n’est pas suffisant pour caractériser les suivantes [38] :
performances de la pompe, car cette dernière travaille à puissance – ne pas engendrer d’excès de pression lors de son transfert à la
constante et son fonctionnement réel reste conditionné par les per- pompe ;
tes de charge lors de l’écoulement dans la conduite de refoule- – garder son homogénéité ;
ment. Pratiquement, le débit maximal théorique est approché à – ne pas engendrer de ségrégation en cours de pompage.
une pression de service égale aux 2/3 de la pression normale de
tarage. La pression de service étant inversement proportionnelle à Le béton se comportant comme un fluide de Bingham, l’obten-
la section de la conduite de refoulement, il est possible de réduire tion d’une bonne pompabilité passe par la recherche d’un béton à
celle-ci pour pomper plus loin, ou plus haut. Il est donc judicieux faible viscosité apparente et à seuil de cisaillement élevé. Cette
de préférer l’emploi de pompes à pression élevée, à celui de recherche permet concrètement d’obtenir une déformabilité limi-
pompe à débit théorique élevé. tée de la colonne de béton déplacée, tout en appliquant une pres-
sion la plus basse possible pour provoquer ce déplacement.
Certaines règles pratiques sont à observer pour atteindre ce
3.1.2 Pompe à rotor résultat :
– le béton doit présenter une teneur en éléments inférieurs à
Une pompe à rotor, ou à tuyau écrasé, comprend essentielle- 80 μm supérieure à 350 kg/m3 ;
ment (figure 7) : – le béton doit présenter une teneur en éléments inférieurs à
– une trémie pour le déversement du béton dans la pompe ; 160 μm supérieure à 420 kg/m3 ;
– un système de malaxage et d’alimentation à l’intérieur de cette – le module de finesse optimal du sable roulé et lavé est compris
trémie ; entre 2,3 et 2,8 ;
– un tuyau souple torique constituant la conduite de pompage ; – un sable homométrique n’est pas utilisable ;
– un rotor à galets de caoutchouc diamétralement opposés, ou – les sables concassés défillérisés, ou présentant des formes pla-
un ensemble de galets entraînés par deux chaînes ; tes ou en aiguille, sont à éviter ;
– une conduite de refoulement. – en cas d’emploi de matériaux concassés de forme douteuse, la
pompabilité peut être améliorée par l’addition de 70 à 100 kg d’un
■ Dans un premier temps, le béton est introduit dans la trémie de
sable fin roulé par mètre cube de béton ; mais cette addition a sou-
déversement, puis progresse vers la conduite de pompage située
vent une incidence défavorable sur l’aspect final des parements ;
en partie basse par gravité et à l’aide d’une vis d’alimentation et de
– la fraction granulaire 0/4 doit être ajustée dans la composition
malaxage. La conduite de pompage est constituée par un tuyau
du béton, en fonction de son module de finesse et des dosages en
torique flexible.
liant équivalent (ciment et addition) ;
■ Dans une seconde phase, le béton est légèrement aspiré dans ce – le diamètre des plus gros gravillons du béton doit rester infé-
tuyau flexible par la dépression créée dans la chambre de pom- rieur au quart du diamètre de la conduite de refoulement ;
page du fait de la mise en route du rotor. Le béton arrivant dans le – en l’absence d’adjuvants (plastifiant, plastifiant réducteur
flexible est alors soumis à l’action extérieure des galets tournants d’eau, ou fluidifiant), la consistance du béton doit rester plastique ;
qui, en comprimant le tuyau, poussent régulièrement le béton – en présence d’adjuvants (plastifiant, plastifiant réducteur
dans la conduite de refoulement. Après avoir été écrasé, le tuyau d’eau, ou fluidifiant) et de teneur en eau relativement basse (rap-
retrouve sa forme initiale sous l’effet du vide créé par une pompe port eau efficace/liant équivalent inférieur à 0,45), la consistance
auxiliaire, et aspire de nouveau le béton contenu dans la trémie. du béton pourra être de très plastique, à fluide.

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Pression
Caractéristique de la pompe

