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EXTRAIT
ISSU DE L’OFFRE

Mise en forme des métaux et fonderie

Action du corroyage sur la structure de coulée


des aciers

par Annick POKORNY, Jean POKORNY

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Document téléchargé le : 16/11/2023 | © Techniques de l'Ingénieur | Tous droits réservés


Action du corroyage sur la structure
de coulée des aciers
par Annick POKORNY
Assistante à l’université de Metz
et Jean POKORNY
Ingénieur des Arts et manufactures, Docteur-ingénieur

1. Structure de coulée................................................................................. M 610 - 2


1.1 Métal cristallisé et ségrégé ......................................................................... — 2
1.2 Inclusions non métalliques ......................................................................... — 3
1.3 Porosités et fissures .................................................................................... — 4
1.4 Grains de coulée .......................................................................................... — 4
1.5 Particularités métallurgiques de la coulée continue................................. — 4
2. Déformation par corroyage................................................................... — 7
2.1 Directions d’écoulement ............................................................................. — 7
2.2 Non-uniformité de corroyage ..................................................................... — 7
3. Déformation de la structure primaire ................................................ — 8
3.1 Criquabilité en coulée continue.................................................................. — 8
3.2 Déformation des ségrégations ................................................................... — 9
3.3 Déformation des inclusions non métalliques............................................ — 11
3.4 Évolution des porosités et fissures ............................................................ — 13
3.5 Contraintes thermiques et contraintes de transformation de phases
physico-chimiques....................................................................................... — 17
3.6 Évolution des grains de coulée .................................................................. — 17
3.7 Corroyage et traitements thermomécaniques (TM) ................................. — 17
4. Conséquences de la ségrégation des produits corroyés .............. — 19
4.1 Homogénéisation des éléments solubles.................................................. — 20
4.2 Structure en bandes .................................................................................... — 20
4.3 Forgeabilité .................................................................................................. — 22
4.4 Inclusions ..................................................................................................... — 25
4.5 Relations fissures-structure. Taux de corroyage effectif .......................... — 26
5. Conclusion ................................................................................................. — 28
Références bibliographiques ............................................................. — 28

a déformation plastique à chaud (corroyage) des produits coulés, obtenus


L par coulée classique en lingots ou par coulée continue ou par coulée ESR
(« electroslag remelting » ou refusion d’électrode sous laitier), est un moyen de
mise en forme qui s’accompagne de modifications d’ordre métallurgique. On
pourrait penser que les déformations importantes et multiples réalisées par
laminage ou par forgeage effacent complètement la structure de départ, celle
3 - 1997

de l’état coulé. En fait, beaucoup de caractères de ce dernier agissent sur le


comportement du métal pendant sa transformation et se transmettent au
produit fini par une sorte d’hérédité.
Le développement actuel de la coulée continue pour obtenir un produit à la
cote ou forme quasi finale (« near net shape casting », « Endabmessungsgie-
βen ») et de la mise en forme directe (« à la chaude ») avec des traitements
M 610

thermomécaniques associés au corroyage conduit à des économies d’investis-


sement et d’énergie. Cette mutation entraîne de nouvelles exigences de qualité,
notamment pendant la déformation à chaud des aciers.

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ACTION DU CORROYAGE SUR LA STRUCTURE DE COULÉE DES ACIERS ____________________________________________________________________________

1. Structure de coulée (0)

Abréviations utilisées
ACC Accelerated cooling
BH Bake Hardening
CPR Casting Pressing Rolling
CRM Centre de recherches métallurgique (Liège)
CSP Continuous Strip Production
DH Dortmund Hörde
DP Dual Phase
DQ Direct Quenching
EDDQ Extra Deep Drawing Quality
ESR Electro Slag Refusion
HIC Hydrogen Induced cracking
HSLA High Strength Low Alloy
IF Interstitial Free
ISP In-line Strip Production
LAC Laminé à chaud
LAF Laminé à froid
LD Linz-Donawitz
N Corroyage de normalisation
QST Quench Self Tempering
RH Ruhrstahl Heraeus
SMS Schloemann Siemag
SULC Supra Ultra Low Carbon
TM Thermomécanique
TRIP Transformation Induced Plasticity
ULC Ultra-low Carbon
VD Vacuum Degassing

