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Calais sous la domination

anglaise / par Georges


Daumet,...

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Daumet, Georges (1870-1918). Calais sous la domination anglaise
/ par Georges Daumet,.... 1902.

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CALAIS
CALAIS
SOUS LA DOMINATION ANGLAISE
SOUS-fflipiNATION ANGLAISE

PAR

GBOBOES DAUMET
Archiviste aux Archives Nationales

Ouvrage publié au nom de VAcadémie d'Arras


avec une subvention spéciale du Conseil Général du Pas-de-Calais

ARRAS
IMPRIMERIE TYP. ET LITH. RÉPESSÉ-CRÉPEL ET FILS
17-10, Rue Pasteur

1002
AVANT-PROPOS

I/é(tidjr.qut» nous publions sous les auspices do l'Académie


«l'Ahas à' été présentée comme thèse «lo sortie à l'Kcole des
Chartres, il y a près «le «lix ans. l.e sujet truite n'est point entiè-
rement nou\eau puisqu'il a fait l'objet d'ouvrages consciencieux
eoinnie celui «le l'abbé I.délivre et «le mémoires eonniie ceux «pie
le savant Brétpiigny a consacrés j\ l'histohv «le Calais. On a
pensé néanmoins qu'il était possible, tout en profilant «les reeher-
ches «léja faites, «le les compléter par «le nom elles explorations
dans lesarebives anglaises et en particulier au liecord Office. Nous
avons dépouillé dans cette intention, pour la période choisie, la
série «|ui contient le plus grand nombre d'actes relatifs à Calais,
celle «les French Wdls, fondue aujourd'hui «lans la section «pil
porte le nom «le Earhj Cliancenj Hulk. Chacun «le ces rouleaux de
parchemin dont i|uclques-uns s«>nl fort longs et se composent de
vingl-cin«| à trente membranes,correspond à une année «le règne.
C'est là qu'étaient enregistrés les actes «lu pouvoir souverain «pii
concernaient l'administration des provinces françaises soumises à
la domination «le l'Angleterre. Il y aurait sans doute à glaner des
documents «lans d'autres séries, et «huis un pareil sujet, on ne
saurait prétendre à être complet ; nous croyons cependant que les
éléments recueillis par nous suflisent à donner un aperçu de ce
«pie les Anglais ont fait à Calais et de la manière «lont ils «mt
ont administré leur complète.
Nous «levons adresser nos très respectueux remerciements à
l'Académie d'Arras qui, sous la présidence «le M. l'abbé ltohart,
a bien voulu accueillir cet essai malgré ses imperfections et ses
lacunes, ainsi «pi'au Conseil général du Pas-de-Calais qui montre
tant de sollicitude pour les travaux d'histoire et les encourage si
efficacement. Nous adressons aussi l'expression «le notre gratitude
à ceux qui nous ont aidé de leurs conseils, en particulier à notre
maître M. Charles Hémont et à notre confrère et ami M. Jules
Chavanon, archiviste «lu Pas-«le-Calais. Nous n'aurons garde
d'oublier enfin l'excellent accueil «pii nous a été fait au liecord
Office et la bonne gntee avec laquelle MM. Hubert Hall et K.
Salisbury nous ont ont guidé dans nos recherches.
OlIAl'ITUK 1"

LÇ;SJÈGE DE CALAIS
>i septembre 1310-4 août 1317,
i n ?

La victoire qu'il avait remportée à Créey ouvrait à


Edouard III la route du nord : après avoir donné quelque
repos à ses troupes, il les dirigea vers Calais et commença
aussitôt le siège de cette place forte dont la possession devait
être pour lui le résultat le plus important de son heureuse
campagne. Il avait compris en effet, que pour soutenir
efficacement et faire triompher ses prétentions à la couronne
que détenait Philippe de Valois, il lui fallait conquérir dans
la France septentrionale, à proximité de l'Angleterre, un
territoire sur lequel il pourrait débarquer en toute sécurité
ses armées, d'où il les lancerait à la conquête du pays qu'il
convoitait et où, en cas de revers, elles trouveraient un
refuge certain. Or, Calais, située presque en vue des côtes
anglaises, possédant un bon port et de solides murailles,
convenait à merveille pour l'établissement d'un camp
retranché tel que le désirait le roi Edouard : c'était bien,
suivant l'expression d'un de ses successeurs « Francie sera
et elaeis », la serrure et la clef de la France (1). A cette
raison d'ordre stratégique qui pressait le monarquo anglais
d'attaquer Calais, s'en joignait une autre qu'il faut noter :
les Calaisiens avaient souvent fait là guerre do course
(1) Public Record Office. Early Chancery roll 337, membrane 11*
- - 2

contro les navires anglais ot causé un gravo préjudico au


commorco do cotto nation; il importait do mettro lin a lours
ontroprisos hardies ofdo los ompèchor do nuire a l'avonir.
Nous on trouvons lo témoignago dans les rôles du Parlo-
mont tenu lo 11 septombro lîiiG où il est rappolé quo los
habitants do Calais « ont douez tant do damages a lui
(au roi) ot a son peoplo d'Engleterro » (1).
Edouard III commença probablement l'investissement
do la placo lo <i septombro 13i6 (2). Iîion décidé a s'en
omparor coûto quo coûto, mais so rendant compte qu'il
avait peu do chanco do réussir par un coup do forco à cause
do la solidité des remparts, do la difficulté qu'il y avait à
s'en approcher et a les battroavecl'artillerio et les machines
do guerre qu'on ne pouvait établir faute d'un terrain
solido (3), il résolut de prendro la ville par la famine et tous
ses efforts tendirent a l'isoler du côté do la mer et du côté
do la terre pour empêcher les secours et les approvision-
nements de parvenir aux assiégés. Marquant bien l'intention
où il était de ne point s'éloigner do Calais avant do l'avoir

1) Iiolls of Parliamcnt, tome II, p. 158 .


(2) Les chroniqueurs ne sont pas d'accord sur la date à laquelle
Edouard III arriva devaut Calais. Jean Le Bel indique « l'issue d'aoust »
(Les vrayes chroniques de messire Jehan Le Bel, édition Polain, Bru-
xelles, 1803, 2 vol. in-S°, t. II, p. 139); Froissart précise un peu en disant
« environ le sai.it Jehan Décolassc » c'est-à-dire le 29 août (Froissart, éd.
Luce. t. IV. p. Go) ; Michel de Northburgh parle du 2 septembre et Gil' >
Le Muisis du 8 septembre. La date du 4 nous est fournie par les chr i-
ques de Thomas Walshingham et de GeolTroi Le Baker de Swynebrooke;
elle est confirmée par une mention des Journaux du Trésor de Philippe
de Valois publiés par M. Jules Viard (Paris, 1890, 1 vol. in-4°, Collection
des Documents inédits). On y lit sous le numéro 893 (pp. 68 et 69) : « ... pro
deoariis solutis Johauni Xichasii pro residuo vadiorum suorum et
XXVII balistariorum, marineriorum et lanceatorum de sua comitiva
deservitorum in custodia ville Calesii sub regimine domini Jolutnnis de
Vienna militis, capitanei dicte ville, a IV° septembris CCCXLVl usque
ad IVta augustum CCCXLVH..... ». Les gages de ces hommes d'armes
devaient être calculés par jour et c'est ce qui nous engage à placer le début
du siège au 4 septembre 1346.
(3) « Set (Edwardus) nec voluit contra villam machinas erigere ut, sicud
alibi fleri solet, oflicio parariorum mûri couquassati et obruti meabiles
redderentur ; nempe defuit fondamenturn in quo machinas collocasset. »
(G. Le Baker, éd. Thompson, p. 89).
priso(l), ot prévoyant la longueur du siège, Edouard III
so fit construire entro la ville, la rivière do Hem et lo pont
do Nieuloy un pavillon do bois; los soignours l'imiteront,
et dans la nouvollo cité ainsi bâtie, on vondait toutos sortes
do marchandises « conuuo a Arras ou a Anvers » (2),
marchandises apportées par los négociants anglais et
flamands. Lo camp fut entouré d'un double fossé afin de
repousser efficacement les sortios de la garnison ot aussi
les attaques do l'arméo do secours quo l'on s'attondait a
voir paraitro dans un délai prochain pour dégager Calais (3).
(1) « Et comme nostre seigneur le Roi estoit venuz devant Caleyset y
avoit fait mettre siège, dequele siège il ne pensa départir avant qu'il eust
conquis la ville ove l'aide de Dieu » (Rolls of Parliament, t. II, p. 158'').
(i) Jean Le Bel, éd. cit., t. II, p. 95. « Et avoit eu ceste noeve ville dou
roy toutes coses nécessaires apertenans a une host et plus encores, et place
ordonnée pour tenir marchiet le merkedi et le samedi. Et la estoient
merceries, boucerles, halles de drap et de pain et de toutes aulires néces-
sités, et en recouvrait on tout aisiement pour son argent. Et tout ce leur
venoit tous les jours par mer d'Engleterre et ossi de Flandres, dont ils
estoient conforté de vivres et.de marchandises » (Froissart, éd. cit., t. IV,
p. 2). Edouard III avait d'ailleurs pris soin de pourvoir son camp de pro-
visions et de munitions : le 6 septembre 1346, il mandait au maire et aux
baillis de Newcastlesur-Tyne de faire publier dans cette ville que « omues
mercatoresei alii qui victualia vendere et commodum suum inde facere
voluerint, versus dictam villara de Calesio cum dora, pane, frumento, vinis,
cervisia, carnibus, piscibus, arcubus, sagittis ac cordis pro arcubus.... de
tempore in tempus se trahant ad dicta v.ctualia ibidem nobis et fidelibus
nostris vendendum. » (Rymer, Record Edition, t. III, pars I, p. 89).
Même mandement fut adressé aux maires et baillis de 28 villes, à l'évéque
de Durham, au lieutenant du connétable du château de Douvres et à tous
les vicomtes d'Angleterre. Le 20 novembre, ordre au vicomte de Kent de
faire acheter et d'envoyer le plus tôt possible des échelles et des claies pour
être employées au siège de Calais (Ibidem, p. 95).
(3) Edouard III craignait dès le mois d'octobre 1346 d'être attaqué par
Philippe de Valois. Le 3, s'adressant a Marguerite, comtesse de Kent, il lui
écrivait : « Quia procerto didicimus quod Philippus de Yalesio adversarius
noster Franciaj totam armatorum potentiam quara de cunctis partibus
cotligere potest, apud Çompynecongregare facit, et se parât ad veniendum
festinanter versus nos ... » ; il la priait d'envoyer son fils avec des hommes
d'armes et des archers en aussi grand nombre que possible à Sandwich
où ils devront être rendus le 15 octobre, prêts àèlreembarqués.Rajoutait:
« Et quia omnes homines ad nos sic venientes ad terra m prope villam de
Caleys, ubi villam Ulam sumus obsidentes, voluraus applicare ibidem ad
pedem una nobiscum... non est necesse quod dictus fllius vester et homines
sui... grossos equosaut alios prceter iltosqui pro equitatura suaetductione
armaturarum et rerum suarum uecessarii fuerint, usque dictam villam de
Sandwico ducaut seu duci faciant.» (Rymer, R. E. t. III, para I,p.01).
-4-
La ville, protégée par sa situation au milieu de terrains
marécageux envahis par les eaux à chaque marée, était
défendue par une garnison placée sous le commandement
d'un chevalier originairo do Bourgogne, Jean do Vienne,
secondé par un certain nombre do chevaliers d'Artois dont
Froissart nous a transmis les noms « Ernoulz d'Audrehén,
Jehans de Surie, Bauduins do Belleborne, Joffroi do lo
Motte, Pépin do Wero » auxquels la chronique normando
ajoute les sites de Beaulo et do Grigny (1). Voyant l'armée
anglaise définitivement établie, lo capitaine de Calais
craignant avec raison d'ôtro bientôt contraint par la famino
a se rendre, résolut do se défaire des bouches inutiles ot
d'expulser do la ville les personnes dépourvues de biens et
do provisions. Jean Lo Bel dit quo 500 pauvres furent ainsi
chassés ; Froissart porte ce nombre à plus do 1700 (2),
mais les doux chroniqueurs sont d'accord pour affirmer
qu'Edouard III, non content de permettre à ces malheureux
do traverser les lignes do son armée, leur fit donner à
manger planteureusement » et gratifia chacun d'uno
«
petite somme d'argent.
Nous ne trouvons point dans les chroniques do détails
sur les opérations du siègo do Calais du côté do la terre :
elles se réduisirent vraisemblablement à pou do chose
durant l'hiver do 131G-1317, ô. quelques sorties dos assiégés
et a des escarmouches engagées par les garnisons françaises
des petites forteresses do l'Artois et du Boulonnais contre
les partis anglais qui s'éloignaiont du camp (3). Du côté de
la mer, les galères génoises au service do la Franco réussi-
ssent lo 17 septombro a capturer sous les yeux d'Edouard 111
les vingt-cinq vaisseaux qui faisaient lo blocus du port (4),

(1) Froissart, éd. cit., t. IV, p. 1 ; Chronique normande du XIV* siècle,


édition Molinler, p. 83.
(*) Jean Lo Bel, éd. ctt„ t. II, p. 90 ; Froissart, éd. cit., t. IV, pp. î et 3.
(3) Froissart, éd. cit., t. IV, p. 30.
(4) Nous savons aussi quo pendant les premières semaines du siège, les
vaisseauxfrançais arrêtaient les navires anglais chargés des vivres et des
munitions destinés au camp d'Edouard lit. Celui-ci écrit le 18 septembre
- 5 —

mais après co succès, la Hotte militaire, désarmée pour


l'hivernage, no protégeait plus les convois do vivres destinés
aux Calaisiens.Quelques-uns réussirent cependant a forcer
lo passage. Pour le former complètement, lo roi d'Angleterro
résolut d'employer toutes ses ressources : il fit opérer dans
les ports britannù[ues un recensement des navires suscep-
tibles d'ôtre mobilisés, et dans lo nombre formidable do
737 vaisseaux qu'il se trouva avoir a sa disposition, il
préleva les unités nécessaires pour constituer une llotto qui,
croisant on permanence devant Calais, en interdirait abso-
lument l'accès. Lutter contre do telles forces était presque
impossible. Cependant, uno escadre française formée sur
les côtes de Normandie, pilotée par deux corsaires Calaisions
et deux marins d'Abbevillo qui avaient pendant tout l'hiver
ravitaillé la place au prix des plus grands dangers, réussit
au commencement d'avril 1317,en dépit delà Hotte ennemie,
malgré les fortifications élevées par les assiégeants et les
obstacles de toute nature placés à l'entrée du chenal (1), à
pénétrer dans lo port et à y fairo entrer un convoi do vivres.
Les autres tentatives échouèrent malheureusement a la fin
d'avril ot au mois do juin (2). Les assiégés essayèrent do

an comte de Gloucester : « Quia naves et galère guerrinro i» non modico


numéro ex parte adversaril nostri Franche instdiantur navibus et bargeis
regnl nostri Anglite cum victualibus et aliis nocessariis ad nos npud Caloys
pro sustentatione nostra et exercilus nostri venientibus ad impediendum
easdem naves et bargeas quominus nd nos ventre possint.... »; il lui
ordonne en conséquence de constituer une force navale suffisante « ad resls-
tendum dictorum inimicorum mallche. » (Rymer, R. E. t. III, pars 1, p. 91).
M) «
.... Pour clore et tollir le pas de mer, Il (Edouard III) llst faire et
carpenter un chastiel hanlt et grant de Ions mairlens, et le ftst faire si fort
et si bien breteskiet que on ne le pooit grever. Et flst lo dit chastiel asseoir
droit sus lo rive de le irer et le ((Ut) bien pourvoir d'espringalles, de
bombardes et d'ars a tour et d'autres instruniens. Et y establi dedens
soixante hommes d'armes et deux cens arciers qui gardoient te havene.,,»
(Froissart, éd. cit., t. IV, p. 45 et 40).
(2) Les opérations maritimes du siège de Calais ont été étudiées en
détail par M. 1 lourd do la Roncière dans un très intéressant article Intitulé
La marine au siège de Valais, paru dnns la Bibliothèque de l'Ecole des
Chartes en 1897, pp. 554 et infra. Nous ne pouvons faire mieux quo d'y
renvoyer les lecteurs qui y trouveront In question parfaitement exposée et
traitée avec une entière compétence.
leur côté, niBis en vain, de percer les lignes anglaises pour
faire connaltro au roi de France l'état de détresse où ils so
trouvaient réduits. La lettre adressée par Jean de Vienne à
Philippe de Valois tomba au pouvoir d'Edouard III qui put
se rendre compte que la famine était a son comble dans la
ville : la garnison n'avait d'autre ressource quo do lonter
une sortie désespérée,car, disait le capitaine « nous aimons
mieux mourir aux champs honorablement quo nous manger
l'un l'autre » (1).
Cependant Philippe de Valois avait compris qu'il fallait
tenter un grand effort pour secourir une place qui résistait
si héroïquement et qu'il était si important pour lui do
conserver. Il avait convoqué ses vassaux à Amiens pour lo
jour do la Pentecôte (24 juin 1317). Une armée considérable
y fut rassemblée, où figuraient les plus grands seigneurs :
les ducs do Normandie, do Bourgogno et do Bourbon, les
comtes do Foix, d'Armagnac, do Forez, do Ponthieu et
do Valentinois (2). Après avoir vainement demandé aux
Flamands lo libre passage du côté do Gravolines, lo roi
dirigea ses troupes vers Boulogne Edouard III qui s'atten-
dait depuis longtemps à ôtro attaqué ot no cessait do réclamer
dos renforts en Angleterre (3), cherchait on mômo temps à
(1) La lettre de Jean de Vienne était portée par une galère génoise qui
fut capturée par les Anglais. Au moment d'être pris, le patron de cette
galère attacha la missive qui lut était confiée A une hache qu'il jeta à la
mer ; on la trouva le lendemain A marée bastc et on la porta à Edouard III
(Cf. Froissart, éd. cit., t. IV, p. xx, note 8). Le texte de cette lettre «l'une
touchante simplicité nous a été conservé par Robert de Avesbury (De gettis
mirabilibus régis Edtcardi llls édition Thompson, p. 386).
(ï) Froissart, éd. cit., t. IV, p. 44 et Infra.
(3) Public Record Office. Early Chancery roll 284, memb. 16. Depuis
le mois de novembre précédent, Edouard III demandait l'envoi de nouvelles
troupes pour comblerles vides qui se faisaient dans son armée par la mort,
la maladie ou d'autres raisons. La chronique du moine de Salnt-Albau
(Chronicon..., auctore monarcho quodam sancti Albani, éd. Thompson,
p. *3) atteste que beaucoup d'Anglais périrent de maladie pendant le
siège de Calais. Le roi signale dans toutes ses lettres les préparatifs guer-
riers de Philippe de Valois (Cf. Rymer, R. E., t. III, pars I, p. 95, 06,
07, ISO). Le î3 juillet 1347 (Ibidem, p. 1*9), pour stimuler sans doute te
tète du maire et des vicomtes de Londres, Il prétend que le rot de France
A placé son camp A moins de trois lieues du sien, et comme il craint de
manquer de vivres, Il renouvelle l'ordre déjà donné de faire proclamer une
Invitation aux marchands de venir vendre des provisions A l'armée.
•_ 7
-
retarder la marche de son ennemi en oxcitantles Flamands
à mettre le siège devant Aire ot a ravager lo pays jusqu'à
Saint-Omcr où l'on fut obligé d'envoyer Charles d'Fspagne.
Passant par Ilesdin, Fauquembergueet Guînes, l'armée fran-
çaise parut enfin le 27 juillet 1317 sur la hauteur «lo Sangatto
«onsi que pour tontost combattre, bnnières desploiies)),
a la grando joie des malheureux Caloisiens qui, voyant leur
souverain en si brillant équipage, pensèrent que la bataille
allait s'engager sans délai et quo leurs souffrances étaient
près do finir; mais comme les Français s'arrôlèrent et
formèrent leur camp, « il/, commenceront ung petit a
désespérer ».
Le roi de France, une fois établi à Sangatto, prit la sago
précaution do faire reconnaître lo terrain qui lo séparait do
l'arméo anglaise ot chargea les seigneurs de Beaujeu et do
Saint-Venant do rechercher les points d'attaque les plus
favorables. L'examen des positions do l'armée ennemie leur
révéla que la marche en avant n'était possible quo de deux
côtés : par les dunes qui bordent lo rivage ou par la grando
route qui traverse la rivière do Hem au pont do Nieuley ;
s'écarter do ces deux voies, c'était courir à un désaslro
certain en raison du sol marécageux où l'armée s'engagerait
sans en pouvoir sortir, s'ofïrant sans défense aux traits do
l'ennemi. Or ces deux passages praticables étaient solide-
ment gardés : sur la grève, Edouard III avait fait tirer à
sec un certain nombre do ses vaisseaux, les avait garnis
d'hommes d'armes, d'archers et d'arbalétriers, tandis quo lo
pont do Nieuley était occupé par uno forlo troupe sous les
ordres du comte de Derby; les chemins qui do Marck, do
U ni nos et d'Oye venaient ù Calais directement ne pouvaient
ôtra suivis tellement ils étaient coupés do fossés ot do
fondrières ; d'ailleurs les Flamands, alliés de l'Angleterre,
avaient passé la rivière d'An et s'étaient postés entre
Gravolines et la placo assiégée. Les seigneurs do Beaujeu
et do Saint-Venant étaient donc d'avis que sur aucun point
- - 8

la position anglaise no pouvait être attaquée avec avantage.


Philippe VI, ainsi renseigné,employa le reste de la journée
et la nuit qui suivit a réfléchir sur ce qu'il convenait
d'entreprendre. Lo lendemain, il so décida a envoyer des
messagers au roi anglais : c'étaient d'après Froissart,
Geofïroi de Charny, Eustacho do Ribemont, Guy do Neslo
et le seigneur do Beaujeu. Lo comte do Derby les laissa
franchir le pont do Niouloy. Admis en présence d'Edouard,
Eustacho de Ribemont prit la parole au nom de son maître:
lo roi do Franco, dit-il en substance, était venu combattro
lo roi d'Angleterre, mais en raison do l'impossibilité absolue
où l'état du terrain lo mettait do prendre contact avec
l'armée do son adversaire, il priait celui-ci d'accorder lo
libro passage à ses troupes ou bien do choisir un empla-
cement favorable sur lequel lo combat pourrait avoir lieu.
Edouard III répliqua quo s'il accédait à uno pareille
demande, il risquorait de perdre le fruit de longs et pénibles
efforts, que Calais était presque à sa merci, et refusa tout
net do quitter la position qu'il occupait. Les ambassadeurs
français s'en revinrent et rapportèrent cetto réponse à
Philippe qui en fut « tous courouciés, cor il voi bien quo
perdre li convenoil la forte ville do Calais, ot se n'i pooit
remédier par nullo voie » (1).
A co moment, Annibalo Ceccano, évèquo do Frascati ot
Etienne Aubort cardinal-prôtre, du titre de Saint-Jean et
Paul, envoyés par lo papo Clément VI, arrivèrent au camp
français. Ils sollicitèrent et obtinrent de Philippe VI uno
trôvo do trois jours; ils so rendirent ensuito auprès
d'Edouard III qui consentit a déléguer les comtes do
Derby et do Northampton, Gautier de Mauny, Renaud do
Cobham,lo marquis do Julierset Barthélémy do Burghersh
son chambellan (2) pour conférer avec les plénipotentiaires
(1) Froissart, éd. cit., t. IV, p. 51.
\i) Ibidem, p. xxni, note 4, Clément VI avait dès le 15 janvier annoncé
A Edouard l'envoi de ces deux légats (Cf. Rymer, R. E. t. lit, pars I,
p. 100).
_9-
français qui étaient les ducs de Bourgogne et do Bourbon,
Jean de Ilainaut et Louis de Savoie (1). Ils discutèrent trois
jours sans parvenir a s'entendre.
Pendant ce tomps, le roi d'Angleterre, en homme «le
guerro avisé, prévoyant facilement «|u'aucun accord no
pouvait résulter des conférences, faisait fortifier par do
grands fossés lo passage du coté «les dunes où il sentait
sans doute sa position vulnérable. Il est permis de penser
qu'il no consentit a cette suspension des hostilités proposée
par les légats pontificaux «juo pour montrer uno apparente
bonno volonté aux désirs pacifiques du Saint-Siège en
môme temps que pour compléter ses ouvrages de défense
au cas où les Français, la trêve une fois expirée, seraient
venus l'attuquer : il avait d'ailleurs reçu un renfort de
17.000 hommes provenant d'Angleterre et do la Ligue
teutoniquo (2).
Quand les plénipotentiaires so furent séparés, et que les
cardinaux, perdant l'espoir de faire conclure la paix ou
même une trêve, se furent retirés à Saint Orner, Philippe
de Valois comprit quo toul était perdu et «pie « tout consi-
déré, li sejourners la ne li esloit point pourfitablo » (tf) ; il
leva son camp le lendemain de la rupture des négociations
et congédia son armée,so dirigeant vers Amiens en passant
par Lumbres, Fauquemborguo et Hcsdin (1). Celle retraite
ne s'accomplit mémo pas, parait-il, sans désordre;du moins
no prit-on pas la précaution de proléger les bagages qui
furont en partie pillés par les Anglais qui « gaegnièrent «les
kars, des sommiers et des chevaus, des vins et des pour-
veances ot dos prisonniers qu'il ramenèrent en l'ost devant
Calais » (5).
(1) Froissart, éd. cit. t. IV, p. 5Î. Edouard III dans une lettre adressée
a l'archevêque do Cautorbéry dit que les envoyés français étaient los duos
de Itourbon et d'Athènes, (tuillaume Flotte, (Juy de NeMe et OeolTroi de
Charny (Robert de Avcsbury, éd. cit. p. 301 et Infra).
(2) G. Le Raker de Swynebrooko, éd. cit, p. 01.
(3) Froissart, éd. cit. t. IV, p. 53.
(4) Ibidem, p, xxiv, note 1.
(5! Ibidem, p. 53. Edouard Ut dans la lettre adressée a l'archevêque de
- - 10

Les malheureux assiégés qui dès lo mois do juin étaient


réduits a une horrible famine et que soutenuit seul l'espoir
d'ôtro secourus, avaient passé ces quelques jours do taton-
nemenls de la part do l'armée française, puis do négociations,
dans uno anxiété faciloa compreudro. Suivant l'expression
do Jean Le Bel, ils trouvaient « quo trop longtemps on les
faisait jeûner» (i). Quand ils viront quo lo roi s'éloignait,
ils perdirent touto espérance et comprirent que tout elïort
nouveau serait vain. Ils allèrent trouver le capitaine de
Calais et lo prièrent dos'entendro avec les Anglais pour la
reddition do la place. Jean de Vienne, sentant qu'il était
matériellement impossible de continuer uno lutte si inégale,
s'approcha des créneaux et fit signe aux assiégeants qu'il
voulait parlementer. Edouard III lui envoya Gautier do
Mauny ot quelques chovaliors (2) chargés do réclamer uno
capitulation sans conditions ; Jean do Vienne insista pour
obtenir quo la garnison ot la population aient la vio sauvo.
Lo roi d'Angleterre a qui cette demando fut transmise
Cantorbéry citée plus haut, raconte les événements d'une manière diffé-
rente s suivant lui, le défi de Philippe VI n'aurait été porté qu'après trois
Jours de négociations Infructueuses et nurait été accepté, malgré quoi le
roi do France so serait enfui précipitamment. Il est clair que si le défi fut
relevé, c'était pour se conformer aux idées chevaleresquesdu xiv* siècle,
mais le prince anglais ne pouvait avoir véritablement l'intention de quitter
une position inattaquable pour s'en remettre aux hasards d'une bataille :
Calais était A sa merci, et la reddition de la place devait se produire fata-
lement dans un délai plus ou moins éloigné. On ne comprend pas pourquoi
Philippe de Valois aurait décampé sans avoir livré a sou ennemi le combat
que celui cl acceptait. Siméo.* Luce pense •• que le déll n'avait guère été
porté p'us sérieusement qu'il no fut accepté par Edouard; et le roi de
France ne proposa sans doute la bataille que pour dérober sa retraite ou
du moins se. ménager une explication favorable » (Froissart, éd cit. t. IV,
p. XXIII. note 1). Il est plus simple d'acepter les récits do Froissait et de
Jean Le ltet : le roi de France n'avait pas réuni une armée considérable
sans l'intention de s'en servir pour conserver uno place aussi importauto
que Calais et pour effacer, «s'il se pouvait, la honte de Crêcy. Il n'aban-
donua la paille que quand il vit qu'il ne pourrait forcer te camp anglais
et amener son adversaire A livrer bataille.
(1) Jean Le Itel, éd. cit., t. II, p. 132.
(2) D'après Froissart (éd. cit. p. RI), les parlementaires anglais furent
Gautier de Mauny et lo seigneur de Itassct; suivant Jean Le Roi, c'étaient
te comte de Northampton, Renaud de Cobhnm, Thomas de Hollande et
Gauthierde Mauny (éd. cit. p. 133).
u- H _
persista d'abord dans son intention première, mais Gautier
lui ayant représenté qu'il donnait un mauvais exemple en
usant de tant de rigueur, et que dans un cas semblable ses
adversaires no manqueraient pas do massacrer les habitants
des villes dont le seul crimo en sommo était do combattre
pour leur seigneur, fut approuvé par les Anglais qui
assistaient à cet entretien ; Edouard, ébranlé, consentit 6
épargner les soldats et les Calaisiens,à la condition quo six
des plus notables bourgeois viendraient en chemise, pieds
nusotla corde au cou so montre à sa discrétion. Gautier
de Mauny retourna alors auprès do Jean do Vienne et
l'informa do la décision do son maître. Aussitôt lo capitaine
de Calais réunit le peuplo sur la place du marché et lui fit
connaître les conditions iaiposées par le vainqueur. Des
cris et des gémissements répondirent a ses paroles, et lui-
môme « larmioit moult tcnremenl ». Enfin, un des plus
riches bourgeois de la villo, Eustacho de Saint-Pierre (1) se
leva et dit qu'il ne fallait pas laisser périr uno population
tout entiôro puisque lo dévouement do quelques-uns pouvait
la sauver, et il offrit d'aller so livrer en personne au roi
anglais. Cot héroïquo oxemple trouva dos imitateurs : Jean
d'Aire, Jacques et Pierre de Wissant, Jean do Fionnes et
André d'Ardres déclarèrent qu'ils partageraient lo sort do

(1 ) sait que le célèbre récit du dévouement d'Eustache de Saint- Pi >rre


On
et de ses compagnons a été mis en doute par plusieurs historiens et surtout
par Feudrlck de Rréqulgny (Mémoires de l'Académie des Inscriptions,
tome XXXVII, p. 538 et'lnfra). Celui-ci avait découvert dans les archives
anglaises des documents établissant qu'Eustache avait reçu d'Edouard III
une donation de 40 marcs sterling ft que ses biens lui avalent été restitués.
S'appuynnt sur ces texl?s et sur te silence des chroniqueurs anglais, ce
savant rejetait comme une fable l'épisode des bourgeois de Calais. Son
opinion a été combattue avec succès, semble-t-il. par M. Le Heau dans uno
dissertation publiée en 1830 dans les Mémoires de la Société d'Agriculture
de Calais, Nous avons fait connaître ses principaux arguments dans un
article imprimé dans la Correspondance historique et archéologique,
aiiuéé 1894, pp. 205 et suivantes. Ajoutons que Jean Le Rel et Froissart
ne sont pas les seuls chroniqueurs qui mentionnent le dévouement des
bourgeois de Calais: It en est expressément parlé dans la Chronique nor-
mande (éd. Mollnter, p. 00^ et dans la Chrônographia regum Francorum
(.éd. Moramillé, t. II, p. 245 et 84(3),
12 -
leur concitoyen (1). Ils se rendirent sur lo champ a la hallo
de Calais, se dépouillèrent de leurs vêtements, et suivis do
la foulo en larmes, furent conduits jusipi'a la porto do la
ville par Jean «le Vienne <|ui les remit aux mains do
Gautier do Mauny après avoir prié celui-ci d'user de son
infiuenco pour obtenir la grâce do ces victimes volontaires
du dévouement civique. Edouard III ayant à ses côtés
Philippine do Hainnut, sa femme, reçut les Calaisiens qui
lui offriront les clefs do la cité et se jetèrent ù ses genoux
implorant sa pitié, mais il ordonna qu'on leur coupât la tèlo
immédiatement « car moult haoit les habitans de Caiaih
pour les grands damages et contraires <juo don temps
passet sus mer li avoient fais » (2). Gautier de Mauny,
fidèle a la parole <|uil avait donnéo a Jean do Vienne,
essaya d'émouvoir le roi, alléguant «pie ce serait cruauté
de faire mourir e«^s bourgeois qui s'étaient offerts volon-
tairement pour sauver leurs concitoyens. « A co point so
grigna li rois et dist : messire Gautier, souffres vous, il no
sera aullremenl, mes on face venir le cope leste. Chil do
Calais ont fait morir tant do mes hommes que il convient
chiaus morir ossi ». Tout semblait perdu, lorsquo la roino
qui pleurait do compassion, so jeta aux pieds do son mari
et lui demanda au nom du « fil sainte Mario » et au nom do
son amour lu grâce d'Eustacho de Saint-Pierre et de ses
compagnons. Après avoir hésité un moment et regretté quo
sa femnio se fût trouvéo la, Edouard III lui remit les six
olages. Philippine, joyeuse, releva les bourgeoisagenouillés,
« leur list ester les chevestros d'enlour les col/, et les amena
avecques lui en sa canibro, et les fist reveslir et donnor a
disner tout niso.; et puis donna a easeun six nobles et los
fist conduire hors do l'ost a sauveté » (3).

(1)As deux..derniers noms so trouvent seulement dans lo manuscrit do


Froissait conservé au Vatican qui représente la lro réduction t\^ Chroniques
(éd. cit. t. IV, p. 289;.
(2) Froissait, éd. cit. t, IV, p. ôl.
(3) Ibidem, p. 62. .
13 —

Gautier de Mauny, le comte de Warwiek et le baron de
Stanforl furent chargés de prendre possession do la ville :
ils avaient ordre de retenir les chevaliers prisonniers, et de
renvoyer les soldats et les habitants, car l'intention du roi
était do repeupler Calais d'Anglais (1). Il garda seulement,
au témoignage do Froissart, un prêtre et deux hommes âgés
bien instruits des lois et usages pour « rensegnier les
hcritaiges » (2). Lo château fut préparé pour recevoir
Edouard III qui entra solennellement dans la place et offrit
a ses officiers un grand banquet ; il leur distribua les
maisons et les biens des habitants expulsés, ordonna des
travaux pour la réparation des fortifications et le 8 octobre,
confia a Jean de Montgomery (li) la garde de la ville avec
lo grade do capitaine. Jean de Vienne et les chevaliers
suivirent le roi en Angleterre : ils y demeurèrent six mois,
après «jitoi on les mit a rançon.

(1)Dès le 12nont 1347, Edouard mande au vicomte de Kent, A d'autres


vicomtes d'Angleterre, aux maires et baillis de plusieurs villes d'inviter les
marchands A se rendre A Calais pour approvisionner la place récemment
conquise ; il veut qu'elle soit prompteinent peuplée d'Anglais et promet de
donner A ceux qui arriveront avant le 1er septembre des maisons et des
terrains moyennant une rente; Us jouiront de leurs droits et de leurs
libertés » ut ibidem cum familiis et rébus suis securo morari valeant »
(Rymer, R. E. t. III, pars I, p. 130).
(2) Froissart, éd. cit., p. 04. Gilles Le Mui.sis dit que vingt-deux Français
obtinrent la permission do rester dans la ville. C'est A tort quo Froissart
après Jean Le Bel prétend que les CaLilsieus expulsés par Edouard III
n'eurent -* oneques restorier ne recouvrier dou roy do Franco » (éd. cit.,
t. IV, p. 05) : Rréquiguy avait déjà fait justice de celte erreur et M. E.
Moliniern étudié les diverses mesures de faveur dont les anciens habitants
do Calais furent l'objet eu France (Cabinet historique, t. XXIV, année 1878,
pp. 25J et suivantes).
(3) Rymer, R.E.t. III, pars I.p. 13S. Thomas Walshingham nous apprend
qu'Edouard III demeura un mois A Calais (éd. Camdeii, p. 107).
CHAPITRE II

LES TENTATIVES DE RECONQUÊTE

Geoffrol de Charny

Une fois maître de Calais, Edouard III jugea quo cette


première campagno était assez fructueuse pour être arrôtéo :
il n'avait plus de raisons pour repousser les exhortations
pacifiques des légats pontificaux qui avaient tenté d'amener
un accord ou uno suspension d'armes do longuo durée
lorsque son advorsaire était campé avec son armée sur la
hauteur do Sangatte. Lo roi anglais avait, après onze mois
de siège, conquis cette place dont la possession lui semblait
indispensable pour réaliser dans l'avenir les projets qu'il
méditait contre la maison do Valois ; il accepta uno trêve
d'un an «|ui fut nôgociéo lo 18 septembre 1347 (1) sur lo lieu
môme do son dernier succès, « in campis propo Galesium »,
grâce & la médiation des deux cardinaux envoyés par
Clément VI : Calais ot lo territoire adjacent lui restaient.
La trêve durait encoro, car on l'avait renouvoléo d'année
en année, quand, dans le courant do 1349, Geoffroi de
Charny (2) qui était capitaino a Saint-Omor pour lo roi de

(1) Rymer, R. E. t. III, pars I, p. 130.


(t) Voy. sur ce personnage les détails biographiques donnés par Slméon
LUCÎ (éd. de Froissart, t. IV. p. xxxi, note t).
T- 15 —
Erance, conçut lo hardi projet do s'emparer par surprise du
château do Calais, jugeant qu'il pourrait ensuite sans trop
do peino enlever la ville aux Anglais. Comme le dit Froissart,
« il estoiten coer trop durement courouciés du lo priso et dou
conques do Calais, et l'en desplaisoit par semblant plus c'a
nul aultro chevalier de Pikardio(l) ». N'ayant usa disposi-
tion quo dos troupes peu nombreuses, il essaya do pratiquer
des intelligences dans la place afin d'y pénétrer par ruse. 11
s'adressa à un personnage qui no*paraissait pas insensible
à la corruption, et qui d'ailleurs n'étant point anglais do
naissanco devait se laisser plus aisément séduire, Aimeri
de Pavle, Celui-ci n'exer«;uitpas un commandement impor-
tant (2), mais il avait sans doute la garde d'une des tours
ou d'uno des portes du château, et pouvait au moment
convenu introduire ou laisser passer uno troupe française
qui arrivant do nuit, a l'improvisto, aurait surpris et accablé
la garnison. Aimeri no demeura point indifférent a l'appât
d'uno grosse somme, 20,000 écus d'or, qu'on lui offrait, car
« Lombart sont de leur nature convoitons (3) », et l'affaire
fut concluo en principe.
Comment Edouard III apprit-il la trahison qui se prépa-
rait ? Lui fut elle découverte par lo Lombard lui-môme pris
de remords (-4) ? Ou faut il croire quo co dernier n'était
qu'un faux traître, chargé d'attirer les Français dans un
piège, co qu'on appellerait aujourd'hui un agent provo-
cateur (5) ? Nous no savons. D'après Froissait, lo roi
d'Angloterro mis au courant des relations d'Aimeri avec les
t(l) Froissait, éd. cit., t. IV, p, 70.
(î) Le capitaine était A cette époque Jean de Heauchnmp et II n'y avait
point, comme cela eut lieu plus tard, un commandant spécial pour lo
chAteau (Cf. G. Le Raker «lo Swynebrooke, éd. cit., p. 270 note, et Rré-
quigny, Mémoires de l'Académie des Inscriptions, t. L, p. GîS). Lo Raker
prétend que le traître s'appelait Alni.'ii de Padoue (l>aduensis)ct qu'il avait
été avec des Génois A la solde du roi de Franco dans Calais assiégé par
Edouard.lit; après la reddition de la ville, il 6emit passé au service de
l'Angleterre et aurait été employé A la défense de cette mémo place.
(3) Froissart, éd. cit., t. IV, p. 71.
(t) G. Le Raker, éd. cit., p. 101.
(6) Gilles LeMulsis dans le Corpus chronicorunt Flandria, t. It, p. 333.
ennemis, le manda à Westminster, lui arracha des aveux
complets et lui promit son pardon a la condition qu'il pour-
suivrait ses négociations et lui ferait connaître en temps
utile la date qui serait fixée pour l'exécution du marché.
Rentré à Calais, lo Lombard avertit Charny do so tenir prôt
pour la nuit du 31 décombro 1349 au 1er janvior 1350 (1).
Quelques chevaliors français seulement, Eustacho do Ribe-
mont, Jean do Landes, lo seigneur do Kreki, Pépin de Were
et Henri du Bos étaient dans lo secret; les autres, au nombre
de 500 lances no savaient où on les menait.
Le roi d'Angleterre, prévenu par lo frôro d'Aimeri do
Pavie, s'était ombar«iué a Douvros avec son fils, Gautier
do Mauny et G00 archers ; il arriva a Calais le soir, incognito,
et s'enferma dans son château. Pendant co temps, Geoffroi
do Charny avait quitté Saint-Omer avec sa troupe et, vers
minuit, s'arrêtait sur les bords de la rivière de Hem.
Il détacha en avant deux de ses écuyers chargés de s'abou-
cher avec Aimeri et do savoir si l'on pouvait s'approcher en
sûreté des murs do la place. Lo Lombard répondit qu'il
était disposé a tenir sa promosso si les Français tenaient la
leur et lui livraient la somme d'argent convenue. Charny
fit alors franchir le pont do Nieuley a ses soldats,et se fiant
6 la parole reçue, envoya douzo chevuliers et cent hommes
d'armes pour prendre possession du château ; il confia à
Oudard do Renti les 20,000 écus qui devaient récompenser
i.ïs bons offices d'Aimeri. Lo pont-lovis fut abaissé et
l'argent compté au Lombard lequel avorlit Renti qu'il allait
lui ouvrir la porte d'uno des grosses tours, co qui fut fait.
Los Français étaient a poino entrés qu'Edouard 111 et ses
compagnons so précipitèrent sur oux on poussant des cla*
mours; en un instant lo polit détachoment, surpris d'uno
alla(|Uo si soudaino ot incapablo do résister fut capturé et
enfermé dans une tour. Les Anglais montont alors a choval
et précédés des archers, sortent par la porte do Roulogno,
(1) Froissart, éd. cit., t. IV, p. xxxtt, note *.
— 17-
Geoffroi do Charny avec le gros de sa troupe s'était arrêté
devant cette porte et attendait avoc impatience le moment
d'entrer dans la ville. La porte s'ouvrit, mais ce fut pour
donner passage aux ennemis. Les François, mal préparés au
choc et tout d'abord troublés, se reprirent bientôt et mettant
pied a terre, so défendirent courageusement; une furieuse
mêlée s'engagea près des murs de la place; Edouard III qui
s'y trouvait au premier rang eut à soutenir un combat sin-
gulier contre Etistache do Ribemont; les deux adversaires
luttèrent avec tant d'ardeur a que il lesfaisoit moult plaisant
veoir (1) ». Mais malgré leur vaillanco, les Français durent
cédor au nombre ot coux «|tii ne périrent pas furent faits
prisonniers. Pendant ce temps, un détachement anglais
s'était dirigé vers le pont do Nieuley afin de l'occuper et de
couper la retraite aux assaillants ; il s'était heurté contre
des troupes laissées là par Charny et les avait dispersées
après un engagement sanglant où plus de cent vingt français
trouvèrent la mort. Henri du Ros et Popin do Were furent
tués; Eustacho do Ribemont so rendit à Edouard III qui
emmena ses captifs au château, les traita avec honneur et
los invita a souper. Le roi fit môme présent do son
« chapelet » richement garni do perles au brave avec qui
il venait do lutter corps a corps et lo remit en liberté tandis
.que les autres chevaliers demeurèrent prisonniers.
G. Lo Raker do Swynebrooke (2), qui nous a laissé de la
malheureuse tentativo do Geoffroi de Charny sur Calais un
récit dont les détails sont assez, différents de ceux quo

(1) Froissart, éd. cit., t. IV, p. 00. D'après ce chroniqueur, le roi d'Angle-
terre aurait combattu sous la bannière de Gauthier de Mauny. Le fait ne
semble pas exact, comme l'a remarqué Bréqulgny (Métn, de l'Acad. des
/»wc>\, t. L. p. 031), car Edouard III accorda plus tard une pension a un
certain Guy de Brian qui avait porté sa bannière pendant la mêlée
(Rymer, R. E. t. III, pars I, p. 105). In quartier de cette rente nu payé
le *0 avril 1350 ! Guy recul 00 livres, 13 sous, 4 deniers (P. R. O. Issue
Roll 802).
(t) Le Baker, éd. cit., p. 101 et 103. .Son récit contient des détails plus
curieux que vraisemblables sur les ruses employées par le roi d'Angleterre
pour surprendre le* Français.
—.18—
Froissart et Jean Le Bel nous fournissent, termine sa
narration en disant qu'Aimeri fut puni de sa trahison:
capturé par los Français a quelquo temps de lu,il périt d'un
supplice affreux, los talons coupés, la languo arrachée, son
corps pendu puis ôcartolé. La Chronique des quatre pre-
miers Valois nous confirme cette mort tragique. Le Lombard
fut pris par le maréchal d'Audrohem et amené 6 Saint-Omor:
« laie fit le mareschai si tourmenter que a grans tenailles
do fer l'on luy ostoit et evrachoit la char, ot ainsi mourut
de dure mort (!)_».

II

Le duc de Bourgogne.

Le mauvais succès delà tentative de Geoffroi de Charny


contre Calais découragea pour longtemps les Français. En
revanche, cot audacieux coup de main', qui faillit réussir,
instruisit les Anglais a veiller avec soin sur leur précieuse
conquête et à la mettre à l'abri oh l'entourant do fortifica-
tions solides et en y plaçant une .garnison importante :
ayant ainsi fait, ils repoussèrent sans peine les efforts du
duc de Bourgogne, Philippe-lo-Ron, et peu à peu ils en
•vinrent a penser quo Calais élait imprenable à cause do la
force de ses remparts, de sa situation au milieu des marais
et,dp sa proximité do la métropolo qui permettait d'y porter
rapidement des secours en cas do besoin. Us en furent si
persuadés qu'ils finirent par négliger foute précaution et
c'est grâce à leur confiance exagérée que le duc de Guiso
put s'emparer en pou de jours de la ville qui redevint
française le' 7 janvier 1558.
.

(1) Chronique des quatre premiers Valois, éd. Luco, p. ÎJO,


— iîi:—
Il semble, a vrai dire, que durant toute la périodo qui
s'écoule entre 1347 et 1558, les rois do Franco aient porto
assez pou d'attention a la cité qui leur avait été enlevée.
Les seuls projets suivis d'un commencement d'exécution,
les doux soûles tentatives sériousos pour arracher la place
dos mains do l'ennemi furent faites sinon à leur insu, du
moins sans leur concours. Geoffroi do Charny agit proba-
blement do son initiative privéo et avec les troupes placées
directement sous ses ordros ; rion ne prouve que Philippe
de Valois ait été averti de son dessein et l'ait aidé en
quelque façon. Quant a l'attaque dirigée en 1136 par le duc
de Bourgogne Philippole-Bon, il apparaît bien que celui-
ci travaillait pour lui môme et nullemont pour le compte de
Charles VIL
Il n'en est pas moins vrai quo la vigilance des Anglais
était do temps à autro plus particulièrement sollicitée et
quo los mouvements de troupes qui s'opéraient en France
los engageaient à certains moments à redoublor de précau-
tions pour conserver uno ville dont la possession leur
importait au plus haut point. Les documonts nous permet-
tent parfois do surprendre leurs inquiétudes. C'est ainsi
que Charles V ayant, pondant l'été do 1369, fait dos prépa-
ratifs guerriers ot équipé une Hotte importanto, le Parle-
ment s'émut ; sous so pression, Edouard 111 effrayé pour
le commerce qui so faisait à Calais, ordonna quolo siôgo de
l'Etaple dos'laines serait ramoné en Angleterro (1), et pour
parer «V tout événement, envoya do l'autre côté du détroit
dans les premiers jours d'août son fils, lo duc do Lancastre,
avec de nombreux chevaliers, 600 hommes d'armes et
1500 archers. Un peu plus tard, en 1371, au Parlement
tenu à Woslminster pendant la premièro semaine du
carême, l'évoque de Winchester, chancelier du royaume,
annonça que le roi do Franco avait violé la paix et mena-
çait les terres anglaises du continent, on particulier Calais
(\).Statutes of the Realm, t. I, p. 390; Froissart, éd. cit., t, VII, p. 15S,
-20-
et Gutnes ; il réclama des subsides afin de pourvoir a leur
dôfenso (1). Après la vicloiro romportéo a Rosbccque, le
26 novembre 1382 par Charles VI ot ses oncles sur les
Flamands, on craignit oncoro uno agrossion française
contro lo territoiro britannique voisin de la Flandre : le
12 décombre (2), Richard 11 ou plutôt los régents qui
gouvernaient on son nom prescrivaient a l'amiral de la
fiotto d'arrêter dans tous los ports du royaumo les navires
jaugeant plus de 20 tonneaux, de les réunir à Sandwich et
do los tenir prêts pour lo transport des troupes. Quand ce
mémo Richard II eut atteint sa majorité ot qu'une intrigue
do palais ronversa ses favoris l'archevêque d'York, Aloxan-
dro Novil, Robert do Veer,duc d'Irlande,Michol de la Pôle,
comto do Suffolk, Robert Tresilian et Nicolas Drembre, on
porta contre ces derniers tronto-neuf chefs d'accusation
parmi lesquels figurait lo dossein de livrer Calais au roi do
Franco (3). Les accusés furont condamnés a mort et exécu-
tés à l'exception do l'archevêque d'York ( i) qui, chassé do
son siège, s'enfuit en Flandre et y mourut simple parti-
culier.
Jean-sans-Pour, duc de Bourgogne avait, en 1405, enlevé
aux Anglais lu ville do Gravelines, Enhardi parce premier
succès, il forma lo projet do s'emparer do Calais, et Mons-
trelet reconte qu'il envoya une ambassado à Paris vers le roi
de France ot son conseil afin de solliciter un secours en
hommes et en argent pour exécuter une si difficile entre-
prise. Il essuya un refus dont il fut très mortifié, car il
l'attribuait au mauvais vouloir du duc d'Orléans son
ennemi porsonnol (5). Il semblo qu'en 1410, après sa
(1) Rolls of Parliament, t. II, p. 303.
(2) P. R. O. Early Chancery Roll 327, memb. 15.
(3) Parlement tenu à Westminster, le 3 février 13S8 {Rolls of Parlia-
ment, t. III, p. 831).
(4) John Lingard. Historij of F.ngland, éd. de 1844, t. IV, p. 217
(note).
(5) La Chronique d'Enguerran de Monstretet, éd. Douët d'Areq, t. I,
p. 107. La chronique anonyme du règne de Charles VI (imprimée à la
suite do Monstrelet éd. cit. t. VI, p, 194) s'exprime ainsi : « Eu cet au
-21 -
victoirosur K>s Liégeois et sa réconciliation avoc Charlos VI,
il ait oncoro monacé les possessions anglaises, car au Par-
lement, l'évôquodo Winchester « monslra.... cornent lo duc
do Bourgoigno q'ad a présent la gouvornanco de roialmo
do Fraunce s'ad purposé en tout lo forsiblo monero qu'il
porra do venir devers Caloys pur y faire lo malo qu'il
purra(J)», et qu'on craignit une agression do sa part.
Mais rion no fut tenté a co mument.
On sait que Jean-sans-Pour ayant été assassiné sur lo
pont do Montereau, son fils Philippo-lo-Bon so lia étroite-
ment aux Anglais ot contribua puissamment à lours succès ;
lorsque, graco a Jeanno d'Arc, la fortuno changea, lo duc,
mécontont d'aillours do ses alliés, «consentit a so rapprocher
du roi do Fronce ot ontama avec lui dos négociations qui
aboutiront au traité d'Arras. La paix fut rétablie entre les
doux princes, a la grande joie do la France entière qui
espéra de leur union la fin do ses maux. Quand Paris eut
été repris aux ennemis, Philippo-lo Bon, pour scellor défi-
nitivement sa réconciliation, résolut d'attaquer lui-môme
ses amis do la veille et de donner suite au projet que son
meisme, fist le duc de Kourgogne une grande et noble assemblée do gens
d'armes environ Saint-Omer, et fist carpenter grant foison d'engiens et
hnbillemens do guerre pour assiéger la ville do Calais. Et furent tous
ordonnez, et banyères desployez pour aller mectre ledit siège. Et estoient
les processions faictes par les bonnes villes de Piccardie et de Fland.es.
Mais par mandement très especial du roy de France, ilcovint laissier
ladicte emprise. Et fu commune renommée que le duc d'Orléans fu cause
de ladicte deffeuce, dont le duc de Bourgongne fut très dolaut ; et recom-
mença la guerre et la haynne plus grande que oneques mais ». Le fait est
rapporté à l'année 1400, mais nous pensons que la date de 1405 indiquée
par Monstrelet doit être adoptée do préférence, car elle est confirmée par
les documents relevés par M. Ernest Petit {Itinéraire des ducs de Bour-
gogne, p. 350). Jean-sans-Peur quitta Arras le 14 août 1405 : le projet dont
il s'agit se rapporterait au mois de juin ou de juillet. D'après la chronique
anglaise connue sous le nom de Continuatio Eulogiihistoriarum(co\\ec-
tion du Maître des Rôles, t. III, p. 418 le duc de Bourgogne aurait fait
,
construireà Saint-Omer une formidable machine de guerre pour attaquer
Calais ; un habitant, acheté par les Anglais, y aurai! mis le feu, et cet
engin aurait été complètement détruit. Arrêté et exécuté, l'incendiaire, au
moment de mourir, aurait déclaré qu'il avait <^\ :>our éviter l'effusion do
sang humain.
(1) Rollt of Parliament, t. III, p. 6M.
père avait formé de conquérir Calais. Dopuis qu'il avait
rompu avec les Anglais, lo duc do Bourgogne voyait on
eux dos voisins redoutablos ot désirait vivomont lotir porter
les coups los plus sonsibles.
Mais on no pouvait s'engagor a la légère dans uno entre-
prise aussi considérablo. Philippe tint plusiours réunions
où son dossoin fut discuté. Les avis do ses cnnsoillors
ôtaiont partagés : los uns voulaient « i|u'il assemblast sa
puissance do tous ses pays pour résislor contro les diz
Anglois, ot conquerre la villo de Calais qui estoit son héri-
tage »(1) ; los autres faisaient ressortir lo danger auquol on
s'oxposail en attaquant los Anglais dont on devait redouter
les incursions sur les terres bourguignonnes. On no savait
du reste si lo roi do Franco approuverait lo projet ot en
appuierait l'oxécution. Il convient do noter en offot, que
Charles VII n'aida nullement le duc do Bourgogno dans
son enlropriso contre Calais : ses troupes avaient alors fort
à fairo dans d'autros parties du royaume et il so souciait
peu de contribuer à co que son puissant cousin mit la main
sur une place do premiôro importance qu'il revendiquait
commo successeur dos anciens comtes d'Artois.
Décidé à marcher avec sos seules forces, Philippe se
rendit à Gand et assembla « en sa chambre dos collacions »
los échevins et los doyens des métiers ; il les fit haranguer
par un do ses conseillers, maitro Grossowin Le Sauvage.
Celui-ci rappela quo Calais avait appartenu jadis aux pré-
décesseurs du duc, que depuis la paix d'Arras, les Anglais
avaient « fait plusieurs entroprinses a rencontre do luy, ses
pays et subgectz », et « oscript et proclamé de très grans
injures et diffames contro sa personne ». Il ajouta que la
ville de Calais aux mains do l'Angleterre était « moult
préjudiciable a toute la contrée do Flandres », car l'étain,
les laines, le plomb, les fromages qu'on y achetait ne pou-
vaient pas être payés en monnaie de bon aloi, mais « leur
(1) Monstrelet.éd, cit., t. V, p. JJ3, tl4ettt5, .
- -23

convonott baillor or ou argent fondu ot affiné, co quo ne


fesoiont point los aultrcs pays, lit ce relateront ostro vray
lesdiz doyonsdosmesliors. » Les Guntois accueillirent donc
avec onthousiasmo la proposition qu'on lotir fit de marcher
conlro uno cité où lo commerce subissait tant d'entraves.
Dans les autres villes de Flandre, l'empressement no fut
pas moins grand ; beaucoup de gens trouvaient même quo
l'on tardait trop a se mettre en routo. Tous ces bourgeois
vanitoux élaiont « desirans do monstror comment ilz
estoiont bien armés, ot pourveus d'ongions ot aultres babil-
lomons do guerro. Si procédèrent on co arrogamment et
]K)inpeusemont. Et pour vray, il leur sombloit que la
dessusdicto villo de Calais n'aroit poil do durée contro
eulx. » Lo duc alla jusqu'en Hollande demander ù ses
sujots des soldats et des navires.
Les Gantois avaiont promis pour l'armée 17.000 hommes:
ils furent rassemblés ot équipés pendant les promiers mois
de l'annéo 1436. Tous ces soldats improvisés qui avaient
abandonné leur métier, passaient lo temps dans les tavernes
à boiro ot à se disputer ; il devenait presquo impossible de
maintenir quelque ordre parmi eux, lorsqu'onfin Philippe
arriva en Flandre. Lo 9 juin, il passa en revue les contin-
gents des diverses villes et les achemina vers Calais par
Hazebrouck, Bourbourg et Gravelines. Accompagné du
.
connétable do Richomont, il assista à un nouveau défilé de
ses troupes, admirablement équipées, suivies d'une multi-
tudo de chariots, pourvues do tout le nécessaire ot inêmo
du superflu, car « sur chascun chariot avoit un cocq pour
chantor.les heuros du. jour ot do la nuit. » On passa la
rivièro de Gravelines et l'on campa à Tournehem. Le comte
d'Étampes, lieutenant du duc, assiégea la petite forteresso
d'Oye et s'en empara facilement ; les défenseurs, sauf
quatre ou cinq furent pondus. Un si léger succès accrut
démesurément la présomption des bourgeois de Flandre :
ils croyaient qu'au seul bruit de leur approche^ les défen-
- 2i —
se tirs do Calais s'enfuiraiont, et mémo ils critiquaient leurs
chofs t|ui n'avaient point envoyé uno flotte dans lo détroit
pour bloquor lo port ot coupor la rotraito aux fuyards. En
môme temps, ils no cessaient do soquorellorovec los contin-
gents do Picards <|ui faisaient partio do l'arméo.
Los Anglais qui senluionl la nécessité do réparer leurs
récentes défaites ot do relover leur prestige militaire compro-
mis, étaient bien décidés 6 so défondro vai!lammont,'« et
pour vérité, dit Monstrolot, lo roy d'Anglotorro, coulx do
'ion conseil ot tous les trois estas d'ycelui royuumo d'An-
gletorro eussent avant laissié perdro toute la conquoslo
qu'il/, avoient faite ou royaume do Franco depuis trente ans
par avant, que la dicto villo do Calais » (1). Dès lo
18 juin, Henry VI prônait les mesures nécessaires afin de
pourvoir la place d'uno forte garnison et mobilisa uno
flotto placée soirs les ordres du comte do Huntingdon (2).
Le château d'Oyo ayant été pris ot démoli, on assiégea
Marck. Les défenseurs après uno sortie malheureuse furent
obligés do se rendre à condition d'avoir la vie sauve: au
nombre de cent quatre, ils furent emmenés prisonniors à
Gand. L'arméo bourguignonne se rapprocha alors de
Calais et les Flamands s'installèrent, à on croire Monstre-
let (3), sur remplacement mémo où Jacques Artoweld avait
planté ses tentes en 1347; les machines de guerre furent
dirigées contre la place, mais l'artillerie anglaise était si
bien sorvie «juo ses projectiles forcèrent los assaillants à
reculer et à établir leur camp à bonne dislance. Le duc
faillit môme périr dans une reconnaissance : une « grosse
pierre de canon » tomba près do lui, tuant un trompette et
trois chevaux.
Les Anglais faisaient de fréquentes sorties dont le résul-
tat élait variable suivant les troupes qu'on leur opposait.
Les Picards remportaient souvent l'avantage ; quant aux
( 1)Moiutrelet, éd. cit., t. V, p. «4», «43.
(8) Rymer, éd. de La Haye, t. V, pars I, p. 31,
(3) Monstrelet, éd. cit., t. V,p. U$,
— 88 -
Flamands, « ilz estoient assez pou crémuz d'ycoulx Anglois,
ot lour sombloit quo s'ilz n'ouyssent quo trois Flamongz
contre l'un d'oulx, qu'il/, on vonissent bion a chof »(1).
Mais s'ils faisaient peu do besogne, en rovunche les Fla-
mands faisaiont boaucoup do bruit ot parlaient énormément.
Us so plaignaient sans cosso du relard des vaisseaux qui
devaient venir croiser dans lo détroit afin d'empêcher lo
ravitaillomont do la placo; on les calmait commo on pou-
vait. Et do fait grâce a l'absonco d'uno llolto, los'navires
anglais venaient cliaquo jour a Calais, amonant dos troupes
fraîches, dos vivres et des munitions. Du côté do la terro,
l'investissomont était si pou sérieux quo les assiégésfaisaient
sortir leur bétail hors des romparts et lo menaient paitro.
Los Flamands essayèrent plus d'uno fois do son omparor,
mais ils furent toujours vigoureusement repoussés. Un
héraut d'armes anglais nommé « Konnebrouck » so pré-
senta au campbourguignon.chargépar lo ducdoGloucesler
d'avertir Philippequ'il viendrait avant pou lo combattro sous
les murs de Calais ou «ju'il irait lo chercher dans ses
propres états. Le duc do Bourgogne répondit quo s'il plai-
sait à Dieu, l'ennemi le trouverait à la placo qu'il occupait
et renvoya lo héraut comblé do présents (2), Lo 3 juillet
113G, on effet, le roi d'Angleterre mandait à ses vassaux de
se tenir prêts à s'embarquer avec lo duc de Gloucestor à
Sandwich le jour de Sainte Madeleine (22 juillet) (3). En
môme tomps, pour assurer l'armement et l'approvisionne-
ment do ses troupes, il défendait expressément aux armu-
riers d'augmenter lo prix do lour marchandise, commo ils
avaient l'intention do lo fairo, et enjoignait aux négociants
en farine, vin, bière, poisson, viande, arcs, cordes et
flèches de transporter leurs denrôos à Calais pour les
vendre à l'armée qui y serait rassemblée.
S'attendent donc à uno attaque, Philïppe-lo-Bon sentit la
(1) Monstrelel, éd. cit., t. V., p. 816.
(t) Ibidem, p. 210.
(3) Rymer, éd. de La Haye, t. V, pars I, p. 3ï.
- se-
nécessité do ranimer l'ardour dos Flamands. 11 so rendit
dans la lento do Gandot pria les chefs do demourer avec lui
sous les murs do la placo pour comballro l'ennemi. Gaulois
et Brugolins promirent leur concours. On imagina alors do
construire sur uno éminenco une baslillod'où l'on découvri-
rait les mouvomenls des Anglais. Los assiégés essayeront a
plusieurs reprises do s'en emparor, mais sans succès.
Enfin, lo joudi 25 juillet, on aperçut la flotlolantattenduo
qui dovait empêcher l'arrivéo des renforts.Pour miouxformor
lo port a tout secours vouant d'Angloterro, on eut l'idéo do
couler a l'issuo du chenal qualro grosses nefs remplies do
pierres. Mais à maréo basse, loutola population do Calais
courut auprès do ces vaisseaux, y mit le feu, disporsa los
pierres malgré les projectiles lancés par les Bourguignons
ot l'effet docetto manoeuvre fut perdu. D'ailleurs, la flotte do
Philippe no pût so maintenir dans lo détroit a cause du
mauvais état do la mer ot so retira vers le nord. Son
départ exaspéra les Flamands qui recommenceront a, mur-
murer contre leurs chefs, se prétendant'trahis; on los
apaisa à grand peine. Le 27 juillet, les assiégés sortirent
en nombre pour attaquer la bastillo récemment élovéo :
défendue mollement par trois ou quatre conts Flamands,
elle fut prise ot sa garnison massacréo en partie. Ce désas-
tre redoubla la mutinerie des gens des communes ; des
groupes de séditioux so formèrent où l'on accusait les nobles
de manquer à leurs promesses, où l'on criait bien haut à la
trahison, et où chacun demandait à quitter l'armée et à
rentrer dans sa ville. Lo duc, averti de co qui se passait, se
rendit fort anxieux auprès des robelles, essaya de calmer
les esprits échauffés, leur représentant que les Anglais
allaient bientôt débarquer et qu'il faudrait les combattre
sous peine d'être déshonorés. Ce fut peine perdue; ceux
quideuxmôis auparavant étaient si impationtsdose mesurer
avec les ennemis ne songeaient plus qu'à se retirer dans leurs
foyers et ne voulaient pas entendre parler d'autre chose.
-.27 -
Philippo essaya an moins d'obtonir quo lo rotraito des gons
dos communes so fit on bon ordro ; il offrait do los conduiro
jusqu'à Gravolinos sous l'escorto do sos troupes régulières.
Les préparatifs du départ s'effectuèrent au milieu d'uno
oxtrômo confusion ; quolques mutins, plus excités, vou-
laient mémo pénétrer auprès du duc ot tuor ses conseillers
lo soignour do Croy, Baudo do Xoyollo ot Jean do Brimeu.
Loscharrottosetlosehovaux se trouveront on nombro insuf
lisant pour transporter tous los bagagos dos Flamands :
uno grando quantité do vivres et d'offels do toutos sortes
fut abandonnée. « Si so commoncorent a deslogier en
faisant très grand bruit, crians tous à uno voix en très
grand multitude : Gawo, gawe ! nous sommes tous trays,
qui vault autant diro : Alons, alons ! en nos pays (1). »
Ils mirent lo fou au camp et so dirigèrent vors Gravo-
lines, marchant en désordro. Philippo « qui avoit au cuer
très grand tristesco » fit ranger en bataille lo reste de son
armée pour empêchor los Anglais de poursuivre ses sujets
dans lour honteuse retraite. Découragé lui-même, et réduit
à ses seules forces, il n'osa ni continuer le siège ni attendre
le duc de Gloucester ; il ordonna au seigneur do Croy qui
avait invosti Guinos de so retirer en Flandre. Il réunit son
conseil à Gravelines et on décida de mettre on état de
défenso les places de la frontière en prévision d'une attaque
do la part des Anglais. Uno dernière démarcho fut faite
pour obtenir des Flamands qu'ils restassent quelques jours
a attendre l'ennemi, mais ils n'y voulurent pas consentir,
et lo duc, voyant qu'il n'en pouvait plus rien tirer, leur
accorda co qu'ils sollicitaient c'est-à-diro la permission de
rontrer dans leurs villes. Ceux de Gand n'étaient point
encore satisfaits ot réclamaient que l'on donnât à chacun
d'eux uno robe, .commo c'était l'usago au retour d'uno
guerre. On leur refusa uno récompense qu'ils avaient si pou

(1) Monstrelet, éd. cit., t.V, p. 256.