Pression P (bar)
2

Caractéristique du couple
béton - installation 1
Pression
de travail

Débit Q (m3/h)
Débit maximal assuré par la pompe Débits

Figure 8 – Détermination des paramètres de pompage à partir Figure 9 – Courbe débit – pression du couple béton-installation
du couple béton-installation et de la courbe caractéristique
débit-pression de la pompe pompage (longueur, dénivellation, diamètre de la conduites de
refoulement, et géométrie du circuit), et les caractéristiques rhéo-
Il est recommandé de tester la pompabilité du béton avant le logiques du béton frais. Il devient alors possible de définir la puis-
démarrage du chantier : sance nécessaire de la pompe devant assurer le refoulement ([61],
– un béton ne peut pas être qualifié de pompable indépendam- [63]). La courbe de la figure 8 met en évidence les relations pou-
ment des conditions de mise en œuvre ; vant exister entre la pression et les débits.
– un béton n’est réputé non pompable pour un chantier donné
que lorsque plusieurs pompes de puissances différentes ont été La courbe débit-pression de la pompe est fournie par le cons-
testées et qu’elles ont toutes conduit à des résultats défavorables tructeur (figure 9), mais la détermination de la courbe béton-instal-
dans les conditions propres à ce chantier. lation nécessite une étude d’écoulement du béton dans la conduite
en régime établi, ce qui nécessite de connaître les paramètres de
l’interface acier-béton et les caractéristique rhéologiques du béton.
Ces paramètres peuvent être définis à l’aide de rhéomètre
3.3 Transport et distribution du béton (BTRHEOM du LCPC par exemple) et de tribomètre à cylindres
coaxiaux [61].
Avant d’être envoyé dans les conduites de refoulement, le béton
est injecté dans la trémie de déversement. La forme et la capacité La première partie de la courbe débit-pression (droite 1 de la
de ce cette trémie jouent un rôle important dans le pompage, car figure 9) traduit l’écoulement dû au glissement par rapport à la
elles doivent assurer un écoulement complet et adapté au débit tuyauterie. Le débit de pompage est alors équivalent à celui du
recherché pour réduire l’aspiration d’air dans la conduite. L’agita- glissement. L’équation de la droite 1 (figure 9) est définie comme
teur de cette trémie a pour rôle de maintenir l’homogénéité du suit :
béton. À cet effet, il est souvent doté d’une marche avant pour AQ η
acheminer le matériau vers l’orifice de la conduite de pompage, et P1 = AT0i +
B
d’une marche arrière pour ré-homogénéiser si besoin le matériau. avec 2L
A=
Les conduites de refoulement sont généralement constituées de 105 R
tuyaux métalliques rigides et joints d’étanchéité. Pour les pompa- B = 3 600 π R 2kr
ges sur très courte distance (< 20 m) et trajet horizontal, les tuyaux
L longueur du circuit (en m),
en caoutchouc semi-dur peuvent parfois être tolérés.
Q débit réel souhaité (en m3/h),
Dans de nombreux cas, les pompes automotrices sont équipées
R rayon du circuit (en m),
de flèches entièrement hydrauliques, lesquelles peuvent atteindre
45 m de longueur, et être rabattues latéralement sans démontage. kr coefficient de remplissage des cylindres,
T0i seuil de cisaillement (en Pa),
Le cheminement du béton dans une conduite en acier est condi-
tionné par trois paramètres : η constante visqueuse de l’interface (en Pa s/m).
– les frottements internes du béton qui se comporte comme un Ces deux derniers paramètres étant mesurés avec le tribomètre
fluide binghamien ; à cylindres coaxiaux.
– le frottement de la phase mortier du béton sur l’acier ; Pour la seconde partie de la courbe débit-pression (droite 2 de la
– sa déformation à chaque franchissement de coudes. figure 9), le débit total correspond à la superposition des débits
La distance équivalente Deq de pompage peut être estimée par par glissement et par cisaillement, ce dernier ne se manifestant
la relation empirique suivante : que si les contraintes de frottement sont plus élevées que le seuil
de cisaillement du béton. L’équation de la droite 2 est alors définie
Deq = L + 5H +10C1 + 5C2 (en m) comme suit :
avec L cheminement horizontal, ⎛Q ⎛ T0i T0 ⎞ ⎞
⎜ B −R⎜ 4 − 3 ⎟⎟
H dénivellation vers le haut, ⎝ ⎠⎟
P2 = AT0i + A η ⎜
C1 nombre de coudes à 90˚, ⎜ ⎛1 + R η ⎞ ⎟
⎜ ⎜ ⎟ ⎟
C2 nombre de coudes à 135˚. ⎝ ⎝ 4 μ ⎠ ⎠
Dans les cas courants, la distance maximale de pompage est avec T0 seuil de cisaillement, (en Pa)
d’environ 300 m horizontalement, ou de 100 m verticalement. Au-
delà de ces valeurs, des dispositions particulières doivent être μ viscosité plastique mesurée avec le rhéomètre,
envisagées, tant au niveau composition du béton, qu’au niveau (en Pa s).
matériel général de pompage, pouvant aller jusqu’à l’emploi de Généralement, le béton n’étant pas, ou très peu, cisaillé lors de
pompes en relais. Il est également utile de chercher la pression de son écoulement, la connaissance de P1 sera suffisante. Pour les
pompage pour assurer un certain débit en fonction du circuit de bétons auto-plaçants ou très fluides, la courbe P2 peut être utile.

