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Chapitre 4 : Modèles et techniques de gestion des risques financières

Introduction
La gestion des risques financiers constitue un pilier essentiel dans la prise de décisions
stratégiques au sein des entreprises et des institutions financières. Face à un environnement
économique en perpétuelle évolution et à la complexité croissante des marchés, les
professionnels de la finance se trouvent confrontés à une diversité de risques susceptibles
d'impacter la rentabilité et la pérennité de leur activité. Afin de mieux appréhender et gérer ces
risques, l'utilisation de modèles et de techniques spécifiques s'avère indispensable.

Ce chapitre se propose ainsi d'explorer les principaux modèles et techniques de gestion des
risques financiers. Nous commencerons par définir les différents types de risques auxquels sont
exposées les entreprises et les institutions financières, allant des risques de marché aux risques
opérationnels en passant par les risques de crédit et de liquidité. Ensuite, nous aborderons les
modèles mathématiques et statistiques utilisés pour mesurer et évaluer ces risques, tels que la
VaR (Value at Risk), le stress testing ou encore les modèles de Monte Carlo.

Par la suite, nous nous pencherons sur les techniques de gestion des risques, mettant en lumière
des stratégies telles que la diversification, l'assurance, les produits dérivés ou encore les
mécanismes de couverture. Nous examinerons également les défis et les limites associés à
l'application de ces modèles et techniques, notamment en termes de données, de volatilité des
marchés et de réglementation.

En somme, ce chapitre vise à fournir une compréhension approfondie des modèles et des
techniques utilisés dans la gestion des risques financiers, offrant ainsi aux lecteurs les outils
nécessaires pour prendre des décisions éclairées dans un environnement financier en constante
mutation.

Section 1 : Modèles d'Évaluation des Risques


Dans le domaine de la gestion des risques, l'utilisation de modèles d'évaluation est cruciale pour
identifier, évaluer et gérer les risques auxquels une organisation peut être confrontée. Ces
modèles fournissent une structure méthodologique pour analyser les risques de manière
systématique et informée. Voici un aperçu des différents types de modèles d'évaluation des
risques et de leur importance dans la prise de décision stratégique.

Modèles Qualitatifs : Ces modèles évaluent les risques en se basant sur des descriptions
narratives plutôt que sur des chiffres précis. Les évaluateurs utilisent généralement des matrices
de risques pour attribuer des niveaux de probabilité et d'impact aux différents événements
redoutés. Bien que ces modèles fournissent une vue d'ensemble des risques, leur subjectivité et
leur manque de précision peuvent parfois limiter leur efficacité.

Modèles Quantitatifs : Contrairement aux modèles qualitatifs, les modèles quantitatifs utilisent
des données numériques pour évaluer les risques. Ils reposent souvent sur des techniques
statistiques et probabilistes pour estimer la probabilité d'occurrence d'un événement indésirable
et son impact financier ou opérationnel. Les analyses de Monte-Carlo et les simulations de
scénarios sont des outils couramment utilisés dans ce type de modèle.

Modèles Hybrides : Ces modèles combinent des approches qualitatives et quantitatives pour
offrir une évaluation plus complète des risques. En intégrant des éléments de subjectivité
humaine avec des analyses basées sur des données, les modèles hybrides peuvent aider à
surmonter les limites inhérentes aux deux approches distinctes. Par exemple, ils peuvent utiliser
des informations qualitatives pour calibrer des paramètres dans des modèles quantitatifs ou pour
évaluer des aspects non mesurables de la gestion des risques tels que la réputation de l'entreprise.

Modèles Basés sur les Normes : Certains modèles d'évaluation des risques sont construits sur
la base de normes et de cadres réglementaires spécifiques, tels que ISO 31000 pour la gestion des
risques ou COSO pour le contrôle interne. Ces modèles fournissent une structure bien définie
pour évaluer et gérer les risques, ce qui facilite la conformité réglementaire et l'alignement avec
les meilleures pratiques de l'industrie.