- 28-
mdrttéq car il sembla « qu'il/, s'estoiont trop mal portés» (1).
Xoussovons qu'on n'épargna pas aux Flamands los raille-
ries au sujet do lour piteuse conduite pendant lacampagne(2)
ot qu'on les rendit responsables do l'échec du puissant duc
do Bourgogne. Il semblo bion quo co dernior fut très
mortifié do son insuccès et qu'il en garda un souvonir
durable Par crainto sans douto do voir «l'aulros réussir là
où il avait échoué, il s'opposa dans la suito aux projets qui
furent formés dans l'ontouragodu roi do Franco pour arra-
cher Calais à l'Angloterro. En 1150, notamment, nous
savons qu'une entreprise do co gonro aurait pu ôtro
couronnéo do succès, tant les Anglais étaient démoralisés
par uno longue suito do rovors; la torrour du nom français
avait élé propagée par ceux qui fuyaiont et s'étaient retirés
dans la dernièro ville quo leur nation possédât encoro sur
lo continent ; ils avaient représenté commo irrôsistiblo la
puissance des ennomis et leurs récits avaient provoqué uno
telle paniquo à Calais que les plus riches commerçants,
craignant uno atlnque immédiate ot se défiant de la résis-
tanco qui serait opposée, s'étaient hâtés d'envoyor Jours
marchandises f:i lieu sûr, do l'autro côté du détroit (3). La
mauvaiso volonté ou l'opposition do Philippo lo-Bon
empêcha quo l'on profitât de circonstances si favorables.
L'inquiétude des Anglais n'était point eucoro calméo en
1452, car lo 11 mars de cette annéo, Henry VI avertissait
le seigneur de Clifforddesprojets quo l'on formait en France
contre Calais ; il lui enjoignait de porter toute son attention
du côté do la terre, tandis que lo comte de Shrewsbury,
amiral do la flotte, protégerait la placo du coté do la mor ;
(H Monslrelet, éd. cit., t. V, p. 260.
( J)Chronique de Jean de Stavelot, dans Collection de chroniques belges,
éd. Rorgnet.p. 377.
(3) Histoire des règnes^ de Charles VII et de Louis XI par Thomas
Busin évéque de Lisieux, édition Quicherat, t. 1, p. 247. «.... tantus Anglo
rum menton armorum nominisque gallicl terror invasit, ut profecto si ad
expugnaudum oppidum Calesii sine remoratione ne dilatione Fraucorum
rex, non obsisteuts Burgundionum duce, suas copias admovisset, absque
magno et diftlcili negotio Id tum féliciter perfleere potulsset »,
-^fi-
le 22 du mémo mois, il envoyait dos instructions détaillées
sur la manière do défendre la place (1). Ces alarmes furent
vainos, car rien no fut tenté pour déposséder los Anglais.
On ne répondit pas non plus favorablement aux avances
«jui furent faitos à Charlos VII par Jacques II roi d'Ecosse
en 1-1Ô5 (2). Co prince proposait quo l'on mit à profit l'état
si troublé des a flaires intérieures de l'Angleterre pour
combiner uno action commune: il faisait remarquer quo
les Anglais détenaient contre tout droit Calais ot Berwick-
sur-Tweedo et demandait quo l'on assiégeât simultanément
ces doux villes. On peut s'étonner qu'aucun effort no fut
tonte pour chassor les onnomis du sol do la patrio alors
quo les Anglais so déchiraient entro eux dans une lutte
cruolle où les partis do la Rose rouge et do la Roso blanche
montraient un acharnement sans oxemple.
Au cours do la guerre civile qui sévissait sur lo territoire
britannique, Calais fut copendant l'objet d'uno négociation
quo nous devons signaler. On sait quoMarguerito d'Anjou,
femme du faible Henry VI, après que son mari eut été fait
prisonnier, soutint avec uno énergie virile ses droits à la
couronne. Réfugiée d'abord on Ecosso, puis en France, elle
chercha à intéresser Louis XI à la causo do son époux et
de son fils. Il lui fallait des subsides pour reéommencer la
lutte, et pour en obtenir, ello mit en gage la ville de Calais.
Le 23 juin 1-162, ello signa une reconnaissance do 20.000
livres tournois; ello promit qu'aussitôt rendu à la liberté,
Honry VI confierait le gouvernementde la placo soit à Jasper
comte de Pembroke, soit à John comte de Kendale; celui de
ces deux seignours qui serait choisi prêterait serment do
remettre, dans le délai d'un an, aux commissaires du roi de
(1) Bibliothèque Nationale, fonds Moreau, OSî. folios 97, 103 et 107.
(i) Letters and papers illustratire of the english ivars during
Henry VI, t. I, p. 3îl. « Quia proedicti Anglici, communes hostes
utrorumque regnorum injuriose et malitiose detinent de regnls Francise
et Scotiaj oppida, scilicet Callcic et Beruicic ; et si placuerit chrisltanls-
simo régi obsidium ponere oppido Calice, pnedictus rex Scotiie simlliter
contentus est ponere obsidium oppido Beruicio ».
— 30-
France la ville ou la sommo prêtée. Si los 20.000 livros tour-
nois n'ôlaient pas remboursées au terme fixé, Calais reste-
rait à Louis XI qui pour prix de cette acquisition verserait
au roi anglais 40.000écus(l). Grâce aux fonds ainsi obtenus,
Marguerite lova des troupes ot rotourna en ^Angleterre.
Mais los stipulations insérées dans l'acto dont nous vouons
de parlor resteront lettre morte, car la reino fut forcéo do
s'enfuir encoro uno fois et trouva à grand poino uno barquo
qui la conduisit en Flandro d'où ello so rendit auprès do
René d'Anjou, son père.
Au reste, il somble quo Louis XI ne songoa guère à
expulser les étrangers du dernier point qu'ils tinssent
encore en Franco: toutes ses entreprises avaient pour but
d'abattro lo colosso bourguignon et do détruire la grando
féodalité. Ce qu'il craignait par dessus tout, c'était de voir
los Anglais s'allier à Charles-le-Téméroiro et so mêler aux
guorres civiles où ils avaient ou si beau jeu pendant la
premiôro moitié du XV0 siècle. C'est à cetto pensée qu'il
faut attribuor l'empressement qu'il mit à so défendre « do
vouloir toucher au moindre village do la terre de Callaix » ;
« quant aucun y vouldroit entreprendre, jo lo vouldrois
doffondro à mon pouvoir » (2), disait-il dans uno lettre
adresséeau seigneur do Rasting, chambellan d'Edouard IV,
pour démentir lo bruit qui courait qu'il so trouvait à Bou-
logne ot songeait à assiégor Calais. Avant do mourir, il
recommandait encoro à son fils « do no moner nulle pra-
tique sur Calais ni ailleurs ,
mais qu'elles ostoient
dangereuses' et par espôcial celle do Calais, do paour
d'esmouvoir les Anglais » (3).

(1) Archives Nationales J, 648 n° 2. Cette pièce a été publiée dans les
Anchienncs Cronicques d Englelerre par Jehan de Wavrin, édition- de
M"e Dupont, t. III, p. 170.
.{%) Mémoires de Philippe de Commynes, édition de M"« Dupont, t. II,
p. 219, note.
(3) Ibidem, t. II, p. 260.
CHAPITRE III

CALAIS RECONQUIS

A qui revient l'honneur d'avoir ponsé lo promier à assié-


ger Calais et à chassor définitivement los Anglais ? C'est
une question à Iqquolle il est difficile do répondre car les
contemporains no sont point d'accord. «J'ai ouy dire quo
feu M. l'admirai fut lo premier invantour do costo entre-
prise, dit Brantôme (1), et que durant la trefvo, il avoit
envoyé recognoistro cesto ville par M. do Briquemaut......
Lùy donques, ayant très bien recogneu la placo (dosguisô
co disoient aucuns), en fit rapport a-M. l'admirai ; ot la
rendit si facile a prendre quo M. l'admirai en fit la-
dessus des mémoires très beaux et en prôjotta le dessein,
et en tira lo plant; et do tout en discourut au roi qui y
prend goust et en reservo l'exécution pour la première
lionne occasion. » D'après un fragment d'histoiro (2), écrit
peut-être par Flprimond Robertot, un-des secrétaires du
(Il Brantôme, Grands capitaines français, éd. Lalanne, t. IV, pp. 213
.
et 214.
(î) Bibliothèque nationale, ms. latin 14307. Ce ms. qui provient' de
Saint-Victor est composé d'éléments divers: il contient une petite chro-
nique relatant un certain nombre d'événements du règne de Henri II,
entre autres le siège et la prise de Calais parle duc de Guise. Nous la
croyons inédite et nous en avons fait usage pareeque ce récit nous a paru
plus détaillé et plus précis que ceux qui furent publiés eu grand nombre
après 1553 ; il a en outre le mérite de concorder assez bien avec le: témoi-
gnage de John Highfleld, maître de l'artillerie de Calais, que nous citons
dans les pages qui suivent.
« 32 -
roi, c'est Henri II qui aurait eu la première idéo d'assié-
ger Calais. Il est possible que la pensée lui en ait été
suggérée par Robert Dudley, comte de Leicester (1) et
d'autres Anglais réfugiés à sa cour. En effet, dans une
dépêche adiosséo à la reine Marie Tudor, lo 12 novembre
1556 (2) un certain docteur Wotton, chargé sans douto de
faire do l'espionnage on France, dit avoir reçu avis d'un
habitant de Rouen que l'on songeait à uno entreprise
contre Calais : Dudley et ses complices auraient promis
leur concours, et des gons do guorro so rassembleraient à
Rouen. Lo 17 novembre suivant (3), Wotton informait lu
roine quo co Dudley avait dit à Henri II quo les garnisons
du Calaisis étaient très insuffisantes, qu'à Gutnes par
exemplo où il aurait fallu 2000 soldats, il y en avait à peine
300 ; on récompense do co renseignement il aurait reçu
200 couronnes ot uno lettre de recommandation pour uno
riche damo qu'il désirait épouser. Lo 30 novembre .(>l)
nous apprenons do la môme source que le comte do Loices-
ter avait entamé dos négociations avec des marchands do
Calais qui n'étaiont point partisans do la religion catholique
que la reino essayait alors do restaurer dans ses Etals.
C'est peut être à co moment quo l'idéo d'uno tentative sur
Calais germa dans l'esprit do Henri IL Le sieur do Sénor-
pont, gotivornour du Boulonnais, fut chargé doreconnoltro
lu placo. Revenu do su mission et admis uti conseil, « il
desduisit tous les moyens qu'il y avoit do remporter en peu
do temps, tant pour la foiblesso do ladite place, la
facilité do la forcer, que pour le pou d'hommes «|u'ils (les
Anglais) y tonoient dedans » (5). Quoiqu'il en soil, le projet
tl) Robert Dudley, baron de Denblgh et comte de Leicester, Ills de John
duc de Northumberland, était né vers 153* \ il mourut le 4 septembre 1588.
il fut disgracié avec sa famille après la mort d'Kdnuard VI pour avoir
tenté de faire couronner Jane llrey. Kmprlsonné et condamné a mort, Il
fut gracié «>t mis en liberté en octobre 1654 ; il se réfugia alors en France,
«2) CaUndar of state papers. Foreign. Mary, p. 275,
(3) Ibia\>m, p. 277.
(4) lùidim.
(5) Bibl. tiat. m«. latin 1430?, p. 400.
-àà-
fut pris en sérieuse considération par lo roi qui attendit
l'occasion do l'exécuter. Pour ne rien livrer ou hasard, il
décida d'envoyer en reconnaissance un hommo expérimenté
et choisit pour cela lo maréchal do Strozzi.
Mais lo commencement do l'annéo 1557 no fut point favo-
rablo à la Franco ; lo 10 août lo connétablo do Montmo-
rency était battu à Saint-Quentin et peut-être qu'avec plus
d'audaco l'arméo do Philippe II serait arrivéo jusqu'à Paris.
Los Espagnols préférèrent heureusement s'emparer des
villes qui étaient à lour portée et qui résistèrent vaillam-
ment : lo roi d'Espagne, lassé, partit pour Bruxollcs au
mois d'oclobro et ses troupes so dispersèrent. L'occasion
sembla propico à Henri II do frapper un grand coup ; il
pensa quo les ennemis, lo croyant épuisé, no so tiendraient
pas sur leurs gardes, ot il résolut do tenter l'attaquo do
Calais. Il communiqua son projot au duc François do
Guise, récemment rovenu d'Italie, de qui lu Franco atten-
dait son salut. Le duc no manqua pas d'objecter au roi quo
les forces dont on disposait se composaient pour lu majeure
partio do contingents étrangers, à qui un mois de solde
était dû, (juo lo trésor était vide, et «[lie sans argent il était
à craindre qu'on n'en pût rien tirer.
C'est à co moment que revint le maréchal de Stroz/.i : il
était allé à pied oxnminer la position de Calais et ses appro-
ches. Il fut d'avis que certainement l'entreprise pouvait
réussir si elle était tentée au moment opportun, mais «juo
la saison actuelle, fin d'automne et commencement d'hivor,
no lui semblait pas propico. Lo roi no fut pas do cet avis:
d'après lui, la ville étunl entourée de marais, il serait plus
facile d'en approcher à une époque où l'on aurait chance
de trouver les eaux gelées ; en outre, et c'était là la raison
décisive, pendant l'hiver la garnison était très faible et les
ennemis ne s'attendaient nullement à une agression ; enfin,
les Anglais étaient occupés à la guerre d'Ecosse et avaient
envoyé de co côté leurs meilleures troupes. En définitive,
- 3i -
malgré les opinions contraires do ses conseillors, Henri II
demeura persuadé qu'il fallait agir sans retard. Sachant
que Coligny avait fuit des projets ou sujet de Calais, il
envoya « vers Madame l'admiralle, car M. l'admirai estoit
prisonnier do Saint-Quentin, lo petit Frequièrcs pour
luy faire voir dans les coffres et papiers do M. l'admirai
s'il n'y trouveroit point 'DUS ces mémoires ; co qu'il fit, et
les uyans rapporte/ au roy, il les confia a M. de Guyze» (1).
Le duc ne fut point convaincu par la lecture de ces docu-
ments et continua à élever des objections. « Aucuns
disoienl, ajoute Brantôme, «iuo M. de Guyze le disoit a fort
bon escient et par raison et a la vérité ; autres pour rendro
la chose ainsi difïieillo afin que par amprès la prise il s'en
acquist plus de gloire ot en triompha mieux ». Nous no
savons si le duc do Guise était ou non de bonne foi dans
l'opposition «|ti'il faisait à ce projet, mais lo roi eut lo
mérite de persister dans son intention et sut imposer sa
manièro do voir qui était bonne, ainsi quo l'événement lo
prouva.
Voyant donc qu'Henri II demeurait ferme dans sa réso-
lution, Guiso demanda qu'on fil provision do poudre et do
boulots pour tirer dix mille coups de canon, ot réclama do
Purgent. Là était la plus grosse difficulté, car il manquait
environ «|tiinze mille écus et on ne savait comment so les
procurer. Le cardinal do Lorraine s'employa à celle beso-
gne, se rendit à Paris et fit « telle diligence quo sur son
crédit et sa parolle, il trouva la somme de 300.000 livres,
dont purlyo fut recette uvunl son parlement et le reste ung
jour après, de fa«;on «|tio ce secours si a propo/ donna
moyen d'acheminer toutes choses ; et pour reeongnoistro
la lionne voltiulé de ceulx qui luy uvoient si liberallo-
munt preste ce «|u'il/. uvoient peu, il leur promit a
tous do les faire paier dans N'oel sans aucune faillie.
A ijuoi il tint lu muin si roidde, pour conserver la foy et lo

(1) Brantôme, Grands capitaines fiançais, éd. cit. t, IV, p. «II.


- - 35

crédit du roi ot le sien, qu'il/, furent tous satisfaictz huict


jours avant le terme qu'il leur avoit promis » (1).
Pendant qu'il concentrait ses troupes, lo duc de Guise
faisait reconnaître Ilam et ses environs par M. de Termes
et d'autres officiers. Vers le 15 décembre 1557, il achemina
ses forces vers Amiens par petits détachements pour no pas
attirer l'attention, et alla lui-mèmo s'assurer que les places
frontières de Guise, Chnuny et La Fèro étaient en état do
de résister à une attaquo. L'armée cependant avançait len-
tement ; les contingents étrangers s'arrêtaient de temps à
autre et refusaient dose porter en avant si on no les payait
pas, de sorte «tue le duc. était obligé de les prier et d'emprun-
ter de l'argent pour leur solder des acomptes. Malgré toutes
ces difficultés, le dernier jour de décembre, on campa à
Marquise, entre Boulogne et Calais.
Lo secret de l'entreprise avait élé gardé aussi bien que
possible ; néanmoins, Lord Wenlworth, député do Calais,
apprit le mouvement des troupes françaises, s'en émut et
en informa la reine Marie. Bien «pie la rumeur publique
assignât comme but à celte expédition le ravitaillement
d'Ardre*, une certaine inquiétude se faisait jour dans la
dépêche qu'il adressait le 2(1 décembre (2) : il craignait que
ces préparatifs servissent à masquer quelque mauvais des-
sein contienne des places de Sa Majesté. Aussi a I il réuni lo
conseil de Calais el u ton décidé qu'on se tiendrait sur ses
gardes et «ju'on prierait la reine d'envoyer une itotte dans
le détroit pour assurer les communications avec l'Angle-
terre. Lo 27 décembre(1),l'anxiété de Wontworlh redouble:
il convoque de nouveau le conseil qui délibère sur'oo qu'il
conviendra de faire si l'on est attaqué, et Ton est d'accord
pour abandonner (iuines. Le député termine en disant
t|it'il ne sait s'il pourra résisterait cas où l'ennemi l'assié-
gerait, car il n'a à sa disposition qu'un nombre très restreint
(l.>llibl. nat. ms. latin 11307, p. 472.
(S) C<dcndar of state papa'.i. Forcign. Mary, p. 351
(3i Ibidem,
- - 36
de soldats. Lo 29 décombro, la reine répondit qu'aucun
point du territoire ne devait ôtro évacué à moins d'urgente
nécessité (1).
Lo duc de Guiso étuit à la têto do 10.000 Suisses,'do 6.000
lansijuenets, do 800 pistoliers, do 500 hommos d'ormos, do
400 chevaux légors, d'enseignes françaises et d'une artille-
rie considérable, « do façon qu'il no luy restoit plus quo
assuillir Caluis, co qu'il eust peu poult ostro faire cinq ou
six jours plus tost qu'il no foist, mais il n'y voullut jamais
arriver quo l'onnéo 1557 ou il estoit à compter du 1er jour
do l'an, ne feust passée et rovoluo, pour co qu'elle avoit osté
si malheurouso au roy et tant defîavorablo à ses affaires
qu'il no voulloit durant icello exécuter uno si bello entro-
prinse qu'il voyoit noso pouvoir sans ung tropgrant malfair
faillir » (2).
Lo lor janvier 1558, l'urméo frunçaiso entra en Caloisis;
son avant-gardo engagea co mémo jour avec les uvant-
postes anglais uno escormoucho qui est rapportée en termes
très vogues par lo député do Culais dans une dépêche
adrcsséo à la roino (3). Lo 2, les Français parvinrent à
l'extrémité d'une chaussée qui, à travers los marais, condui-
sait au pont do Nieuley. Cette chaussée élail commandée
par un boulevard do terre, formé de quutro petits lianes et
protégé par un fossé. Les défenseurs de co retranchement
tirèrent «juolques volées de canon ot d'arquebuse contro les
troupes du duc do Guiso. Andelot ordonna alors à deux
détichemenls d'arquebusiers de marcher l'un à droite,
l'autre à gaucho duns 1. direction do ce fortin, tandis
qu'une autre fraction « avecq forco noblesse qui s'esloit
mise a pied », s'avançait vers la porle. Les soldats qui s'y
trouvaient n'attendirent pas l'assaut et se réfugièrent au
fort Nieuley. Le soir mémo du 2 janvier, quand ce premier
obstacle franchi eut luissé libre la roule do Culais, lo duc
(1) Calcndar of slatc papcrs. Foreign. Mary, p. 352.
(t) lUbl. nat. ms. latin 14307, p. 479.
(3) Calcndar ofstalepapcrs. Forcign, Mary, p. 354.
- - 37

de Guiso s'en alla camper du côté dos dunes dans lo voisi-


nage do lo mor ; tandis quo l'armée s'installait, il alla
reconnaître les abords du fort Niouloy malgré le feu do
l'artillerie anglaise. Un meslro do camp des bandes fran-
çaises qui so trouvait à ses côtés eut le pied coupé par un
boulot de canon. A l'oxlrémilé dos dunes, commandant
l'entréo du port, so dressait un autre fort appelé lo Rysbank,
dont l'importanco était considérable, car il assurait les
communications entre la ville et l'Angloterro. Il y avait
donc lo plus grand intérêt à s'en emparer ; c'est pounjuoi
à la tombée do la nuit, Guiso voulut en oxaminer les appro-
ches, ,co qui était fort difficile, puisquo pour y arriver il
fallait suivre la grèvo à découvert et à la merci des feux do
co château. Néanmoins le duc, accompagné do son frèro
Aumalc, du maréchal de Strozzi ot do ses principaux offi-
ciers parvint jusqu'à moins do trente pas du Rysbank.
Lo commandant do l'artillerie do Calais, John Ilighfield
qui nous a laissé uno précieuse relation du siège (1), rap-
porte qu'il proposa le 2 janvier à Lord Wentworth d'ouvrir
toutes les écluses et do luissor les oaux de la mer se répan-
dre dans la campagne ufin d'empêcher les ennemis do s'ap-
procher do la ville. Lo député do Calais lui répondit qu'il
n'était pas nécessaire d'en venir à cet expédient, »|ti'il n'y
avait point d'apparence quo lo siège fût poussé plus loin et
que, du reste, les prairies uno fois inondées, les assiégés
ne pourraient plus y envoyer pattro leur bétail et quo l'eau
de la rivière infectéo par l'eau saléo deviendrait impropre à
la fabrication do la bière dont on n'avait qu'une petite quan-
tité. Ce même jour du 2 janvier (2), Wentworth envoya à
la reino uno longue dépèche, où il raconte assez confusé-
ment «|ue les Français so sont emparés des boulevards
extérieurs do la place dont les défenseurs se sont retirés «MI
bon ordre et ont même fait trois prisonniers. 11 termina en
11) Karl of llnrdwieke. MisccllaneousState Papcrs, (i vol. in 4°, 1773),
t. I, pp. 114 et 115.
(?) Calcndar of statc papers, Foreign, Mary, p. 355,
- - 38

demandant à Marie d'accorder à tous ses sujets la permis-


sion do so rendre à Calais pour participer à la défense et
sollicita aussi des instructions pour savoir s'il pouvait
réclamer l'assistanco de trois ou quatre cents arquebusiers
espagnols (1) qui se trouvaient dans les environs de Saint-
Omer. A la mémo date, la reine d'Angleterre adressait trois
,
lettres au député de Calais, lui annonçant l'arrivée prochaine
du comte do Rutland qui l'aiderait de ses conseils, l'avertis-
sant que des ordres avaient été donnés pour expédier au
plus tôt des vivres ot des secours, le remerciant enfin des
efforts qu'il faisait pour conserver uno ville si précieuse à
son pays (2).
Lo duc de Guise s'attendait à voir bientôt la garnison
renforcéo et comprenait «ju'il importait de se hâter ; ayant
réuni ses lieutenants, il leur exposa que le succès de l'en-
treprise dépendait d'un seul point, à savoir «ju'il fallait sans
tarder meltre les ussiégés hors d'état d'être ravitaillés.
Pour atteindre ce but, on devait s'emparer du fort de
Nieuley pour les isoler du côté de la terre, et du fort du
Rysbank pour les isoler du côté de la mer. En conséquence,
le maréchal de Strozzi fut chargé de diriger ses efforls sur
le Rysbank tandis ,< o le duc d'Aumale et bistrées atta-
queraient Nieuley. Les deux châteaux étaient d'une appro-
che très difficile, car les assaillants ne pouvaient trouver
aucun obstacle pour masquer leur marche. Aussi les Fran-
çais perdirent-ils beaucoup de mondo en mettant leurs
canons en batterie pour faire brèche. Malgré tout, le lundi
3 janvier, l'artillerie française ouvrit contre les murs un
feu nourri. Quelques canonniers anglais ayant été tués à
Nieuley, leurs camarades prirent peur « combien qu'ilz
(1) Cabrera raconte que Wentworth avait été averti du mouvement dos
Français sur Calais par les Ksnajiuols qui avaient ollerl un secours. Mais
on soupçonna en Angleterre quo cVtalt une rus-e et que les soldats de
Philippe II une fois entres dans la ville MMIS pKtexte de la défendre, ne
voudraient peut-être plus s'en aller de bon j;ro quand le danger serait
passé. (Cabrera, Filipc segundo rey de Espa'îia, Madrid, 1010).
(?) Calcndar of statc papers, Forcigtt. Mary, p. 3ù5.
- - 39

n'en eussent encores guorcs grando occasion, pour avoir


l'artilloryo faict encores peu d'effect mais co peu sem-
bla beaucoup uux Angloys qui n'avoient jamais veu la
guerre en co pays la » ([). Avant 10 heures du matin, les
défenseurs du fort Nieuley, abandonnant leur poste, so
retiraient dans la ville; presque au même moment, lo capi-
taino Rodd qui commandait !o Rysbank « que M. lo maré-
chal do Strossy menoil ung peu plus roudoment qu'ilz
n'eust jamais veu », so rendit au duc de Guise.
John Highlield suggéra alors à Wenlworth l'idée d'em-
ployer les bourgeois à la défenso de la ville puisque la gar-
nison était si manifestement insuffisante en nombre, et do
les charger de monter la garde sur les murs. Lo député y.
consentit, mais il semble que ce moyen no produisit aucun
résultat heureux, car au témoignage du maître do l'artil-
lerie « les femmes firent plus do besogne sur le rempart
«|tte les hommes, qui, pour n'avoir pas reçu d'ordre en
temps utile, so cachèrent dans leurs maisons et autres lieux
secrets » (2).
Guiso craignait cependant quo les Anglais postés à
Gulues fissent une sortie ou «|uo les Kspugnols de Grave
fines tentassent do secourir Calais; aussi envoyât il lo
prince do La Roehe-sur-Yon et lo duc d'Aumalo avec les
lansquenets, une partie des Français, presque toute la gen-
darmerie et la cavalerie se poster au delà de la rivière do
Hem pour occuper les routes de Gravelines et de Guines.
Rien lui en prit, car le soir même il fut averti de l'approche
de 400 Kspagnols. Lui-même traversa le cours d'eau avec
quinze enseignes de Français et de lansquenets et occupa
lo rivage de la mer de sorte «|ue l'ennemi vit le chemin
barré par des forces si imposantes qu'il fut contraint de so
retirer. Seul, un capitaine espagnol put pénétrer dans la
0) bilil. liât. ms. latin M:Sii7, p.-IS3.
(?) « Ituwheith tho women «lld mure labour abolit Ihe rampait tliat the
said contitrymen, whieh for laok of order in Unie, dld absent thi-inselves
in hotisesaud olher secret places » (Itardwicke, <>j>. ci7,, t, 1, p. 110).
.- .iô
-
vlllo où sa venue relova les courages en donnant l'espéranco
d'un prompt secours (1).
Il s'agissait maintenant d'attaquer la place ello-mômo :
l'artillerie fut installée sur les dunes do manière à batlro la
muraille qui regarde l'occident, tandis qu'Andelot avec
1.500 ou 2.000 hommes traversait le port à moréo busso ot
venait so logor du côté do Gravelines pour s'omparor d'un
petit faubourg situé au bord du quai. Pendant touto la
journéo du mardi i janvier, on tira lo canon sans obtenir
grand résultat ; on continua lo mercredi 5. Voyant lo peu
d'effet produit par ses feux, Guiso so décida à diriger son
tir contro lo château. Lo jeudi donc, on mit en batterio
trente canons et trois grandes couleuvrinos qui firent bonno
besogne, do sorto «pio vers 6 heures dii soir lu brècho du
château sembla suffisante; cello do la villo avait peu
avancé, car les Anglais l'avaient garnie pendant la nuit
précédento de balles do laine ot de peaux do mouton contro
lesquelles l'artillerie était impuissante. Lo maréchal do
Slrozzi proposa alors au duc de Guiso do traverser lo port
à la faveur do la nuit et do la nv.tréo basse, et do rejoindro
Andelot afin do s'emparer du quui. Co projot fut adopté, ot
vers 8 heures du soir, arquebusiers et pionniers commen-
cèrent à descendro dans l'eau. Mais ils furent aperçus par
les assiégés «jui leur envoyèrent unegrèlo do inousqueterie,
en tuèrent uno trentaine et les obligèrent à rétrograder. Au
bruit des coups do feu, les Anglais accoururent de tous les
points de la villo vers l'endroit menacé, s'attendent à un
assaut. Les défenseurs môme du château avec leur chef,
nommé Middlolon, abandonnèrent lour poste pour rentrer
dans la villo (2). Guiso pendant co temps, voyant quo les
(1) Ilnrdwlcke, op. vit,, p. 110. D'après Cabrera {op. cit., p. 181),
Philippe II, Informe du siège de Calais, ordonna au comte d'Kgniont do
secourir la place ; il m dire en même temps au députe de Calais de tenir
bon et nu'il recevrait promptement Ju renfort.
(2) « F.t sy a dit que dedans ledit chasteau y avoit ung homme
d'arme dudlt Calais nomme Medeltun avec environ XX hommes tesuuelz
so misrciit dedans ladite ville...,,, Le VIIe do ce mois A II heures après
- il -
troupes do Strozzi étaient repoussées, chargea deux capi-
taines ot quolquos soldats do reconnaître la brèche du châ-
teau ; il ordonna à Grammont do les suivre avec 200 ar«|iio-
busiers et dos corcelets, leur recommandant do fairorotrailo
s'ils trouvaient los Anglais en force ou la brèche impratica-
ble.Grammont partit,traversa lo port,un quaiassezlargoqui
séparait le port du fossé du château, puis fit descendre ses
hommes par des échelles dans lo fossé et monte'.' à lu brècho
par lo mémo moyen. Ils furent fort étonnés do trouver lo
château dégarni et s'empressèrent de l'occuper. Guise,
averti do cette hourouso fortune, passa lui-mémo la rivière
avec des renforts qu'il installa pour garder la forteresso
abandonnée par l'ennemi et qu'il luissa sous lo comman-
dement de sos frètes Aumnle et F.lbeuf. Mais la mer com-
mençait à monter et lo duc fuillit so noyer on traversant lo
port pour rejoindre son camp.
Los Anglais, revenus do leur ulurmo, so rendirent bientôt
compto do la fauto qu'ils avaient commise en évacuant lo
château : voyant quo la mer était pleine et quo les Français
qui y étaient postés no pourraient ètro secourus, ils so diri-
gèrent do ce côté sons la conduite du maréchal de Calais,
amenèrent du canon pour enfoncer la porte ot renverser les
murs. Deux fois ils tentèrent l'assaut, mais deux fois furent
repoussés; lo maréchal et son fils furent blessés. Ayant
perdu beaucoup des leurs, les assiégés perdant courago
et sentant qu'ils no pouvuient plus désormais défendre la
villo puisquo lo ciladello était aux mains de l'ennemi,
demandèrent à négocier. Lo duc d'Aumulo leur permit
d'envoyer à Guiso doux parlementaires et leur donna
commo otago le sieur do Rondan. Les Anglais furent for-
cés «l'accepter les conditions du vuin«|ueur : la place devait
être remise aux Français avec l'artillerie, les munitions,
mynulct, les Françoys entraient dedans le chastrau dudlt Calais par la
brosse qu'il/ uvoient falot; dict que les Françoys estoient dedans ledit
chaslenu par avant que ceufx de la ville le savolent ». Position de Jehan
Perdrix, bourgeois de Calais 'Archives nationales, K HQl).
- - 12

les enseignes et les vivres qu'elle contenait ; les capitaines


et Irento des principaux bourgeois demeureraient prison-
niers ; les soldats sortiraient en pourpoint, n'emporlant quo
ce qu'ils uvaiont sur eux ; enfin, le reste de la population,
hommes, femmes ot enfants seraient conduits à Gruvo-
lines
Le commandant en chef aurait voulu empêcher ses trou-
pes victorieuses d'entrer à Calais jusqu'au moment ou,
tout lo butin étant rassemblé, on pourrait en faire uno
équitable répartition : il espérait quo chaque soldat rece-
vrait de la sorte la valeur de deux payes au moins et pensait
qu'il était plus conforme à l'intérêt général do procéder
avec ordre que de permettre à chacun do prendre co qui
lui semblait à sa convenance, ce « qui oust esté, si son
intention oust peu ostro suivye, la plus belle chose du
monde». Malheureusement, on ne put contenir les soldats
«lui pénétrèrent dans la ville et pillèrent à leur aiso; ils
gâtèrent, croit on, pour plus de 100.000 livres d'objets
mobiliers (I).
Le lendemain même de la prise de Calais, c'est-à-dire lo
samedi 8 janvier, on aperçut en mer dix-huit grands vais-
seaux anglais qui amenaient les secours destinés aux assié-
gés. Comme l'ennemi n'était point encore informé de l'issue
de la lutte, Guise, pour le tromper, ordonna que l'on tirât
le canon des batleries encore intallées autour des murs et
celles do la place. Il espérait que ces navires, croyant
que le combat continuait, entreraient dans le port et
tomberaient en son pouvoir. Mais lo commandant de la
Hotte se méfia et so tint au large, envoyant seulement uno
petite embarcation pour reconnaître l'élat des choses, Ceux
«jui là montaient s'aperçurent du changement survenu, et
rapportèrent que les Français étaient maîtres do la ville.

(1) Ililil.nat., ms. latin H3i57 pp. 102- et 103. -- v Dicl qu'Incontinent
ladicte ville fut rendue, estoit pillée par les Fraiiçoys...,. » Imposition de
Jehan Perdrix (Arch. nat., K 1U>1).
- - 13

Les Anglais so retirèrent alors non sans envoyer quelques


volées de canon aux troupes françaises cantonnées sur la
grève. Le même jour, le duc de Guise fit sortir tous les
Calaisiens : une partie fut conduite à Gravelines, l'autre
menée à Douvres sur quelques navires stationnés dans lo
port. Par son commandement, on annonça aux troupes
« «juo honimo vivant, sur peyne do la vie, n'eust a retenir
femme ne fille <|uelconque », et cet ordre fut assez bien
exécuté, car lui-même y tint la main : apercevant un sol •

«lat «pli « voulloit retenir uno fort belle fille parle comman-
dement de son cappilaine, en la présence de tout le peuple
angloys qui sorloit, non setillement chastyo le soldat, mais
donne cin«| ou six coups d'espée au cappilaine par le com-
mandement duquel il l'avoit prinso » (l).
Le duc. distribua les prisonniers aux chevaliers de l'or-
dre, aux capitaines et aux gentilshommes ijui l'accompa-
gnaient sans en réserver pour lui ni pour ses frères; il
(fi»nna à Audelol et au sieur de Hendan les peaux de mou-
ton qui furent trouvées dans les magasins, et garda des
laines pour le roi afin d'employer l'argent qu'on en tirerait
à réparer les fortifications de la placo: « de tout ce grand
butin qui s'estimoit a un million «l'or pour lo moins, il n'a
rapporté chose quelconque «|uo l'honneur d'une telle
eonquesto » (2).
La nouvelle de la prise de Calais causa partent où elle
fut portée le plus profond élonneinent. Personne ne pensait
en Angleterre «juo celte place put si rapidement tomber au
pouvoir de l'ennemi ; on la considérait si bien comme
imprenable i|ii'oii avait fait graver, dit on, sur une des
portes une inscription dont le sens était celui ci :

Les Français à Calais viendront planter le siège


Quand le fer et le plomb nageront comme liège,

(1) IIIbl. nnt. ms. latin 11307, p. 100.


(fy Ibidem, p. 107.
-u-
Les Anglais qui étaiont alors éloignés do lour pays no
pouvaiont croiro quo la nouvelle fut vraie. Nous on avons
lo témoignage dans uno dépèche quo Sir Kdward Carno,
ambassadeur à Rome, adressa à la reine Mario lo 22 jan-
vier 1558 (1). Joudi dernier, dit-il, un message du nonco en
Franco a apporté ontro autres choses l'annonco do la reddi-
tion do Calais survenue lo 7 janvier. Les Français qui so
trouvent à Romo s'en félicitent si vivement qu'ils emplissont
la villo de leurs démonstrations do joie. Les amis do l'Anglo-
torro, inquiets, sont accourus prendro des informations
auprès do l'envoyé britonniquo, lequel a répondu qu'il
n'ajoutait aucuno foi au bruit qu'on répandait ; c'était sans
doute uno vantardiso des Français, car il semblait impossiblo
qu'uno villo aussi forto ait capitulé tant qu'il y avait un
hommo vivant pour lo défendre. Cependant le 28 janvier (2),
il fallut bien quo Sir Edward Corne so rendit à l'évidence :
cotto fois, la fatale nouvollo était portéo par un courrier do
Venise et par un message du cardinal Trivulci à Sa Sointetç.
L'ambassadeur a ainsi appris quo la placo n'avait pas été
enlovéo d'assaut, mais s'était rendue. C'est dit-il, la plus
abominable trahison qu'on oit jamais ouïe ; il espèro quo
ceux qui s'en sont rendus coupables seront recherchés avec
soin et quo s'ils sont découverts, Sa Majesté n'aura aucuno
clémenco pour eux.
En Angloterro, ce fut lo cri général : on crut à uno
trahison. Lord Wentworth député do Calais, Ralph capi-
taino du château, John Harlestono copitoine du Rysbank
ot Nicholos Alexandre capitaine du fort Nieuley, alors pri-
sonniers en Franco, furent accusés et condamnés commo
traîtres (3). Les Espagnols eurent lo même pensée, car
John llighfiold, relâché par les Français, fut conduit à
Bruxelles et soigneuseumentinterrogé par loduc de Savoie.
(1) Calcndar of state papers. Forcing. Mary, p. 361.
\i) Ibidem.
(3) JohnStow, Annales or générait chronicleofEngland,{Lon<ires,\(M\)
p. 63t.
- - .45

Il répondit quo la priso do Calais devait ôtro attribuée


en promior liou à la faiblosso du château ot à rinsuffisanco
numériquo do la garnison, mais qu'il dovoit y avoir aussi
quel«|iio trahison. Quand lo duc apprit quo Highfield
avait était l'un do ceux qui avaiont débattu avec los
Français los clausos do la capitulation ot quo M. d'Es-
trées l'avait fait conduiro avec forco politesses jusqu'à
Gravelines, il soupçonna quo lo capitaine do l'artillorio
anglaise pouvait êtro au nombro dos traîtres. Aussi, au lieu
do lui donner, ainsi qu'il lo demandait, uno compagnio
d'infanterio à commander, lo fit-il arrêter et garder à sa
disposition afin qu'il fournît au roi d'Espagne dos explica-
tions si colui-ci en réclamait (1).
Il n'y a point lieu do penser que la priso de Calais fut lo
fruit d'uno trahison. Nous avons donné plus haut divers,
témoignages qui attestent qu'on songeait en France depuis
quelque tomps, à arracher cetto place aux ennomis. 11
n'ost point étonnant qu'un hommo do guerre comme lo duc
de Guiso ait pu s'emparer d'uno placo aussi mal gardée.
La vraie cause do sa chute rapide est la trop gronde confiance
qu'avaient les Anglais dans sa situation exceptionnelle et
dans l'épuisement des forces do Henri II après la bataillo
do Saint-Quentin. Sans doute, on a pu avec raison repro-
cher à Wentworth d'avoir manqué d'énergie dans sa défense,
(1) « Estando el duque (de Saboya) en Hruselas, vino a el un Ynglesque
hera capitan del artilleria en Cales, y antes que le dièse audiencia a parte,
fue iuformado que este havia sido, como el mismo se le diso, el quo salio
a tractar con Franceses los conciertos de la rendiclon de nquel lugar, y
que Mos. d'Etre {sic) capitan gênerai del artilleria de Francia lehizomuchas
caricias y le maudo ncompanar hasta la clusa que esta juuto a Graveliugas,
por lo cuale otros yndicios que del tuvo Su Alteza, pidiendolounacompauia
de infanteria para servir a Su Majestad, le mando hechar preso para
saber mas parlicularmento a lo que venia y otras cosas de que es de créer
terna notifia tocantes.a Cales, e en espeeial uiia traycion que dixo se
tracta va en el consejo de Inglatcrra, de lo quai no tuvo tiempo para
examinarle, pero podrase hazcr brevemente si Su Majestad quisiere que
se haga ally o en otra parto ... » Rctacion que cl $r. secretario Eraso ha
de haser a Su Magestad del parte del Duque de Saboya. (Arch. nat.
K 1491). Voir aussi la relation do John Ilighttald (Hardwicke, op. ci/.,
t.I, p. 118).
mois on no saurait avec équité l'accuser do trahison. Il
n'en fut pas moins condamné ot n'est pas du reste dans
l'histoire d'Angleterre l'unique exemple d'un chef puni
pour s'être laissé battre. La faute ne doit-elle pas retomber
sur la reine qui avait confié à un hommo peu expérimenté
un poste de promièro importance où les souverains anglais
ses prédécesseurs no plaçaient «juo des capitaines déjà
éprouvés? Mais Lord Wentworth était un do ceux «jui, les
promiers, avaient acclamé Marie après la mort d'Edouard VI
et l'avaient activement secondée dans les difficultés du
commencement de son règne. Il faut remarquer encoro
«juo le député de Calais avait annoncé les mouvements des
Français dès qu'il en avait eu connaissance, et avait
réclamé des renforts. On pt-nsa probablement quo ses
cruinlesétuiontoxagéréespuisqu'on ne lui envoya de secours
<|it'à la dernière extrémité et quand déjà il était trop tard.
Marie ressentit très vivement la perte de Calais : son
biographe, Francis Godwin (1), raconte qu'elle tomba dans
uno grande tristesso dont aucune distraction ne pouvait la
tirer ; elle no lit plus désormais (pie languir et mourut
quelques mois après. On ajoute mémo qu'elle aurait dit, quo
si après sa mort on ouvrait son coeur on y trouverait écrit
lo nom de Calais. Philippe II en fut également fort ému (2)
et nous savons quo la mauvaise nouvelle, portée jusqu'au
fond de l'Eslrémadure, au monastère de Yusle, ne laissa pas
quo d'inquiéter et d'aflliger Charles Quint dans sa re-
traite (3).
(1) Francis Godwin. Rerum anglicarum Henry co VIII, Edicardo VI
et Maria regnantibus annales (Londres, 162S), p. 241.
(*2) « Por la caria que Vuestia Majestad me sciivio anoche. lie visto el
senliniiento que ténia por la perdida de Cales, de que a mi nie ha cabido
harta parte por ser de la importancia que es, y lo demas que so deve consi-
dérai' ; pero ha se de sperar en IMos que cou las provisiones que Vuestra
Majestad hara y su bueu zelo y sancta iiitencioti durarn pocos dias este
sentimiento y que tornara en mayor alegria y en coutentnmieuto del
quo antes se ténia..,.» Lettre d'Emmanuel Philibert duc de Savoie à
Philippe II, du 9 janvier 155S. (Arch. nat. K 1491).
(3) Cf. Mignet, Charles-Quint, (Paris, 1857), pp. 327 et suivantes, et
Gachard, Retraite et mort de Charles-Quint, 1.1, pp. 231 et suivantes.
- - .17

En Franco, la joio fut immenso ot la reconquête do eettô


parcollo do territoiro depuis si longtemps délachéo de îa
patrie fut célébréo avec enthousismo par les poètes en latin
comme en français: Guise fut comparé à Perséo et sa
gloire mise au-dessus do celle des plus fameux capitaines
de l'antiquité (1).
Rappelons en terminant qu'au traité do Cateau-Cambré-
sis, « celto paix blâmable» comme l'appelleTavannes, nos
plénipotentiairesno surent pas assurer à leur pays la posses-
sion perpétuelle d'une ville si brillamment conquise. 11 fut
convenu seulement quo la place resterait française pendant
huit ans ; co terme écoulé, on devait la restituer à l'Angle-
terre et, en cas de rétard, payer une somme de 500,000 écus.
Il était heureusement stipulé en outre. <jue si les Anglais
commettaient quelque hostilité contro la France ou
l'Ecosse, il n'y aurait pas lieu de rendre Calais. On comp-
tait sans douto quo des difficultés nouvelles surgiraient
entre les deux royaumes et que lo clause serait en consé-
quence résolue. Cvest co qui arriva : Elisabeth secourut los
protestants français et se mêla aux affaires d'Ecosse. Au
traité de 15Gi, il ne fut plus question de remettre lu ville aux
ennemis, et la France paya seulement 120,000 écus. On
peut diro cependant, croyons-nous, avec Henri Martin
« qu'il était peu honorable de promettre la restitution do
Calais, soit qu'on voulut, soit commo il était vrai qu'on no
voulût pas tenir parole » (2).

(l) Cf. Lefèvre, Histoire de Calais, t. II, pp. 304 et 305. Voy. aussi une
« chanson composée par maistre Jacques Pierre, dit Chasteau-Oaillard »,
imprimée dans le Recueil de poésies françaises des XVe et XVI* siècles,
publié par Anatole de Mouiaiglon, (Paris, 1S30). t. IV. p. 311.
(lj Henri Martin, Histoire de France, t. VIII, p. 175.
CIIA1MTUK IV

CALAIS VILLE ANGLAISE

On a vu au chapitre II qu'une trêve, concluo lo 18 sep-


tembre 1317 sous les auspices des légats du papo Clément VI,
laissait la villo do Calais au pouvoir do l'Angleterre. C'est
seulement dans lo traité rédigé à Brétigny le 8 mai 1360
quo la cession fut officiellement consignéo on cos termos :
« Itom le roy d'Engleterro aura lo chastol ot la villo de
Calais, lo chastol, la villo et seignourio do Merch,les villes,
chasteaux ot seignouries do Sangato, Couloigno, Homes,
Walo et Oyo oveuc terros, bois, marois, rivioros, rontes,
seignouriez, advoaisons d'églises ot toutes autres apparte-
nances et lieux entre gisanz dedonz les mottes ou bornes
qui ensuivent : c'est assavoir do Calais jusques ou fil do la
riviero par devant Gravelinghes et aussi par lo fil de mesmo
la rivioro tout entour Langle ; et aussi par la riviorequi va
par delà Poil, ot aussi par mesmo la rivière qui chiet ou
grant lac do Guignes jusques a Frotun ; et d'illeuc par la
vallée entour la montaigno de Calkully oncloant mesmo
la montaingne, ot aussi jusques a la mer avec Sangato et
toutes ses appartenances Toutes lesquelles choses do
Merch et do Calais contenues en cest présent article et en
l'article prochoin précèdent, lo roy d'Engleterro tendra en
domaine, oxcepté les héritages des Eglises qui domourront
aus dites Eglises entièrement, quolquo part qu'ils soient
- - 49

assiz, et aussi oxcoptés los héritagos dos autres gens des


pays de Morch et do Calais, assiz hors de la villo do Calays
jusques à la valuo do cont livros do torro par an do la
monnoyo courant ou paiis ot au dessouz. Mais los héritagos
ot héritations assisoz on la ditto villo do Calais, avoue lour
appartonancosdomourront en demaino au roy d'Englotorre
pour on ordonor à sa voulante » (1). Il était convenu en
outro qu'Edouard III occuperait cos torritoires à titre de
soigneur souverain, commo voisin du roi et du royaume de
Franco (2).
Calais fut naturollementduranttouto l'occupationanglaise
un liou do transit fort important: c'est là quo débarquaient
et quo so formaiont les arméos destinées à envahir la France.
Pour connaitro les faits qui so passèrent dans la villo pen-
dant la période que nous étudions, nous no possédons que
peu do renseignements ; sauf quelques rares exceptions,
nous no trouvons dans les chroniques que de brèves men-
tions à propos du passago d'un souverain ou do troupes.
Nous apprenons ainsi par Froissart quo la trêve, conclue
à Bordeaux en 1357 entre les deux royaumes, ayant pris
fin en 1359, Edouard III fit pondant l'été de cette mémo
(1) Rymer, R. E., t. III, pars I, p. 4S7. Il n'est point aisé de tracer
aujourd'hui la limite exacte du territoire cédé a l'Angleterre. Cf. A ce sujet
un intéressant mémoire du vicomte Harold Arthur Dillon, intitulé Calais
and thepale, p. 4, publié dans VArchaeologia, t. LUI.
(è) En 1384, au Parlement tenu le 29 avril, les communes furent consul-
tées sur la question de savoir si elles voulaient la continuation de la guerre
ou la conclusion de la paix avec la France. Leur réponse fut « qe moelt
grantment desiront ils qe bonne paix et honourable au roi nostre sire et a
son roialme si feust faite » ; mais d'après les articles qu'on leur a
communiqués, les députés croient comprendre que certaines terres de
Guyenne et Calais seraient tenues du roi de France « par homage et ser-
vice, mais no pensant mye que lourdit seigneur lige vorroit assentir trop
legleremer.t a tenir d'iceux Franceys par tielle service la ville de Caleys
et autres terres conquises des Franceys par l'espeye, ne vorroit la commune
qe einfi feust fait » On leur répondit qu'il serait impossible d'obtenir
la paix à moins de céder sur ce point ; les communes donnèrent alors
comme les Lords spirituels et temporels un avis favorable : « S'ils feussent
en Testât du roi, ils s'accorderoient a la paix pluis tost qe a la guerre »
{Rolls of Parliament, t. III, p. 170). De fait, aucun accord postérieur ne
vint modifier la clause du traité de Brétigny relative à la souveraineté
complète des rois auglais sur Calais.
4
150

année dos préparatifs qui indiquaient clairement l'intention
oh il était do recommoncor la lutto. Attirés par l'espoir
d'uno campagno gloriouso ot fructuouso, un grand nombro
Je chevaliors d'Allemagne, do Flandre, do Hainaut ot do
Brabant, sachant que lo roi dovait débarquor à Calais, so
rendiront dans cotte villo, comptant Yicm ôtro engagés pour
la durée do la guorro. Ils arrivèrer A uiit Edouard III, ot
en telle quantité que la placo avait peine à les contonir,
eux, lour suito et leurs chovaux ; les vivres et les fourrages
se firent rares ot lo prix do toutos chosos augmenta beau-
coup. Ils attendaient depuis le mois d'août, ot pour les faire
patienter, on leur disait : «Li roisvenral'autrosepmaine».
Mais entro temps, leurs ressources s'épuisaient ot plusieurs,
pour subsister, étaient obligés do vendre uno partie de lour
équipago. La placo était tolloment encombrée quo si le roi
fût arrivé avec son arméo, il n'aurait su où lo loger. Il y
avait là un véritablo danger pour Edouard qui craignait
quo ces nombreux volontaires, venus à grands frais, no
voulussent pas quitter Calais sans être dédommagés et no
devinssent pour lui un sérieux embarras au moment d'entrer
on campagno. Aussi, so fit-il précéder du duc de Lancastro
qui débarqua à Calais le lor octobro 1359 avec 400 hommes
d'armes et 2.000 archers ; celui-ci expliqua aux chevaliers
étrangers qu'il était de leur intérêt devenir en France avec
lui ; il promettait d'ailleurs do leur prêter une sommo
d'argent sufïisanto pour faire face à leurs dépenses. Ils
acceptèrent la proposition du duc et le suivirent dans sa
marche sur Saint-Omer. L'armée anglaise ravagea la vallée
do la Somme, mois fut repoussée à l'attaque de la petite
villo de Bray. Lo jour de la Toussaint, Lancastro reçut
l'ordro de rentrer à Calais ; il ramena donc ses troupes en
arrière et rencontra à quatre lioues de la villo Edouard III
en personne et lo prince Noir à la tète d'une armée consi.
déroble. C'est alors que les chevaliers étrangers supplièrent
le roi d'Angleterre do les prendre à sa solde. Celui-ci, fort
- - 51

ombarrassé do lour nombro, los invita à so rendre à Calais1,


assurant qu'il lour forait connaitro sa décision sous doux
jours. Co tormo écoulé, il leur envoya trois dos siens pour
los informer qu'il était à court d'argent ot so trouvait dans
l'impossibilité absolue do les gordor à sonsorvico, mais quo
chacun d'eux pouvait lo suivro à sos risques ot périls. Los
étrangors furont fort déconfits do la réponso d'Edouard,
mais force lour fut do s'en contentor ; on lour donna seule-
ment quolquo argont pour rotournor on lour pays. S'ôtant
ainsi débarrassé do ces auxiliniros incommodes, lo roi
ontra en campagno (1).
Lo traité do Brétigny mettait fin à la captivité de Jean II.
Il y était stipulé quo co prince serait amené à Calais aux
frais du roi d'Angloterro dans les trois semaines qui sui-
vraient la Nativité de Saint-Jean-Baptisto; il dovait y laisser
aussi un grand nombre d'otages et y onvoyer des bourgeois
des principales cités do son royaumo. Il était convenu en
outro quo lo roi do Franco demeurerait quatro mois à
Calais et no paierait rien pour sa garde pendant lo premier
mois : pour chacun des trois autres, il verserait 10.000
royaux. Nous savons quo toutes ces sommos furent acquit-
tées lo 24 octobre, ot nous avons lo reçu qui en fut
délivré (2). Jean débanjua à Calais lo 8 juillet (3) et y resta
jusqu'au 25 octobre après la ratification définitive du traité :
on l'avait logé dans lo château. Edouard III traversa lo
détroit lo 9 octobre et habita un hôtel do la ville. En atten-
dant quo tous les articles eussent été rédigés, les deux
princes passaient le temps en banquets ot on réjouissances (-4).
(1) Froissart, éd. cit. t. V, pp. 190-197.
(î) Archives nationales J. 638 n<> 5. Cf. Froissart, éd. cit., t. VI, pp. VIII,
IX et X. '
(3) Le 17 juin 1300, Edouard III ordonnait a Jenn de Benuehamp
d'arrêter dans les ports d'Angleterre le nombre de navires nécessaire
pour le passage du roi de France et de sa suite. (P. R. 0. Early
Çhaucery roll 300, m. 0).
(4) « Et tous les jours donnolent li doy roy l'un a l'autre a disner, et
leurs enfahs, si grandement et si estoffeement que merveilles seroit a
penser. Et estoient en reviaus et en récréations ensemble si ordonnecment
que grant plaisance y prendoient toutes manières de gens au regarder. »
(Froissart, éd. cit. t. VI, p. îù).
- - 52

Quand onftn'los otages euront été livrés ot qu'une partio do


la rançon fut payéo, lo roi anglais offrit à son prisonnier
« en son chastiol do Calais un moult grant soupor et bien
ordonné. Et servirent si enfant ot li dus do Lancastro ot li
plus grant baron d'Englotorro a nus chiés » (1). Ils priront
ensuite congé l'un do l'autre « moult aimiablomont » et lo
lendemain Jean II rentra en Franco, so dirigeant vers
Boulogne où il fit ses dévotions à l'égliso Notre-Dame
accompagné du prince do Gallos et de sos frôros Lionol et
Aymon.
Doux armées furent débarquéos à Calais : l'une, en
juillet 1370, sous le commandement du fameux Robert
Knolles qui s'achemina vers Paris (2), l'autro en 1380 qui
fit routo vers Thôrouanne (3).
Costa Calais quo Richard -II, veuf en premières noces
d'Anne do Luxembourg décédéo en 1394, épousa Isabelle,
fillo do Charles VI après avoir conclu avec la Franco
au mois do mars 1396 uno trêve do vingt-huit ans. On
sait quo cette longuo suspension d'armes et los conditions
auxquelles elle fut stipulée, non plus quo le mariage
français ne rencontrèrent en Angloterro beaucoup de
faveur. Les ducs d'York et do Lancastro, oncles du roi,
l'approuvaient, tandis quo Gloucester s'y montrait hostilo:
son opposition céda enfin et l'union fut acceptéo en
principe. Le comte de Saint-Pol en débattit les prélimi-
naires, ot l'on décida que lo roi do Franco viendrait à
Saint-Omer avec sos oncles et amènerait la jeune princesse.
Richard devait passer à Calais et avoir une entrevue avec
Charles VI. Lo duc de Bourgogne Philippe-le-Hardi,
dhargô de régler les derniers détails, se rendit la veille de
l'Assomption (14 août 1396) à Gulnes où il trouva lo comte
maréchal, le comte de Rutland, les ducs de Gloucester et
(I) Froissart, éd. cit., t. VI, p. 54.
(81 Ibidem, t. VII, p. 159 { Chronique des quatre premiers Valois, éd.
.

cit. p. 207; Chronique normande, éd. cit. p. 195.


