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Épreuves Thématiques en Clinique Infantile. Approche Psychanalytique-2022
Épreuves Thématiques en Clinique Infantile. Approche Psychanalytique-2022
Épreuves
thématiques
en clinique infantile
Illustration de couverture
Franco Novati
©©Dunod,
Dunod,2015
2022
© Dunod,
© Dunod, 20062006, pour
et 2015 l’ancienne
pour présentation
les anciennes présentations
11 rue
11 ruePaul
PaulBert,
Bert,92240
92240Malakoff
Malakoff
www.dunod.com
www.dunod.com
ISBN 978-2-10-084024-3
978-2-10-072743-8
TABLE DES MATIÈRES
Préface IX
Avant-propos 3
1. Utilisation des épreuves thématiques chez l’enfant 11
1.1. Principes généraux 11
• Les contextes de pratique 11
• Place des épreuves thématiques dans l’examen
psychologique de l’enfant 12
• Choix de l’épreuve thématique 14
• La prise en note du matériel 16
1.2. Fondements théoriques 18
• Réel et fantasme dans la situation thématique 18
• Objectif des épreuves thématiques 22
Première partie
ÉPREUVES DE JEU : LE SCÉNO-TEST
V
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Deuxième partie
ÉPREUVES THÉMATIQUES VERBALES
VI
TABLE DES MATIÈRES
VII
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Bibliographie 219
VIII
PRÉFACE
L’utilisation des épreuves projectives en clinique de l’enfant est à la
fois plus répandue et davantage admise qu’en clinique adulte. Pourtant, si
les travaux ont abondé en diversité et en qualité dans le domaine du test
de Rorschach, l’expérimentation et l’élaboration des données projectives
des épreuves thématiques sont restées jusqu’ici très empiriques et ont
rarement été véritablement pensées théoriquement. Or l’utilisation
conjointe du Rorschach et d’une épreuve thématique au moins s’impose
si la démarche d’investigation obéit à des critères de rigueur de validité.
La complémentarité de ces deux types de tests met en évidence l’éventail
des conduites psychiques dont dispose l’enfant lorsqu’il est confronté à
des stimuli requérant des opérations mentales différentes du fait de la
qualité spécifique des matériaux proposés et des consignes singulières
énoncées pour chacun d’entre eux.
L’intérêt des méthodes projectives dans les examens psychologiques
d’enfants apparaît dès lors qu’on se penche sur ce mode d’approche dans
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
IX
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
X
PRÉFACE
XI
« [...] Alors Josette parle comme
son papa lui apprend à parler. Elle
dit :
– Je regarde par la chaise en man-
geant mon oreiller. J’ouvre le
mur, je marche avec mes oreilles.
J’ai dix yeux pour marcher, j’ai
deux doigts pour regarder. Je
m’asseois avec ma tête sur le
plancher. Je mets mon derrière
sur le plafond. Quand j’ai mangé
la boîte à musique, je mets de la
confiture sur la descente de lit et
j’ai un bon dessert. Prend la
fenêtre, papa, et dessine-moi des
images. »
Eugène Ionesco,
Conte numéro 2 pour enfants de
moins de trois ans, éd. H.-Quist,
Paris, 1970.
AVANT-PROPOS
S’il est des expériences relationnelles et intellectuelles stimulantes,
c’est bien celle qui, depuis de nombreuses années, nous lie au travail
d’élaboration et de réflexion du Groupe de recherche en psychologie pro-
jective de l’université Paris-V. De ses discussions animées et productrices
devaient naître la rédaction du Manuel d’utilisation du TAT1 puis celle du
Nouveau Manuel du TAT2 auxquelles nous avons eu le bonheur de parti-
ciper. On peut dire que le présent ouvrage a largement bénéficié de cet
élan et qu’il prolonge en quelque sorte, à propos de l’enfant, la réflexion
engagée à partir l’adulte. Il est aussi le fruit d’une longue maturation
acquise grâce à la pratique clinique auprès des enfants et des adultes. La
rencontre, entre autres, avec les jeunes enfants et avec les bébés, souf-
frants ou bien portants, nous a beaucoup appris et continue à nous inter-
roger sur la genèse des phénomènes psychiques, sur les continuités et sur
les discontinuités qui régissent les diverses étapes de la vie.
De nombreux travaux de qualité existent aujourd’hui sur l’approche
projective du psychisme : Le Rorschach en clinique adulte de Catherine
Chabert et le Nouveau Manuel du TAT. Approche psychanalytique2 dirigé
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
4
AVANT-PROPOS
5
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
gie de l’enfant. Ils ne sont donc pas transposables sous cette forme aux
productions thématiques des enfants et n’ont pas de sens du tout chez le
très jeune enfant. Aussi fallait-il prévoir un modèle d’analyse et d’inter-
prétation suffisamment large et ouvert pour tenter de saisir, sans figer, et
ceci à des âges très différents, la façon dont le psychisme se structure et
les entraves qu’il peut rencontrer.
Nous avons abouti à la construction simplifiée de deux grilles de
dépouillement : l’une, destinée à l’analyse des procédés utilisés lors d’un
jeu comme le scéno-test, est applicable à toute épreuve de jeu standardi-
sée (comme le test du village ou le test du monde par exemple) ; l’autre,
établie en vue du décryptage des procédés verbaux, peut s’appliquer à
n’importe quelle épreuve thématique faisant appel au récit à partir d’une
image. Les deux grilles se recoupent par moment mais, dans l’ensemble,
elles tiennent compte de la spécificité des situations.
Par souci d’extrême prudence, les procédés n’ont pas été regroupés
sous forme de rubriques psychopathologiques afin d’éviter à tout prix les
interprétations diagnostiques automatiques, toujours un peu tentantes
pour le psychologue débutant. Les items, descriptifs, désignés par une
simple abréviation pour commodité d’écriture, sont la plupart polysé-
miques suivant l’âge et les contextes. Leur contenu et leur chronologie
s’échelonnent le long d’un axe de maturation allant du corps à la pensée,
de la dépendance à l’autonomie, de la perception à la mentalisation, au
fur et à mesure de l’élaboration de l’appareil psychique ; mais à la diffé-
rence des grilles existantes, chaque rubrique peut illustrer ce qui se
construit et aussi ce qui se désorganise. Une large place est consacrée aux
modalités corporelles, motrices et relationnelles des jeunes enfants, les-
quelles n’ont pas leur équivalent plus tard, tandis que certains items ver-
baux anticipent des formes du discours propres aux protocoles d’adultes.
Seul un regroupement effectué à partir d’une analyse fine, au cas par
cas, permet de dégager les configurations défensives dominantes et
d’éventuelles implications psychopathologiques orientant le diagnostic.
En fait, aussi importante soit cette étape, on peut dire sans boutade que le
but essentiel du dépouillement et de l’interprétation n’est pas d’établir le
diagnostic mais d’apprécier les possibilités qu’a l’enfant de s’en départir.
Cela revient à privilégier une lecture dynamique et économique des arti-
culations défensives pour appréhender comment les différents conflits
réactivés par le matériel s’aménagent, évoluent dans le temps de la passa-
tion et en fonction de la relation établie avec le clinicien.
Il est bien évident qu’une telle approche du diagnostic et du pronostic
s’appuie sur un principe nosographique implicite qui doit être explicité ;
chaque principe a en effet sa cohérence. Les troubles psychiques de
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AVANT-PROPOS
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
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AVANT-PROPOS
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1. UTILISATION DES ÉPREUVES
THÉMATIQUES CHEZ L’ENFANT
1. En France, cette formation donnant lieu à un diplôme national dure cinq ans.
L’Institut de psychologie de Paris délivre en outre un Diplôme d’université de psycholo-
gie projective, préparé en deux ans, et dispense une formation continue.
2. Dans l’attente de nouveaux décrets, les psychologues scolaires peuvent être formés
en quatre ans.
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
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UTILISATION DES ÉPREUVES THÉMATIQUES CHEZ L’ENFANT
1. WISC-III : Wechsler Intelligence Scale for Children, Revised, ECPA, Paris 1996 ;
échelle applicable à partir de 6 ans
2. WPPSIR : Wechsler Preschool and Primary Scale of Intelligence Revised, ECPA,
Paris, 1995 ; échelle adaptée aux enfants de 4 à 6 ans.
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
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UTILISATION DES ÉPREUVES THÉMATIQUES CHEZ L’ENFANT
quate. Les repères d’âge ne peuvent être qu’approximatifs car des enfants
immatures de 11-12 ans peuvent se montrer à l’aise avec le CAT et le PN
alors que certains petits de 5-6 ans, très valorisés par la situation, préfère-
ront un matériel pour adultes.
Le constat d’une dysharmonie ou d’une déficience intellectuelle ou ins-
trumentale conduira à proposer le scéno-test et aussi, si possible, une
épreuve verbale, afin de comparer les deux situations. Cette symptomato-
logie ne constitue en tous cas pas une contre-indication à l’approche pro-
jective, bien au contraire ; car il peut s’agir précisément de saisir le sens
de cette psychopathologie particulière quand on sait que la déficience se
range parfois parmi les analgésiques les plus puissants et les plus invali-
dants de la souffrance psychique. Combien de psychoses et de prépsy-
choses se développent en effet à bas bruit derrière le paravent de
l’expression déficitaire ! Dans le cas de déficiences physiques ou neuro-
logiques connues, l’important est d’apprécier comment le psychisme,
malgré tout, s’organise et quel est son potentiel d’évolution.
Les limites d’âge d’application des épreuves thématiques pour enfants
– 3 et 12 ans – sont bien entendu, elles aussi, approximatives : certains
enfants de 2 ans et demi et même 2 ans sont parfaitement capables
d’organiser un jeu avec les pièces du scéno-test et même de fournir une
description déjà très personnelle des planches du CAT. Aux alentours de
12 ans, le critère de la maturité psychique et physiologique est détermi-
nant pour savoir à quel moment il vaut mieux passer à des explorations
plus adéquates. L’auteur du scéno-test et celui du Pattenoire suggéraient
d’appliquer leur épreuve auprès des adolescents et des adultes. Il existe
même des tentatives d’utilisation du CAT auprès d’adultes. Ces pratiques
sont en général peu adaptées : l’adolescent et l’adulte souffrant de
troubles psychiques ne peuvent être assimilés à des enfants et c’est les
soumettre à des contraintes narcissiquement blessantes que de leur pro-
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poser des inductions les plaçant, de fait, dans une situation de régression.
Le choix de l’épreuve peut, suivant les objectifs du bilan, s’effectuer en
fonction des caractéristiques du matériel. En règle générale, on peut dire
que plus un matériel est structuré sur le plan manifeste, plus il invite à la
reconnaissance perceptive ; plus il est flou, plus il favorise à l’inverse le
travail de l’imaginaire – « la rêverie imageante » comme le disait si juste-
ment D. Lagache (1957). Le dessin des planches du PN est très précis,
laissant peu de place aux ambiguïtés perceptives. Le CAT, et surtout le
TAT, comprennent des dessins prégnants renvoyant à des situations
concrètes et familières et d’autres où les estompages et le caractère moins
figuratif font davantage appel aux capacités d’aménager l’ambiguïté per-
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UTILISATION DES ÉPREUVES THÉMATIQUES CHEZ L’ENFANT
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UTILISATION DES ÉPREUVES THÉMATIQUES CHEZ L’ENFANT
objet unifié, à la fois externe et interne, mais c’est là aussi que survient le
risque dépressif de le perdre. Si le moi se trouve menacé par la crainte de
perdre ses objets internes difficilement rassemblés, il tentera d’éprouver
leur permanence et leur solidité à travers des conduites de récupération :
conduites fructueuses et sources d’expériences enrichissantes et de créa-
tivité si le moi n’est pas trop appauvri ni affaibli ; conduites dérisoires,
voire catastrophiques lorsque le travail défensif s’accroît à la mesure de
l’effritement des objets internalisés.
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UTILISATION DES ÉPREUVES THÉMATIQUES CHEZ L’ENFANT
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
1. Freud S. (1905, éd. révisée 1923), Trois essais sur la théorie de la sexualité, tr. fr.
Paris, Gallimard, 1962, coll. Idées.
2. On appelle « pulsion » « un processus dynamique consistant dans une poussée (char-
ge énergétique, facteur de motricité) qui fait tendre l’organisme vers un but. Selon Freud,
une pulsion a sa source dans une excitation corporelle (état de tension) ; son but est de
supprimer l’état de tension qui règne à la source pulsionnelle ; c’est dans l’objet ou grâce
à lui que la pulsion peut atteindre son but » (Laplanche J. et Pontalis J.-B.,1967, p. 359).
Les pulsions partielles s’entendent au sens génétique et structural ; elles appartiennent
dans la première conception freudienne aux pulsions sexuelles, qui « fonctionnent
d’abord indépendamment et tendent à s’unir dans les différentes organisations
libidinales » ( ibid., p. 367).
3. Anzieu D. (1985), Le Moi-peau, Paris, Dunod.
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UTILISATION DES ÉPREUVES THÉMATIQUES CHEZ L’ENFANT
1. La définition donnée par Laplanche J. et Pontalis J.-B. (1967, p. 294) est la suivante :
« type d’objets visés par les pulsions partielles sans que cela implique qu’une personne,
dans son ensemble, soit prise comme objet d’amour. Il s’agit principalement de parties du
corps, réelles ou fantasmées (sein, féces, pénis) et de leurs équivalents symboliques.
Même une personne peut s’identifier à ou être identifiée à un objet partiel. »
2. « Par individuation, M. Mahler entend l’investissement progressif des fonctions du
moi et particulièrement de la représentation du self. Le processus de séparation met plutôt
l’accent sur l’investissement progressif de l’objet qui passe d’un objet partiel, satisfaisant
les besoins de l’enfant, jusqu’à un objet total et constant. » Définition proposée (p. 44)
par Cramer B. in Les psychoses infantiles et les étapes du développement, de la sépara-
tion et de l’individuation chez Margaret Mahler, in Lebovici S., Diatkine R., Soulé M.
(édit.), Nouveau Traité de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, vol. 2, p. 1014.
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UTILISATION DES ÉPREUVES THÉMATIQUES CHEZ L’ENFANT
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
L’organisation défensive
L’activité psychique défensive est la plus aisément repérable au moyen
des épreuves thématiques, puisqu’elle est supposée reflétée par la forme
même des réponses. Rappelons que sont considérés comme défensifs, au
sens strict, les mécanismes mentaux intervenant dans la gestion des
conflits libidinaux. Au sens plus large proposé par A. Freud (1946), il
s’agit de n’importe quelle activité, psychique ou non, dont la finalité est
de s’opposer à l’émergence d’angoisse d’origine conflictuelle. Par exten-
sion, comme le montre l’école psychosomatique de Paris impulsée par P.
Marty (1976, 1980), les activités corporelle, motrice, sensorielle et, d’une
certaine façon, relationnelle participent au travail défensif par des voies
autres que les voies mentales.
L’activité défensive est inhérente au développement psychique. Ne
deviennent pathologiques que les systématisations appauvrissantes et les
entraves durables à l’élaboration des conflits. Les modalités défensives,
variables selon chacun en qualité et en quantité, évoluent avec l’âge et
sont soumises à des remaniements qualitatifs et quantitatifs tout au long
de l’existence en fonction des possibles résurgences conflictuelles. Elles
impriment des mouvements discontinus d’avance, de régression, de fragi-
lisation et/ou de consolidation de l’appareil psychique. Leur répartition et
leur articulation dessinent l’orientation des formes cliniques et patholo-
giques suivant leur participation, respectivement, à la construction identi-
taire, à l’élaboration de la position dépressive et aux choix identifica-
toires.
