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COLLOQUE DU FIGE : intervention du chef du DEPPP (Dosso Sylvie)

S/thème 2: CONTRIBUTION DE L’ÉVALUATION DES POLITIQUES PUBLIQUES À LA


BONNE GOUVERNANCE

Notre propos sur le sous-thème de la « CONTRIBUTION DE L’EVALUATION DES


POLITIQUES PUBLIQUES A LA BONNE GOUVERNANCE » s’articulera autour de deux
parties essentiellement :
-une première partie portant sur les fonctions et finalités de l’évaluation des politiques
publiques (Section 2)
- et une deuxième partie portant sur « les rô les et responsabilités des acteurs du
contrô le supérieur de l’ordre administratif dans la conduite de missions d’évaluation de
qualité » (Section 2) ;
INTRODUCTION
Le vocable de « gouvernance » est apparu dans un rapport de la banque mondiale sur
les conditions de sortie de crise et de développement de l’Afrique sub-saharienne.
La bonne gouvernance repose dans la qualité d’exécution des fonctions des
régaliennes de l’Etat et dans sa capacité à dynamiser l’Economie, à la stabiliser, à
redistribuer les ressources sous une forme permettant d’atténuer les inégalités.
Ainsi du point de vue des droits de l'homme, la bonne gouvernance fait avant tout
référence au processus par lequel les institutions publiques conduisent les
affaires publiques, gèrent des ressources publiques et garantissent la réalisation
des droits de l'homme (droits civiques ; sociaux ; droits économiques etc.).
Quelques principes cardinaux de la gouvernance politique sont la redevabilité aux
citoyens ; la stabilité politique ; une bureaucratie efficace capable de règlementer les
situations de défaillances des mécanismes du marché, une justice indépendante ; des
services régaliens étatiques de qualité ; la mise en place de mécanismes de lutte contre
la corruption.

Quant à la politique publique, la loi ivoirienne du 14 décembre 2022 relative à


l’évaluation des politiques publiques la définit comme étant « une vision, une
démarche d’une autorité politique ou administrative visant à apporter une
solution à un problème d’intérêt général, et décliné dans un document officiel,
quel qu’en soit le libellé. Elle implique la conduite d’actions coordonnées au
profit de la population ».

La politique publique est donc un ensemble de décisions ou d’actions cohérentes des


autorités publiques visant à apporter une réponse à un problème commun à une
population, une localité, un secteur d’activité.
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Cette même loi, dans son article 5, reprend la définition du Comité d’Aide au
Développement de l’OCDE sur l’évaluation et dispose que :
« L’évaluation d’une politique a pour objet d’apprécier l’efficacité de cette
politique en comparant ses résultats aux objectifs assignés, aux délais prévus et
aux moyens mis en œuvre ».
« L’évaluation constitue une appréciation systématique et objective de la
conception, de la formalisation, de la mise en œuvre ou des résultats d’une
politique ».

Comment l’évaluation des politiques pourrait-elle contribuer à la bonne


gouvernance ?

Telle est la problématique centrale de ce panel.

Pour tenter de répondre à cette question, nous examinerons


- D’abord les fonctions et finalités d’une évaluation (Section 1) et ensuite

-les rôles et responsabilités des institutions supérieures de contrôle administratif dans la


conduite des missions d’évaluation (Section 2) ;

SECTION 1 : FONCTIONS ET FINALITES DE L’EVALUATION DES POLITIQUES


PUBLIQUES
Que recherche-t-on en évaluant une Politique une action publique ?

L’évaluation des politiques poursuit quatre finalités principales :

1.Produire des connaissances

L’évaluation permet, tout d’abord, la production de connaissances sur la politique


publique pour mieux en comprendre le sens et les apports. (On parle de finalité
cognitive). Elle permet alors de disposer d’une foule d’informations sur la politique
publique apportant ainsi de la lisibilité sur les réalisations, les populations concernées ;
sur l’organisation ou encore les mécanismes de mise en œuvre de cette politique
publique.

2 : Apprécier la valeur d’une politique publique

L’évaluation a vocation à porter un jugement sur la valeur de la politique publique


(finalité dite normative). Les données collectées au cours de l’évaluation sont
analysées afin de produire une appréciation sur la conduite et les effets de l’action
publique ; sur ses réussites, ses limites et ses conditions de succès.

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3. Aider à la prise de décisions

L’évaluation des politiques publiques est destinée à éclairer la décision politique ou


administrative (finalité décisionnelle). L’évaluation répond ainsi aux
questionnements du commanditaire qui est alors en capacité de décider des évolutions
sur la base des constats et préconisations proposés par l’évaluation.
Ces préconisations peuvent ainsi déboucher sur des décisions d’amélioration, de
prolongation, de réorientation ou d’arrêt de l’intervention publique.