(3) Chronique des quatre premiers Valois, éd. cit. p. ÎSQ.
,
- 53 —

do Lancastro, un cortain nombro do prélats, cinq conts


chovaliors ot écuyors qui s'étaiont portés à sa roncontro ot qui
l'accompagneront jusqu'à Calais. Pour lui fairo honneur,
les bourgeois do la villo, tous vêtus do mômo.étaiont rangés
lo long dos rues qu'il dovait travorser avant d'arriver ô uno
grando sallo construito on planches au milieu du marché
et décorée aussi magnifiquement qu'un tomplo. Lo roi
d'Angloterrol'y reçut graciousomont, s'informa s nouvelles
do touto la famillo royolo do Franco, puis l'ommona ontendro
los vêpres dans l'égliso Saint-Nicolas. Lo lendemain, quand
les ofiîcos auxquols Richard ot lo duc do Bourgogno assis-
teront furent terminés, un grand banquot très bien ordonné
réunit los principaux soigneurs qui étaient servis par desducs
et descomtos au son d'une musiquo (1). Après unéchangodo
riches présents, on convint do la manière dont le moriago
serait célébré et du cérémonial qui sorait obsorvé dans la
rencontre des deux rois; Philippo prit ensuite congé ot
rolourna on Franco, tandis quo Richard II traversait lo
détroit pour aller tonir à Westminster lo Parlement do la
Saint-Michel (29 septembre).
A la date fixée, on aménagea aux frontières des deux
états un emplacoment entre Calais et Ardres pour l'entrevue
des souverains do France ot d'Angleterre (2). On s'y fit
force courtoisies, on échangea do somptueux cadeaux, et
la fillo do Charles VI qui n'avait alors quo sept ans fut
présentée à son nouvel époux. La cérômonio eut liou à
Calais, lo 4 novembre, dans l'église Saint-Nicolas où lo
roi so rendit on grando pompo, précédé par des musiciens.
L'archovêquo de Cantorbéry, Thomas Arundell, donna la
(1) Chroniquedu religieux de Saint-Dcnys, éd. Bellaguet, t. II pp. 444-
410; Froissart, éd. Kervyn de Lettenhove, t. XV p. 273 et Infra.
(2) Signalons en passant que le duc d'Orléans, frère du roi, dépensa à
cette occasion 8.000 livres tournois. Le 10 octobre 1393» il ordonne & son
conseiller Jean le Flament de faire délivrer cette somme au maître de sa
chambre « pour la despense de nostre hostel pendant ce présent voyage
de Calais ouquel nous avons eutencion, a l'aide de Dieu, d'y aller présen-
tement en la compagnie de monseigneur le roy » (Brittsh Mqseum,
Additlonal Charter 1517).
_ 04 -
bénédiction, ot quolquos jours après, los nouveaux mariés
s'embarquèrent pour Douvros, où ils arrivèrent, nu témoi-
gnage do Froissart, on moins do trois heures. Ils s'achomi-
nôronl ensuito vors Londres au milieu dos fêtes (1).
C'est à Calais que, l'année suivanto, Richard II fit
emprisonnor son onclo Gloucester dont il supportait malai-
sément l'autorité et qu'il soupçonnait do complot contre sa
personne. Saisi tout à coup et jeté dans un navire, lo duc
fut conduit dans cotto placo par lo comto maréchal Thomas
do Nottingham ot enformé ou château. Fort effrayé, il
demanda la causo do son arrestation ot sollicita la permis-
sion do sortir libromont dans la villo. Nottingham refusa,
alléguant qu'il n'avait point d'ordres à co sujet. Craignant
d'ailleurs pour sa vie, Gloucester voulut mettre sa cons-
cioncp on repos et so confossa : bien lui en prit, car au
moment où avant do so mettre à table, il so lavait les mains,
quatre hommes sortant inopinément d'uno cachetto, lui
mirent uno toile sur la tôto, lo jetèrent à terre et l'étran-
glèrent (2), Quand il fut mort, on lo porta sur son lit et on
répandit dans la villo le bruit « quo uno defîaulto de
maladie de popolisio e:toit prinso au duc do Glocostro en
lavapt les mains, et quo a grant peine on l'avoit porté
couchier (3) ». Deux jours après, on annonça quo le duc
avait succombé à son mal ; le comto do Nottingham et les
chovaliers prirent le deuil. Le corps fut ensuite « moult
Ijounourablement appareillé », embaumé ot transporté on
Angleterre, Plus tard, lorsquo Richard II eut été détrôné,
on essaya de faire la lumièro sur les circonstances qui
avaient accompagné la mor^ do Gloucester. Au Parlement
tenu dans la premiôro année du règne dp Henry IV, on 1399,
on lut uno déclaration faite sous serment par un sorviteur
(1) La Chronique du religieux de Saint-Denys donne de très nombreux
détails sur l'entrevue de Richard II et de Charles VI (éd. cit. t. Il pp. 450
el suivantes) ; Froissart (éd. Kervyn de Lettenhove, t. XV. pp. 273 et
suivantes), dit que la cérémonie du mariage eut lieu le 1" novembre.
(2) Froissart, éd. cit., f. XVI pp. 72 et suivantes.
(3) Ibidem, p. 75.
— 55 -
du comto do Nottingham, nommé John Hall, Coluici
affirmait qu'un certain jour do soptombro, lo duc fut tiré
du chàtoau do Calais, conduit à un hôtol appelé Prince's
Jnn ot confié à la gardo do doux sorvitours du roi. On
envoya quérir un prètro pour lo confesser, après quoi,
Gloucester couché sur un lit, fut étouffé entre doux matolas.
Pendant cette exécution sommniro, John Hall avait fait lo
guet à la porto. Lo Parlement lo déclara coupable ot le
condamna à ôtro « bowolez et sos bowels orcz devauntluy,
et puis soit ponduz, decolloz et quarteroz, et son teste
onvoié a Caloys ou lo moudro fuist fait, et les quartres
envoioz as autres houx ou lo roi plorra. Et sur ceo, com-
maundô fuist al mareschall d'Englotore do faire exécution.
Et ensy fuist fait mesmo le jour (1) ».
Quand, en 1415, Henry V eut débarqué en Normandie et
so fut omparé do Harfiour, il résolut de garder en captivité
tous l'os nobles ot gens do guerre « qui estoient ladedens »,
mais no voulant pas s'en embarrasser sans doute et no pou-
vant les transporter immédiatement en Angleterre, il fit met-
tro leurs noms par écrit et exigea d'eux le serment qu'ils se
constitueraient prisonniers à Calais avant la fêté de Saint-
Martin (11 novembre) (2). On sait qu'une armée considérable
placée sous les ordres du connétable d'Albrot s'était rassem-
blée pourbarrer la routeauroianglais, qui, traversant la Nor-
mandie et la Picardie voulait gagner ses domaines du nord
de la France. Thomas Basin rapporte sans y ajouter grande
foi un bruit qui courut alors, suivant lequel Henry V,effrayé
du danger auquel il s'exposait en so heurtant imprudem-
ment à une force si imposante, aurait offert aux Français
do leur restituer la villo do Calais et do lour payer môme
une grande sommo d'argent si on lui permettait de retour-
ner libroment dans son royaume. Le chroniqueur ajoute
que ses propositions ayant été rejetées, le roi so décida à

(1) Rolls of Parliament, t. III, pp. 452 et 453.


(2) Chronique de Jehan Le Févre, éd, Morand, t. I. p. t%9.
— 56 -
livror bataillo à Azincourt, lo 25 octobro (1). Son succès fut
complot: los chevaliors français échappés au massacre,
blessés pour la plupart, furent dirigés sur Calais, mais ils
n'euront môme pas la faculté d'ontror dans la villo où ils
auraiont pu prondro quolquo repos et trouvor quelque sou-
lagomont à lour misère ; on refusa do les y recevoir, car lour
nombre était si grand que les autorités locales craigniront do
manquor do vivres s'il fallait los nourrir, et la placo dovait
être on tout temps bion approvisionnée pour lo cas d'uno
attaque (2). Touto la population so porta au devant du vain-
queur d'Azincourt jusqu'à Gulnos, los prêtres ot los clorcs
on habits sacordotaux avec los croix et les bannières dos
églises en chantant le Te Deum (3). Les ducs d'Orléans ot
de Bourbon, faits prisonniers dans lo désastre, furent ame-
nés à Calais et traversèrent bientôt lo détroit avec lo roi (4).
Vc:s la Saint-Rémi de l'année suivanto (1er octobre 1416),
l'empereur d'Allemagne Sigismond passa par cotte ville on
allant en Angleterre et en retournant dans ses états : il y
domoura deux jours. (5). Henry V l'y reçut on môme temps
que le duc de Bourgogno avec qui il eut de longues entro-
vues auxquelles pas un des conseillers dos deux princos no
fut admis : « ot do co on parla depuis en mainte manière,
maiz peu de gens on sceurent la vérité do co qu'il» avoiont

(1) Thomas Basin, éd. cit., 1.1. p. 20.


(2) « Sy est assez a penser que les povres prisonniers françois, dont le
plus estoient navrés et bleschiés estoient en grant détresse : car bien
cuidèreut entrer tous dedens Calais. Mais ceulx de la ville ne les vaut-
drent lalssier entrer, excepté aucuns seigneurs d'Angleterre ; et le/aisoient
aflln que vivres ne leur faulsissent, et que la ville qui estolt en frontière,
demourast toujours bien garnie. » (Chronique de J. Le Févre,, éd. cit. 1.1,
p. 262). D'après Pierre de Fenln, les Anglais vainqueurs, maïs fort mal-
traités et manquant de chevaux, se rendirent à Calais non sans souffrir
beaucoup : «... et si estoient Englez moût desconfortés de ce que on leur
avoit osté leurs chevaux, car 11 y en avoit moût de navrés et de mesaisiés
qui s'en allèrent a grant paine d'icy a Calais ; mais nonobstant ilz s'en
allèrent a Calais et la on leur flst grant joie. » (Mémoires de Pierre de
Fenin, éd. de Mlle Dupont, p. 66).
(3) Chronique de J. Le Févre, éd. cit. t. I. p. 263.
(4) Thomas Basin, éd. çlt. 1.1. p. 23.
(5) Jehan Le Fèvre,, éd. cit. t. I. p. 279, 280, 283.
-57 -
parlé » (1). Le roi d'Anglotorro chorcha sans douto à attiror
Joan-sans-Peur dans son alliance, lui promettant do parla-
gor avec lui los conquètos qui soraiont faites on Franco.
Signalons oncoro lo débarquomont on juin 1428 d'un
corps do G.000 Anglais sous los ordros du comto do Salis-
bury qui so dirigea sur Paris, puis sur Orléans dont on
faisait lo siège (2), ot lo passage du jeune Henry VI qui,
après son couronnomont commo roi do Franco, lo 17 décom-
bro 1431, so rendit à Rouon puis à Calais d'où il fit voile
pour l'Anglotorro (3).
Pendant la guorro des Deux-Roses, la possession do
colto villo quo Cominos appelle « lo plus grant trésor d'An-
gleterre ot la plus belle cappitainerio du mondo » (4), fut
disputée par les deux partis d'York ot do Lancastro commo
uno placo dont l'importance stratégique n'échappait à per-
sonno. Sans vouloir entrer dans les détails do cotto lutte
sanglante, fécondo en surprises et en revirements soudains
de la fortuno, nous devons pour l'intolligenco do co qui va
suivro on rappeler quelques traits essentiels. On sait quo lo
gouvernement d'IIonry VI do Lancastro, faiblo et malade,
était violemment combattu par un certain nombre do grands
seigneurs et de membres de la famillo royale, parmi les-
quels étaiont Richard comto do Warwick ot Richard duc
d'York qui descendait par sa mère do Lionol second fils
d'Edouard III. Tant quo lo roi, qui avait épousé Marguerite
d'Anjou, n'eut-point d'onfant, York pouvait aspirer à la
couronno ; mais ses espérances furent ruinées lorsque en
1454, la reine accoucha d'un fils. Après plusieurs soulève-
ments à main arméo suivis d'amnisties et do réconciliations
aussi pou sincères que durables, loducso posa ouvertement
en prétendant, car sos droits, assurait-il, étaient supérieurs

(1; Mémoires de Pierre de Fcnin, éd. cit. pp. 68 et 69 ; Jehan Le Fèvre,


éd. cit. 1.1. p. 283.
"(2) Jehan Lo Fèvre, éd. cit. t. II.
p. 140.
(3) Thomas Basin, éd..cit. 1.1. p. 03.
(4) Mémoires de Philippe de Commynes, éd. B. de Mandrot. 1.1. p. 108.
.- 58 -
à ceux du roi régnant qui avait pour auteur lo troisième fils
d'Edouard III, Jean do Gond. Un Parloment réuni le
20 novembro 1459 à Coventry, ayant décrété d'arrestation
les chefs de la Rose Blanche, c'est-à-diro York ot Warwiek,
ceux-ci parvinrent à s'échapper ot à se motlre on sûreté s

le promier se rendit oa Irlande, et lo second dans son gou-


vernement de Calais dont il avait été nommé capitaino pour
uno duréo do sept ans lo 13 août 1455 (1), après la premièro
bataille do Saint-Alban, alors qu'Henry VI n'osait rien
refuser au vainqueur. Le comto do Warwiek, très populairo
dans la ville, fut accueilli avec joio par les habitants ; il
alla d'abord fairo ses dévotions à l'église do Saint-Piorro-
los Calais, après quoi il fut reçu à la porto do la cité par lo
muiro, les représentants de la compagnio do l'Etaplo et la
garnison. « Si firent cesto nuict très bonno chioro, co que
piocha n'avoient fait pour doubto qu'il/, avoient de trouver
loursannomis devant eulz a Calais » (2). Et de fait,Henry VI
no pouvait laisser aux mains d'un advorsairo déclaré uno
placo de première importance ; dès lo 0 octobro 1450,
Warwiek avait élé remplacé dans sa charge de capitaino
do Calais par Henry duc do Somerset (3) qui s'étuit hù'.ô
d'envoyer un héraut prondro on son nom possession do co
commandement. Mais ce héraut arriva dans la nuit qui
suivit le jour où lo comte, plus prompt, avait débattue
dans lo port et avait été si bien accueilli duns la ville.
Arrêté par les hommes de garde, l'émissairo dut s'en
retourner avec cette réponse ««ju'on no voulloit leans autro
capitlaino (juoloconto do Worewic. » (4) Lo conseil royul
décida ulors quo l'on tâcherait au moins do mettre lu main
sur Gulnes en attendant l'occasion do s'emparer du lieu où
lo rebelle avait trouvé osilo. Des troupes furent mises 6 lu

(1)1\ H. o. Kurly Chnneery mil 307, m 11.


(8) Anchknms cronicques d'Engteterre par Jehan de Wavrln, éd.
Dupont, t. II, pp. 107 et 103.
f3) Kymer, éd, de La Haye, t. V, pars II, p. 00.
(4) Wavrln, éd. cit. t. II. p. 108.
- - 59
disposition du duc de Somerset pour être transportées do
l'autro côté du détroit, mais lo malheur voulut qu'une vio-
lento tempête forçât los vaisseaux où elles avaient pris placo
à chercher un refuge dans lo port môme do Caluis. Seul, lo
nouveau capitaino put aborder-& Wissant d'où il so rendit
à Gulnes; ii fit connaître à la garnison la dignité dont
Henry VI l'avait revêtu ot annonça quo son compétiteur
avait été déclaré traître ot banni du royaume. On donna
çréancoà sos paroles et on l'accueillit. Mais il apprit bion-
tôt quo tous ses (t fiabillemens, harnois et chovaulx » (1)
étaiont tombés aux mains do Warwiek qui s'emprossa do
l'on avisor non sans irqnio. Somerset, sans pordro courage
à la nouvcllo do cetto disgrâce, se fournit comme il put dans
lo pays do vivres ot do munitions, car peu do secours lui
vint d'Angleterre, ot une guerre d'escarmouches s'engageu
entro los troupes cantonnées à Gutnes et colles qui occu-
paient Culais. Cotte dernière ville, fut en quel<|uosortomiso
on intordit ot une proclamation du roi défendit à tous ses
sujets d'y porter des provisions. Pour obtenir de quoi nour-
rir los babitants, Warwiek s'adressa au duc de Bourgogne,
mais comme la disette augmentait, beaucoup de gens étni-
graient 6 Gulnes. Lu comte réunit alors ceux qui restaient
et les harangua, leur exposant ses griefs contro lo gouver-
nomont : bourgeois ot murchands l'acclamèrent, lui prodi-
guèrent des assurances do dévouemont et protestèrent que
pour rien au monde» ils n'accepteraient Somerset comme
capitaine. Mais cetto bonne volonté no pouvait sulllro
Warwiek comprit qu'il fallait relover lo parti et résolut de
so rendro en Irlande pour conférer avec ie duc d'York et
préparer uno action commune. Il «|»titta Culuis au commen-
cement du Carême do 14U0 après avoir pris congé des habi-
tants et les avoir exhortés à demouror fidèles à ceux qu'il
laissuil pour commundor à sa pluce (2). Le 1er juin suivunl,

(1) Wavrln. éd. cit. t. H, p. 200.


(t) Ibidem, p. 210,
- 60-
trompant la vigilanco du duc d'Exotor qui voulait lui barrer
la roulo, il rentra dans la villo à la grando satisfaction do
touto la population qui commençait à so croiro abandonnée
do son chef. Lolondomain do son arrivée, les bourgeois lo
solliciteront do so mettre on campagne contro los gons do
Gulnes. Il répondit qu'il forait de son mieux, mais quo cotte
entreprise no lui paraissait point avantageuso ; il serait plus
utile 6 son avis do passor on Angleterre, do souloyor lo comté
do Kent ot do portor au gouvernement do Henry VI un
coup décisif. Kn effet, conduit par Warwiek ot Solisbury,
un corps do 2.000 hommes s'embarqua à Calais et aborda à
Sandwich. La campagno qui s'ouvrit alors fut favorabloà
la Roso Blanche: lo 10 juillet, les troupes royales étaient
battues à Northumpton ot lo roi tombait au pouvoir dos
vainqueurs. Lo Parlement décida qu'il conserverait la cou-
ronno su vie durant, mais qu'après sa mort ello passerait
au duc d'York. Warwiek « qui moult desiroit do retourner
a Callaix pour vcoir sa femme, sa moro ot aussi ceulx do la
villo » (1), so hâta do rentrer dans songouvornomont ; reçu
en triomphateur, il romorcia chacun do son concours, ot
justifia la révolution en montrant quo lo royaumo était
rolové et lo « roy remis on bon ostat » (2).
Copondanl, Somorsot louait toujours dans Gulnes ; lors-
qu'il apprit le succès des Yorkistos, il jugea prudent do se
rapprochor do Warwiek el il envoya un parlementaire à
Calais. Un accord fut négocié entre les doux soignours qui
éliront uno entrevue à Saint-Piorro où ils firent la puix à la
grande joio dos Calaistons qui n'eurent plus dès lors à crain-
dre les hostilités do leurs voisins immédiats; après quoi, lo
comte quitta la ville pour so rendre à Londres et assister au
Parlement,
Marguerite d'Anjou, femme de Henry VI, qui après la
bataille do Korthainpton s'était enfuie en Ecosse» avait levé

(t) Wavrln, éd. cit. t. lt, p. 233.


(t) Ibidem, p. 231.
-61 -
une arméo dans los comtés du Nord potir défendréla caUso
de son mari. Lo 24 décembre 1460, uno rencontre entro les
troupes des deux partis oui lieu ,à Wukefteld ; los Yorkistes
furent défuits, lo duc d'York y périt et su tèlo fut exposée
par dérision au-dessus d'uno des portes do la ville dont il
portait lo nom. Warwiek fut lui-mémo battu entre Saint*
Alban ot Barnet, mais los Lancastriensno suront pas profi-
ter do lours victoires et lo 5 mars 1461, lo comto do Mardi,
fils aine du duc d'York, fut reçu dans Londres et proclamé
roi sous lo nom d'Edouard IV.
Dès lors, Warwiek, lo « faisour do rois », commo on
Pappola, so crut tout puissant sur lo nouveau souverain ; il
en obtint d'abord commo récompense la capitainorie do
Calais sa vie durant, alors quo cotto chorgo n'avait été donnée
jusqu'à co moment quo pour uno périodo déterminée (1).
Mais bientôt, les dissensions surgirent entro lo jeune roi
qui vouluit être indépendant ot celui qui ayant contribué à
1'élover au trône, prétondoit lo tenir on tutelle. Déçu dans
sos intérêts do famille ot contrecarré dans sos idées do poli-
tique oxtériouro qui tondaient à un rapprochement avec lu
Franco, lo comto so rejota dans l'opposition violente et cher-
cha los inoyons do renverser Edouard IV. Il attira dans son
parti lo propro frère do ce dernier, Georgo due de Claronce
à qui il fit épouser su fillo Isabelle: le mariage fut célébré à
Culais lo 11 juillet 1460. Une première priso d'armes uyunt
éeboué, Warwiek» accusé de trahison, voulut se réfu*
gierdans cotto ville où il so considérait comme souverain etoù
il avait déjà trouvé asile lorsqu'il combattait Henry VI. Il
s'embarqua donc vers Pâques 1470 pour s'y rondre avec
Cluronco son gendre, et su fille. Mais à sa grande surprise»
sir John Wenlock qui commandait la placo en son nom,
refusa do l'y laisser pénétrer, car il avait reçu du roi l'in-
terdiction formelle do donner accès aux rebelles (2). Lo

(11 t\ K. 0. Knrly Chanccry rolt 405, m. U.


(*) Wavrln, éd. cit. t. lit. p. «8 et note S.
- tâ -
porteur do cet ordre avait fait diligonco ot était arrivé
à Calais un jour ot domi avant lo « fuisour do rois », il
avait romis ses lettres à >\fenlock en présonco do Gaillard
do Durfort, du inuiro do l'Etaplo et des soldats. Lo messago
royal, quand il fut connu, oxcila dans une partie do la
population do violonts murmures ot l'on put un mômont
craindro un monvoment on faveur de Warwiek qui
était très aimé dans la ville. Le lieutenant se hâta de
fairo occuper fortemont lo château ot les points princi-
paux do la cité afin d'étouffer touto tontativo do sédition.
Les mosures furent si bien prises quo les habitants aussi
bien que lu garnison so virent contraints d'obéir au man-
dement d'Edouard IV, a laquollo chose il/, firent très enuis,
car tant amoient le conto do Warwicq quo s'il fust advan-
chié do plus tost estro venus, luy et su compaignto fussent
ontréos dedons lu villo de Calais » (1). Lo naviro qui portait
los fugitifs qu'on rofusait ainsi do recevoirattondaità l'issue
du port, et « estants a l'ancre la devant, acoucha la duchosso
doClarence... d'ungfilz, A grand poyno voulut consentir
ledict seigneur do Wauloc quo on luy Uorlast doux flaccons
devin. C'estoit grand rigueur d'un servitour envers son
inuistro » (2). Edouard IV fut très satisfuitd'approndroquo
son redoutable adversairo n'avait pu entror dans uno pluco
qu'il s'était habituée à considérer comme son propre
domaine. Churles-lo-Témérairo envoya Comines féliciter
Wenlock de son loyalisme et lui fit présent do 2.000 écus do
pension. Cet olllcier, raconte lo chroni«iuetir, « feit serment
(1) Wavrln, éd. cit., t. III, p. 30 et note 3. — Il semble blrn «jue les
troubles nul eurent lieu A Calais en faveur de Warwtck nirent plus graves
«lue no l'Indique le chroniqueur, ou du moins que les habitants et la gar-
nison avalent auparavant pris le parti du « l'a seur de rois » dans sa rébellion
contre KdouardIV. Nous en nvonst a pn-nvo dans uno lettre de co prtneo
datée do vSouthamptoi» le 3 mat 1470, ou II accorde leur pardon aux Calai*
siens, aux soldats et i\ tous ceux qui se trouvaient dans la ville le M avril
précèdent, ù l'exception d'un certain nombre do personnes parmi lesquels
Warwiek, Clarenco, Marguerite d'Anjou, le maire et les membres de la
compagnie de t'rHaplo. (t*. H. 0. Karly Chanccry roll, -111, m. 4 \ voy,
pièces Justlllcatlves).
(I) Comines, «M. Mandrot, t. I. p. 108,
-- 63 ~-

en l'hostol do l'estaple... entro mes mains audict roy d'An-


gleterro, do lo servir envors ot contro tous, et semblablo-
ment tous ceux do lu garnison ci do la ville » (.1). Warwiek
essayu cepondanl do pénétrer par force dans Calais, mais
ayant échoué, il suivit lo consoil quo lui donna Wonlock de
so retirer on Franco ; co dernier, ajoute Comines, « servit
très bien son cappitaino en lui donnant co consoil, mais très
mal son roi» (2). En effet, locomtodébarqua on Normandio
et so rondit auprès do Louis XI qui lui ménagea uno entre-
vuo avoc Marguerite d'Anjou. Les doux ennemis jusqu'alors
acharnés firent la paix, et celui qui était lo principal autour
do la chute do Henry VI, partit on septombro 1470, bien
muni d'hommes et d'argent, pour l'Angleterre, avec l'in-
tention do ronvorsor Edouard IV, son ancien protégé. Kl
de fait, soulevant les populations contro celui-ci, il le con-
traignit ù s'enfuir auprès du duc do Bourgogne, son beau-
frôro, ot rostaura pourqttelquo temps la dynastio do Lan-
castro.
Ces événements imprévus eurent leur contre-coup à
Calais aussitôt qu'ils y furent connus t M tout homme por-
toit lu livréo do monseigneur de Warvic » (3) qu'on n'uvoit
pas voulu recovoir on personne quolquos mois auparavant.
Charlos-lo-Téinéruiro pour se venger do déprédations com-
mises sur ses terres par lu garnison de cotte placo, avait
confisqué los marchandises ungluisos entreposées à Gruvo-
fines. Mais comme le commerce était considérable outra
l'Anglotorro et lu Elundro, il fut obligé pour no point léser
ses propres sujets, do chercher un terrain d'entente afin do
no pas intorrompro lo trafic (4). Aussi envoya-t-il Comiuos
à Calais avec mission do négocier avec sir John Wonlock*

Comines, éd. Mnudrot, p. 100.


(1)
\t) Ibidem, p. 800. I.a tentative de pénétrer do vivo force dans la \\\\e
pstuttootéo pur Wavrln « ...lo conte... commença de assaillir la ville, tant
«pie d'vcello en y eut VII on VIII mors ». (éd. cit. t. 1t. p. 30J.
(3) Comines, éd cit. p. 512.
(4jCf Van Hruyssel, Histoire du commerce et de la marine en Belgique
(tlruxcltes, 1803, 2 vol lu 8), t. II, pp. 185 et 180,
ÎVombassadour bourguignon fut invité à dinor por lo capi-
taino: colui-ci « avoit lo rovoslro d'or sur son bonnet (qui
ostoil la livréo dudictcjnte qui estoit ung baston noir) ot
tous les autres semblablemont.... Et me fut dict a codisnor
quo dès quo lo mossagier fut arrivé d'Angletorro qui leur
avoitportécesle nouvelle, que on moins d'ung quart d'houro,
chacun porloit la dicto livrée. ; co fut, dit lo chroniqueur,
lo promièro fois quo j'ouz jamais congnoissanco quo los
choses do co mondosont peuestablos» (1). Comines réussit
d'aillours parfaitement à concilior les intérêts commerciaux
dos deux pays quo los changements politiques récemment
survenus n'affectaient en rion, ot il arrêta avec Wonlock quo
lo troité précédemment conclu resterait on vigueur, sauf
quo Ton nommerait « « Henry ou lieu do Edouard » (2). Los
négociants do Calais n'admettaient pas en offet, qu'on enga-
geât avec lo duc do Bourgogno des hostilités qui nuiraient
à lours affaires ; ils lo montrèrent bien lorsquo Warwiek qui
détestait ChurlosloTéinérairo ot voulait Pempôehor do
secourir son beau-frère, arriva dans la ville avec 4.000
hommes dans l'intention do commencer lo lutte. Les mar-
chands do PEtaplo manifestèrent si nettement lour volonté
pacifique, quo lo (t faiseur do rois » qui sans doute avoit
besoin do leur concours financier et no se souciuit pas do
do los mécontonter, fut obligé de cédera leurs romontrances
et d'uccepler lu poix. Mais bientôt, les choses changèrent
encore une fois brusquement do faco : Edouard IV, aidé par
lo duc de Bourgogno, passu en Angleterre ot no larda pas
ù ôtro rejoint por do nombreux partisans. Lo duc do
Clarenco, abandonnant son beau-père, so rangea du côté do
son frère, etlo 14 avril 1471, un combat engagé à Burnet
fut uno dêrouto pour les Loncastrieiis. Warwiek rcsla sur
lo champ do bataille ot Henry VI fut de nouveau conduit à
la Tour tandis qu'Edouard renlruit triomphant duns Loti»

(1) Comines, éd. cit. t. t. pp. lit et S13.


S) Ibidem, p. tu.
- - «r»

dros. Quand il eut atïormi son pouvoir» il pensa qu'il pou-


vait tirer profit de la rivalité do Louis XI et do Gharlcs-lo*
Téméraire ; il avait tout intérêt à co qu'uucun accord
n'intervint entro eux. Aussi fut-il fort dépité dolo trovoque
conclurent les deux adversaires lo 13 septombro 1475. H
envoya au roi do Franco Thomus do Monlgotnery peur
l'engager à ne point céder Saint-Quentin ou duc de Bour-
gogno, lui offrant son aide en cas do reprise des hostilités,
muis il demandait en échange « quo le roy le recompensast
du domuigo qu'il ouroil a cause quo lu gabelle des laines a
Culais no lui vauldroit rions (cesto gabelle peult bien monter
a cinquante mil escul/.),.. » En effet, si l'Angleterre éloilen
guerre avec la Flandre, le commerce des laines en pâlirait,
lo transit deviendrait nul à Calais et lo trésor royal perdrait
tout lo produit des taxes «jtii étaient perçues sur les mar-
chandises vendues. Louis XI no céda pointatix suggestions
inlérossées du roi d'Angleterre ; il lo remercia doses inten-
tions, mais déclina sos offres, « disant que ju la trcfvoostoit
accordée » (1).
Aussitôt qu'il so fut emparé do la couronno au détriment
do ses nevoux, lo duc de Gloucester proclamé roi sous lo
nom do lliehurd III, désireux do s'assurer une placo
aussi importante quo Calais, chargea, le 28 juin 14811,
John Blount do Motintjoy, maître John Cooke et Thomas
Thwaylo d'en prendre possession en son nom (2). Il somblo
que la garnison et la population, n'aient pas reconnu
Henry VII immédiatement après son avènement. En
elïet, la bataille do Bosworth où périt lliehurd fut livrée
lo 22 août 1485, ot lo 5 décembre suivunt nous voyons «pie
le nouveau souverain envoie à Calais John Arundcll doyen
de l'église cathédrale d'Exolor, lliehurd Edgecombe et John
Galdiswell docteur es lois pour conférer avec les capitaine,
lieutenants» ofiieiers, soldais ot habitants de celte ville, leur

(l) Comines, éd. cit., t. I. pp. 320 et 330.


il) l\ H. 0. Karly ehancery roll H8, m. to,
-66 -
exposer sos droits à la couronne (1) ot rccovoir d'eux lo
sermont do fidélité.
Quelques années plus tard, en 1488, la correspondance
d'un collectour du denier do Saint-Piorro en Angleterre,
nous apprend incidemment et sans nous fournir de*.détuils,
qu'on aurait découvert un complot tramé dans lo but do
livrer Culais à lu Franco. D'après uno lettre do Giovanni
dei Gigli, adressée au papo Innocent VIII lo 5 octobre do
celte année, l'émotion très vivo d'abord so serait calméo
bientôt, mais le roi aurait renforcé lo garnison ot bien muni
la placo d'artillerie ot do provisions (2).
Nous aurons achové cetto rapide rovue des événomonts
principaux dont Calais fut lo théâtre, quand nous aurons
parlé do quelques visites royulos ou princiôres qui eurent
lion dans cetto villo au cours du XVIe siècle. Lo venlredi
8 mai do Ponnéo 1500, vors lo soir, Henry VII et sa fomino
Elisabeth y arrivèrent accompagnés du duc do Buckingham,
des comtes do Surroy ot do Sussox ot do Lord Duubonoy
«lui était alors lioutenant do colle cité. Lo 0 juin, suivis d'un
brillant cortège, lo roi et la reino so rondirent 6 l'église do
Soint-Pierrolcs-Colais où ils devaient so rencontrer avec
l'archiduc Philippo-lo-Bcou. Co prince était chargé d'attirer
Henry VII dons l'ullinnen do lu maison d'Autriche et do lo
déterminer à comhallro Louis XII <iui était à co moment
l'adversaire de Muximilion on Italie. Un grand luxe uvult
avait été déployé pour recevoir le fils do l'empereur t l'église
était splendidement décorée do tapisseries d'Arras, et on
l'avait diviséo en plusieurs chumbres. La chapelle de Notre-
Dame, réservée à l'archiduc, était tenduo d'étoffes repré-
sentant l'histoiro d'Eslher ot d'Assuérus, et lo siège do
Troie ; à terre, étaient des tapis jonchés do roses, de lavande
ot do diverses herbes aromatiques. Vw plantureux repus fut
11) 1\ R. 0. Kutly Chanccry roll 130, m. 13: «... ad Jus, tllulnm utqUô
possesslonem coroue nnslre Âiigtlo.,. commutilcaudum, tractandum... »
(î) Calcndar of state papers rdating to engltsh affairs, existing in thé
archives of Vcnice and of Xorlh Italy, t, I, p. 172.
-67 -
servi ; dans lo bolïrôi ot dans une petite maison voisine do
l'Etoplo, lo cellier, lo boulangerie et les cuisines avaient
été installés. Il y avait là en profusion les cerises, les frai-
ses, la crème, la vonuison cuite, les gâteaux épicés, les
gaufres, des vins de différentes espèces, do la bièro ot de
l'hypocros. La quantité des victuailles était telle qu'on no
pilt tout consommer en un jour ; lo roi ordonna ulors d'en
fairo uno distribution aux habitants. L'entrevue n'eut d'ail-
leurs pus de résultats au point de vuo politique ; on so borna
aux politesses qui sont do mise lorsque dos princes so
rencontrent ; on fit seulement des projets en vue d'unir
plus étroitement les maisons d'Angleterre et d'Autriche
par des mariages entro les enfunls «le Henry VII et
de Philippo*lo-Beou ; mais l'àgo mémo de ces enfants
remottuit forcément à uno époquo éloignée l'exécution de
ces engagements. Lo 16 juin, lo roi et sa suito quittèrent
Calais et s'embarquèrent pour Douvres (1).
Signalons, lo 25 avril 1515, lo passage de Marie d'Angle-
terre, la jeuno votive do Louis XII, accompagnée do Charles
Brandon ; ello était déjà consolée do la perle do son époux,
car lo 2 mai, ello partit pour retourner dans.son pays avec
co soigneur qu'ollo épousa à Grecnwich lo 13 du mémo
mois (2).
Henry VIII vint à Culuis lo 11 octobre 1532, avec
une suito nombreuse ; lo 21 il en partit pour Boulogne où
il rejoignit François F1* ; il y était «le retour le 30 avec co
prince qui avait emmené avec lui le roi de Navarre,
lo cardinal do Lortuine ot beaucoup de seigneurs fran-
çais (3). Anne de Montmorency grund-inuitro de France
et l'amiral Philippo de Chabot furent créés chevaliers do lu
Jarretière, Lo roi de Franco logea dans l'hôtel des mar-
chands do l'Etoplo tandis qu'Henry VI11 habita lochàteati.
(t) Chronkleof Calait, editod by John Oough Nichols for the Cnmdon
soclety, pp. 4, 40 et 60.
(î) Ibidem, p. 18.
(3) Ibidem, p. 43,
-68-
C'ost encoro à Caluis quo passa Anno do Clèves fiancée du
roi, pour so rendre en Angleterre, lo 11 décombro 1539 (I).
Lo député Lord Lislo, lo grand amiral ot la garnison l'allè-
rent recevoir à un demi-millo de lu ville sur la routo do
Gravelines. Ello fit son ontréo por la porto dito « Lantern-
Gate », ou bruit du canon, tous les bateaux qui so trouvaient
dans lo port étant pavoises. Lo maire lui offrit cent marcs
d'or, et los marchands do l'Etoplo lui présentèrent unebollo
bourse contenant cent souverains. Lufuturoroinodomcura
quinzo jours dans la villo, attendant un vent favorablo pour
truversor lo détroit ; afin do la distrairo, on lui donna lo
spoctoclo do joutes ot on fit on son honneur do grands
banquets.
Nous savons enfin qu'Anno Boloyn, seconde fommo do
Henry VIII fut décapitée à la Tour do Londres, lo 10 moi
1536, pur lo bourreau do Calais ot avoc lo glaivo qui servait
aux exécutions dons cotto villo. C'est un détail quo Richard
Turpyn n'a gardo d'oublier do mentionner duns sa
chroniquo (2).

(1) Chrontcle of Calais, p. 103 note.


(t) Ibidem, p. 47.
CHAPITRE V

L'ADMINISTRATION A CALAIS

Municipalité
Lorsqu'il so fut emparé do Calais, Edouard III so préoc-
cupa d'assurer Padministration do sa nouvelle conquôto et
d'y fuiro régner lo bon ordre. Il régla provisoirement toutes
choses par uno ordonnance dont nous no connaissons point
la date oxacto mais dont la publication doit so placer sons
doute entro les mois d'oortt ot d'octobre 1317 (1). Et d'abord,
ainsi «pie nous l'avons déjà dit, tous les anciens habitants
dovront quitter la villo « pour péril qui ont pourroitavenir»;
cetto mo.suro frappait los ecclésiastiques eux-mêmes, et afin
do pourvoir à l'oxorcico du culte, il était décidé que deux
prêtres seraient désignés pour remplir les fonctions do
curés des paroisses. A vrai dire, la rigueur do celte expul-
sion totulo décrétée en principe semble avoir reçu quelques
luloucissoinonls dans la pratique et le toxto «tue nous
analysons en fournit une prouve puisqu'une exception
.
est faite on faveur de ceux « qui ont especialo congé du
Roy a y domorer ». Mais nous no pouvons dire dans quelle
proportion de semblables permissions furent accordées,
et nous savons d'uutre part que lo roi anglais prit des dispo-
(1) Kyincr. R. K t. Ht, pars 1, p. 130. Il est vraisemblable qu'Kdouurd
.
reiiillt cetto ordonnance avant de retourner en Angleterre t or nous
savons ipu'll débarqua A Snndwlch to lt octobre 13U (Ibidem),
- - 70

sitions pour lo repeuplement do lo villo. Il occordo en effet


quelquos avantages à ceux do ses sujets qui pourvoiront à
son approvisoionnement ot qui viendront s'y installer; do
plus, il exempte jusqu'à nouvel ordre do toute redevance les
pêcheurs et les marchands étrangers <|ui apporteront, soit
par terre, soit par mer, des vivres ou d'autres denrées.
L'autorité'rpyalo est représentée à Calais par trois olllciors:
lo capitaino, lo sénéchal etlomaréchul. Les doux premiers,
outro un commandant militaire, sont chargés do voilier au
bon état dos chuussées et des fortifications qu'ils devront
faire réparer au mieux des intérêts du trésor quand colu
sera nécessaire. Lo sénéchal est spécialement préposé à la
gestion du domaine ; il gardera les maisons « harengeres-
cites » du roi uinsi quo les terres et revenus qui lui oppar-
tionnenl ; il on percevra les fruits et en rendra compte. Ils
concentrent en leurs mains tout lo pouvoir judiciaire ainsi
quo nous lo verrons plus loin. Pour assurer la tronquilité
duns la villo, il est proscrit d'opéror do temps à outres des
rallesi on saisira les femmes publiques ot autres « raskailles»
et on les expulsera.
.
Edouard III déclaro qu'il luissoon vigueur les anciennes
coutumes ot franchises do Calais (1). Quant à l'organisa-
tion municipale proprement dite, il la conserve aussi dans
ses traits principaux. Uno charte • donnée en 1252 par
Mohaut d'Artois, confirmée en 1301 et en 1317, établissait
deux sortes do magistrats î les échevins et les cormans.
Les premiors s'occupaient de la police, du bon ontrotien
des rues et des chemins ; ils avaient en outre ainsi quo les
seconds dos attributions judiciaires (2). Avec la conquête
unglaise, les cormans disparaissent ! ils n'uvuiont plus
raison d'être puisque l'olllco do rendro la justice était
confié aux trois olllciors royaux î capitaino, sénéchal et

(1) Itréqiilgny volt avec rui.von dans co fait uno preuve que tous tes
anciens habitants do Calais ne furent point chasses. [Mémoires de t'Ac,
des Inscrip. t. t. pp. 021 et 025)"

I2j Bréqulgny (Mèm. de l'Ac, des Inscrip, t, XbtII pu-, 733 et suivantes,
-71 -
maréchal. Los échovins ou contrairo subsislont mois lour
rôlo sera désormais borné à l'administration do lu cité ot
leur nombre domoure fixé à treize. Ils étaient élus autrefois
eha<|Uo année lo vendredi après l'Octovo do la Pentecôte,
c'est à-diro quo les anciens magistrats avunt de quitter leurs
fonctions on choisissaient cinq nouveaux ot ces derniers
nommaient leurs huit autres collègues. Lo roid'Angloterro
décidoquo les élections so feront à l'avenir dans la forme
ancienne, mais pour lu première fois, il charge lo copituine,
lo muréchal ot lo sénéchal de désignor cinq habitants (( des
plus suffisant/, do lo villo » qui s'adjoindront eux-mêmes
huit do leurs concitoyens pour compléter lo chilïro do
treize officiers municipuux. L'assemblée ainsi constituée
demeurera on charge jusqu'à la date oi\ l'on procédait
ordinairementaux élections, ot les nouveaux échovinssoront
« osluz en monoro qu'ils soleiont estro devant que lo villo
foust conquiso ».
Calais devint rapidement sous la domination anglaise
une villo commerciale fort importante cor on y fixa Pétaplo
des laines et do diverses autres marchandises exportées
d'Angleterre ot qui n'étaient mises en vente nulle part
ailleurs. Il était naturel dans ces conditions quo do gros
négociants s'y soient établis et y aient fait lour principal
établissement : c'est à eux qu'Edouurd lit décida do eon-
fier l'administration do lu villo laissée jusqu'alors à Ireizo
échovins. Uno ordonnance du l"r mars 1363 (1) vint modi-
fier complètement l'ancienneorganisolion municipale. Avec
l'assentiment de son conseil, lo roi prescrit alors (pie « vynt
et sis marchands engleis soient illocquos pour govorner la
ville ot les gont/. et les marchandisesqui vomiront illoeques».
Parmi ces vingt-six personnes, deux auront le titre do
maire, les vingl-quntro autres seront nldermcn. Tous les
uns à la fête de l'Annonciation, ce corps choisira les «leux
maires qui seront en fonctions Tannée suivante. Les élus

(1) Uymer H. 10., t. 111 pars, II p. col.


- ?a-
pvôteront on présonco des aldormen sormont do remplir
fidèlement leur offico, et nul no pourra être moire au-delà
du terme fixé s'il n'est ronommé. Si l'un deux vient à
manquer à ses devoirs et que sa fauto soit prouvée, il sera
destitué ot un autre sera nommé à sa placo parmi les mar-
chands do nationalité anglaise résidant soit à Calais soit
on Angleterre. On procédera do mémo en cas do mort. Pour
lu première fois, le roi so réservo toutes les nominations,
mais il ordonno quo dans.la suite, ceux qui sortiront do
chorgo désigneront leurs successeurs. Il leur abandonne à
perpétuité toutes los terres, tonuros, renies, eschètos, forfoi
turcs, changes do monnaies, produits des foires ot marchés,
épaves et franchises qu'il possédait dons la ville do Calais
moyennant uno rente do 500 mures payable aux termes do
Pâques et de lo Saint-Michel,, lo premier terme devant
échoir à lu Saint-Michel prochaine (I). Il atlribuo encore à
la nouvelle municipalité le pouvoir do mettre uno « assise »
dans l'échevinago lorsque co sera nécessaire ; il lui concèdo
aussi le droit do nommer et do révoquer lo bailli ot les
autres fonctionnaires ou ofilciers du port ; c'est ello qui
délivrera les licences aux hôtoliors et marchands do vic-
tuuilles pourvu toutefois qu'ils soient anglais. En outre,
nul ne pourra dovenir bourgeois s'il n'est admis par les
maires et oldeimon, On lo voit, l'administration commer-
ciale do Péluplo ot l'administration municipalo proprement
dite so confondent sous lo nouveau régime établi pur
Edouard III on 1363, puisque les mêmes fonctionnaires
gouverneront « la villo et les gentz ot les marchandises ».
11 somblo quo cette organisation no larda pas à produire

de mauvais résultats. Soit «juo les choix faits par lo roi


n'aient pas été heureux, soit quo lu réunion dans los mêmes
mains d'attributions diverses ait umené des ubus, la con-

(1) I.o lf» murs 1303, Kdouard ordonnait i\ Henry I.e Scrop iionverneur
do Calais do remettre aux maires, aldormen et bourgeois ta ville, le port,
IVchevItmge avec leurs produits et revenus '1\ 11. 0. Kaily l'hancery roli
30t) m. lî) { voir pièces justificative».
- - 73

cordo no régna pas longtemps dans l'assombléo. Nous


savons quo dès novembre 1363, uno quorelle s'éleva au sein
du corps municipal : lo 20 de co mois, lo souverain so voyait
obligé d'ordonnorà Henry Lo Scrop gouverneur do Calais
et au trésorier Thomas do Brantyngham do convoquor les
parties, do les entendre et do s'efforcer do los accorder (1).
Nous no savons pas quel fut lo résultat do cetto interven-
tion des officiers royaux, mais nous pouvons dire quo par
lu suito les choses n'allèrent guèro mieux qu'auparavant ot
quo de graves irrégularités furent commises. Les bourgeois
porteront plainte contrôla mauvaiso administration dont ils
souffraient, ot lo 16 février 1361, Edouard délégua lo gouver-
neur ot lo trésorier, Adam Francoys, Willam do Houle,
Adam do Bury et John Pyol pour s'informer et voir « qui
so porroit pleindro do grovances, torts, erreurs, trespassez
et excesscs faitz », commis à Calais (2). Ces personnages so
livreront à uno ont|uète dont lo toxto nous a été conservé
(3). H y appuralt quo los maires et les aldormen n'ont ou en
vtio quo leurs avantages personnels ot qu'ils ont négligé les
intérêts du roi et do la communauté des habitants, qu'ils
ont levé des taxes pour leur profit et ont uutorisé des
étrangers à tenir auberges dans la ville ; ils ont mis des
impositions excessives sur los marchandises, édicté des
règlements voxutoircs, so sont livrés à do véritables extor-
sions, si bien «|uo lo prospérité do lo cité a décru, quo lo
villo u mauvaise réputation et quo si l'on n'y met bientôt
bon ordre les commerçants tant anglais «pio d'uutres pays
n'y viendront plus.
Après avoir tracé un tableau peu llatteur do la manière
dont ces administrateurs s'étoient acquittés do leur charge,
les cn«|uètours ajoutent qu'il leur a été impossible «l'établir

(l) l». U. 0. Knrly Chanccry roll m. 2.


30rt
(1) Ibidem, 30* m. 81. I.o Parlement s'était également plaint quo des
taxes excessives avaient été mises Mir les marchandises par les olllcicr*
municipaux (Itymer, II. K. t. lit pars, t, p. "Î2j.
{") 1». U. 0. Anctent Mlscellanea (ttvalm of France) 484 8,12,
— 71 -
équitablement les responsabilités et do « savoir la vorilé si
lesdites meschiefs ot défailles soient foitez ou maintenu?,
par singulers personos desdites mairs et oldermans ou par
touz ». Ils so récusent également au sujet do l'évaluation
du dommage causé et prient lo roi do los dispenserdo lo faire,
« entendant, Sires, en certoin qo nous n'avons lo sou no lo
conissance d'en prendre sur nous lo charge ». Nous igno-
rons si uno nouvelle information fut ouverte pour découvrir
les coupables, mois nousavons toutes raisons dosupposcr quo
les accusés se tirèrent do co mouvais pas en composant:
le 21 juillet 1361 ot lo 12 novombro 1365, nous voyons on
offot Edouard III faire remise aux maires ot aldormen do
Calais do toutos les poursuites qu'ils pourraient encourir à
l'occasion de lour gestion moyennant lo paiement d'uno
somme do 600 livres (1).
11 semble bien quo les principales causes do lo mauvoiso

administration dont avoit souffert Colais étaient l'antago-


nismo des deux maires, lo trop grand nombre d'ofilciors
municipaux ot la multiplicité do leurs attributions qui com-
prenaient à lu fois lo commerce et la gostion dos intérêts
do la cité. Du moins, c'est à do pareils inconvénients quo
lo roi d'Angleterre tenta do porter remèdo on créant uno
organisation nouvollo qui devait commencer à fonctionner
à partir du 1er juin 1365 (2). Il ordonno qu'il y aura désor-
mais deux muires : celui de la ville et celui do l'étople. Le
premier aura la garde et le gouvernement do la cité, du
port otdo l'échevinoge; il contrôlera les comptes du tréso-
rier pour toutes les recolles et les dépenses qui s'y rappor-
teront. 11 aura sous ses ordres huit hommes armés pour
fairo la « sorehwoteh » c'est à-dire des patrouilles dans les
rues afin do voilier au maintien de l'ordre : pour son ofiico
de maire, do conth'dour et pour les gages do cette force do
police, on lui ussigne 200 livres par an. Lo nombre des

(1) P. H. 0. Karly Chancery roll 301 m. 8 el 308 m, 4,


(*) Uymer R, H. t. III, pars H, p. 708.
-- 75 .-
aldormen est réduit à douze : ils aideront lo maire à romplir
ses fonctions. L'un doux, avec le titre do maréchal,aura un
volet pour « somonor lo waeho » ou on d'autres termes
pour avertir et rassembler les bourgeois désignés pour fairo
le guet: 20 livres lui sont attribués pour lui-même et pour
son valot.Un autre alderman sera bailli do l'eau : son volet
sera chargé do garder la haute tour et il recovra également
20 livres par on. Les dix autres aldormen seront six mar-
chands do u bono renomie » et quatre « dos pluis suffisant/,
burgeis do la villo » : los premiers toucheront 50 livres, les
seconds 10, mois chacun d'eux devra ontrotenir six hommos
convonublomont armés pour la « sorchwotch ». Lo roi
désigne lo mairo, les aldormen et los fonctionnaires subal-
ternes : un « recordour » do la ville, un clerc, deux sergents,
vingt-trois valols et un criour (1). Lo corps municipal aura
lo pouvoir de rempluccr ces derniers on cas d'incapacité ou
do décès. Il n'est donc plus question d'élection et c'est lo
roi «|ui, los années suivantes, fit toutes les nominations:
lo mairo est délégué généralement pour uno période d'un
an environ : il est quelquefois confirmé dans sa charge,
commo Hichard do Preston do Londres nommé lo 21 mai
1365 (2) ot prorogé lo 20 juin 1366 (3), ou Adam de Hury
choisi lo 6 septembre 1370(1) ot continué dans sos fonctions
lo 10 août 1371 (5). Quant aux aldermen, ils étaient égale-
mont soumis à lo désignution do roi (6). Ajoutons encoro
quo los revenus qui avaient été affermés à la municipalité
moyennant 5tX) marcs do rente firent à co moment retour
à la couronne.

(l)Le « recordour » recevra «0 livres par an, le clerc delà ville 100 sous,
les deux sergents 40 sous, (juator/e valets porteurs 5 deniers par Jour,
huit valets pour la •• scoutwntche » 6 deniers, un valet pour la » day wutche •»
6 deniers, le crleur î deniers.
(8) kymer K. K. t. 111 pars II, p. 7o*.
(J) P. H. o. Karly Chanccry roll 300 m. 10.
(!) Ibidem 313 m. 8.
(6) Ibidem 314 m. 10.
(0) Ibidem 313 m. 0.
- 76 ~
Il ost difficile d'expliquer pourquoi dans uno pétition
adressée à Edouard III en Parlement, lo lundi après la
Saint-Georges (28 avril 1376), los bourgeois do Calais
réclament un mairo et douzo aldormen à lo placo d'un bailli,
d'échevins ot do cormans ? (1). On no pout pas supposer
que dons l'espoco do temps compris ontro 1365 ot 1376, la
vieille organisation municipale d'avant la conquête oit été
restaurée, ot du reste, ainsi quo nous l'avons dit, lu juridic-
tion dos cormans n'avait jamais fonctionné sous la domina-
tion anglaiso ; de plus, il faut remarquer quo les Caluisiens
demandent en même temps quo les gages du mairo soient
réduits do 200 à 100 livres. 11 y a donc dans les tonnes do
la pétition uno contradiction êvidento qui provient sans
doute d'uno confusion née dons l'esprit dos rédacteurs do
co document. En réalité, c'est la liberté des élections muni-
cipales qu'on veut obtenir du roi. Celui-ci consent à faire
droit à cette requôto pourvu quo los élus soient uniquomont
choisis parmi les Anglais. Uno longue ordonnance
d'Edouard 111 daléodu 23 juillet 1376, publiée do nouveau
lo 15 oclobro (2) et confirméo par Uichard 11 le 15 novombro
1377 (3) promulgua les réformes accordées en Parlement.
La municipalité sera composéo désormais d'un mairo ot do
douzo aldormen «jui seront nommés chaquo année par les
bourgeois et parmi eux. Losuldermen prètoront serment au
roi avant d'ontrer on fonctions, puis désigneront lo maire
qui jurera à son tour onlro les moins du copituino do
Calais ou d'uno outre personne déléguée por lo souverain.
La communauté ainsi formée aura à su charge les frais
occasionnés par lo pavugo et le nettoyage des rues, l'entre-
tien des ruisseaux et des fontaines, l'enlèvement du fumier
et «les onliircs ; pour faire face à «ws dépenses, on lui
assigno l'assise du vin, du pain et do la bière, les droits à
percevoir sur h>s étalages des marchands, lo picago dons
(l) Rolls of Parliament, t. III, pp. 358 et sutv.
(S) ttynter U. K. t. lit pars. II, pp. lotf et 1002.
(3) P, H. 0. Karly Chanccry roli 321 m. 18.
- - 77

los marchés et tous les profits de jUslico qui proviendront


dos procès jugés par lo maire et les aldormen. Lo roi so
réservo toutes los amendes qui seront payées pour les coups,
l'effusion du sanguinsi «juc les eschètes, biens meubles ou
immeubles qui feront l'objet do confiscations.
Il faut romar«iuor oncoro quo les fonctions municipales
no paraissent pas avoir été toujours avantageuses pour
ceux qui los oxorcaient ; aussi étaient-elles obligatoires et
no pouvait-on s'y dérober. Nous on avons un curieux
témoignogo dans un acto do Richard II du 8 septombro
1382 : il ordonno à cotto dato de no nommer un certain
John Ettyng maire ou ulderman de Culais que s'il y con-
sent (1). Nous savons aussi «pie certaines porsonnes pour
éviter d'ètro pourvuos do lu chargo de mairo avaient soin
do s'ubsenter do la villo au moment des élections. Aussi
voyons-nous lo mémo lliehurd II enjoindre lo \ juillet
131)5 (2) aux aldormen do rappeler immédiatement por lettre
celui qui vient d'èlro choisi commo mairo s'il est absent,
parce qu'une ville frontière, continuellement oxposéo aux
attaques dos ennemis, pourrait ètro priso plus facilomont si
ello était privée do son premier magistrat.
Lo mairo do Calais devenait avec lo tomps un porsonnago
important, Edouard IV lui accorda lo privilège do so faire
précédor d'uno épéo dans les limites de sa juridiction. Colle
distinction enfin outro m usure l'orgueil do John Hall qui
éluit alors mairo do la villo : il prétendit avoir le pas sur lo
maire do l'étaplo devant qui l'on portait tout simplement
uno baguette. Co dernier, chef d'une richo ot puissaiilo
compagnie qui prêtait de l'urgent aux rois, no l'entendit pas
ainsi. Los doux fonctionnaires avaient leurs partisans dans
la ville, et dos rixes éclatèrent à l'occasion do leurs préten-
tions rivolos. L'ordre fut troublé à ce point quo cet incident
Irugieomiquo donna lieu à l'intervention do Warwiek lo
(1) lllbl. nat., fonds Moreau 081, fol, 178.
(î) Ibidem, fol. 334 « ..... faciliter capt posset si villa llla saua et com-
pétent! gubernatlono hujusmodl majorls foret dcstttuta ».
-78-
« faiseur de rois » qui était à cotte époquo capitaine do
Calais et d'Edouard IV lui-mômo. Lo comto so livra à une
onquôto auprès dos porsonnos les plus notables sur les
usages observés jadis : il acquit lu conviction quo dons les
processions ot les cérémonies, lo muiro do Pétaplo avait
toujours eu lo pas sur celui de la ville. Il les convoqua tous
deux ou château le jour do la Trinité 1167 (1), John Thrysko
avec les membres do sa compagnio, John Hall avec ses
uldennon, ot lour signifia qu'à l'avenir, lo mairo do Pétaplo
passerait avunt celui de lo villo ; s'il arrivait qu'ils so
rencontrassent dans une ruo ou sur uno placo, chacun
devrait marcher droit devant soi sans tenir le haut du pavé
ni lo céder, Là dessus, Warwiek renvoya les parties so
pourvoir dovont lo roi si elles n'étaient point satisfaites do
sa sentence, Lo 21 juillet do la mémo année, Edouard IV
déclara qu'en donnant au mairo do la villo lo privilôgo do
foire portor dovont lui uno épéo, il n'avait entendu lui con-
férer aucuno prééminence sur lo moire do Pétaplo ; il
approuva lu décision priso par lo copitaino do Colais et y
ajouta seulemont que le mairo do Pétoplo devruit céder lo
pas à son confrère lorsquo colui-ci rendrait lo justice ou
ferait oxécuter uno sentence.
A partir do 1376, il n'y eut à nolro connaissance aucune
modification apportéo à l'organisation municipalo, et nous
avons tout lieu do penser «m'ollo fut conservéo jusqu'à lu
ropriso do lo villo por les Français.

Il) P. H. 0. Knrly Chanccry roll 411 m. 15.


~ 79-
II

Privilèges des bourgeois ; taxes ; voirie.

Nous avons eu l'occasion do diro précédemment qu'en


expulsant tous los oncions habitants do Calais après s'en
être comparé, Edouard III avait eu soin doso réserver lo
droit d'occordor à «lui bon lui semblerait la permission d'y
demourer, en mémo temps qu'il s'occupait de repeupler lu
villo en tâchant d'y attirer ses sujets d'Anglolorro. Nous
n'en savons pas davantage, et pour lu première période do
l'occupation, nous ignorons quelles étaient les conditions
requises pour devenir bourgeois ot quelle autorité délivrait
les lettres do bourgeoisie. L'ordonnunco du 1er mars 1363,
déjà citée, fixo co point important et confère lo droit do
recevoir les nouveuux bourgeois aux deux moires et aux
vingt-quutro aldormen : l'acte do 1365 par contro est muet
sur cet article ot il y o bien des raisons do penser que «lès co
moment la couronne entendait reprendre co qu'elle avait
concédé. A partir du 23 juillet 1376, il n'est fait aucuno
mention do réception par lo corps municipul, ot Edouard lll
décido qu'aucun étranger no pourra devenir bourgeois si
lui mémo ou ses successeurs no lui accordent cetto faveur.
Les Galaisiens d'ailleurs n'étaient point favorables à
l'extension de co privilège : ils avaient même, au Parlement
du 28 avril 1376, prié le roi do n'en plus gratifier personne,
mais leur demande avait été repousséo (1).
Pour tenir ouborgo à Calais, pour y être cour tior ou mar-
chand do victuailles, il fallait nécessairement aux termes
de l'ordonnunco do 1363 avoir élé reçu bourgeois; cet arti-
cle ne fut point fidèlement observé, car dans lo rapport
drossé en 1361 sur l'administration municipale, les commis-

(1) Rolls of Parliament, t. U, pp. 353 et suivantes.