Chez le jeune enfant prédominent les défenses dites primitives du moi,
engagées dans les processus identitaires. Ce sont en particulier le déni
(de la réalité externe et interne), le clivage (du moi et de l’objet), la pro-
jection (sous ses différentes formes). Ces modalités en principe s’estom-
pent avec le temps. A. Freud (1946) a notamment insisté sur la fonction
défensive du fantasme, en tant que négation, mais aussi sur la façon dont
l’identification façonne les idéaux du moi tout comme elle peut entraver
le processus maturatif. Les mêmes mécanismes, suivant les contextes,
peuvent être structurants ou destructurants. L’exemple entre autres
qu’elle développe est « l’identification à l’agresseur », un mécanisme
structurant le surmoi s’il correspond à une intériorisation de l’agressivité
des adultes devant lesquels l’enfant se sent coupable ; le même mécanis-
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UTILISATION DES ÉPREUVES THÉMATIQUES CHEZ L’ENFANT
1. Tous ces termes seront repris lors de la présentation des procédés sous-tendus par
ces modalités défensives.
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
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Première partie
ÉPREUVES DE JEU :
LE SCÉNO-TEST
2. LE SCÉNO-TEST :
THÉORIE ET UTILISATION
Préalables
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
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LE SCÉNO-TEST : THÉORIE ET UTILISATION
La situation scéno-test
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
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LE SCÉNO-TEST : THÉORIE ET UTILISATION
Du corps au symbole
Obéissant aux lois générales du développement allant « de l’acte à la
pensée », comme le soutenait H. Wallon (1942), ou de la décharge motri-
ce à des conduites élaborées, le jeu au scéno-test met en œuvre des pro-
cédés de plus en plus complexes et de plus en plus diversifiés avec l’âge,
dépendant du degré de maturation instrumentale et pulsionnelle. À la dif-
férence des procédés propres aux épreuves thématiques verbales, les pro-
cédés de jeu mis au service de l’expression des problématiques, dans la
mesure où ils engagent l’expression corporelle, ne rendent pas seulement
compte de l’aménagement ou du déploiement des mécanismes défensifs
disponibles, mais peuvent aussi traduire directement l’émergence pul-
sionnelle sans passer par la symbolisation du langage. Émergences
d’autant plus massives que le moi est encore immature ou inapte au
déploiement de modalités plus élaborées, mais dont la persistance est
favorisée par la nature du matériel, y compris lorsque se font jour des
capacités d’organiser un jeu.
On peut schématiquement regrouper trois sortes de procédés évoluant
en principe avec l’âge1.
Les procédés sensori-moteurs correspondent globalement sur le plan
cognitif à l’intelligence sensori-motrice culminant les deux premières
années. Piaget (1945) dénomme « jeux d’exercice » les activités ludiques
contemporaines de cette phase qui peu à peu s’orientent vers la découver-
te, l’intégration et la combinaison d’expériences nouvelles. Dans leurs
formes initiales, ces activités sont en même temps très directement liées à
leurs origines somatiques et à l’expression des mouvements pulsionnels
qui les sous-tendent. Les mouvements pulsionnels trouvent en effet une
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
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LE SCÉNO-TEST : THÉORIE ET UTILISATION
S’il est vrai que les productions ludiques infantiles donnent ainsi très
tôt accès aux préfigurations défensives existant dans tout psychisme nais-
sant, il faudra attendre l’avènement présumé de l’axe œdipien pour que la
notion de compromis défensif prenne tout son sens.
Les procédés liés à l’intériorisation des règles et des consignes corres-
pondent théoriquement à une phase tardive ; celle où, selon Piaget, des
« jeux de règles » prédominent ; celle, en d’autres termes, où le déclin de
l’Œdipe autorise l’introduction d’une dimension surmoïque et socialisan-
te en rendant disponibles les capacités organisationnelles à travers la
valorisation de la maîtrise des manipulations concrètes. Ces procédés ont
leur apogée après 7-8 ans, au moment où l’intallation de la phase de
latence donne lieu, non plus à l’expression immédiate des mouvements
pulsionnels, mais à leur traduction défensive qui, tout en étant sujette à
de multiples remaniements, dessine la configuration psychique du
moment. Dans la mesure où les exigences pulsionnelles sont relativement
tenues à l’écart, l’espace de jeu peut alors se déployer à « bonne distance »
de la consigne, s’affiner, se compliquer à loisir, favorisant parfois
d’authentiques performances motrices ; à l’inverse, il devient figé, répéti-
tif, discontinu, à la limite chaotique, dès lors que la pression pulsionnelle
s’exerce trop intensément pour permettre un compromis entre les émer-
gences fantasmatiques et leur régulation codifiée.
Prendre en compte les règles et les consignes dans le sens des interdits
surmoïques a pour corollaire l’intériorisation des choix identificatoires :
« jouer comme une fille, comme un garçon ». Prototype du conflit œdi-
pien par excellence, son implication au niveau du jeu réside dans la
sexualisation des procédés, une sexualisation qui tout en se faisant jour
dès le prélude des repères œdipiens (H. Roiphe, E. Galenson, 1981) ne
revêt sa spécificité qu’avec l’accalmie des motions conflictuelles. Il sem-
blerait bien que les filles utilisent de préférence les marionnettes tandis
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
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LE SCÉNO-TEST : THÉORIE ET UTILISATION
thologie du jeu. Déjà, en partant des constatations les plus simples, nous
pouvons affirmer que tout enfant bien portant, comme du reste tout petit
d’animal, d’une manière ou d’une autre, joue, définissant par là même
son appartenance au monde des êtres vivants. La suspension d’investisse-
ment, a fortiori le désintérêt pour toute activité ludique face à un matériel
aussi attrayant que le scéno-test, prend ainsi invariablement valeur de
signal d’une défaillance, temporaire ou plus durable, du fonctionnement
psychique pour des raisons qui restent à définir et dont les facteurs soma-
tiques ne sont jamais exclus. Parents, éducateurs et pédiatres reconnais-
sent d’ailleurs bien, à travers les manifestations inhabituelles d’une bais-
se du régime des activités ludiques, l’annonce d’une désorganisation
somatique passagère.
De même, les marques d’une excitation exagérée, au point d’entraver
ou d’interrompre le jeu, peuvent, elles aussi, signaler des perturbations
provisoires ou plus profondément ancrées dans le fonctionnement. D’où
l’absolue nécessité de se référer à ce que l’entourage décrit des activités
habituelles de l’enfant et de renouveler l’observation dans des conditions
éventuellement plus favorables si le psychologue veut éviter de prendre
pour une psychose un simple début de rougeole ou de passer à côté de
troubles psychiques réels et parfois graves.
Enfin, deviennent caractéristiques de certaines souffrances les regrou-
pements privilégiés de procédés de jeu du même type, la répétition dans
l’espace et dans le temps d’activités qui, de façon compulsive, traduisent
la mobilisation exclusive et/ou appauvrissante du fonctionnement psy-
chique à l’encontre de potentielles émergences d’angoisse liées au
registre conflictuel sous-jacent : c’est là que prennent sens les méca-
nismes défensifs en s’associant, en s’articulant les uns aux autres, pour
spécifier le style original de chaque création pathologique, tout en portant
la griffe du groupe nosologique d’appartenance.
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Présentation du matériel
Le matériel manifeste
La composition du matériel est décrite par G. von Staabs dans un souci
de standardisation des conditions de passation. Nous présentons la dispo-
sition initiale préconisée par le manuel de l’auteur en intégrant les légers
remaniements des éditions récentes mais en excluant les significations
préétablies en termes de parenté, de rôle social ou de transparence sym-
bolique, faisant partie du matériel latent.
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bleu
rouge père en tenue
de ville grand-père mère en tenue
5 arbres voiture vert de ville
3 parterres de course jaune
plateau bleu/bleu
vert/vert médecin employée
seau à traire grand-mère de maison
jaune/jaune père en tenue
bleu de sport mère en tenue
lessiveuse rouge d'intérieur
vert
j jaune
vert
renard jars a bleu/bleu
oiseau cigogne jaune/jaune grand garçon princesse grande fillette
voiture u rouge
singe poule de tourisme
gr. cochon 2 poussins rouge rouge
n
pt. cochon jaune jaune
e vert petit garçon bébé petite fille
nain rouge rouge
bonhomme de neige
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Schéma de rangement
centimètres, 53 x 40 x 6), fermée par un couvercle réversible (53 x 40 x
Les pièces sont réunies dans une boîte rigide portative (au format, en
2,5). Les rangements très précis sont matérialisés par des divisions et des
2 enfants
f 3 : Fille (8 cm) en robe longue d’organdi, rose, ceinture et rubans dorés
(« princesse » : Pr)
Bb : Bébé (5 cm) dans pochette matelassée (« bébé emmailloté » : Bb)
Un morceau d’étoffe disposé avec le bébé (« couverture »)
3 enfants
g 1 : Garçon (8 cm) en pantalon et pull-over (« écolier » ou « grand gar-
çon » : G)
1. La version tenue de sport en culotte bavaroise a été modifiée dans les éditions
récentes du matériel au profit d’une tenue de type survêtement.
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
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LE SCÉNO-TEST : THÉORIE ET UTILISATION
– des animaux : une vache plus grosse que toutes les autres pièces
(pattes et queue articulées) ; un crocodile figuré de profil, la gueule
ouverte, dents marquées ; un chien en peluche ;
– du mobilier : chaise droite, chaise-longue pliante, siège-wc à couvercle
rabattable ; un tapis ou couverture de fourrure ;
– des accessoires : une batte, une bêche, un tableau-ardoise sur trépied,
une colonne Morris ;
– un train en bois (locomotive et 3 wagons assemblables, roues mobiles).
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Les indications
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LE SCÉNO-TEST : THÉORIE ET UTILISATION
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
plus grands (9-12 ans), qui ont d’autant plus plaisir à « jouer » que l’exa-
men verbal a été vécu sur le mode d’une contrainte scolaire. Présentée en
unique séance, de préférence à la fin du bilan, elle le ponctue de façon
agréable et souvent gratifiante après un effort soutenu. Placée en premier,
elle risquerait de rendre bien peu attrayantes les autres situations projec-
tives et d’engendrer une excitation encombrante pour le déroulement de
la suite du bilan. Toutefois avec des enfants particulièrement inquiets,
inhibés ou opposants, une entrée en contact au moyen d’un matériel de
jeu créera une détente favorable à la participation. Rien n’empêche dans
pareils cas de conduire l’examen en deux séances au lieu d’une et de
compenser, par la répétition dans le temps d’épreuves identiques, l’insuf-
fisance des informations recueillies du fait de l’inhibition ou d’attitudes
oppositionnelles.
L’enfant perçoit en général les différences inhérentes à chaque situation
et s’adapte à la spécificité de chacune d’elles, suivant des modalités com-
plémentaires et/ou contradictoires. L’intérêt est précisément de comparer
les données et d’estimer la diversité des modes d’adaptation à travers des
incitations d’ordre différents. L’écart entre épreuves verbales et non ver-
bales peut s’avérer saisissant chez certains enfants qui montrent une dex-
térité, une organisation spatiale et une aptitude inattendues pour dévelop-
per temporellement une scène, voire un récit, dès lors qu’ils disposent
d’un matériel concret. Cela pourra se traduire chez certains en termes de
désinhibition favorable mais refléter chez d’autres la dépendance à la réa-
lité d’un support liée à leur problématique spécifique.
La question de la présence d’un tiers peut se poser pour les enfants très
jeunes ou souffrant de difficultés de séparation plus ou moins pronon-
cées. Il est traditionnel de considérer cette présence comme non souhai-
table ; mais si ce que l’on teste est notamment la capacité de l’enfant à
évoluer seul, on ne saurait lui infliger cette obligation : faute de pouvoir
réunir les conditions optimales, l’examen se déroulera en présence du
tiers, parent ou personnel infirmier privilégié par exemple. L’analyse des
conduites interactives triangulaires et non duelles en sera seulement plus
complexe, mettant à l’épreuve les capacités d’adaptation du clinicien à
des situations souvent difficiles et imprévues.
Certaines consultations sont conditionnées par le concours d’un inter-
prète, précieux médiateur sans lequel un minimum d’échange est parfois
interdit. Pleinement efficace dans l’approche de la vie et des activités
48
LE SCÉNO-TEST : THÉORIE ET UTILISATION
La passation
Disposition spatiale
Conformément aux modalités standardisées préconisées par G. von
Staabs, la boîte est disposée devant l’enfant, côté large et marionnettes
face à lui, aisément accessibles. Le couvercle à l’envers qui sert d’aire de
jeu est placé à droite dans le prolongement de la boîte. Il est préférable
d’utiliser une table solide, haute ou basse, adaptée à la taille de l’enfant
en position debout ou assise, plutôt que la moquette au sol, afin d’aider à
mieux différencier les espaces de jeu et les autres.
La consigne
L’inventeur du scéno-test invitait à « construire quelque chose à l’aide
du matériel disponible » en demandant aux enfants plus âgés de
« construire ce qui leur passe par la tête, n’importe quoi » afin d’éviter
une contrainte de type scolaire.
Compte tenu de la diversité et de la complexité des contextes cliniques
où le scéno-test est indiqué aujourd’hui, il paraît préférable de moduler la
consigne d’après la situation et d’offrir en même temps rigueur et souples-
se suivant les nécessités, tout en sachant ce que l’on cherche à induire ou à
éviter. Dans tous les cas, la consigne devra être soigneusement notée.
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
Pour les petits (3-5 ans) ne présentant a priori pas de troubles majeurs,
toute consigne est généralement superflue ; l’arrivée et l’ouverture de la
boîte sur la table constituent déjà un événement assez excitant pour que
l’exploration s’effectue spontanément. La difficulté consiste plutôt à déli-
miter l’aire de jeu et surtout à interrompre l’activité. Les petits inhibés,
eux, pourront être invités à coopérer. Il faudra dans certains cas dire et/ou
montrer qu’il y a des jouets dans la boîte, demander par exemple de trou-
ver les animaux, les poupées, les arbres... afin de stimuler la curiosité.
Les cas, très rares, de désintérêt total nécessitent de la part du clinicien
une ingéniosité et une adaptation particulières : il peut être amené à inter-
venir en manipulant quelques unes des pièces ou à s’appuyer sur la pré-
sence d’un tiers intermédiaire pour amorcer la relation.
49
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
La relation enfant-clinicien
L’aire transitionnelle
Partons d’un exemple précis : Alain, un garçon de 6 ans et 6 mois,
découvrant le matériel s’exclame avec enthousiasme : « Ah génial ! », et
ajoute après un léger temps d’arrêt : « Comme ça tu pourras travailler » ;
cela dit sans tristesse apparente mais avec la résignation des enfants habi-
tués trop tôt à s’occuper seuls, pour ne pas déranger. Cette résurgence d’un
vécu d’abandon en présence de l’autre trouve un écho chez le clinicien qui,
implicitement ou explicitement, est amené à se situer : non pas comme un
adulte indifférent, occupé à autre chose selon l’anticipation de l’enfant, ni
1. Indiquer le temps précis s’il est limité et si l’enfant sait lire l’heure.
50
LE SCÉNO-TEST : THÉORIE ET UTILISATION
51
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
52
3. DÉPOUILLEMENT DES ÉPREUVES
DE JEU
Étapes du dépouillement
Le dépouillement des protocoles recueillis consiste à réunir, à analyser et
à interpréter l’ensemble des informations suivant trois étapes :
– la première étape résume le déroulement global de l’épreuve et le
mode d’adaptation de l’enfant à la spécificité de la situation ;
– la seconde étape réside dans le dépouillement formel au moyen de
l’analyse des procédés de jeu ;
– la troisième étape, la synthèse, consiste à :
• regrouper les procédés en dégageant les articulations défensives,
• récapituler les principaux registres de problématiques,
• proposer une hypothèse concernant le fonctionnement psychique en
termes cliniques et/ou psychopathologiques, en réponse aux ques-
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
tions initiales.