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3.4 Conduite de pompage sur site – dans les pompages en hauteur, la gravité s’oppose à l’avance-
ment des gravillons et peut parfois permettre de s’affranchir de
À titre de rappel, l’aire de stationnement de la pompe à béton barbotine au démarrage ;
sur un chantier doit être choisie de façon à ce que sa capacité – lorsque leur emploi est possible, les pompes à rotor provo-
nominale soit compatible avec la distance équivalente de pom- quent moins de bouchons au démarrage ;
page définie lors de la préparation du chantier. De plus, il est – des asservissements différents pour l’amorçage et pour le
recommandé d’avoir un trajet horizontal supérieur à 5 m, dès la régime continu peuvent permettre d’éviter la formation de bou-
sortie de la pompe, et d’éviter, dans la mesure du possible, les chons au démarrage.
transferts qui ne seraient, ni verticaux, ni horizontaux.
■ En régime permanent de pompage, et si aucun élément pertur-
Dans le cas de pompage en descente, un ensemble de précau- bateur n’intervient, il n’apparaît normalement pas de bouchons.
tions particulières sont à prendre : Les principaux éléments perturbateurs recensés sur chantier sont
– pas d’emploi de béton fluide et surdosé en eau ; les suivants :
– incorporation de raccords en forme de S dans la descente pour – le dépassement occasionnel de la taille maximale habituelle
éviter les désamorçages ; des gravillons ;
– placer les conduites descendantes en fin de transport, et les – l’accroissement brutal de la vitesse de pompage ;
faire précéder d’une crosse ; – les perturbations géométriques locales de la conduite (défor-
– éventuellement, placer une vanne à la sortie de la conduite mation, usure différentielle, ...) ;
(fermeture en cas d’arrêt de bétonnage). – l’apparition de ségrégation dans la trémie de déversement
Le pompage est souvent amorcé par le passage d’un mélange peut modifier instantanément la pompabilité du béton.
graissant composé de coulis, ou de mortier très fluide de ciment. ■ En phase de redémarrage suite à un arrêt de bétonnage, de nou-
Ce mélange, encore appelé « barbotine », a pour objectif la réduc- veaux problèmes de pompabilité peuvent apparaître. L’arrêt de
tion des forces de frottement du béton sur les parois de la con- pompage génère bien entendu un stationnement du béton dans la
duite de refoulement. La barbotine assez riche en eau présente un conduite de refoulement, de quelques minutes, jusqu’à parfois une
rapport eau/ciment variable entre 0,5 et 0,8, suivant le type de heure. Pour les arrêts importants (> 30 minutes), tous les risques
chantier et le type de pompe. Jusqu’à ces dernières années, la bar- de raidissement, voire de prise du béton dans les tuyaux, doivent
botine était considérée comme un lubrifiant des parois du conduit être écartés. L’emploi de retardateur de béton ne constitue pas
de pompe en y laissant une pellicule de coulis. toujours une solution fiable, car il peut générer une sédimentation
Pendant le pompage, les précautions suivantes doivent être du béton dans les tuyaux avec apparition de ressuage, interdisant
appliquées : ainsi tout redémarrage. Le principal recours restera alors le
– contrôler et assurer la régularité de consistance du béton avant démontage et la vidange du circuit.
déversement dans la trémie ;
■ En phase de nettoyage du circuit, l’eau introduite pour le lavage
– en cas de difficultés de pompage, ne jamais rajouter d’eau, ce
peut provoquer des blocages dans la conduite, dans la mesure où
qui ne ferait qu’accroître les difficultés ;
le bouchon de séparation (deux balles de mousse séparées) entre
– maintenir la trémie de déversement en charge pour ne pas le béton et l’eau de lavage n’est pas assez étanche. L’eau vient
provoquer le désamorçage de la conduite de refoulement ; alors se mélanger avec le béton qu’elle délave, provoquant alors le
– maintenir constantes les pressions de pompage dans la plage blocage de la conduite. Il a précédemment été vu par quelles
de variations donnée par le constructeur ou appréhendée lors méthodes il restait possible de limiter les désamorçages. La mon-
d’une épreuve de convenance ; tée en pression ne constitue pas une bonne solution pour y pallier
– le béton se laisse aspirer jusqu’à une vitesse optimale, mais le et, très souvent, le seul recours sera la purge de la conduite et le
dépassement de cette vitesse diminue le coefficient de remplis- démarrage d’un nouveau pompage.
sage des cylindres de la pompe et génère un entraînement d’air
impliquant souvent un blocage de la pompe.
3.6 Sécurité prévisionnelle sur chantier
3.5 Incidents techniques de pompage Pour la préparation du chantier, la norme NF EN 12001 fixe les
conditions générales de sécurité pour l’utilisation des pompes :
La formation de bouchons et le désamorçage constituent les – l’aire de stationnement de la pompe doit résister à la charge
principaux incidents techniques en cours de pompage. maximale induite par les stabilisateurs ;
– le mât de distribution et les flexibles de la pompe doivent pou-
La formation de bouchons en cours de pompage provient souvent voir être déployés à une distance adéquate par rapport aux lignes
de l’emploi d’un béton, ou trop riche en eau, ou trop sec, ou trop électriques haute tension ;
chaud. Parfois, il peut être la conséquence d’un arrêt de bétonnage – l’opérateur doit avoir une vue dégagée sur les zones dangereu-
ou d’un désamorçage mal maîtrisé. Sa position peut être estimée ses et sur la zone de distribution, à partir de son poste de com-
par la vitesse de montée de la pression (détectable au manomètre) : mande (fixe ou à distance). En cas d’impossibilité, il convient de
– montée rapide de la pression : bouchon dans la pompe ; prévoir un collaborateur pour lui prêter assistance dans la conduite
– montée lente : bouchon dans la conduite, ou à son extrémité. du pompage ;
– en cas d’utilisation d’un flexible d’épandage, celui-ci ne doit
Mais, dans la pratique, l’attention de l’opérateur n’est guère atti- comporter aucun raccord d’extension, bride de sortie, ou embout
rée par une montée lente. dangereux, et doit être muni d’un dispositif contre les mouve-
ments incontrôlés. La longueur maximale d’un flexible manipulé
■ Au démarrage, les principales règles de prévention des bou- par un ou plusieurs opérateurs est limitée à 4 m ;
chons sont les suivantes : – une conduite de refoulement, autre qu’un flexible d’épandage,
– les bouchons sont d’autant moins probables que la ségréga- ne doit pas être guidée manuellement.
bilité et le ressuage du béton sont faibles ;
– l’amorçage du pompage doit être assuré avec un débit faible ; Il est donc nécessaire, au niveau de la préparation du chan-
– la barbotine utilisée doit être la plus dense possible et en tier, de faire une consultation du plan de zonage dans la mairie
quantité suffisante pour mieux freiner les gravillons ; concernée par le chantier, et une demande de déclaration
– le mélange de barbotine et de béton dans la trémie de d’intention de commencement des travaux auprès des exploi-
déversement est à proscrire ; tants aériens [62].