-80-
soires constatent quo gràco à lo tolérance coupable des
maires ot aldormen, un cortain nombre d'étrangers do
diverses notions sont hôteliers « a très grandos damages et
porillos do lo villo, desburgois, marchant/, ot marchandises
dedoinz rescieux (1) ». Richard II renouvola lo 8 décombro
1382 la prescription do son prédécesseur (2), mais il semble
quo dans la suito» los rois accordèrent eux-mêmes à cor-
tuins étrangers lo droit do s'établir à1 Caluis ; ces faveurs
spéciales s'étaient multipliées à tel point ou tomps de
Henry V, que los habitants so plaignirent, ot co princo,
faisant droit sur co point à leurs réclumutions, décida lo
15 juillet 1113 (3) que nul désormais no sorait admise jouir
des franchises ot des privilèges accordés aux Caluisions,
no pourrait êtro utthorgisto ou cabarolier s'il n'était bour-
geois ; on outre, tout étranger qui s'établirait dans la ville
ou la quitterait après s'y êtro établi, dovrait payor une taxe
ôgulo au cinquième do co qu'il posséderait. Plus tord, dons
un règlement publié par Henry VIII, probablement on
1533, il est rappelé que tous los hôteliers doivent être
Anglais, ot l'on édicta un cortain nombre do mesures très
minutieuses pour la surveillance des étrangers logés dans
los auberges (i).
Nous avons déjà fait remorquer quo pour peupler la
villo qu'il venait do conquérir, Edouard III avait accordé
un cortain nombre d'avantages à cotix qui viendraient s'y
installer ou contribueraient à son ravitaillement. C'est ainsi
qu'il décida pour un temps indéterminé quo touto personne
amenant dans la place des vivres ou dos marchandises
sorait franche de droit ou do péago quelconques (5) ; do
niêino, lo 4 avril 1348, il accorda aux bourgeois dont los
noms étaient inscrits sur los registres municipaux l'exemp-

tai)P. U. O. Anclent mlscellanea, (Realm of France) 484 8/lt.


(8) Ibidem, Karly Chancery rolt3l7, m. 181 voyez pièces Justlllcallves.
(3) Rymer, él. do la Haye, t, IV pars II, p. 41,
(4) Chronkle of Calais, p. 4*.
(5) Kymer, R. K, t. lit pars 1, p. 139.
- - 81

tion pendant trois ans do toute luxe ou prestation porçuo


en Angleterre, pourvu que sous poino do forfaiture ils no
déclarassent pas commo étant à eux des biens qui appar-
tiendraient à autrui (1). L'ordonnanco de 1363 permettait
aux Calaisions d'acheter librement dons tout lo royoumo
les chevaux, boeufs, moulons, porcs ainsi <|ue los comesti-
bles ot marchandises dont ils auraient besoin, et do les trans-
porter dons lour cité sons payer tonlieu ni coutume, à con-
dition toutefois quo ces denrées no fussent pas vendues en
dehors du Calaisis. Les bourgeois sont ussimilés entière-
ment aux citoyens de Londres : eux et leurs successeurs
sont déchargés des droits do « picage, pontugo, pavage,
murage, dicogo, whorfago et laslage. » Leurs biens situés en
Angleterre sont placés souslusuuvegardeparticulièreduroi.
Ils peuvont on oulro acquérir en « fée simple ou en fée tuille »
ou encoro à terme do vie, des terres, tenures et rentes dans
lu villo et Péchovinoge, sans permission ni « fyn faire ».
Chacun d'eux peut librement en disposer pur testament ou
les aliénor, mais seulement en faveur d'Anglais. Toute
donation, tout legs à un étranger seraient nuls et la terro
ou la ronto «lui on aurait fait l'objet, retomberait de plein
droit aux mains des maires el aldormen pour lo profit do lu
communauté des bourgeois. Les terres, tenures ou renies
«pli seraient abandonnées à des gens de main-morte devien-
draient également propriétés communales. Les héritiers nés
en Culuisis seront reçus au même titre «pie les héritiers
anglais ; do même, ceux qui hululeront l'Angleterre
recueilleront les biens situés à Calais, l'ordre de succession
étunt déterminé par la loi anglaise (2).
Les fiefs situés dans la villo el tenus directement du roi
lui faisaient retour lorsque les titulaires mouraient et qu'ait'
cttn des ayont-droits ne les réclamait immédiatement.
Mais il arrivait que les héritiers étant absents au moment

(Il fttbl. nat., fonds Moreau, OSO fol. 177.


(î) lijmcr, U. li. t. III, pars II, p. 001.
- - 82

du décès, so trouvaientdans l'impossibilité d'exercer aucuno


revendication. Les bourgeois protestèrent contre cet état
do choses qui lour causait préjudico : Edouard III, on con-
sidération do leurs bons services, décida lo 10 décembre
1358 (1) quo les baillis et échovins auraient dorénavant
pondant uno annéo la garde des maisons tenues en fief
simple, après la mort do leurs détenteurs, et les remettraient
aux héritiers qui so présenteraient pendant co délai ; co
tomps écoulé, los maisons feraient retour ou domaine royal.
A partir do 1363, co soin fut confié aux muires et aldormen.
Nous savons quo malgré cotto mesure, il arriva dans la
suito que dos emplacements bâtis ou non, appartenant au
souverain ou à des soignours,demeuraient inoccupés otquo
pur conséquent les charges municipales, notomminont lo
devoir de guet, pesaient plus lourdement sur les outres
habitants; à doux reprises, dos doléances furent portées
uux rois, à Edouard III et à Henry VI : ceux-ci promirent,
l'un lo 23 juillet ot lo 15 octobre 1376 (2), Poutre lo 12 juin
1440 (3) quo ces fiofs vacants seraient distribués à des
Anglais sur l'avis du capitaino et du trésorior, et baillés
à forme.
La municipalité était chargéo do pourvoir ou bon ontro*
tion do lo villo et Pordonnonco du l«p mors 1363, confère
uux muires et aux aldertnen la faculté de mettre « assise....
eomo bon semble que mestior sera (4) » ; ils percevaient
utissi, comme nous Pavons déjà dit, tous les rovcntts royaux
moyennant lo paiement annuel d'uno sommo de 500 marcs.
A partir de 1376, les obligations de la municipalité sont
préciséos(5). Lu communauté des bourgeois supportera touto
les charges do la cité : ello paiera les gages du maire, des
aldormen et des autres officiers, entretiendra et réparera lo
Rymer,"
.tl) lt. K. t III, pars. I. p. 143.
\î) Ibidem, pars. II, pp. 1057 et lot)*.
(3) P. H. 0. Karly Chanccry roll 38Î, m. 1«, voy. pièces Justillcattves.
(4) Rymer, R. K., t. III pars. II, p, m.
(5) Rotls of Parliament, t. II, pp. 358 et 350, et Rymer, R, K, t. Ht
pars, U, pp. 1057 et 1002.
-83-
pavago, los fontaines ot les ruisseaux, veillera à la pro-
preté des rues, à l'enlèvement du fumier et des ordures.
Pour subvonir à cos dépenses, elle touchera Passiso du
pain, du vin et do la biôro, les droits sur los étalages des
commerçants ainsi quo lo« picago » dans les marchés; on
lui attribue en outre les profits do justice dons les causos
portées dovont lo tribunal municipal, sauf les amendes
prononcées pour coups et offusion de sang, les eschètes, les
confiscations do biens meubles et immoublos qui sont réser-
vées au roi. A ces revenus, on ujoula en 1404 los
« uttachiomonta, areslu ot execuciones » (1) qui soraient
prélovés sur les biens do ceux qui auraient omis d'acquillor
les taxes : leurs marchandises pouvaient être vendues ot lo
prix vorsé dans la cuisse do la villo. Quant au droit do
voinopàturo sur les dunes, réclamé dès 1376, il fut défini-
tivement accordé aux bourgeois par îlonry VI lo 12 juin
1140 (2), ontro Calais et Sungatto d'un côté, ontro Culuisot
« Walo » do l'autre. Les épaves qui échouaient sur lo
rivogodovaiont aux termes do l'ordonnance du 1er mars
1363 êtro tenues pondant un an et un jour à la disposition
do leurs propriétaires ; si personne no so présentait pour
les réclamor ou no fournissait uno prouve certaine de son
droit, les objots rojetés par la mer étaient dévolus à lo
communouté. Signifions enfin quo Hichord II, lo 23 décem-
bre 1383, exempta pour toulo la durée do la guerro avec la
Franco, les Coluisiens des taxes perçues sur los vivros, les
bois do chauffage, les matériaux do construction, chaux,
plutre et tuiles qu'ils amèneront dans la ville à condition
quo co soit pour leur usage personnel et non pour les
vendro (3).
Lo service do la voirie qui incombait à ht municipalité
n'élait pas toujours bien fait, et nous voyons qu'à deux
(1) Ordonnance du 5 août 1401, (P. R. 0., Karly Chai.cery roll 347 m. 1;
voy. pièces Justificatives).
(t) Karly Chancery roll 382, m. \t\ voy. pièces Justificatives.
(3) Dlbl. nat, fonds Moreau 081, fol. loi.
^ '84 -
reprises lo pouvoir royal fut obligé d'intervenir pour remé-
dier à un état do choses fâcheux. Richard II en 1389 et
Henry VI en 1141 s'adressent à toutes les autorités consti-
tuées de Caluis, uu capitaine, au trésorier, au maire do
Pétaplo et à celui de ht ville et lour ordonnent do contrain-
dre par tous les moyens les soldats et les habitunts à
transporter lo fumier et les ordures hors de l'enceinte ou
lieu do les jeter sons plus s'en occuper dans les ruos et les
impasses, ce qui avait pour résultat do corrompre Pair et
constituait un gravedunger pour lu santé publique. L'ordro
royal devait êtro publié dans les divorses parties do lo
cité(i).
Les troupes qui étaient débarquées à Calais ot y faisaient
séjour, étaient sans doute logées chez l'habitant. Dans uno
lettre adressée le 20 juin 1380 à Jeun d'Evreux, capitaino do
la ville (2), lliehurd II prescrivait à celui-ci de prendre les
mesures nécessaires pour que les solduls no causassent
aucun dommugo uux bourgeois el aux marchands. Malgré
cela, les passages fréquents pendant les guerres avec la
Franco semblèrent aux Calaisiens un trop lourd fardeau à
supporter : ils s'en pluignironl, et Henry IV, lo 15 mors
1-401, décida (juo les archers et les hommes d'armes soruiont
à l'avenir cantonnés do la manière la moins dispendieuse
possible pour les bourgeois, et qu'en outre les propriétaires
recevraient uno indemnité convenable pour les fiais qu'ils
auraient à subir (3).
Les règlements en vigueur à Calais, les droits et privi-
lèges des habitunts furent confirmés par les souverains qui
se succédèrent sur le tiVme d'Angleterre, par Edouard IV
le 10 murs 1462, par lliehurd 111 le 28 février 1484 et par
Henry Vil le 21 novembre 1487(4). Nous uvons lotîtes
il) Ordonnance du 0 uoilt 13S0 (P. R, 0. Karly cliancery roll 334,
m. 20, voy. pièces Justificatives); Itlbl. Nat. fonds Morcau 6S*, fol. 71.
(2) Rymer, éd. de I.a Haye, t. 111, pars Itl, p. 10?.
(3) P. R. O. Karly chanccry roll 315, m. 10, voy. pièces justificatives.'
(4) P. R. 0. Karly chanccry roll 406, m. 22-20 ; Ibidem 423,m. 33-37{
ibidem 432, tu. 10-18.
— 85 -r
raisons de supposer qu'ils subsistèrent jusqu'à la reconquête
parles Français. Nous savons qu'en 1535, Henry VIII fit
procéder à uno enquête sur l'état de la ville. Il chargea do
co soin William Fit/William, Thomas Walsh, John Uukor,
George PouleletAntonySentloger. Ces porsonnogosdovaicnt
se rendro compto si les fonctionnaires remplissaient avec
exactitude leurs devoirs, s'ils avaient sous leurs ordres des
serviteurs on nombre prescrit, si les gardes et les rondes
se faisaient régulièrement, en un mot si les lois étaient
observées. Lo 17 août, les envoyés royaux avaient terminé
leur tâche, et ils s'étaient convaincus (juo sur tous les
points les autorités avaient manqué de vigilance: ils con-
cluaient que le désordre était tel quo le ecour do tout bon
Anglais devait en être blessé (1) Mais nous ignorons si
uno sanction fut donnée à leurs constatations ot si des
réformes furent ordonnées par Henry VIII.
Il est assez singulier qu'une ville faisant partie du
domaine anglais depuis 1347, et dont les citoyens étaient
assimilés en tout aux autres hululants du royaume, n'ait
été rejmisontéo au Parlement que cent quatre vingt-dix ans
tiptîvs la conquête. C'est seulement le 14 mai 1530 quo Lord
Audley, chancelier, écrivit à Lord Lislo, alors dépulé do
Culais, pour lui annoncer quo lu cilé aurait dorénavant deux
délégués dans les assemblées: l'un serait choisi jiar lo
dépulé et le conseil, l'autre par lo maire et la communauté
dos bourgeois (2). Il no semble pas du reste «juo les Calai-
siens aient envoyé îvgulièrement des membres nu Parle-
ment : nous en avons seulement trouvé doux en novembre
1545, el un seul en octobre 1554, sans quo nous connais-
sions les raisons do celle abstention (3).
U) Chroniclc ofCalah, p. 13:1.
(2) Ibidem, p. loi).
(3) Mcmbcrs of Parliament, Index lo part I (1218-1*02), pp. XXXIII
et XXXIV.
86-

III

Les lois ; la justice

LoSdécembro 1347, lùîouord III confirma à Westminstor


les onciennes Ion- et coutumes données jadis à la ville do
Calais en 1252 par la comtesse Mahaut de Boulogne ;
Robert II d'Artois les avait supprimées et la comtesso
Mahaut d'Artois les avait restaurées en septembre 1304(1).
La charte do 1304 comme celle de 1252 contenait les
rudiments d'un code pénal et d'un code do procédure, ello
réglait les droits et les devoirs réciproques du seigneur et
de la communauté(2). Mais sur beaucoup de points concer-
nant l'état des personnes, co document est muet, et il est
probable que pour les mariages, les testaments et les
successions, les Calaisiens étaient régis par les coutumes
du comté de Boulogne.
Après la conquête, ces anciens usages consignés dans la
charte demeurèrent en vigueur au moins pendant un
certain temps, puis firent placo j)eu à peu à la loi anglaise.
C'est ainsi que dans l'ordonnance du lor mars 1363,
Edouard III disj)Ose que toutes les affaires non commer-
ciales seront jugées soit d'après la coutume locale soit
d'après la coutume du royaume: il semble qu'il y avait là
uns sorte de faculté laissée au juge. Mais en même temps,
le roi décide que les successions ouvertes en Calaisis seront
dévolues aux héritiers suivant l'ordre fixé par l'usage
d'Angleterre (3). De plus, le 23 juillet 1376, toutes les
causes ayant pour objet des terres, des tenures ou des
(1) Ilymer. K. K. t. III. pnrs I, p. 142.
(2) Cette charte a été étudiée en détail par Uréquigny {Mémoires de
l'Académie des Inscriptions, t. XLI1I, pp. "737 et suivantes).
(3) Rymer, R. K., t. III, pars. II, p. 691.
- -
87

rentes furent soumises à la mémo loi (l). Les ancionnos


coutumes disjmrurent donc graduellement, et il était en effet
naturel quo les Culuisicns, citoyens anglais, fussent régis
par los usages do leur pays. lrne prohibition qui fut main-
tenue, croyons nous, jusqu'à la fin «lo l'occupation est
relative au mariage. Un acte do Henry V, daté du 15 juillet
1413, interdisait aux habitants de la villo d'éjiouser des
personnes sujettes d'un autre roi et particulièrement dos
Fraisais : celui ou celle «jui se mariait ainsi sans uno per-
mission sjiécialo du roi était expulsé et ses biens étaient
confisqués (2).
Sous la domination des comtes d'Artois, c'étaient les
magistrats municipaux, c'est-à-diro les échovins et les
cormans qui rendaient la justice. Kdouard III tout en
confirmant la charte de Calais et les anciennes coutumes
modifia sur des points importants l'état de choses existant
avant la conquête. Dans une ordonnance non datée mais
dont la rédaction doit se placer en octobre 1347 (3), il prit
les dispositions suivantes: les procès ou contestations qui
s'élèveront entre les soldats et les gens do la ville seront
de la compétence du maréchal, du capitaine et du sénéchal ;
les différends qui surgiront entre les habitants seront
tranchés par le sénéchal ; ce dernier officier connaîtra
également do « ton/, pleez de terres et tellement/ et de
ton/ autres pleez roialx ». La juridiction des échovins,
(il n'est {>lus question des cormans sous la domination
anglaise), se trouvait donc fort restreinte. On ne leur laissait
à juger que les crimes et délits et les procès auxquels les
étrangers se trouvaient mêlés.
Lorsque par l'ordonnance du 1er mars 1363, à laquelle
II. p. ÎO'.S. Los actions personnelloset celles
(1) Rymer, U.K., t. 111, p:tiS
«pli concernaient dos dettes et des contrats étaient encoro au temps do
Richard II régies par les anciennes coutumes locales (cf. Rolls of Parlia-
ment, t. III. p. S").
(2) Ibidem, éd. de La Haye, t. IV, pars II, p. 42. Voy. aussi Chroniclc of
Calais, p. 133.
(S) Rymer R. E., t. III, pars I, p. 130.
- - 88

nous nous sommes déjà référé, l'organisation municipalo


fut coinp'.ètomoit modifiée, celle do la justice lo fut égale-
ment. Les échovins étaient romjilacés jiar deux maires ot
vingt-quatre aldormen «jui formaient un corps dont les
attributions comprenaient à la fois le commerce el l'admi-
nistration projiremont dite (1). Le roi décidait en effet «pio
les membres de l'assemblée communale désigneraient
dans leur sein quelques jiersonncs ijui auraient connais-
sance des dettes, comptes, contrats et contraventions
suivant la loi marchande et jugeraient en outre les crimes,
félonies, blessures et infractions «juelconquos commises
dans la ville et Péchevinago selon la coutume locale ou
l'usage d'Angleterre. La juridiction municipale avait donc
simultanément la compétence d'un tribunal do commerce
et celle d'un tribunal de droit commun, lui vertu de leurs
offices, les maire et aldormen avaient pouvoir d'ordonner
des enquêtes, d'entendre les jmrties et de rendre des sen-
tauecs ; ils pouvaient recevoir des reconnaissancesde dettes
et délivrer à cotte occasion dos « lettres obligatoires » qui
auraient force exécutoire dans toute l'étendue du royaume
Si une de leurs sentences est frappée d'appei par une des
parties, elle sera réformée s'il y a lieu par uno commission
composée du gouverneur e! du trésorier de la ville, des
deux maires et de deux marchands choisis par le corj>s
municijml, commission qui se réunira chaque année au
mois de mars. La personne coupable d'un crime ou d'un
délit commis à Calais ou dans Péchevinago sera justiciable
du tribunal de cette ville, même si ello s'est réfugiée sur un
autre point du territoire anglais.
Nous avons eu déjà l'occasion de dire que la réunion
dans les mêmes mains do l'administration municipale et de
la direction de la compagnie do Pétaplo ne tarda pas à
donner do fâcheux résultats, ot qu'on modifia promptement
l'ordonnance de 1363. Uno séjiarolion complète fut opérée
(1) Rymer, R. E., t. III, pars II, p. 091.
— 89 —

en mai 13G5 (1), Au point de vue do la justice, lo mairo do


10 villo ont connaissance do tous les procès civils et criminels
s'élovant en Calaisis, tandis «juo tous 10s différends concer-
nant les marchands et marchandises furent désormais
tranchés jtar lo mairo ot la communauté do Pétajile. Lo
mairo do la villo était aidé dans ses fonctions judiciaires
par douzo aldormen, ot c'est jiour cotto raison quo lo roi
voulait quo ces fonctionnaires no fussent point des gens
d'état trop modeste ou do profession inférieure : nous
voyons en effet Kdouard III écrire lo(î août 1367 au capi-
taino do Calais qu'un certain William de Skomestono doit
opter entro son métier d'employé subalterne do la compa-
gnie do l etaj)lo ot sa charge d'alderman qui le constituait
juge et gardien des lois (2).
Los bourgeois do Calais obtinrent on 1376 lo privilège
d'élire leurs officiers municijiaux : devenus électifs, ceux-ci
conservèrent les attributions judiciaires qu'ils possédaient
lorsqu'ils étaient désignés par lo roi (3). Toutes les causes
civiles et criminelles lour ressortissaient ainsi quo celles
qui avaient pour objet des terres, des tenures ondes rentes.
11 restait entendu que les a flaires commerciales regardaient

la communauté do l'étaple, quo los débats entro les soldats


étaient do la eomjiétence du capitaino et que les «juerolles
entro soldats et habitants étaient jugées concurremment
par le capitaino et le mairo de la ville.
Au Parlement tenu le lundi après la Saint-Hilaire 1380,
les bourgeois demandèrent que si aj)j>el était interjeté d'un
arrêt rendu par los maire et aldormen suivant les lois et
coutumes du pays, lo roi voulut bien désigner « boues et
sages gens q'ont conissanec des mesmes loix et usages, »
lesquels, en qualité de commissaires redresseraient à Calais
même les jugements erronés; do la sorte, les Calaisiens ne
seraient jilus obligés pour plaider on ajipel do traverser lo
(1) Rymer, R. K.,t. III, pars II, p. 70S.
(2) P. R. 0 Karly chancery roll 310, m. 4.
(3) Rymer, R. E., t. III, pars II, p. 1057.
- - 00

détroit au péril do « lour vies si bion del aventure do


meero como «lo lour cnomys. » Richard 11 accéda à cotto
requête (1) et décida «pio pour les ju-ocès tranchés selon la
coutume locale, c'est-à-dire jiour les dettes, comptes, con-
trats et actions jiersonnoiles, il instituerait quand il lo
faudrait des délégués parmi ceux qui connaîtront lo mieux
les usages; les frais occasionnés ainsi demeurant à la
chargo îles parties. Les bourgeois no devaient êtro forcés
do venir en Angleterre «juo si la cause intéressait lo roi ou
si lo litige portait surdos terres et tenures, ot était en consé-
quence jugé suivant la loi anglaise.

IV

Églises, Hôpitaux,
Communautés religieuses
La villo do Calais comjitait deux paroisses: Notre-Dame
et Saint-Nicolas. Après la conquête, Kdouard III n'ei-.^epta
jioint les ecclésiastiques de la mesure générale qu'il édicta
contre les anciens habitants qui furent expulsés. Dans uno
de ses jn-emières ordonnances, il annonce que doux jirètres
seront nommés pour remplir les fonctions de curés (2). Le
territoire cédé à l'Angleterre j>ar le traité de Hrétigny
dépendait au point do vue spirituel de Pévèché do Thé-
rouanne ; c'est seulement on 1379 «ju'une bulle d'Urbain VI
en date du 23 décembre mit le Calaisis sous la juridiction
de l'archevêque do Cantorbéry (3) et c'est au prélat «jui
occupait co siège quo les rois présentèrent dans la suite les
(1) Rolls of Parliament, t. III, p. 87.
(2) Rymer. R. K.. t. III, pars I, p. l;fv>.
(3) liréijuijmy, Mémoires de l'Académie des Iiiscriptiuns, t. L, p. 017 ;
Ch. Demotier, Annales de CaU ' depuis les temps les plus reculés
jusqu'il nos jours, (Calais, lSûO, "), p 07.
_ 91 -
candidats qu'ils désiraient voir nommer aux bénéfices
vacants. 11 arriva parfois plus lard «juo les dîmes dos
églises furent concédées comme faveur à des laïques :
Edouard IV fit cesser cetle irrégularité ot ordonna lo
27 juillet 1 ifil qu'elles seraient restituées aux ecclésiasti-
ques à qui elles appartenaient (l).
Lo traité do Brétigny avait stipulé que les églises do Franco
qui possédaient des biens dans los contrées dévolues à
l'Angleterre en demeureraient jirojiriétaircs.Ordeux établis-
sements religieux, l'abbaye do Boulogne et la chartreuse do
Saint-Omer jiereevoient dos rentes à Calais. En exécution do
l'article du traité, Edouard III ordonna le G novembre 1303
aux maires et aldormen do la villo do donner aux délégués
do ces communautés toutes facilités pour toucher les revenus
qui leur apjiartenaient (2), mais nous no savons si elles
continuèrent jxir la suite à jouir do leurs droits.
Il y avait à Calais un couvent do Carmes : quand
Edouard III so fut emparé do la villo, il fit sortir les
Français qui s'y trouvaient et los remplaça par des religieux
du même ordre venus d'Angleterre (3). Il semble que la
situation do ces moines était fort précaire, car nous voyons
le roi leur donner, le 26 décembre 1351, des livres jiour uno
valeur do 20 marcs « in uuxilium sustentacionis » (4).
Plus tard, le20 août 1377, Richard II lour fit présent d'uno
rente de 20 marcs par an (juo confirma Henry IV lo 22
octobre 1309 (5). Mais lo Parlement la supjn-ima lo G
novembre 1452, et les frères, privés d'un subside qui leur
était si nécessaire, porteront leur doléances au roi.
Henry VI céda à leurs jirières ot lo 23 mai 1453 lour
restitua la rente qu'ils devaient toucher en quatre termes (G).
(1) P. R. O. Karly chancery roll 105, m 27.
(2; Ibiilem 3iU'>, m. 4. ; voy. pièces justificatives.
(:<) Continuation de Guillaume de Sangis,và. Géraurf, t. IL p. 207.
(4) Kymer, R. E.. t. III, pais I. p. IS7.
(5) l\ R. O. Karly chanccry roll 321, m. 28; ibidem 314, m. 24 ; voy.
pièces justificatives.
(6) Ibidem 395, m. 10 ; voy. pièces justificatives.
.- 92 -
Bien qu'Edouard IV, la premièro nnnéo do son règno, ait
résolu do maintenir la libéralité accordée jtar sos prédéecs-
sours, et décidé quo les 20 marcs siéraient jiayés désormais
par moitié à Pâques et à la Saint-Michel, Hs Carmes
no reçurent rien du trésor royal dont la jiénurio était
oxlrèmo ; ils rapportèrent à la chancellerie leurs lettres
(intentes sans valeur et adressèrent do nouvelles pétitions
au souverain qui jiromit do lour faire compter les arrérages
on retard et ordonna, le 7 mars 1487, «juo la rente serait à
l'avenir prélevée sur les deniers assignés pour lo paiement
des lieutenants et dos soldats on garnison à Calais (1).
Edouard IV ajiprouva aussi une sorte do communauté ou
d'association jiieuse, fondée poui* « louer, glorifier ot
honorer lo sainte et indivisible Trinité cl la très glorieuse
Vierge Mario ». Elle so composait do quatre gardiens, do
frères et do sieurs habitant Calais. Lo roi lui accorda le
1er août 1480 la qualité de personne morale, avec la per-
mission d'ester en justice et d'acquérir dos terres, des
tenures el des routes, dérogeant ainsi aux règlements «pii
interdisaient do donner ou do léguer à dos gens de main-
morte. La communauté était dirigée par quatre gardions
élus chaque année par sos membres ot qui avaient le jiouvoir
do faire des statuts sans aucun empêchement du sou-
verain ou de ses officiers. Elle devait entretenir un
chapelain «pii célébrerait chaque jour la messe dans la
chapelle do la Trinité en l'église Notre-Dame, aux inten-
tions d'Edouard IV, do sa femme Elisabeth, des jiersonncs
composant l'association et do leurs bienfaiteurs (2). Il s'agit
là probablement, non point d'uno congrégation jiroprement
dite, mais d'une sorte de confrérie de prières et de bonnes
oeuvres.
Ces institutions religieuse furent supprimées sans doute
au moment do la Réforme. Nous sommes mal instruits do

(1) P. R. 0. Karly cliancery roll 431, m. 3.


(2) Ibidem 424, m. 11 ; voy. pièces justificatives.
— 93 —
la manière dont ello fut uccomplioà Calais. Il somblo cepon
dont quo los doctrines nouvelles y furent d'abord assez mal
accueillies et qu'on dut recourir aux supjilices. Hichurd
Turjiyn, dans sa chronique, montionno on 1530 la jiendai-
son jiour cause do religion «les nommés Petorson et Hichor-
dson ainsi «juo do tjuelques olliciers inférieurs ot do prêtres.
« Les dissidences religieuses, dit il, continuèrent à troubler
la paix do la communauté ». Un prêtre du nom do Ralph
Haros et sir William Smith faisaient tous leurs efforts jiour
empêcher la pojiulation d'adhérer à la Réforme: la messe
et les offices furent désertés et sur dix-sept cents habitants
«juo comptait la paroisse Notre-Dame, dix ou douze*à peino
continuaient à la fréquenter (1). Il y eut sous le règne do
Mario Tutlor un essai de restauration catholique, car nous
voyons cette princesse présenter au cardinal Polo, arche
vèque do Cantorbéry, un ecclésiastique pour remplir les
fonctions do curé d'uno des églises de la villo (2).
Nous ignorons la date do la fondation et l'histoire dos
deux hôjiitaux de Saint Nicolas et do Saint-Jacques. Lo
premier était situé dans l'intérieur do la cité, lo second
hors des imr Vun et l'autre étaient jdacés sous lo patro-
nage du roi qui intervenait dans lour administration
Iorstju'il lo jugeait à jirojios. C'est ainsi qu'en l'année 1407,
Henry IV apjirit quo lo plus grand désordre régnait dans
ces établissements et «juo jiar suito do la négligence des
personnes qui les dirigeaient, des liions meubles ot immeu-
bles avaient été soustraits, les vêtements sacerdotaux des
chapelles avaient été détruits ou dispersés, los bâtiments
tombaient en ruines; les pauvres, los malades, les pèlerins
qui trouvaient asile à Saint-Nicolas, ainsi que les léjireux
qu'on devait soigner à Saint-Jacques, se voyaient, au
méjiris do toute charité, refuser l'accès do ces hôpitaux par
les gardions. Pour remédier à tant d'abus, lo souverain

(1) Chroniclc of Calais, p. ISO, note.


(2) Rymer, éd. de La Haye, t. VI, pars IV, p. 3
-1)1 -
chargea, lo 12 février 1407. uno commission composéo do
sept personnes do procéder à uno enquête minutieuse et do
rédiger un rapport ou ils consigneront los faits qu'ils décou-
vriront (l). Nous no connaissons point les résultats do cotto
enquête, mais nous savons «juo Henry IV remit lo 21
novembre 1408 ontro les mains do la municipalité l'admi-
nistration dos doux hôpitaux (2) et «juo plus tard, sous lo
règno do Henry VI, de nouvolles irrégularités s'étant pro-
duites, Humfrcd Stafford, John Marynor et John Garleforth
furent délégués, le 18 juillet 1415, pour insjiector l'établis-
sement do Saint-Nicolas et examiner les comptes do
gestion (3).
(DP. R. 0 Karly chancery roll 350, m. 15 ; voy. pièces justificatives.
(2) Uibl. Nat. fonds MorSâu CS1, fol. 280.
(3) P. R. O. Karly chancery roll 3S7, m. 3.
CHAPITRE VI

L'AUTORITÉ ROYALE A CALAIS


DÉFENSE DE LA PLACE

Le Capitaine

Le roi d'Angleterre, souverain de Calais, y était repré-


senté j)ar un officier qui porta successivement les noms de
capitaino, do lieutenant el de député. Cetto charge, consi-
dérée comme très importante, était presque toujours
confiée à des personnages notables jiar leur naissance ou
leurs talents. Lo premier dont nous trouvions mention est
Jean de Montgomery nommé par Edouard III lo 8 octobre
1347 et qui fut remplacé dès lo 1er décembre suivant par
John de Chiverston (1). Leurs successeurs furent choisis
jiour un tcmj)s indéterminé ot généralement assez court :
Jean de Beauchamjilo l,r jenvier 13U), Robert de Herle lo
î) mars 1350, Renaud de Cobham lo 2!) juin 1353, Roger
de Beauchamp - 23 janvier 1355, Jean do Deauchamp lo
*

14 janvier 1356 (2).


Un acte du 12 juillet 1319 nous renseigne d'une manière
assez générale sur los attributions du capitaine de Calais:
elles se résument à garder la ville en sûreté (3). Tous les

(1) Rymer, R. K., t. III, pars I, pp. 138 et 112.


(2) Ibidem, pp. 181, 193, 250, 291, 310.
(3) Ibidem, p. ISO.
-96-
habitants, toutos los porsonnos qui s'y trouvent lui doivent
obéisseneo entière, do nuit commo do jour, en co qui
loucho la sécurité de la place. 11 o jiouvoir do punir ceux
qui so montreront rebelles à ses ordres ; il a la faculté do
révoquer tous les officiers et fonctionnairesdont la conduite
laissera à désirer, do les envoyer en jirison à la Tour do
Londres s'il lo faut, et do leur nommer des remplaçants.
Son lieutenant ou la porsonno qu'il aura déléguée pour
exercer l'autorité en son absence aura les mêmes droits
et les mêmes devoirs.
Vn [>eu plus tard, lo souverain nomma lo capitaino do
Culais pour une période déterminée, un an j>ar oxemple.
En ce cas, uno endenturo était rédigée, formulant les
obligations du roi et colles do cet officier. Nous possédons
uno pièce de ce genre contenant les conventions faites entro
Edouard III et Jean de Beauchamp, frère du comte do
Warwiek; ello est datée du 10 février 1356. Il yest stipulé(l)
queco personnage remplira les fonctions de capitaine pen-
dant une année: il aura avec lui neuf chevaliers, cinquante
éeuyers et quarante-deux archers à cheval ; pour ses gages
et ceux de ses hommes, il touchera la somme de 66 livres
13 sous, 4 deniers, payable d'avance et par quartiers. La
ville et les châteaux qui en dépendent seront garnis d'un
bannoret, vingt-neuf chevaliers, trois cents quarante-huit
éeuyers, cent soixante deux archers à cheval, cent vingt-
trois « hobelours », cent quatre vingt-quinze archers à
pied, treize hommes pour la garde de jour, plus deux cent
vingt maçons, charpentiers et ouvriers divers, cinq arba-
létriers et vingt mariniers. Tous recevront leur solde par
quartiers. La ville, en prévision d'un siège, devra toujours
êtro pourvue de vivres pour six mois au moins. Si le roi et
son conseil viennent à manquera leurs engagements, c'est-
à-dire si les gages ne sont point payés, il sera loisible à
Jean do Beauchamp de quitter librement Calais avec ses
(1) Rymer, R. E., t. III, pars I, p. 324.
— 07 -
gens, ses chevaux ot son équipago. Au cas oh la ville ou
un des châteaux sera assiégé, et si lo capitaino no
pont, avec les troupes dont il dispose, ropoussor l'ennemi,
lo souverain devra lui envoyer dans lo délui d'un mois des
ronforts suffisants. Enfin, aucun soldat n'a lo droit dopossor
en Angleterre s'il n'a obtenu au préalablo congé du cajù-
toino. C'est, on lo voit, un véritoblo traité qui intervient
ontro le roi ot celui do sos sujets «ju'il charge do la défense
do Calais. Co dernier doit, moyennant une somme d'argent
fixée, entretenir un certain nombro d'hommes d'armes ; il
est libéré de ses obligations si son maître no remplit j>as les
siennes.
Uno endenturo du même genre était rédigée à l'expira-
tion du termo convenu. Il arrivait parfois que ces conven-
tions étaient renouvelées, par exemple pour Jean do
Beaucb ->p (1) prorogé dans son commandement lo 10
février id57, et pour Henry Le Scrop (2), nommé le 6
février 1360 et continué dans sos fonctions le 3 février 1361.
Le château ou la citadelle deCalais était jusqu'alors sous la
dépendance immédiate du cajutaine: à partir du 13 juin 1361,
un officier spécial nommé garde, « custos », fut chargé du
commandement de cette forteresse. Thomas de Kyngeslono
en fut le premier titulaire (3) ; il n'est pas douteux quo lo
garde du château était lo subordonné du capitaine de la
ville. Les deux fondions no furent cependant jias toujours
distinctes ot nous voyons que Thomas Eogg les réunit
momentanément à partir du 2 décembre 1376 (4). La garde
du château fut aussi parfois donnée à terme : Philippo La
Vache l'obtint pour huit ans (5) lo 25 mars 1302, et Thomas
(1) Rymer, R. E., t. III, pars I, p. 310.
;2)l\ R. 0. Karly chancery roll 301, m. 15 ot 305, m. 15. La commis-
sion de capitaine pouvait être donnée ou continuée pour une période plus
courte qu'une année : c'est ainsi que Roger de Reauchamp-jiommé pour
un an le 6 mai 1372, vit sa charge prorogée pour six mois le o'njai 1373.
(Ibidem 315, m. 42 et 310 m. 18). 'v\'"-A
(3; P. R. 0. Karly chancery roll 305, m. 7. / \ v >\
(4) Rymer, R. K., t. III, pars II, p. 1000. l'z. 'J\
(5) P. R. O. Karly chancery roll 336, m. 3. \: C/
comte do Nottingham (1) en fut pourvu à vie le 28
mors 1396.
Avec l'assentiment du roi, lo capitaine pouvait so fairo
supj)léer dans lo commandement de la villo et dons celui do
lo nouvelle tour construite à l'entrée du port et nommée lo
Rysbank (2). Cet ouvrage, placé d'abord sous les ordres
directs du représentant du roi, fut confié plus tard à un
fonctionnaire particulier; nous voyons un certain Thomas
Totly être chargé do sa gordo lo 30 oortt 1309 (3).
Les termes les plus longs qui uiont été fixés pour la durée
des pouvoirs du capitaino de Calais sont do douzo ans on
faveur do John comte do Somerset, lo 23 mors 1401, do
Henry prince do Galles, le futur Henry V, lo 18 mors 1410,
et do quinze ans pour John llolland duc d'Exetor, lo 24
février 1398 (4).
Mois il arrivait rarement quo la porsonno nommée rem-
plit so fonction pendant la j)ériodo entière qui lui avait été
assignée, et cela pour des causes diverses que nous no pou-
vons pas toujours connaître Par contre, nous savons
pourquoi Richard de Warwiek, choisi le 3 févrior 1414, fut
remplacé le 16 novembre suivant par William Lyslo : c'est
qu'il avait été chargé de représenter lo roi d'Angleterre ou
concilo do Constance (5).
Lo gouvernement de Calais fut donné dons lo cours du
XV° siècle aux jiersonnagcs les plus importants du
royaumo: Ilomfroi duc de Gloucester en fut gratifié pour
neuf nus lo 1er novombro 1435 avec la faculté de percevoir
tous les rovenus dus ou ou roi sans ôtro obligé d'en rendre
compte, déduction failo do ses gages et do ceux do la
garnison(6). Après lui vint Richard, duc d'York dont lo fils
(1) P. R. O. Hnrly chancery roll 340, rn. 13.
(8) Ibidem 338, m. U, Le nom de Rysbank s'est conservé Jusqu'à nos
jours : il appartient n un fort.
(3) Ibidem 313, m, 1.
(4) Ibidem 315, m, 0; 353, m. 13 j 34!, W. 0.
(5) Ibidem 350, m. 10 et 357, m. 15,
(0) Ibidem 357, m. 15.
- 99 -
dovoit détrônor Henry VI et régnor sous lo nom d'Edouard
IV : il fut nommé lo 18 juillet 1454 pour sept ans, aux gages
do 6 sous 8 deniers par jour uvec uno gratification sujmlé-
menteirodo 100 marcs j)or an (1). Dans Pondonturo qui fut
rédigéo, il était stipulé quo lo tiers du butin fait sur
Pennomi apj>artiendruit au duc, qu'il aurait on outre tes
prisonniers copturés par los troupes j)lacéos sous ses
ordos: lo souverain so réservait seulomont lo roi de Franco
ou ses fils et le connétable. Moins d'un on après, lo 13
aotU 1455, la capitainorio de Calais fut donnée à Richard
comto do Warwiek (2), le fameux « faiseur de rois » dont
nous avons déjà parlé dans un précédent chapitre, et à qui
la j)ossossion do ce grand commandement fut si utile
pendant la lutte qu'il soutint contre la dynastie do Lancas-
tro. Pou oprès l'avènement d'Edouard IV, en récompenso
dos sorvices qu'il avait rendus au nouveau roi, ce comman-
dement lui fut conféré à vio (3) ; il eut le titre do capitaino
do la villo, du château et do la tour do Rysbank. Nous
avons raconté plus haut lo rôle qu'il y joua.
Lo 17 juillet 1471, William llastings do Hostings, est
investi de "-> mémo fonction, mois il est qualifié do lieute-
nant (4), ot lorsque lo 11 février 1479 on le proroge pou r
dix années, on Pappolle garde général, surveillant, gouver-
neur et lieutenant du roi à Calais,au château ot à la tour (5).
Richard III pendant so courte royauté confia successi-
vement lo gouvernement do lo villo à John do Dynham (6)
lo 16 juillet 1483, à Raoul llastings (7) lo 4 mors 1481,
enfin lo 11 mors 1485 à son fils bâtard John do Gloucester
dont la vivacité d'esprit et l'agilité corporelle étaient garan-

ti) P. U. O. Early chancery roll 300, m. 2; Bibl. Nat. fonds Moreau


GS2, fol. 111.
(t) Ibidem 307, m. 11.
(3) Ibidem 405, m. 24.
(I) Ibidem 415.
(5) Ibidem i22.
(0) Mut. Nat. fonds Moreau 082, fol. 105.
(7) P. U. O. Karly chancery roll 428, m. 15.
- - 100

tos dos services qu'il serait capable de rendre ; ce jeuno


prince avait alors moins do vingt ans et lo roi so réservait,
durant sa minorité, la nomination do tous les officiers (1).
Lo 7 mors 1486, Henry VII vainqueur de Richard III,
nomma Gilles Doubenoy lieutenant do Calais pour uno
durée do sept ons. Ce jiersonnoge mérita par ses services
l'honneur d'être enterré à Westminster dons la chajiello
Saint-Paul, avec sa femme Elisabeth. Sur le tombeau do
morbro noir, on voit encoro leurs efllgies en olbôtre qui, à
l'origine, étaient jointes (2).
Son successeur Gilbert Tolbot eut io titro do député : c'est
celui quo les représentants du roi portèrent désormais (3).
Lo 15 moi 1519 Henry VIII nomma à cotto fonction un
chevalier, John Pecche, aux gages de 100 livres sterling par
an, jiour uno période indéterminée (4).
Nous connaissons encore les noms do John Bourgchicr
Lord Berners (5) qui commanda depuis lo 28 novembro
1520 jusqu'au 19 mars 1532, date do so mort et qui voulut
reposer dons lo choeur do Pégliso NotroDomo (6) ; do John
Arthur Plantagonot vicomte Lislo qui entra en charge lo 2
juin 1533 et fut disgrocié, somblo-t-il, en 1539 et rappelé
porco que lo roi lo soupçonnait d'attachement à la religion,
catholique (7). Los derniers députés do Calois furent les
Lords Henry Maltravers (8), Cobham et Wentworth.
Nous avons dit quo lo capitaine avait touto autorité sur
les fonctionnaires royaux et los soldats : il avait donc vir-
tuellement lo pouvoir de foire à leur usage des règlements.
Nous no savons si beaucoup d'entre eux usèrent do ce droit:

(1)P. R. O. Karly chancery roll 428, m. 5 s « Ingenii vivacitas membro-


rumquo ngilltns.... inagnam et indubiam nobis de futuro ojus servlclo
bono spem, gratia divin», promiltant. » '
(2) Ibidem 430, m. 11.
(3) Ibidem 4M, m. 2.
.
(4) Ibidem 461, m. 2.
(5) Ibidem 462, m. 8.
(0) Cronkle of Calais, p. loi.
(7) Ibidem, pp. 41 et 183.
(8) Ibidem, p. 100.
- - 101

du moins les ordonnances élaborées par leurs soins no


nous sont elles point parvenues. Nous en possédons uno
cependant qui a pour auteur lo comte de Warwiek, lo
« faiseur de rois » ; ello fut rédigée ou moment où celui-ci
était tout puissant auprès d'Edouard IV qui on sanctionna
les disj>ositions lo 27 juillet 1465(1). Ce règlement avait
pour but do consolider l'autorité du cajntaine ou celle do
son délégué. Lo lieutenant du château, celui do la tour do
Rysbank, le maréchal et tous les autres officiers doivent
obéissance au représentant du roi et sont tenus do l'assister
en co qui toucho le gouvernement ot lu défense do la j)laco.
En revanche lo capitaine les traitera avec courtoisie et
amabilité (. in gcnlyl, amyablo and frendly inaner »,
donnant à chacun les conseils et les instructions néces-
saires. S'il arrive «ju'un fonctionnaire ait à so plaindre d'un
autre, il so gardera de lui chercher querelle, mais s'adres-
sera au conseil du capitaine le«juel essaiera d'accommoder
lo différend. Tous ont le devoir, sous peine de destitution,
d'aider au maintien du bon ordre et de la discipline. Do
plus, il imjiorte qu'ils donnent en tout l'exemplo do la con-
duite privée la j)lus régulière : or, à ce «ju'il semble, les
înomrs sont fort relâchées, l'adultère est chose commune,
et nombre de gens vivent publi«juement avec des femmes
sons être mariés. Lo capitaine considère que ces abomina-
tions sont un grand danger pour la ville, car elles attireront
sur ello le courroux du ciel: aussi ordonno-t il quo tout
soldat ayant des relations avec uno femmo mariée les inter-
romjio aussitôt et y renonce complètement, et enjoint-il
aux célibataires qui vivent en concubinago d'épouser leur
maîtresse avant la fêle de PAssoinjition prochaine ou bien
de cesser tout rapport avec elle. Ceux «jui contreviendront
à ces disjiositions seront révoqués de leur emjiloi ot la
femmo coupable sera bannie do la ville à perpétuité.
Lo représentant de l'autorité royale à Calais était secondé

(1) P. R. 0. Karly cliauoery roll 400, m. 14.


- - 102

par un consoil. Nous ignorons l'époque à loquollo cotto


assombléo fut constituée ; nous n'en avons point trouvé do
mention avant 1465. Nous on connaissons néanmoins la
composition par un acto do Henry VI11, rédigé on 1535 ot
qui règle la préséance (l). Lo dépulé do Colois y aura la
promiôre placo ; viendront ensuite lo lieutenant do Gulnes,
lo haut maréchal, lo lieutenant du château do Calais, lo
trésorier, lo lieutenant du Rysbunk, colui do Hom, lo con-
trôleur, lo haut-portier, lo lieutenant du pont do Nieuley ot
lo sous maréchal. On recommanda à tous ces officiers do
garder exactement lour rang pour éviter toulo conlostation.

II

Garnison et Fortification
Il est difficile d'évaluer lo nombre do soldats auquel pou-
vait s'élever lo garnison do Colois. Co nombre dut varier
suivant qu'on était en paix, ou qu'on craignait uno ogres-
sion des ennemis. Lo villo était en somme do petite
étendue, facile à défendre por sa position mémo et il no
somblo )ios quo beaucoup d'hommos étaient nécessaires
pour lo garder. Du reste, à la moindro monoco d'uno atta-
que il était facile d'y porlor rapidement du renfort, on
raison do la proximité de lo inôtropolo.
Nous avons dit déjà quo lo logomont dos troujies chez
l'habitant constituait uno lourdo chorgo jiour los bourgeois
ot quo Richard II puis Henry IV avaient proscrit Pallo-
cotion d'indemnités raisonnables aux propriétaires. Coquo
les documents nous révèlent lo plus clairement au sujet do
la garnison do Calais, co sont les difficultés (juo les rois
éprotivuiont à payer sos gages. Nous savons, par exemjrto,
(1) Drillsh Muséum, Harlclnn 353, fol. 180.
- - 103

qu'on 1407, des foils graves so produisirent : les hommes,


no recevant plus do soldo, se mutineront et so saisirent du
stock do laines qui appartenait aux commerçants do l'éta-
jilo. Ces derniers, pour rentrer en possession do leurs mar-
chandises, so hâtèrent d'avancer la somme nécessaire
j)our satisfaire la troujie. Henry IV, lo 29 avril do cetto
môme année, oxprimo à la compagnie ses remerciements
pour lo service qu'elle venait do rendre à la couronno ot
occorda un délai à ses membres pour acquitter les toxes
sur les laines ot peaux exportées depuis la Pentecôte passéo
jusqu'à la prochaine fèto do Saint-Michel (1). Depuis lors,
il semble quo lo paiement de la garnison soit uno causo
constante d'embarras pour lo trésor royal : on décida
d'abord do prélever pour cet usago 5.000 livres provenant
do l'impôt sur los laines, mais cetto sommo était insuffi-
sante; on'le constatait pendant la minorité do Henry VI lo
19 moi 1423, et lo gouvernement promettait d'en donner
uno plus forto en proportion do l'accroissement des
rovenus (2). Lo roi, ayant obtenu du Parlement la conces-
sion d'un droit do 13 sous 4 deniers à percevoir sur choque
soc do laine et sur chaque paquet do doux cent quarante
peaux exportés d'Anglotorre j>or les nationaux aussi bien
quo par les étrangers, il fut convenu, lo 5 mai 1436, quo lo
trésorier do Calais omjîloioroit 10 sous pour les gages des
soldats ot 3 sous 4 deniers pour les réj)orations à effectuer
dons la villo (3). Lo 16 juin 1440 cotto taxe fut porléo à 20
sous (4), et ramenée à 13 sous 4 deniers lo 5 juillet 1415.
Malgré les mesures ainsi prises, la solde n'était point
touchée régulièrement, et notm voyons lo roi déléguor, lo
3 février 1412, John Sutton do Dudloy, John Longton tré-
sorier do Calais ainsi que plusieurs autres personnages,

(1)P. R. O, Karly chancery roll 350, m. 0; le l'ait est attesté dans la


ContinuatioEulogii hisloriarum, <kl. llaydon, t. III, p. 411.
(2) Mbl. nat. fonds Moreau 682, fol. SI.
(3) P. R. 0. Karly chancery roll 378, m. 13.
(I) Ibidem «82, m. 13.
101

pour réunir les soldats et los ouvriers, faire lo compto


exact des sommes qu'on leur devait et prendre avec eux des
arrangements en vue do leur paiement (1). Au moment où
le duc do Buckinghum fut nommé capitaino, lo 3 avril
1449, les caisses étaient vides, et pour les remplir, il
fallait attendre quo lo Parlement so réunit et votât des
subsides; aussi Henry VI était-il obligé d'exhorter la garni-
son à patienter dans Patiente do ses gages arriérés (2). Un
peu plus tard, il ordonnait à un certain Gervois Clyston do
vendre à Calais deux cent quarante sacs do loino, qui
étaient propriété royale, et d'en employer lo prix aux répa-
rations les plus urgentes et au paioment des soldats (3).
Lorsque ces derniers étaient envoyés en congé, ils no tou-
chaient aucune solde ; afin que les sommes à déduire pour
cette raison fussent déterminées avec soin, lo roi chargea
de cetto opération le comte do Hourgchier, lo 15 juin 1454 (4).
Il orrivait aussi quo le prince, à court do numéraire,
donnât aux soldats des marchandises en manièro do gogos :
c'est ainsi qu'ils reçurent en 1141 des laines et des peaux
pour une valeur do 4.100 livres 6 sous 8 deniers, avec la
permission de les vendre à leur profit avec un droit do
préférence sur toutes les autres denrées do mémo ospèco
entreposées olors à Calais. Mais los négociants do la comjm-
gnio do Pétoj)le, lésés dons leurs intérêts, réclamèrent sans
doute, ot Henry VI qui leur avait d'autre part do grondes
obligations, trou va, semble t-il, d'autres moyons do contenter
la garnison, car il retira lo 9 août 1455 lo privilège qu'il avait
accordé (5). Ce n'étaient en somino quo des expédients, et
lo situation no s'améliorait j)os : les soldats non payés deve-
naient indisciplinés ot so livraient à des jullages. Aidés par
un cerloin nombre d'individus, ils capturèrent dans la

(1) P. H. u. Karly chancery roll 3S4, m. 10.


(2) Warsofthc English in France ; Henry VI, t. I, pp. 402 et 403.
(3J Ordre dat>J du «0 Janvier 1452. P. U, O. Karly chancery roll 301.
(4) Ibidem 390, m. 7.
(5) Ibidem 307, m. 5.
•*-
105 -.
Tamiso trois vaisseaux do Zélondo ot les amenèrent à
Calais. Le roi fut obligé, lo 27 moi 1458, d'indemniser los
marchands qui avaient été ainsi dépouillés (1). Nous avons
la prouve qu'à cette éjioque, les trouj)es étaient réduites
à lo mendicité, manquaient du jilus strict nécessaire et no
vivaient qu'avec l'argent que los bourgeois avançaient
bénévolement; mais ceux-ci, lassés d'un état do choses qui
so prolongeait, refusèrent tout crédit Henry VI fut forcé,
lo 7 février 1461, do leur fairo remise jusiju'à comj)let rem-
boursement, des sommes qu'ils dovaient verser ou trésor
royal en raison do leurs terres et tenures (2).
Edouard IV, à son avènement, so vit aussi embarressé
que son prédécesseur pour faire face aux déj)enses: lo 18
octobre 1462, afin d'éclaircir la situation, il chargea sir
John Wenlock, Thomas Wagam, et William Rowclyfe do
s'enquérir du montant des gages dus à la garnison do
Colois (S). En vue de s'acquitter, il assigna la moitié des
droits sur los laines jiorçus dons les ports de Saint-Dotulf
et do Sandwich (4). Plus tard, lo 15 décembre 1472, il était
obligé par contro do prélover 900 livres pendant trois ans
sur la somme do 10.022 livres 4 sous 8 deniers à laquelle
s'élevait la totalité de la solde du capitaino et des troupes,
afin do rembourser la comj)agnio do l'étaple qui avait
avancé les fonds nécessaires pour retirer dos mains des
usuriers les joyaux do la couronne engagés durant la guerro
des Deux-Roses (5).
Au cours du XVI 0 siècle, nous voyons on juin 1547, lo
déjmté do Calais réclamer à Wolsoy lo paiement do la gar-
nison (6), et en 1555 Lord Wentworth ou nom du consoil

(1) P. R. Karly chancery roll 400, m. 1.



(2) Ibidem 403, m. 1; voy. pièces justificatives.
(3; Ibidem 400, m. 7.
(4) Ibidem m. 2.
(b) Ibidem 410, m, 4. Ce document nous apprend i|U'un tiers de ta
solde était donné en vivres ; mais les hommes préférant la recevoir eu
argent comptant, on leur retint 40 deniers par livre.
(0) Mbl. nat. fonds Moreau 082, fol. 271.
- 106-
écriro à la roino Mario pour lui foiro connaltro lo tristo état
où se trouvont les soldats ot los ouvriers do lo villo qui
n'ont, dit-il, jamais été si misérables: il domando do
l'orgont pour lour délivrer co qui lour est diï (1).
Pour compléter co quo nous avons dit do la défonso
do la villo, il faut ajouter quolquos mots sur un
réglomont rédigé sous lo règno do Henry VIII antérieu-
rement à l'annéo 1535, ot dont lo minutio donno uno idéo
do l'importance quo la possession do Calais avait aux yeux
des Anglais et des précautions qu'ils pronoiont pour s'assu-
rer la conservation do cetto placo on rendant imjiossiblo
toutosur|)riso (2). En premior lieu, il était prescrit qu'uno
soulo jiorto, « Lantcrn Gâte », sorait ouvorto quotidionno-
mont ; les trois outres no Pétoiont qu'à certains jours do lo
somaino déterminés. LJS clefs étaient conservéos j)ar lo
député, et l'ouverture commo lo fermeturo donnait lieu à
touto uno cérémonio occomj)agnéo do musique, à uno véri-
table parado militaire. Les hommes do gardo assistaient à
uno messo dito sjiéciolomcnt pour eux au couvent des
Carmes. Ils étoiont divisés lo nuit on trois groujics : la
v scoutteaich » ou garde d ecloirours, fuisait lo sorvico à
l'extérieur des romports, la « standteatch at the vaulle »
faisait lo service sur les murs, et lo « serchcwatchc avait >,

pour objet do contrôler les doux autres. Toutes trois


envoyaient constamment dos jiolrouillos qui so reconnais-
saient au moyen d'un mot d'ordre. En outre, jiendant la
saison des harengs <( herrwg tune », lorsqu'il y avait dans
le port plus do quinze bateaux étrangers, uno quotrièmo
gardo oppeléo « banner walche » fonctionnait. Ello était
comj)Oséo do covoliors, d'archers montés et de soldats dont
le nombre variait suivant la qualité do la personne qui la
commandait! c'étaient à lourde rôle leconlrôlour, lodéputé,
le haut-maréchal, le trésorier, le maître --portier et le sous-
(1) Calcndar of statc papers, Forctgn. Mary, p. lot.
(2) Co document conserva an ltrltlsh Muséum a été Imprimé a la suito
de la Chronkle of Calais, pp. 110 et suivantes.
- - 107

moréchal. Cotto force, précédée d'un trompette, d'un fifre


et d'un tambour, accompagnée de la bannière, portait du
marché ot dovoit voilier à co que les autres trouj)es rem-
plissent conscienciousemont lour office. Durant lo « Chnst-
ma8 finie », los principaux officiers conduisaient alternati-
vement dans los rues une patrouille do quatre hommes. A
cos époques 0(1 il y avait sans doute uno aftlueneo plus
grando d'étrangers, deux aldormen devaient passer la nuit
dans la salle du consoil do la commune située ou dessus
du marché ot envoyer toutes les heures quatre soldats
parcourir la placo on tous sons pour s'ossurerquo les règle-
ments étaient observés. Une punition bi/.orro étoit édicléo
contro les hommes dont lo vigilance étoit en défuut i
lorsqu'un do ceux qui comi>osaient lo « standteatch »
avait été trouvé endormi trois fois en une nuit, on lo sai-
sissait por lo nez, après quoi on le mottoit dons un panier
quo l'on suspondoit à l'oxtériour des remparts à dix ou
douzo pieds au-dessus dos fossés remplis d'eau ; on lui
donnait un pain, uno crucho ot.un couteau. Quand lo
délinquant avait épuisé ces provisions quo l'on no renou-
velait point, il no lui restait d'autre ressource pour sortir
do sa prison aérienne, quo do couper la corde ot do prondro
un bain forcé dans les douves; los gordiens particuliers des
fossés dovaiont alors lo recueillir dons leur bateau et lo
conduire on prison. La peine do mort était décrétée contro
les soldats qui so querollaient jiendont la durée du service
Quant aux bourgeois, ils accomjilissaienl ou château
lour dovoir do guet, toutes les nuits, au nombro do vingt-
trois. Nous avons dit déjà qu'ils étaient réunis por lo maré-
chal qui avait un valet chargé de les rassembler. Los
magistrats municijnuix, aux tonnes de l'ordonnance do
mai 1365 n'étaient point disjiensés de celle charge (l).Nous
savons on oulro qu'à une certaine éjioque, la compagnie de
Pélaj)lo fournissait aussi son contingent à la défonso. Les

(1) Rymer, 11. K


,
t III, pars II, p. 708.
- 108-
babitants de Calais, réclamant lo 28 avril 1376, quo Pentro-
pôt général des laines soit do nouveau fixé dans lour villo,
tirent argument do co fait quo la société des marchands
fournissait, lorsque le eapituino était en chovouchée ou
dehors, cent « glaives » el deux cents archers, recrutés
parmi los négociants et leurs servitours, lesquels no rece-
vaient aucuns gages du roi et contribuaient à la gardo do
la cité (1).
C'était on raison des fiofs qu'ils tenaient de la couronno,
quo les habitants étaient astreints au service de guet.
Mais il arriva que le roi en gratifiait ses serviteurs et les
oxemptait do cette charge qui pesait jiar conséquent plus
lourdement sur los autres. Aussi, les Calaisions prièrent-
ils Edouard III do no plus accorder de disjionsos do co
genro ; ils obtinront gain do causo au Parlement d'avril
1376 (2). Les bourgeois, à qui l'obligation de veiller jiarais-
sait trop dure, tâchaient par tous les moyens à s'en affran-
chir. Lo 15 juillet 1413, Henry V ordonna do rechercher
ceux qui s'y étaient soustraits et de los contraindre à la
remplir (3), et plus tard en 1495, lo Parlement décida «juo
ceux qui avaient reçu du roi des maisons à Calais en
seraient privés si pendant un an et un jour ils se dispen-
saient du servico oinjucl ils étaient obligés(4). Nous voyons
encoro Henry VI le 3 février 1460 et Henry VI11 en ooiit
1535 prescrire des enquêtes pour vérifier si les gardes sont
faites régulièrement(5).
Quant à l'entretien des fortifications qui devaient mettro
lo place en état de subir un si«vgo, nous constatons (juo les
rois d'Anglolerro ne cessèrent d'y veiller. Dès le 27 décem-
bre 1317, Edouard III proscrivait à.John et à Alexandre
Lestroungo do rassembler dans lo comté do Kent dos
(1) Rolls of Parliamenl, t. Il, p. 353.
(2) Ibidem.
(3) Hymer, éd. de La Haye, t. IV, pars II, p. 42.
(I) Statutcs ofthe lUalm, t. II, p. 5S0.
(5) P. H. 0. Karly chancery roll 403, m. U, et Chronklc of Calais,
p. 133.
~ 109 -
matériaux nécessaires aux réj)arations «jui lui semblaient
indisponsables(l). Les travaux étaient exécutés par des
ouvriers venus d'Angleterre et enrôlés par des officiers
royaux. Quand on avait besoin 'do bras, lo souverain
ordonnait à un certain nombre de vicomtos do choisir dans
leur territoire autant do gens des différents métiers qu'il on
fallait, et de les envoyer à Calais (2). On déléguait aussi do
temps à uulro des inspecteurs : Gautier de Mauny fut ainsi
chargé lo 28 mai 1352 do so rondro compte do l'état dos
fortifications de la villo et des jilaces voisines (3). Los
ouvriers et los ouvrages ordonnés par Pinsj)ecteur étaient
dirigés ot surveillés par un fonctionnaire « sttpercisor »
désigné j)ar lo roi (4).
Un grand nombre de mentions relatives à dos hommes et
à des matériaux envoyés à Calais nous prouvent quo des
travaux importants furent exécutés en 1355 et durent les
années suivantes. Lo 23 janvier, Edouard III ordonne
d'arrêter tous les vaisseaux qui so trouvent dans les ports
du royaumo et do les employer au transjjort do la piorro et
de la chaux pour les constructions en cours (5). Afin do
savoir exactement lo'montant des gages dus à ces travail-
leurs, Gautier de Mauny fut chargé lo 28 juillet 1360 avec
Guy de Rryan et Roger «le Reauchamp, do procéder à uno
enquôto (6). Plus tard, lo 0 mors 1368, Henry Lo Scrop et
•trois autres personnages re«;tirent mission d'inspecter la
placo ot d'ordonner co qu'ils jugeraient utiles à so défense (7).
D'outrés travaux furent prescrits en 1370: John Long
devait choisir des churjientiors et des serruriers en nombre
"suffisant pour restaurer les tours ot les rempurls ; il dovait

(t) llibl. nat. fonds Moreau, C$0, fol. 181.