Modèles Spécialisés : En fonction des besoins spécifiques d'une organisation ou d'un secteur
d'activité, des modèles d'évaluation des risques spécialisés peuvent être développés. Par exemple,
les institutions financières peuvent utiliser des modèles de risque de crédit ou de risque de
marché, tandis que les entreprises de technologie peuvent se concentrer sur les risques liés à la
cybersécurité et à la protection des données.

En conclusion, les modèles d'évaluation des risques jouent un rôle essentiel dans la gestion
proactive des risques au sein des organisations. En combinant des approches qualitatives et
quantitatives, en suivant des normes et des cadres établis, et en adaptant les modèles aux besoins
spécifiques de l'entreprise, les gestionnaires peuvent prendre des décisions éclairées pour
atténuer les risques et maximiser les opportunités de succès.

Section 2 : Modèles d'atténuation dans la Gestion des Risques

Dans le domaine de la gestion des risques, la capacité à anticiper, évaluer et atténuer les
risques est essentielle pour assurer la durabilité et la résilience des entreprises, des
organisations et des communautés. Les modèles d'atténuation des risques fournissent un
cadre structuré pour identifier, analyser et réduire les risques, tout en permettant une
prise de décision éclairée et stratégique. Voici un aperçu des principaux modèles
d'atténuation utilisés dans la gestion des risques :
1. Évitement des risques
L’anticipation des risques est une stratégie d’atténuation qui consiste à éviter toute action
susceptible d’entraîner un risque indésirable. Ce faisant, vous contournez tout simplement la
menace potentielle en refusant de vous y exposer.
Dans quels cas y recourir ? Lorsqu’une menace potentielle pourrait avoir des conséquences
particulièrement dommageables pour l’entreprise, par exemple des répercussions significatives
sur sa situation financière.
Exemple : votre entreprise envisage d’ouvrir de nouveaux bureaux. Une évaluation des risques
vous apprend que votre site d’origine ne génère pas suffisamment de bénéfices pour permettre
l’ouverture de ces nouveaux locaux. Il vous faut donc obtenir un financement supplémentaire. En
outre, votre analyse souligne que si l’ouverture des nouveaux bureaux est retardée ou ne devient
pas rentable rapidement, l’entreprise pourrait avoir des difficultés à honorer son plan de
paiement. Le risque d’un effet ricochet sur l’ensemble de votre entreprise est élevé, ce qui aurait
un impact sur ses performances et sa rentabilité. Par conséquent, vous choisissez de mettre en
suspens votre projet pour éviter tout désagrément.

2. Réduction ou contrôle des risques


La réduction des risques (également connue sous le nom de contrôle des risques) consiste à
prendre des mesures pour tenter de limiter les risques ou ses répercussions éventuelles dans le
pire des scénarios. Si vous optez pour cette stratégie, assurez-vous de définir clairement les
risques en début du projet, puis efforcez-vous d’en assurer un suivi actif pendant votre travail.
Vous serez ainsi en mesure de les contrôler et d’agir s’ils se concrétisent.
Dans quels cas y recourir ? Dès lors que vous pensez pouvoir contrôler les risques potentiels par
des actions d’atténuation, par exemple en mettant à jour vos processus ou en y apportant des
modifications.
Exemple : vous lancez une campagne marketing. En début du projet, vous évaluez les risques et
constatez que vous pourriez ne pas parvenir à boucler le projet dans les délais prévus. Compte
tenu des risques, la probabilité d’échec du projet est faible et maîtrisable. Pour réduire la
probabilité du risque, vous commencez par identifier les raisons pour lesquelles il pourrait se
produire : tâches imprévues, retards de production, bugs inattendus, contraintes liées aux
ressources, etc. Par la suite, vous mettez en œuvre des méthodes de contrôle à l’aide d’un logiciel
de calendrier d’équipe pour éviter toute erreur de planification, puis vous créez un plan de
gestion de la portée et allouez les ressources au mieux.
[À lire] Le petit guide du chef de projet : les registres de risques, exemples inclus