4.Améliorer la gestion publique

L’évaluation des politiques publiques permet d’améliorer l’action publique et son


pilotage (finalité démocratique).
La consultation voire l’association des bénéficiaires et/ou citoyens aux travaux
évaluatifs est indissociable du processus évaluatif et permet une analyse de
l’adéquation de la politique publique aux besoins des populations.

Par ailleurs, la fonction démocratique de l’évaluation des politiques peut s’incarner


également dans la diffusion aux partenaires ou aux citoyens des résultats de
l’évaluation, afin de contribuer au débat public sur l’action publique évaluée.
Toute chose qui permet une optimisation de l’utilisation des ressources publiques en
améliorant la pertinence et l’efficience des politiques publiques.
Il résulte de ce qui précède que l’évaluation vise à la mesure de la performance de
l’action publique et améliore sa gestion. Elle peut donc, contribuer de par ses
finalités, à la bonne gouvernance.
Cependant, seule une mission d’évaluation crédible, de belle facture permet aux
acteurs du contrôle de contribuer à la bonne gouvernance.
Alors se pose la question du rô le et de la responsabilité des institutions de contrô le de
l’ordre administratif dans la conduite de missions d’’évaluation de qualité (pouvant à la
bonne gouvernance).
SECTION II. ROLE ET RESPONSABILITE DES ACTEURS DU CONTROLE SUPERIEUR
DE L’ORDRE ADMINISTRATIF DANS LA CONDUITE DES MISSIONS D’EVALUATION
DE QUALITE
Le Groupe des Nations Unies pour l’évaluation (UNEG) a défini, en 2005, des normes
afin de contribuer à la professionnalisation de l’évaluation. Ces règles sont relatives au
cadre institutionnel et à la gestion de la fonction évaluation ; à sa réalisation ; au
rapportage mais également aux qualifications et à l’éthique des évaluateurs.
Tout au long du processus, l’acteur du contrô le doit s’assurer que l’évaluation est
conduite conformément aux exigences légales et règlementaires et aux normes
reconnues en la matière.

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En Cô te d’Ivoire, la loi du 14 décembre 2022 relative à l’évaluation des politiques
définit les critères et principes fondamentaux de l’évaluation.
Ces règles et principes s’appliquent d’une part à la mission d’évaluation et d’autres
part, aux acteurs chargés de sa mise en œuvre.

A. Respects des principes et règles de conduite des missions d’évaluation

Ils sont applicables aux différentes phases de la mission d’évaluation ; à savoir :


-la phase de planification ;
-la phase de collecte de données et
-celle du rapportage et de communication sur les résultats de la mission.
1 : Phase de planification de la mission
Que doit faire l’acteur du contrô le pendant la phase de planification de la mission
d’évaluation ?
L’acteur du contrô le doit :
-Faire des choix pertinents de politiques publiques évaluables (article 15.1 Loi
de 2022 précitée) et présentant un intérêt à être évaluées. Cet intérêt peut etre
économique ; sociétal ;informationnel etc.).
-Juger de l’opportunité ou non de l’évaluation à faire (est-ce le bon moment ?
déterminer la période appropriée en tenant compte des calendriers et contraintes des
parties prenantes clés et liés aux contextes);
- déterminer le budget approprié à la portée de l’évaluation et s’assurer de la
mobilisation des ressources (l’évaluation est généralement budgétivore et nécessite
des moyens importants ; il faut alors dimensionner la mission aux ressources dont nous
disposons) ;
- élaborer un référentiel d’évaluation ou une note méthodologique comportant les
questions d’évaluations et les critères d’évaluation.
L’acteur du contrôle doit consacrez suffisamment de temps à la formulation
réfléchie des questions d'évaluation ;
En outre les critères retenus par la loi ivoirienne sur l’évaluation sont ceux du
CAD de l'OCDE ; à savoir : la pertinence ; la cohérence ; l’efficacité ; l’efficience ; la
durabilité ; l’impact.

Ces critères doivent être utilisés de façon sélective en fonction du type


d’évaluation à conduire et de la finalité recherchée.