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
1. Cf. avant-propos.
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DÉPOUILLEMENT DES ÉPREUVES DE JEU
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
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DÉPOUILLEMENT DES ÉPREUVES DE JEU
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
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DÉPOUILLEMENT DES ÉPREUVES DE JEU
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
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DÉPOUILLEMENT DES ÉPREUVES DE JEU
inoccupée.
Les procédés RE 4 (insistance sur le décor) ont quelque rapport avec
les précédents quand la priorité accordée au décor se double d’un
moindre intérêt pour les représentations de relation et pour le déploie-
ment de l’imaginaire. Durant les deux séances d’observation, Charlotte
(9 ans) dispose invariablement, en silence, les même éléments : les
arbres, les parterres de fleurs, la fille en robe d’organdi (f3) sur la chaise-
1. Procédés proches des procédés C/F du TAT de l’adulte, Nouveau Manuel du TAT,
Brelet-Foulard F., Chabert C. et al. (2003).
2. Procédés proches des procédés CN 4 du TAT, ibid.
61
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
longue, des cylindres en guise de socles avec des fleurs. L’espace est
ainsi narcissiquement comblé d’ornements harmonieux mais il ne s’y
passe rien, la scène reste immobile, figée comme une vitrine de jouets
d’exposition1.
62
DÉPOUILLEMENT DES ÉPREUVES DE JEU
d’administrer une fessée, elle assimile tour à tour les attitudes tendres et
agressives de la mère au nom de l’ambivalence.
Henri (5 ans) assied l’homme cravaté (H1) sur la vache et dit : « Allez
ava ! » [avance] sur un ton autoritaire ; « Allez au trava ! » [travail],
« Mains en l’air ! », écrase l’homme par terre : « Il a tué la va ! » [la
vache], l’écrase encore par terre, lui tord le cou : « Tonton il baisse la
tête, pourquoi je fais pipi au lit. » Dans cet exemple, il s’agit d’identifica-
tion à l’agresseur, banale à 5 ans, et trouvant au scéno-test de multiples
illustrations normales et pathologiques.
Les procédés IF 2 (mises en scènes faisant appel à l’univers des contes)
se rapportent à la mise en scène animée du matériel sous forme de contes
ou de fables soulignant leur caractère fictif. L’expression verbale complète
63
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
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DÉPOUILLEMENT DES ÉPREUVES DE JEU
et au contrôle (OC)1
OC 1 : Nommer, décrire, énumérer, compter, explorations exhaustives.
OC 2 : Constructions élaborées à partir du matériel non figuratif.
OC 3 : Rangements, alignements, dispositions symétriques.
OC 4 : Faire-défaire.
OC 5 : Isolement d’éléments.
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
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DÉPOUILLEMENT DES ÉPREUVES DE JEU
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
se toute puissante proche d’un déni ; mais en même temps il montre par
là comment ces deux opérations s’inscrivent dans une étape constructive
au cours de laquelle le réel se sépare de la fiction. L’indifférenciation en
revanche avec laquelle Véronique (6 ans et 7 mois) place côte à côte sur
le plateau tous les animaux comme s’ils étaient équivalents tient du déni,
un déni où la réalité des différences gros/petit, dangereux/inoffensif,
n’est pas observée.
Les procédés OC 7 (constructions bizarres), par définition hétérogènes
et illimités, ont pour dénominateur commun leur style rigide, la raideur
des manipulations étant du reste souvent accentuée par la « gaucherie »
gestuelle et posturale. La bizarrerie tient à l’inadéquation du geste, à la
nature des manipulations, mais aussi à l’incongruité temporelle signant la
déliaison des représentations. Dans tous ces cas, le clinicien reste exté-
rieur, perplexe, essayant vainement de restituer par son propre psychisme
des liens de pensée qui paraissent désarticulés. Les exemples les plus
patents proviennent des productions d’enfants psychotiques et/ou défi-
cients, sous la forme de combinaisons aberrantes marquées par la faillite
des repères spatiaux et catégoriels (petit/grand, dans/sur, intérieur/exté-
rieur...) à un âge où ceux-ci sont supposés acquis, ou par l’utilisation
d’éléments déviés de leur destination manifeste.
3.3. Synthèse
68
DÉPOUILLEMENT DES ÉPREUVES DE JEU
69
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
(point ou croix, peu importe) pour indiquer que ces procédés sont à ana-
lyser soigneusement.
En effet, compte tenu de la polysémie inhérente à la plupart des items,
le psychologue est invité à noter en clair ou à souligner les procédés
observés. Il lui faut surtout relever leur articulation temporelle dans le
déroulement du jeu et les éventuels passages d’une rubrique à l’autre.
Si le scéno-test a été pratiqué en plusieurs séances, ce travail sera
accompli pour chacune d’elles. Ce qui devient significatif d’un mode de
fonctionnement psychique donné, ce sont non seulement les types de
procédés utilisés mais principalement la façon dont ceux-ci peuvent évo-
luer dans l’espace-temps d’une séance ou dans le déroulement de plu-
sieurs séances, à l’image de l’évolution caractérisant en principe le psy-
chisme infantile.
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DÉPOUILLEMENT DES ÉPREUVES DE JEU
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Registres de problématiques
L’identité
Le questionnement identitaire peut revêtir diverses formes traduites
par :
– la différenciation soi/non soi, intérieur/extérieur, mobilisée dans la
situation même à travers la capacité d’occuper un espace défini et dif-
férencié des autres espaces ;
– l’intégrité et l’unification de l’image corporelle dans la mesure où le
corps et la motricité sont engagés dans des réalisations tridimension-
nelles ;
72
DÉPOUILLEMENT DES ÉPREUVES DE JEU
L’identification
conquêtes.
Le conflit œdipien
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
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DÉPOUILLEMENT DES ÉPREUVES DE JEU
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
76
4. ILLUSTRATIONS CLINIQUES
Première séance
Protocole
Xavier se précipite, dès son arrivée dans le bureau, sur la fenêtre, dont
il tourne la poignée dans un sens et dans l’autre à plusieurs reprises ; le
corps est orienté vers la pièce, le bras droit actif est tendu en arrière vers
la fenêtre, dans une position compliquant le but à atteindre. Il court vers
la table, allume et éteint quatre ou cinq fois la lampe de travail, saisit un
crayon en disant : « Tu fais un rond » et trace aussitôt un cercle sur notre
propre feuille d’observation, semble-t-il sans nous voir. Il grimpe très
habilement sur la table, hurle quand on essaie de l’en faire descendre et
77
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Analyse
Cette première séance met l’accent sur des éléments préoccupants
parmi lesquels frappent avant tout l’absence de relation avec le clinicien,
devenu comme transparent, et la confusion des espaces respectifs de cha-
cun. Plus discrètes, mais sans doute du même ordre, sont la facilité, un
peu excessive à cet âge, avec laquelle Xavier quitte sa mère pour pénétrer
dans un lieu inconnu et l’indifférence apparente avec laquelle il la retrou-
ve, comme si toutes ces situations étaient identiques.
La motricité globale se caractérise par le décalage existant entre
l’aisance à accomplir certaines performances complexes (grimper, des-
cendre de la table, s’y tenir debout) et la difficulté par exemple à des-
cendre un escalier, entre l’habileté à exercer certaines manipulations et
les bizarreries posturales. L’instabilité spectaculaire s’accompagne
d’explorations annexes, répétitives et stéréotypées, mais le niveau de réa-
lisation graphomoteur est conforme à l’âge chronologique.
Dans ce contexte de massivité des procédés « hors jeu » (HJ), l’utilisa-
tion du scéno-test paraît occasionnelle et aléatoire, ne faisant pas l’objet
d’investissements particuliers. L’exploration se limite à une rapide saisie
visuelle et à la sélection restrictive de quelques pièces (procédés EI 1), à
une ébauche d’interaction (tissu-voiture, SM 2) et à une imitation simple
à partir de la réalité perçue (voiture, RE 1). Activité motrice et verbalisa-
tion semblent déconnectées (IF 7). On note l’usage de la deuxième per-
sonne dans les commentaires, semble-t-il empruntés à des phrases enten-
dues en d’autres situations.
78
ILLUSTRATIONS CLINIQUES
Deuxième séance
Protocole
L’entrée en scène est la même, Xavier se précipite vers la poignée de
la fenêtre puis vers la porte, suivant les mêmes schèmes stéréotypés
avant de grimper à nouveau sur la table. Il regarde brièvement la boîte
du scéno-test, s’en détourne, redescend lestement, va sous la table,
retourne vers la fenêtre. Nous montrons les figurines g1 et f1 en disant :
« Regarde, Xavier, il y a aussi des poupées là, une poupée garçon, une
poupée fille. » Xavier répète très distinctement ce qu’il vient d’entendre,
imite la toux du clinicien dont il semble toujours ignorer la présence,
répète : « Une poupée garçon, une poupée fille », qui désigne indiffé-
remment les marionnettes g2 et f2. Il empile de façon précise quelques
pièces cylindriques, retourne vers la poignée de la fenêtre, revient, fait
tomber sa tour de cylindres en se donnant pour ordre : « Tu vas le cher-
cher » ; phrase qu’il répète inlassablement jusqu’à l’émission brutale
d’un hurlement strident, inattendu, incompréhensible pour l’autre. Il
ramasse un cylindre, le jette, le ramasse à nouveau et ceci jusqu’à la fin
de la séance.
Analyse
Outre la répétition de l’agitation motrice, des explorations annexes et
des stéréotypies (procédés HJ), la seconde séance confirme les difficultés
relationnelles majeures à travers une utilisation écholalique du langage
sans valeur de communication (IF 7). À côté de cela, les manipulations
toujours sélectives (EI 1) exécutées avec dextérité renvoient à la capacité
de combinaisons simples (SM 6) puis au jeu de disparition-réapparition
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
Troisième séance
Protocole
Xavier se dirige droit vers le scéno-test, sort la boîte de petits acces-
soires qu’il avait visiblement bien repérée et vide son contenu sur la
table. Nous nommons les objets qu’il explore : les gobelets, la cruche, le
petit pot..., l’enfant répète en écho les mots entendus, remet les acces-
soires dans la boîte, la vide, la remplit à nouveau. Il essaie de fermer le
79
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Analyse
Indépendamment des répétitions sensori-motrices engagées dans la
quête incessante d’une permanence de l’objet, le changement radical
réside lors de la troisième séance dans l’apparition d’une attitude explo-
ratoire active et dirigée, d’abord vers le matériel puis vers l’environne-
ment, qui semble soudain exister, de la même façon que le clinicien
semble retrouver un instant une matérialité corporelle. Au lieu de revêtir
comme au début le sens du désintérêt pour ce qu’on lui présente, les
explorations annexes (HJ 5) semblent au contraire marquer un mouve-
ment de réinvestissement objectal ; le mode d’expression phobique qui
apparaît alors, fait d’attraction et de crainte, non seulement permet de
délimiter l’espace connu de l’espace inconnu, mais de plus entraîne une
expression d’affect.
Quatrième séance
Protocole
Xavier s’achemine d’emblée vers la porte de communication et l’ouvre ;
il pénètre dans la pièce en disant : « Le bureau de maman. » Il revient
vers la table, sort de la boite du scéno-test la figurine H1 et la vache et les
80
ILLUSTRATIONS CLINIQUES
dispose sur le couvercle retourné utilisé comme plan incliné pour y faire
glisser les jouets. Il ramasse H1, dit : « C’est un papa », prend g1 en
disant : « C’est un garçon, c’est une fille », imprime une torsion aux deux
marionnettes en jargonnant de façon incompréhensible. Il sort la petite
boîte, commente : « Tourne le couvercle dans l’autre sens », répète plu-
sieurs fois cette même phrase, ouvre la boîte, la referme, l’ouvre à nou-
veau, la vide. Il saisit le pot de chambre, le nomme : « Le petit pot », et le
jette précipitamment dans le bureau adjacent avec pour commentaire :
« Le bureau comme papa, c’est le bureau de maman. » Il y pénètre et
répète la demande du clinicien d’aller « chercher le petit pot », éclaire et
éteint la lumière, sort et referme la porte. Il repart manipuler la poignée
de la fenêtre d’un côté, de l’autre, retourne aussitôt vers la pièce
mitoyenne, ouvre la porte, y jette la cruche, anticipant la demande de
l’adulte par l’injonction : « Va le chercher. » Il revient, allume et éteint la
lampe du bureau de consultation, s’empare du stylo que nous tenons en
disant : « Tu fais un rond », et, sans transition, projette violemment g1
contre le mur en disant : « Tu es un petit garçon. »
Xavier sélectionne les marionnettes féminines, se caresse la joue avec
leur tête, commente : « C’est un papa », les repose, prend les autres
marionnettes, qui se trouvent finalement toutes alignées. Il grimpe sur la
table, met un doigt sur la lampe, s’éloigne, chantonne. Il projette à nou-
veau vivement g1 contre le mur en chantonnant : « Lancer le petit garçon »,
et s’apprête à recommencer à travers une visible montée d’excitation.
Nous ramassons g1 et le disposons soigneusement dans son comparti-
ment. Xavier s’approche alors de nous en pointant son visage très près du
nôtre puis quitte brusquement la pièce pour rejoindre sa mère dans la
salle d’attente.
Analyse
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Synthèse
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ILLUSTRATIONS CLINIQUES
83
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Première séance
Protocole
Damien dispose la vache dans le couvercle, ajuste le train avec un plai-
sir manifeste tout en disant : « Ça aussi c’est rien du tout, j’aurais dû
m’en douter ! », sort les deux voitures. Celles-ci se tamponnent, avant
contre avant, puis heurtent successivement l’une et l’autre l’avant du
train. Damien reconstruit le train défait par cette manœuvre et recom-
mence : nouveaux heurts des voitures et du train accompagnés de brui-
tages. À la quatrième répétition du même numéro, le clinicien, un peu
lassé, suggère qu’ « il y a d’autres choses encore dans la boîte ». Damien
dispose en ligne tous les arbres et commente : « Y a un train et les deux
wagons doivent pas dépasser cet arbre » (celui qui est placé devant). Suit
un grand fracas : les wagons renversent le premier arbre qui à son tour
renverse les suivants. Il remet les arbres en place et répète la même scène
avec les voitures : « Les voitures ne doivent pas dépasser l’arbre. » Le
résultat final est le même. Damien remet les arbres dans leur emplace-
ment et place le train et les deux voitures en position d’affrontement
frontal : « C’est les voitures qui ont gagné et maintenant elles vont faire
une course pour se départager » (bruitage de voitures). « La voiture de
course a gagné », tandis que l’autre passe par dessus le bord du cou-
vercle. L’enfant aligne alors tous les animaux le long du bord du cou-
vercle, la voiture gagnante les terrasse l’un après l’autre jusqu’à rester
seule en piste.