(2) P. K. 0. Karly chancery roll «87, m. 0.
(3) Ibidem 800, m. 12.
(4) Ibidem 201, m. 0. Robert de Klbrigg est nommé «superviser» lo
30 avril 1353.
(5) Ibidem 293, m, 2.
(0) Ibidem 300, m. 0.
. .
(7) Ibidem 31t, m. 25.
' - -110

acheter aussi et faire transporter los matériaux (1). L'ins-


pection dos ouvroges do défenso fut confiée lo 5 août 1373 à
John de Rurolo chovolior, à Adam de Hertyngdon et à
Adam do Rury (2), lo 10 décembre 1365 à John duc do
Lancastro, prétondant au trôno do Costillc, ot à William
Lotymor (3), lo 1er décembro 1376 à Henry do Porcy maré-
chal d'Angleterre lequel devait fairo un rapport au conseil
sur l'état do choses actuel et les améliorations désira-
bles (4); lo 17 juin 1381 Jean d'Kvreux (5) copituino do la
ville fut chargé do co soin ainsi quo son succossourWilliam
do Beauchamp à qui l'on adjoignit le 13 mars 1386 le chan-
celier Michel de lo Polo (6). On pourrait prolonger cetto
liste, mais los noms quo nous venons do citer suffisent à
montrer l'intérêt quo l'on prenait dans les conseils do lo
couronno au bon ontretien dos fortifications do Calais.
En 1308, les jetées qui protégeaient lo port, battues
constamment par la mer, étaient menocéos d'uno ruine
complète, et lo bassin appelé « Paradis » so trouvait égale-
ment dans lo plus trislo état. Il importait d'y romédior
promptemont pour que lo prospérité do la villo no s'amoin-
drit pas. Mais pour oxécutor ces réparations urgontes,
l'argent manquait et l'on fut obligé do réclamer du Parle-
ment dos subsides qui furont accordés. Lo 20 juin do celle
même onnéo, Richard II informe lo trésorier do Colois do
la décision qui a été priso (7) : désormais, tous les navires
venant d'Anglotorro, à l'exception des barques de pêche,
sous poino d'uno omcndo do deux deniors por tonneau,
devront prendro commo lest do bonnes piorros qui, romisos
ou trésorier, seront employées à consolider los jetées. Do
plus,clioquo bateau entrant dans lo bassin do Paradis pour

(1) P. R. O, Karly chancery roll 313, m. U.


(2) Ibidem 310, m. 10.

(3) Ibidem 318, m. 6.
(4) Ibidem 310, m. 5.
(5) Ibidem 325, m. 11.
(0) Iblbem 328, m. 18 et 330, m. 2.
(7) Statutcs ofthe Rcalm, t. II, p. 103.
-111 -
y foire escalo j>aiera un droit do 14 deniers s'il y reste
quatorze jours ou une durée moindre ; s'il y séjourne plus
longtomjis la loxo sera d'un denier j)our un jour et uno
nuit ou d'une obole par jour et uno obolo jiar nuit. Il est
on outre interdit d'utlacher au moyen de câbles les navires
aux matériaux et aux pierres des jetées ot du quai: toute
contravention sera punie d'une oinendo do 40 deniers.
Sous Henry VI, les fortifications, jiar suito do la négli-
gence du capitaine et des outres olliciers, étaient si mal
entretenues «ju'il y avait péril jiour la place: aussi cojmnce,
informé de la situation, prescrivit il le 3 février 1442 à John
Sutlon de Dudloy et à jilusieurs outres porsonnoges de so
rendre sons retard à Calais et d'y procéder à uno sériouso
enquête pour établir les responsabilités et évoluer les
sommes nécessaires aux réparations qu'il faudra effectuer;
ces commissaires devront adresser d'urgence un rapport
ou conseil du roi (1). Nous avons encore à signolor vers lo
milieu du XV0 siècle d'imjjortonts travaux ordonnés aux
jetées et au fort du Rysbank pour résister à l'envahisse-
ment des eaux de la mer. Lo 15 juin 1454, Henry do Bourg-
chier étoit chargé do voir co «ju'il y avait à fairo de co
côté (2) ; uno sommo do 0.300 livres avait été assignée à
cet usage, et lorsijue lo 17 juillot suivant, Richard duc
d'York devint capitaine de Calais, on décida qu'il aurait
sous ses ordres vingt charjientiers ot quin/.o maçons (3).
Edouard IV, le 21 mai 1477, accorda à William llastings
do llastings pleins jiouvoirs pour submergor d'eau salée ou
d'eau douce toutes les parties du pays qu'il jugerait à
propos en vue de la défense de la ville, et aussi pour fairo
démolir les maisons qui y nuiraient (4). il lui enjoignit, lo
14 mai 1482, do s'informer des réjiarations dont avaient

(1) P. K. O. Karly chancery roll 381, m. 10.


(2) Ibidem 300, m. 7.
(3) lllbl. nat. fonds Moreau 082, fol. 111.
(i) P. H. O. Karly chancery roll 421, m. 0.
- - 112

besoin los fossés, les chaussées ot los ponts on Calaisis (1).


Mémo commission fut confiée por Honry VII à Gilles
Daubonoy lo nouveau lioutenant do la villo ot à quelques
outres délégués (2).
Il somblo que sous lo rôgno do Honry VIII la structuro
dos remparts" do la villo ait été ontiôromont modifiéo : los
progrès accomplis par Partillorio rondaient cotto transfor-
mation nécossairo et oppolaiont un changement complot
dans le système do défense. Nous savons quo co princo
vint à Calais en 1532 ; c'ost pondant son séjour que les
travaux furent décidés. On consorvo ou Britisb Muséum
un mémoire donnant lo détail des travaux qui dovoiont être
exécutés avec l'indication des matériaux qu'on emploierait à
chaque partie. Les projots étaient considérables car on avait
l'intention de démolir les ouvrages ancions pour les rebâtir
suivant la méthode nouvello. Nous ignorons si l'on suivit
lo dovis qui nous rosto, mais sur une gravure ancienne
représentant à vol «Toiseau la priso do Calais par lo duc do
Guiso, on voit clairement quo les fortifications sont bien
colles en usago au XVI 0 sièclo, qu'elles consistent en des
murs relativement pou élevés, entourés d'un large fossé et
flanqués do gros bastions on formo de trèfle. Les travaux
occupèrent nouf cont trento-nouf hommes dont les gogos
s'élevèrent à 731 livres, 10 sous et 8 deniers (3).

(1) P. R. 0. Karly Chancery roll 420, mm. 14 et 15.


(2) Ibidem 430, m. 6. Le chef des maçons et des ouvriers qui travail-
laient dans la ville était nommé par le roi : Kdouard IV donna ce poste
i\ un certain Thomas Feryer, sa vie durant ; Richard III, le 26 mars 1485,
vidima l'acte de son prédécesseur (Ibidem 429, m. 4 et 430, m. 0).
(3) Chronicle of Calais, p. 197.
CHAPITRE VU

LE COMMERCE A CALAIS
LA COMPAGNIE DE L'ÉTAPLE

Les origines de l'étaple


Dans le célôbro « Débat des hérauts d'armes (Debate
betwene ihe heralds) », lo héraut anglais, vantant sa patrie,
donne à propos du commerce la prééminence à l'Anglotorre
sur la Franco. Il s'oxprime ainsi: « VA quant à vos mar-
chands do France, nous avons aussi des marchands en
Anglotorro qui parcouront le monde pour lo trafic des mar-
chandises, et spécialementdeux compagnies, à savoir la très
honorable compagnio des marchands d'aventures et la fa-
meuso société do l'étaplo do Calais, parle moyen desquelles
non seuloment les marchés de Bergues et d'Anvers sont
maintenus, mais encore ceux de toutes les villes de Brabant,
do Hollande, do Zélande et des Flandres. Ces deux compa-
gnies font à olles seules plus d'affaires quo tous les négo-
ciants do Franco ; et commo lo monde entier connaît la
vérité sur ce point, je passe » (1).
« (1) Concerning your marchauntes of Fraunce, we hâve also merchaun-
tes in England, who frerjuenteth Ihe world for trafllque of marchaundyse.
And especlally II companyes, that Is to say the right whorshypful com-
panye of marchauntes adventurers and tho famous felysliyp of the
Kstaple of Calais,' by whom, not only Ihe martes of Harowe and Andwarpe
be mayntened, but also in effect al the townes of Hrabant, Holand,
Zeland and Flaunders. Thèse II companies do more feates of marchaun-
dises then al the marchauntes of Fraunce ; ond for so moche as ail the
worlde knoweth this to be trewe, I pass them over. » (Le débat des
hérauts d'armes de France et d'Angleterre, éd. L. Pannier et Paul Meyer,
pp. 114 et 115).
8
— lii -
Calais no fut pas soulomenl, on olîot, pondant la duréo do
la domination anglaise uno placo do guorro do promior
ordro; grâce a.l'établissomont d'uno étaplc, ollo devint uno
villo do commerco fort importanto et dut à cotto circons-
tance do parvenir a un haut degré do prospérité.
Lo mot étaplo (stapula, staplo) « désigne un muiohéen
général ot particulièrement un dépôt do marc; indisos
étrangères établi dans un port do mor » (1) ; c'ost suivant
roxcellento définition do Lenglet Dufresnoy « lo dépôt ou
lo magasin généraKdans lequol on onvoio ot placo les mar-
chandises pour y ôtro vendues on gros aux marchands » (2).
A l'origine, ainsi que l'oxplique très clairement M.
Hubert Hall, lo roi seul pouvait tenir un marché ot lovor
uno taxe sur les objets vendus, mais il avait tout intérêt à
abandonner co droit a celui qui était en état do lo lui
payer (3). C'ost ainsi quo lo souverain fut conduit à accorder
un privilège à des sociétés do marchands moyonnont une
sommo qui était fixéo suivant les besoins do la couronno et
la prospérité du négoce. La sollicitudo dont fit preuve lo
gouvernement pour le commerce est duo, à n'en pas douter,
à co quo les revonus publics augmentaient en proportion de
la fortunodos particuliers. Les derniers Plantagenetsfurent
amenés à créer des dépôts pour les marchandises anglaises,
à l'exemple do ce qui se passait dans les cités flamandes
dont la richesse provenait dos foires perpétuelles qui y
étaient tenues. Ils désignaient un certain nombre de villes
qui devenaient do véritables entrepôts et où venaiont
s'approvisionner les négociants étrangers ot nationaux. Il y
eut on effet, suivant les époques, en Angleterre, dans le
pays de Galles et en Irlande, des étaples pour le commerce
intérieur : celle qui fut établio à Calais était réservéo à
(1) Le débat des hérauts d'armes de France et d'Angleterre, éd. L.
Pannier et Paul Meyer, p. 114.
(2) Lenglet-Dufresnoy. édition de Ph. de Comines, t. I, p. loi, note.
(3) Hubert Hall, A History of the custom revenue of England, (London,
1885, 2 vol. in 8»), t. I, pp. 29 et 30.
- - 115
l'oxportation ot c'ost d'ollo soulo quo nous nous occuperons
ici. Pour diriger co marché quo fréquentaient non soulo*
mont los Flamands ot les Hollandais mais oncoro les
Toscans ot les Génois, los rois déléguaient leur autorité n
uno.compagnio do marchands, jouissant de certains privi-
lèges ot jugeant toutes les causes commerciales. Nous
vorrons quo son inituonco s'accrut a mesure que grandirent
les ombarras financiers dos souverains ; los « staplers »
furont a certains momonts les banquiers du gonvornemont,
lui prêtant parfois des sommes considérables pour payer
los soldats ou retirer les joyaux de la couronno des mains
dos usuriers. Calais fut dès lors un lieu do transit très
important pour toutes les marchandises d'origine anglaise.
On sait quo lo commerco des laines et des peaux était
considérable au moyen-ago outre la Grande-Bretagno et la
Flandre. Or, par des ordonnances sans cosse renouvelées,
co qui somblo indiquer qu'elles étaient mal observées, les
rois d'Angleterre édictèrent que toutes les laines destinées
à l'exportation seraient amenées h Calais et nulle part
ailleurs pour y ôtre mises en vente. Los étrangers étaient
donc forcés d'y venir pour faire leurs achats et le grand
mouvement qui se produisit ainsi explique la prospérité do
la ville et sa grandeur pendant quo les Anglais l'occupèrent ;
les princes qui la considéraient au point de vue militaire
comme la serrure ot la clef do la Franco, y trouvaient
encore une source abondante do revenus en raison des
droits nombreux qu'ils y percevaient.
David Macphorson fixo à l'année 1313 la première fonda-
tion d'une étaple (1). Il cite à cette date uno ordonnance
d'Edouard II qui prescrit qu'une ville du continent sera
l'étaplo des marchands anglais et énumère les attributions
du maire qui sera placé à la tète do cet établissement (2).
(1) David Macpherson, Annals of commerce, manufactures, fisheries
and navigation, (London, 1801, i vol. in 4°), t. I, pp. 478 çt 470.
(2) M. Charles Orossdit que les marchands de l'étaple avaient la pré-
tention de faire remonter leurs privilèges jusqu'au temps de Henry 111
(Gross, The G ild merchant, Oxford, 1890, 2 vol. in 8°, t. I, p. 140:.
— 116 -
Lo 20 mai do la mémo année, lo roi enjoint a tous coux,
nationaux et étrangers, qui oxportont do la laino, t\'amonor
cetto marchandise dans un seul endroit qui sera désigné
par lo maire ot la communauté des marchands du royaumo ;
ceux-ci auront la faculté do changer a leur gré lo siègo do
l'étaplo. Nous savons quo cot entrepôt fut placé d'abord a
Bruges, mais lo 20 juillet 1326, Edouard II trouva bon do
lo ramonor on Angleterre et d'édictor quo la laino sorait
venduo dans un certain nombre do villes (1). Kn 1328,
nouveau changomont : lo commorco est déclaré libro par le
Parlomont, pour los étrangers aussi bion que pour los
Anglais, suivant la teneur do la Grande Charto (2). Co
systèmedola liberté du trafic, très favorable aux mardi \ i '•,
lésait les intérêts du souverain qui no percevait plus do
taxes: aussi Edouard III rétablit-il les étaples en Angleterre
dès 1332 (3). Mais lo Parlement ayant réclamé énergique-
ment contre cetto violation du statut fondamontal do l'Etat,
le roi so vit obligé de céder momentanément à la pression
do l'opinion publique et abolit encore uno fois les entrepôts
obligatoires. Un peu plus tard, il revint à son idée premiôro
et résoi ^ de placer le magasin général des laines plus à
portée des Flamands qui étaient les meilleurs clionts des
producteurs anglais. Il proposa donc, lo 3 octobro 1337, do
fixer l'étaplo sur lo continent : le 8 août 1341, il l'établit à
Bruges et lui donna uno organisation qui no fut quo
légèrement modifiée quelques années après lorsqu'on
en transféra lo siègo a Calais. Dès lors, il no fut plus
question do liberté commerciale ; le négoce deviendra
avec lo temps un monopole étroit, les ordonnances royales
se multiplieront pour lui imposer des limites entre les-
quelles il finira par étouffer, ot l'institution do l'étaplo,
à l'origine si prospère, déclinera peu à pou pour no plus

(\) Macpherson, op. cit., t. I, p. 497.


(2) Ibidem, p. SOI.
(3) Ibidem, p. 508.
_ 117 —
sorolovor (1). Copondant, les hésitations du pouvoir n'avaient
pas pris fin, ot nous verrons qu'aux époques sui'antos,
l'étaplo changea oncoro plusionrs fois do placo. On
peut diro toutefois, qu'après s'ôtro omparé do Calais,
Edouard III no tarda pas à ontrovoir touto l'importanco quo
cotto villo pouvait avoir au point do vuo commercial, situéo
commo ollo était a proximité do l'Anglotorro ot touto voisino
dos Flamands avec qui lo trafic so faisait surtout (2).

II

L'étaple à Calais
Moins d'un an après la priso do la villo, lo 5 avril 1318,
Edouard III déclare qu'il sied a la prudence royalo de
garantir par uno forco bien réelle les places conquises contro
les entreprises des ennemis (3). Afin do rendre les Calai-
siens mieux disposés à défendro lour cité, pour les y inté-
resser, il ponse quo le moyen lo plus eiïicaco est d'y fairo
afiluor les marchands et do donner aux habitants l'occasion
(1) « one fatal step was committed ; for the government whetted by
the temporary success of a short-sighted policy, kept the direction of
trade cntirely on its own hands and sulTered its to llow, only through the
chanuels by which not one drop should fail to reach its réservoirs. From
that day to this, the blood and treasure of its subjects havo been lavished
upon the one selftsh object to secure a market at home or abroad for
native produce in which a forced price could be realised by excluding
foreign compétition, to the Injury of the consumer in every country ».
(Hubert Hall, op. cit., t. I, p. 30\
(2) M. Van Bruyssel donne une autre raison du transfert de l'étaple de
Bruges a Calais : •» Les tisserands llamands, dit-il, qui désiraient avant
tout avoir les laines a bas prix, empêchaient les marchands lombards d'en
acheter A l'étaple de Bruges et nuisaient de cette manière aux intérêts de.
producteurs anglais. Le roi réclama contre ces abus, et comme l'affaire
traînait en longueur, so décida à établir un marché aux laines sur ses
propres terres à Calais. Cette mesure excita beaucoup de mécontentement
en Flandre. » (Van Bruyssel, Histoire du commerce et de la marine en
Belgique, Bruxelles, 1803, 2 vol. in 8°, t. I, p. 351).
(3) Rymer, R. K., t. III, pars I, p. 5S.
— 118 —
do s'enrichir aussi, avec l'assentimont do son conseil,
;
ordonne t il de tenir désormais à Calais l'étaplo du plomb,
do l'étain, do la plume, des étoffes do laino fabriquées on
Angloterro ot dos autres draps appelés « trorstedes », qui
sortont du royaumo, ot cola pendant uno périodo do sept
années. Il enjoint a tous los exportateurs dos donrées quo
nous venons d'énuméror, do prêter serment entro les mains
des collecteurs do coutumes, qu'ils conduiront ces mar-
chandises dans la villo désignéo ot nulle part ailleurs, sous
peino de forfaiture. Cetto décision royale, qui favorisait uno
cité récomment annexée au royaume, no fut point accuoillio
sans murmures dans la métropolo : nous savons quo dos
protostations s'élovèrent notamment contro l'établissomont
a Calais do l'étaplo dos draps. Mais IMouord III ne céda
point immédiatement à ces réclamations, ot nous voyons
quo lo lor décombro 1318, il manda au capitaine d'envoyer
on Angloterro avant la fùto do St-Mathiou (21 soptombro),
quelquos habitants do la villo confiéo a sa garde, quatre au
moins, pour prendro part aux délibérations de son conseil
et y montrer los avantages qui résulteraient pour tout lo
royaumo du placement 6 Calais d'un ontrepôt do marchan-
dises (1). Cetto fois encore, lo roi n'obtint point gain do
causoet fut obligé de tenir compte dos sollicitations do ses
sujets. Eneftot, au Parlement du 23 soptombro 1353 (2), il
reconnut H los damages quo sont notoirement avenus si
bien a nous et a les grands, comme a nostro peoplo do
nostro roialmod'Englelorro par cause quo l'estaplo des
Icines, quirs et peaux lanuz dp nosditz roiolmo ot terres, ad
esté tenue hors do nosditz roialme et terres ; ot aussint
los granz profitz qu'advendroient a nosditz roialmo et
terres, si l'estaplo feust tenue deinz ycelles.... » Aussi
désigna-t-il commo lieux d'étaplo un certain nombro do
villes d'Angleterre, d'Irlondo et du pays do Galles : Calais

(1) Bymcr, R. K.. t. III, pars I, p. 178.


(2) Rolls of Parliament, t. II, p. 210.
- - 110

n'est point compris dans rénumération qui en est faito, ot


nous avons tentes raisons do penser quo l'entrepôt d'élain,
do plumo ot do draps qui y avait été placé fut ramoné
dans los îles britanniques ainsi quo l'étaplo des lainos
précédemment fixée a Drugos.
Cot état do choses no fut pas do longuo duréo; soit quo
los morchands étrangors obligés do s'approvisionnor on
Anglotorro fussent venus moins nombreux, soit pour un
autro motif, on no tarda pas à reconnaître les avantoges
qui résulteraient pour lo commorco en général do l'élablis-
somont d'un entrepôt dans uno villo du continent faisant
partio du royaumo.
Or Calais, remplissait toutes los conditions désirablos :
la ville do Caloys qui est a noslredit soignour lo Roi
((
....
ot ou il ad pleine jurisdiction serroit bon placo et lieu con-
venable pur les leins et demoer dos marchantz » (1). Aussi
Edouard III ordonna-t-il, lolop mars 1363, quo les lainos ot
toutes les autres marchandises d'oxportation seraient
amenées à Calais ot nullo part ailleurs.
L'étaplo reçut à la mémo dato son organisation (2). Lo
trait lo plus caractéristique, ainsi quo nous l'avons déjà dit,
c'est qu'cllo so confond alors avec la municipalité. Il y a
bien doux maires, mais l'un et l'autre ont les mémos attri-
butions ot doivent avec les vingt-quatro aldermen « go-
vorner la ville ot les gentz ot les marchandises qui vendront
illooques». Leur juridiction s'étend aux a dettes, occomples,
convenantes ot contractes selon la ley marchant et auxint
crimes, félonies, mahomes et trespas ». Ils jugeront les
affaires commerciales suivant la loi do l'étaplo, et leurs déci-
sions seront exécutées conformément au « statut marchant »
mémo en Angleterre. Les sentences frappées d'appel seront
réformées, s'il y a lieu, au mois do mars de chaque année,
par un tribunal composé du gouverneur et du trésorier do

(1) Rolls of Parliamcnt, t. H, p. 240.


(t) Rymer,R. E., t. III, pars II, p. 091.
— 120 —
la vliîu, dos deux maires et do doux marchands désignés
par les mairos et aldormon ; si uno partio so "plaint d'une
orrour ou d'un tort à elle causé par los maires, quatro mar-
chands choisis par los aldormon examineront roffatro ot
redresseront la sontenco concurremment avec lo gouver-
neur et lo trésorior do Calais. Touto réclamation do co
gonro devra otro faito dans lo délai d'un mois, après quoi
ello no sera plus recovablo.
Toutos sortes do marchandises, laines, peaux lainuos,
étain, plomb, charbon, piorros moulièros (« gryndestonos »)
oxportées d'Anglotorro, do Galles, d'Irlando etdoBerwick
sur-Tweedo, par dos nationaux aussi bien quo des étran
gors no devront sous poino do forfaituro passer autro part
qu'à Calais. Exception toutefois ost faito pour les draps et
l'étain que l'on pourra amener en Gascogne et dans les
possessions anglaises du sud-ouest do la Franco. Avant do
quitter lo royaumo avec lour cargaison, tous los marchands
prêloront sonnent de la îonduiro à Calais ot nulle part
ailleurs (1). Les maires ot aldormon pourront faire toutes
les enquêtes qu'ils jugoront utiles pour s'assurer do l'oxacto
observation de ce règlement; ils puniront toutes les infrac-
tions suivant la loi marchande ou la coutume du pays ;
ils saisiront les marchandises des délinquants dont la
valour sera attribuée moitié à eux-mêmes, moitié au roi.
Co seront eux encoroquidonneront aux négociants étrangers
la permission do demeurer dans la ville pour y vendro
ou acheter conforménent aux règlements.
On pouvait prévoir dès lors quo de nombreuses personnes
allaient venir à Calais pour y trafiquer et qu'olles auraient
besoin d'emplacements ot do magasins pour déposer lours
denrées. Le roi craignit que les propriétaires ne profitas-
sent de l'aflluonce dos demandes pour haussor démesuré-
(1) Les marchands qui exportaient la laine dans les pays situés au delà
des monts, c'est-a-dire en Italie, n'étaient point obligés dépasser par Calais:
ils s'approvisionnaient directement en Angl' -?ire, mais devaient payer les
mêmes taxes que les négociants anglais.
- - 121

mont les prix do locotion : aussi ordonna lil, lo 20 juillet


1363, ou gouvernour ot au trésorier do la villo ainsi qu'à
plusiours autres porsonnagos notablosdo fixer pour chaque
maison un ehiiïro do loyer qui no pourrait êtro dépassé. 11
los chargea en outro do prondro possession en son nom des
torrains abandonnés ou vides ot de les bailler à fermo à
coux qui lo voudront (1). A la mémo dato, il faisait procla-
mor dans plusiours comtés do son royaumo, uno injonction
à tous coux qui avaiont à Calais des maisons ou dos empla-
cements do so rondro dans cotto villo ou d'y envoyor un
représentant dans lo délai do quaranto jours, afin d'exhiber
leurs titres do propriété ; toutes les constructions dovaiont
ôtro tenues on bon état sous poino d'être confisquées ; quant
aux personnes qui désiraient so fixer dans la cité, elles
étaient ongagées à s'y trouvor avant la fôto do'St-Michel
pour y recevoir les bâtiments ou los torrains qu'on leur
distribuerait moyennant uno ronto(2). Enfin, par ordon-
nonco du lor août, on publia dans les comtés quo tous coux
qui oxportoront à partir du 29 septembre des laines, cuirs,
peaux lainues et peaux, seront obligés do les envoyer à
Calais sous peino do forfaiture (3).
Nous savons quo la compagnie dos marchands do l'étaplo
so constitua et commença à fonctionner en cetto mémo
annéo 1363, et mémo nous trouvons qu'uno plointe fut
portéo contro ello au Parlement à causo d'un droit do 40
deniers qu'ello avait imposé sur choque sac do laine : lo roi
fut obligé do promoltro quo cotto taxe serait sinon ôtéo tout
à fait, au moins réduite (i).
Nous avons dit dans un autre chapitro qu'en mai 1365,
on sépara complètement l'administration de la ville de celle
de l'étaplo. Uno ordonnance (5) qui devait entrer en vigueur

(1) P. R. 0. Early Chancery roli 805, m. 7 ; voy. pièces justificatives.


(2) Ibibem.
•3) Ibidem.
(4) Rolls of Parliamcnt, t, II, p. 270.
(5) Ryraer, R. K., t. III, pars II, p. 708.
— 122 —
lo 1er juin met à la tèto do la société commorcialo un inairo
qui recovra du roi la sommo do 10 livros par an ; la com-
pagnie do son côté pourra lui allouor dos gogos, mais sans
qu'uno taxo nouvello soit prélovéo sur los marchandises.
Co premior ofllcior sora choisi parmi les oldormon ot no
sora on raison do sa fonction spécialo disponsô d'aucuno
des obligations qui incombontà cesdorniors. Usera assisté
do doux constablos qui, do mémo quo los autres omployés
do la compagnie soront nommés, payés ot révoqués par
ello. Soûl lo mairo est désigné par lo souverain : lo promior
dont nous trouvions lo nom est John Torgold do Londres,
choisi lo 14 mai 1365 (1). Au point do vuo judiciairo, toutes
les actions commerciales ot los contestations s'élovant
entro marchands étaient do la compétence du mairo ot do
la « communaltô do l'estaplo »,
Un changement fort important fut fait en 1366 à l'orga-
nisation tollo quo nous venons do l'exposer. Lo 23 juin,
Edouard III donna aux négociants lo droit d'éliro eux-
mêmes le mairo et les deux constablos. L'élection dovait so
faire chaque annéo lo jour de l'Annonciation (25 mars).
En outre, on octroya à la compagnio lo privilôgo d'avoir
uno prison parliculièro pour y enfermer coux qui auraient
été condamnés pnr .son tribunal (2).
Quelques années après, on fut inquiet en Angloterro des
préparatifs militaires qui so faisaient on Franco; dans la
crointo d'uno attoquo, on pensa quo le principal centre du
commerco britanniquo n'était pas sullisamment en sûreté à
Calais. Aussi jugea-t-on à propos do transférer de nouveau
l'étaple et do l'installer dans quelques villes do la métro-
pole, loin des atteintes de l'ennemi. « Corne nadgairs, dit
lo roi dons un acto du 27 mai 1369(3), estoit ordeignô pour
profils du roialmo et les des marchantz d'Engleterro, quo
l'estaplés des loins, peaux lanuz ot quirs serroient tenuz a
(1) P. R. 0. Early chancery roll 308, m. P.
(2) Ibidem.
(3; Statutcs ofthe Realm, t. I, p. 390.
- 123 —

Calois.,,.., otoro par causo (|tio la pees autrefoith pris par


entro les roialmes d'Englotorro ot de Franco est par
los Francoys onfroint, ot grand péril do pordo purroit
avenir as bions du roialmo illoeques esteantz ot vonantz
par moro a mosmo l'estaplo hors d'Engleterro, si mesmo
l'ostoplo feusso illoe(|ties continué nostro seignur lo
roi, ou sur co plein deliboracion ot avisoment ovoson grant
counsoil, ad ordoigné quo l'estaplo do Calois soit do
tout ouslé »
Il no somhlo pas copondant quo co transfort ait été opéré
immédiatement, car des documents portant les dotes du 10
aoiït et du 6 soptembro 1370 révôlont l'oxistonco do fonc-
tionnoires do l'étaplo à Calais (1) ; à partir do cetto époque
toutefois nous n'en trouvons plus trace et il est certain quo
l'entrepôt général des marchandises lut encore une fois
installé en Anglotorro.
Quelques annéos plus tard, on 1370, les craintes d'une
invasion françaiso s'étaient dissipées et l'on décida do
rovenir à l'état do choses ancien nui offrait sins doute plus
d'avantages. Un acte d'Edouard III du 26 juillet prescrivit
aux vicomtes do Sutïolk, Londres, Flssex, Cambridge ot
Norfolk do proclamer lo rétablissement de l'étaplo à Calais
et l'obligation imposée à tous les exportateurs d'yamenor
leurs marchandises (2). Une longue ordonnance du 23 juillet
do la môme année (3) renouvelait les statuts donnés jadis à
la compagnio et ajoutait d'autres privilèges à ceux qui lui
ovaient été concédés. Le préambule do cet acto oxposo
quo les dispositions prises oat pour objet d'améliorer et
d'augmenter la ville de Calais, d'assurer le repos des négo-
ciants et d'en attirer de nouveaux. Il confirme à lo société
lo privilège d'élire librement son moire et ses «instables
chaque année à la fôto do l'Annonciation : ils connaîtront
comme par lo passé tous les procès motivés par les trans-
(1) P. R. O. Early chancery roll 313, mm. 8 et 9.
(2) Rymer, R. E. t. III, pars II, p. 1058.
(3) Bibl. uat., fonds Moreau 631, fol. 1)5.
— 124 —
grossions aux réglomonts ot intontés pour los dettes,
comptos ot contrats pourvu qu'ils concornont los marchands
ou los marchandises; ils jugoront aussi los contestations
qui s'élôvoront entro doux commerçants ou bion ontro un
commerçant ot unoautro porsonno. La compagnio pourra,
commo par lo passé, avoir uno geôlo particulière ; si pour
uno raison ou pour uno autro ollo n'on avait point, la
prison royalo donnorait asilo à ses prisonniers. Lo mairo
aura la faculté do recovoir les reconnaissances do dottos
qui seront faites en présence des constablos ou do l'un
d'oux. Aucun marchand ni sergent do l'étaplo no sora
obligé do so soumottro ou duol judiciaire si co n'est do son
ploin gré. Les olliciors placés à la tôto do la société dési-
gneront avec lo consentement dos mombros les maisons et
les emplacements qui seront attribués aux négociants pjur
y installer leurs marchandises ; aucun do ceux-ci n'on
pourra être dépossédé sans une cause justo et raisonnable.
Ce sont eux encoro qui foront les ordonnances qu'ils jugo-
ront ôtro nécessaires pour lo bon ordro et qui fixeront, avec
l'ossontimont général, le montant des taxes qui seront
payées sur les donréos entrant dans l'entrepôt ot dont lo
produit servira à payer les gages des employés; ces taxes
pourront ôtro diminuées suivant les temps. Il est entendu
aussi qu'aucun négociant faisant partie do la compagnio no
sora responsoblo pécuniairement des délits commis par un
do ses serviteurs, ni tenu do répondro pour uno dotlo con-
tractée par l'un do ceux-ci. à moins qu'il ne soit porté
garant. Quant aux épaves qui échoueront, elles ne seront
point mises en vente si quelqu'un peut prouver clairoment
que l'objet lut appartient. Tous les associés se rendant à
Calais seront exempts des péages pcrsonnols qui so perçoi-
vent à Douvres ; on les dispense égaloment, dans la ville, des
taxes sur lo pain, lo vin, la bièro et les outres victuailles
qu'ils achèteront pour leur consommation personnelle. La
compagnie est autorisée enfin à faire fabriquer des balances
- - 125

et des poids suivant l'étalon royal, sous la surveillance du


trésorior et à les fairo réparer lorsquo cela sora néces-
saire
Une autro ordonnanco en dalo du 15 décembro (l) ropro*
duit prosquo oxactemont les termes do collo quo nous
venons d'onalysor. Les marchandises qui devront ôtro
portéos à Calais sont énumérees : co sont los lainos, cuirs,
peaux lainues, lo plomb, l'étain, los étoffes oppolées
« tcorstedes », lo fromage, la phuno, lo miol, lo foutro, le
beurro, lo « gaulam » (2), lo suif. Quant aux négociants
italiens, Génois, Toscans, Vénitiens et Lombards, ils
auront la faculté d'achoter des lainos dans la ville ot do les
transporter dons lours pays, en los enveloppant dans dos
sacs do toile et en donnant uno garantio sulïissanto qu'ils
no les vendront ni on Flandro, ni dans les pays situés en
deçà des monts, afin quo les privilèges des marchands
anglais soient sauvogordés dans lo nord-ouest de l'Europo.
Quant aux taxes personnelles lovées à Douvres, tous los
négociants qui so rendent à l'étaple en sont dispensés, à
l'exception toutefois do celles qui sont perçues au profit do
l'église St-Martin do cette villo.

III
Règne de Richard II ;
Nouveaux transferts de l'étaple
Dès le commencement do son règne, Richard II confir-
ma, lo 15 novembro 1377, l'établissement do l'étaple à
Calais, en vidimant uno lettre patento d'Edouard III
du 15 novembre 1376, lettre qui contient l'organisation
municipale. Mais il importo do remarquer quo la villo no
(1) Bibl. nat., fonds Moreau 681, fol. 129.
(2) Ce mot, d'après Ducange, se traduit en français par « guesde » et
désigna une plante dont on tire un extrait a l'usage des teinturiers.
- - 126
jouissait pas dans la pratique do tous les privilèges que lo
pouvoir royul lui avait concédés. En oftot, lo souvorain no
so faisait point fauto d'accordor à tel ou tel la permission
d'exportor des marchandises sans pusser par l'étaple et suns
payer d'autres taxes quo celles qui étaient levées ou profit
du trésor. Ces licences « licencio tradueondi », dont lo
nombre so multipliait de jour en jour, étaient uno sourco de
revenus très fructueuse pour la couronne, mois no lais-
saient pas quo de causer un grave préjudice aux intérêts do
la compagnie qui était ainsi frustrée des droits qu'elle perce-
vait à l'enlréo ot à la sortie sur les denrées do toutes sortes
amenées à Calais pour y être mises on vente. Ceux qui
avaient la favour d'obtenir uno semblable licence avaient
do grands avantages sur leurs concurrents : ils gagnaient
d'ubord du tomps en onvoyant directement les marchan-
dises dans lo poysd'oxportution et s'évitaient ensuito bien
des frais ot bien des chances de perte ou d'uvario puisqu'ils
n'étaient point obligés de déchurger leur cargaison, do
Texposor dans les magasins et de l'emballer de nouveau
pour l'oxpédier dans lo pays do l'acheteur.
A cetto première cause d'amoindrissement du lu prospé-
rité do l'entrepôt générul des marchandises ungluises
installé à Calais, il faut en ajouter d'ulitres. D'ubord lo
l'arloinent autorisa le mercredi après la Suint-Luc (20
octobre) 1378, les négocionts do Gênes, do Venise, do Coto-
logno et des autres pays situés à l'ouest (1), et en relations
d'umilié uvec lo roi, à charger leurs vaisseaux à Southamp-
ton ou duns un uutre port d'Angleterre et do les transporter
chez eux, à condition d'acquitter les luxes dues à lu cou-
ronne, ot do prendre rengagement de no vendre aucune do
ces denrées dans les contrées de Test. Do plus, lu fruudo se
pratiquait constamment ot, en dépit desordonnuneesroynles,
nombre de nuvires fuisaient voile directement vers la
(1) Statutcs oflhe Realm t H, p. 8. — « Oenoa, Venlce, thouglt to the
fastwurd of Kngland was uecountcd western countrles... » (Maephersoii,
op. cit., t. I, pp. 537 et 588).
- - 127

Flandre. C'est co quo constate une pétition adresséo au


Parlement du 10-24 avril 1379(1) par les bourgeois do
Calais pour qui l'établissement do l'étaplo dans leur villo
n'était plus dons ces conditions qu'un avantage illusoire.
Lo roi répondit à leurs réclamations quo les chartes qui
leur avaient été données jadis demeuraient en pleino
viguour sauf en co qui concernait les catégories particu-
lières do marchandises dont le Parlement avait autorisé
Poxportation directe. Co document nous apprend quo les
négociants payaient un droit au souverain non seulement
dans lo port d'embarquement, mais qu'ils en acquittaient
un autre à Culuis ; nous y voyons aussi que les marchan-
dises qu'on débarquuit étaient soumises à un contrôle
destiné à s'assurer quo toutes les taxes avaient été perçues
en Angleterre. Lu quittuneo qu'en avait remise aux pro-
priétaires était présentée, à l'urrivéo, à des olliciersroyuux
chargés do vérifier si la cargaison étuit bien entière et si
rien n'en uvuit été distrait en route.
Dansleur pétition, lesCalaisiens indiquaientau souverain
un moyen très simple de vérification : c'était de comparer
chuquo année les comptes des percepteurs royaux en
Angleterre et à Cillais; on verrruit ainsi quels étaient coux
qui auraient omis do so rendre à l'étaple, et on pourrait
alors les poursuivre (2). Le roi accepta lu proposition qui
lui étuit faito ot ordonna aux exportateurs do déposer tous
les ans à l'Echiquier pendant la semaine do lu StMichel
les quittances qu'ils auraient reçues du lise en Angleterre et
à Culuis.
Mais, on 1380, le Parlement autorisa à titre d'essai pour
un an In libre exportation du beurre et du fromage. Puis,
en janvier 1382, on permit ù tous les commerçants ungluis
(1) Rolls of Par lia mt ni, t. III, p. 07.
(2) Quand une marchandise avait acquits los droits, on la marquait d'un
sceau ou d'une marque appelée « roket ». Los fonctionnaires charges do ce
soin, prenaient sans doute en noie le nombre d<> c cokets » qu'ils oppo-
saient sur les ballots ainsi que les noms des possesseurs des objets soumis
u la taxe.
- - 123

ou étrangers do transporter on tous pays sauf en France,


les laines, cuirs et peaux à condition do payer d'avance
« lescustumes, subsides ot devoirs do Caloys » qui devaiont
ôtro perçus jusqu'à la fête de Saint-Michel 1383, mais avec
un escompte do 6 sous 8 deniers sur la taxe d'un sac de
luino ou d'un paquet de doux cent quoranlo peaux (1). Lu
couronne, suns douto, très démunie d'argent, abandonnait
ainsi uno partie de son revenu futur pour en avoir la
jouissanco immédiato (2). L'étaplo était, par tvlio mesure,
ruinée du coup, cur les négocinnts dévoient évidemment
user do In focililé qui leur était laissée do ne plus conduire
leurs marchandises à C;»l«is. La ville souffrit certainement
du nouvel état do choses; du reste, on avait dès lors l'in-
tention d'établir ailleurs l'entrepôt général, et des négocia-
lions a\. Ht été entamées à ce sujet uvec la Flundro (3).
On décida pourtant on 1383 quo Pétuplo demeurerait à
Calais au eus où une trêve de trois uns serait concluo avec
la France, sinon elle seruit tenue en Angleterre (4). A co
moment en effet, on craignait uno attaque do Charles VI
et do ses oncles qui semblaient tout-puissants après avoir
vaincu les Flumunds à llosbeeque et étouffé l'émoulu de
Paris. C'est pourquoi on se détermina, le 21 junvier 1384, à
transférer l'étaplo à Middelbourg à lu suite d'un accord
uvec les négociunts de Flundro et uvec l'ussentimenl du
duc de Hollande (fi).
Celte solution no fut pas longtemps regardée comme sutis-
fuisunte, et dès le 20octobre 1385, lo chancelier fit remarquer
au Parlement quo les villes do Druges ot do Culuis où
l'entrepôt des marchandises avait eu autrefois son siège,
uvuient retiré de co fuit des avantages considérables, quo
les droits sur les laines perçus par le roi rupportuient uno
(1) Rolls of Parliamcnt, t. III, p. 121.
(2) « Thls wns, I believe, the flrst attempt to anticipait the revenue ».
(Macpherson, op. cit., t. I, p. 503).
m Rolls of Parliamcnt, t. III, p. 130.
(I) Ibidem, p. 159.
(5) 1». B, 0. Knrly chancery roll 3*8, m, 10.
- - 129

plus-valuo do 1000 marcs sur ce qu'ils donnaient actuelle-


ment et qu'il était par conséquent do l'intérêt du souverain
do ne point laisser l'étaplo sur un territoiro étranger (1). Lo
mouvement do l'opinion s'accentua, et en 1387-1388, les
communes demandèrent formellement» quo l'estaple des
leyns soit remué de Midelburgh tan que a Caloys, par
entre cy et lo fest do St-Michel proschein.... » (2). Lo roi so
fit alors donner pour lui et son conseil la faculté de trans-
porter l'étaplo soit à Calais soit en Angleterre, suivant quo
l'uno ou l'autre solution semblerait plus conformo à l'intérêt
commun. L'hésitation entre les deux purtis à prendro no fut
pas de longue durée, cor lo lendemnin do la Nativité de la
Viergo (0 septembre) 1388, Richard II ordonnu quo lo
magasin général serait « remuez do Midolburgh a Caloys
issint qu'il soit a Caloys le primer jour do décembre pros-
chain a vonir » (3). Lo 26 août 1389, il proscrivit au capi-
taine do lu villo, William do Heuuchamp, do faire publier
l'ordonnance relative au rétnblissement de l'étaple et à son
organisation, ot d'en assurer l'exécution (4). Le mémo sou-
verain confirma aux marchands, le 28 janvier 1390, lo privi-
lège do posséder à Culuis, do transmettre) leurs biens par
testament pourvu quo ce soit à des Anglais, exception faito
pour les biens do main-morte ; il leur concéda un emplace-
ment nommé lo « Pillory haven » où ils construiront un
édifice pour leurs réunions, moyennant la redevance
annuelle d'uno paire d'éperons d'or (fi;.
Lo Parlement, toujours hostile à lu fixution de l'étuplo à
Caluis, no tarda point à montrer su mnuvaise humour et à
insister pour quo lo siègo de l'entrepôt général fût ramené
dans los lies britanniques. Cetto fois, les communes su
servirent du moyen qui devait le plus puissamment agir

(I) Rolls of Parliamcnl, t. III, p. 203.


lî) Ibidem, p. S50.
{3 Statutes of the Rcalm, t. H, p. 00.
(4) 1\ II. 0. Knrly chancery roll 331, m. 18; voy, pièces Justificatives.
(5) Bibl. mit., fonds MorcnuOSl, fol. 200.
U
- 130 ~
sur l'esprit du roi : lo 3 décembre 1390, on lui vota bien
pour trois ans un supplément do taxes sur les laines,
les peaux et les vins, mais à la condition expresse « quo
l'eslaple soit remuez de Caloys en Engletorro lundi pros
choin après la fest do la Tiffanie proschein a venir pur y
demoror porpetuelment en corteins portz deinz leroialme...
Et s'il aviegno quo ladite estaple no ne soit myo on Englo-
torre ycost lundy on défaut du roi et do son consoill,
q'adonqes mesmos les subsides cessent mosmo lo lundy
tout autrement sanz jamez dès lors estro levez, et s'il soit
en défaut des murchantz oient la peyne contenu en Wutut
1

do Pestaple. Et en outre, si ladite estaple soit remuez hors


du roialme a ascunes partios do par delà deinz lesditz trois
ans, quo a ycell tomps del remuor, touz lesditz subsides
cessent sanz oslre lovez après on ascuno manero » (1).
Richard II qui était à court d'argent n'eut gardo do résister
à la volonté si clairement oxpriméo par son Parlement, et
le 12 décembre 1390, il ordonna que lo lundi qui suivrait la
prochaino fêto do l'Epiphanie, l'étaplo serait transféréo à
Westminster, ot il en nomma lo moire, John Iladdelo (2).
Malgré des textes si précis, nous uvons tout lieu de pen-
ser que la promesse fuite fut éludée. Il semble quo lo
Parlement ait consenti à un ajournement, car si duns les
rôles do l'ussomblée tenue lo lendemain do lo Toussaint
1391, nous voyons quo les marchandises devront ôtro à
l'avenir entreposées duns les villes qui avaient été désignées
à cet effet on 1353 sous Edouard III, nous y lisons égale-
ment que « lu repaire desditz marchant/, ovesqtto lour
4

loyns... soient a Caloys tunq'al proschein Parlement » (3).


On accorda du reste on mémo temps aux négociants la
pormission d'exporlor los luines où ils voudront jusqu'à la
prochaine fêto do la Nativité do Saint-Jeun-Dnptiste. En
cotto mémo année 1391, les communes demandèrent que
(l) Rolls ofParliamtnt, t. III» p. 870.
{*) P. U.C. Enrly chaucery roll 800, m. 8.
(3} Rolls of Parliamtnti t. III, p. 885,
- - 131

l'étaplo do l'étain fût placéo à Lostwithiel dons le comté do


Gornouoilles, mois Richurd II répondit qu'ello resteroit à
Calais tant quo celle des luines y demeurerait (1). Il paraît
donc certain quo la villo no fut point à co moment dépos-
sédée de son privilège : en tous cas on lo lui confirma ofiî-
ciellement lo 20 juin 1392 où le roi déclara qu'avec l'assen-
timent dos prélats, des grands et des communes, l'étaplo se
tiendrait à Calais à partir du lundi qui suivru lu fête do
Soint-Jean-Baptislo (2) : il désigna John Haddolo pour
occuper les fonctions do mniro, et John Trumpington et
William pour remplir celles do constablos.
On voit quo comme précédemment, le souverain en réta-
blissant l'étaplo à Calais, en avait nommé les olïîeiors, mais
le 22 avril 1393, par uno longue ordonnance, il rondit aux
marchnnds lo droit d'élire lo muire et les constublcs (3).
Cotto dorniôro disposition no fut point appliquée rigoureu-
sement, car Richard II intervint lo 20 juin 1393 pour main-
tenir en fonctions John Haddolo et John Trumpington et
aussi pour désigner Richard Warshop comme second
constablo (4). Plus tard, lo 28 avril 1391,il fait savoir à son
onclo Jean duc do Lancostro, qu'il a choisi pour ces olllces
Robert Savuge, murchund d'York, John Avonunt, de
Londres ot Richard Aglion, mais il lui mande en même
temps do désigner des suppléants à ces personnuges que
leurs offuiros retiennent loin do Culuis (5). En 1390, d'ail-
leurs, Richard II, tout en maintenant par un ucto du
3 murs, le principe do l'élection et on admettant que les
employés subalternes do l'étaple pourront être révoqués pur
la compagnio, eut lo soin d'indiquer qu'il se réservait lo
droit do donner à vie les charges supérieures et do confier

II) Rotls of Parlement, t lit, p. 800.


IÎ) ftibl. nat., fonds Moreau 081, fol. 818. — Macphorson pense aussi
fpie l'étaple de la laine et «le l'étain demeura llxOo i\ Calais op. cit., t. I,
p. 00»),
(3) Blbl. nat,, fonds Moreau 081, fol. 880.
(4) P. U. O. Ka ri y chancery roll 327, m. I.
(5) Ibidem, 388, m. 5.
._ 130 -
des emplois inférieurs à ses serviteurs qui scruiont alors
inamovibles (1).
Ainsi quo nous l'avons déjà dit, lo roi accordait parfois à
cortainos porsonnos la faculté d'oxporter des marchandises
on les dispensant do l'obligation de passer par l'étaple. Dos
permissions de co genre très dommageables à la compagnio
ot à la villo do Calais s'étant multipliées, plainto fut portée
au Parlement : les Calaisiens réclamèrent l'exécution
intégrale des ordonnances et demandèrent quo « louz les
marchandises... eiont recours audit lieu de Culuis et null
lieu uillours » (2). Lo roi promit do no donner dos licences
qu'en nombro restreint, mais nous savons que certuines
catégories de commerçants jouissaient du privilègo do
transit direct avec les pays étrangers, et nommément les
Génois, Vénitiens ot Aragonais do mémo quo los négociants
do Nowcasllo sur-Tyne et do Borwiek sur-Twcodo (3).

IV

Henry IV ;
la Compagnie et les gages de la garnison
Lo 30 septembre 1399, Richard II étuit détrôné au profit
do Henry de Lancnstro qui prit lo nom do Henry IV: le 10
décembre suivant (4), celui-ci rappelant les actes do ses
prédécesseurs,confirmait l'installation de l'étaplo à Culuis ot
nommait John Ouley maire, Stephon Sowall et Thomas
Richard conslubles. Le 10 décembre, il rétablissait pour
l'uvenir lu liberté dos élections, donnait à lu compagnie lo
droit de choisir cl de révoquer ses employés ot lui laissait
(1) Bibl. nat., fonds Moreau 0S1, fol. 218.
18) Statutes of the Rcalm, t. Il, p. los.
(3) Miicphcrson,oj>.ct't, 1.1, p. 00U note, et Rolls of Parliament, t. Ut,
p. 480.
(4) P. U, 0. Karly chaucory roll 31», tu. 10; voy. pièces justificatives.
~ 133
-
la jouissance do l'emplacement appelle « Pillory hoven »
moyennant la mémo redevance d'une paire d'éperons
d'or (1). Comme son prédécesseur également, il promit au
Purlotnent do 1400 1401, sur la demande des marchands, do
restreindre les permissions d'exporter directement les
denrées (2). En 1401, on craignit uno guerre en Flandre,
les communes lo prièrent de désigner un autre lieu d'étaple,
mais il so bornu à répondre qu'il a viserait (3). Le duc do
Bourgogne Jean-sans-Peur cul, en effet, vers cetto époquo
des démêlés avec les Angluis, et nous uvons dit dans un
chapitre précédent qu'il avuit fait des préparatifs impor-
tants pour lescombultro. Ces difficultés entre les deux étuts
uvoient drt causer un certain préjudice ou négoco ; or l'inté-
rêt des Angluis comme des Flamands dont les rapports com-
merciaux étaient ininterrompus oxigeait impérieusement
que les bonnes relations fussent rétablies. C'est pourquoi
un traité fut conclu uvec le duc de Bourgogne, relatif
spécialement au trafic des marchandises ; Henry IV lo
ratifia lo 10 mars 1107. Il est fait dans cet acte mention
particulière de l'autorisation que le roi de France udonnéo à
Jeun-suns-Peur pour passer cette convention (4)» On y
stipule (tue les marchands des deux pays ainsi que leurs
commis et employés pourront aller librement pur terre ou
pur mer de Culuis en Flundro et réciproquement, avec toutes
sortes de denrées excepté les armes, l'artillerie et autres
choses « invasibles » ; ils passeront par lo chemin qui
côtoie la mer, entre lo rivage et les châteaux de Marck et
d'Oye. Ils pourront obtenir des vivres dans lo pays où ils
se trouveront et paieront les « tonlieux et devoirs due/, et
uccoustumez ». Si les négociants viennent pur voie do mer,
leurs armes et leur artillerie resteront à bord des vaisseaux ;
(l) ltlbl. nnt., fonds Moroau 0S1, fol. 808 et 801.
t8) Rolh of Purliiment, t. III, p. 105.
,3 Ibidem, p. 5M.
(•»'• Hymer, éd. de I.a Haye-, t. IV, pars 1, p. loy : n par vertue des
....
licence, poalr et nin-torllo de nostro adversaire de France, son «overaiguo
soigneur, n luy attribut pour traiter ovcstpionous ».
- 134 ~
quant aux dagues et aux épées, ils devront los laisser
dans leurs hôtels.
Nous arrivons mainlenunl à unoépoquooùlo compagnio
do l'étaplo joua un cortain rôlo dans l'histoiro financiôro do
l'Anglotcrro on prêtant do l'argent aux rois. S'il faut en
croirolo continuateur anonyme do l'Etdogium histortavum^
voici à quelle occasion lo premier emprunt aurait été
contracté. Depuis un certain tomps, los gages do la garni-
son n'étaient point payés ; los soldats, las d'attendre, s'cm-
porèront d'un stock do lainos appartonunt aux marchands.
Ceux-ci so plaignirent à Henry IV qui leur domanda do lui
avancer les sommes nécessaires pour satisfaire la troupe;
mais les « staplers », peu confiants sans douto dans la
solvabilité du souverain, cherchèrent dos prétextes pour
éluder la demande. Lo roi leur auroitditalorsbrutulemont:
« Je sais quo vous avez do l'or, jo lo veux, où est-il? »
Dovant uno sollicitation formulée on do pareils tonnes, les
négociants furent obligés do céder, mais ils lo firent à la
condition quo le chancelier et rarehovèquo do Cantorbéry
garantiraient lourcréanco (1).
Quoi qu'il on soit do l'exactitudo do cetto anecdote, lo
trésor étant vide, on no savait comment contenter les
soldats qui gardaient uno villo si préciouso à l'Angleterre
Aussi, dès lo 10 février 1407, Henry IV osssigna-t-il pour
los payer la moitié des sommes quo produiraient les taxes
sur les laines envoyées de la métropole à Calais (2). Mais
cola no suffit point et d'ailleurs, on avait besoin d'argent
comptant: lo compagnie do l'étaplo en fournit, car nous
voyons le roi exprimer aux marchands sa reconnaissance
do l'avoir tiré d'un si gros embarrus(3). Afin do les dédom-
moger, il leur accordn un sursis pour uequilter les coutu-
mes exigibles sur les laines exportées depuis la Pentecôte
(1) Continuatio eulogii historiarum, éd. ltnydon, t. III. p. 411 t
«... vos habotis nurum. dixtt rex, et ego volo habore nu ru m, ubl est t. . »
(8) I». U. O. Karly chancery roll 350, m. 15.
(3) Ibidem, m.O; voy, pièces justificatives.
— 135 —
(15 mai) 1400 jusqu'à la fête de St-Michol (29 soptombro)
1407 ; il suspendit aussi les poursuites dont les « staplers »
pourraient être l'objet de la part do leurs créanciers. Lo
27 juillet 1407, nouvelle dilllculté : lo roi, toujours pour
payer la solde do la garnison, est obligé d'emprunter à des
évoques, à des seigneurs ot à la compagnio de l'étaple une
somnio do 4.000 livres qu'il s'engage à rendre sur lo produit
des taxes dos lainos embarquées dans tous les ports du
royaumo (1).
Nous avons dit quo lo roi avait donné à la société lodri;,
do fairo tous los règlements utiles pour la bonne adminis-
tration dos marchands et des marchandises ; il s'était
résorvé naturellement la faculté do los casser lorsqu'ils lui
paraîtraient nuisibles. Henry IV usa do cotto prérogativo
lo 13 août 1408 : à cotto dato, il déclaro nulle une ordon-
nance du lieutenant du constablo do la compagnie, par
laquello défense étuit promulgéo do vendre do nouvelles
laines à Calais jusqu'à co quo lo stock des lainos anciennes
qui s'y trouvait fût épuisé. Cette disposition était on effet
préjudiciable au roi, on diminuant los taxes qu'il porcovait,
et aux producteurs anglais en empêchant l'écoulement do
leurs produits. Ordre étuit donné en conséquence au mairo
do l'étuplo Richard Whylington do suspondro immédia-
tement Poxéeution do ce règlement (2).
En revanche, duns lo but de favoriser lo commerce do la
villo, Henry IV en délivrant le 5 juillet 1412 des lettres do
représuillos à quelques marchands dont les vaisseaux char-
gés do vins uvniont été capturés par les François, a soin do
déclarer que les cargaisons destinées à l'étaplo do Calais no
pourrontètresaisies: ecttocité,ainsi quolo dit Mnepherson,
jouit donc des privilèges d'un port neutre (3).
Il) Hymer, éd. do La Haye,, t. IV, pars I, p. 110.
8) Illbl. nat., fonds Moreau 681, fol. 881.
^3) Macpherson, op, cit., t. I, p. 030.
- - 130

Henry VI et Edouard IV
Nouveaux emprunts

: Henry V, couronné lo 9 avril 1413, confirma lo 1er juillot


suivant les privilèges uccordés par ses prédécesseurs aux
marchands de l'étaple (1). Lo 19 novembre 1414, ceux-ci lo
prièrent do faire respector les ordonnances relatives è
l'entrepôt obligatoire à Colais des laines, cuirs et peaux, du
plomb ot do l'étuin exportés du royaumo (2). Lo roi admit
lourdemando en principe, mois so résorva lo droit d'accor-
der, quand il lo jugerait bon, dos licences spéciales. Au
Parlement do 1423, uno réponso unnlogue fut faito à uno
somblnblo réclumution ; Henry V décida en otitro quo les
marchandises provenant des comtés do Northumberland,
Westmorelond, Cumborland et de l'évêché do Durham
pourraient ôtro menées à l'étranger suns passer pur l'étaple.
Il consentit cependunl à coque les luines légères « sloightes
laines » fussent conduites à Culuis jusqu'à lu tenuodu pro-
chain Parlement (3). Deux uns plus tard, les communes
ayant fait remarquer quo le beurre et lo fromage « sont si
tendre marchandiso que ne pourroient nttendro lotir mar-
chnndes », il autorisa Poxporlation directe do ces donréos
sous résorvo d'une permission qu'uceordornit lo grnnd chan-
colior (4). Kn 1429, enfin, on chercha à empêcher la spécu-
lation à laquelle se livraient duns lu villo les mombres de lu
compagnie : trouvant, à certuins moments, lo moyon
d'écarter les uehétours étrangers, ils acquéraient oux-
mêmes les murchundises à bus prix et les rovondoiont
(lï V. U. O. Karl y eliaticory roll .157, mm. 80 et 87.
[t\ Rolls of Parliixmcnt, t. IV, p. 53,
(3) IbiJem, p. 850,
(4) Ibidem, p. 803,
- - 137

ensuite à gros bénéfices. Pour remédier à cet abus, on


interdit aux « staplers » sous peine de forfaiture d'acheter
pour leur compte à Calois (1).
Henry VI, commo son père, reconnut la société et lui
conserva par un acto du 16 février 1430 les prérogatives
dont elle jouissait(2). Mais alors, le commerce qui so faisait
à Calais était déjà bien déchu : le roi étuit obligé do lo cons-
tater lui-mômo lo 3 février 1444 (3). On attribuait cette
décadence à l'abus des licences directes trop libéralement
prodiguées. Le maire, Ilamon Sutton, fit entendre dos
doléances au souverain qui reconnut toute l'étendue du mal
ot s'efforça do lo réparer. Pour dédommager les « staplers »
Henry VI se lia vis à vis d'oux pour une duréo do sept
années en leur donnant la faculté do conduire duns leur
villo suns payer do taxes uno quantité de marchandises
égale à celle qui passoruità l'étranger en vertu do permis-
sions royales. Lu couronne étuit donc elle mémo intéresséo
à ne point enfreindre, en accordant des faveurs particu-
lières, los privilèges octroyés aux négociants do Calais.
Malgré cet engagement, los abus continuèrent ; lo Parle-
ment fit entendre, en février 1449, de nouvelles protestations
ot obtint la promesse d'une réforme (4). Uno ordonnance
du 12 do co mois (5) la sanctionna : il y est observé tout
d'abord que l'étaplo qui sous Kdouard III rapportait au
trésor 080.000 livres n'en produit plus quo 120.000, et quo
cela ost du au grand nombre do licences délivrées et aussi
à la mauvuiso foi des marchands. Ceux-ci achètent « loynes
et peaulx lunuez on autre lieu que leur liconco conteint, en
oskippaunt plus graund nombre et pois, et colourant par
novolles controvées nouns comme morlyng et shorlyng f0) »

(I) Rolls of Parliamcnt, t. IV, p. 300.