Avant d’envisager les effets du corroyage, rappelons ce qu’est


l’état structural de départ. Ainsi, la solidification d’un acier calmé
ou non calmé (figure 1) aboutit à une structure dite primaire compor-
tant essentiellement du métal et très peu de non-métal (inclusions,
porosités). L’ensemble est organisé en grains dits grains de coulée.
Figure 1 – Répartition des ségrégations dans différents produits coulés

1.1 Métal cristallisé et ségrégé


C’est l’action combinée de ces deux facteurs contraction et ségré-
1.1.1 Cristallisation gation qui crée des ségrégations positives, parfois négatives, à une
échelle macroscopique (par exemple section 2 mm2, longueur 10 à
La solidification procède par germination et croissance de den- 100 mm). Ces ségrégations locales sont dues à un déplacement rela-
drites, tant que le liquide persiste, qui se rejoignent pour former des tif entre liquide et solide, soit que les dendrites sédimentent, soit
grains de coulée polygonaux. que le liquide résiduel circule dans un amas de dendrites à porosité
Cette cristallisation est équiaxe et fine en peau (∅ < 1 mm) et plus ouverte, (ségrégations axiales en Vés : figure 4a, b ), ou dans une
grossière à cœur [∅ 5 mm en coulée continue conventionnelle et zone criquée (filets de ségrégations, cf. figures 13 et 14).
∅ 20 mm (jusqu’à 100 mm en tête de gros lingots de forge)]. À 10 Les types de cristallisation et de ségrégation sont schématisés sur
ou 20 mm sous la peau se développent des dendrites allongées, dans les figures 3 et 4a à g.
le sens du gradient thermique, dites basaltiques (figure 2a à e ). Les ségrégations négatives se forment :
Les bandes minces coulées sont entièrement basaltiques, ainsi — soit par circulation intense de liquide devant le front de soli-
que les produits très épais coulés par ESR, et ce pour des raisons dification [dégagement de CO en peau des lingots d’acier non calmé
très différentes. Notons enfin que les grains équiaxes libres peuvent ou jet dévié du liquide en coulée continue : cernes dessinant des iso-
être de forme globulaire (globulites) lorsque leurs pointes sont refon- thermes (figures 21 et 47) ou encore les lignes blanches dans les
dues en traversant le jet liquide direct (figure 3) [1]. produits de coulée continue brassée] ;
— soit lorsque l’éponge de dendrites, juste avant la fin de la soli-
dification, est comprimée (expurgée du liquide ségrégé), comme
1.1.2 Ségrégation dans certains procédés de coulée continue de brames ou de bandes
minces (ISP, CPR).
La solidification est dominée par deux phénomènes majeurs Notons enfin que la fin de la solidification peut être en surface
concomitants [2] : du produit coulé, ce qui le rend poreux (figure 5a à d ).
— la contraction liquide → solide, qui donne des porosités, une
sédimentation des dendrites équiaxes libres et des criques (§ 3.1) ;
— la ségrégation dendritique, phénomène inévitable puisque la
solubilité de la plupart des éléments d’alliage est plus élevée dans
le liquide que dans le solide.

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___________________________________________________________________________ ACTION DU CORROYAGE SUR LA STRUCTURE DE COULÉE DES ACIERS

Figure 2 – Cristallisation en coulée continue (c. c.)

Figure 3 – Dentrites équiaxes et dentrites globulaires


(d’après Eminger [1])

1.2 Inclusions non métalliques


La majeure partie des inclusions existe dans l’acier liquide ou se
forme pendant la solidification ; ce sont, notamment, les oxydes pro-
venant de la désoxydation du métal liquide et les sulfures de
manganèse [29].
Leur taille est très variable : entre quelques nanomètres et
quelques millimètres ; cependant, la taille maximale des inclusions
endogènes est de l’ordre de 50 µm, celles de taille supérieure
décantant habituellement.
Leur distribution dépend de leur nature. Les sulfures MnS, se
formant pendant la solidification, se retrouvent aux mêmes endroits
que les ségrégations mineures ou locales rappelées précédemment
(§ 1.1). Par contre, les inclusions existant déjà dans le liquide, en par-
Figure 4 – Macroségrégations (ségrégations majeures)
ticulier les oxydes, se trouvent entraînées vers l’axe-pied du produit
des produits coulés
coulé par la sédimentation des dendrites.