Analyse
Le maniement de l’agressivité occupe tout l’espace de cette séance, sur
un mode très répétitif malgré quelques variantes introduites. L’appel à
des défenses essentiellement rigides est perceptible à travers les aligne-
ments (OC 3), le faire-défaire (OC 4), les isolements (OC 5), les dénéga-
tions verbalisées (OC 6). Ces modalités s’articulent à des mises en scène
mimées et verbalisées (IF 3) conditionnées par l’absence de figurines
humaines ; les déplacements sur des objets à valeur phallique signent la
transparence conflictuelle.
84
ILLUSTRATIONS CLINIQUES
Deuxième séance
Protocole
Damien annonce : « On va recommencer la bagarre ! » Il explore atten-
tivement le contenu de la boîte d’accessoires, dispose sur le plateau les
cochons, la poule, les poussins, le bonhomme de neige, tous les arbres, le
singe puis les oiseaux et la vache. Il regarde le siège percé, ouvre le cou-
vercle, le referme, dispose les fleurs. Tous ces éléments étant soigneuse-
ment alignés il dit : « Il va falloir se battre là-dessus » (montre les fleurs).
« En premier on va mettre les voitures contre les voitures, et celle-là qui a
gagné contre les oiseaux » (début de bagarre). Les pièces renversées sont
au fur et à mesure reposées dans la boîte. La procédure d’élimination est
systématique, un peu plus longue lorsqu’il est question de la vache ;
Damien commente en renversant la vache : « Je n’ai pas besoin de lait, je
prends de l’essence ! Tout le monde marche au super maintenant ! » Il
s’apprête à recommencer le même jeu, cette fois en alignant les mêmes
protagonistes en diagonale et en fixant une autre règle : « Il faut qu’il y
ait deux points d’écart maintenant pour être le vainqueur », et il ajoute :
« Ah il[s] étai[en]t mort[s], maintenant il[s] revit. » La bagarre recom-
mence de la même façon.
Analyse
Malgré les quinze jours qui espacent les deux séances, Damien, tout en
élargissant la sélection des jouets (OC 1), a recours aux mêmes procédés :
la compulsion de répétition est manifeste, alliant formation réactionnelle
et émergences agressives (OC 3, 4, 5 / IF 3). Ces dernières restent tou-
jours symbolisées, déplacées sur les objets familiers autres que les
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
Synthèse
85
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
86
Deuxième partie
ÉPREUVES THÉMATIQUES
VERBALES
Planche 3
88
5. LE CAT : THÉORIE ET UTILISATION
Historique
89
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
1. Au titre TAT and CAT in Clinical Use paru en 1954 s’est rajouté en 1975 le SAT,
version révisée du Senior Apperception Technique créé en 1973 à l’intention de l’explo-
ration du psychisme des personnes âgées.
2. Bellak L. (1990), p. 361, notre traduction.
90
LE CAT : THÉORIE ET UTILISATION
8 ans, suivant que l’on est fille ou garçon. C’est ce à quoi s’est appliquée,
en France, G. Boulanger-Balleyguier (1957, 1960, 1961), à travers un tra-
vail systématique planche par planche où elle décrit le matériel et dresse
la liste des thèmes attendus chez l’enfant « normal » en rapport avec
1. Une comparaison récente entre CAT et CAT-H (Gardner D. et Holmes C., 1990)
confirme les données antérieures suivant lesquelles il n’y a en fait pas de différence signi-
ficative entre les deux épreuves. Le décor est sensiblement le même, mais les animaux
sont remplacés par des humains. Il existe aussi un CAT-S (Children’s Apperception
Supplement) créé en 1952 par L. Bellak et S. Bellak à l’intention des très jeunes enfants.
Constitué de dix planches en carton fort, propice aux manipulations, le matériel est en fait
très peu utilisé.
91
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
92
LE CAT : THÉORIE ET UTILISATION
93
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
94
LE CAT : THÉORIE ET UTILISATION
devenant l’équivalent d’une chose »1. La nature du langage est, selon cet
auteur, déterminée par la capacité à un moment crucial d’acquérir un sys-
tème d’opposition sur lequel s’étaye le clivage entre les bonnes et les
mauvaises représentations des parents, capacité que la résurgence de ces
modes conflictuels fondamentaux met rudement à l’épreuve.
Ainsi, la possibilité qu’a le jeune enfant à traiter les images du CAT,
ou, mieux, à raconter des histoires à proximité des supports figurés et
latents, revêt une valeur hautement prédictive des capacités créatrices,
relationnelles, et des investissements ultérieurement accordés à la langue,
notamment écrite. Sans nécessairement revêtir les formes achevées d’un
récit construit, les prémices de ces investissements futurs, tributaires des
négociations pulsionnelles, résident déjà dans l’intérêt porté au matériel
de l’adulte et dans le plaisir à « jouer à mettre en mots » ce qui est perçu.
La situation CAT mobilise, chez le jeune enfant, la capitalisation de ses
ressources psychiques nouvelles ; la même épreuve, en période de laten-
ce, fait appel à la régression.
95
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Planche 1
Contenu manifeste : « Trois poussins assis autour d’une table sur laquelle
il y a un grand bol plein. Sur le côté, un grand poulet estompé » (CC). –
Bol de nourriture (MH).
D : cuillère, serviette.
Dd : tabouret, nappe, bois.
Contenu latent : « Renvoie à une relation à l’image maternelle de l’ordre
de l’oralité » (CC). – Les réponses concernent l’oralité, versus gratifica-
tion ou frustration, autour de laquelle se centre la rivalité fraternelle
(MH).
Planche 2
Contenu manifeste : « Un grand ours tire une corde, tirée de l’autre côté
par un autre grand ours avec un petit ours derrière » (CC). – Le petit ours
tire la corde avec le grand ours (MH).
96
LE CAT : THÉORIE ET UTILISATION
C. Chabert insiste à juste titre sur le fait que, si les différences de géné-
ration apparaissent très nettement à travers les différences de taille, la dif-
férence de sexe, elle, n’est pas précisée. La planche invite l’enfant à se
situer, d’une part, par rapport à la dialectique grand-petit, puissant-
impuissant, première ébauche de distinction identitaire puis identificatoi-
re ; d’autre part, par rapport à la perception du rapproché libidinal ou
conflictuel au sein du couple parental, différencié ou non.
a. Si la relation n’est pas reconnue dans sa triangulation, les protago-
nistes non différenciés exercent la même activité, dont la supériorité, au
mieux, est liée au plus grand nombre : « deux », plus grand ou plus fort
que « un ». La puissance confondue avec la toute-puissance non sexuée
peut rendre les animaux méconnaissables (« loups », « renards »,
« méchants ») associés à des fantasmes destructifs.
b. Le surinvestissement du support apparaît au détriment de la repré-
sentation de relation pour traduire avant tout le défaut du contenant
maternel non fiable ou lui-même précaire (« neige », « glace »). « La
famille des ours qui essaie de tirer la corde. Et puis y a un autre ours qui
veut tirer la corde. Je comprends maintenant, il doit être tombé, la
maman et peut-être il la remonte. [« Il la remonte ? »] Elle a glissé sur les
rochers parce que c’est de la glace, sur une montagne de glace. Et la
corde y en a un petit bout qui reste là » (Guy, 7 ans).
c. Dans un contexte œdipien, le matériel renvoie à la différence des
sexes des protagonistes, et au choix des alliances lié à la démarche identi-
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Planche 3
Contenu manifeste : « Un lion, ayant une pipe et une canne, est assis dans
un fauteuil. En bas de la planche à droite, une petite souris dans un trou »
(CC).
D : crinière, queue, griffes.
Dd : parterre fleuri, poutre en bois.
Contenu latent : « Renvoie à la relation à une image de puissance phal-
lique » (CC). – Renvoie à une image paternelle puissante dont les attri-
buts peuvent être valorisés ou dénigrés. La petite souris, à laquelle
s’identifie généralement l’enfant, incarne l’impuissance ou la ruse (MH).
Bien que l’image soit saturée d’éléments signifiants par le choix même
du bestiaire et par ses attributs virils, puissance et toute-puissance peu-
vent être associées tant à l’image paternelle qu’à l’image maternelle ou à
leur combinaison monstrueuse et indifférenciée1.
a. L’accès aux oppositions dialectiques puissance/impuissance,
gros/petit, dominant/dominé, actif/passif, fortement suggérées par la dis-
proportion relative des deux animaux, contribue aux différenciations
identitaires. Mais il dépend de la gestion des motions pulsionnelles
agressives : trop fortement sollicitées, celles-ci désorganisent le récit et
en empêchent les repérages essentiels. La puissance peut être assimilée à
une toute-puissance destructrice propice à la confusion des rôles et des
repères : « Un monstre [fait la grosse voix] sur une chaise, avec une
canne. Et ici c’est sa maison, un grand loup ! ouh ! [agite la planche] et
un... [bégaie ++] un... p... petit chien. Une pipe là. Il a des grosses dents !
[s’agite, se lève] » (Simon, 3 ans et 4 mois). La surcharge pulsionnelle
entraîne, dans ces contextes, des fantasmes destructifs dont la direction
pose problème : « Y a un tigre [...] il est pas content, peut-être qu’on l’a
fait mal [« On lui a fait mal ? »] On lui a fait du sang » (Jérémie, 5 ans et
4 mois).
b. L’absence d’un objet interne constitué empêche d’aborder la problé-
matique de puissance dont la représentation peut être réduite à une image
démunie ou soumise à l’étayage de l’autre. À la limite cette représenta-
tion peut évoquer une enveloppe vide (« baudruche », « pyjama en lion »).
Si la relation lion-souris est mentionnée, elle est de type prothétique :
« Là c’est... c’est un lion... grand-père, qui est roi et qui s’ennuie, une
souris qui le regarde décide de jouer pour lui, pour le distraire. Puis c’est
tout » (Charlotte, 9 ans).
98
LE CAT : THÉORIE ET UTILISATION
Planche 4
Contenu manifeste : « Un grand kangourou ayant un chapeau, un sac et
un panier dans lequel il y a une bouteille de lait. Il a dans sa poche ven-
trale un bébé kangourou qui tient un ballon. Derrière lui, un enfant kan-
gourou sur une bicyclette » (CC). Nous remplaçons « bouteille de lait »
par « des provisions ».
D : rubans, fleurs sur le chapeau, sapin.
Dd : sol, paysage, gris/blanc estompé.
Contenu latent : « Renvoie à la relation à l’image maternelle éventuelle-
ment dans un contexte de rivalité fraternelle » (CC). – M. Haworth
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
évoque, parmi les thèmes, la rivalité et ce qui se passe dans le ventre des
mamans. Les conflits d’autonomisation/dépendance sont portés par les
enfants kangourou.
C. Chabert a choisi une formulation vague, reprise ici pour tenir comp-
te des différents registres conflictuels possibles en dépit de la surdétermi-
nation féminine et maternelle du grand kangourou. Les différences de
taille et de position par rapport à la mère sont aussi clairement marquées,
de même que sont nettement définis les attributs de chacun des kangou-
rous : chacun tient ou possède à sa manière quelque chose dont la dimen-
sion symbolique peut être perçue.
a. L’accent porte sur la capacité d’individuer clairement les trois kan-
gourous puis d’établir des oppositions au moins sommaires « grand/petit ».
99
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Planche 4
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LE CAT : THÉORIE ET UTILISATION
Planche 5
Contenu manifeste : « Dans une chambre sombre, un petit lit avec deux
oursons dedans. Derrière, un grand lit dont les couvertures semblent sou-
levées par quelque chose » (CC). – Un grand lit au deuxième plan, cou-
verture non mentionnée (MH).
D : lampe de chevet, fenêtre, tapis, barreaux du petit lit.
Dd : yeux ouverts d’un petit ours, contraste blanc/gris.
Contenu latent : « Renvoie à la curiosité sexuelle et aux fantasmes de
scène primitive » (CC). – Renvoie à la scène primitive et aux jeux
sexuels entre enfants (MH).
101
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Planche 6
Contenu manifeste : « Une grotte dans laquelle on voit plus ou moins
deux grands ours. Devant, un petit ours, yeux ouverts, et des feuilles »
(CC). – Deux silhouettes d’ours dans une grotte obscure, petit ours cou-
ché (MH).
102
LE CAT : THÉORIE ET UTILISATION
103
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Planche 7
Contenu manifeste : « Dans la jungle, un tigre saute vers un singe. Le
singe semble s’accrocher à des lianes » (CC). – Un tigre, les crocs appa-
rents et sortant ses griffes (MH).
D : griffes, dents du tigre, queues, proportions relatives du tigre et du
singe.
Dd : végétation, sol tacheté.
Contenu latent : « Renvoie à une relation chargée d’agressivité (versus
castration ou dévoration) » (CC). – Renvoie à la crainte de l’agressivité
en privilégiant le registre de la castration (MH).
Comme sur la planche 3, la relation entre les deux animaux n’est pas
symétrique et comporte un axe actif-passif. Agressivité agie, agressivité
subie peuvent s’inscrire soit dans un contexte de destructivité synonyme
d’une indistinction sujet-objet, soit dans le cadre de la rivalité œdipienne,
ou encore dans l’entre-deux que favorise la situation projective.
a. La perception de la situation agressive peut entraîner l’émergence de
fantasmes destructifs dont le caractère plus ou moins envahissant nuit à la
stabilité identitaire : « C’est un tigre, le... le... le tigre y...court, y veut
attraper un singe... le singe il a peur et c’est tout [« C’est tout ? »] Ça va
finir dangereux, ça va finir le, le singe y va grimper et le lion peut-être y
va faire tomber la branche et c’est tout. C’est pas un crocodile ça ? Le
crocodile y va mordre le tigre et le tigre y va se bagarrer avec le crocodile
et le crocodile y va gagner [...] » (Patrick, 7 ans)1. Les confusions des
percepts et du langage rendent généralement compte de la confusion des
rôles agresseur/agressé.
b. Peu sollicitée par cette planche, la perte d’objet peut apparaître indi-
rectement à travers le surinvestissement d’une polarité sensorielle froide
et nue, malgré la luxuriance manifeste du décor végétal : « Il fait pas
beau, y a du gris », dit Marine (6 ans). Pour Thierry (5 ans et 1 mois), la
scène se passe « dans la neige ». Dans un tout autre style, Norbert (7 ans
et 10 mois) préfère, lui, maîtriser la situation afin de ne pas reconnaître
l’impuissance et la dépression qu’elle pourrait engendrer et dicte son
récit sur un ton impératif.
c. Si l’axe œdipien est structurant, l’agressivité est maniée dans un
contexte relationnel où représentations et affects sont sollicités en quanti-
tés gérables par le langage et sans surcharge d’excitation : agresseur et
agressé sont différenciés, même si les ressources personnelles sont mobi-
lisées au profit d’une identification à l’agresseur ou au singe, plus faible
104
LE CAT : THÉORIE ET UTILISATION
et plus petit mais agile et rusé. Dans tous ces cas, la castration reconnue,
acceptée ou non, est négociée à travers des représentations de relation.
« Y a un gros tigre avec sa queue qui voulait attraper un sin, un singe, et
le singe y montait à l’arbre avec sa petite, sa grande queue ; le tigre il
voulait le manger. Il montait sur la branche. Il avait une grande queue le
tigre ! Peut-être qu’elles étaient la même taille la queue ! » (Jérôme,
5 ans et 4 mois).
Planche 8
Contenu manifeste : « Deux grands singes assis sur un canapé boivent
dans des tasses. À droite, un grand singe assis sur un pouf tend son doigt
vers un petit singe » (CC). – Le singe au premier plan parle au petit singe
(MH).
D : dans un cadre, une tête de singe munie de lunettes et d’une charlotte ;
fleurs et anneaux aux oreilles des grands singes.