3. Transfert des risques


Cette stratégie consiste à transférer à un tiers la responsabilité des conséquences liées au risque
concerné. C’est une façon de protéger votre entreprise en vous assurant qu’elle ne sera pas tenue
responsable si le risque se concrétise.
Prenons un exemple : vous souhaitez contracter une assurance. Votre entreprise paie une prime à
une compagnie d’assurance pour qu’elle prenne en charge certains risques bien précis. Si l’un de
ces risques devient réalité, la compagnie d’assurance rembourse le montant des dommages, de
sorte que votre entreprise n’est pas financièrement responsable. Externaliser ou faire appel à des
prestataires de services constituent deux autres stratégies possibles pour transférer les risques.
Dans quels cas y recourir ? Le transfert des risques est une stratégie d’atténuation à privilégier si
vous souhaitez protéger votre entreprise contre des responsabilités financières potentielles que
vous ne souhaitez pas assumer. Elle s’avère tout aussi pertinente lorsqu’un risque a de faibles
chances de se concrétiser, mais que les enjeux financiers pour l’entreprise sont néanmoins
importants.
Exemple : votre entreprise lance un nouveau produit. Pour le moment, vous ne disposez pas des
ressources nécessaires pour concevoir le produit en interne et la mise en place d’un processus
spécifique coûterait trop cher à l’entreprise. Résultat, vous décidez de faire appel à un sous-
traitant. Votre structure évite ainsi les coûts liés à la mise en place du processus et, si le sous-
traitant retarde ou compromet la production, il assumera seul la responsabilité de toutes les pertes
financières éventuelles subies par votre entreprise.
Cela dit, le transfert des risques a également ses inconvénients. Ce n’est pas parce que vous vous
êtes déchargé de la responsabilité financière de la menace en tant que telle que votre entreprise
s’affranchira de toutes les répercussions négatives pour autant. Par exemple, si vous rencontrez
un problème avec le sous-traitant et que le lancement de votre produit est retardé, votre
entreprise ne sera pas responsable des pertes financières. Pourtant, ce chamboulement des délais
peut tout de même avoir des conséquences sur votre marque et sa réputation. Veillez donc à bien
prendre en compte ces facteurs lorsque vous élaborez votre stratégie.

4. Acceptation des risques


Comme son nom l’indique, cette stratégie vous amène à reconnaître et accepter les risques.
Réduire les risques revient à faire le maximum pour les faire disparaître ; les accepter n’implique
aucune tentative d’atténuation. Au contraire, vous allez de l’avant en connaissance de cause,
c’est-à-dire en sachant que les risques peuvent se concrétiser. Si la probabilité de survenue
augmente drastiquement ou si ce risque peut avoir des répercussions intolérables, modifiez votre
stratégie d’atténuation en conséquence.
Dans quels cas y recourir ? Dès lors que vous jugerez acceptable le niveau de risque d’une
menace potentielle : si cette dernière a peu de chances de se produire, si les répercussions
négatives du risque sont mineures ou si les coûts engendrés par le processus d’atténuation sont
supérieurs aux coûts encourus si le risque venait à se concrétiser.
Exemple : votre entreprise propose un service de livraison de fleurs et fait confiance au même
fleuriste pour lui fournir des roses depuis cinq ans. Au cours de toutes ces années, le fleuriste n’a
jamais manqué un seul envoi pour la Saint-Valentin. La fête des amoureux est même devenue
l’un de vos principaux moteurs de rentabilité. Par conséquent, si le fleuriste venait à manquer
une livraison, l’impact sur les recettes et la réputation de l’entreprise serait conséquent.
Heureusement, ce scénario délicat n’est jamais devenu réalité. En outre, dénicher un autre
fleuriste et s’accorder pour un approvisionnement de fleurs en urgence coûterait (très) cher à
l’entreprise, et entraînerait logiquement du gaspillage. Toutefois, le risque que votre fournisseur
habituel rate une livraison est faible et votre entreprise le juge acceptable. Elle va donc de
l’avant, sans prendre de mesures pour se protéger contre cette menace.