<8t I». 11. O. Karly chancery roll 378, mm. 2) et 88.
(3i Ibidem 3S0, m. 1St voy. pièces justllloativos.
!l) Rolls of Parliamcnt, t. V, p. 110.
5' Stalutes of the Rcalm, t. II, p. ;U5.
\i\) Morling désigne la laine morte, et shorling la peau d'une brebis
tondue.
- - 138

les laines qu'ils exportent ; on oulro, certaines porsonnos


ont vendu des murchandises en Rrabant à des gens qui
avaient l'habitude do venir à Calais ; do plus, beaucoup do
denréos n'ont point acquitté do droits par la fauto do per-
cepteurs infidèles. Afin de remédier à co fâcheux état do
choses, Henry VI décida qu'à partir do la fêto do St-Jean-
Raptisto auctino pormission spéciale ne serait donnéo sauf
à certaines personnes nommément désignées. La compagnio
dont les privilèges recevaient une nouvelle confirmation,
était munie d'uno uction particulière contro tous ceux qui
exporteraient ailleurs qu'à Calais les marchandises d'étaplo.
Il semble qu'en théorie du moins, les prérogatives do l'en-
trepôt général oient été respectées, car nous voyons, lo
18 juillet 1459(1), quo lo roi, en accordant aux commer-
çants do Nowcastlo sur Tyne la faveur do transporter
directement à Middolbourg ot à Bruges les peaux appelées
« shorlyng », a soin do montionner lo consentement quo la
société do l'étaplo a donné à cotto mesure*
Henry VI d'uillours avait encoro un aulro intérêt 6 ména-
ger les commerçants de Culais, car il était souvent obligé
de recourir à leurs bons offices dans les difilcullés finan-
cières où son gouvernement so débattait. Pour payer la
gurnison, les « staplers » fournirent à plusiours roprisos
do l'argent au roi. VAX 1417, il était leur débiteur pour uno
sommo do 500 marcs, et il leur abandonna, lo 10 mai do
colto mémo année,lo produit des taxes qu'il pourrait perce-
voir jusqu'à co qu'ils soient remboursés (2). Lo 18 octobre
suivant, il reconnaît qu'en plusieurs fois, la compagnio lui
a avancé un total do 10,3(50 livres 13 sous 4 deniers î afin
do s'acquitter, il assigna à ses créanciers les premières
sommes à recuoillir SUR les quinzièmes, dixièmes et dîmes
ecclésiastiques votés par le Parlement et les assemblées du
clergé dos provinces do Canlorbéry et d'York ; il donna on

(1. P. U. 0. Karly chancory roll 401, m. fe.


(8) Ibidem 389, m. 6 { voy. pièces juslttlcutlvos,
- - 139

conséquenco des ordres au chancelier, au trésorier et aux


buronsdorKchiquier(l). Do nouveaux emprunts furent con-
tractés en 1450; coux de 1453 so montèrent à 10.000 mores,
ceux do 1455 à 20.000 livres (2). Lo compagnie consonlit
oncoro on décembre 1458 un prêt do2.600 livres pour payer los
gages dessoldotsot on avança 1000 pour les frais do la maison
royale (3). Toutes ces sommes n'étaient point remboursées
on argent comptant, mais bien ou moyen d'exomptions do
coulumos quo la couronne accordait à ses créanciers.
Kn retour, lo souverain mettait un soin particulier à assu-
rer aux « staplers » la protection do son autorité : c'ost ainsi
quo des corsaires anglais ayant capturé un vaisseau appur-
tenunt à des commerçants do Bruges, lo duc do Bourgogno
fit, par représailles, suisir des marchundisosquoposséduient
los négocinnls do l'étaplo pour uno valour de 2.000 marcs.
Afin d'indemniser ceux-ci, Henry VI s'empressa do décider,
lo 7 juin 1450, qu'ils seraient dispensés do taxes jusqu'à
concurronco do la sommo qu'ils avaient perdue, et nomma,
lo 7 août, des commissaires pour traiter uvec Philippo-lo-
Bon au sujet dos objets confisqués (4). Lo roi ordonna
également lo 19 mars 1458 (5) aux gouvernours des mar-
chands anglais, on Flandre, Hollande, /.élando et Brubant
do respeclor les privilèges dos membres do lu compagnio
otdo no les maltraiter en aucune façon sous poino d'encou-
rir son indignation. Nous savons aussi qu'à la mémo
époque, certaines difficultés s'élevèrent avec les acheteurs
flamands, car nous voyons, lo 11 décembre 1458, le roi
charger Henry Shopp, docteur es lois, lieutenant de Tem-
ple et plusiours uutres personnuges do s'entondre uvec les
délégués du duc do Bourgogne pour régler lu vente des
lninosà Culuis (0).
(I) P. R. O Karly chancery roll 300, m. 14; voy. pièces justificatives.
(î^ Macpherson, op. cit., 1.1, p. 003.
\3) P. H. 0. Karly chancery roll 401, mm. lo et 87.
(4) nibl. nat., fonds Moreau 088, fol.Sfl et 05.
[b) P. H. 0. Karly chancery roll 400, m. 18,
^ Ibidem 401, m. M.
- - 140

Lo roi ont encoro à intervenir dans l'administration


intériouro do lu société qui n'était point dos plus régulières.
Il constata, lo 9 mars 1448, que los principaux marchands
qui la dirigeaient jadis sogemont ot pour lo bion do tous
los intérêts, étaient le plus souvent absonts do Calais ot
résidaient en Angleterre ; ils n'avaient laissé pour les
suppléer, que des omployés ou des représentants qui no
possédaient à peu près rien. Les idées malsaines do ces
individus avaiont été cause qu'on avait élaboré plusieurs
règlements fâcheux au sujet de l'exposition et de la vonto
dos laines; do plus,'les élections donnaient lieu à des dis-
putes et lo choix des électeurs s'égarait sur des personnes
sans autorité. Il on résultait lo gospillago dos biens de la
compagnie et de graves inconvénients pour le ioi,loroyau-
mo et lo commerce Le désordro avait été accru encoro par
une révolte de la garnison qui, no recevant point de gagos,
s'était robellée et avait fait main basse sur des marchan-
dises d'étaple. Par suite, la villo do Caleis était délaissée
par les négociants, et lo chiffre des coutumes payées au
souvorain sur les denrées exportées, diminuait. Aussi
Henry VI, pour assurer la marche régulière des affaires
commerciales à Calais, donno-t-il à lu société uno sorte de
tuteur uvec lo titro do « gubemotor ot consorvator noster
stapule nostro »; il confia cetto fonction pour cinq années
à William comte et marquis de Suffolk (1). Nous n'avons
point do détails sur ses attributions, ni sur la manièro dont
il los oxorça : lo roi l'engagea soulement à prendre l'avis
des plus notables marchands de l'étaplo et lui délégua le
pouvoir do punir ceux qui contreviendraient auv lois et
ordonnances.
Edouard IV, dès lo commencement de son règne, confir-
ma, lo 2 soptombro 1402, los prh ilèges des « staplers » (2).
Lo 29 avril 1463, il renouvela la défense faito par ses prédé-
cesseurs d'exporter les laines et les peaux autre part qu'à
vl) P. R. 0. Karly chancery roll 390, m. Il ; voy. pièces justificatives.
[2) Ibidem, 400, m. 18.
- - 141

Calais, mais il ajouta quo les délinquonls soroiont punis


d'un emprisonnement de deux ans, ot quo leurs marchan-
chandisos seraient confisquées, les objets saisis devant ôtro
attribués par moitié au roi, par moitié à celui qui aurait
découvert la f.'audo (1).
Lo nouveau souverain, pour soutenir la lutto contro los
partisans do son ompélitour llonry VI, fut obligé comme
lui d'avoir recours à ia bourso des marchands do l'étaplo :
on janvier 1401, il leur dovait déjà la somme do 32.801
livres, pour le remboursement de laquelle il assigna à la
compagnio une partio des revenus dos taxes sur les
laines (2).
A la faveur dos troubles causés par la guorro civile, des
licences avaient été indûment accordées et certains com-
merçants s'étaient soustraits par ruse ou môme par force
au paiement des coutumes. Afin do rendro lo surveillance
désormais plusfacilo, Edouard IV, on 1405, limita à neuf le
nombre des ports où les denrées pouvaient être embar-
quées (3)i II institua aussi un moyen de contrôler lo passage
des marchandises à Calais : tous les exportateurs devaient
présenter chaque année à l'Echiquier des certificats fournis
par lo percepteur do cette ville, constatant lo nombre de
vaisseaux qu'ils avaient amenés dons lo port et la valeur
do leur cargaison. Les biens des transgresseurs devaient
être saisis et partagés entre le roi et la compagnie.
Un peu plus tard, en 1400, on mit en protique un pro-
cédé qui devait permettre à la couronne de s'ocquittor do
ses dettes envers la société, de so débarrassor do la percep-
tion do ses revenus en Calaisis et de payer les soldats. Lo
13 juillet de cetle même année (4), le maire do l'étaple fut
institué trésorier et surveillant des travaux, et le lieuto-
nant du maire fut nommé viluillcr. Pendant huit années,
(1) Statutcs ofthe Realm, t. II, p. 391.
(8) Macphcrson, op. cit., t. I, p. 077.
(3) Statutcs of the Realm, t. II, p. 407.
(f) P. 11. O. Karly chancery roll 410,
m. 88.
- - 142

Edouard IV abandonnait à la compagnio : 1° tous los pro-


duits qui lui appartenaient à Calais, 2° toutos les coutumos
dos lainos oxportées d'Anglotorro. Avec los sommes ainsi
recueillies, les « staplers » dovaiont pourvoir aux gages do
la garnison, fairooxécutor les ouvrages do défonso ordonnés
dons la villo et se romboursor do l'argont qu'ils ovaiont
prêté au roi : ils dovonaiont do la sorto ses formiors. Les
droits lovés sur los laines, peaux lainuos, « shorlyng » et
« morlyng » passant hors du royaumo, à l'oxcoption do
cellos qui étaiont conduites par lo détroit do Gibraltar,
appartenaient depuis la dernière fêto do St-Jean-Baptisto
pour huit ans au mairo ot la société do l'étaplo : les percep-
teurs royaux on foront la remise dans dos formes détermi-
nées. Quant aux terres, tenures, rentes, eaux, pêcheries,
tonlieux et taxes diversos quo possédait lo roi dans lo
Calaisis en qualité do souverain, elles étaient également
dévolues à la compagnio à compter do la prochaine fêto de
Saint-Michel. Los coutumes sur les laines ainsi quo la
moitié des rovenus royaux des possessions anglaises du
continent seront employées à payer les gages du capitaine
et des soldats de la ville, do la tour du Rysbank et des
châteaux de Guines et do Ilam, so montant à 10.022 livres;
le tiers de ces gages sera donné en vivres, comme c'est
l'habitude. Qant à la secondo moitié des profits du roi, elle
servira à la réparation et à l'entretien des ouvrages
militaires et do l'artillerie, En co qui concerne la dette de
32.861 livros qu'Edouard IV a contractée envers les mar-
chands, elle sora éteinte par uno somme de 5.000 livres
prélevée chaque année sur los taxes des laines. Si tous ces
produits excèdent 15.022 livres, les « staplers » devront
rendre compte du surplus à l'Echiquier; au cas où les
sommes spécifiées ne seraient point touchées, la compagnie
récupérerait l'année suivanto co qui aurait manqué précé-
demment.
C'est encore à la société de l'étaple que le roi s'adressa
- - 143

en 1471 pour payor uno partie do la dot do sa sunir Nfur-


guerito d'York muriéo à Charlos-lo Téméraire. Les mar-
chands promirent do fournir à cetto occasion 13.000 livres,
mais nous savons quo la délivranco de cet argent no se fit
pas sans difficulté, et Edouard fut obligé, lo 23 oclobro, do
nommer dos commissaires chargés d'oblonir du duc do
Bourgogne des délais afin do permottro à la compagnio do
réunir la somme qui n'était point prêto au jour fixé (1).
Plus tard, lo souverain se vit forcé d'engager des joyaux
à un certain Thomas Portinuro, qui, lui-même embarrassé,
les remit à John Prouto, Richard Stokes et Thomas
Kiston. Pour retirer ses bijoux dos mains de son prêteur,
il eut recours uno fois do plus, en 1472, aux marchands do
Calais qui donnèrent 2.700 livres, et qui durent être rem-
boursés par trois prélèvements de 900 livres faits sur les
gages de la garnison (2).
Il semble que le système inauguré on 14G6 et qui consis-
tait à transformer la société do l'étaplo en compagnie
fermière ait donné d'heureux résultats : établi d'abord pour
huit ans, il fut renouvelé pour uno durée double par une
ordonnance rendue en Parlement le 8 février 1473 (3). Les
conditions qu'elle contient rappellent à peu de chose près
celles que nous avons analysées plus haut ; nous y voyons
que les sommes empruntées par le roi s'élevaient au total
de 22.700 livres. Lo souverain s'engageait à ne point dépla-
cer l'entrepôt général des marchandises jusqu'à rembour-
sement complet. Il était décidé en outre quo les fonctions
do mairo, de constoble, do trésorier ou de collecteur ne
pouvaient ôtro exercées que par des négociants habitant
habituellement l'Angleterre ; ceux qui résidaient ordinai-
rement à Calais ne dovoiont point en être chargés, et c'est là
une mesure dont il nous est difficile de comprendre l'utilité.
(1) P. II. 0. Karly chancery roll 415, m. 15.
(8) Ibidem 416, m. 4, (ordonnance du 15 décembre 1478); voy. pièces
justificatives.
(3) Rolls of Parliament, t. VI, p. 53.
- - 141

Lo 8 avril 1473, Edouard IV concéda pour soizo années


un cortain nombro do favours aux « staplers » : il les
dispensa do touto poursuito ot do touto amendo pour man-
quement à certains statuts lois quo celui qui forçait los
oxportatours à puyor ou trésor uno lomo d'argent d'une
valeur do deux marcs sur chaque suc de laino, ou colui
qui obligeait à oxposer et à vendro les marchandises à
Calais mémo ot non dons lo banlieue de la villo (1).
Uno autro ordonnonco datée du 24 mars 1470 contient
encoro des proscriptions qui intéressent lo commorco et
fixo lo tarif des droits qui seront acquittés pour les laines
légères do moyenne qualité et les peaux (2).

VI

Richard III et ses successeurs;


décadence complète de Pétaple
Les statuts et privilèges do l'étaplo furont confirmés par
Richard III lo 20 janvier 1485(3) et par Henry VII le
28 janvier 1487 (4). Co dornier prince, au début do son
rôgno, emprunta do l'argent à la compagnie, mais do modi-
•quos sommes seulement : 130, 877 et 400 livres qui durent
être remboursées en quatro termes (5). Quant aux dettes
compactées par Edouard IV, on continua à les éteindre au
moyea des taxes perçues sur les laines d'exportation (0).
Lo terme do seize années avec lequol oxpirait la conven-
tion passée onlro la couronne et la compagnie au sujet de
II) P. R. 0. Karly chancery roll 417, m. 8.
• (8) Ibidem 480, m. S.
(3) Ibidem 489, mm. 25 30.
(4) Ibidem 431, mm. !> 10.
(5) Materials illuslratice of the reign of Henry the VII, pp. 832,
233 et 266.
(0| ltibl. nat., fonds Moreau 688, fol. 173.
- 145 ~
la fermo dos rovonus n'était point arrivé à échéanco,
qu'Henry VII prit soin do la ronouvelor pour uno durée
égale, au Parlement tenu le î) novombre 1487 (1). Le 20 mai
1488, il prescrivit aux collecteurs do coutumes dos ports
d'Ipswieh, Chichester, St Bolulf, Kingston-sur-Hull et
Sandwich do remettu entro los moins des « stoplors »
l'argent qu'ils percevront ; lo 24 mai 1400, cetto mesure
était étonduo aux laines embarquées à Southampton (2).
Un accord commercial intervint lo 18 moi 1 -41*0 entre lo
roi anglais ot l'archiduc Philippo-lo Beau (3). On y décida
que les sujots de co princo paieraient pendant douze ans un
droit d'un domi-morc à Calais sur chaque sac do laino, à
moins qu'il no fût prouvé qu'une épidémie sévisse sur les
moutons on Angleterre, auquel cas, co droit pourrait être
augmenté. L'ordonnance do février 1473 prescrivait que les
marchandises empaquetées au lieu d'origine, ne seraient
poit déballéos à Calois sauf celles qui soraient mangées des
vers ou abîmées par la mer ; on so contentait do les peser
au moment de la vente. Il faut croiro quo co système
engendrait des abus, et que des commerçants peu scrupu-
leux introduisaient dans les ballots des corps étrangers
afin d'en augmenter le poids. Les acheteursarrivés à desti-
nation trouvaient dans les paquets des pierres, du sable ou
d'autres objets sans valeur. Pour empêcher colle fraude,
on arrêta quo les « paccotores » prêteraient serment do
remplir honnêtement leur office et inscriraient leur nom
sur les paquets à côté do la qualité de la marchandise.
Passé le délai de trois mois, les Flamands no pourront plus
adresser de réclamation ; avant quo co terme soit écoulé,
les officiers de l'étaplo devront examiner les plaintes et faire
justico aux demandeurs s'il y a lieu. Au cas où leur sen-
tence n'aura point été rendue dans les vingt jours, et si le

(1) Rolls of Parliament, t. VI, pp. 305 et suivantes.


(2) P. Il O. Karly chancery roll 438, m. 4 et 434, m. 34 ; voy. pièces
justificatives.
(3) Ilymer, éd. de La Haye, t. V, pars IV, [). 136.
10
vondeur n'a point transigé avec l'acheteur, l'acte do vente
sora nul do plein droit et lo prix restitué. Les décisions
prisos no seront susceptibles d'appel que devant le roi
d'Angloterroou ses délégués spéciaux.
Lo 7 décombro 1400, los membres do la compagnie do
l'étaplo reçuront do Henry VII un emplacement vide appelé
« Princo's Inn » avec lo jardin y attenant moyennant uno
redevance annuelle de six livres, payable à Pâques et à la
Saint-Michel ; on leur concéda l'exemption des dovoirs do
guot auxquels ils seraient tonus on raison do la possession
do co terrain ; on les dispensa également de touto taxe sur
lo pain, lo vin, lo bière et les victuailles à consommer à col
endroit (1).
A côté de la société do l'étaple, s'était constituée uno
compagnie qui devenait chaque jour plus importante, cello
des « morchnnts adventurers » en Flandre. Un conflit do
juridiction s'était élevé déjà en 1458 entre elles : Henry VI
l'avait tranché en faveur des « staplers », et la mémo année
le duc do Bourgogne Philippo-le-Bon avait pris ces dernier s
sous sa protection (2). Il est certain que la vieille institution
déclinait beaucoup : depuis si longtemps les rois avaient
usé et abusé do l'association des « staplers », lui emprun-
tant do grosses sommes, la chargeant d'acquitter uno foule
do dépenses. L'étaplo était donc épuisée, tandis quo les
« merchants adventurers » étaient moins entravés par des
réglomonts étroits et cherchaient à absorber leurs rivaux.
Du reste, lo gonro do trafic des deux compagnies était
souvent lo même. Il y avait des cas où les « staplers »
agissaient commo « merchants adventurers » et ceux-ci
comme « staplers ». C'est co quo constate un acte du 17
(1) P. R. O. Karly chancery roll 441, m. 5; voy. pièces justificatives.
(2) L'histoire des démêlés des « merchants adventurers » et des
« staplers » fait l'objet d'un chapitre spécial dans l'ouvrage du l)r Schanz
(Fng'ische Handelspolilik gegen Jùulc des Mittflattcrs, Leipzig, 1SS1,
2 vot in 8°) qui a donna en pièces justificatives un grand nombre do
documents tirés des archives d'Angleterre et de Flandre ; nous passerons
donc très rapidement sur ces incidents.
- - 117

décombro 1501 où Henry VU approuvait un arrêt rondu lo


20 novembro précédent -par la chambro étoilée (star
chamber) (1). Les « merchants adventurers » s'étaient
plaints dos « staplers » qui avaient répliqué quo les rois leur
avaiont donné lo privilège do n'étro point soumis à la juridic-
tion du gouverneur de lo société rivolo. Lu chambro, après
avoir pris connaissance des pièces du procès, déclara qu'il
fallait faire unedistinction : lesmarchandsdo l'étaple doivent
so conformor, à Calais aussi bien qu'on Flandre, lorsqu'ils
agissent commo « merchants adventurers », aux règlements
qui régissent ceux ci ; ces derniers, de môme, sont obligés
d'obéir aux statuts do l'étaplo lorsqu'ils font une opération
commerciale rentrant dans la catégorie do celles qui sont
du domaine des « staplers ». Les affaires des uns et des
autres étaient d'ailleurs si bion mêlées quo les « merchants
adventurers » so réunissaient à Calais pour éliro leur gou-
verneur ot sos vingt-quatre assistants, en vertu d'uno
ordonnance du 28 septombro 1505. C'était aussi dans la
prison do cette villo quo l'on enfermait ceux qui avaient
transgressé leurs règlements (2).
L'arrêt do la chambre étoilée uvait été mal interprété par
les « merchants adventurers » qui en avaient pris prétexte
pour saisir certaines laines appartenant aux « staplers »,
afin d'on tirer de l'argent ou do les forcer à entrer dans leur
compagnie. Lo roi prescrivit, lo 25 juin 1505, à leur gouver-
neur do rendro les marchandises ainsi confisquées, ot lui
enjoignit do s'abstenir à l'avenir do toute voxotion à l'égard
des commerçants de l'étaplo (3).
Henry VU pour des motifs quo nous ne connaissons
point, avait, dans la troisième année de son règne, défendu
à tout bourgeois do Calais d'être dans cette villo facteur ou
commis d'un marchand habitant l'Angleterre. Cetto mesure
avait eu pour elfet d'éloigner un grand nombre de person-
(1) Schauz, op. cit., t. II, p. 547.
(2) Ibidem, pp. 549 et 553.
(3; Ibidem, p. 548.
_ lia-
nes qui no trouvaient plus d'emploi. On s'aperçut quo la
population diminuait et (pie la cité décroissait en impor-
tance; aussi, en 1501, le roi rapportât ilson ordonnance (l).
Son fils Henry VIII concéda le Ier juillet 1510 au mairo
et à la compagnie un emplacement vido contigu à « Staplo
Inn », moyennant la redevance annuello d'un denier exigi-
ble à la Saint-Michel (2) ; lo 23 du mémo mois.il renouvela
au gouverneur des « morchants adventurers », l'ordre déjà
donné par son père de no molester en aucune façon les
« staplers » (3). Quclqucsannécs plus lard, lo 17 juillet 1524,
d'accord avec la société do l'étaple, il mit sur chaque sac
do laine alors déposé à Calois une redovanco do deux pence,
l'un pour son profit, l'autre pour celui de la compagnie qui
devra délivrer immédiatementou vitailler,\VilliamCanllo\ve,
une somme do 2.000 livres qui seront employées à des répa-
rations urgentes : les marchands seront remboursés par
l'attribution de 5 livres sur les 20 que l'on prélèvo par sac
exporté d'Angloterro (4).
Le 13 juillet 1527, Henry VIII écrivit au mairo de Calais,
lui enjoignant do faire publier dans la ville et sa banlieue
une ordonnance relative au commerce. Ce document dont
lo texte nous a été conservé (5) ne contient pas do dispo-
sitions bien nouvelles: il a seulement pour objet do rappolor
certaines prescriptions anciennes ot de rendro plus facile
aux marchands l'accès de cetto cité. Les foires d'Anvers,
do Borgues et do Bruges les attiraient en grand nombre à
causo do lo modicité des taxes qu'on y percevait : c'est un
régime semblable que le roi cherchait à établir. Il y est dit
tout d'abord qu'on ne prélèvera sur les étrangers aucun
droit supérieure ceux que payent les Anglais sur les terres
do l'empereur. Lo liberté du trafic doit être aussi grando à
(1) Statutcs ofthe Realm, t. II, p. r>05.
(2) P. H O. Karly chancery roll 152, m. 1; vuy. pièces justificatives.
(3) Schnnz, op. cit., t. Il, p. 555.
(41 ltibl. nat., fonds Moivau GS2, fol. 503.
(5) Hrillsh .Muséum, llnrlelnu H2, fol, *7 ; imprimé à la suite de la
Cbronicle of Calais.
- - 140

Calais quo dans les villosdes Pays Bas ; néanmoins, commo


c'est uno placp do guerre, il importe que les étrangers n'y
vionnent point armés et qu'ils so conforment aux règlements
promulgués pour sa sûreté. Afin d'empêcher les extorsions,
on fera des tableaux indiquant les coutumes qui dovront
être acquittées pour chaquo catégorio d'objets, ot on les
afiichera à la douane, au marché et à l'Echiquier royal. Si
un officier essaie de prélever une sommo plus forto quo
celle portée sur le tarif, il sera passible d'emprisonnement
ou d'omondoougréduroi. Les gouverneurs des ((merchants
adventurers «auront à Calais la même autorité que dans
les Pays-Bas; ils connuitronl de toutes les actions intentées
par les membres de leur société et jugeront sons appel los
causes qui concernent leur genre do commerce; de mémo
tous les procès entre gens de l'étaple ou relatifs à leur
marchandise seront du ressort du maire, et de la compagnie.
Les négociants do la hanse teutoniquc, do Franco, d'Espa-
gne, de Portugal et d'Italie devront fournir une garantio
sufiisanto qu'ils ne vendront en Flandre aucune des mar-
chandises anglaises achetées à Calais.
Nous no savons si cette ordonnance eut pour effet
d'augmenter la prospérité de la villo ; en tous cas, la com-
pagnie de l'étaplo continua à décliner de jour en jour. Nous
en trouvons la preuve dans uno suppliquo qui fut adrosséo
à Henry VIII vers 1527 : les marchands y rappellent quo
dopuis cinq cents ans, ils forment la plus importante des
associations commerciales, mais qu'ils so trouvent actuel-
lement dans la plus triste situation u in pooro and lowo
estate ». Ils remémorent les services qu'ils ont rendus au
roi en soldant les gages arriérés de la garnison de Calais,
mais les taxes ont beaucoup augmenté, puisque do G sous
8 deniers payés jadis pour chaquo sac do laino, elles se sont
élevées jusqu'à 40 sons. C'est le droit lo plus fort qu'un
prince ait jamais exigé, car il mont»; au quart de la valeur
des denrées. Mois ils no veulent pas insister sur ce point,
— 150 —
si Sn Majesté pont fairo en sorlo qu'ils vondent autant
qu'autrofois. Dopuis sopt uns lo trafic a .considérablo-
mont diminué, si bien quo do quatre cents qu'ils étaiont,
lotir nombro est maintenant réduit à cont-quaranto ou
cont-soixanto. Do plus, les guorros continuelles ont OMtnôché
los sujots do l'omporour ot los Fronçais d'acquérir dt .nar-
chondisos d'étaplo, ot les Flamands, autrefois leurs meil-
leurs clients, achètent des lainos espagnoles qui sont parli-
culièromont favorisées gràco à l'union sous un mémo princo
do l'Espogno et do la Flandre. Lo bétail anglais, on outre, a
subi do terribles épidémies qui ont eu pour effet do rendro
la laino raro et chèro(t).
La situation de l'étaplo était, on lo voit, des plus précaires,
mois existoit-il un remède pour la sauver? C'est co quo
nous ignorons ; du moins les « staplers », à co qu'il
somblo, n'on connaissaient pas, car ils n'en proposent
aucun. Nous no savons pas non plus si la sagesse du roi, à
laquelle ils s'en remettaient, trouva quelque expédient pour
rolover la compagnie, car nous sommes presquo complè-
plôtoment privés de documents pour lo XVIe siècle. Lo
trafic anglais s'était alors beaucoup développé en tous
sens, ot les rois portaient aux marchands do Calais moins
d'intérêt quo jadis; les conditions du commerce avaient
pou à peu changé et In société avec sa vieille organisation
no répondait plus aux besoins nouveaux. A cette raison
d'ordro général, il convient d'ajouter quo los Flamands qui
tiraient autrefois toutes leurs laines d'Angleterro, délais-
sèrent leurs anciens fournisseurs pour s'adresser à
l'Espogno qui leur vendait des marchandises plus nom-
breuses ot de qualité supérieure (2).
(1) Schanz, op. cit., t. il. p. 555.
(2) " Spanish wools were continually increasing both in bulk and qua-
lity, and were fast taking the place of english produce in the tlemish
workshops. It is probable indeed that the décline of the staple trado was
to be attributed muinly to an unsound cconomy at home. Koreigu buyers
were loud in their complaints of the inferior quality of giiglish wool and
the unmethodical transactions of english merchants ». (Hubert Hall,
op. cit., t. I p. 39).
— 151 — *
«
Lo milieu du XVI 0 siècle est rempli par les discussions
entro marchands do l'étaplo et Flamands, autant que nous
en pouvons juger par quelques fragments do documonts
quo nous possédons. La principale cause du litige est la
monnaie dont on devait so servir pour lo paiement ot qui
subissait los variations d'un change qui, suivant los temps,
était plus ou moins favorable à l'une ou à l'autre dos
parties. Les acheteurs so plaignent en outre do co quo les
lainos sont :^ol lavées et mal épurées ot quo l'on introduit
fraudulousomont dans les ballots des corps étrangers pour
en augmontor lo poids. Les « staplers » répondent comme
ils pouvant à ces réclamations et rejettent la fauto sur los
emballeurs (1).
Quoique bien affaiblie, l'étaple demeura àCalais tant quo
les Anglais restèrent maîtres de la ville. Nous connaissons
uno endonture faito lo 28 mai 1553 entro Edouard VI ot la
compagnie (2). Lo roi consent à ce que les marchands
transportent d'Angleterre les laines, les peaux, « morlyng »
ot « shorlyng », à leur volonté, sans interruption ni empê-
chement depuis lo F'r juin 1553 jusqu'au 1er août 1555. Les
commerçantspromettent d'acquitter fidèlement les coutumes
établies, en deux termes, payables à Calais lo G avril et lo
0 octobre de chaque année. Ces dispositions furent confir-
mées dans les mêmes termes pour uno durée do quinze ans
par Philippe II et Mario Tudor, le 12 février 1555 (3).
Quand la ville fut prise, lo duc de Guiso y trouva des
laines pour uno valeur de 100.000 livres et pour cinquonto
mille francs do peaux. Les Anglais transportèrent alors
l'étaplo à Bruges où elle continua à péricliter. Au dire de
M. Charles Cîross, elle subsistait encore au XIX 0 siècle,
mais n'avait plus aucun rôle commercial, ses,, membres
s'assemblant seulement pour se divertir (4). /Js^ •" "' ' ,\
(1) Hritish Muséum, Cotion, Galba H XII, fol. 127 et/ilifra. ' " ' A
(2) lUbl. nat., fonds Moreau CS2, fol. 300. ~: ;: '•
(3) Uymer, éd. de La Haye, t. VI, pars IV, p. 34. V'-J., /
(J) Charles Cîross, The gild merchant, t, I, p. uXî «ils , members.
.

^^V'V' '/ /
assembling only to feast t«>gether ».
• 'f \\\
PIÈCES JUSTIFICATIVES
PI^BS^TUSTIFICATJVES

Edouard III

i
Wvst minuter, 1^ murs I3ti:i,

Ilex dileetls cl lldellbus suis llcni'lcn le Sorop ^tihcniatuii et


Tlutnie de Hravnlyngluun lliesaurarlo \llln tinsti'i* (nostre) ('tilosll,
saliitcin. Cuin per rartam mistrain coiiccssci'lmus dllectlMiiorca-
torlbusnostrls Jolianni Wrolh i>l .loliannl de Wosenhiun inajoribus,
Ado de lUiry, Tliome de P.vkenliam, Hngero Hnlour, Tliome Perle,
Philippe île Neutoiilu, Albano Fi'erc, Kdmundn tic Slapelgale,
Wlllelmo Mciice, Itcglnaldo Perle, Walleiio de Fioinplonia,
Itcglnaldo Frcynssh, llenrlco (larhcpolle, llngei'ode lliinyiigliatn,
Johannl de (îlsburnla, Thème de ltumpslcd,.li)liatml tle Fyiu'liain,
Wllleltno de Spalghe, Hnhcrto de Kelilty, Pctro de Orymcsby,
Htcardo de Stanhope, Thème Frosl, Nicliolao Michel de. Coventra,
Johannl tic Oulhnrp et Johannl Oolo de Lcyeeslro aldennaimls,
cl alils biirgenslbiis dicte \llle noslre île Calels, per Ipsos majores
et nldennaniios reclplcndleandeni \tllatn,esklvlnagluin et porlum
ejustlein ville, habenda et teneinlit elsilem inajoribus et aldcr-
inannls cl biit'gcnsllms, et cumin Miivessorlbiis iiKtjorlhus, aider-
.minuits cl burgciislhus ville pivdiole, uiia euiu terris, iciioineiills,
redilltihus, vaslls, cscaells, lurlsl'jiclurls, csratnliiis moiiele, tnlne-
lis, ctisluinls, vvieoco mails, l'eills, metvalis, llhertalllius et
omnibus alils ad dicta villaiu, csklvinagiiun et porlinn perllncn-
tllnis, de nobls et licredlbus noslris iinperpeliiiun, reddeiido Inde
iiobls et herediltiis noslrls, ad seaeeaiiuin infirma Calcsll, ipilii-
genlas inareas ad lesta Sauetl .Micliaells et Pasolie per equales per-
dîmes, pi'oiil In caria tinstra piviliiiu pleiilus nmtliiclur, .olils
inaiidaums qund pivl'atis inajorllms et nldcrmamtls ptvdietatii
\lllatn, poi'luin et e>kuvlnaglmn, ému onnilltiis predlclls ad ca
pei'Hnclitllius(lllieri'Us,habeiidajli\talcinneincarte lioslrcpredlclc.
Voluinils enlni vos de cuModla ville prnllcle e\lnilc e\oiierari, et
dlotam oarlani el ninnla enuleiila lu eadein fn dicta villa Calcsll
- - 150

et loto ilomluto nostro lu parlllnis lllis et loris ubl cxpedlre


viderilis eum oinnl celerilate publiée proclamai'! et observai'!
fadalis. — Datiim apud Westiiioiiaslci'luin, primo die martii.
(P. H. 0. ICarly chancery roll 300,meml\ 17).

II

Westminster, 30 juillet 130$,

Hex illlcctlsct lldellbus suis llenrlco lo Srrop gubernatorl ville


noslre Calcsll et paivlum adjaceuchim, Tiiome de llrantyngliam
thesiturarlo nostro Ibidem, Johannl Wroth, Thème Velsaly, Thoine
Pykeiiham, Allmno Frère et Phlllppo de Neuton, saluleni. Quia
de assensti et dcllhcralo consillo magnalum et alioriun nobls
asslsteiidiim, pro commit ulllitale tam mereatorum qiiam todus
popull rcgnl iiostrl, orillnavlinus qued exorcldum nicreamllsa-
l'Util extra dlcttnn regniun cdueeiidarum apml ilidam vlllain
nostrain de Calcys habeatiir, nos volentes conimodo cl qulctl
nieivatoruin et allorum ad dldam vlllam sle vcnluroriiin provl-
tlere, asslgiiavlnius vos ad domos, placeas et cdillda ville prcdlde
supervlilemla et ad llrmam coriinulem juxta disercdoiies vestras
taxandam lllls ad qttos peitlnei.it solvendam, neciion ac informait-
iliiin vos, vils et mollis qiiibus nielius cxpedlre vidcrltls, île
omnibus tlomlbus, placels cl teiiementls lain per carias sub velert
sigillé nostro ibidem aliquo lemporc usitalo quam de ilomlhus et
cdllldls mliiosls et prosli'alls vocatls stripeiils, et cdam de
dointbus, placels et lenemenllsperallenlgeiias sine licencia noslra
uilqulsltls, vel per allquas personas contra formant .status qtient
habiierunt In elsdom allenalls, cl ad omnla doinos, placeas et
leiiemeitla que sic mlqulslta, allenata, rnlnosa, proslrata et strlp-'
pata liivenorltts, ac eclam placeas vaenas Ibidem non edlllcatas
nec lnhahilatas, in mamim nostrain eapienda et selsienda, et ca
cunislc selsllafiierli»t,personls Mouds ea ad llrmam capere volen-
tlhus, in feodo et ad terinlnuin vite vel animiiun, pro competentl
llrma nobls annuullni rodili'iula, juxlii dlserecloues vestras
dlmltteiiila et arentamla cl ad mondas que In solitdone in
cadein villa et parlihusa<ljaeeiillbiiseurrunt,jiixlavalorem earuin-
dein monetariim, prout pro major! commodo noslro et popult
cxpedlre vidcrltls, poiienda et assldeitda, et ad proelamart
fademhmi quod iiullns liil'ra vlllampredldam liostellarlani Icneat
nlsï ad hoc per vos, prcfatl Johaniies cl Thoma, Tho'iia,. Albano
— lo, —
et Philippe rcdpiatur et ad hoc a vohis licciiciaiii hahcal specia-
li'in. Kl ideo vohis mandamiis quod diva pivmissa inlemlatls et ea
fadalis d explealls in forma predida. Damus antem nniversls
etc.... In cujus rel.... etc.... — Teste roge apnd Weslitionasteriiim
XX die julii.
(P. H. 0. JCarly chancery roll SOU, memb. 7).

III
Westminster, 0 novembre 1303,
I.e roi il hoz bien amoz les maires et alilerinaiiiics de noslre
ville de Calavs, salu/.. Porooqe pariny la piilx faite entre lions et
noslre 1res diler frère le roi de France, les rentes et héritages
dont les csgllses esloient despolllès et ouslès parles guerres, leur
doivent ostro rendues, et ycelles esgllses restahltes a nielsiiies les
droit et possession qll avoient par devant les guerres comciicccs,
nous vous mandons et chargeons qe vous pale/, et l'ace/, paler dès
ore en avant as abbé de llnloigue, le innislre de Charlrelioiis de
St-Oiner et a ton/, les autres religions, hospilalx cl esglises toutes
les rentes cl prolltz qlls sellent avoir dedans la ville cl csqlvinage
de Calays, tant de la holste coine des autres terres et tellement/,
illoeqes, et dont Ils esloient en possession et saisine par devant
lesdiles guerres, et sooll'rez losdilcs religions et genl/. d'esglise
par eulx et par leur députe/, lever et avoir lesditz rentes et
prolllz sanz aucun empesdienient cl par manière et forme qllz
liront en temps passe. — Doué par tesmolgnanco de noslre grant
seal a noslre palavs de Westminster, le VI»' jour de novembre.
(l\ H. o. Farly chancery roll .ï0ol, memb. <),

Richard 11

>

IV

Westminster, «V ilhembre I3S2,


Itex ileledlssibl majoil et alilerinaniils ville noslre Calcsll qui
mine siml vel qui pro tompoiv fueriul, satiitem. Sdatls quoi!
ad snpplleadoitein burgeiislum ville predlcto, et pro major!
scciirltalo ejilsdem ville, volmmis d ooiieodhiuis quod omiies
- - 15Ô

lionilncs infra villain predldam continue eommorantes qui terras


ol teneinenta ibidem in feodo et heredilate optlncnt sint jurait
burgeiises cjusilem ville, et quod iiullus alius quant hiirgoiisis
juratus pro periculis evltaiulis de cetero leneal hosplcia slve
herbergagla in eadem villa. VA Ideo vohis iiiaiidamus quod onincs
hijtisniodl humilies in dicta villa sic hcroditatos et in eadem
' continue cominorantes, consimlle sacraiiientiini sieut coter! coin-
burgeiises vestrl Ibidem in bac parte hadeniis lacère cousue-
voriint, facerc eompellalis, etipiod iiiilliuiialiiunqtiam hurgonsein
juralum hosplcia sivohorborgagla'lu villa prodiela de cetero teiiere
perinltlatis quovlsmodo. In cujus olc — Testo rege apttd
Wcstinonasleriiiin, VIII die deceinhrls.
(P. U. O. F.arly chancery roll 327, memb. 18;.

Westminster, 0 aoiH ISSU.

Hex dllodls ol lldellbus suis ciipltaiien et Ihesaurario nostrls


ville noslre Calcsll, ac majorl slapiilo, neciion majorl dicte ville
nostro ipti imiic siint vol qui pro lomporc fnerlnt et eormii
cuillbet, sahiteni. l'A rdadone eerlorum lldedignortim qullius
llilem cveilutam adhlliemiis, nobls est hilimatum <|iiod per limos,
llmarlaj'edllates et alla sonllda, In vids ol veiiellls ejiisdciu ville
per quostlam soldarios et alias personas In eadem villa ootno-
ranles projeeta, aer Ihiilem lu taiitiim corrumpltitr ot lulldtur
.
quod burgoitslbus ot aldermaniiis tic alils prohls liomlnllms tu
eadem villa coimnorantlhiis neciion niercalorlbiis ad dlctam
slcpiilain cinn inoivandisls, ac alils llgels nostrls llluc veiilentlhtis,
horror ahlioiiiinabilis hicutilur, commoditas saluluioiis aeiis
Impedlliir, status Immlnum graviter teditur, tiliquaipio incom-
moda et Intolerabllia dampiiii el périclita coiillgcruiit Ihiilem, cl
majora exlitde oveiilre Ibrniiilantiir Infra brève nlsl reniedluin
oporluiium In hac parte celerius propardiir : nos volontés hljiis-
modl eiiormibits dampnis et perieulls quantum polerimus pro-
cavero d lionestall dide ville hicohimllallque coiiversaiidiini
Ibidem ac alionmi ad eamlem vlllam oonlliieiidiiin, prospteere,
liront doect, vohis matulamits lirmiter liijngentos quod quosomu-
que soldarios ol alias personas dide ville qui liljitsimull limos,
llmaiia, feilltalos seu sordida lu vlds cl vonollis prodldis projo-
- - 150

cerunl, ad ea extra candein villani lottaliter ainmovenda et


cariaiida, omnibus vils ol lundis racionabililms (piilms poteritis,
couipcllnlis et dislringntis, seu compdli cl distringi fadalis
indilulc, ac tillerius in singulls lods infra villam predidam ubl
expédions fuerit ex parte nostra publiée prodamari fadalis quod
iiulliis soldarius scu alia personu queoumque hijusniuili limos,
Ihiiiii'lu, feditales cl sordida in aliipiihiis lods ejiisdcm ville de
cetero projtclat, nisl ca extra didani villam celeritorcarlart facial,
suh [lerloule qtuul iiicumhlt, ne in voslrl dofeclu dainpnuin scu
|)crlcitluin allquihiis ligels nostrls per corriipdoncm et fotorom
ex limts, llinariîs, fcdltatlbus cl sordidis predldis provcnlcntes,
quod abslt, éventât lu futurum. — Teste rego, apud Westmonas-
toiinni, Vh die augusti. Per consllhiin.
(P. K, 0. Karly chancery roll 331, memb. $3).

VI

Westminster, M avril I3,S'J,

llox dlleetls et lldellbus suis Wlllclino Heauehamp eapllanco


ville nostro Cales!! et Hleardo Stury ac dllecto clorlco nostro
Hogero Waldcii, lliesaiirarlo ville noslre predlde, saluloin. Sdatls
quod nos, de lldelltale et clrcuinspedlone veslrls plenlus oonll*
tleiites, usslgnavhnus vos et duos vcslruni, tpioruin vos profate
Hlcarde uiuim esse volumus, ad ordliiadonem gulioriiacloiiem et
coiiferiiadoiiem (sic) stapulo ville noslre Calcsll tangeiiloiti,
fadani, ht partlhus Calcsll cl ailler ubl expédions fuerit, ex parle
uoslra cxpoiiciidam et publlcandain, ol ad luquircnduni per sacra-
ineiituin tain mcivatoriun i|uam allorum de omnibus cl singulis
dreiimstandls stapulam predidam qualltcrcumque concernen-
llhus, ac do qnlbUMMimqiie personls, niercatoiihus cl allis qui
qnlcqtiam contra ortllnadoiioni stapulo predlde quoniodolihot
iillcmplaverlnt, et ad ordiiiadoitom ojusdom slapule lu lionam et
débitant cxeiidoiiem [loiioiidam et statuemlain, ac celant ad Irac-
laiidum cuin quilmscumque capltntieis, cuslodlbus caslrorum tu
murdills Calcsll d eoriun loea teiientlblis super tpilbuscuiiiqnc
soludotithus sihi fademllslii hac parte, otliisiiper ad ordiuamhiiii
cl dls[ioiieUiluni lu premlssls eiiui eoruin liiddentlbus, depen-
deiillhus cl connexls que uecessaiia fuelint seu quoinudollbct
- KïÔ

oporluna, ac pro salva ot socura custodla dide ville nostro Calcsll


et mardiiarum ojusdem, duranlibus (rougis Intcr nos cl illos de
Francia in présent! Inllls ul 111 niai Es. Kl ideo vohis inaïuhmus
quod clrca preniissa dlligentcr Intondalis cl ea fadalis et exequa-
niinl in forma prcdida. Damus ruitcm universis et singulls capl-
tanels, custodilms castrorum et coruiii loca tonenlibus, major!
ot aldermannls dicte ville nostre Calcsll, ncnierciilorihus, soldarlls
et alils mlnlsliis cl lldellbus nostrls parctum illarum, tenore
presensium llriuller In îuandalis quod vohis et culllhel vestriini
In prenilssis fadendis et exequciidls pareant, obodlant :t lldelller
intendant, prout deect. In ctijus etc — Teste rege apud
Westmoiiasterluin, XXVI ittc augusti.— Per consllluin.
(P. U. 0. Karly chancery roll 331, memb, 18),

Vit

Westminster, '20 juin I.W.

Hex thosuurnrlo ville nostro Cnlesll qui mine est vol qui pro
tempore fuerit, salutem. Cum Intcr plurcs opornclonos clrca vlllam
predidam exlstentes, (puis lu defensloneni et sulvadoiicin ojusdcin
ville et maivlilatum ibidem, de die In dlein mamiteiicrl et repartir!
oporleMt, due magne operadonesmagts nécessaire Ibidem existant,
susteiiUidoiieni cl stipportadimoin In dles liullgcnlos, vltlollcd « les
hekenes » aille porluin ibidem, ot locus « Puradys » iiiinciipatus,
qui prope fossata ojusdom ville cxlstlt ; qïioqtildoin « hcokenes »,
per violentes coneurstis ol râbles niaiis, tain do pétris extra
sltiltïmun ooruinduin projodls, tpiam edain tlcinaerotnlo dehlllttite
ot pejorule extslunt tu tanluiu quod si cctorlter einoiiilatii, facta
et reparata nonfueiint, poilusprcdldus In vlallnalls destructlonls
ot mlntchllaclonls cxlstlt ne dldus loous tic « Paradys i adeo
*,

rulnostis et dehllltatus slt tu présent! quod nlsl tle novo tint et


.suflldenter inanuleiientur ot custotllalur, voiisimlloest quod mur!
dicte ville ejusilein partis, per surliabuiulantes coneurstis maris
In hujiismodl dofceluin, lotalllor corrucnl In dcstrudtimein et
adiilehlladoiieiii ejusilein ville, ac nostii ot rognl noslii, quod
ahslt, danipiniin, lion modlcutn ol gravameit, contra que peiieula,
remcdlum sufllelens ad ciislus et expensas nostros, lantiimiiioiln
in dles appoticnduin nobls orlt omis maximum et excesslvuin,nlsl
compelens ordtnaclo tnde provldealur, ac per nos, tic assciistt
..., loi —
dotnlnorum prelatonnii, ihieuin, coniitttni ot liaronuni ac coin-
munitalis rogui nostri Anglie, îiltimo Parliamento nostro apud
Westinonasteriiim convocato, iiieeplo et usipie Salop adjornalo et
ihiilem termiiialo, lutor cetera ordiuatum sit et stahililuin quod
omnlmodc naves oxlra regiiiun iiostrum Anglie ad diduin porlum
venire coiisueto, hatellls plscatoruni duntaxat oxoeptis, déférant
secum tolum lastagltun stium de bonis pétris competentibus pro
slulîura coriiindem * bekones », faclcndo inde radoiiablletn
ilelibcradonoin de tomporc In leinpus in adventu stto Ibidem
thesaurnrlo nostro Calcsll «pi! pro tempère fuerit son alils inlnlstrls
ad hoc per Ipsum depulanills, su!) pona diioruin denarlo-
ruin pro pondère quonmuuiiique doliorum In tanto prout dicte
naves slnt de porlaglo ; et quod omnlmode naves ad dlcttini
loeuin do « Paradys » Ibidem causa roqnlcscondl Intrantes,
solvant ad quemllbet iiilrollum siiuin ibidem qualitordeclm
dennrios slorlliigomm, et super hoc boue llccat oh si voluerlnt
per «pialuordodin dles euiiitol iiodlhiistiineproxlinescipientlbiis
morarl absipie allquo pro dldo Inlrollu suo magis solvendo,
cl In casu quo ultra qualuoriledindlosot noctosIbidem niorentur,
tune solvant pro quolibet die et (piallbel node tintiindeiiartum ot
pro solo die unimi oboluni ; ot iustincr ipiod ntilla personu
nllipiam iiavom per cahllclum, cordant nec alto modo ad inaorc-
mliim sou potrasdlclorum « bekones » et lue! de Paradys o nec
«s

« nove kaye » allas dicte « le wharf » ad eosteratn dlotl poilus


Calcsll llrinare-présumât, sub pena (|uadraglnla tlenarioruni de
nttve que sic tnveiitii fuerit Icvandoruin, et quod dldus thesatt-
rarius qui llildoin pro tomporc fuerit haheal plonnin polestalom
pro se et tlcpulnlls suis levaudl et redplomll deiiarlos de dldis
penls Inetirsls proveiilenlos, ot solueloiieni Inde prout In dldo ,

oflldo suo cxpedlre vldeatur, per stipervlstiiu et eoiili'urolulu*


doiiein conlrarolulatorls noslrl llildoin fadoiulain, prout in staltito
predldo plenlus contlndur. Vohis prcdplmus Hrniltor liijungcules
quotl oiniios et slngulos deiiarlos de dldis penls liicursls prove-
nteiites |ier vos et députâtes vestros do tempore In leinpus levait
et rcdpl, et soliiclonein Inde, prout vohis cxpedlre vldebltur, per
supervlsuni et eontraroluladonein hujustuodl faclalls, juxla
forniam slnltitl predlell. — Teste rege apud Wcstmonaslerluin,
XXdlcjunll.
(P. U. O. Karlychancc>yrolt3ti, memb. /).
- - 162

Henry IV

vin
Westminster, 22 octobre 1390,

Omnibus ad qûos etc., saluloin, Sclulls quod do gracia nostra


spécial! cl in auxllluiii,siisteiiladoiieindllcctorumnobls in Chrlsto
prlorls ot convciilus fratrum ordiuis Ctirmclitarum in villa nostra
Calcsll, concesshnus ois de ollinosina nostra vlghitl niarcus perd-
pleiiilasamiiiatim quamdlti nobls plticttorll, per maiius thesaurarll
nostrl ville preilldo pro teinpore oxlsteiills, ad ipuituor amil
termines in eadem villa nostra usuales, codeni modo ipio lidein
prlor ot convontus hujusinoill sunniiam ex concosslone doinliil
lt[lcnrdl| nuper régis Anglie secundl post conqticstani,tomporc suo
per malins thosaurarlt sut Ibidem, perclporc consucvcriiiit. In
cujus, etc...—Teste roge apud Westmoiiaslerluiii.XXll die oclobrls.
(P. H. O. Kitrly chancery roll SU, memb, Si),

IX

Westminster, 10 décembre 13MK

l\[exl capltaneo et thcsaurtirlo ville sue Calcsll, ac cortini (locaj


leneiillbus, nec non major! ot iildcrimuinls uc alils nilnlstrls et
llilclllms suis ojnstlom ville qui iiuiic sunl vel qui pro tomporc
fuerlnt, neciion unlvorsls et singulls inorcnlorlbus, lani Indlgeiils
quam allculgenls, ad vlllam predidam cuntluciitlhus, cujtis-
cuinquc slalus, grtulus sou condlclonls fuerlnt, ml quos présentes
etc...., saluloin. Sdatlsquod ciiin de assensii prclalorum, magna-
Unit, proconnn ot coinunltatls regnl Anglie, lu Parllamcnlo
dointnl Hllcardll nuper régis Anglie secundl post ooiiquestiun,
apud Wcstmonaslcrtum in crasttno aiitmarmii, aimo regnt sut
qulnlo doehtio lento, cxlslonehiin, ortllnatum fulsset et eoncor-
dattim i|itod shipula hiiiaruni ac altaruin iiiercaiitllsariim tiuo
Infra regnuni prcdlctum ad tune loncbatur, die lune In festo
iNattvIlatls sancll Joannls Hapllste tune proxlme scipientl, apud
-m-
dlctam vlllam Calcsll, liront tomporc domlnl K[dvvard!) nuper
rcgls Anglie, avl nostri ne stil, tlcrl consuevll, tcneretur : nos
volontés oriHnadonoin proilidain cll'edu doliito inancipart, ac de
lldelitato ol clrcumspedlono dllodoruin nobls Joumils Ouley,
Stephanl Sowall et Tliomc ltleardl )tlenlus conlldentcs, constl-
ttilmus Ipsum Joatinem majorcm, et profatos Staplianum et
Thoniain coiistabularlos dicte stapulo apud dlctam vlllam Calcsll,
dantes ois tenore prcsenduni plénum cl Hheram polestatem
faclciuli ot exercent!! per se et suflldeiites deptilatos suos omnia
et slngula, vldcllcct profato Johannl (pic ad ofllcluin majorls, et
prcdlctis Stéphane cl Tlionie «pie ad ofllcluin conslahiilarloruin
slapule predtcle, juxta logent morcaloriam stapulo hujtismodl
pertinent, et prout lu hujusmodi stapulu mite hec tempora
Ibidem lier! consuevll. Kl Ideo vohis et culllbet veslrum
mandamus llrmtter injuiigoitles quod eldcm Johann! taiiipuim
major! cl prcdiclls Stephauo et Thomc lanquani coiislahularlls
dide stapulo et connu tleputatls, lu omnlhiis ipic ad ofllcla
prediclti pertinent inlendontes sitls, obedlenles, rcspondeiitos,
(ptoclens et prout Ipsl vol connu allipils vohis vel alleu!
veslrum sclre fecerhit vol feeorll ex parte nostra. In cujus, etc....

Teste rege apud Weslnionasterluiii, X die deccmbrls. Per Ipsum
regom.
(P. U. O. Karly chancery roll 3ii, memb, 16).

Westminster, M mars IIOL

ttex capltaneo ville noslre Calcsll tptl mine est vel qui pro
temporc fuerit, saluteni. Siippllcarunl nobls burgeiises nostri ville
predietc ut ciim imper quidam homines noslr! ad arma, armât!,
sagiltarli et alll, prelextu (ptarumdam lillorarum roglarum pateu-
ctinn, donios et edlllda sua ihiilem, absque allqito reddttu Inde
solvelulo mit convcndoiic ctiin doinlnlsdoiiioruni et cdlllciornm
lllorum fadeiitla, Ingrossi ot in dsdein moratl rucrhil, In Ipsorum
burgcnslum dlspendlum non modlcum ol gravamen, velimusslbt
lu bac parle de roniedlo provltlorot nos, supplleadonl prcdlde
anmieiiles, vobts mamhiiniis tpiod oniiilhus cl singulls hominlhus
nostrls ml arma, armalls, sagillarlls d alils tu villa proillda pro
eustodla ejusilein commoriuitlbiis sou tu postoriim moraturis,
— 101 -
domos ot cdlllda hujiisinodl juxta eorum status niajtis eoiiipe-
tenda et didis burgciisibus nostrls minus ilainpiiosa, pro rade-
nablli llrnut Inde itominis domorum ot odiildorum illurum pro
loinporc more sue ibidem solvonda, assignai'! ol llberarl fadalis.
— Teste rege
apud Wcstiiionustoriiim, XV die mardi.
(P. H. 0. Karly chancery roll 3io, memb, 10).

XI

I.eicester, .V août HO t.

Pcx arehieplseopls, eplscopls, abbatlhus, prlorlbus, dudbus,


coinltlhus, baronlhus, justldatils,vleecoinltlbtis,preposllls, inlnls-
trls cl omnibus balltvis et lldellbus suis, salutem. Sclatls quod
cuiii iloinlnus K[dvvardus] nuper rox Anglie, avus noster,perllteras
suas patentes quas conllrinavlinus, de gracia sua spcdall et In
reh'vadnnoin ville nostro Calcsll que lune niulllplleltertlelcrlorata
fuit, et ut burgeiises et probl lionilnes ville prodlde dlllgeltdus
ol forveiidus cliva boinini roglineit ac salvadonein ville llllus pre
omnibus ex lune laborareiit, Inlor cetera conccsserlt pro se et
horedlhus suis olsileni hiirgeiislhus ot probls homlulbus ac coinu-
nilatt ojusdein ville, quod loco ballivl, seablnon.m d corne-
maunorum ibidem antiquitiis orillnatorum, oxltinc liabcrenl In
eadem villa union niajoreni ol tluodedin alilornianiios, ac cosdem
aldermaiiuos do selpsls biirgoiislhus ejiisdein ville more Angllcls
singulls annls cl ipiodens opus fuerit digère valcanl, ipilquldeni
aldermaimi sic elodi, prefaliim majorem annls singulls, dlebus
ad hoc per eosdeni aldormannos, burgeiises et probes bouillies
pretlldos stalueiidls, Infra oandoni vlllam ellgere valeaul Imper-
peliiiun, ita quod iidein major ot aldormauni ac celer! olllclaril cl
mlnlslrt v ille llllus, oiunllius siimplthus et oxpensis hominum ville
llllus, tain majorum qiiam mliiorum, in omnibus Inveiiiaiilur ;
ac Insiipor ut Ipsl burgeiises, probl hoinlnes cl contuiiltas prodlda
oinnla onera Infra oandem vlllam aeeiileiida, tain videlleel in
sustonlaeioiic majorls et alilerinaiiiioriiin ac cetoronnn ofllclu-
rloniin prcdletoriini, quain lu roparuelono pavlaiiientl et coinu-
nhini fonelum ol gulloraruin ville prodlde, ac ahdudlone,
llmorum ac allarum sordiduin In eadem villa oxlsleiiduni, el
aliorum hijusniodi oncruin infra vlllam lllam facilius supporlarc
valeant, conccsserll elsdein lu auxllltini premissonun usslsam
~ 105 —
panis, vin! et cervisle, ac stallaghnn pamiarlonun, carnifieuin et
aliorum mercaloruin ibidem, ac pikaginni in loroniercatorio ville
predide, neciion exitus et iiinerdaincntu ac protictia cetera do
curla nostra corain dldis majore et alilermaunis tenenda,
cinergeiida, in proprios usus sues ex tune convcrtoncla, llnlbus
tameti pro Idibiis, clVusione sanguliiis, oseadis ac terris, tene-
mentis, bonis cl catallis omnilius ibidem conliscatis, nobls et
bcrcdlhus nostris semper suivis, prout lu llteris et eoiillrmadone
prodlclls plonius coiitondltur, quibusquldem frandioslis et liber-
tatlbus predlct! major, aldermaiinl et coinmiinilas hue usquo, ut
asserult, paclllce us! fucrunt d gavlsi : nos de gracia nostra
spediill et ut Idem major cl aldermannl ot coinuultas ngslra
prcdlda de cetero niellus stistcnlarl valeant, conccsslmiis pro
nobls cl horoillhus nostrls olsdoni major!, alilerinannls et coinu-
nllall ac horoillhus otsuccossorlbtis suis omnlmoda attadilanienla,
iirosla ot oxeeiidoiios, tam Infra illclam vlllam Calcsll quain In
skyveiiaglo ejusilein super quaciimquc persona cl bonis suis
ex causa non soludonls assise panls, vinl, cervisle ot eibl, neciion
stallagii pannarioritui ol carullleum, picagll et piinagii, pavla-
iiicnll ejusilein ac omnliuii altariim meivaiiillsarum, lam stapulo
postquain morcatidlse lllo per mercatores ejusilein stapulo lionil-
nihusoxlraiiols veiitlltc ol extra possesloneni oonnndem inerca-
toruni prcfatls cxtranels libérale fuerlnt, quain aliannn inercan-
disartun quarumeumque, neciion oimilmodoriim aliorum vie-
luallum Infra vlllam predidam et in skyvenaglo ojusdem ad
retalllain veiidllorinn, et quod arostum et seipiestrado Indo per
oflloarloset députâtes predlctorinn majoris ot iiltlerniaiiiioruin et
siiccessortiin siioriim oninlinodo liant In siislontadono ville pro-
dlde In porpduuni. Illls teslibiis de — Dation porinamnii
nostrain apud l.eycester, qtiinto die atigusll. Per Ipsum regom.
(P. U. 0. Karly chancery roll 317, memb, I).

XI!