Dd : fleurs sur le canapé.
Contenu latent : « Renvoie à la culpabilité liée à la curiosité et à la trans-
gression dans la relation parents-enfants » (CC). – Le grand singe au pre-
mier plan renvoie à une image parentale, paternelle ou maternelle.
L’enfant est invité à se situer dans les relations familiales (MH).
105
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Planche 9
Contenu manifeste : « Une chambre sombre dont la porte est ouverte. Un
lit d’enfant avec un lapin dedans, assis » (CC). – Porte ouverte sur une
pièce éclairée, le lapin est tourné vers la porte (MH).
D : fenêtre, miroir, contraste sombre-clair ;
Dd : discontinuité des barreaux du lit, rideau ouvert.
Contenu latent : « Renvoie à une problématique de solitude et/ou d’aban-
don » (CC). – Renvoie, outre à la peur du noir et à la solitude, à la curio-
sité sexuelle (MH).
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© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
Planche 9
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LE CAT : THÉORIE ET UTILISATION
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
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LE CAT : THÉORIE ET UTILISATION
Planche 10
Contenu manifeste : « Un petit chien, couché à plat ventre sur les genoux
d’un grand chien. À droite un cabinet et des serviettes de toilette » (CC).
– MH souligne les traits expressifs des deux chiens.
D : bouche ouverte du petit chien, patte du grand chien levée au-dessus
du petit chien ;
Dd : les différences de tonalité claire et foncée des deux chiens, tabouret.
Contenu latent : « Renvoie à la relation agressive parent/enfant dans un
contexte d’analité, l’accent portant sur le rapproché corporel » (CC). –
Renvoie à la dialectique bêtise/punition dans un contexte surmoïque et/ou
transgressif (MH).
a. Les deux chiens sont peu ou pas différenciés, parfois confondus avec
d’autres animaux ou personnages introduits. Comme toujours, la désor-
ganisation du langage est à la mesure de l’envahissement fantasmatique.
La destructivité repose plutôt sur un fantasme d’engloutissement oral que
sur une réelle reconnaissance de la situation anale, même si des termes
scatologiques apparaissent. La version érotique peut être tout aussi
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
1. Question posée par C. Chabert dans Anzieu D., Chabert C. (1983), p. 193.
110
LE CAT : THÉORIE ET UTILISATION
Les indications
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
112
LE CAT : THÉORIE ET UTILISATION
La passation
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
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LE CAT : THÉORIE ET UTILISATION
La relation enfant/clinicien
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
116
LE CAT : THÉORIE ET UTILISATION
tion dominante en lui dictant par exemple ses conduites. Ses interven-
tions iront alors dans le sens d’un rétablissement des rôles plus proches
des hiérarchies conventionnelles, à l’encontre du déploiement d’une dis-
tribution plus diversifiée. Si l’adulte se complaît au contraire dans des
positions infantiles, l’enfant risque de se heurter aux défaillances du
pare-excitation et de se trouver entraîné hors des limites de sa propre
création. La passation d’épreuves projectives auprès de jeunes enfants
interroge toujours la part du fonctionnement infantile de l’adulte dans
laquelle il s’autorise, ou non, à puiser afin de faciliter l’interaction entre
des espaces psychiques distincts. Le cadre de l’examen, l’énoncé de la
consigne, les interventions en cours et après passation sont des représen-
tants du système de représentations que le clinicien se construit sur son
propre rôle de praticien et d’adulte.
117
6. LE PN : THÉORIE ET UTILISATION
Louis Corman
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© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
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Hésitation
LE PN : THÉORIE ET UTILISATION
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Faut-il du reste rappeler que l’empire Walt Disney s’est bâti sur le succès
des Trois petits cochons1 ? Le cochon s’avère aussi un animal de prédilec-
tion dans les psychodrames d’enfants. Mais l’utilisateur gêné par ce
choix a toujours la possibilité de se reporter à la version « PN-moutons »
destinée aux enfants de confession israëlite ou musulmane.
Le « Test PN », comme le « Blacky Pictures », s’appuie sur la théorie
des stades et des sous-stades du développement libidinal. L. Corman se
démarque toutefois de la conception chronologique de Blum : loin
d’essayer comme lui de faire revivre la succession théorique des stades
par la succession des planches, il préconise une technique originale de
libre choix afin de rendre compte de la complexité non linéaire des
rythmes individuels.
La référence à la conception freudienne de l’appareil psychique est
relativement classique, à ceci près que « das Es » de la deuxième topique
est traduit par « le Soi »2, ce qui peut entraîner une confusion avec
l’usage contemporain de ce terme dans la clinique du narcissisme.
L. Corman privilégie largement l’axe dynamique en mettant en avant
l’exploration des « tendances inconscientes » par le biais des mécanismes
de défense et en plaçant l’axe œdipien au cœur de la structuration du psy-
chisme (1972). Il accorde en outre une importance toute particulière à la
dimension économique (1976) en soulignant le rôle déterminant des
investissements objectaux. Le terme « investissement » reçoit une défini-
tion très large, liée tantôt aux pulsions partielles, tantôt à la présence de
modalités défensives issues des idéaux du moi. Transposé à la situation
thématique, l’investissement, selon l’auteur, permet de camper le « héros
central » d’une histoire auquel l’enfant est censé s’identifier.
En dépit de son inspiration américaine, le PN, à notre connaissance, n’a
jamais refranchi l’océan. Il reste avant tout un produit localement inséré
dans la pratique clinique et connaît peu de développements.
Parmi les publications françaises, la « notice d’utilisation » proposée
par M.-C. Costes (1981) est une tentative de récapitulation thématique
fidèle à la conception de l’auteur. Nous retiendrons pour notre propre
réflexion l’analyse approfondie fournie par C. Chabert (1982, D. Anzieu,
C. Chabert, 1983). Ce travail présente les caractéristiques objectives du
matériel manifeste et nuance la position de L. Corman en soulignant les
différentes implications latentes.
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LE PN : THÉORIE ET UTILISATION
La situation PN
121
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
122
LE PN : THÉORIE ET UTILISATION
1. Auge
Contenu manifeste : « La scène se passe à l’intérieur. Au premier plan,
PN urine dans la plus grande des deux auges. Au second plan, les deux
gros cochons et les deux petits cochons sont couchés, de part et d’autre
d’une barrière » (CC).
D : palissade de planches à l’arrière-plan – barrière entre les gros et les
petits cochons.
Dd : litière des cochons couchés – ouverture de la palissade, à gauche.
Contenu latent : « Thème de sadisme urétral » (LC). – « La planche peut
renvoyer à l’expression de l’agressivité envers les images parentales »
(CC).
123
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
c. Les prémices phalliques de l’axe œdipien donnent lieu, chez les filles
et les garçons, aux mêmes variantes du thème banal, ce qui confirme la
non-sexuation de cette étape maturative. En période de latence, les désirs
agressifs sont en général sanctionnés par l’autorité parentale, si le surmoi
est intériorisé.
2. Baiser
Contenu manifeste : « Au premier plan, rapproché des deux gros
cochons. Au deuxième plan, un des petits cochons derrière une murette »
(CC).
D : mamelles du gros cochon à patte noire.
Dd : paysage, herbe, arbres, fleurs au premier plan.
Contenu latent : « Thème œdipien » (LC). – « Peut renvoyer à une pro-
blématique de type œdipien » (CC).
3. Bataille
Contenu manifeste : « PN et un des petits blancs se mordent. Le troisième
cochon s’écarte. Au deuxième plan le couple des gros cochons » (CC).
Dd : barrières à l’arrière-plan.
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© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
125
Baiser
LE CAT : THÉORIE ET UTILISATION
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
4. Charrette
Contenu manifeste : « PN allongé dans la paille. Dans la bulle, un homme
place un petit cochon dans la charrette. Deux gros cochons et deux petits
cochons regardent la scène » (CC).
D : autres cochons dans la charrette.
Dd : les contrastes noir et blanc, couleur noire sous PN, petits cercles
dans la bulle.
Contenu latent : « Thème sadique avec souvent retournement punitif
contre soi » (LC). – « Peut renvoyer à l’angoisse de séparation et/ou à
l’agressivité dans les relations familiales » (CC).
126
LE PN : THÉORIE ET UTILISATION
Charrette
127
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
5. Chèvre
Contenu manifeste : « PN tête une chèvre » (CC).
Dd : regard de la chèvre, coloration noire et blanche de sa robe.
Contenu latent : « Thème de la mère d’adoption ou de remplacement »
(LC). – « Peut renvoyer à la relation à un substitut maternel » (CC).
128
LE PN : THÉORIE ET UTILISATION
mente des théories qui ne le sont pas moins : « Il tète la chèvre, après…
elle… elle a des chevaux, comment on dit, des chevreaux ? » (Marine,
6 ans).
6. Départ
Contenu manifeste : « Un petit cochon sur une route dans la campagne »
(CC).
D : arbres, montagnes au loin.
Dd : fleurs, cailloux au bord de la route, dominante blanche, neige sur le
sommet.
Contenu latent : « Thème de départ » (LC). – « Peut renvoyer à la rela-
tion de dépendance et à l’angoisse de séparation » (CC).
7. Hésitation
Contenu manifeste : « À gauche le gros cochon à tache noire allaite un
des petits blancs. À droite le gros blanc et un petit blanc boivent dans
l’auge. PN est au milieu » (CC).
D : le corps de PN est tourné vers le gros cochon à patte noire tandis que
sa tête est tournée vers le gros cochon blanc.
Contenu latent : « Thème d’ambivalence ou de rivalité fraternelle ou
d’exclusion » (LC). – « Peut renvoyer au conflit entre régression et matu-
ration dans le contexte de choix d’objet privilégié » (CC).
129
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
8. Jars
Contenu manifeste : « À gauche, un jars attrape la queue d’un petit
cochon. À droite, un autre petit cochon, à demi caché derrière une mu-
rette » (CC).
D : ailes déployées du jars, larme du cochon attrapé.
Dd : barrière à l’arrière-plan, fleurs.
Contenu latent : « Thème sadique avec retournement punitif contre soi,
ou de castration » (LC). – « Peut renvoyer à une relation d’agressivité
versus castration » (CC).
130
LE PN : THÉORIE ET UTILISATION
9. Jeux sales
l’intégrité.
b. La connotation anale n’est pas sans engendrer parfois le vécu
dépressif du risque de perdre l’objet, soit du fait des attaques dirigées
contre lui, soit en raison de la réactivation d’un holding défectueux : « La
maman l’a fait tomber le bébé, l’a glissé par terre, pourquoi l’a de l’eau »
(Henri, 5 ans).
c. L’agressivité à l’égard d’une image parentale met en œuvre l’intério-
risation des interdits sous la forme de sanctions explicites : « Vous allez
avoir une fessée ! », ou par recours à la formation réactionnelle par
l’intermédiaire du cochon resté à l’écart. La sexuation du gros cochon
agressé peut refléter l’orientation du choix œdipien.
131
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
10. Nuit
Contenu manifeste : « Scène à l’intérieur : une étable, éclairée par la lune,
divisée en deux par une cloison de planches. D’un côté, deux gros
cochons l’un près de l’autre. De l’autre côté, deux petits cochons couchés
et un troisième debout contre la cloison » (CC).
D : dessin blanc sur fond noir (seule la silhouette du petit cochon debout
est entièrement distincte, on ne voit que le haut du corps des deux gros
cochons).
Dd : cadre autour de la lune, cloison ouverte à gauche et à droite.
Contenu latent : « Thème œdipien, avec voyeurisme de la chambre des
parents » (LC). – « Peut renvoyer à la curiosité sexuelle et aux fantasmes
de scène primitive » (CC).
11. Portée
Contenu manifeste : « Trois nouveau-nés tètent la truie qui elle-même
lape le contenu de l’auge remplie par un des fermiers. Au fond, un autre
fermier tenant de la paille. Au premier plan, derrière une barrière, trois
petits cochons, PN au milieu » (CC).
Dd : en noir, barrière discontinue ; muret.
Contenu latent : « Thème de naissance et de rivalité fraternelle » (LC). –
« Peut renvoyer à la naissance et aux relations précoces à l’image mater-
nelle, éventuellement dans un contexte de rivalité fraternelle » (CC).
132
LE PN : THÉORIE ET UTILISATION
133
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Bien que l’oralité s’impose au premier plan, ces deux planches ren-
voient à un ensemble de relations objectales complexes ou à la difficulté
d’établir des liens stables et structurants.
a. Étant donné le rapproché corporel explicite, ces deux planches sont,
comme « Chèvre » et « Jars » très sensibles aux désorganisations pro-
fondes des liens objectaux. Cela peut se traduire par des altérations per-
ceptives et syntaxiques inattendues vu la simplicité du matériel. « Tétée 1 »
et « Tétée 2 » sont alors peu différenciées, au nom d’une oralité destruc-
trice ; il n’y a que le nombre des agresseurs qui varie : « Les loups y
mangent la chienne, là y a les os de la chienne et après elle crie »
(Georges, 11 ans).
b. La nostalgie d’une relation duelle passe plus par « Tétée 1 » que par
« Tétée 2 » laissée de côté. Et pourtant, bien qu’il n’y ait pas d’obstacle
figuré sur « Tétée 1 », la relation peut ne pas s’établir : « Il cherche à
manger et il trouve pas [« Pourquoi il ne trouve pas »?] Parce qu’il y a
plus rien, sa maman elle est trop vieille » (Christophe, 7 ans et 8 mois).
c. La différenciation entre « Tétée 1 » et « Tétée 2 » ne fait pas de
doute au profit de la première, préférée : « Pas tout à fait pareil. Le petit
bébé PN il suce les mamelles de sa maman. Les autres viennent boire
134
LE PN : THÉORIE ET UTILISATION
16. Trou
Contenu manifeste : « Dans la nuit, PN dans un trou d’eau » (CC).
D : dessin blanc sur fond noir, lune.
Dd : herbes hautes et basses, bouche ouverte de PN.
Contenu latent : « Thème de solitude, d’exclusion, de punition » (LC). –
« Peut renvoyer à la crainte de séparation dans un contexte de danger »
(CC).
« Trou » est la deuxième planche, avec « Départ », à présenter un
cochon seul. La planche, noire de surcroît, est propice à l’évocation de la
solitude dans un contexte dépressif et/ou dramatique.
a. L’axe identitaire est en principe peu sollicité par ce dessin suscep-
tible de renvoyer à une représentation unitaire. Dans les faits, si telle est
la problématique, forme et fond, dedans et dehors se confondent. Le
corps, partiellement caché par l’eau, est difficilement rassemblé : « Il
manque la patte. »
b. L’absence de l’objet est au premier plan, dans un contexte anxiogène
dont la valeur affective peut ne pas être reconnue afin de ne pas se
confronter à l’angoisse dépressive : « Il chante, y a plein de jolies fleurs »
(Andrée 7 ans). L’angoisse dépressive est aussi suggérée par le « trou
noir » dans lequel tombe PN.
c. Solitude, abandon et dangers liés à l’extérieur phobogène sont cam-
pés dans un contexte relationnel, par exemple de culpabilité et de puni-
tion pour avoir enfreint l’interdit œdipien. Le noir réactive des peurs pho-
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
17. Courte-échelle
Contenu manifeste : PN debout sur les épaules d’un gros cochon, lui-
même debout contre un arbre. Au dessus, des oisillons dans un nid, sur
une branche.
D : sur une autre branche, un oiseau, un écureuil.
Dd : fleurs au premier plan, rangée d’arbres dans le fond, coloration noire
du tronc.