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4. Serrage du béton
avec apport d’énergie 50

Rayon d’action (cm)


40
Pour acquérir un moulage satisfaisant du béton traditionnel, son
30
adhérence aux armatures, et développer ses caractéristiques opti-
males de résistances mécaniques et de durabilité, il est nécessaire 20
de lui appliquer un moyen intense de serrage. Ce serrage est habi-
tuellement obtenu par une vibration à haute fréquence, imposée 10
au béton frais introduit dans son moule.
Au cours de cette vibration, chaque grain du béton est soumis à 0
des amplitudes et accélérations qui provoquent leurs mouvements 0 25 50 75 100
relatifs les uns par rapport aux autres. Les forces d’adhérence et Diamètre d’aiguille (mm)
de frottement diminuent, l’eau excédentaire et l’air peuvent être
libérés. Les cailloux, en se déplaçant, modifient les bases d’appui
Figure 10 – Rayon d’action d’une aiguille vibrante en fonction de
des couches supérieures et, sous l’action de la pesanteur, provo- son diamètre
quent un tassement qui conduit au serrage du béton [25], [26].
Il existe quatre catégories de vibrations : – la longueur de leur partie vibrante, du fait que la force déve-
– la vibration interne, où le dispositif vibrant est plongé dans la loppée est transmise par la surface de cette partie ;
masse de béton frais ; – leur diamètre, qui donne une idée assez précise de la puis-
– la vibration externe, où le dispositif vibrant agit via les faces sance relative des appareils d’une même gamme, mais qui est
du volume de béton frais par l’intermédiaire des parois moulantes. également fixé en fonction de la densité des armatures et de
Le moule peut être posé directement sur une table vibrante, ou l’épaisseur des pièces à vibrer (tableau 8).
bien les vibrateurs peuvent être bridés à l’extérieur du moule ;
– la vibration de surface, où le dispositif vibrant n’agit qu’à partir ■ Le rayon d’action d’une aiguille est lié à son diamètre
de la surface du béton (dame, règle, et truelle vibrantes) ; (figure 10).
– la table à chocs pour laquelle la vibration est externe, avec une L’emploi des aiguilles de diamètre inférieur à 70 mm est généra-
fréquence faible et une accélération très forte, et variable suivant lement privilégié pour les petits bétonnages, ou pour le serrage
l’élasticité des matériaux en contact. des bétons à granulométrie courante (gros gravillon inférieur à
25 mm). A contrario, les aiguilles de fort diamètre (> 70 mm) sont
réservées pour les gros bétonnages, ou pour le serrage des bétons
4.1 Vibration interne à gros gravillons (D > 25 mm).
De façon générale, il convient d’assurer le libre passage de
4.1.1 Types de vibrateurs l’aiguille vibrante au travers de la cage d’armature, en évitant le
plus possible le calage de l’aiguille sur les armatures. Dans le cas
Les dispositifs vibrants se présentent sous forme d’aiguilles où la densité des armatures ne permet pas le libre passage de
vibrantes qui sont des cylindres vibrant radialement avec un mode l’aiguille, de diamètre défini par le tableau précèdent, il est préféra-
d’entraînement pneumatique, mécanique, ou électrique. Elles sont ble de recourir à la vibration externe.
introduites rapidement dans la zone de béton à vibrer, et retirées
lentement après serrage. Lors de la vibration, l’énergie absorbée ■ La fréquence et la force centrifuge sont également des caracté-
est d’autant plus forte que la structure est moins compacte. Après ristiques importantes à prendre en compte dans le choix d’une
serrage, le béton n’absorbe pratiquement plus d’énergie, mais la aiguille vibrante. La fréquence a un effet sélectif en fonction de la
transmet davantage. Le rayon d’action de l’aiguille vibrante com- grosseur des grains :
prend les zones qui transmettent l’énergie, et celles qui l’absor-
bent. – à basse fréquence, le mortier et les gravillons ont un mouve-
ment de même amplitude, et les gros éléments sont mis en réso-
■ Les aiguilles vibrantes (ou pervibrateurs) sont caractérisées en nance sans que le mortier soit fluidifié ;
première approche par : – à fréquence élevée, les gravillons ont une amplitude faible et
– leur masse, liée à leur efficacité, mais devant rester aussi l’énergie cinétique est transmise au mortier qui se liquéfie, entraî-
réduite que possible pour les rendre manœuvrables ; nant le tassement du squelette des gravillons.

Tableau 8 – Guide pour choisir le diamètre de l’aiguille vibrante en fonction de l’épaisseur des pièces à vibrer

Épaisseur de la pièce
艌 10 艌 15 艌 20 艌 25 艌 30 艌 35 艌 40
(en cm)

30 + + +

38 + + + +

Diamètre de l’aiguille vibrante utilisable (en mm) 45 + + + +

58 + + + +

65 + + + +

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Des déphasages entre les oscillations du vibrateur et celles de