Westminster, li! fkrier Il07>

Itex dllodls ot lldollbiis suis Itlearilo Astou ehivater, Wlllelmo


lloo clilvalor, Johannl t'rhau, Simon! Camp, Johanni Prlan, Pctro
l.aharoiie et Johannl Pykoryng, saluteni. i„)ula ilatuin est mdils
tntelllgl quod in liospltail Sandl Mcholal alias dido « la Meson Pieu »
- - 160
infra vlllam nostrain Calcsll, ac cclam in hospllall Sanctl Jacob!
allas dlcto « la Meson Dieu » extra vlllam predidam, quo de patro-
natu nostro exlslunt,quamplura vasta, dllapldadones,destructloiies
ot vnrll ruine ac defodus, vldellcet tain In capclla prodlctl
liospltalls Sancll iMcholal ac in llhrls, vostimenlls et alils orna-
mentis ecclestasticis quain in domibus, mansionihus, terris,
gardinis, claiistiris et alils lods, tain Infra situs hospllaltiun
prcd'ctonun exlslcnllbus quain extra, et ad eadem liospllalla et
eorum altennn spedanllbus sivo perllnenttbus, per Incurlam et
negllgciidam niaglstroruin, cuslodum, slvc aliorum occupaloriun
conundein hospltalium et eoniin alterius, auto bec lempora
cvenerunl, ac majora brcvïs tomporls processu ovenlre forml-
dantur, quotlquo lonoinenta, rotlilllus, possosslones, bonactcatalla
hospltalium preilidoruin et connu allorlus in plus usiis ibidem
per Dca dévotes collala el concessa, dlvorslniotlo tllsslpata ot
elongata, neciion lodl, iislensllla et alla noecssarla, carlequo,
scrlpta el alla muiiimeiila ad eadem liospllalla et eorum altennn
perlliicnda nequltcr subtracla el asportata oxlstunt, tic Insupcr
capellani et ail! mlulslri ad l)eo dévote servleiidiiin et alla pietatis
opéra l'adoiida Ibidem ab ollin consllluli, pauperosque, Inllrnil ac
pcregrlnl egonl qui In dlcto hospllall Sancll Mcholol, neciion
leprosl et lopra oc alils Inllrinllatlbiis Infoctt tpil In tlleto hospllall
Sancll Jacob! per maglstros slve custodes oormiidem prout a
temporo quo non exlat meinorla usquo jam tarde usllnlum fuit,
juxla prtmartam fondacionem susleiitarontur ab hospltalibiis
prcdlctls, exclusl stinl inlsorrlnio rccusall cl cxpulsl, In divin!
cultus siihtraclionom ac operiiin carllalls et hosptlalllatts
dlmlmiclimem non modlcam, noslrlque prcjudlclum ot hospl"
talltint predlcloruin exlicredadoneni ol dopaiiperaclonem mani-
festa : nos, dtvlmnn cullum ublipie atigerl ac statut inllrmonun,
leprosorum ot lufo'.oruin linjusiiiodl pic cl inlsorlcordltor
compati, neciion Indeinpnltatl nostro prosplccre et pro roparadoiio
et nieller! rogtmlne hospllallinn prcdldonnn provIdcrcalVoctantos,
ut tciieinur. asslgnavImus vos sex, tpilnqiie, quatuor, 1res cl duos
vcstnun, quorum allquem veslrum vos, prefati Joluiiines Urlian,
Petre ol Jolianiies Plker.vng, uinnii esse vohnniis,ad liupilreiidum
per sacramenlum proborum cl legalhim homlnum ville prodlde
per quos rcl veillas mclttis sdr! polerit, que et cujusmotlt vasta,
dllaplilaclones, tlestnidloiies, ruine et tlefcctus, tain in capclla
liospltalls Sancll Nlehohil ac In llhrls, vosllinentls et alils orna»
mentis eccleslasllcls, tpiam In domibus, mansionihus, terris,
gardints, dausiirts ol alils lods tam Infra stlus liospltaltum
- 167 —

prodlctorum cxlstentos, quant extra, et ad eadem. hospltalla et


eorum altoriun spectanllbus sive pertliieiitibus, per Incurlain et
iicgligcnciam magislrorum, ciislodum et aliorum occtipalorum
eorumdem hospltalium el eorum allertus unie bec lempora
cvciieriint, et que cujusinodt teiienieiita, rcddltiis ot possossloiies,
bona et calalla hospltalium predidorum et eorum altcrius
dlsslpata et elongala, et quoi ledl ac que el ciijusmodl tistensllla
et alla necessaria curloqiie, seripta et alla nituilmeiita ad eadem
hospltalla et connu altennn pcrthieiida, suhtrada et asportata,
neciion qui et quot capeltaii! et alll mhiistri :ul Deo servlenduin
et alla plclatts opéra faclcnda, Ibidem ab olim conslltull fucrunt,
ac cclam cpiot pauperes el Inllrnil ac porcgtinl ogonl In prcdlcto
hospllall Saiictl Mcholaf, ac loprosl ot lopra el alils inllrmitatibus
Infect! in dlcto hospltall Saiictl Jacobl per nuiglstros slve custodes
eorumdem sustentai1! solchant et tlebercnt, et per quod tcmpiis
usltatum fuit, et s! ab hospltallhus predldls oxdust, récusait et
cxpulst existant ot per quos vol [ter quoin ol in (pioruin vel cujus
defeetu, quo tempère, qualttor ot ipio modo, ot ad quaiilas
pecuniarum sunimas vasta, tlilapldadones, deslriidloties, ruina,
defeclus et stiblracllones hljusmoill se oxtendunl. Kl Idco vohis
maiulainus tpiud ad certes etc.. quos etc. quorum de... ad
hoc provldcritls super promlssls omnibus ot singulls, ac alils
arliculls cl clrcumslaiiclls ea qiialitcrcumquc conccrnentlbus,
dlllgentem fadalis iiiqnlslcloitoin, ol eam distincte et aperto
facttun, nobls In cancellariam nostrain sub slgtllls vestrls etc..
tpionun etc.. et siglllls eoriuii per quos fada fuerit, sine
dllaclono mlltatls, et hoc brève. Daiiius aillent major! ville
prcdlelo, ne univers!* ot singulls llgois cl subilltls nostrls
tenore preseiiclum Ilnnltor In niaiulatis, quod vohis etc.. quorum
etc. in promlssls fadendls ol oxeqtiondls in forma predlcla,
Intcndciitos slnt, coiistilentos ol auxlllaiilos, prout decet. In cujus
etc.. — Teste roge apud Wosltuoiiasterluin, XII die febnuuil,
(P. H. 0. Karly chancery roll3SO, memb, 18).

XIII

WtaMixtYr, SW avril 1107,


Hex omnibus ml quos etc., saluloin. Setatls quod nos, conslde-
taiitcsniagiiadopeidlla que major ot morcalores stapulo nostro
Calcsll de hmts suis el pelllbus liimitls que maxhiui subslancla
- - 168
thcsaurt nostri Anglie ublllbet ropulanlur, anno presenll sustl-
nucrunt, ac exeessivas sumnias quas Ipsi credlloribus suis pro
cisdem laids infra dicium reguiim noslrum ilebenl ot sotvcrc
tenentur, attendcntcsquo quod si proillcll mercatorcs custmnam
cl subsldlum nobls per oos In bac parle dchilum per juris cohcr-
clonem solvore coinpellaiitur,luiieipsi,laiias ol pelles lanutas suas
ad minus prcelum d niinoroin valorem (piam doborent, vendorent,
sicque cmolumeiitum laiiarum et pelllum lanularum predldarum
in niulto mliuieretur et defalcarelur, in didi regnl nostri et
relpublice ojusdent dampnum ol dispomltum manifosla : nos de
pretexlu ac proptor lininonsas gratltudlnes ipias In Ipsls mercato-
rlbus ipil nobls nuporrlino pro soludone vaillorum soldarloruin
ville predlde el exonoractone reslrldionls et arcstadonls liujus-
modl laiiarum ol pdliuni lanutaruin, apud oandem villam Calcsll
per predldos soldarios, oceaslone non soludonls hujusniodl
vailioriim fade, grtitanter aceoiiioilarunt, Inveiilimis, do gracia
nostra speclall ol iissensu niagnl consllil nostri, attenta diiitina
rctardaeiono vemllcionis hujiisiiiodi laiiarum ol pelllum lanu-
tarum, oriliiiavimus et pro majori qulettuliuc preilldoruin ineroa-
torum volunius ot coiieessiiniis quod lldein morcatoros in
soludone ciistume ol suhslilil prodidorum de ipiihiiscumquo
laids et pcllilms lanulls a festo Peiilocostos ultime prolcrtto
osklppatisprovenlonlibnsusque ad festum siincll Mtehaells proxliuo
fulurum rospecluenlur, in qitorumctimqito manibus obllgadones
slvealle soeurllalos pro oelerlorl soludone hujusniodl custuino el
subsldii in bac parle fade, dovenorlnl, slvo assignait; fuerlnt,
noleiiles quod dira dicium festum sandl Mlchaelis allquls pro-
cessus extra seacearltnn noslrum vol alihl noque alla oxadio
custuino ot suhslilil predidorum versus dictes morcatoros,
vlrtule slvo oceaslone oldlgadonuin et securltatuin predldaruin,
tint uliqua oxocudo super eorum terras, tenemoiita, bona sou
catalla ipieeumque liai quovlsiuoilo. Inlonllonis tamen nostro
non cxlstlt quod llll qui aliquas obllgadones sou allas securltales
vel asslgnadones super eustiiuia et siibsldlo predldls habeiit ot
habere ilobent, colore prosentis ordinadonls noslre, de soludone
cl satlsfadlono oorunidom exdtulaiitur sou allqualitor tlolïau-
denlur, qnln ipsi ad fostiim sandl Mlchaelis proillcluin tic htijus-
niotli cusluma ot stibsldlo juxta vliu ot olVoduin obllgadonuin et
sccurltaluni predlolaruin, ploneol Intègre persolvl valeaiit, ut est
jilslum. ht cujus olc... - Tosle ivge apud Wostnioiiaslertuin,
XXIX die aprills. Per Ipsum regoin et coiislllum.
(P. II. o. Karly chancery roll330, numb. O
1,
- 109

Henry VI

XIV

Westminster, 3 février 1112.

Pcx delodo et fldoll suo Johannl Sullon do Dudley militl, ac


illledls slhl nuiglslro Wllldnio Waloshy decano ccelosïe eollogialc
l.eycestrcnsls, mnglslro Hoberto Hoauinont, maglslro Johannl
l.angton thosaurarlo nostro ville Calcsll, Hoberto Manfeld vllellarlo
nostro ville prodlde, Johannl Yorde armlgero, Willehno (îeilney
arnilgoro, Joliatnii Pronn ol Willehno Morlon clorieo, saltitom.
Sclatlstpiotl lide crcdula ad nostrum sopius pervenit audltum
quod villa nostra Calesii idlaque castra ol fortalieta nostra in
partihus otmarclidseiilemadjaconeiis multlscx ineurilsliadeiius
ot iiogligoueils capltaiieorum ot eorum loeateiioiielum ot aliorum
oflldariorum iioslroruni ibidem tlauipna quamplurlma, detrimonla
cl incommoda luin pro eorum débile custodis et sani regimlnls
dcfcclu. subtradloiieque solilarloruni ot operarlorum ab oisdein
pro Insohidoiie sihl vaillorum ol slipeiidlorum siiorum, luin pro
non cotigrua repaiaeloiio ol suporvlsu ville, eastronun et forlali-
elortun prodldorum multiplleiter passa fiioruiil. Nos Igitur
volontés In quantum possunnis pro fortllleadone oorinndeiii
contra maliclam, invasioncs ol liisiiltus iuimlcorum nostroriini,
Poo primo, In brève provldore, asslgnaviniiis vos oclo, soptem,
sex, qulnquo, quatuor, 1res, duos vestruni quorum alli|iioin
veslrum vos,prefall JoliaitiiosSuttoii,ilocaneol Hoberto Heaiunont,
unuin esse voluunis, de quorum thlolllato, clrcuiiispedione et
Induslria plonam lldiidam optinctniis, ad villam, castra ol
forlallcla prodlda, oiiiui diladone postposlta, personalllor dlver-
Iciidnm, et ait station el defedus lam lu villa preillda quain in
Castro ejusilein, iioenon cl lu mûris ol alils rébus ooruinilem, ac
castromin el forlalielorinn prodldorum stiporvlilonduni, nociion
sul convocaiitlum coram vohis odo soptem, sex etc.. veslrum
quorum allipiein voslruin vos, profatl JohannosSultoii, decano et
Hoberto Hoauinoiit, unum osso voluniiis, soldarios ol operarlos In
villa, castrlset forlalicits predidis, In operaeionlbiis nostrls Ibidem
ad vtulla et stipendia nostra ad presens oxlstonles et coinnioraiites,
- - 170

et ad informandum vos melioribus vils et modis quibus sciveritls


aut poteritls do statu ville, castrorum et fortallclorum prcdlc-
torum et utrum ipsa vel eorum aliqua lu mûris, turribus aut aliis
domibus vol reluis ruinant patiantur vol patiatur uccnc, et si sit
tune, in quorum vel cujus dofeetu cl per quantum tempus,qualitcr
et quoinodo, et cum (piaula denarlorum stimma reparari et
cmendarl posslnt, ac oclam de modo et sufltclencla arralaclonls
soldariorum ot hoinlnnin ad arma, armalorum, sagltlariorum,
,
halislarioruin et aliorum hominum dcfcnsahilium et operariorum
predictorum, ot de numéro eorumdem, et quantum ois aut connu
allcul de vadils cl stipendiis suis remaiicl non soltilum et a quo
tomporc, qualltcr et quoinodo, ol do (luibuscunupie vlctualibus,
armattiris ol artlllarlls in villa, castris et fortaliciis prcdlclis
cxlstentihus, ac ellam de quIhuscuiiKpio rodditlhus, commodlla-
tlbus, prollculs et cmohunoiills ad nos in parlibus et marcbiis
predldls pertlnonllhiis, ol tic vero valoro eorumdem ol In (pioruin
manihtis slvo ciistotlla existant, ipio liltilo, tpialiter el quoinodo,
noenon de omnibus alils artlcults ot circumstandis tain |iremissa
quain salvain ot securam cuslodlam ac reglmen ot guhoriiactonom
ville, castrorum et fortallclorum predictorum (lualltercunupio
tangenllhus slvo conccrnentlbus plenlus voiitalem, el ad nos et
consilium noslrum de loin fado vostro lu bac parte, cclorlori
nuido quo potorllls, dlstlncle ol aperto eorlllleandutn. Kt ideo
vohis maiitlainus. In cujus roi... etc.. — Teste rege apud Wcst-
.
nionastcrluin, tcrclo tllo fohruarll.
(P. U 0. Karly chancery roll 384, memb. 16)t

XV

Westminster, 3 fkrier il H.
Omnibus ad quos etc., saluloin. Sctatts quod nos, per
suppllcaciononi dllccll nobls Ilamonls Sutlon tnajoiis stapulo
noslre Calcsll, Intellexlmus quod cum nos nuper, ut Inforniamur,
coiHV'sseiinius et licenciant tlotlerlinus per lltloras noslras patentes
dlversls persoiiis tpiod Ipsi In dlvorsts porlubiis rognl nostri
Anglie inagnam quaiititatom laiiarum et pelllum lanntanim esklp-
pare, et lllas extra rognuiu nostruin prodlcluin In dtvorsas parles
ultra mare cmitire pussent abstpie tiiipedlmonto nostri, horcihim,
successonnn vol allquorum aliorum uomiiie nostro, prout In
- -171

elsdem Jitlcris plenlus de recordo potorll apparere, lu nostri et


regni nostri, ac stapulo prediclc dainpuuin In dles et deperdilum
manifesta, ac contra staluta ot ordinaciones pro prolkuis ot
conmiodltatlbus nostrls et stapulo nostro prcdlcte, faclas, aucto-
rltatc dlvcrsonnn parlianicntonun, tain in dlebus nostrls, tpiam
nohilitim progeiiilorum iioslronun lenlorum : nos promlssa
considérantes ot quod per liujusmotli concessiones singulare
Inde coinmodum crescit sohininioilo lllls qui hujusinoill conces-
siones habont, In nostri ac stapulo nostro prcdlcte leslonom
manifoslani, Igitur, de gracia nostra spécial!, concessinitis olsdein
major!, constabularlls et socldatl ejusdom stapulo ot sucessorlbus
suis t|tiod s! aliquc lane, pelles lantilc vel slaiinum tmposterum
sint cariatc extra dictiun rognum noslrum Anglie infra terminum
soptem annorum proxlme soquencluin vlrliitc allcujus licencie
per nos de cetero coneedende, tpiod tune beno licebit elsdom
majorl, eonslahularlis ejusilein stapulo vol iloputatlsstils, iioinlne
Ipso ru m ol lodus sodolalls, pro loin pore oxlsteiitlhus, osklppare.
In Imjusmodl porluhus ot lods Infra dicium rognum nostnnn
Anglie, lomporibiis sibi plucilis, ot ait Inde usipio slapulain
predidam cariare taillas lanas, polios lanulas ol stainitun absque
Mibsitllo vol allisdenarlls nobls quovlsinodo liidesolvendls quanlas
per lihros custuino ol suhslilil In hujusniodl porluhus util (alla
lane, pelles lanule ot staiinum vlrlute Itujtisniodl coiicosslonuin sic
posloa eoiiocdenilarinn esklppata crunl,polcril apparere, durante
termine soptem annorum supradtelo ; ol tpiod cancollarlus noster
proloinporo existons, super detnoiistraelono lltteraruin palondum
iiujustnuill concossioids nostro haboat aucloritiitem eoiieoilondi
toi et talla lirovla tpic In bac parte nocossarla oriint ot oportuna,
soparathn dlrlgonda tant thosaiirarlo ot baronlhns do sciiccarlo
nostro quant custumarlls porluum predldoruni pro tomporc
oxlslonllhiis pro oxoeudotic el allocadonc hujusniodl laiiarum,
pelllum liiuutarum ot staiini per predtdos majorent, conslahularios
et sodetatem In forma prodlcla esklppandariun el caiiaiidanun,
provlso semper tpiod nec major, constabularll ot soclotas prodlcll
nec aliqtlts allus noinine suo pro hujusniodl lants, pelllhus
lanutis ol stunno in uliquihus portubiis rognt nostri predidi
carlalls ot extra idem rognum ultra monlaiia ol non ml aliuui
locuin nec allô modo, vlrlute allcujus concosslonls sic liiipostcnnn
coneedende allqtiotl beiieltchun sou avaiilaglinn per banc concos-
sloitem nostrain minime perdplant ullo modo. In cujus etc. —
Teste, rege apud Woslinonalorhnn, lordo dlo fobruarih
(P. H. 0. Karly chancery roll 387, memb. iS).
172 —

XVI

Westminster, U) mai 1117.

Hox omnibus ad quos etc., saluloin. Seiatis quod cum somma


qulngontaruin niarcarum dlleclls nobls majorl, constabularlis ac
sodetati inereatorum stapulo nostro Calcsll, pro donariis nobls
per ipsos ml ustint noslrum proprltun nuporlme muluatis,
dehealur, ac nos dobitani Inde resoludonein prcfatls majorl,
constabularlis ac soddatl inereatorum ht bac parle llerl
cuplentes, ul tenennir,de gracia nostra spedall eoncesshnus quod
Hoberliis Wlto do Farnhain inereator, mine major ejusilein
stapulo, per so aut députâtes silos ac, ipso Hoberto defunclo, tune
oxoculorcs sui aul eorum in hac parle députai! sou atlornatl
vol eorum aliquis qulngeiitos saecos lane lu porlu eivllalls noslre
l.ondonle, ad lanas lllas usqiievlllam nostrain Caloslt tradiieentlas
el cariandas, in tina navl vel lu «llvorsls navibiis, una vice vol
tllvorsls vtclbus, quandocuinquo prefato Hoberto vol oxeeiilorlbus
suis aul ojus sou ooriiin doputatls slvo atlornatls prcdiclls vol
connu allcul placuerlnt vol plaentiil, osklppare posslnl slvo
posslt ; ol quod Idem Hoberlus ac exocutores sul predicll fini ojus
vol eorum lu hac parte députât! slvo atlornatl, omnimoilas
cuslumas cl siihsidla nobls do lanls proilidis débitas aut ipio
allquo lenipore futtiro nobls vel heredlhtis nostrls de vel pro lanls
lllls débitas existent, nul eoiieodl vol deherl contingent, ultra
cuslumam imte de hereditato nostra noliis débitant ot deheiiilam,
ac viglnli solides do siibsidio cujiisllhol saeei laiiarum tllaruin pro
Calosio appiniduatos, didam summaui qulngeiit.irum marcarum
alllngentes, ponos se In manibus suis proprlls, tpioiisque oldein
Hoberto aut oxecutorlhus vol doputatls slvo atlornatls suis
predldis de tliela stinima quingenlaruni marciiriim plonarle
soluluin et sallsfaetuni fnorll, retlnoro ol liaboro valoant et valeat
licite ol Imptinc ahsque allquo pro lanls prcdielisiioniinectisliime
slvo suhslilil prclerquam illdam siimmam nobls de herodilale
dehllam ot dohonilain ac dldos vlglnll solides pro Calosio, ul
proiltdiiin osl, appuudualns, solvendo vol faeleiulo, aut allquoullo
nobls vel ofllciarlis nostrls quihusctimqtlc Inde redtloiiilo ullo
modo, oo quod oxpressa nioiido do vero valoro proinlssonnn aut
île alils tlonts slvo coneesslonlbils olsdein majorl, colistalmlarlls ot
socletall mercaloruin stapulo aut profato Hoberto vol connu
- - 173
alleu! per nos aut allquom progenllorum noslrortim aille liée
tempora fadis lu prosentihus minime fada oxislit, aut allquo
staluto, actu, ordiiiiidone, provisions, assigiiadone, conccsslone,
mandato sou roslrlclloiie mile hoc lonipora in conlrarium edlto,
fado, ordinato sou proviso, edendo, llondo, ordinaiido,sou provî-
denilo in allquo non obstanto. Kt ullerius. de uberiori gracia
nostra voluinus ot per présentes eoueediiuus quod cancollarius
noster Angllo pro lempore existons, ac eustos privai! slgilli nostri
qui pro lempore fuerit, plenas haheant potostalom d auclori-
tateni fadenill et dellhoraiuli, ac l'aeianl el délibèrent prefato
Hoberto ac cxeculorihus, depulalis sive iissigmitorlbus suis pre-
didis et eorum culllhet lot ot talla hrovla ac alla waranla
latn custumarlts et colleclorlbus nostrls custunie d subsldll lu
portu predido quain thosaurario et baronihus nostrls de scaccario
nostro apud Wcsliuonastoiiiini pro teinporo oxlsteiitiluis, quoi et
qtiulia oiiloiu Hidierlo ac execulorihus, doputatls suis, atlornatls
suis prediclls sett ojus aut eorum alleu! neeessaria fiierinl in bac
parle sou quoinodollbol oporluna. In cujus.... etc. — Teste rege
apud Westmoiiasteriuin, X dlo mail.
(P. H. O. Karly chancery roll 380, memb. o).

XVII

Westminster, IN octobre ///",


Hox oniliihlis ad quos etc., saluloin. Sciatls quod cum dilecli
nobls Hobertus Whlle, mine major, et soddas nierealoriiin
stapulo nostro Calesli ac prodooessores sut nuper majores ot
soddas inereatorum ejusilein stapulo. Minimum deeeiii nilltuin
troseentaruin sexaglnta sex lihraruin. tresdedm solidoruin et
qualuor (loiiarioriiui sterlliigoriini, iu iiivessltallluis nostrls,
iliversls vlcllms, gratanler accomnioilavomnl, solticloneiii aliqtiain
hue tistpto minime haheiilos, nos resoliidonem et eonleiitadoiiein
suinine prodlde ois in hac parle lier! et haheri voleiitos.uttonomur,
tle gracia nostra spécial! ac do avlsameiito el assoiisti eonsilll
nostri, eoneesshniis elsdeitt uuiic majorl d sodelall niereatonini
ac sucessorihus suis, deceni inllla treseeulas sexaglnta sex lihras
Irosdechn solides et quatuor deiiarlos haheuilos ot pordpielulos
clsilem mine majorl el socletall niercalorinn et sueeessorihus
suis do prlniis denarlls proveiilentlbus sou provonleiidls de
- -174

omnibus et omnimodis quintis declmls et dechnls, ac do decimts


deri scu de quibuscumquc parcellls (pilntariim dccimarum et
declmarum, ac dccimarum elerl aut aliquarum vol allcujus
carumdein, nobls aut hcrcdlbus ot succossorlbus nostrls, tain
per conninitates regnl Anglie in paiiiamentls nostrls et lieredum
et successorum jiostrorum, ipiam por cleruin in convocaclonibus
clorl Cantuariensls et Kboraccncls provlnclaruin et caruni cujus-
llbet ex nunc tenondis, in proximo concedondls, por niaiius
collcdoium earuindem ipiintarum docimarum et dccimarum ac
dccimarum clorl scu parcellaruin earuindem pro tomporc
cxlslenelum, in intograni ot plcnam resoluclonem et contenta-
clonoin sunuiie supradlclo, absque Inipcdlnionto, perlurliaclone,
gravamlne scu conlradlctlono nostri, oflldarlorum seu minls-
trorum nostroruin quoruineuniqiie, alitpia concosslone, asslgna-
clonc son provlslono Inde In conlrartuin auto hoc tempera facta
scu faclemla slvo aelu ht contrariuin antea slinlliter cdllo seu
fado aut llendo iu allquo non obslantc. Volumus oelam ot per
présentes concodlinus, poslquam lnijusmodl quinte décline cl
décline, ac décime clerl sou parcelle eariundeiit in forma stipra-
dlcta nobls concesse fuerlnt, quod oaneellarhis Anglie tptl pro
tomporc fuerit, liabcal potoslatofn ot auctorllatoin absquo allipia
prosecuciono pênes porsonam nostrain, heredes et sticcossoros
nostros slvo coiislllunt nostruin aut lioroduin vel successoruni
nostroruin in hac parte ullo modo Honda, ad llcrl facleudum el
dellberandum ac sine dllaclonc llcrl facial et dcllbcret prefatls
nunc majorl et socletall mercalonini ol succossorlbus suis aut
eorum lu hac parle dopulatis lilleras noslras patentes débita
forma ot suflklcnli stib magno sigillé nostro conlldoiiilas pro
rosoluclone et conlentadoiie dlelannn tlccom nillluin trocontarum
sexaglnla et sox llbrariun trosdeclin solldonun et quatuor doua-
riorum elsdein nunc majorl el sodetatl inercaloruin et succosso-
rlbus suis habciidannn de prlmls.... etc. {ul supra).», stinmic
supradlclo, ul predleluin est, Honda, neenon lot ol lalia brovla
stib eodein magno sigillé nostro sullldcntl et dohilo slmilller
conllelonda luin colloetorlbus qulntaruin dochnannn.... etc..
supradlctarum seu parcelle earuindem pro hujusniodl rosolucioue
clsdoin nunc majorl cl socletall nioreatorum cl succossorlbus
suis, ut promlltltur, Honda, quain thosatirario el baronlhtis nostrls
de scaecarlo nostro apud Wosliiionaslerluin pro exonoracionc et
allocaclono eorumdem colleetoruin de et super rosoluclone
prcdlcla habonda in compolls suis ad seaccarium predleluin ac
alils qulhuscumqtie qulhus Inlorest seu Intéresse contlgorit in
- - 175

hac parte in futurum pro lemporo cxistentl dlrlgenda (pie,


quot et (pialla cisdcm nunc majorl et socletall mercalorum et
dlclls sticcessoribus suis aul eorum dcpulatis prodiclis in bac
parte vldcbunlur sufllclcncia, placihilla, necossarla scu quonio-
dollbet oportttna; et tillorlus, pro colorlorl rosoluclono supra-
dicte summe dlctls nunc majorl ot socletall mercalorum et
successorlbus suis habenda, volumus et por présentes concedlmus
tpiotl custos privait sigilll nostri pro lempore existons haheat
potestateni ot auetorllalein absque allqua prosoeticiono pencs
personam noslrain, horedos ol succossores nostros slvo conslliuin
noslrum, vol horeiluin aut suoossorum nostroruin In bac parte,
ullo modo llcmla ml llcrl facicndtim el delihoraiiihuii, ac llcrl
raclât et dellberot cisdcm nunc majorl et soelelatl niercatoruin et
successorlbus suis wurantu stib prlvato sigillé nostro débite ac
sufllclcnlor conllclonda, lliesauraiio et cainorarils scaccsirll nostri
predlcli dirigciida, ois lirmllor iiijuiigendo ae daiuto lu mandatls
postquiun hujiisinoill «pilule ileehne ol «ledine ae decinie clorl,
scu parcelle earuindem in forma stipradlcla nobls coin'osso
fuerlnt, quod lidom thcsaurarlus et cainerarlt llcrl raclant et
Indllale dellheronl prcfalls nunc majorl ot soclolati niercatoruin
ot succossorlbus suis aut oorum in hac parte «loptitalls, toi ot
talcs taillas, tloblla forma coiillelondas, super colleeloiibtts
diclarum qulnlarum dedinaritm et declmaruin ne dectmartim
dort vol allquaruni Inde parcollarinn, de prhnls donarlls prove-
nlendls do oisdom levaudls, quoi ot qualos ad supratllclam
summam decem nilllitim trosconlarum soxaginla sex librarum
Iresdechn solidontin et quatuor ilenartoriini plonarlo atlhigetitos,
in plenain cl hilegram rosoltlduiioin suinino prodlelo, dsileiu
nunc majorl et socletall iiiercatortnn, ol stioeossorlhiis suis
llciidam. Volumus Insiipor ot por présentes eoneetlinius ipiod
llicsaurarlus et baronos sciiccaril noslri predlcli, super déliions-
tracionc ac vlgore lillorarum pateneiuni, brovium. warantoiuni
slvo talliarum supradidoruin, forma siipradida l'aelorum ot
lloiiiloruiii, alloeont et Indllale alloeari faelaiil dldis «'ollootoiibus
in compolls suis, ut predleluin est, fadondis, tanins ol laies
sommas do dldis primis doiiariis dielaruni quiiilaruni décimai uni
et dccimarum ac «lechnaruin clorl proveiiieiidls in forma predlda
conccdenihirum, ad tntegiani ol plonaui rosoludoiiein ot
coiilentadoiioin illdarum decem mllium treseontarum soxaginla
sex lihrarum trosilodni solldorum et quatuor deiiariorum dldis
nunc majorl et successorlbus suis, ut pivdidum est, llondam,
absque ulloriort prosoeticiono pênes personam noslrain, horodes,
— 170 -
sucecssores nostros slvc consllluin noslrum vol heredum aut
succossonun nostroruin [ter didos majorent el sodetaloin mcrca-
toruin et sucecssores suos aut per aliquein ooruin in bac parle
deputatos scu por didos collcdoros pro tllota allocaeione super
prenilssis haboiula ullo modo Honda, allquo slaluto, aelu, ordi-
naclone, provlslone slvc rcstriotlono in contrariuin édite, faclo
vol fadondo aul allqua causa vel materla quaciiiiiquc non
obslantc. In cujus.... etc.. — Teslo rege apud Westinonasteiiuin,
XVI11 die oclohrls.

(P. R. 0. Karly chancery roll 300, memb. 13).

XVIII

Westminster, Il mars lllft.


Hex carlsshno et prcdllcchi consaiiguinoo suo Willehno inar-
chionl et cointll SulVolkle, saluleni Sclatls tpiod cum Intcr cèleras
libellâtes et qulltanclas dlleclts nobls majorl et inorcatorlbtis
stapulo noslre Calcsll, per carias progonllorum nostroruin qtion-
titin roguin Anglie, «puis eonllrniaviiiuis, concessas, concessmn
:t clsilem vldollcel quod major et moivutoros sliipule |iredldo
haboant polcslalem faeleiitll ot ordlnandi Intcr oos talcs ordina-
clones pro bono reglmiiie ooruindoni et mcrcaiullsarum siianun,
prout ad comuiie coinmoilum slbt mclius vlilebllur facioiitlas, ot
ordliiacioncs lllas teiicrc et niularc lodens ad coinunc prollcuum
mercauilisartim sitaruin Indlguerlt, dum taiiion oedom ordlna-
clones non cèdent In prejuillcluni noslrum son rognl nostri mit
loslonein slapulc prodlde, prout In outils ol conllriiiuelono
prcdlclls plonlus continotur ; lldeniquo major et niercatores et
sucecssores stil quuinphirlnia bona lu dicta stapulu habentes,
qui ad oamleiii stapulam in proprils persouis suis froquenlare
coiisueverunt, audorilalc, vigorc cl vlrlute carturum et conllr-
niadoiils predlclaruui, iliversas ordinaeloiics in eadem slapula
pro nostri rognique nostri Anglie coimiiodo ac bono publiée
mercalorum cl mercaiidlsarum lu oailoin slapula oxislonclum,
leinporllms retroaells fccciunt, tcnueruul el observaverunl, ac
allquando pro comuiit prolleuo mercandlsarum stianim oasdem
niulaverunt, ol dicium stapulam ac, niercatores cl morcaiidlsas
ejusdom slapulc dlscrclc et landabillter pro nostri ac rognl noslrl
coinmodo ac bono publlco, pro oxposldone el vendldone lanannu
- - 177

et pelllum lanularuin, ac aliarum mercandisarum ad stapulam


predidam pcrlinoneiuin extra rognum nostrum Anglie illue
adducendarum ot Irailucondarum, honorlllce rexoriuit ot
saluhritor gubernarunl usque jam larde quod iidem morcalorcs a
dicta slapula se absentantes, stapulam illam fadoribus slvc
atlornatls suis Ibidem et alils in eorum abseneia oxistenllbus,
nlchll aul modieum in eadem slapula haheiilihus, rogeniiam ot
gubornanilain rollnquonilo, uiido nonniillo variotatos, discordle
ae. diverse et insalubres oplnlones Intcr nicrcittorcs |>rodiclos
mole et oxorle oxltterunl et oxistunt, tant in ordinadoiilbiis pro
exposldono cl vcndlcione laiiarum ot pelllum lanularuin In dlcla
slapula faclendls, quain in eloellone niajorinn cjusdom stapulo,
«pd Ibidem propter iniillltudlnoin voctiin dtvcrsaruin porsonanini
nullain suhstaiiclain boiiorum lu dicta slapula tomporc hujusniodl
clecllomun habencluin eloctl fiiorinil ot vcrlsslmllltor Imposloruin
occasioiilhus prodidls stnil oloclurl (sic), Quaniniquldein varlc-
taluin, illscordlaruni, oplnlonuin ac olecllonuni oceaslone, graves
ot excessive expense bouonini dide stapulo, dampna quoqtio,
Incoiniiioda, luconvoiilendo el alla «lopordlla non inodlea nobls
ac bono publiée rognl nostri predlcli neciion inerealorlbus et
nicrcandlsls in oailoin slapula oxislentlhus sou ad eamdem
stapulam mldticoiidts, quod doleiiilum est, ovoiierunl ; soldarii
oclam ville nostro Calcsll pro vatllls suis slhl, ut asserunl, a
rétro extstontes insolull, super nioreandlsas tu «llela slapula
oxlstonlos «Itslrldtoiiosipio ae roslrlelloiies niultoeieiis focerunt,
ac do hujusniodl dislrictlonibus el restrlclionihus iniposlerum
llemlls dlctt morcalorcs graviter se fornihlnnl, sleque niercandlso
ht eadem' slapula exlslentes ml veiullclononi et oxplleaclonein
rarltis et parolus cxponunlur, qiioruin prolexlu osklppaclones
lanarum ot pelllum lanutarum oxlra regniiin nostrum Anglie
poues caution stapulam traiisduecnilurtun multiplldlor impe-
dluiiltir in nostri prcjiullclum ac boni publld regni nostri
damptium non motlienin ueeiiou mercalorum cjusdem stapulo
mercaiullsas suas ad ouiuloni osklppare et Iraducorc volontés,
slmllltor loslonoin et gravamen niaiilfosta, inulloquo majores
losloltes ol gravanilna imposloruin ex causis promlssls verlssl-
militer possitiit ovonlro, quod abslt, tpie nlsl pro ois do remédie
congrue lu hac parle caucius provitloalur, lu stapulo nostro
prodlde vorlsshnlloni deslrueliimom ueeiiou euslinnaruni ot
suhslilloriim iiostrorinn de hujusinoilt mercandlsls siihtradlonem
ot dlmlnudoiiein ne toelus rognl nostri in hac parte desoladoitoin
ccdcnl manlfoslc. Nos imlompnllall noslre ac rognl nostri,
12
- -178
mercalorum et mercandlsaruin hujusmoili lu bac parte prosplcerc,
et pro eadem slapula ut niercatores et mercandisc ejusdom ab
hujusmodi dam|inls, iiicommodis, gravaminibus, tloporditis ol
oxecsslvis exponsis, ex causls promlssls plus solito prcscrvonlur,
ac pro aliis inconvciiionciis «leloiulls <pie super Inde oriri
posstint et goncrari, provlilore volontés, ac «le strennilale,
Indtistrla, probltate et clreinnspedlono vestrls conlldentes, assl-
gnavlmus et constituinius ac tcitorc presonciuin ordinamus
et CQiistltulinus vos gubernatoroin ol .conservatorem nos-
trum stapulo nostro prodicto haboiulo, occupando, rcgemle,
gubernando ot conservando pro tornihio «pilmpie annorum
proximo fuluroruin post dalam presoncium complcndo, liantes
ot coiicodenlos vohis Icnoro presonciuin plenain auclorllatem,
potcslalcm ot inandatuni spéciale ad stapulam nostrain predidam
ac niercatores ol eonnii faeloros ac atlornatos ml oandem stapulam
connuentes, noenon meroandlsas ejusdom stapulo lu oadem
oxlstontes et ad oandeinquovlsinodo adducendas slv«> Irailueendas,
ac ectam sorvlentos ot ministres ejusdom stapulo (pioseiiinqiie,
débite juxta h'gos el slalula stapulo prodiclc, ad nostri connue-
dum et boniim publicuin rognl nostri predlcli In omnibus cl por
oinnla, per vos sou vostruin in liac parte locumtonontoni aut
ileputalum rogondos ol guhertiuitdos, ac ectam ad nutahlles el
valonelorcs et tliscroclorcs inorcatoros ejusdom slapulc quos pro
nostri rognlqtie nostri ac stapulo prodicto coimuodo ot bono
publlco niellus vidcrltls cxpedlre corani vobts ad loca couve-
nlencla, per vos juxta illscrociononi vostrain lu rogno imstro
Anglie elsilom niereatoiïhus llmilaiioa, pro remediis Inconvcnleu-
elaruni predictanun ac aliorum prcmissoriun ac pro bonis
ordliiadonlhus ot salubri guberiiuelone ooruiiuloin ac niorcan-
disarum siiarmn in cadent slapula oxlsloiidiun seu ad oan-
dem addiieondaniiit, comunicaiidos, traelandos ot advlsandos
ventre, ac cosdetn niercatores super coinuntcaclonllms, Iracla-
llbus cl advisamoiilis pro hujusmodi remediis et ordinactoiiibus
In Anglia fademlls ol hahondls, usquo stapulam predidam
Ibidem concludcndis ol oxoipiendls, «losllnaro faclondos, iioenon
onincs ot slngulas personas transgredlonlos slvo ordlnaclonilms
prediclis in eadem stapula inobedientos, «le lempore lu leinpus,
prout casus oxlglt, juxta legoin inorcaloriani stapulo prodlde
castlgamlas ol punloudas ol do nomliilhus tllanim, si que fuerlnt
«pic por vos vol vostruin In bac parle loeuniloiieiitoin aul tlopu-
tatum Ibidem casltgarl vel punlrl reeusavorliit vol iiolucrlnl, ad
canccllartum noslrum Anglie tic lempore In leinpus ut idem
- - 179

cancellarlus hujusmodi personas coram se iu caiiccllaria nostra


venlro fadat ad etts juxta disercdonein ejusilein caucollarii ac
voslram, secuaduin legoin el consueludlnoin rognl nostri Anglie
ac slaluloriiin stapulo prodicto, ptiniro ol oasligare valcat,
cerliHcanilis, et ad omiiia alla el singula que pro nostri, rognl
nostri Anglie ol slapulc nostro preillcle coniniodo et bono publiée
ac inereatorum et niorcandisaruin predietoriun neeessaiia fueriut
seu quomodolibel oporluna, per vos sou locumloiieiilem aut
deputalmn vostruin do tomporc In tempus facienda, exoipicnda
et exorceiula, nolcnlos quod alltpia elcctlo allcujus iiorsone in
majorcm stapulo prodlde, durante terinino prcdlclo, allqualller
Hat ipiovismodo, alhpiibus eoneesslonibus majorl ol mercatoribus
stapule pretlleto auto bec tempera fuetls, aut allqulbus alils
stalulis, ortlinacionihus ot provisionnais in conlrarium fiiclis,
non ohstanlibus. Kl ideo vohis maudanuis... etc. In cujus rel....
elc..— Teslo roge apud Woslnionasterluin, IX dlo mardi.
(P. k. 0. Karly chancery roll 390, memb. Il),

XIX

Westminster, 23 mai Ho3,

Hex omnibus ad quos de salnlcm. Selatts quod cum ex


parle diloctorum nohis in Chrlsto prtoris et convontus ordlnls
fralrum Carmelllanim ville nostro Calosll, per tpiaiiilam suppll-
caclonem nobls prcscntalum, nohis Inthnaliun oxltlortt (piailler
nomiulll progénitures nostri nuper ivgos Anglie a lempore
ceiilum annorum ol anipllus olapsoruin ois coneossorunl, ac nos
In conslmlll modo, tic gracia noslra s[ioclall et ex pura olemosina
noslra In auxllhnn el sustentacionein dlclorum prtoris ol
convonlus conccssorlnius ois vlglntl niarcas perciptendas
anuualim, per inanus thesauratil villo nostro protllclo pro
lempore oxistentls, ad quatuor terminus usuales, prout per
lilloras Ipsoruin progeiiltorinn noslrorinn et noslras, plenius
potorltapparere: de quaipildemolemosina iltdi prior ol convontus
por manus didl thosaurarlt usque ml tempus cujusdam uetus
restunpdonls, in parllamento noslro apud Wcstinoiiastcrluni,
sexto tlle novoinhrls, anuo rognl nostri vlceshno odavo tonlo,
factl, do lienollclo ot concesslono tilde clcinosino noslre oxdusl
cxtltorlnl, snlult extltonint ot eoiileiilatl, In dlclorum prtoris ol
- - 180
convontus depenlitum non înodlcuni et «losolacioncm, nisi gracia
nostra cis in hac parte cxliibeatur, prout in «llcta siippllcaclone
plenhis continelur. Nos ad prendra conslderaclonem habentes,
de gracia nostra spécial!, coiicc.-sirmscisiloin priori et convontui
de novo* vlglntl inarcas «le deinoslna nostra percipiendas
annuatim, a prodicto sexto die novembrls, ot sic iloincops
annuatlm, per se ot sucecssores sues, quanidlu nobls placuerlt,
per malins llicsauraril ville noslre Calcsll, pro lempore oxlstentls,
ad quatuor ami! termines usuales, prout ipsi baeteniis perce-
perunt, dicta rosimipelone aut allqua alla re lu contrarium fada
non distante. — Teste rego apud Wcstinoiiasterlinu, XXIII «Ile
mardi.
(P. H, 0. Karly chancery roll 395, memb. 10),

Edouard IV

xx
Westminster, 7 février 1101,
Pcx omnibus ail quos etc., salutcm. Sdatis quod nos intelli-
gentes qualltor quaiiipluivs soldaril ville nostro Calesll qui nunc
siinl et qui aille hoc lompora fuorunl non hahiieriuit nec hahont
unde vivero, nec soipsos do clbls, poluhiis et alils reluis slhl
nccessarlls stisllnere, nec reddllus iloinortun infra villam predlc-
lam qulbus Inhabtlant solverc valebanl slvo valent tle présent!,-
ulsl per viain prestltl do biirgonstbus ejusilein ville qui iitine sinit
cl anloa flteruut ; qulqutilem burgonses per longam eonlinuaelo-
nom inuttii sul per Ipsos profatls soldarils l'adt «lepaiiperatl
oxistunt, quod ipsi dldis soldarils ulloritis muliiaro ueqiiiunt,
nec redditus doinoriim suaruin in quihus dieli soldarli inhahllaiit
minime solvore valeant, absque provlsloiie in hac parte habita et,
orillnata ; el eclain tpialllor soldarli illl hlllas vailionim siiorum
pro rosoluclone preslilornin siiorum prefatis burgouslbus auto
hoc tempera dellhoraro, ol aliquamlo por assignainonla In ol
super llhrls capllanel ville prodicto tic vadils eorum soldarloruni
per Ipsos son eorum allquoin, elsdoin burgouslbus son allcul
eoruniilem fada, htijusniodi prestltu solverc solebant, ut llileni
burgonses cum blllls et asslgnameiilis illls llrmas et reihlllils
silos Infra vlllam predidam cl skuviiiagluiii cjtisdcm thcsatirarlo
- - 181

Calcsll pro lempore existent! solverent ot eontenlaroiit; janiquo


hinc est quod quidam thesaurarius ejiisdem ville, ol alii ofllciaril
Ibidem promlssa facoro ot adiniltore rocusarunl ot récusant do
présent!. Nos.promlssa considérantes ol pro co «puni hujusniodl
mutila per burgeiises proiliclos soldarils prcdlelts fada fuerunt
slbl ipiod ipsi magls tliligenlor Intoiiilereiit salve gardle ville
prodicto tpiod absque auxllio ol favore biirgensliim villo illius
llerl iiequial, ac quod iidem burgonses soliiclonem siiam de
prefatts soldarils de ol pro tleiiarloruin stuinnis sild per prefalos
burgonses in futurum inuliiamlis habere possunt : de uberlorl
gracia noslra ac de avlsainento eonsllii nostri, concessinius
majorl, alderinaiinls ot burgouslbus ville predldc el eorum
suceiKssorlbiis quod Ipsi ot sucecssores su! et qiiilihot eorum, cul
vel qulhus oorumilein hiirgoiisliun aliqua summa pecunlo per
didos soldarios ville predldc pro lempore exislonles vol eorum
aliquem pro nliqno prcsllto seu iiliqua alla re débita cxlstlt vol
fuerit in futurum, retinero possiut el possil in niauibus suis
propriis tantas peeunlarum siumnas onmlmoiloriun rodilltuuin ot
lirmarum suaruin per ipsos biirgensos seu eorum aliquem nohis
vel hercdlbus nostrls tlebltoriim son dehoiiiloruni do ot pro terris
et loiiemonlis suis vol allcujus eorumdem que Ipsi de nobls Infra
villam preilidani ol skuvlnagliini ejusdom bahoiit et toiiont vol
eorum allipils habot ot tonet ae sueeessoros sut in futurum
liahobtinlcl loiiebunl, quantas olsdeni hurgoiisihus aut siieecsso-
rlbus suis vel eorum alleul per tllclos soldarios vel connu
aliquem, ul predleluin est, por blllas vol assignamoiita vadlorum
siiorum olsilein luirgeiislhus mit succossorlbus suis vol eorum
alleul pro rosolutloiio sua lihoratu ol liheriiuda, fada ol
fuclciiila apparent slvo in fuluriim apparohiint débita slvo
débonda l et quod tain thesaurarius iiosler Calcsll pro
lempore existons quain profatl hurgenses ol siiceessoivs stil ot
quilihet eorum de oinnimodis pecuniaiiim siimmls in maiiihus
suis propriis vel allcujus eorum super hujusinoilt btllis vol
asslgnainoiitls vadlorum, ul protllcluin est, retentis, ol els debltls
slvo deheiiilis, per liideiitiiras intle Inler Ipsum lliesAurarlum
tilde ville Calesll pro tempore exlsleiilein ot lliesaurarliin» cap!-
taiiel ejusilein ville Calcsll pro lempore oxlsteiilein débite conll-
dentlas, orga nos el horodes nostros de lempore In leinpus qnloll
slul ponlltis, el eorum quilihet quleltis slt peiillus et exoiioraltis
in perpetuuni. In cujus de. —
Teste rego, apud Woslinonastc-
rlum,Vll die fohruarli.
(P. H, O. Karly chancery roll 103, memb, 1),
182

XXI

Snulhnmpton, 3 mai 1170.

Ho\ omnibus hatlivis et litlolilms suis ad quos... etc., salutem.


Sciatis quod «le gracia nostra speciali ac de avisaineuto consilii
nostri pordonavimus, romisimus ot relaxavimus omnibus et
singnlis soldarils ot inhabitautibus ville ot castri nostroruin
Calosii, turris «le Hyshank, castrorum nostroruin do (ïuysnes ot
Hainmes ot înarchiarum noslrarum ibidem ot connu cujuslibet,
cujuscumquc status, gradus, condieionis seu nacionis, indigeiii
vol alionigeni existant el eorum cuilibet, ac eorum sorviontihtis,
factoribus, attornatis, fautoribtis ot consiliariis ot eorum cuilibet
qui viceshno quarto «lie aprilis ultimo preterito in predictls villa,
castris ot marchiis seu eorum aliquo résidentes seu commorantes
fiiertmt, qiiihtiscumque noininihus iidem soldarii, inhabitantes,
sorvîentos, fadores, altornati, fan tores ot cousiliarii eensean-
tur seu eorum aliquis censoalur, omuimodas prodieiones,
rebelliones, instirrectionos, fdonias, roherias, doprcdacioitos,
munira, transgrossioncs, decepeiones, conspiraciones, confede-
raciones, contemptus, mosprosiones ac alias oltensas «ptaseunique
lier ipsos soldarios, inhabitantos, servienh's, factures, attornatos,
fautores ot consiliarios seu connu aliquem in regno nostro Anglie
ac villa, castris, turri et marchiis prediclis sou «wuin aliquo aut
alibi ante prodictum vieosiimini (|iiartum diom aprilis qualilcr-
cumque fadas sive perpetratas, ac cciam onmimodas penas et
forisfacluras «pias ipsi et eorum aliquis occasionc preinissorum
seu eorum alicujus aut alicujus alterius defectus per ipsos seu
eorum aliquem infra dicium rognum, villam, castra, lurrim seu
marchias prodictas aut eorum ali«piam auto diduni vicosinium
quartuni (lient aprilis facli, nohis forisfacere délient aut poterint
seu eorum aliquis forisfacere débet aut poterit, ac onmimodas
imprisonamenta et puniciones in quas orga nos occasionc preinis-
sorum seu eorum alicujus incurrere poterint sou poterit quovis-
modo, nolentes quod iidem soldarii, inhabitantos, servientos,
factores, altornati, fautores el consiliarli occasionc promissorum
vol eorum alicujus por nos vol heredes nostros vel ofliciarios sou
ministres nostros aut lieredum nostroruin iinpetantur, mules*
tentur, inqtiioter.tur seu gravenlur nec eorum aliquis impotatur,
molestctur seu inquietotur in personis suis vel eorum alicujus
— 183 -
aul in terris, reluis, tvddilibus, possessionihiis, bonis seu catallis
suis son eorum aliquo gravelur qiiovismodo. l'roviso semper «piod
prosous pcrdoitado noslra non se extendat ad .Margarolain nuper
vocatam reginum Anglie aut Kilvvardum Hlium ojus, née ad
aliquas personas quaseumqiio cum eisdeiu Margarda et Kdvvardo
vel t'orum iilloro, oxlra rognum nostrum existenles, sivo oisdein
wd l'iiriim alleri adhérentes, nec ad (ioorgitim dticoni Claroucie
vel Hicartluin coiullem Wnnvvvid nec ad aliquas personas
quascunupie cum oisdoiti (îeorgio ol Hicardo vol ooriiin alloro
oxislentos, nec quoi! pivsens perdonacio noslra se «'Xtondat ad
aliquos magnos coniputautos nostros qui mine sunl vel ipii nuper
fucrunt, videlicet ad majorent et sociolatom stapulo nostro
Calesii aal majorem, eonslahularimii el socielalein stapulo Calesii,
lliesauraiinin Calesii et hospicii nostri, vitillariuin Calesii,
camerarios nostros \orthvv;tllie et Suthvvallie, cuslodes garderoho
hospicii nostri aut custodes sivo dericos magno gardcrohc nostro,
dericossivc custodes lianaperii, cancollarie noslre qui nunc sunt
aut nuper fuerimt, vel exoe.utores aul administratores bonorum et
catallonuu «-orunidcm dericorum sivo custothun vel eorum
alicujus, doricos operaoionum uostrarum, thosaurarium lerre
nostro llihfriiic ac reeoptoros dtieatus nostri Corntibic et ducalus
noslri hancuslric tain générales quain particularos, quo ad aliqua
hujusmodi ofllcia sua seu hujusiuoili occupacionos suas aut
alicujus eonundeiu taiigoucia ullo modo se extendat ; nec ad
aliquum personam vel idiquas personas quo rognum nostrum
Anglie pro felonia abjtiravit vol ahjuraverunt nec ad aliipiaui
personam prohatorem aut conjunctain vol attiuclaui de felonia
nec ad aliquain personam vol ad aliquas personas que in aliqua
terras sou teiieinonta super possession»' noslra higrcssum fecit vol
feoorunl, vel in aliqua heredem infra otalem et in custodia nostra
oxistontoin rapuoril vel rapuerint quo ad hujusmodi ingivssum et
rapluui. nec ad aliquain personam vel personas pro fraetione
alicujus sidvi condiictus noslri aul trougc vel lige intcr nos et
alios «ptoscumipie facto, nec ad aliquem cusltunarimn sivo collee-
lorem ;ttit coutrarolulalorom \ol scrutalorcm alicujus custuino
aut aliquorum suhsidioruin seu denariorum nohis portinencium,
nec ad aliquain personam quo ad aliquas Irunsgivssioncs, offensas,
nogligoitcias, inesprisiones, contemptus, cautolauienla, forisfac-
turas aul «lecepeionos in aliipio portu regni nostri Anglie aut
creds vol lods alicui hujusmodi jiortui pei'liiienlibiis sivo adja-
centilitis, -ml iu villa nostra Calesii vel marchiis cjusdem fadas,
perpetralas sivo émergentes iu docepeionem et lesiouom noslras
— 18i —
do aliquihus hujusmotli custumis, suhsidiis aul aliis «lonariis
proiliclis nobls perthiontihus sivo spodantihus, nec ad Tliomam
Mallory uiilitem, Hobertuin Marschall nuper do Culueham in
coniitatu Oxoncnsl ariiiigorum, Willohnum Vordou nuper «le
l.omlonia sryverior, Thoniani l'hilipp nuper de Hyo in coniitatu
(iloucostorie yoman, .lohanncm Wirkviigtoii alias «lictum Wrygh-
tynton nuper «le Cavvodo in coniitatu Khoruni geutihnaiin ot
.lohannom do Mauvngham nuper de Hothovvell in codent coniitatu
geutilmann, uec ad aliquem eoium nec aliquain aliam personam
vol aliquas personas auctoritate alicujus paiiiameiili noslri île
alta prodicione allinctaui vol attindas et post hujusmodi altiii*
eioncin ad boiiolicium logis nostro por nullain auctorilatom
alicujus parliamenli nec per aliquas littoras nostrashabilitatasiipc
rostitutas, nec ad aliquain personam seu aliquas personas que iu
hcre«litatem dictarum personarum attindarum sou earum alicujus
ad beneliciuin logis nostro, ut prodicitur, babilitalas noc resli-
tutas iu parte vol in toto, ingrossa fuerit aut ingresse fuerlnt quo
ad aliquem hujusmodi ingrossiim siuiin. Volumus iusuper et de
uberiori gracia nostra ae de âvisauionto predicto, lenoro preson-
ciuin coucedimus «puni thesaurarius dide ville noslre Calesii et
marchiarum ihiilem pro temporo existons, i\v tempore in tempus
lieri faeiat soparaies littoras stib sigillé nostro in custodia sua
existent! tenorem, vim, forniam ol euectum haruin lilterarum
nostrarum continentes, cuilibet soldariorum, inhabitaucium,
sorviontuin, factorum, altornatorum, fautormn et consiliariorum
predictorum hiijusiuodi littoras hahero volonli, per noineii siiiun
in eisdem expressanduin ; quasquidem littoras sic per profatmn
thosaurariuin sub sigillé nostro prodicto ibidem Hondas volumus
ot per présentes coucedimus osso lantorum et taliiun vigoris,
virtutis ot elïeetus in omnibus et siugulis premissis ipiantorum
et qualium esse possint si sub magno sigillé nostro Anglie lièrent
seu lieri (loberont, co quod expressa moncio de nominibus
predictorum sohlariorum, inliabitauciuin..., etc.. in prosonlibus
minime fada existil, aliquo latuto, adu etc. quaeiunque non
obstanto, absque feodo pro magno sigillé nostro inde ad opus
nostrum capiendo seu solvendo. In cujus.... etc. — Teste roge
apud Suthamptoniam, tercio die inaii.
(P. lî. 0. Karly chancery roll ili, memb. 4).
— 185 —

XXII

Westminster, /.V décembre 1172.

Hox omnibus ad «puis etc..., salutoui. Sciatis quod cum «livorsa


jocalia nosti'it per nosTlionie l'orlinarc pro certis stimmis iuipi*
guorala, ae per ipsuin Thomain pro Imjiisinodi ileuariorum
siuninis Johanni Proiito, Hiçardo Stokos «it Thonie Keslon iu
plegio deliberata fuorint et in eorum custodia pro stimula
diiarum milliuni scptiugoutarum lihrarum adliiie remauoant,
qiioilquo pro dcliheracioiic ot rcstituciono ooriimdem jocaliuin
nohis Honda, major et societas niercatoruin stapulo \ille noslre
Calesii per connu scripta obltgaloria prefatis .lohanni Proule,
Hicardo Stokos ol Thomo Koston «livorsis ]iecuiiiaruin simimis ad
siunmam iluarum îniHumisepliiigonlanuiilihruruni attingontihus,
pro nohis et ad noslri desidoriuui s edale «ddigali existant,
nosipie volontés oisdem majori et sor.elali proiudo rocomponsari
ol pro connu indoinpnilate in hac parte providere: de gracia
noslra spociali ae ex eerta sciencia el mero inotu nostris, couce-
dimus eisdeni majori et socictati et successoribus suis cl morca-
toribus prediclis quod ipsi sou eorum aliquis aut aliqui, quolibet
anuo trium annorum jam proxime sequendum, habeanl et
percipianl ac in manibus suis propriis si\e eorum aliquorum aut
alicujus retineant nongontas lihras, (uni vidolicot de illis dona-
riorum parcollis «locom milliuni viginti «'l iluarum lihraruiu
qualiiordecim soiidoruin el oclo denariorum ail solucionein
vadiorttm, feodonun et rcganlonnn capilauei, soidarionun ville
ot castri Calesii ac marchiarum ibiilcin appuncluatorum, annuatiin
solvendonnn «pie ad eorum sivo eorum alicujus inanus «ptovîs-
modo devonient et in eorum sive eorum alicujus manibus racione
oflicii lliesaurarii Calesii roiiianobuut occasionc vaeacioiiuni
aliquonim soidarionun infra villam et inardiîas noslras Calesii
predidas in numéro rdinario ex nunc non exislonciuin insolti-
»

torum,(piain de prolicuis sigilli noslri infra villam ot marchias


noslras Calesii |)ro littoris suivi conduclus et salvigardii (ientlis
aut aliter provoniontibus, ac «le proticuo nohis portiuonti aut
provcnienli «lo quadraginla donariis de qualibet libra Ciqiitanoo,
soldariis et artiticibus villo, castrorum cl uiarcbiarum predietarum
in promplis donariis jiro eorum vadiis et regardis liberata et
liberanda infra très annos predtetos, ac de revencionibus,
— 18(5 —
coiinnodilatiliiis et prolicuis nohis luira villam, caslruiu et
mardiias prodidas |iertiiienlibiis sivo civsct nlibus in eonten*
lacione ol satisfactiono dicta- nui duaruni iiiillium et septiugen*
lariim liliiaruin ultra predidam summum decem millium viginti
diiariiiu librarum quatuor solidoriim ot odo donariorum per
aniiuio pro so'.uoiono regardormn, leodoruiu ol vadiorum dioto-
iiiin capitaud et Mitdaiioi'iim aunuatim solveudain ; ot si conti*
gerit quod aliipio auuo dicloriim triiim annorum proiiidi major
et soeiclas o( niercatores sunnnaniuongonlaruin librarum pivti'xlu
hujtis concosslonis noslre ininimo habuoriut nec reliuuerinl nec
hahore nec relincre poterint, quod tune iidem major et sodotas
el Inercaloros, quoliliet hujusinodi anuo (lidorum iriuni aiinoruni
suit anno vol annis sequei/.ibus, tantas el hujiisiiiodi siunmas
quantas inde dcfueriiit aut déesse contigorinl inininie contontatas,
non |iercoptas aut non retentas. haboant, percipianl et roliuoant,
seu eorum aliquis habeat, percipial ot relinoal do ciisttiinis ot
subsidiis laiiarum ot pcHium lanutaruin ac polliiun vocatarum
shorliny et morlimj suarum aul eoriiui vol eorum alicujus vol
uliqiioruni in «piocuinquc portu ac quihuscuinqiic portuhus regni
noslri Anglie eskippaniiarum, et usque ad stapulam ville nostro
Calesii prodicto tradiicondaruui, ae haboant el |iercipiaut «le
cusliimis et subsidiis laiiarum, pellimn lanutaruin et polliiun
vocataruin shorliny ot luoiliny aliaruin iu porluhus prcdiclis sou
eorum aliipiibus vol aliipio cskippaudarum et usque ad stapulam
predidam traducoudarum, por matins collcdorum custuinauun
ot subsidioruni in porluhus protlidis sou connu quolihd vol
aliipio oxisteiicium, por indentiiras do lempore in tonqnis inde
conliciendas ultra prodidain suimnam decem millium viginti
ihiaruin librarum quatuor solidorum el odo donariorum ad
solucionom vadiorum, rogardortun et leodoruiu capilauei cl solda*
riorum villo et castri ai- marcbiaruni nostraru m Calesii predic-
taruin appunduatorum, anniiatim solveudain, ol ultra summam
mille librarum per anuuin prefalis majori ot sociolati in partent
eoiilenlacionis sivo conteutadoncm div»>rsaruin denarioriiin siun-
marum oisdoin majori et sociotali «lobitartun per nos intcr alia
coucossarum, porcipioiidarmu, habonilarum sou roliiiendaruin
de premissis sou eorum aliipio; ot insuper volontés pro repara-
cioiiibus operuin uostroriiin iu villa, Castro ol inardiiis prcdiclis
bondis et babeudis providere, de gracia nostra specitdi ac ex
ccrta sciencia ot inero niolu nostris prcdiclis, concodiinus prefalis
majori et sociolati et mercatoribiis quod ipsi, quolibet anno
tritiin aniioruin predictorum, haheant el percipianl et rotineant
- 1K7
-
aut eorum aliquis haboal, percipial ot rotinoal de pivtlietis
donariorum parcollis diclaïuni decem millium vigiitti diiarum
libraruiu duoruni solidorum cl odo «Iciiarioruin in forma prctlida
appuiiduataiiim ammaliui solveudarum que ad eorum sivo eorum
alicujus malins iu forma prodicta dcvonionl et in eorum aut
connu alicujus manibus reinanebunl occasionc \acacionuni
prodidaruiu insolularuin ac do prcdiclis prollctiis sigilli predidi
ac do prodidis proticuis nohis pertincnlibus aut proveuicutihus
do prodidis quadraginta donariis do lihra ac t\o rov«>udonihus,
coniinoditalibus et aliis proHcuis prodidis, lanlas el hujusmodi
sunnnas, summain mille libraruiu non oxcodontos, «piaulas pro
roparacionihus prodidis «piolilict aiini» predictorum triuin anno-
ru in nocossario et requisitc fuerinl et opportune, apponendo
super reparadonibus prodidis por supervision loeumtoneulis
nostri ville Calesii, eastri ot mardiiauun prodidaruiu ac niaros-
calli nostri ibidem pro lempore existentis aut eorum depiitali ac
supervisons nostri oporum nostroruin ibidem pro lempore oxis-
tencium ae majoris stapulo prodicto aul ojus If-iimloncntis ot
Ihesaurarii nostri ibidem aut «'jus locumlcnenlis ac vilollarii
nostri ibidem aul ojus «loputali pro tomporc existentis, juxta
eorum discreciones, |»rout ois nielius pro uoslro coinodo
videbitur fore faciondiuu el non aliter ultra predidam summum
decem inillium vigiuti diiarum librarum ipialuor solidorum et
odo donariorum per aninini in forma predida appuncluatam,
solveiidam, ac ultra predidam siinnnam mille librarum por
anniun per nos prefalis majori el sociolati iu parlem coiitenla-
cionis divorsariun deiiariorum suimnarum. ul supradidtun est,
coiieessarum ; el si contigorit «piotl aliipio anno dictorum Iriuni
annorum prodicti major ol soeietas et niercatores lanlas et
hujusmodi summas, summain ..mille librarum non oxcodontos,
quantas pro roparacionihus prodidis aliipio hujr.smodi anno
prodidorum Iriuni anuoruin minime retinuerinl, babuerint nec
receperint nec retinore, perciporo aul hahere poterint pretextu
bujtis concessionis noslre, quod tune iidem major et soeietas ot
niercatores, quolibet anno didoruni triuin annorum aut anno vel
annis sequentibus, tautas cl Imjiismodi sommas quantas inde
defuerint aut déesse contigerint îiiiniine coutontalas, non per-
ceplas aut non retentas, haboant, percipianl et rclineaut, seu
eorum aliquis babeat, pcrc'qiiat et rctiueal do custumis et
subsidiis laiiarum cl pcllium lanutaruin ac peHiiim vocatarum
sltorliny et morliny suaruni aut eorum vel eoriuu alicujus vel
aliquorum habeant ot percipianl de custumis et subsidiis liujus-
— 188 —
modi laiiaruni d pell'uiui laiiutariint aliorum iu quocumqiie pot tu
;ie quibiiscuinque portiibiis rognl noslri Anglie eskippanilaruin et
tisque ad stapulam ville nostro Calesii prcdidc tradiicoudarum,
per maiitis collcctormu custtiinarum et siibsidiorum in porluhus
prodidis sou eorum quolibet vel connu aliquo exislonliiiin, per
indeiiluras de teinporo in tempus inde couliciendas ultra prodio-
tani suinmaui decem inilliuni vigiitli duartim librarum tpiatuor
solidoruin ot odo doiiarioruui ad soludoiicm vadiorum, rogar-
iloriim cl leodoruiu soidarionun \ille et caslri ae niardiiarinn
iioslrarum Calesii proiliclarum, ut supra iliduiii est, appuiie-
luatani aunualim solveudain ; ot ultra diclam suinmam mille
librarum prefalis majori et sociolati in partciu eontenlacionis
sivo ad ('ontentadoueni didarum denariorum simuuarum oisdom
majori ot societati «lehilaruin per nos, intcr alia concessani, ut
siqirailidtun est, percipiendain, liahendain seu retinendam de
premissis seu eorum aliipio, proviso semper quod si aliquo anno
didorum Iriuni annormn suuinie de premissis sivo connu aliquo
por didos majorem, socielalom el meivatores hahende, peivi-
piende aut rotinonde vigoro hariim littorariim patenciiun summain
mille cl nongciilariim lihrarmu excédant, quod Unie ipsi major
ot soddas cl meivatores «le loto illo quod aliquo hujusmoili anno
diclormu triuin annorum inde superl'uorit, nohis conipolum
retldant ot respoudoro leneantur ; proviso eciani «piod présentes
liltoro noslre aul coneessioiies in eisdoin specilicalo non codant
iu prejiidicituu aut ilampiium ipsorum majoris, soeietalis el
mercalorum aut eorum alicujus sivo aliquoruin de percipiondis,
retiiiondis aul liaheiulis «le premissis si\c connu aliquo, summum
triuin millium librarum in uno anno juin soqiicnti cl summum
duartuii milliuni murcarum quolilict diversorum aliorum auno-
runi ex tune soquoneiuiu aul certis niodis el forniis inter nos ot
ipsos inajoioin, societatoin jani tarde appunetuatis, eo quod
expressa inoncio de cortitiKlinc |iroinissonun aut do aliis «louis
sivo conccssioiiihus por nos ciilein majori et sociolati auto bec
tenipora l'adis, in prcscnlihus fada nouoxistit. aut aliquo statulo,
aclu.... etc.... iu coiitrarium fado non (distante. — Teste rego
apud Wosliuonasterium, XV die decoinbris.
(P. H. O. Karly chancery roll il6, memb. -i).
.... |8i) —

XXIII

Westminster, hnwùl USO.