Contenu latent : Le père et Pattenoire sont présentés dans une « relation
progressive » (LC). – Peut renvoyer à la fonction de holding d’une des
images parentales.
135
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Les indications
136
LE PN : THÉORIE ET UTILISATION
137
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Deuxième étape, dite « les thèmes » : Toutes les planches (sauf « Fée »)
sont présentées en paquet dans un ordre quelconque. L’enfant est invité à
les regarder, à choisir celles dont il souhaite raconter l’histoire et à mettre
les autres de côté. Il étale les planches retenues devant lui et raconte les
(ou une) histoires à sa guise, suivant la composition qu’il peut établir. Les
images rejetées restent à sa disposition. Avant de passer à l’étape suivan-
te, le clinicien peut demander à l’enfant s’il souhaite rajouter des images
à celles qu’il vient de raconter.
Troisième étape, « les préférences-identifications » : Toutes les
planches sont à nouveau réunies en un seul paquet et le jeu dit de
« l’image préférée » consiste à faire trier les planches aimées et les
planches non aimées en deux tas.
a. L’enfant étale les images aimées devant lui et les choisit tour à tour
par ordre de préférence, en disant pourquoi il préfère chacune d’elles et
qui il voudrait être sur chaque image.
b. Le clinicien étale devant l’enfant toutes les planches non aimées. Il
lui demande de choisir la moins aimée de toutes puis la suivante et ainsi
de suite, et de dire chaque fois pourquoi il ne l’aime pas et qui il serait
sur l’image.
Quatrième étape, les « questions dirigées » : Il s’agit d’une sorte
d’enquête où l’enfant est invité à voir des percepts patents qu’il aurait
omis, par exemple l’urine dans « Auge » ou la boue dans « Jeux sales ».
Cinquième étape, « questions de synthèse » : Elle consiste à demander
qui est le plus heureux, le moins heureux, le plus gentil, le moins gentil,
la préférence de chacun pour les autres membres de la famille. On
demande enfin qui l’enfant préfère dans toute cette aventure, ce que va
devenir PN et ce que pense PN de sa patte noire. C’est là que survient la
planche « Fée » : on fait dire à la fée qu’elle autorise trois souhaits, à
l’enfant de formuler lesquels.
L. Corman prévoit des possibilités d’intervention en cours de passation
afin d’encourager l’enfant sans toutefois influencer ses choix ou ses
refus. C’est ce qu’il appelle des questions « dynamisantes » du type :
« Oui, raconte », « Explique-moi », etc. Chaque étape s’accompagne
d’une consigne très souple destinée à susciter l’intérêt et à le maintenir
tout au long de l’épreuve. Mais le clinicien est nécessairement amené, en
situation, à introduire les variantes qu’il estime utiles pour s’adapter aux
réactions individuelles.
Malgré la durée, la passation doit s’effectuer en une seule séance afin
de rendre compte de la dynamique créée par les choix et par la succes-
138
LE PN : THÉORIE ET UTILISATION
sion des planches adoptés par l’enfant. Suivant l’âge, la maturité et les
ressources psychiques, les récits pourront s’enchaîner ou non les uns aux
autres, s’harmoniser, se contredire, reflétant par là les trames conflic-
tuelles et les moyens mis en œuvre pour en faciliter ou en entraver
l’expression. La façon dont l’enfant gère et organise la liberté qui lui est
offerte est d’un très grand intérêt diagnostique et pronostique.
Liberté et contrainte
La relation enfant-clinicien se place en principe sous l’angle de la per-
missivité. L’enfant est libre de prendre, laisser, dire ou ne pas dire,
assembler, disjoindre, etc., au nom d’un affect de plaisir ou de déplaisir ;
autant d’invites susceptibles de favoriser la spontanéité, sinon la toute-
puissance infantiles. Il n’y a plus de commune mesure avec la relation
créée lors des épreuves d’efficience ni même avec d’autres épreuves pro-
jectives où le clinicien ordonne le matériel. L’enfant peut jouer de sa
liberté en se faisant metteur en scène des cochons sur un plateau imagi-
naire et dicter au clinicien la loi de ses désirs. Jusqu’à un certain point :
en fait, jusqu’aux « préférences-identifications ».
La relation change en effet à partir du moment où les questions du cli-
nicien : « pourquoi », « qui », se répètent et exigent un « parce que » jus-
tificatif. Ces questions peuvent être vécues sur un mode particulièrement
intrusif à propos des planches non aimées car ce qui a été « librement »
laissé de côté par l’enfant est finalement imposé par l’adulte sous forme
d’interrogatoire. Il y a là un message paradoxal – liberté/contrainte –
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
140
7. LE TAT : THÉORIE ET UTILISATION
Aperçu bibliographique
L’école française
141
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Planche 1
142
LE TAT : THÉORIE ET UTILISATION
Cette utilisation du TAT chez le jeune enfant, nouvelle eu égard aux habi-
tudes françaises, est plus anciennement répandue outre Atlantique.
La littérature étrangère
Contrairement à notre attente, nous avons répertorié une quantité
impressionnante de publications parues ces quelques vingt dernières
années, provenant en grande majorité des États-Unis et du Canada, mais
aussi de nombreux pays dispersés sur tout le globe (Europe, Japon, Indes,
Israël, Cuba, Albanie, Philippines, etc.). Hormis les rééditions de
l’ouvrage de Bellak (1954), peu de travaux s’inscrivent dans une perspec-
tive psychanalytique. Voici un aperçu de la diversité des orientations.
143
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
144
LE TAT : THÉORIE ET UTILISATION
de nouvelles versions du TAT. Parmi les plus récentes et les plus utilisées,
citons le TEMAS (Tell-Me-A-Story) destiné aux enfants hispanophones
(G. Constantine et al. 1981).
Dans le domaine des troubles somatiques : le TAT était déjà choisi vers
les années 1970 dans l’exploration des troubles psychosomatiques. Cette
méthodologie, largement utilisée aujourd’hui, s’oriente davantage,
semble-t-il, vers l’approche du psychisme des enfants souffrant de mala-
dies graves (diabète, cancers).
■ La recherche fondamentale
145
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
L’excitation pulsionnelle
Le TAT soumet l’enfant, plus encore que l’adulte, à un ensemble de
situations contradictoires où l’on pourrait voir une triple injonction para-
doxale :
– la première est commune à toute épreuve projective faisant simultané-
ment appel à la perception et à la projection : l’enfant est invité à
reconnaître les caractéristiques tangibles du matériel et à lui prêter des
significations personnelles, double condition pour qu’un récit se crée à
« bonne distance » entre le réel et le fantasme ;
– la période de latence, socialement valorisée, correspond par définition à
la mise en sommeil de la sexualité infantile et à la déconflictualisation
des représentations de relations. Or la composition manifeste des
planches de TAT offre une pluralité de sollicitations latentes susceptibles
de réactiver les problématiques en principe assoupies, ce qui – deuxième
paradoxe – conduit l’enfant, à ce moment important de son évolution, à
répondre par la déconflictualisation à des sollicitations conflictuelles ;
– le troisième paradoxe tient à l’origine de la période de latence dans le
déclin du complexe d’Œdipe. L’enfant est pourtant invité à regarder et
à raconter des scènes se passant entre adultes. On ne manquera pas d’y
voir un message transgressif en rapport avec la réactivation de la scène
primitive. Vue sous cet angle, la situation TAT pourrait se comprendre
comme une source d’excitation d’autant plus difficile à négocier que la
latence est fraîchement installée. Ceci explique le choix de beaucoup
de praticiens de ne pas proposer ce matériel avant 8-9 ans.
L’appel à la secondarisation
Mais proposer le TAT en période de latence, c’est aussi soumettre
l’enfant à l’épreuve du refoulement, défense nouvellement acquise dont
dépend sa capacité à maintenir à l’écart les représentations excitantes
indésirables. Dans les cas favorables, il ne s’agit d’ailleurs ni d’une mise
à l’écart radicale ni d’une décharge immédiate de l’excitation : la situa-
tion TAT met en jeu la possibilité de moduler, de négocier les messages
pulsionnels, au moyen de la forme symbolisée d’un récit. Plus le psychis-
me est évolué, plus il sera en mesure de répondre aux sollicitations en
faisant appel aux processus de secondarisation (S. Dudek, 1975 ;
R. Debray, 1987c). Par sa similitude avec la situation adulte, la situation
146
LE TAT : THÉORIE ET UTILISATION
147
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Planche 6BM
148
LE TAT : THÉORIE ET UTILISATION
symbolisme maternel.
La planche 19 – un paysage non figuratif de mer ou de neige – renvoie
à l’image maternelle prégénitale et met en œuvre les mécanismes initiaux
du fonctionnement psychique.
La planche 16 – planche blanche – est donnée avec la consigne :
« raconte maintenant l’histoire que tu veux ». Elle renvoie à la capacité
de structurer un objet interne et de négocier la séparation avec le clini-
cien.
1. Pour des informations plus explicites sur cette planche, le lecteur pourra se reporter à
l’étude (Boekholt M., 1987) effectuée auprès d’enfants, d’adolescents et d’adultes.
149
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Planche 1 :
« Y a un petit garçon qui fait de l’orchestre. Il n’est pas venu à l’heure et
alors ils l’ont pas pris et il est fâché. » (Chérif, 8 ans et 3 mois.)
« Je pense que c’est un petit garçon qui voudrait jouer du violon et puis il
a pas de baguette, alors il s’ennuie. Il cherche, il cherche et il en trouve.
Sa maman lui dit : “tu vas être en retard à l’école ”. Alors il commence à
ne plus chercher, monte dans sa chambre, alors il trouve sa baguette que
son père avait cachée. Il pourra faire plein de choses quand il rentrera de
l’école, jouer, chanter, parce qu’il a sa guitare, euh son violon. »
(Clothilde, 8 ans et 6 mois.)
« ...+++... [encouragements] un garçon… [« Raconte-moi l’histoire de ce
garçon »] Il fait de la guitare… [« Oui ? »] Oui, il arrive bien. Je sais pas. »
(Cécile, 8 ans.)
Planche 11 :
« Je comprends pas très bien ce qui est dessiné. » (Maurice, 8 ans et
9 mois.)
« Dans la montagne y a un éboulement, les rochers tombent, y a une
explosion et puis un monsieur qui est allongé, il reçoit des rochers, des
pierres sur le dos. Il est mort. » (Hacine, 8 ans et 6 mois.)
« C’est un arbre, c’est dans une forêt, y a des arbres, des pierres, des che-
mins, des cascades. Et un taureau ou une personne qui court, qui court,
qui court. Et après qui arrive à la cascade et il jette dans la cascade. Et
après y a un monsieur qui court aussi, qui court, qui court, qui court et
puis il jette aussi. Après y a une dame qui arrive, qui court, qui court, qui
court, après elle jette dans la cascade et après y a son grand frère [idem],
y a une dame [idem], un petit frère [idem]. Après y a tous les animaux
qui jettent et toutes les personnes et toutes les choses qui courent [répété
cinq fois] et ils se jettent. [« Pourquoi ils se jettent ? »] pour comme si
c’était la piscine. Pour nager et avoir de l’élan pour sauter, parce qu’y
avait plus d’autre piscine. » (Myriam, 8 ans et 5 mois.)
150
LE TAT : THÉORIE ET UTILISATION
Planche 12BG
151
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Planche 16 :
« Y a rien du tout. Voilà. Blanche-Neige à l’envers. Ca veut dire que la
reine meurt au début et pas à la fin. » (Clothilde, 8 ans et 6 mois.)
« [S’agite] On était en campagne, on était en Bretagne, tout près de la
mer. On allait tous les jours à la mer, on se baignait tout le temps, avec
mon tonton Charles, celui que je vais coucher demain et un copain à lui
qui s’appelle Marcel et que Patricia [prénom de sa sœur ainée] aime bien.
Et puis il lui ont acheté une belle maison à son anniversaire. Danielle
[prénom de sa petite sœur] a eu un beau chien jaune. [« Et toi ? »] Moi
j’ai rien eu. » (Gilbert, 8 ans et 10 mois.)
« Un fermier et une fermière, une dame qui s’appelle Merlevent et son
fils il fait du vent. C’est une fois trois petits cochons, non trois petits
moutons puis un loup. Les trois petits moutons ils étaient chez eux. Le
loup il est venu pour les manger. Patte blanche. Il s’est foutu plein de
farine. Il est revenu : “c’est pas vrai, c’est de la farine”. Il se met de la
peinture. Les trois petits moutons ils l’ont fait rentrer. Le loup l’a pris un
cerceau et les a tués, le premier puis le deuxième d’un seul coup et il l’a
hachuré. Les moutons il les tordait, il les coupait, il les mangeait puis
après il a un accident, il a foutu sa patte sous une voiture. » (Cécile, 8 ans.)
152
LE TAT : THÉORIE ET UTILISATION
La passation
La consigne
Comparable à celle donnée à l’adulte, la consigne est minimale et
neutre. Contrairement à Murray qui demandait aux enfants « d’inventer »
une histoire et de dire « ce qui s’est passé avant, ce qui se passe mainte-
nant, ce que les personnages ressentent et pensent et comment cela se ter-
minera »3, il est demandé seulement « d’imaginer une histoire avec
l’image montrée ». Au besoin, des encouragements pourront être formu-
lés, mais rien qui laisse entrevoir un jugement de valeur par rapport à une
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
153
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Le temps
Il est noté pour chaque récit mais n’est pas limité (Murray donnait cinq
minutes pour raconter une histoire). Les latences et les silences intra-
récits peuvent être figurés par des pointillés ou relevés avec un peu plus
de précision, mais un chronométrage rigoureux n’a d’intérêt ni pour le
clinicien ni pour l’enfant, qui y verrait une situation de contrainte non
justifiée. Ce qui compte, c’est de pouvoir comparer les temps de latence
relatifs ou les durées relatives des récits, considérés comme des témoins
des dynamiques en jeu. La durée de passation est d’environ 30 à
35 minutes. Il n’y a pas d’enquête après passation.
La relation enfant/clinicien
154
LE TAT : THÉORIE ET UTILISATION
1. « La pulsion est dite sublimée dans la mesure où elle est dérivée vers un nouveau but
non sexuel et où elle vise des objets socialement valorisés » (Laplanche et Pontalis,
1967, p. 30).
2. Cf. l’analyse de Françoise Brelet (1986), p. 51-61.
155
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
156
8. DÉPOUILLEMENT DES ÉPREUVES
THÉMATIQUES VERBALES
Étapes du dépouillement
Le dépouillement des protocoles recueillis consiste à réunir, analyser et
interpréter l’ensemble des informations suivant trois étapes :
– la première étape résume le déroulement global de l’épreuve et le
mode d’adaptation de l’enfant à la spécificité de la situation ;
– la seconde étape réside dans l’analyse, planche par planche :
• des procédés d’élaboration mis en œuvre,
• des problématiques abordées en référence aux sollicitations latentes.
Ces deux étapes, différenciées d’un point de vue pédagogique, sont clini-
quement indissociables.
– la troisième étape, la synthèse, consiste à :
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
1. Cf. avant-propos.
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DÉPOUILLEMENT DES ÉPREUVES THÉMATIQUES VERBALES
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
164
DÉPOUILLEMENT DES ÉPREUVES THÉMATIQUES VERBALES
mois, planche 13B du TAT). C’est dans ces contextes que les planches du
PN, à peine décrites, trouvent une ordonnance dictée par le factuel : « Là
il mange [Tétée 2] après il va à l’école [Départ], il s’amuse [Jars] et il
mange le goûter [Tétée 1] puis après ça va être le soir [Nuit] et puis ils
dorment. [« Et après ? »] Après ça va être pareil, il mange [recommence
la même histoire]. » Chez Sébastien (11 ans), le concret et le factuel évi-
tent le vécu dépressif.