ces grains peuvent, également se produire et varier de 0 à quand Tableau 9 – Taille des grains entrant en résonance
on passe des éléments fins aux très gros gravillons. Ces derniers en fonction de la fréquence de vibration
peuvent alors s’immobiliser au cours d’une même séquence de
vibration. Lés travaux de L’Hermite ont défini les niveaux de taille Diamètre des grains
des grains entrant en résonance aux différentes fréquences Fréquence
mis en vibration
(tableau 9).
Ces résultats tendent à privilégier les fréquences faibles au (Hz) (Vibrations/minute) (cm)
début du serrage pour mettre en place les gros éléments, puis des
fréquences plus fortes pour agir sur les constituants du mortier. 10 600 10 à 28
Dans la pratique, les fréquences des différentes aiguilles vibrantes
se situent entre 12 000 et 22 000 vibrations/minute. 20 1 200 2,4 à 6,9
La force centrifuge est reliée à l’amplitude par la relation :
25 1 500 1,6 à 4,4
F = a(2 φ)2 μ
avec a amplitude, 50 3 000 0,4 à 1,1
F (N) force centrifuge,
100 6 000 0,1 à 0,28
φ (Hz) fréquence,
μ (kg) masse vibrée. 150 9 000 0,04 à 0,12
Cette force centrifuge fournit l’énergie nécessaire au serrage du
béton. Le rayon d’action des vibrateurs croît évidemment avec
cette force centrifuge qui varie dans le même sens que le diamètre Tableau 10 – Temps de vibration en fonction
des aiguilles (valeurs variant de 1 000 à 22 000 N pour des diamè- de la consistance du béton
tres variant entre 25 et 90 mm).
■ La durée de vibration sur chaque station est un paramètre Durée moyenne par site
Consistance des bétons
important, car une durée trop courte engendrera un manque de et couche (*)
serrage préjudiciable à la durabilité et aux résistances mécaniques
du béton en place. Tandis qu’un excès de la durée de vibration Fluides 5 secondes
générera différents types de ségrégation. Les temps de vibration
moyens sont fonction de la consistance du béton (tableau 10). Plastiques 20 secondes

Fermes 60 secondes
4.1.2 Choix du nombre de vibrateurs
(*) La hauteur de la couche considérée ici correspond à la longueur du
À la suite de nombreux essais, G. Dreux [27] a proposé deux corps de l’aiguille.
relations empiriques permettant de déterminer le temps total de
vibration d’un volume donné de béton et, par là-même, de définir
l’atelier de vibration pour une cadence de bétonnage donnée. Pour
un volume de béton V > 25 L, le temps total de vibration est donné Tableau 11 – Coefficient de ferraillage F
par la relation :
Ferraillage F
⎡ 1 ⎤ VF
ty = 2,5 ⎢G + (en s)
⎣ A + 0,05 ⎥⎦ ∅ Très dense 1,50
avec ty (s) temps total de vibration,
Dense 1,35
V (m3) volume du béton,
A (m) affaissement au cône d’Abrams, Normal 1,20
Φ (m) diamètre de l’aiguille vibrante,
Faible 1,10
F coefficient de ferraillage, défini dans le
tableau 11, Nul 1,00
G coefficient d’angularité des granulats, défini dans
le tableau 12.
Cette relation n’est applicable, ni pour les bétons trop fluides Tableau 12 – Coefficient d’angularité G,
(affaissement au cône d’Abrams > 18 cm), ni pour les bétons auto- suivant mélanges
plaçants qui ne nécessitent pas de vibration.
Gravier Sable G
En fixant la vitesse de bétonnage vb (en m3/h), le temps de cou-
lée tc est immédiatement déduit par la relation :
Roulé Roulé 1
3 600 V
tc = (en s) Semi-concassé Roulé 2
vb
En admettant que l’emploi correct des vibrateurs conduit au Concassé Roulé 3
temps de vibration tv, il est possible de déterminer le nombre
minimal de ces vibrateurs par la relation : Concassé Semi-concassé 4
tv
N= −k Concassé Concassé 5
tc

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Le terme correcteur k est introduit pour compenser les effets


induits parce que la méthode décrite pour le calcul du temps de
vibration ne discrimine, ni les différents types de pervibrateurs, ni Procédures Espacement
leur fréquence, ni leurs forces centrifuges associées. L’expérience correctes trop grand
sur chantier montre qu’il est possible de travailler avec un facteur
de correction k, fonction de l’efficacité au moment de l’emploi et
du nombre des pervibrateurs utilisés (tableau 13).

Tableau 13 – Variation du terme k en fonction


du nombre et de l’efficacité des vibrateurs Ne pas revibrer
une couche
tv Vibrateur Vibrateur Vibrateur déjà serrée
tc peu efficace efficace très efficace

艋2 −1 0 0
> 2 et 艋 4 0 0 1
> 4 et 艋 6 0 1 2
>6 0 2 3 Figure 11 – Règles de conduite de vibration interne dans les parois
verticales