Hox omnibus ad quos etc.., saluloin. Seiatis quod nos, de


gracia nostra spociali ac ex certa sciencia et nicro molu noslris,
coiicessiinus et lieoneiain ilodlmiis ot |ior présentes coiiccdinuis et
licouciam «lainus pro nohis et heredihiis nostris earissiino consan-
guinco nostro Willehno llastiiiges, militi, domino llasliiiges,
camorario nostro, ac diledis nohis .lohanui Cliollc\, Thoino
Hedvvodo, Jolianni Chuglon, Hicardo Chumhiv ot .lacoho (ïravo,
quod ipsi sou eoriim aliqui vol aliquis, ad laudein, gloriain et
bonoreni sande el individue Trinitalis ac gloriosissime Virginis
Mario, quandain frutcriiitutciu si\o gildam perpetuam. de quatuor
gardianis et comunilatc lilieronim hoiuiniim ville nostro Calesii
nunc conunoruncimi) et ex mine ('oinuioraturoruin, ac fratrihus
et sororibus «le liberis liominiluis ejusilein ville ae uliis «pii ex
eorum devocionc «le oudein fratoruitale sivo giltla esse voltieriut,
infra diclam villam Calesii lacère, fundare, origere, creare ot
stabiliro possiut vol possit perpotuo fulurislcniporibus duraturain;
et quod iidem gardiani et coniunilas siut ex nunc uniini corpus
ot una coniunilas corporata in iv cl in iiominc do quatuor
gardianis, de comunitalo : et quod siut persone habiles cl capaces
in loge ad ponpiireiiiluui et recipienduni in l'eodo et perpetuitulo
terras, leneinenla, reddilus ot servicia ac alias possessionos
quaseumquo de quacitinque persona sivo qitihiisciiniquo personis,
ea ois daro, légare, concedorc vol assignaro volonté vel voloiitibus,
habenda «'t tonenda oisdeni gardianis d coniunituti, successoribus
suis, in perpetuuin, liabeaiitquc succcssionein perpétuant ac
comuiic sigilhun pro uegoeiis dide fraternitatis sivo gildc deser-
viturum in |icrpoliiuin ; et quod iidem gardiani et comunitus per
nonieii gardiunorum et comuuilatis lihororum hoininum ville
noslre Calesii plaeitare |Missint,implaeitari inquibuscuinquoeuriis
et lods coram (piibusctiuiquo justieiariis sivejudiciluis, in «piihus-
cumque adionibus, sedis, placitis, quordis et ileinandis cujus-
eumquo condieionis fucrint scu nature ; cl quod dida comunitus
libcrorum hoininum ville prodicto singulis uiiuis qiiaudocumque
voluerint, digère et lacère possint do so ipsis rpiuluor gurdianos
ad supervidenduni, rogonduin et gubornauduin fralernitatein
sivo gildam illain, ol ad «niera ejusilein fraternitatis sivo gildc
— lîX) -
subouuda, et siipportanda ; ot quod prcfatt gardiani ol comunitus
vill»! prodicto ot sitooossores sui statuta lionosta ot radonahîlia ac
ordinaciones et coustituliouos pro bono regimiiie frccrnilalis
sivo gild»% predide locions quodous sibi placuerit ot nocosse
fuerit lacère et ordiiiarc, ac ca ad lihilmu inutaro valeaul absipie
inoiotidono, iinpodiineiilo scu gravamiiio noslri vel horeduni
uoslrorum, jusliciarioruiii, majorum, vicocoinilum, escaetorum,
ballivorum, constabiilariorum scu alioriiin nfliciariorum vel
miuistrorum nostroruin vel «lidorum horedum nostroruin quo-
ruincunique. Kt ultorius de uboriori gracia noslra concessinius et
liceneiain «lediinus a«- por présentes coucedimus ot licenciai!!
ilainus pro uobis et heredihus noslris pre«liclis prefalis gardianis
«•t conuinitali et succossoribus suis quod ipsi ol eorum succossoros
terras, teneincnta, redditus el alias possossioncs (piocuniipie infra
dictain villam noslrain Calesii seu niardiias ejusdom, lieot «le
nohis aut do aliis por quodeuinquc servieium toneantur ad
valorem viginti liherarum por aiiniun ultra reprisas, a quaeuniipie
persoua sivo «piibuscumipio personis ea ois «lare, conceilere,
Iégare vel assignare volonté vol volentibus, perquircre ot recipere
posscnl, hahenda et tenemla eisdom gardianis ot coinunitati ot
succossoribus suis in auxiliuin suslentaeioiiis unitis capellani
«livina [colebraturil in capclla sando et individue Trinitatis
predide in eodesia Heatissiuie Mario Virginis infra villam predidam
singulis «liebus pro salubri statu nostro ac proearisshne consorlis
nostro Clisabotho regiiie Anglie iliim vixoriinus, et pro aniniabus
noslris cum ab bac luce niigra\erinuis. el pro bono statu prodic-
torum Willehni llastvug, Jobaunis, Tboino, Johannis, Hicardi et
Jacohi ae fralriun et sororum fraternitatis sive gildo predide
«luin vixerint, ot pro aniniabus suis cum ab bac luce inigraverint,
ac aniniabus omnium Hdelium defuudorutn neciion pro bono statu
ot aniniabus illoruni qui ad fraternilateiii sivo gildam predidam
manus adjutrices aliipio modo iniponent, neciion in auxiliuin
susteiilacionis pauporum hoininum et inuliorum comiiuitatis ac
fraternitatis sive gildo predide juxta ordinacionom gardiaimruni
et coniunitatis predictorum pro tomporc existoiieitim, et oidom
persone sive cisdem personis, quod ij»sa vel i|ise terras, tenc-
menta, redditus et possossioncs predicla ad annuum valorem
proiliclum ultra reprisas, daro, concedere, legiiro \«>1 assignare
possit vol possinl, prefalis gardianis ol comunituli babenda, sibi
ot succossoribus suis in auxiliuin sustoutacionis tant capellani
prcilieli, «piam pauporum bomiiium et mnlieuim predictorum,
juxta ordinacionom predidam, sicut proilidum est, imperpetiiuni
•- toi -
leuore presondiini simililcr liconciaui «lodiinus spocialon», slatuto
«le terris et tciicmcutis ad inaniim mortiiam non ponoudis, aut
aliipio alio statuto, aclu, sivo ordiiiaciono in coiitrariuui facto,
odito si\e ordiuuto, non ohstaiilo, ibini lanien per inquisicioiies
inde débite capiendo el in cuiicclluriam nostrain vel liereihim
nostroruin rite rotornando i-nmporltim sit quod id lieri possit
ahsque «lainpno seu prejudido nostri vel heivdnin nostroruin aut
aliorum «piorunicuinque. In cujus etc.... — Teste rege apud
Wi'siiiHuiaslorium, primo «lie augusii.
(P. H. O, Karly chancery roll iii, memb. II;.

Henry VII

XXIV

Westminster, 7 mors 11X7.


Hex omnibus ad «pios etc., saluloni. Sciatis tpiod cum nos por
littoras noslras patentes datas apud Wesliuonasteriiim tercio «lie
decenibris anno rogni nostri primo, ex gracia nostra speciali et
pura (deinosina, auxilio et sustciilucioitc prions ot convontus
fralriim ordinis Curniilitôrum iu villa noslra Calesii, ac «Hvini
servicii ibidem ciistodieiuli ot manuloneiidi. dediuuis ol conecs-
sinuis eisdein fralrihus viginli niarcas aunualim babeudas cl
percipiendas durante honeplaeito nostro, de exitibus, proHcuis ot
rovoncionibus ville noslre Calesii proveuicutihus et crescenlibus,
[ter inanus thesatirarii ville noslre Calesii pro tcnqmiv existentis,
ad lesta l'ascbe cl sancli Michadis ardiaiigcli, per eqitales por-
ciones, prout in eisdein litleris paloutibus plcnius contiuetur ;
janiqtic «>x parle prodiclorum prions cl coiivcutus fralriim
prodictoruui accopimtis «piotl litlcro patentes predide, quo ad
peivepeionem «lido anuuilatis viginti inaivaruin per auniiin,
eisdein priori et convontui fratnun predidorum minus valide et
iiisufHciciitos cxisttint, ipsique prior «'t convontus frai ru m predic-
torum littoras patentes illas quo ad auuiiitatein predlctam, iu
eaneellariain noslrain rcstitueruiit eaneollaudas : nos preinissa
considoranles et quod prelcxlu lilterurom illartuu patonciuni, ipsi
prior ot convontus fralrom pmlidoniiu illam anuiiitalem a dido
tercio dit; «locoiiibris ex coiicessiono noslra hue usque. habiiorunt
ot occiipavorunt, «le gracia noslra speciali ae ex certa scioncia et
19.J
— —
inoro iiiotu nostrls, damus ot coiicoilliuus oisdom priori ot
eonvciitui lïalruin preilidorum tôt ot tantas donariorumsiimmas,
noinine regardI tain «litirni quain aiiniii, ad qtiot et quantas
juxta datant viginti maivariim storlingorum per aiiiium a dido
tercio die deccmliris iisque datant prcsciiduni dicta aimiiitas se
alliugil, percipiondas per iiiauus lliesaiirarii nostri Calesii pro
tomporc existentis, de denariis pro soludoiie 4vadioruin ot
rcgardnriun locatcneiicium el soidarionun ville et murduaritm
nostraruiii Calesii assignatis sive assignaiitlis. Kt insiqior de
uheiïori gracia nostra damus el coiiceiliinus prefalis priori et
couventui ordiuis fralriim Carmilitormu predictorum do villa
nostra Calesii prodicta viginti niarcas stcrliiigorum i»er viain
eleinosine ad auxiliuin et siistciitadoncin eorum et divini servicii
in prodicto coiivcntu in (lies ciislodieuili ol manutoiiendi, perd*
piontlas annuatiin per manus thesaurarii noslri Calesii pro
tomporc existentis, de denariis pro solucimic vadioruin locatc-
neiidiun et soidarionun ville et marchiarum uoslrarum Calesii
prodicluuun assignatis vel assignandis, ad quatuor aniii torminos
in «licta villa nostra Calesii usuales, aliquo slatuto, aclu, ordi-
nacione, rcslrictionc vel mandait) aut aliqua alia ro, causa vol
«piavis inateria in contrarium fada, «-dicta, ordinala siv«i provisa
in aliipio non (distante. In cujus etc. —Teste rege apud Weslnio-
nastoriiim, VII die mardi.
(P. R. O. Karly chancery roll i3l, memb. S).

XXV

Westminster, 20 mai 11X8.

Hex custumai'iis sive colloctoribiis custuino ol subsidii lanarum,


coriorum el pellium lanularuin in poilu villo (iippewiei «pii nunc
stint el «pii pro teniporo orunt, salutetn. Cum nos, pro bono
noslri ot regni nostri Anglie, eonservacioiie et securitato ville ot
caslri nostroruin Calesii et niaivhiaruin iiide,conliiiuacioncstapulo
nostro ejusdeni, pro securitato conlontacionis ol solucionis
amiiiormit vadiorum, feodorum et ri-gardorum eapilanei ot
lociiinleiiontis nostri et solilarioruin dictorum ville, caslri Calesii
et turris do ltuysbank, castrorum de (iuvsiies ot llammes in
marchiis ibidem pro tenqiore existonciuin, et pro feodis et
regardis custuinariorum *-t coutrarotulatoris magne custuino in
poilu Londonie, et pro suflicienli conduclu habeudo pro seetira
convediono moivaiullsariiin ad dietam stapulam apud Calesiiun,
ot pro soluclono feoilorum «d rogardonun jusliciariorum, servion-
liim ot altornati nostroruin, «le avisainonto et assensu doininoruin
spiritualiuin ot toniporalium ac comunilalis regui noslri Anglie
lu parliamento nostro sumuioinnito et lento apud Weslmo-
nasteriuui nom» die iiovcmbris ullimo prolorito cxistcucium,
audoritato ejusilein eouivssorinius, ordhiavorinuis, inaotitave*
riiiius «'t slabilaverbnus (sic) majori, constaludariis cl sociolati
mercalorum dicte stapulo apud Calesiuni et succossoribus suis
pro tomporc oxistenlibus et eorum cuilibet, pro lerniinosextlecini
annorum a sexto «lie aprilis ullimo prolorito, onmimodas custti-
nias et subsidia de suis lanis et pollihus laniilis ae pellibus vocatis
shorlyny i-t morlyny ot cujuslibot oorimi eskippandis extra
rognum Anglie ad dietam stapulam apud Calesiiun, illo lermino
durante, itbsqiie aliquo inde vel proiudo uobis vol liereililius
noslris aut cuslumariis sive colledoribus custuino et subsidii pro
tomporc cxistcntihus in aliipio poilu vel porluhus infra rognum
nostrum predictum roddeiulo son solvoudo aliter «piani in aclu
inde edido oxprossatur, «lebitis noslris vocalis «h-nariis sivo
custuma Calesi oxcoptis, ac eciam tpiod dicli major, coiislabularii
ot soeietas mercalorum stapulo predide haberont ot pomperont
ot rclincrcnt oninino cuslumas ol stibsidla tlo lanis et pollihus
lanutis iic; pellibus vocalis shorlyny et mnrlyny omnium aliaruni
personaruin ad dietam stapulam eskippandis, absque aliipio unie
vel proinde nohis vel heredibus noslris aut cuslumariis sive
colledoribus cuslumarum ot subsiiliortun pro lempore exislen-
tibus aul alicui alleri persone vol personis, oxcoptis preexceptis,
solvendo vol reddendo, per inilenturas Hondas île omnibus hujus-
înodi retencionibus, rccepcioiiibus ot percepeionihus «le toinporo
in tempus inlor prefatos majorom, conslabularios ot sociolaleni
mereatomin et eorum succossoros, vol intor quatuor, 1res, vol
duos talcs sufHdcnlos personas ad hoc sufliciculcm auclorilaloiii
ab oisdein majore, conslabulariis ot socielatc niercatoruin dide
stapulo et eorum sucecssores babenles, pro tpiihus ipsi respon-
(lobunt, in (piolihet poilu vol porluhus quo vol tpiihus aliqua
hujusmodi oskippado fada fuerit et custuinarios et collodorcs
cuslumarum et subsidiorum in «lidis porluhus vol connu aliquo
pro toinporo cxistcntihus, prout in aclu inde ctlito plenius conli-
nctur : vohis precipiinus quod prefatos majorem, coiistabulariosct
sodetatein mercalorum st;quile predide omnimodas custumas et
subsidia do lanis cl pellibus lanutis ac pellibus vocalis shorlyny
et morlyny suis, ac ociain oninia cuslumas ot subsidia de lanis et
13
-~ 191 -*--

pellibus lanulis ac pellibus vocalis shorlyny el morlyny omnium


aliarum persoiiarutu in tlido poilu ad stapulam predidam
eskippandis abs«pie aliipio hulo vol prolnde nobls vol horoillhus
nostrls, ut proniittltur, reddondo seu solveiulo, por iudonturas
inde in forma prodida Hondas do lempore in tempus, durante
termina prodicto, liabere, porcipore et reliiiero permillalis juxta
tonoroin aclus prodidi, roliiionlos ponos vos de tomporc in
tempus altéras partes Indenlurarum prodidaruiu, per quas ol
presens mamlalum noslrum nos vohis Inde in compolo veslro ad
scaccarium noslrum de lonqiorc iu leinpus débitant allocacioiiein
lialioro faciomus. — Teste roge iipvnl Woslnionasloriuni, XX «lie
mail.
Consimilia hrovia «lirigitulur cuslumariis slvo colledoribus
dvitalis I.ondonie ;
idem clvltalls Cieoslrie ;
idem ville Sancli Holulphi ;
idem villo Kyiigestonie super Huit ;
idem ville Saiitlcvvlei.
(P. R. 0. JCarly chancery roll 432, memb. 4 .

XXVI

Westminster, 7 décembre UUlf,

Hex omnibus ad quos etc.., saluloin. Scialis tpiod nos do


gracia noslra spécial! dedimus et eoncesslniiis ac per prosontos
damus et concodinnis dileclis et lldellbus noslris majori, consta-
Inilariisot sociolati mercalorum slapulc nostro ville noslre Calesii
totam plaeeain terre sivo lottun teiicmonlum cum perlineudis
vocalum « te Vrynce's Inné » ad presens desolatuin, dlriiplum,
rtiinosuin slvo cations, siluatum lu dicta villa noslra Calcsll, ac
totuni gardlninn nostrum citlein placée slvo toiiemento adja-
centein ; quequidcin plaeoa, terra slvo toneniontuni ot gardiinnn
jacent çt situata stint in parochia licate Marie Virginis in villa
nostra prodicla «H abullaiit ol oxleiulunt versus orenlein super
tpiadani venolla In villa prodicla voeata « lloper tane » et versus
occitlentoin super quodum vico slvo «piadam sirota in oadom villa
voeata « te Frères slrete » ot versus boriain super «piadam parva
venolla duconli extra « le Frères slrete » preillcliun In « le slwiv
slrete » ot super quoddain inesnagiuin in oadein villa vocalum
« a ivolle honse » slvo o sheiv bouse », nuper Tltonie Ibirghe
~ 195 -
inililis «lefundi, et versus austrum super «piodani vico slvo
tpiadani strala vocitta <r
Hempstrete » ; qucquidom plaeea terre
sive tencinenliini ot gardimun eidein Icnemciilo adjacens cou*
tiiienl in se, iu lougiludiiic ab oriente usque occiiloiilom ex parte
austral! eiuitlo per « Hempstrete » prodlctam «lucentos qulnqua-
glnla ot tpiatuor potles el duos pollicos sivo duas uiiclioas; ac
eciam conliiienl in longituiline. ab oriente usque occiileiilem
ex parle boriali ouiiilo per protliclam parvam vciicllam el prcdic-
ttitn niosnagluin vocalum * a notle boivse » slvo « shetc howse »
nuper profall Thoino Hurgh milltls, «lucentos ol quinquaghita
podes, et insuper continent i ' illtudino ab boria usque austruin
ex parte orientis oundo per « Hoperlane » prediclant conluni
soxaginla et novem pedos ; itaque conliiienl in laliliullne ah boria
usque austrum ex parle ocoiilentis eundo per « le Frères slrete »
predidam usque « le Postren » (?) ad 11 nom ejusdem strate
cenlum vlgenti ol unihH'iin pedos ac odo pollicos sive uncheas,
babondam ot tc«lendain lolam predidam placeam terre sive lotuni
predleluin tonomentum vocalum a le Prynce's Inné » ac lotum
gardinum pretliclum eidem lonenlem, adjaccittem, cum omni-
bus peiiiitenciis slvc coiilenlis in se plus quant stiperius inde
rexitatum est sive minus, prefalis majori, constabularliscl societati
mercalorum slapulc noslre ville nostro Calesii et succossoribus
suis ac suis assignalis imperpetuum de nolds et horodibus nostris
ad feotll llrmam, reddendo imle amniallm nobls ot heredîbus
noslris sex liliras legalis nioneto Anglie ad fesla l'asclie ol sancll
Mlchaelis archangell per oipialos pordonessolvcndaspro omnibus
iiliis sorvldis, exac'tlonibus, omnibus consucludinlbiiseldeinandls
pro plaeea slvo Iciieinonto et gardino prcdiclis aut aliqua inde
parcella nobls aut horodibus scu successorlbus noslris qualiter-
cumqtie reildendls, solventlis seu factendis. Concossinius insuper
et per présentes coucedimus prefalis majori, constabularlis ot
societati inereatorum stapule noslre predide quod ipsi et eorum
succossoros ot assignat! et connu tenenles, tlrmarii ol occupa-
tores predide placée, terre slvo loneineiitl aul gardlni prediclorum
seu alicujus imle parcelle do tomporc iu tempus linpcrpeluuin
siut quioli et oxonerali île quihuseuniquo vlgiliis sivo gavlispcr
Ipsos majorem, conslabularios et soelelatoni nierealorinn stapulo
nostro predldc aul eorum sucecssores seu assignâtes, llrmarios,
toiienlos ot occupaloros prodlctos sou eorum aliquem vol alîqtios
aul per servienles seu depulatos suos seu successorum aut
assignaloruni siiorum, llrmarlurum et toiiencltim predictorum
seu eorum allcujus aut per allquos allas pro dicta plaeea terre
190 —
r-
slvo pro tcnemento aut gardlno prcdiclis «pialilercuniquo Hendis
seu babeudis, ac «le «piibuscumquo solucionibus, quolis, contri-
budonibus, loltis, scollis ac aliquibtis ouxiliis seu omnibus
quihuscumquc pro aliquibus ac «piibuscmnqucvigillis sive gavlis
pro dicta plaeea terre dve etc.. «pialitorcuintpie iu posloruin
llendis, exorccndls seu babcndls, neciion do ontnhnodis assisls,
ccsslonibus, iinposicionibiis, eontribueionihtis son demaudis
(piihuscumque ex nunc lovandis, llendis, habendis seu hnpo-
nendis super pane, vltio, cervisia aul aliquibus alils viclualibus
seu rébus «pilbuseinnque rcipdsltls, ucccssaiils et oporlunls In
predicla plaeea terre etc.. oxpendendts, occupandls ol utondls,
iiedum pro vitolladonc, eililicacituie ot construclione predide
placée torro sivo louenienti ol gardinl pre«lict!, voruin ociam pro
reparacionc ot siislcnlacione eorumdem cum linpostennn llori et
habori iiidigucrinl ; el quod predlcli major, conslabularii ot
soeietas niercatoruin slapulc nostro prodlde et eorum sucecssores
et assignat! ac eorum Hrinaril, tendîtes et occupantes dicte placée
terre sivo lonomouti ot gardini aut alicujus inde parcelle ail
vigllias sivo ga>las faciendas sou ad inveniendum aliquem vel
alitpios ad vigilaiidiun seu aliquas vigilias sivo gav las pro

plaeea terre sivo pro tonomonto el gardino prcdiclis aul pro aliqua
inde parodia faciendas seu sustentemlas, penitus oxonorenlur ot
quiol! oxlslant, co quoil expressa incitcio do vero vsilore aiinuo
clc. slaluto... etc. aclu, ordinacionc. etc. non obslaiilibus.
Teste rege apud Weslinonaslerhun, VII «lie «lecenibris.
(P. 11. O. Karly chancery roll 4 il, memb. S).

Henry VIII

XXVII

Westminster, ("juillet lolO.


Itox «minibus ad quos etc....» saluloin. Sclatls «piotl nos de
gracia noslra speciali ac ex certa sclencia cl utero molli nostrls,
ilodinius, concosslinus ac per présentes damus ot coucedimus
tlileclis et lltlollbus noslris majori, constabularlis ac socletall
mercalorum stapulo ville nostro Calesii quaiidam vactiam placeain
slvo parcollam cujusdain venelle vocale « Hoperlane », jacentein
In dicta villa nostra Catesll Intcr viciiin vocalum « Hempstrete »
- 197 —

ex parte atistriall et residuum dicte venelle vocatc « Hoparlanc »


ex parte boriall, el niesiiagiuin vocalum « staple inné » ex parte
occidental!, et gardlmuu eideni mesnagio adjacenlom ox parle
orieiitali; el conlinct in longitudine ah auslroatl horium ducenlos
et decem pedos,et in longilutliiioaboriente ad occidontcni viginti
ot quatuor pedos de assisa ; liaheutlaui ol loneiiitain lotam pre-
didam vacuain placcain sive parccllani dicte venelle vocale
« lloparlane » prefalis majori, conslabulariis el sociolati inerea-
torum stapuie ville nostro Calesii predide et successorlbus suis ae
suis assignatis iinperpotuuin «le. nobls et horoillhus noslris ad feoill
llrmam, reddendo iiiileannualim nohis et horodihiis noslris uiitim
denaritiin nioneto. curronlis in «Meta villa nostra Calesii ad festum
sandl Mlchaelis nrcliaugoll stdvoinluin pro omnibus aliis sorvielis,
exaclionibus, omnibus consueludinibus ot deiiiandis pro dicta
plaeea sive parodia venelle predldc, co «piod expressa nienelo de
vero valorc... etc.. aut aliipio staluto.... etc.. non obstante.
Inetijus roi.... etc.. — Teste roge apud Westmonastcriuni,
primo «lie julii.
(P. R. 0. Karly chancery roll 482, memb. 10).

XXVIII

8 janvier /ô'.*Y (n. st.).


.lelian Perdrix bourgeois do la ville do Calaix, venu «-n eesto
ville de (ïravelinglios, dit que le Vile do ce moys a II heures
âpre/ mimiiet los Franeoys entraronl dedans le cliasloau duilit
Calaix par la brosse qu'il/, avoiont faid ;
dlct tpio lesdlls Françoys esloient dedans ledit cliasloau par
avant «pie ceulx de la ville le savolenl ;
«Ilot que environ los trois heures onssitivant l'on commença a
parlementer jtvec lesilits Franeoys, «lonl environ los VI heures
cuiront response «pi'llz avolent appoineleinenl et nouvelle quo
ladite ville estolt rendue leur vie saulvo, mais tous prisonniers;
dlct qu'incontinent que ladite ville fust rendue, esloll pillée par
les Franco).s et ung chacun prisonnier coninic dit est ;
dlct «pio par en qu'il/, n'eslolonl quo doux mil hommes oui esté
contrainot/. la rendre ;
et sy a «11**1 que dedans ledit cliasloau y avoll tiug lioninio
«rariiic tltidll Calaix nouiiné Mcdcllun avec ciivl.ron\XX hommes
lesquels so mlsrcnl dedans ladite ville.
[Archives nationales, K1491).
/5
,
\'\
/ *
TABLE DES MATIERES

AvANi-ritoros, AX;y
ClIMMTIlK KS- .
I.K SlKGK l)K CALAIS .<
.. I

ClIAI'ITNK 11. — Ï.KS TKNTATIVKS DK nKGONQI'KTK.


I. — CooIlVoi (le Cliarny Il
II. — I.e duc de Hourgogiio 18
CIIAPHÏIK III. — CALAIS KKC.ONQI'IS 31
CIIAPITIIK IV. ^ CALAIS VILLK ANGLAISK 48
ClIAPITUK V.
— I/ADMIMSTIIATION A CALAIS.
I. — Municipalité «Ml

II. -^ Privilèges «les bourgeois ; taxes ; voirie 70


III. — Les lois ; la justice 80
IV. -^ Kgliscs, Hôpitaux, Communautés religieuses.... 90
CLIAPITUK VI. — L/AL'TOMTK 110YALK A CALAIS. — I)K1KNSK
I>K LA PI.AC.K.
I.
II.
-£ Le Capitaine
Garnison el Forlillealion
95
10v2

ClIAPITUK Vil.
— I.K CO.VIMKIU'.KA CALAIS. — L.V C.OMI'AOMK
DK L'KTAPLK.
1.
— Les
origines «le l'étaple 113
II. -*' !/ctuplo à Calais 119
III. — Hègno de Hlcbard 11 ; Xouvatix transferts «le
rêtaple
IV. — Henri IV; la Compagnie et lesgagesde la garnison 137
V. — Henri VI el Kdouard IV. — Nouveaux emprunts. 13ô
VI. — Hichard III ot ses successeurs ; décadence com-
plète de l'étaplo lit
PlKCKS Jt'STIKICATIVKS 155
TAllLK ONOMASTlQl'R/f "201
TABLE ONOMASTIQUE

Arundell (Thomas), arebovéqiie


do Canlorbéry, 53.
Aston (Richard), chevalier, 105-
107.
Athènes (Gauthier VI do IJrlenno,
Amieri de Pavio, 15, 115, 18. duc «!'), Onole I.
Aire (Pas-de-Calais, arrondisse- Aubert (Ktieiino), cardinal-prélrc
ment de St-Omer), 7. du titre de Saint Jean ol Paul,
Aire (Jean d'), H, 12. 8,9, II.
Albret (Charles I^d'), connétable Attdley (Thomas),chancelierd'An-
do France, 55. gleterre, 85.
Alexandre (Nicolas), li. AtHlrebein (Arnoul d'), maréchal
Amiens (Somme), 6, 9, 35. de France, i, 18.
Andelot (François de Colîgny, Aumalo (Claude II de Lorraine,
soigneur d'), 36,10, 13. dued'), 37*39, il.
Anne Boleyn, reine d'Angleterre, Avenant (John), constable de
08. l'étaple de Calais, 131.
Anne de ('.lèves, reine d'Angle- Ayinon ou Kdmoiul comte «le
terre, 1)8. Cambridge, llls d'Kdoiiard III,
Anne do Luxembourg, reine d'An- 52.
gleterre, 52. Azincourl (bataille il1), 50.
Anvers (Belgique), 3, 113, 118.
Aragonals (les), 132. B
Arc (Jeanne d'), 21.
Ardres (Pas-de-Calais, arrondis- Baker (John), 85.
sement «le St-Omer), 35, 53. llarnel (bataille do), Angleterre,
Ardres (André d'), II, 12. comté tlo Hortfortl, 01, 01.
Armagnac (Jean W, comte d'), 0. Basset (seigneur do), 10 note 2.
Arras (Pas-de-Calais), 3. Beauchamp (Jean de), capitaine
Arras (Iralté d'), 21,22. de Calais, 15 noie 2, 51 note,
Artevveld (Jacques), 21. 95-97.
Arundell (John), doyen de l'église Beauchamp (Hogordo), capitaine
d'tixeler, 05. de Calais, 95, 97 note 2, 109.
- - 202

Beauchamp (William «le), capi- Bruges (Belgique), 110, 119, 128,


taine de Calais, lit», 129, 159. 138, 139, li8, 151.
Boaujeu (Kdouard, sire de), 7, 8. Bru.velles (Belgique), II, 15 note.
Beatilo (sire de), l. Biickinghain (Kdntoiul duc do)
Beaumont (Boborl), 109, 170. ot comte tlo Stalïord, capitaine
Belleborne (Baudoin «le), l. île Calais, 101.
Bergues (Nord, arrondissement de Burele (John de), 110.
Dunkerque), 113, 118. Biirghorsh (Barthélémy de), 8.
Bertvick-sur-Tuecde (Anglotorro, Biiinpstod (Thomas île), alderniaii
comté de Nothuinhorlaiiil), 29, «le Cillais, 155.
120, 132. Btirgh (Thomas), 191.
Blount «lo Mounljoy (John), 05. Bury (Adam île), alilerinan «le
Bos (Henri «lu), 10*, 17. Calais, 73, 75, 110, 155.
Bosuorlh (bataille «le) Angloterro,
C
comté de Lelceslor, l>5.
houtoyne (Pas-de-Calais), 0, 35, Caehepollo (Henry), altlorman de
52, 07. Calais, 155. '
Houtoyne (abbaye de), 91. Cambridge (vicomte «le), 123.
Boulogne (abbé «le), 157. Camp (Simon), 105-107.
Boulogne (comté de), 80. Canllovve (William), vilaillicr de
Bourbon (Jean b'1, due do), 50. Calais, 118.
Bourbon (Pierre I"', duc de), 0, Cantorbéry (province ecclésias-
9. tique de), 138, 171.
/toiM7/otnï/(.\ord, arrondissement Cannes (couvent des) de Calais,
de Dunkerque), 23. 91,92, 102, 179, 180, 191,192.
Bourcliier (John), lord Bcrners, Carne (sir Kdvvanl), ambassadeur
député do Calais, 100. à Home, II.
Bourchior (Henry), 101, III. Catalogne (negocianls.de), 120.
Brabant (le), 113, 128, 139. Cab'au-Cambrésis (traité do), 17.
Brandon (Charles) duc de Sullblk, Coccano (Annibale), cardinal-
07. évéqiie «le Fraseall, 8, 9, 11.
Branlynghani (Thomas), trésorier Chabot (Philippe de), amiral do
«le Calais, 73, 155, 150. Franco, 07.
Brenibre (Nicolas), 20. Chambre (Hicliard), 189, 190.
Brèligny (traite «le), 18, 19 note, Charles V, roi de Franco, 19.
51, 90,91, Charles VI, roi île Franco, 20, 21,
Brian (Cuy de), 17 note I, 109. 52, 53 51 note, 133.
Brian (John), 105*107. Charles VII. roi do Franco, 19,21,
Brlntou (Jean «le), 27. 22, 28, 29.
Briquomaut (François «te) soi- Charles, due d'Orléans, 50,
gneur do Boauvals, 30. Charlos-le-Téinéralro, duc do
Broun (John), 109, 170. Bourgogne, 30, 02-05.
203

Charles-Quint, 10. Dodd, capitaine du fort de Bys-


Cliarny (GcolVroi de), 8, 9 note I, bank, 39.
li-19. Douvres (Angloterro, comté «le
Chauny (Aisne, arrondlsseinont Kent), 10, 13, 51, 07, 121.
de Laon), 35. Douvres («•gliscSt-Maiïin do), 125.
Chiebestcr (Angleterre, comte de Douvres (lieutenant du connéta-
Sussex), 115. ble du cluHcau do), 3 noie 2.
Chichcsler (collecteurs de coutu- Durforl (Gaillard de), 02.
mes a), 191. Durbam (évèehé de), 130.
Chiverslon (John de), capitaine iW Dynliam (John de), lieutenant de
Calais, 95. Calais, 99.
Cholley (John), IS9, 190.
V
Claronec (George, duc de), Gl, 01,
183. Ecosse, 29, 00.
Clarence (Lionel, duc de), 52,57. Kilgecoinbo (Hicliard), 05.
Clément VI, 8, II, 18. Kdouard II, roi d'Angleterre, 115,
Cliltbrd (Thomas de), 28. 116.
Clyngtnn (John), 189, 15)0. Kdouard III, roi d'Anglolerro, 1-
Clyslon (Gervais), 10t. 17, 19, 19-52,09-77,79,80,82,
Cobham (Bcnaud de), capitaine 83, 80*90,95, 90, 108, 109,110-
de Calais, 8, 10 note 2, 95. 123, 125, 130, 137, 155-157,
Cobham (lord William), député de 103, 101.
Calais, 100. Kdouard IV, roi d'Angleterre, 30,
Compiègnc (Oise), 3 note 3. 01-05, 77, 78,. 81, 91, 92, 99,
Coligny (Gaspard de), amiral «le 101, 105, III, 112 note 2, 130,
Franco, 31,32, 31. MO-111, 180-188.
Connues (Philippe «le), 57, 02-01. Kdouard VI, roi d'Angleterre, 32,
Cooke (maiIre John), 05. 15, 151.
Covcntry (Angleterre, comlé do Kdouard, prince de Galles dit le
Warvv lek), 58. Prince Soir, 50, 52.
Covcntry (Nicolas-Michel de), Kdouard «le Lancastro, Ills d'Hen-
alderman de Calais, 155. ry VI el de .Marguerite d'Anjou,
Crécy (bataille de), I, 10 note. 183.
Croy (Jean do), 27. Kgmonl (Lamoral, comte d'), 10
Cùmbcrlanil (comté do), 130. note I.
n Klbeuf (René de Lorraine mar-
quis d'), II.
Dnubciicy (Kllsabeth), 100. Klbrigg (Hubert île), 109 note t.
Daubeney (Gilles), lieutenant de Kllsabeth, relue d'Angleterre,
Calais, 00, 100, 112. femme d'Kdotiard IV, 92.
Derby (comte do), voy. Lancastro Kllsabeth, reine d'Angleterre,
(Henry duc do). femme de Henry VII, 00.
201
Elisabeth, reine «l'Angleterre, sèment de Boulogne, canton do
17. Calais), 18.
Espagne, 119, 150. Froynssii (Boginahl), aldorman
Espagne (Charles d"), 7. de Calais, 155.
Esse.r (vicomte d'), 123. Fromplon (Walter i\e), alderman
Kstrécs (Jean <!') seigneur «le Va- do Calais, 155.
lieu ot «le Coeuvres, grand-mal- Frost (Thomas), .alderman de
tre de rartlllerle, 38, .15. Calais, 155.
Etanipos(JcaudcBourgoguc,coni* Fv nchain (John de), alderman «lo
te d'), 23. Calais. 155.
Endos IV, duc de Bourgogne, 0,
9. (i
Kvreux (JO.III d'), capilaino «lo
Calais, 81, 110. (Salles (pays de), 111, 118, 120.
Exoler (Henry llollaml «lue «!'), 00. Cand (Belgique), 22, 21.
Exctcr (John llollaml, duc il'), Galtlisvvell (John), docteur es
capitaine tic Calais, W. bus, 05.
Garteforth (John), 91.
V Gascogne (la), 120.
Gcthiey (William), éeuver, 109,
Fa wjuemberguc (Pas - «le • Calais, 170.
arrondissement de St-Omer), Génois (los), 115, 125, 120, 132.
7, 9. fi/ôrn/tor (détroit de), 112.
Foryer (Thomas). 112 note 2. Gigli (Giovanni doi), collecteur
Fionnes(Jean de), II, 12. du denier «le St-Piorre, 00.
Fit/.-Wïlliam(William), 85. Gishurn (John do), aldorman de
Flamands (les), fi, 7, M5-117,1 âS, Calais, 155.
133, 115, 150, 151. Glouooster (comte «le), 5 note.
btandre (la), 03, 113, 115, 127. Gloueester (lluinpbrcy «lue de),
128,133, 139, 117, 150. 25, 27, 98.
Flotc'(Guillaume), 9 note I. (ilouoostor (John de), Ills nalurol
Fogg (Thomas), capitaine de «le Hicliard III, 99, 100.
Calais, 97. Gloueester (Thomas Wootlsloek,
Folx (Gaston III, coinlo «le), 0. duc «le), 52, 51,55.
Fore/. (Guy VII coinlo «le), 0. Grainoiit (Antoine «'omlo do), il.
Franco) s (Adam), 73. Grave (Jack), 189, 190.
François h'', roi «le France, 07. (iravelines (Nord, arrondissement
Fetupiières (Jean «le l'as, soigneur tio Huukcrquc), 0, 20, 23, 27,
tle), 31. 39, 10, 12, 13, 15, 03, 08, 197.
Frore(Alhaii),ablorniaitdo Calais, Craveliues (rivière do), 23.
155, 150. Creenivicb (Angleterre, comté «lo
Frcthnn (Pas-de-Calais, arromlls- Kent), 07.
205 —

lîrcy (Lady Jane), 32. Haule (William «le), 73.


Grigny (sire «le), 1. Hazebrouck (Xord), 23.
Gryniosby (Pierre de), alderman Hem (rivière de), 3, 7, 10, 39.
do Calais, 155. Henri 11, roi do Franco, 32-31,
Grossovvin Le Sauvage (maître), 15.
22. Henri II, roi «le Navarre, 07.
Guines (Pas-de-Calais, arrondis- Henry III, roi d'Angleterre, 115
sèment do Boulogne), 7,20, 27, note 2.
32, 35, 39, 52, 50, 58-00, 112, Henry IV, roi «l'Angleterre, 51,
182, 192. 81, 91, 93, 91, 102, 103, 132-
Guise (Aisne, arrondissement do 135, 102-108.
Vervins), 35. Henry V, roi d'Angleterre, 55-57,
Guise (François do Lorraine, due 80,87, 108, 130, 137.
do), 18, 33-13, 15, 17, 112, Henry VI, roi «l'Angleterre, 21,
151. 25, 28, 29,57-01, 03, 01, 82*81,
91, 91, 99, 103-105, 108, Ml,
II 130* III, 110, 109-170.
Henry VII, 05-07,-81, 100, 112,
Haddelc (John), maire de l'étaple 111*118, 191-193.
do Westminster, puis «le colle Henry VIII, roi d'Angleterre, 07,
«le Calais, 130, 131. 08, 80, 85, 100, 102, 100, 108,
llainaut (Jean de), 9. 112, 118-150,190, 197.
Hall (John), maire do Cillais, 77. Henry, prince do Galles depuis,
Hall (John), serviteur «lu comte Henry V, 98.
do Nollingliam, 55. Herlo (Hubert de), capitaine «lo
liâmes (Pas-de-Calais, arrondis- Calais, 95.
sement de Boulogne, canton de Horlyngdon (Adam de), 110.
Guines), 35, 18, 112, 182, 192. Hestlin (Pas-de-Calais, arrondis-
1lares (Halph), 93. sement de Montreuil), 7, 9.
Bar/leur (Seine-Inférieure,arron- Higlillold (John), mallre do l'ar-
dissement du HAvro, caillou de tillerie «le Cillais, 37, 39, 11,
Montivillicrs), 55. 15.
Harloslono (John), capitaine du Hollande (la), 113, 129.
fort do Hysbank, il. Hollande (Guillaume V, comte de),
Ilasting (seigneur de), 30. 128.
Hastings (Haotil), lieutenant de Hollande (Thomas do), 10 note 2.
Calais, 99. Hollandais (les), 115.
Hastings de Hastings (William), IIoii)iigham(Hogerde), alderman
lieutenant «to Calais, 99, 111, de Calais, 155.
189, 190. lion (William), chevalier, 105-107.
Hatlleld (Thomas de), èvéquc de Ilunllngdon (John llollaml, comte
Durham, 3 note 2. de), 21,
- - 200

t L

Innocent VIII, 00. La Fère (Aisne, arrondissement


Ipsirich (Angleterre, comté «le do Laon), 35.
Sullolk), 115, 192. Liiharonc (Peler), 105-107.
Irlande [V), 58, .Ml, 111,118,120. Lit Molle (Geollïol «le), l.
Isabelle «le Franco, relue «l'An- Lancastre(llenr),comte «le Derby
gleterre, 52*51. ot duc do), 7, 8, 50, 52.
Isabelle, lllle «le Hicliard, comte Laneastrc (Jean do Garni,duc do),
do Warvvlek,0l,02. 19,52,53,58, 110, 131.
Italie (P), 119. Landes (Jean «le), 10.
Langle (pays de), 18.
J Langton (John), trésorier de
Calais, 103, 109, 170.
La Pôle (Michel de), comte «le Suf-
Jacques II, roi d'Ecosse, 29. folk, chancelier d'Angleterre,
Jean II, roi do France, 51, 52.
20, 110.
Jean «lo Gantl, duc «lo Lancastro, La Hodic-sur-Yon (Charles «le
\oy. Lancastro. Bourbon, prince de), 39.
Jean, «lue do Normandie, 0. Latymer (William), 110.
Jean-sans-Peur, «lue «le Bour-
La Vache (Philippe), garde du
gogne, 20, 21, 50, 57, 133. cîiiUeau «le Calais, 97.
Juliers (Benutid III, marquis de),
Lo Flament (Jean), conseiller du
8.
duc «l'Orléans, 53 note 2.
Leicesler (Angleterre, comté do),
K 101, 105.
Leicesler (John Colo de), alder-
Kebby (Hubert do), alderman de man «lo Calais, 155.
Calais, 155. Leicesler (Hobort Dudley comte
Kcndale (John, conile «le), 29. do), 32.
Konnobrouek, héraut d'armes,25. Le Scrop (Henry), gouverneur de
k'enl (comté de), 00, 108. Calais, 72 note, 73, 97, 109,
Kent (vicomte do), 13 note I. 155, 150,
Kcslon (Thomas), 113, 185. Lestraungc (Alexandre), 108.
Kingslon-sur-HnU (Angleterre, Leslraunge (John), 108.
comté d'Vork), 115. Llslc (lord), voy. Pl-uitagenet
.
Kinyston-sur-llull (collecteurs de (Arthur).
coutumes à), 191. Lombards (los), 125.
K nulles (Hubert), 52. Londres, 51, 00, 01, OL
Krcki (soigneur de), 10. Londres (collecteur de coutumes
Kyngcstoito (Thomas de), garde a), 191.
du clialeau do Calais, 97. Londres (port de), 192.
- 207

Londres (vicomte de), 123. Man/uise (Pas-de-Calais, arron»


Long (John), 109. «lissenient de Boulogne), 35.
Lorraine (Charles, cardinal d»1), Marshall (Hobert), écuyer, 181.
31, 07. Marynor (John), 9t.
Losticitlu'el, (Angloterro, comté Maiiiiy (Gautier «le), 8, 10-13, 17
deCornouailles), 131. note I, lot».
Louis XI, roi do France, 21», 39, Maximilicn, einpi;:ur d'Allema-
03, 05. gno, 00.
Louis XII, roi «le Franco, 00. Merieo. (William), ithlerinaii de
Louis, duc d'Orléans, 20, 21 note, Calais, 155.
53 note 2. Middelbourg (Hollande, prov, de
Lumbres (Pas-de-Calais, arrondis- /.élantlo), 129, 138.
seincnt de Sl-Omor), 9. Midilloton « homme d'armes »,
Lysle (William), capitaine «lo 10, 197,
Calais, 98. Monlcreau, (pont «le), 21.
Moiitgomery (Jean de), capitaine
M
de Calais", 13. 95.
Mahaut, comtesse d'Artois, 70,80. Monlgoini'iv (Thomas de), 05.
Maliaut, comtesse de Boulogne Montmorency (Anne de), 33, 07.
80. Morlon (William), 109, 170.
Mallory (Thomas), éeiiyer, 181.
Maltravers (lord Henry), député N
de Calais, 100.
Manfeld (Hobert), vitaillier de Neslo (Guy do), 8, 9 noie 1.
Calais, 109, 170. Neuton (Philippe de), alderman
Manyngliam (John), 181. «le Calais, 155, 150.
Mardi (Edouanl, comte «le), 01, Novil (Alexandre), arebevéquo
voy. Edouard IV. d'York, 20.
Marck (Pas-de-Calais, arrondis- Xeivcastle-sur-Tyne ( Angleterre,
semoiit de Boulogne, canton do comté de Northumherland), 3
Calais), 7, 21, 18, 19, 133. note 2, 132, 138.
Marguerite, comtesse de Kont, 3 Xietdey (fort de), 30-39.
note 3. Xieuley (pont de), 3, 7, 8, 10,
Marguerite d'Anjou, reine d'An- 17, 30.
gleterre, 29, 30, 57,00,03,183. Xorfnlk (vicomte do), 123.
Marguerite d'York, sieur d'E- Sorlbampton (Angleterre, comté
douard IV, femme de Charles- du mémo nom), 00.
le-Tèmêrairc, 113. Northainplon (William doBohun,
Marie d'Angleterre, veuve de coinlo «le), 8, 10 noie 2.
Louis XII, 07. Xortltumbertand (comté de), 130,
Marie Tudor, reine d'Angleterre, Norlhtiinherlaud (John, duc de),
32,35-38,11,15, 93, 100, 151. 32.
— 208 -
Notrcd)arii<Sde*Calals(ègllse),W, Philippe VI «lo Valois, roi do
92, 93, 100. Franco, 1, 3 note 3, 0-9, 10
Nottingham (Thomas, comte de), note, 19.
maréchal, gardo du château do PhiUppe-le-ileau, archiduc d'Au-
Calais, 52, 51, 55, OS. triche, 00, 07, 115.
Noyelle (Bande «le), 27. Phillppe-Ie-Bon, duc de Hourgo-
gno, 18,19,21-28,59,139,110.
0 Phlllppe-lc-llardl, duc do Bour-
gogno, 52, 53.
Orléans (Loiret), 57, Philippine do Hainaut,reine d'An-
Orléans, voy. Charles et Louis gleterre, 12.
ducs d'Orléans, Pillory haven (le), a Calais, 129,
Ouley (John), mairo «le l'étaplo 133.
«lo Calais, 132, 103. Pliuitagenet (Arthur), vicomte
Otithorp (John do), alderman do Lisle, député do Calais, G8,85,
Calais, 155. 100.
Oye (Pas-de-Calais, arrondisse- Pôle (Reginald), archevêque de
ment de St-Omer, canton Cantorbéry, 93.

«rAudrulc«|), 7, 23, 21, 18, 133. Ponthieu (Jacques do Bourbon,
comte do), G%
P Portlnaro (Thomas), 113, 185.
Portugaise), 119.
Paradis (bassin du), il Calais, Poulet (George), 85.
110, ICI. Prcston (Rlchanl de), 75.
Paris, 20, 21, 33, 52, 57, 128. Prince's Ion a Calais, MO, 191.
Pavie (Aimeri de), voy. Aimeri. Proute (John), 113, 185.
Pays-Bas (les), 119. Pykenham (Thomas de), alder-
Pcccho (John), député de Calais, man do Calais, 155, 150.
100. Pykeryng (John), 1G5-I07.
Pombroke (Jasper, comte île), 29. Pyol (John), 73.
Percy (Henry de), maréchal
d'Angleterre, 110.
n
Perdrix (Jean), bourgeois do Halph, capitaine du château de
' Calais, 197. Calais, 11.
Perle (Heginald), alderman de Handan (Charles do La Hoche-
Calais, 155. foucauld, soigneur de), 11.
Perle (Thomas), alderman de Hedvvode (Thomas «le), 189, 190.
Calais, 155. René.ducd'Anjou, roi deSicile,30.
Peterson, 93. Heiiti (Oudard de), 10.
Phllipp (Thomas), ycoman, 181. Hibomoiit(Eustachede), 8,1G.17.
Philippe II, roi d'Espagne, 33, 38 Richard (Thomas), constable do
note, 10 note 1,15,1G, 151. l'étaplo de Calais, 132,103.
- - 209
Richard II, roi «l'Angleterre, 20, Saint'Vierre-lès-Calais, 58, 00,
52-51,70, 77,80,83,81,90,91, 00.
102, 110, 125,129-132, 157-102. Sainl-Pol (Waloran «lo Luxem-
Richard III, roi d'Angleterre,- 05, bourg, comte do), 52.
81,99, 100, 112 note 2, 111. Saint-Quentin (Aisne), 05.
Richardson, 93. Saint-Quentin (bataille do),33,15.
lUdiemont (Arlhus de Bretagne SainUVenant (soigneur do), 7.
comte do), «-«uinétablo «le Salisbury (Thomas do Montacuto,
France, 23. comte do), 57.
Roborl II, comte d'Artois, 80. Salisbury (Hicliard Noville, comte
/?OS&W/M<?(bataille do), 20, 128. «le), 00;
Rotour (Roger), alderman «lo Salop, 101.
Calais, 155. Sandwich (Angleterre, comlé de
Bouen (Selne-Inférieure), 32, 57. Kent), 3 note 3, 20, 25, 00, 09
RowcIyfe(Willla> 05. note 105, 115.
Rutlaiid (Edouard «te Norvvlch, Sandwich (collecteur «le coutumes
comte de), 52. à), 191.
Rullanil (Henry Manners, comte Nffii/jfri/tYtPas-ilc-Calais, arrondis-
«le), 38. sement «lo Boulogne, canton «le
Bysbank (fort ou. lotir «lu), 37*39, Calais), 7, i l, 18.
98, 99, lit, 112, 182, 192. Savage (Robert), maire do l'étaplo
«lo Calais, 131.
S
Savoie (Louis do), 9.
Saint-Atban (bataille de), 58, Gl. Savoie (Emmanuel-Philibert, duc
Sainl-Botulf (Angleterre, comté «le), il, 15,10 noie.
do Middlosox), 105, 115. Sénarpont (Jean «le Mouclii, sei-
Saint-Bolulf (collecteur «lo cou- sieur de), 32.
tumes à), 191. Sentlegcr (Antony), 85.
Saint-Jacques «le Calais (hiipiial), Scvvall (Stephen), constable do
93, 91, 160, !67. l'étaple de Calais, 132, 103.
Saint-Nicolas de Calais (église), Shapp (Henry), docleur-ès-lois,
53,9(». lieutenant «le l'étaple de Calais,
Saint-Nicolas de Calais (hôpital), 139.
93, 91, 105-107% Sbreivsbury, voy. Salop.
Saint-Omer (Pas-de-Calais), 7, 9, Shrevvsbury (John Talhot, coinlo
II, 1 G, 18, 21 note, 38, 52. de), 28. ' •

Soint-Omer (chartreuse de), 91. Slgismond empereur d'Allema-


Saint-Omer (maître de la char- gne, 50.'
treuse de), lo7. Skamoslono (William de), 89.
Sfli/i/-/)(7n7(chapelle), à Westmins- Smith (sir William), 93.
ter, 100. Somerset (Henry, duc de), 58-00..
Saint-Pierre (Eustache de), 11,12. Somerset (John, comte do), 98.
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Southampton (Angleterre, comté Thérouanne (Pas-do-Calals, urron-


du mémo nom), 120, 115, 182, dlssomonl «h' Siilnt-Omor, can-
181. ton d'Alre-sur-la-Lys), 52.
Spalgno (William «le), alderman Thérouanne (évéehé de), 90.
«lo Calais, 155. Thryske(John), maire d< l'élaple
StalVord (Hunifrcil), 91. «lo Calais, 78.
Slanfort (baron «le), 13. Thvvayte (Thomas), 05.
Stanhope (Richard do), iililorman Torgold (John), maire i\o l'étaplo
do Calais, 155. «lo Calais, 122.
Stapolgato (Edmond <!o), abler- Tascans (los), 115, 125.
mande Calais, 155. Tolty (Thomas).. 98.
Staple Inn à Calais, 118, 190. Tour de Londres (la), 90.
Stokos (Richard), 113, 185. Tournebem, (Pas-dt!-Calais,arron-
Slralford (John), archevéïpie «le dissement «le Sainl-Omor, eau*
Cantorhéry, 9 note I. ton d'Ardres), 23.
Strozzl (Pierre) maréchal «le Fran- Trosilian (Robert), 20.
ce, 33, 37-11. Trivulci (Antonio) cardinal, 11.
Slury (Richard), 159. Truinpinglon (John), conslablc «lo
SulVolk (William, comte ot mar- l'étaple «lo Calais, 131.
quis <le), « guhernator et cou* Turpyn (Richard), 08,93.
servator slapulc », 110, 170.
Su/folk (vicomte de), 123. t;
Surlo (Jean «le), i. Urbain VI, 1)0.
Stirroy (Thomas Howard, coinlo Urban (John), 105-107.
«h'),*
00.
Sussox (Robert Hadclill'e, coinlo v
île), 00.
Sutton (llainou) maire de l'étaplo Viilontinois (Aimar VI, comte do),
de Calais, 137, 170. 0.
Sutton de Dtidlcy (John), cheva- Veer (Robert «le), «lue «l'Irlande,
lier, 103, 111, 109, 170, 20.
Yelsaly (Thomas), 150.
Vénitiens (les), 125,120, 132.
T
Ver-don (William), 181.
Vienne (Jean de), 1,0, 10-13.
Talbot (Gilbert),député do Calais,
100. W
Tamise (la), 105.
Tavannos (Guillaume do Saulx, Wagam (Thomas), 105.
seigneur «le), 17. Wakefield (bataille «le), 01.
Thermes (Paul de la Barthe, sei- Walden (Roger), trésorier de
gneur de), 35. Calais, 159.
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Walosby (William), doyen «le William, constable «le l'étaplo «le


l'église collégiale «lo Leicesler, Calais, 131.
100, 170. Wissanl (Pas-de-Calais, arrondis-
Wiilsh (Thomas), 85. somont «le Boulogne, canton «le
Warshop (Richard), constable «lo Marquise), 59.
l'étaple do Calais. 131. Wissant (Jacques île), M, 12.
Wiirvvick (Thomasde Boaticliamp, Wissant (Pierre de), II, 12.
comte «le), 13. Wolsey (Thomas), cardinal, 105.
Warvvlck (Richard, comte de), Wollon (lo. «locleur), 32.
capitaine de Calais, 57-01, 77, Wroth (John), mairo do Calais,
78,98,99, 101, 183. 155, 150.
Wenlock (sir John), 01*01, 105. Wr.vkyngton (John), 181.
Wentvvorlh (Lord), député «le
Calais, 35-39, 11-10, 100, 105, Y-'A
100.
Were (Popin «le), 1, 10, 17. Yerde (John), écuyor, 109, 170.
Wesenham (John «loi, maire de York (province e vlésiastiquo d'),
Calais, 155. 138, tVl.
Westminster, 10, 19, 53, 80, 130, York (Edmond, duc d'), voy.
155-105, 107-169, 171-171, 170, Aiinon ou Edmond, comte «le
179-181, 185, 188,189, 191-191, Canibrlilgo, 52.
190, 197. York (Richard, duc il'), 57*01,97,
Westmorelaud (comté «le), 130. 98, III.
Whîle do Farnbam (Robert), Yuste (monastère de), Espagne,
maMe «lo l'étaiilo «l«< Calais,
172, 173.
Wliytiiigtun (Richard), 131.

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