5. Surveiller les risques commerciaux en continu


L’atténuation des risques n’est pas un processus figé, elle évolue constamment. Les bases de
votre stratégie posées, continuez à surveiller les risques pour vous assurer que les probabilités de
survenue et la gravité n’augmentent pas. Vous serez ainsi prêts à agir en cas de nouveaux
risques.
Quelques astuces pour surveiller les risques commerciaux de manière continue :

• Commencez par établir une feuille de route de projet claire pour vous assurer que tous les
membres de l’équipe et les parties prenantes sont sur la même longueur d’onde
concernant la portée du projet et les résultats attendus.
• Faites le point régulièrement pour garder un œil sur la portée et l’état d’avancement du
projet.
• Suivez la progression et les performances en temps réel grâce à un logiciel de gestion de
projet permettant de suivre l’état d’avancement de l’initiative.
• Surveillez les dépenses pour un contrôle des coûts efficace.
• Définissez-le budget du projet dès le départ.
• Utilisez des techniques et outils de gestion du temps (comme des modèles d’agenda
quotidien) pour mener à bien tous vos projets.
• Créez un plan d’allocation des ressources pour réduire les risques liés à ces dernières.
• Surveillez de manière proactive l’évolution des conditions commerciales et adaptez votre
stratégie si nécessaire.
• Élaborez un plan de gestion de crise pour répondre aux menaces critiques pour
l’entreprise.

Section 3 : Stratégie de Transfert des Risques

La gestion des risques est une composante essentielle de toute entreprise prospère. Dans
un monde où l'incertitude est la seule constante, adopter une approche stratégique pour
transférer les risques peut s'avérer cruciale pour la pérennité et la croissance d'une
organisation. La stratégie de transfert des risques consiste à déplacer une partie ou la
totalité des risques vers une tierce partie, réduisant ainsi l'exposition financière et
opérationnelle de l'entreprise.

• Assurance : L'assurance demeure l'outil de transfert des risques le plus


couramment utilisé. En souscrivant à des polices d'assurance appropriées, une
entreprise peut se protéger contre une gamme de risques, tels que les dommages
matériels, les pertes financières, la responsabilité civile, ou même les interruptions
d'activité. En échange du paiement de primes régulières, les assureurs acceptent de
couvrir les coûts associés à d'éventuels événements imprévus, offrant ainsi une
forme de tranquillité d'esprit aux entreprises.

• Contrats et Accords de Partenariat : Les contrats et les accords de partenariat


peuvent également être utilisés pour transférer les risques. En définissant
clairement les responsabilités, les obligations et les clauses de non-responsabilité
dans les contrats avec des fournisseurs, des sous-traitants ou des partenaires
commerciaux, une entreprise peut déplacer une partie des risques liés à ses activités
vers ces tiers. Ces contrats doivent être soigneusement rédigés pour garantir une
protection adéquate et une répartition équitable des risques entre les parties
impliquées.

• Dérivés Financiers : Les dérivés financiers, tels que les options, les contrats à
terme et les swaps, offrent également des moyens sophistiqués de transférer les
risques financiers. En utilisant ces instruments, une entreprise peut se prémunir
contre les fluctuations des taux de change, des prix des matières premières ou des
taux d'intérêt, entre autres. Cependant, l'utilisation de dérivés financiers nécessite
une expertise technique et une compréhension approfondie des marchés financiers
pour éviter les pertes potentielles.

• Externalisation : L'externalisation de certaines fonctions commerciales à des


fournisseurs spécialisés peut également constituer une stratégie de transfert des
risques efficace. Par exemple, externaliser les services informatiques à un
prestataire de services gérés peut déplacer les risques liés à la sécurité des données
et aux pannes techniques vers ce fournisseur, tout en permettant à l'entreprise de se
concentrer sur ses activités principales.

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