L’efficacité d’un vibrateur usagé peut être vérifiée sur chan- nage, glissières, ou clavettes. L’étude du positionnement des
tier par la mesure du temps nécessaire de vibration à amener vibrateurs de coffrages reste une affaire souvent délicate, coûteuse,
un volume donné de béton non ferraillé à sa densité optimale, et seulement justifiable dans le cas de coulages très répétitifs.
et en comparant la valeur mesurée à celle calculée par la rela-
tion de Dreux. Les vibrateurs sont constitués par des systèmes utilisant un
mode de propulsion électrique, pneumatique, ou hydraulique, et
sont caractérisés par leur fréquence et la force centrifuge déve-
4.1.3 Conduite de la vibration interne loppée. Pour les vibrateurs les plus courants, les plages de varia-
tions de ces caractéristiques sont définies dans le tableau 14.
Le choix des vibrateurs est fonction du type et de la quantité de
béton à mettre en place, des dimensions (épaisseur minimale) de Tableau 14 – Caractéristiques des vibrateurs
la partie d’ouvrage, et de la densité des armatures (cheminée de de coffrages
vibration à prévoir). Une protection souple de l’embout de
l’aiguille empêche les blessures de la peau coffrante, et atténue les Fréquences Force centrifuge
Modes de propulsion
effets de résonance du coffrage. (tr/min) (kN)
La vibration interne du béton doit être conduite de façon uni- Électrique 1 000 à 12 000 1,4 à 98
forme, et avec un certain nombre de précautions (figure 11) : Pneumatique 3 600 à 16 000 2,9 à 60
– vibrer des couches d’épaisseur inférieure à 50 cm ;
– plonger verticalement, et rapidement, l’aiguille en fond de cou- Hydraulique 6 000 6 à 13
che en veillant à pénétrer légèrement (10 cm environ) dans la cou-
che sous-jacente, et la remonter lentement et à vitesse la plus La force centrifuge de nombreux vibrateurs électriques est régla-
constante possible ; ble suivant les matériels (de 20 à 100 %).
– ne pas utiliser le pervibrateur pour déplacer le béton dans un
plan horizontal ; Les positions des vibrateurs sont définies dès la conception,
mais il reste prudent d’aménager des fenêtres pour suivre la pro-
– ne pas revibrer une couche déjà vibrée ;
gression du béton et compléter, éventuellement, le serrage du
– éviter les contacts entre le pervibrateur et les armatures, d’une
matériau par vibration interne, si ce dernier ne semble pas attein-
part, et avec le coffrage, d’autre part ;
dre sa compacité maximale par la seule vibration externe. Il con-
– piquer le pervibrateur dans le béton à des distances variant
vient également de disposer des systèmes indépendants de
entre 35 et 50 cm, pour les aiguilles courantes (diamètres variant
neutralisation des vibrateurs externes sur les masses déjà vibrées.
entre 55 et 75 mm) ;
– en fin de vibration d’une couche, sortir le pervibrateur en lais- Enfin, il est recommandé de disposer d’ossatures de coffrages
sant la cavité se refermer. spécialement renforcées et soigneusement assemblées pour éviter
la ruine due à la vibration.
Il est généralement judicieux d’arrêter localement la vibration
dès que :
– le dégagement d’air cesser ;
– la laitance qui remonte en surface devient brillante (eau) ; 4.3 Vibration externe superficielle
– le bruit du vibrateur se stabilise. des dalles et chaussées
Cette technique est utilisée sur les grandes surfaces non
4.2 Vibration externe du béton coffré coffrées, c’est-à-dire sur les dalles et les chaussées dont l’épais-
seur n’excède guère 0,25 m. Les vibrateurs sont fixés sur une règle
La vibration externe est réservée pour les bétonnages où l’accès simple, ou double, déplacée à la surface du béton jusqu’au serrage
des vibrateurs internes s’avère difficile, voire impossible, et pour le complet du matériau. Pour le fonctionnement, deux guides sont
coulage de pièces minces et répétitives. Si elle est très fréquemment noyés provisoirement dans le béton à serrer en vue d’assurer la
utilisée en préfabrication, son emploi est rare sur chantier courant. planéité et le respect des épaisseurs. Les rails de guidage de la
Les vibrateurs sont fixés sur les parois externes du coffrage ou sur règle vibrante doivent être parfaitement réglés en altitude pour
des tables, et il est conseillé de prévoir des fenêtres à différents assurer la planéité, le respect des épaisseurs minimales et des
niveaux pour suivre la progression du béton et intervenir, si néces- niveaux supérieurs [28]. Il convient de préparer le chantier pour ne
saire, par vibration interne. Leur fixation est assurée par boulon- pas avoir à marcher sur les surfaces serrées.

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Tableau 15 – Caractéristiques des engins de compactage routiers


Compacteur à pneumatiques Rouleaux vibrants Plaque vibrante
Largeur de compactage et vitesse de travail
Masse par centimètre de génératrice
Charges par roue, avec ou sans lest Masse par unité de surface de la plaque
vibrante
Pressions maximales de gonflage Plages de fréquences utilisables
Moments de l’excentrique
des pneumatiques par amplitude nominale
Amplitudes nominales et moments
Caractéristiques des pneumatiques Fréquence de vibration
excentriques
Rapport de la masse suspendue à la masse
vibrante