Les procédés RE 3 (insistance sur le cadrage, les délimitations et les
supports – présents ou manquants) : la description de l’environnement
occupe dans les récits une fonction d’enveloppe délimitante. L’insistance
sur la nature des matériaux (bois, feuilles, tissus…) revient à interroger la
consistance et la solidité du contenant dont l’épaisseur, la densité et la
165
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
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DÉPOUILLEMENT DES ÉPREUVES THÉMATIQUES VERBALES
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
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DÉPOUILLEMENT DES ÉPREUVES THÉMATIQUES VERBALES
roi il a mal à une jambe, je crois. Il peut pas se lever. Y a une souris là. Et
le mur va se casser… [« Le mur va se casser ? »] Par terre, y a des
assiettes, des fleurs, y a des petits dessins sur les murs et il fume. Il
marche. Il doit… c’est un lion et voilà. [« Qu’est-ce qui lui était arrivé à
ce lion-roi ? »] Il était tombé dans un zescalier. » La transparence de la
thématique œdipienne subsiste de façon limpide dans cet extrait de proto-
cole où l’évitement de la confrontation s’exerce sur un mode phobique
plus habituel chez les enfants de 4-5 ans. L’évitement au PN consiste,
chez le même garçon, à ne pas utiliser en un premier temps les planches
mettant en jeu l’agressivité (« Jars », « Bataille », « Jeux sales »), mais la
conflictualisation s’exprime par leur choix parmi les planches non
aimées.
Dans d’autres contextes, les procédés EI 3, associés au recours à la réa-
lité externe et aux manifestations motrices, peuvent signer la pauvreté de
la vie fantasmatique.
169
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
c’est qui qui a rentré dans la porte ? et il descenda du lit […] » (Maxime,
6 ans, planche 9 du CAT).
Les procédés RA 2 (dramatisation, exagération, théâtralisme, affects
contrastés, labilité émotionnelle) .
Dramatisation et théâtralisme supposent une complaisance narrative où
le plaisir de dire, en se donnant à voir, est le plus souvent accompagné
d’un investissement particulier de l’expression corporelle. Chez les
jeunes enfants, ces procédés peuvent être le témoin d’une expression
spontanée mêlant au besoin bruitages, mimes, jeux de voix. À la planche
3 du CAT par exemple, Julien (3 ans et 2 mois) met en scène un lion vrai-
ment terrible qu’il imite en tout point en jonglant avec la sollicitation de
la planche et les pressions fantasmatiques de son âge : il raconte, mime,
rugit, menace… exerçant d’indéniables talents d’acteur sans recherche
particulière de l’effet produit. En période de latence et au-delà, on peut
dire qu’il y a toujours quête du regard de l’autre dans la complaisance à
mettre en scène les conflits.
La même différence existe entre les jeunes enfants et les plus grands au
niveau de l’intensité de l’expression affective : ce qui reflète la spontanéi-
té chez les uns peut devenir démarche défensive chez les autres. « C’est
une dame qui rentre dans la cuisine et elle voit quelqu’un par exemple
qui est en train de lire et elle aime pas déranger les gens. Elle aurait cru
qu’il avait personne. C’est chez elle là, hein ! Alors elle est un peu affo-
lée qu’y a des gens qui lisent [« Affolée ? »] Parce que c’est la première
fois qu’elle voit des gens en train de lire » (Myriam, 8 ans et 5 mois,
planche 5 du TAT). La sexualisation de la représentation est ici masquée
par l’affect.
Affects contrastés et labilité émotionnelle, courants chez les petits,
montrent les passages rapides, un peu magiques, d’un affect à un autre
portés par le même sujet ou par des protagonistes différents au sein d’une
même planche ou d’une planche à la suivante : « Ils sont tristes, après ils
sont joyeux. » Ces mêmes contrastes en période de latence peuvent
rendre compte de la persistance de la conflictualisation œdipienne :
« C’est l’histoire d’un garçon qui a connu, non qui a fait la connaissance
d’une fille. Alors un jour il demande à la mère de la fille s’il pouvait
l’épouser. Alors la mère ne voulut pas. Alors le garçon désespéré lui…
demande encore une fois. Elle répète non. Alors… le garçon désespéré
s’en alla chez lui. Deux semaines après il revient voir la mère, mère de la
fille, lui demande encore une fois si il pouvait l’épouser. Cette fois là la
dame joyeuse lui dit oui […] » (Omar, 9 ans et 10 mois, planche 6BM du
TAT).
170
DÉPOUILLEMENT DES ÉPREUVES THÉMATIQUES VERBALES
et au fantasme (IF)2
IF 1 : Introduction de « personnages » non figurant sur l’image.
IF 2 : Appel à l’imaginaire enfantin des contes.
IF 3 : Mises en scènes, dialogues, accent mis sur les interactions, digres-
sions : transparence des messages symboliques.
IF 4 : Érotisation des relations, prégnance de la thématique sexuelle
et/ou symbolisme transparent.
171
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
172
DÉPOUILLEMENT DES ÉPREUVES THÉMATIQUES VERBALES
Les procédés IF 3 (mises en scènes, dialogues, accent mis sur les inter-
actions, digressions : transparence des messages symboliques)1 sont très
directement le témoin de l’existence d’une scène psychique sur laquelle
s’animent les « personnages » des planches à travers des récits en général
longs. Cette activité est d’autant plus remarquable que l’enfant est jeune
et néanmoins capable d’utiliser le langage des interactions : « se disputer »,
« se bagarrer », « se parler », « embêter l’autre », « se moquer de »… Le
déploiement d’un scénario futur s’inscrit dans le prolongement scénique :
« Il va rattraper PN, il va le manger » ; « Il va dire… faire. » Les procé-
dés IF 3 trament les fils de l’espace sur la chaîne du temps. « PN est tout
content de revoir sa maman avec tous ses amis. Il regarde : “oh maman,
oh maman !”, il cria très fort et après sa maman elle l’a puni. PN il est
très méchant avec sa maman, il désobéit, il crie aussi fort que François.
Alors PN il disa “oh ! maman pourquoi tu me punis ?” La maman disa
“parce que tu es très pas sage, alors je vais te mettre à la cave” »
(Nathalie, 6 ans, « Hésitation » PN).
Commentaires et digressions, loin d’occulter les évocations conflic-
tuelles, soulignent la résonance au contenu latent (à la différence des
commentaires émis dans une quête de relation avec le clinicien (RC 2) et
de ceux qui montrent un raccrochage au concret) : « Là ils dorment, ils
sont dans la chambre de la maman, ils sont dans un lit de bébé, aussi ils
sont petits et ils s’aiment beaucoup, et aussi ils s’amusent beaucoup. Ma
maman m’a mis du vernis. C’est beau ! Y a aussi la chambre de la
maman et du papa. Y a aussi la lumière qui est grande, qui est fait pour
allumer. Y a des fenêtres ouverts ou fermé[e]s » (Arielle, 5 ans et 5 mois,
planche 5 du CAT).
Les procédés IF 4 (érotisation des relations, prégnance de la théma-
tique sexuelle et/ou symbolisme transparent) peuvent apparaître sous des
formes plus ou moins adéquates signant :
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
ils, ils, ils les ont vus dans la forêt, alors après ils les ont accueillis,
après ils leur ont donné à manger, après ils sont devenus grands, après
ils sont [zont] aimé ; après l’avait la femelle et le mâle, ça arrivait
pareil avec le tigre, la même histoire ». Myriam (8 ans et 5 mois,
planche 19 du TAT) remplace les sollicitations prégénitales anxiogènes
par l’érotisation des représentations ; à la défaillance de contenant de
l’image maternelle, se substitue la fuite en avant dans la sexualisation
des représentations.
Les procédés IF 5 (instabilité identificatoire, hésitations, confusions sur
le sexe des « personnages ») : les confusions fréquentes et spectaculaires
se trouvent au PN, chez les jeunes enfants, sous forme d’inversion des
images parentales recouvrant un fantasme de père nourricier. Plus dis-
crètes au CAT et au TAT, les oscillations identificatoires peuvent prendre
appui sur certains contours mal définis. Mais bien plus significatifs sont,
en période de latence, les glissements opérés, non pas au niveau du per-
cept, mais au plan du langage sous forme de lapsus, d’inversions, de
superpositions, proche parfois du flou identitaire. « […] Il était 9 heures,
Stéphanie s’éveilla et alla prendre son déjeuner. Elle s’habilla. Il était
maintenant 10 heures. Jamais Stéphane n’avait autant dormi. La grand-
mère alla donc voir ce qui se passait, elle ouvrit doucement la porte de sa
chambre, s’approcha de lui […]. » (Françoise, 9 ans, planche 5 du TAT.)
Ces hésitations s’insèrent ici dans un ensemble par ailleurs bien
construit.
Les procédés IF 6 (insistance sur les représentations d’action (aller,
courir, dire, fuir, faire)) : l’accent est mis sur les représentations d’action
dans un contexte de mise en scène, en général dramatisée, à connotation
conflictuelle et/ou érotique (à la différence des items RE 2 où le « faire »
relève de la référence à l’expérience familière). « La maman, PN, il y a la
sœur, il y a Porcinet, le papa et l’autre sœur qui boivent du lait. PN il
galope pour prendre le lait à la maman, il galope pour prendre la douche.
Il vient prendre le lait de sa maman mais comme il y a déjà Porcinet… »
(Sylvie, 8 ans, PN « Hésitation ».)
Les procédés IF 7 (fabulation loin des planches, inadéquation du thème
au stimulus), à nuancer en fonction de l’âge, caractérisent des récits four-
nis, plein de rebondissements, d’aventures et de multiples « personnages »
introduits. Le clinicien a parfois du mal à se repérer dans la surabondan-
ce des données difficiles à prendre en notes. Cette difficulté est d’autant
plus grande que le récit s’éloigne du contenu latent et s’accompagne
d’interférences psychomotrices.
Par delà la facture labile, un surcroît d’excitation se fait jour, que
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DÉPOUILLEMENT DES ÉPREUVES THÉMATIQUES VERBALES
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1. Allen W., 1985, The purple rose of Cairo, USA Production Orion Pictures.
2. Page 175.
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DÉPOUILLEMENT DES ÉPREUVES THÉMATIQUES VERBALES
monde, ils font une grande fête… »). Dans ces cas il s’agit d’une modali-
té défensive à connotation maniaque.
Les procédés OC 7 (répétition, remâchage, persévération) désignent
différents degrés et différents contextes où la répétition intervient.
La répétition peut souligner l’enlisement dans l’expression conflic-
tuelle :
– à travers un aller-et-retour par exemple entre l’expression pulsionnelle
et la défense. Il s’agit là de modalités élaborées en liaison avec le
refoulement ; elles ne peuvent donc prendre sens qu’à partir de la
conflictualisation œdipienne ;
– dans un contexte dépressif où la dépendance à l’objet et le risque de
perte entraînent une rumination de la pensée : « C’est un lion, puis
c’est le roi, un grand-père lion, il attend sa fille, elle vient pas, sa fille
vient pas encore, le roi s’inquiète puis elle vient pas, il se met à pleu-
rer, puis la fille elle vient. “Pourquoi t’es pas venue ?” […] » (Cécile,
8 ans, planche 3 du CAT).
Mais il peut aussi s’agir d’un mouvement persévératif apparenté à la
compulsion de répétition : mécanisme par lequel une pensée, un acte, une
opération défensive sont inconsciemment reproduits en dépit du déplaisir
qu’ils engendrent. La répétition de la même thématique d’une planche à
l’autre, quel que soit le stimulus, relève de ce mécanisme. Pour
Alexandre (12 ans), tous les récits du TAT reproduisent, à partir de la
planche 7BM, le même thème de guerre et de destruction que l’accumu-
lation des défenses rigides ne réussit plus à endiguer.
Les procédés OC 8 (fausses perceptions, scotomes1, bizarreries percep-
tives) concernent les différentes formes d’avatars perceptifs.
Voici un exemple d’utilisation de Dd rare inscrit dans un contexte
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
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DÉPOUILLEMENT DES ÉPREUVES THÉMATIQUES VERBALES
8.3. Synthèse
1. L’écriture des procédés en ordonnée et des planches en abscisse par exemple est
extrêmement commode, notamment dans les travaux de recherche auprès de groupes.
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DÉPOUILLEMENT DES ÉPREUVES THÉMATIQUES VERBALES
Registres de problématiques
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
1. Dans son sens temporel, la régression suppose une succession génétique et désigne
le retour du sujet à des étapes dépassées de son développement (stades libidinaux, rela-
tions d’objets, identifications, etc.) (Laplanche J., Pontalis J.-B., 1967, p. 400).
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DÉPOUILLEMENT DES ÉPREUVES THÉMATIQUES VERBALES
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DÉPOUILLEMENT DES ÉPREUVES THÉMATIQUES VERBALES
191
9. ILLUSTRATIONS CLINIQUES
192
ILLUSTRATIONS CLINIQUES
Planche 1
« Un petit oiseau, un petit oiseau et un petit oiseau, trois petits oiseaux
qui voulaient manger et qui zavaient pas de parents et ils pouvaient pas
manger parce qu’ils voulaient pas se servir tout seuls et leurs parents
étaient morts. Ils voulaient pas manger tout seuls. [« Ils étaient morts ? »]
Parce qu’ils voulaient aller à la guerre sans leurs petits oiseaux, parce
qu’ils étaient trop petits pour aller et les cow-boys les ont tués. Et ils
savaient rien faire. »
Planche 2
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
d’une rivalité phallique (IF 3, IF 5), suivie d’un affect dépressif (RA 1)
lié au renoncement.
Problématique : cette illustration est tout à fait exemplaire de l’accès,
d’abord aux différences de génération et de sexe, puis à la conflictualité
dans le couple. La tentative de s’approprier les attributs phalliques du
père se heurte à la réalité de la castration dont la reconnaissance suscite à
la fois résignation dépressive et protestation.
Planche 3
« Alors ça c’est un lion assis sur une chaise, il cherchait quelque chose
pour sa lionne. Et il n’arrivait pas à trouver, alors il a décidé d’aller cher-
cher quelque chose avec sa voiture au magasin et puis il a pris le plan,
comme celui-là, le même [montre le plan de Paris accroché sur le mur] et
après il a acheté un bijou, une bague, et cette bague était dorée et la
maman était très contente. »
Planche 4
« Alors deux chèvres et un kangourou, non deux kangourous et une
chèvre, et après la chèvre va au marché, elle achète du lait, des carottes et
un sapin et puis la chèvre était contente d’acheter quelque chose pour ses
petits enfants et la chèvre elle a fait son marché et elle rentre à la maison
et elle voit son papa, son mari. »
194
ILLUSTRATIONS CLINIQUES
ses attributs dont les enfants, eux, restent nantis et à évoquer le rapproché
libidinal avec le père.
Planche 5
« Un lit. Y avait un petit chat qui dormait et un chien. Ils étaient perdus
dans le noir, leur papa et leur maman étaient cachés sous les couvertures.
Enfin, ils avaient trouvé quelqu’un pour les aider et quelqu’un était très
très gentil. » (Digressions, parle à toute vitesse, il est impossible de
noter.)