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2. phase de collecte de données
La formulation d’un jugement sur la valeur de l’intervention publique implique une
prise de position des évaluateurs sur la base de faits, d’information fiables collectés au
moyen de différentes méthodes issues des sciences sociales (entretien individuel ou
collectifs ; sondages ; observations etc.) dont les règles doivent être respectées.
Les données quantitatives et qualitatives doivent être collectées auprès d’une pluralité
d’acteurs de sorte à prendre en compte différents points de vue sur la politique et
associer le maximum de parties prenantes à cette phase. La transparence quant aux
sources des données et à leurs limites est indispensable à ce travail d’objectivation.
3 : La phase de rapportage et la valorisation des résultats de l’évaluation
Les conclusions et recommandations de l’évaluation doivent résulter naturellement des
informations collectées et des observations faites. Elles doivent être pertinentes et
réalistes.
Principe applicable : RIEN NE DOIT ETRE AFFIRME SANS QU’IL NE PUISSE ETRE
PROUVE OU APPROUVE.
Le rapport d’évaluation doit être rédigé avec clarté et neutralité.
Les recommandations doivent être co-construites avec les parties prenantes chargées
de leur mise en œuvre.
Un plan d’actions réalisables de mise en œuvre des recommandations doit être établir,
en collaboration avec les gestionnaires de la politique ;
Enfin, les ISCA doivent assurer le suivi de la mise en œuvre des recommandations par
des réunions périodiques régulières de haut niveau.
Savoir communiquer sur les résultats de la mission assure leur compréhension et la
mise en œuvre des recommandations faites.
B : Prise en compte des considérations éthiques et des principes de
déontologiques dans la conduite de la mission d’évaluation
En Cô te d’Ivoire, l’article 15 de la loi susvisée retient des principes. La Charte d’éthique
et de déontologie de l’IGE egalement. De même, les règles et principes contenues dans
les chartes d’éthique de l’évaluateur du Groupe de Nations Unies pour l’évaluation sont
applicables.
Tous ces principes tendent à la crédibilité de l’évaluation d’une politique publique, de
sorte à inspirer la confiance légitime favorisant une large adhésion des parties
prenantes à ses conclusions.
La crédibilité implique le respect des principes d’objectivité ; d’indépendance ; de
transparence ; de professionnalisme et de compétence des évaluateurs.
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1.L’objectivitéet intégrité
Le principe de l’objectivité prescrit que toute évaluation repose sur des données fiables.
L’évaluateur, dans la conduite de sa mission, a l’obligation de présenter fidèlement les
faits avérés et les réalités observées, d’en faire une analyse objective et d’en restituer
les résultats.
Les évaluateurs ne doivent pas déformer les conclusions ou les points de vue des
parties prenantes ou de l'unité de mise en œuvre. En tant que tel, un évaluateur ne doit
pas sciemment enregistrer comme vrai toute déclaration orale ou écrite qui est fausse,
incorrecte, trompeuse ou incomplète.

2.L’indépendance
Le principe de l’indépendance implique une liberté d’action et de pensée par rapport
aux pressions ou contraintes susceptibles d’influencer le processus de l’évaluation
d’une politique publique.
L’indépendance se caractérise, en outre, par la liberté d’accès à l’information,
l’autonomie des investigations, l’impartialité des analyses et l’intégrité des conclusions
émises par les évaluateurs.
Une évaluation doit être libre de toute influence indue, en particulier de la part de
l'unité de mise en œuvre, qui peut biaiser la conduite ou les conclusions de l'évaluation.
À l’exception de l’autoévaluation ou de l’évaluation interne, le respect du principe de
l’indépendance nécessite que l’évaluation soit conduite par des personnes ou des
services non liés aux responsables de l’élaboration et de la mise en œuvre d’une
politique publique.
3.La transparence
Le principe de la transparence impose la clarté et la franchise dans la conduite de
l’évaluation. La transparence implique également l’accessibilité et la diffusion des
résultats de l’évaluation des politiques publiques.
4.Le professionnalisme et la Compétence
Le principe du professionnalisme implique que les personnes participant au processus
d’évaluation à titre professionnel mettent en œuvre des compétences spécifiques
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reconnues en la matière. Ces personnes ont l’obligation d’actualiser leurs compétences
évaluatives, notamment en référence aux normes et pratiques internationales en
vigueur en la matière.
Les évaluateurs doivent posséder l'éducation, les connaissances, l'expertise, les
aptitudes et l'expérience requises pour entreprendre les missions d'évaluation.
L’IGE assure la formation de ses membres en la matière, avec plusieurs formations de
qualité et la conduite de missions pilote d’évaluation.
5.Le Respect des personnes
Un évaluateur doit s'assurer que les droits, la vie privée, la dignité, la sécurité et
l'estime de soi des personnes interrogées, des informateurs, des responsables de
programme/projet et des autres parties prenantes sont protégés.

Le respect de toutes ces valeurs, ses règles et principe permet de réaliser une mission
d’évaluation de qualité.

Conclusion :
Pour conclure notre propos, nous pouvons affirmer que l’évaluation, de par ses
finalités, peut contribuer à la bonne gouvernance.
Cependant, seule une évaluation de belle facture, conduite dans le respect des règles et
principes en la matière peut être un instrument au service de la bonne gouvernance.
Les acteurs de contrô le de l’ordre administratifs ont un rô le clé à jouer en la matière,
car se situant au cœur de l’action évaluative.
Si les obstacles liés aux financements des évaluations des politiques (budgétivores) et
au renforcement de capacités des acteurs du contrô le sont levés, les ISCA pourr+ont
contribuer à la bonne gouvernance à travers l’évaluation des politiques.

Je vous remercie.

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