Une vibration interne préalable est parfois nécessaire pour des


épaisseurs supérieures à 15 cm. L’application d’un produit de cure 5. Bétonnage des fondations
doit être prévue pour limiter toute évaporation de l’eau, généra-
trice de fissures.
profondes
Dans le cas des pieux de fondation (article [78]), la mise en
4.4 Bétons compactés routiers œuvre du béton reste une opération délicate, et tout défaut risque
de provoquer la ruine générale de l’appui et, donc, de l’ouvrage.
Les bétons compactés routiers, définis par la norme NF P 98-128, Les techniques de mise en œuvre pouvant valablement être rete-
sont des mélanges de grave reconstituée avec ajout d’un ou plu- nues sont les suivantes [36] :
sieurs liants hydrauliques ou pouzzolaniques, d’eau et, quelque- – au tube plongeur ;
fois, d’additifs. Ils sont fabriqués en centrale et mis en œuvre – à la pompe refoulant le béton en fond de pieu ;
suivant les stipulations de la norme NF P 98-115. – à la benne à ouverture commandée, dans le cas des puits de
Les matériaux mis en œuvre sont compactés dans les limites de grands diamètres et des barrettes.
leur délai de maniabilité [29] par des rouleaux vibrants, des com- Mais, dans tous les cas, il convient de porter son attention sur
pacteurs à pneumatiques ou des rouleaux mixtes vibrants-pneus. les points suivants [67] :
Les pilonneuses et les plaques vibrantes peuvent être utilisées – respect de la consistance du béton, définie en amont par une
pour les travaux en faible largeur. Un plan de compactage doit être valeur cible ;
établi en fonction du dimensionnement de la couche et des perfor-
– maintien assuré des cages d’armatures en position ;
mances de chaque matériel :
– soit par application des avis techniques ou certificats d’apti- – maintien du tube plongeur (ou conduit rigide de pompage)
tude, élaborés dans le cadre de listes d’aptitude du ministère dans le béton lors de sa remontée pour éviter tout désamorçage ;
chargé des routes ; – régulation des cadences d’approvisionnement du béton pour
– soit par planche d’essai, lorsque les matériels ne sont pas suf- chaque élément de fondation ;
fisamment connus. – élimination du béton pollué par débordement en fin de
bétonnage ;
En sus des moyens utilisés pour atteindre les densités désirées
– respect des côtes théoriques des têtes des éléments de
en moyenne et en fond de couche, un compactage supplémentaire
fondation ;
doit être réalisé pour assurer le serrage en partie supérieure.
– relevé de la courbe de bétonnage pour chaque élément (volume
Les caractéristiques à prendre en compte, permettant d’évaluer cumulé de béton consommé en fonction de la profondeur).
l’efficacité des différents engins de compactage, sont détaillées ci-
après (tableau 15).
Le débit pratique Q de l’atelier de compactage doit être supérieur 5.1 Bétonnage au tube plongeur
ou égal au débit de répandage, et se trouve défini comme suit :
– la somme des débits de chaque engin, dans le cas d’engin
vibrant ou à pneumatiques seul, ou d’engin vibrant en tête suivi de 5.1.1 Le tube plongeur
compacteur à pneumatiques ;
– si les engins à pneumatiques sont en tête, Q est le plus faible Le tube plongeur est composé d’un tube et d’une trémie de rem-
entre, d’une part, le débit des compacteurs à pneumatiques pour plissage en partie supérieure. Il permet de guider le déversement
amener le mélange à un niveau de qualité donné et, d’autre part, du béton jusqu’au fond de forage, en évitant le délavage, la ségré-
le débit des compacteurs vibrants permettant de porter la qualité gation, la discontinuité, et la pollution de la masse de ce béton. Il
précédente jusqu’au niveau désiré. doit présenter les caractéristiques suivantes :
– être constitué de plusieurs tronçons facilement démontables ;
Le débit de chaque engin est défini par la relation : – avoir des parois internes et externes lisses ;
Q = Qth K1 K2 kv – présenter un diamètre intérieur d’environ 6 fois supérieur à
celui du plus gros gravillon du béton ;
avec Qth débit théorique de l’engin, – présenter un diamètre extérieur permettant de respecter une
K1 taux d’activité prenant en compte les inversions distance minimale égale à 4 fois le diamètre du plus gros gravillon
de marche, les arrêts, ..., du béton, entre le tube et les premières armatures du pieu ;
K2 coefficient intégrant les recouvrements dans le – être crénelé à l’ouverture inférieure ;
profil en travers, donc < 1, – être muni, en tête supérieure, d’un dispositif de centrage.
kv coefficient d’influence de la vitesse de translation La trémie est de forme tronconique avec un angle au sommet du
si elle est inférieure à la vitesse optimale. cône, compris entre 60 et 80˚.

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Eau ou boue

Trémie de Béton déversé


déversement
Tube plongeur Bouchon fendu
de polystyrène

Béton sain
Tube plongeur
Béton délavé

Fond de forage

Figure 12 – Répartition du béton délavé à la suite d’un défaut Figure 13 – Principe d’amorçage à l’aide d’un bouchon fendu de
d’amorçage polystyrène

5.1.2 Positionnement du tube plongeur Chasse d’air Obturateur

Avant amorçage et bétonnage, le tube doit reposer sur le fond


de forage soigneusement curé. Si le tube ne repose pas au fond, il Crosse
y a risque de délavage et de pollution du premier béton. Ce pre-
mier béton ne remontant pas en totalité, il vient tapisser le fond et
la partie latérale du forage, nuisant ainsi au bon contact de pointe
et au frottement latéral (figure 12).
Pour le bétonnage des puits de plus de 2 m de diamètre et des Bouchon
barrettes, il peut être nécessaire d’utiliser, simultanément, plu- Tube de
sieurs tubes plongeurs. Dans ce cas, la remontée du béton devra reprise
être maintenue homogène sur toute la section. Phase 1 Phase 2 Phase 3