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Encadré 1 – Grosseur de grain : tableau de conversion

Valeurs des indices Diamètre moyen d’un grain


de grosseur de grain G (µm)
–1 500
0 354
1 250
2 177
3 125
4 88
5 62
6 44
7 31
8 22
9 15
10 11
11 8
12 5

1.5 Particularités métallurgiques


Figure 5 – Coulées avec fin de solidification en surface
(porosités en surface)
de la coulée continue

Avec la généralisation de celle-ci, la déformation à chaud voit son


Les inclusions exogènes sont accidentelles, beaucoup moins nom- domaine s’étendre aux hautes températures, déformations souhai-
breuses, plus grosses, avec une distribution imprévisible. tées ou non, pendant la solidification ; il s’étend aussi vers les basses
Les conséquences de la malléabilité (déformabilité) à chaud des températures concernées par le laminage et forgeage contrôlés (trai-
inclusions sont traitées au § 3.3. tements TM). En coulée continue de produits longs ou de produits
plats, les étapes où se produisent ces déformations sont nombreuses
et décrites plus loin (§ 3.1).

1.3 Porosités et fissures


1.5.1 Structure primaire
Ces deux types de discontinuités physiques, respectivement à trois Celle rappelée au paragraphe 1.1 est aussi valable en coulée
et à deux dimensions, apparaissent pendant la solidification : ce sont continue, avec quelques particularités liées à la forme et à l’épaisseur
des microretassures, des soufflures, des microcriques, des défauts coulée. Du fait que la coulée peut se faire avec brassage électro-
de surface (§ 3.4). magnétique, la zone basaltique peut être réduite, donc la zone
Les microretassures sont fréquentes le long de l’axe des produits équiaxe plus étendue, moins poreuse et moins ségrégée
coulés et dans toutes les ségrégations locales. Les soufflures sont (figure 6a ) [3].
réparties dans la masse pour les aciers non calmés, et en peau (acci- Lorsque la teneur en carbone dépasse 0,4 %, la ségrégation et les
dentellement) pour les aciers calmés. Les fissures portent des noms porosités axiales augmentent (figure 6b ) et des surchauffes très
précis suivant leur origine : microcriques, décohésions interdendri- faibles, en plus du brassage, sont nécessaires.
tiques, flocons, tapures (de toutes ces fissures, seuls les flocons sont
uniquement internes). Le brassage introduit, au droit et à partir des brasseurs, une
mince couche de ségrégations négatives (lignes blanches ) qui sont
des cernes de solidification marquant la position momentanée du
front de solidification (figure 4e ) et décrite [2]. Ces cernes ne sont
1.4 Grains de coulée pas nuisibles pour l’utilisateur.
Le refroidissement rapide de la peau en lingotière donne sur une
épaisseur de 10 à 15 mm des sulfures très fins qui marquent peu
Ils ont la taille des dendrites, c’est-à-dire en moyenne de l’ordre sur empreinte Baumann.
de quelques millimètres. Que l’acier se solidifie en phase δ ou en
phase γ, on obtient des grains γ de grosseur comparable à celle des Les particularités de ségrégations locales découlant des actions
dendrites. Cette granulation (grosseur des grains) austénitique γ se mécaniques pendant la solidification sont décrites au paragraphe
transmet à la granulation ferritique α par refroidissement final. 3.1.
Cette dernière granulation peut être affinée par voie thermique
ou (et) mécanique (recristallisation par corroyage, § 3.6). 1.5.2 Dissymétrie de cristallisation
Ce sujet est traité en détail dans la référence [27] (encadré 1). et de ségrégation en coulée continue
(0)
■ Coulée continue courbe
Par sédimentation des cristaux équiaxes, la ségrégation qui lui
est liée est décalée vers l’extrados (vers le bas) et les inclusions tar-
dives d’alumine décantent vers l’intrados (figure 2b ).

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