Planche 6
« Deux pandas qui racontaient l’histoire et y avait des belles fleurs, des
fleurs, les fleurs étaient des jonquilles et après les jonquilles disparaîtra,
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
les jonquilles pleura parce qu’elles trouvent plus leur maison [« Elles
trouvent plus leur maison ? »] Leur pot. Leur pot il faut qu’elles le gar-
dent et la jonquille pleura longtemps, longtemps [chantonne] et elle sont
heureuses : elles dansent. »
195
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Planche 7
« Un singe, un tigre, le tigre et le singe ne savaient pas qui était le plus
fort. C’était le tigre [en chantant] qui voulait manger le singe. Le singe
avait trop peur, il courait, courait, courait et le singe est mort ! le tigre est
pas mort, il a trouvé beaucoup de singes et puis le tigre et bien il voulait
trouver un singe, il arrivait pas à trouver… et après il voulait aller sur un
cheval [mime] [digression ++] ».
Planche 8
« Seulement des singes qui prendaient le thé. Seulement ça… »
196
ILLUSTRATIONS CLINIQUES
Planche 9
« Une maison, un lit, un lapin dans le lit. Le lapin il était pas fatigué du
tout, il voulait pas dormir [suce son pouce] et puis après le plancher était
pas beau, il savait pas où était l’aspirateur, il pouvait pas acheter. Et puis
malheureusement un dragon qui passait par là, qui crachait du feu, le
lapin avait drôlement peur, il se cachait sous ses couvertures [mime]. »
Planche 10
« Alors un chien, et un chien, un petit chien et un grand chien. Le petit
chien il allait faire pipi vite [mime], il courra vite pour aller faire pipi et il
voulait quoi… attend, il allait presque faire pipi dans sa culotte, il avait
déjà fait et la maman elle était pas contente. Y avait deux petits chats
cachés dans les cabinets. Le chat et le chien ils s’amusaient bien, ils
aimaient pas beaucoup les chiens [digression]. »
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
197
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Synthèse
198
ILLUSTRATIONS CLINIQUES
La problématique
Massivement placée sous le signe œdipien, la problématique se donne à
voir à travers ses deux aspects essentiels : le rapproché libidinal avec
l’image paternelle et la rivalité par rapport à l’image maternelle. Autant
la part de désir dans ce fantasme paraît relativement réalisable par voie
défensive interposée, autant la compétition avec l’image maternelle est
difficilement négociable car elle devient synonyme de perte d’objet.
C’est plutôt l’empreinte d’une rivalité phallique qui se fait jour, plaçant la
lutte sur un terrain infra-sexué. La castration apparaît de toute manière,
incontournable, en sanction des désirs interdits, entraînant un vécu
dépressif intense.
Ce protocole offre un témoignage extrêmement vivant d’une dynamique
œdipienne encore très chaude et agissante ; en même temps on voit s’ins-
taller, en signe de son déclin, le renoncement à l’objet phallique et
l’acceptation de la castration malgré quelques soubresauts revendicatifs de
courte durée. Le large éventail des ressources défensives et leur inscrip-
tion dans un registre mentalisé devraient permettre l’élaboration de la
position dépressive réactivée à cette étape charnière du développement.
L’hypothèse diagnostique la plus vraisemblable est celle d’un fonction-
nement « normal » riche, caractérisé par la souplesse des instances et par
la mise en place de modalités névrotiques structurantes.
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
199
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Le frontispice
PN est un garçon d’un an. « Là c’est deux filles » (les petits blancs) ;
elles ont « 1 an et 1 mois, non 3 mois, ce sont ses sœurs ». Les parents
sont inversés, malgré les attributs évidents.
« Je vais les garder toutes ». Dimitri examine chaque planche, les repla-
ce au fur et à mesure comme il les a trouvées, il met « Rêve mère » de
côté, la reprend, étale les planches et les raconte dans l’ordre où elles se
présentent jusqu’à lassitude, sans opérer réellement une sélection ni une
succession personnelles. Ont cependant été laissées de côté « Tétée 1 » et
« Tétée 2 », « Bataille », « Rêve mère » et « Rêve père ».
200
ILLUSTRATIONS CLINIQUES
Jeux sales
« PN ils sont en train de jouer dans la gadoue plein d’huile et puis ils
s’amusent à s’arroser plein de gadoue, ils sont tout dégoûtants. »
Baiser
« Et puis maintenant le papa et la maman sont en train de se faire un câlin
(agite la planche) et c’est tout » (les images parentales sont toujours
inversées).
Chèvre
« Et elle boit le biberon dans une autre dame, elle croyait que c’était sa
maman. En vrai c’est pas sa maman. »
Départ
« Puis le petit cochon il est en train de s’en aller, il est sur la route et puis
il s’en va à sa maison. »
201
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Courte-échelle
« Et puis là y a la maman qui l’aide à monter sur l’arbre [« À monter sur
l’arbre ? »] Pour attraper les petits oiseaux, pour attraper l’écureuil. »
Procédés : le récit, appuyé sur la description (RE 1), campe une inter-
action duelle (IF 3).
Problématique : la scène renvoie à un rapproché de l’image maternelle
dans un contexte d’étayage. La dimension trangressive et surmoïque
n’est pas perçue.
Hésitation
« Et maintenant il sont en train de se chamailler. »
Jars
« Et maintenant y a un aigle qui arrive et qui mord la queue au petit
cochon pour qu’il les attrape [sifflote, regarde ailleurs]. »
202
ILLUSTRATIONS CLINIQUES
Auge
« Et puis maintenant ils sont en train de manger leur bouillie. »
Portée
« Et puis là le monsieur il s’occupe des petits cochons, il leur donne de la
bouillie, du foin pour les petits. »
Charrette
« Puis là le petit cochon qui fait un rêve que un monsieur qu’il a attrapé
les petits cochons. [« Est-ce que c’est un beau rêve ? »] Non, il les attra-
perait. Un vilain monsieur. »
Nuit
« Puis maintenant c’est la nuit et il[s] regarde[nt] la lune venir et c’est
fini. »
203
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Trou
« Et maintenant le petit cochon il est dans la bouillie, tout seul dans le
noir. »
Auge
Dimitri reprend à nouveau cette planche. « Et après il y a les petits
cochons en train de se reposer. »
■ Planches aimées
Trou
« Comme il faisait noir qu’il allait dans la nuit, dans la gadoue. »
Portée
« Et puis là il[s] lui donne[nt] à manger et du foin pour les petits. »
204
ILLUSTRATIONS CLINIQUES
Auge
« Puis c’était comme ils étaient allongés et l’autre faisait caca. »
Charrette
« C’est quand le vilain monsieur les prenait tous les petits cochons. »
Nuit
« Et puis là, il l’a… comme ils étaient dans le noir qu’ils regardaient la
lune. »
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
Départ
« Et là comme il était parti et qu’il était sur la route. »
205
ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Jeux sales
« Et comme il[s] se trempai[en]t dans la gadouillasse » [« Tu aimes cette
image ? »] [grand sourire] Oui ! j’aime ! »
Procédés : l’indistinction identitaire reste la même. La question du cli-
nicien entraîne une expression d’affects (RA 1).
Problématique : la coloration affective de cette situation anale décon-
flictualisée est nettement positive.
Charrette
« Comme il l’avait pris, qu’il l’avait emmené dans son carrosse et après
l’autre. »
Jars
« L’aigle il l’avait tiré la queue pour qu’il mange et c’est tout. »
Troisième étape
La fée
Premier vœu : « Il voudrait être un grand monsieur, un humain qui est
en train de faire de la moto, qui a déjà son permis de conduire. »
Deuxième vœu : « Qu’il voudrait faire du cross. »
Troisième vœu : « Que sa maman lui donne beaucoup de cadeaux. »
206
ILLUSTRATIONS CLINIQUES
Les questions
« Il est content de sa patte noire ? » « Non, oui, je trouve qu’il est
content, comme ça on peut le reconnaître. »
« Qui tu préfères dans tous ces dessins ? » « PN parce que c’est un gar-
çon et il a sa jambe noire. »
Synthèse
La problématique
Rares sont les occasions d’assister, à travers une production projective,
à l’expression aussi explicite d’un désordre pulsionnel. Car c’est bien là
le centre de la problématique : tout semble mis sur le même plan, comme
si le développement libidinal était jonché d’éléments pulsionnels épars
confondant les zones érogènes, le haut et le bas, le devant et le derrière,
ce qui entre dans le corps et ce qui en sort, l’intérieur du corps et les
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
208
ILLUSTRATIONS CLINIQUES
Planche 1
« C’est un garçon qui joue de la musique et euh… son professeur lui a dit
que c’était pas les bonnes notes pour jouer de son instrument et alors il
fait la tête.
[« Comment ça finit ? »] Il trouvera des autres notes ».
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Planche 2
« C’est dans un champ, euh… et… une fille qui sort du collège et qui tra-
verse un champ et elle regarde ce que… ce que les fermiers font… c’est
tout. [« Raconte-moi l’histoire »] Alors… et le soir elle sort du collège et
elle vient de traverser les champs… et comme elle aime bien dessiner,
elle va essayer de dessiner les champs et là elle regarde une dame qui va
avoir un bébé et après elle repartira chez elle. [« Elle les connaît ? »]
Non. »
Planche 3BM
« C’est un petit garçon qui jouait aux voitures et il est très fatigué… plus
il jouait, plus il était fatigué et il s’est endormi sur le canapé et… après il
s’est réveillé, il s’est aperçu de l’heure, tout le monde était couché et il
est parti dormir dans son lit. »
210
ILLUSTRATIONS CLINIQUES
Planche 4
« Alors c’est un couple et un jour le monsieur il est fâché et la dame elle
essaye de le calmer et il part… il part… travailler avec des hommes, avec
des hommes, et puis, euh… et après un an plus tard la femme le rencontre
et… ils reviennent tous les deux ensemble et ils ont plusieurs enfants. »
Planche 5
« C’est une dame avec son mari, ils dorment et ils entendent du bruit, et
leurs enfants ils crient parce qu’ils ont peur… avec leur papa… et puis la
dame elle va voir dans la salle à manger, il y a rien, elle va pratiquement
dans toutes les pièces et elle ne trouve rien et un moment après ils se ren-
dorment tous et ils entendent encore du bruit… et après la dame elle va
revoir la salle à manger et c’était un petit chat sauvage qui était entré
dans la maison et ils l’ont adopté et ils sont rendormis euh… sans avoir,
non… et ils sont endormis tranquillement. »
Planche 6GF
« C’est une dame qui va à une soirée et elle est toute seule, euh… ++…
après un monsieur, euh, s’approche… de la dame et il lui dit… est-ce que
vous voulez danser avec moi et la dame lui répond oui. C’est tout. »
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Planche 7GF
« Alors c’est la maman des deux filles qui zont eu un bébé et euh… les
deux sœurs n’arrêtent pas de se battre pour avoir le bébé… et un jour leur
maman leur a pris le bébé et ils ne l’ont pas vu pendant… une journée.
C’est tout. [« Qu’est-ce que tu vois sur l’image ? »] Deux filles avec un
bébé. »
Planche 8 BM
« Alors c’est un garçon qui est avec son papa et euh, le garçon il a perdu
sa maman et un jour son papa est tombé, il a averti plein de gens pour
l’emmener chez le médecin, les médecins l’ont opéré et euh… il a
guéri… Deux ans plus tard il a rencontré une dame qui ressemblait à sa
femme. C’est tout. »
Procédés : l’histoire est construite loin du matériel (IF 7), sur un mode
essentiellement labile avec personnages introduits (IF 1), dramatisation
et rebondissements (RA 2). L’érotisation est de règle (IF 4), venant se
substituer à l’évocation de la séparation.
Problématique : la pression du scénario œdipien est telle qu’on le
retrouve même à propos de cette planche, introduisant une dimension
agressive inattendue à l’égard de l’image maternelle. Cette agressivité
peu gérable, susceptible d’entraîner la perte de l’objet, est supplantée par
l’hypersexualisation des représentations.
212
ILLUSTRATIONS CLINIQUES
Planche 9 GF
« …++… c’est deux sœurs… la première, euh… elle a 20 ans… et la
seconde… 19 ans. Euh… une des deux sœurs avait un mari et deux
enfants… euh… son mari était parti à la guerre et ils ont téléphoné… et il
a téléphoné à sa femme qui lui a dit je reviens dans quatre jours. Le qua-
trième jour elle courut et… s’était couru pour voir si son mari était là,
elle le cherchait partout, elle ne le voyait pas, elle a demandé à des gens
s’ils l’avaient vu et ils lui ont dit qu’il était parti dans un avion et les
ennemis lui ont tiré une bombe et donc il est mort… et c’est tout. »
Planche 10
« Euh… ah ! c’est un couple qui sont séparés et s’aiment encore et la
dame est partie voir son père pour lui dire ce, ce… qu’il y était arrivé…
et euh… il la consolèrent et elle pleurait pendant… une heure. Et la dame
vut dans la rue un monsieur qui était charmant et ils se marient et eurent
beaucoup d’enfants. »
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
Planche 11
« [Murmure] je sais ce que c’est… ah voilà… C’est deux hommes qui
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Planche 12 BG
« C’est à la campagne… un garçon et une fille… montèrent dans une
barque, le garçon ramait doucement, ils sont restés sur l’eau toute une
journée et un moment ils sont endormis et il y avait plein de pierres… et
voilà. Les parents des deux enfants ont vu que leur barque n’était plus là,
ils ont pris une autre, ils ont ramé vite… jusqu’aux enfants, ils les ont
trouvés presque à la chute d’eau, et le soir les parents ont donné une
punition aux deux enfants. [« Pourquoi ont-il été punis ? »] Ils ont pas
demandé la permission des parents et ils auraient pu mourir. »
Planche 13 B
« Euh, c’est un garçon qui un matin se lève très tôt, va dans la ferme, dit
bonjour à toutes les vaches et s’asseoit dehors… sa maman ne savait pas
qu’il était réveillé. Elle s’est inquiétée pour lui alors qu’il était en train de
jouer avec un instrument. Et le jour où c’est arrivé, c’était l’anniversaire
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ILLUSTRATIONS CLINIQUES
Planche 19
« Alors c’est toute une famille qui a construit avant l’hiver une petite
maison près d’un arbre. Ils ont mis neuf semaines pour la construire,
après les neuf semaines l’hiver a commencé. Toute la famille s’est réunie
dans la maison et ce jour là c’était Noël, ils ont fait un grand repas, ils ont
eu tous un cadeau et… à minuit ils se sont couchés et le lendemain matin
il n’y avait plus de neige. C’est tout. »
Planche 16
« Euh… il était une fois… euh un petit garçon… et ses trois sœurs
vivaient avec leurs parents. La maman et le papa n’avaient pas beaucoup
d’argent pour nourrir ses quatre enfants, alors leur papa qui était bûche-
ron l’ont emmené, les ont emmenés avec lui et quand, et quand il avait
fini il était déjà le soir, il a fait exprès de perdre ses quatre zenfants… et
les quatre zenfants se sont endormis, le lendemain matin ils se sont
réveillés, ils ont continué leur chemin, ils ont aperçu leur maison. Et leurs
parents avaient beaucoup d’argent pour nourrir ses quatre zenfants et ils
vivent heureux. »
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ÉPREUVES THÉMATIQUES EN CLINIQUE INFANTILE
Synthèse
La problématique
Le registre œdipien des conflits s’impose en première lecture, au vu de
l’orientation du choix objectal, de l’investissement déçu des représenta-
tions phalliques déstabilisant l’axe activité/passivité, et des sanctions qui
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ILLUSTRATIONS CLINIQUES
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