Figure 14 – Bétonnage de pieu de fondation. Amorçage à la pompe


5.1.3 Amorçage à béton

Une descente trop rapide du premier béton dans le tube plon- voquer de désamorçage dans le tube, et l’élément supérieur de
geur provoque sa dispersion et sa ségrégation avec tous les ris- tube, sous la trémie, est retiré. Le bétonnage est ensuite repris
ques de délavage et de pollution. Pour pallier à cet inconvénient, comme auparavant. De proche en proche, il est ainsi possible de
un amorçage correct comprend les opérations suivantes : bétonner la totalité du pieu, quelle que soit sa longueur.
– remplissage homogène du tube plongeur ;
– chasse correcte en fond de forage. Deux défauts principaux sont à éviter :
– le désamorçage accidentel qui entraînera des discontinuités
Le bouchon-piston peut être constitué en polystyrène expansé graves dans le béton constituant le fût du pieu ;
fendu en quatre, d’un diamètre très légèrement supérieur à celui du – l’idée préconçue qui attribue, à tort, aux mouvements verti-
tube (figure 13), ou en pâte pure de ciment très ferme, ou encore en caux du tube la faculté de favoriser l’enrobage des armatures, ce
mélange « élastique » de pâte pure de ciment armé de fibres métal- qui ne dépend en fait que de la fluidité du béton.
liques ou de polypropylène. L’emploi de bouchons en papier, ou en
chiffon, est à éviter dans toute la mesure du possible. Dans tous les cas, l’alimentation en béton est maintenue
régulière et continue, la trémie de déversement devant toujours
■ Pour réaliser l’amorçage, un bouchon-piston sera placé juste au contenir du béton.
sommet du tube plongeur, avant le déversement du béton. Lors du
déversement du béton, ce bouchon va freiner la descente du maté-
riau et favoriser la formation d’une colonne continue et homogène 5.2 Bétonnage à la pompe
qui, par effet de piston, chasse l’eau ou la boue dont elle reste
cependant isolée par le bouchon-piston. À la base du tube, la
chasse sera facilitée par le crénelage. 5.2.1 Matériel de pompage
La technique d’amorçage par obturateur placé à l’extrémité infé- Le béton est livré par camions malaxeurs et déversé dans une
rieure du tube n’évite pas la ségrégation du béton et nécessite un pompe à piston puissante (pression pouvant atteindre 120 bar) et
tube reniflard de décompression. De ce fait, elle n’est plus guère de forte capacité (conduits de diamètre compris entre 100 et
utilisée. Elle reste cependant possible dans le cas de pieux de fai- 120 mm). Cette pompe permet d’acheminer le béton vers la con-
ble longueur (quelques mètres). duite plongeante introduite dans le forage. La conduite plongeante
■ L’amorçage étant fait, le béton remonte dans le forage et se met est elle-même équipée de plusieurs dispositifs (figure 14) :
en place sous son propre poids. Si l’alimentation en béton est arrê- – une crosse favorisant la saturation de la conduite d’amenée et
tée, il s’établit un équilibre entre la colonne du béton, à l’intérieur évitant toute inclusion d’air ;
du tube plongeur, et le béton à l’extérieur dans le forage à un – un obturateur verrouillable en partie supérieure et surmonta-
niveau plus bas, du fait des frottements internes. Un nouveau ble, éventuellement, d’une trémie de secours ;
déversement de béton dans la trémie provoque une montée dans – un tube de reprise et d’amorçage fixé lui-même à la tête de la
le forage. Mais, au bout d’un certain temps, la différence de pres- conduite plongeante proprement dite ;
sion ne suffit plus pour permettre une remontée dans le forage. Le – la conduite plongeante rigide et lisse à l’intérieur et à l’exté-
tube plongeur est alors remonté d’une certaine hauteur, sans pro- rieur (similaire au tube plongeur précédent).

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Béton pollué Semelle


Sol

Cote base de la semelle


Cote supérieure du « bon béton » R niveau
bas de R niveau
recépage bas de
recépage
Béton sain (« bon béton »)

Armatures

Cas 1 Cas 2

Figure 15 – Définition du niveau de recépage en fonction de la cote « bon béton »

5.2.2 Amorçage 5.4 Achèvement du bétonnage


Du fait de l’impossibilité d’introduire un bouchon d’amorçage au Lorsque le bétonnage est réalisé à l’intérieur d’un tube de travail
départ de la pompe, celui-ci est introduit par l’obturateur au som- (rôle de coffrage dans certains types de sols), ce tube est retiré en
met de la conduite plongeante, en dessous de l’arrivée de la cours, ou dès la fin du bétonnage, et dans tous les cas avant la
crosse (phase 1) (figure 14). La pompe est alors mise en route et prise du béton. Une extraction trop tardive risque d’entraîner des
chasse le béton vers la conduite plongeante. Ce béton chasse alors désordres très graves du type :
l’air contenu dans la conduite lequel s’échappe par l’obturateur – ruptures de la masse de béton avec possibilité d’inclusions du sol ;
laissé ouvert (phase 2). Lorsque le béton a atteint le bouchon, – déplacement des armatures en acier ;
l’obturateur est fermé et, le pompage se poursuivant, le béton des- – suppression du contact de pointe ;
cend dans la conduite plongeante (phase 3). La chasse de l’eau et – réduction des frottements latéraux ;
de la boue, contenues dans le forage, s’effectue de la même façon – arrachage du pieu.
qu’avec le tube plongeur traditionnel. Lors du bétonnage, le premier béton arrivant en surface est géné-
Du fait des fortes pressions de pompage, le bétonnage est con- ralement pollué ou partiellement délavé, malgré les précautions pri-
tinu et régulier. Il n’y a donc pas nécessité de remonter la conduite ses à l’amorçage. Le bétonnage est effectué jusqu’à un niveau
plongeante ou de lui imposer des mouvements verticaux alternés suffisant pour s’affranchir de toute pollution sous le niveau d’arase
et pour purger jusqu’à une cote supérieure ou égale à la cote de
et, de ce fait, il n’y a pas de risque de désamorçage.
reprise, suivant qu’un recépage est prévu ou non (figure 15).

5.3 Bétonnage à la benne à clapet 5.5 Recépage des éléments


Cette technique est utilisée pour le bétonnage des barrettes Lorsque le béton a suffisamment durci (48 à 72 h), la tête de pieu
ou des puits de grande section. La benne à béton est munie à sa est recépée jusqu’au niveau de béton sain. Il convient d’effectuer un
base d’un clapet de vidange dont l’ouverture peut être com- recépage radial pour limiter la micro-fissuration, voire la fissuration
mandée automatiquement dès contact avec le fond de forage, du béton, en tête des éléments. Le recépage peut être réalisé, soit au
ou manuellement à partir de la surface. Les difficultés d’ouver- marteau piqueur, soit avec l’éclateur hydraulique, soit par méthodes
ture de clapet rendent son utilisation délicate et peuvent provo- chimiques, soit au brise roche dans les cas de gros volumes à enle-
quer des ségrégations importantes du béton. Cette technique ver. Le recours au brise roche nécessite un moyen moins brutal (mar-
est pratiquement délaissée. teau piqueur, par exemple) pour les 20 à 30 derniers centimètres.

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DOCUMENTATION
08/10/2008

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