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FAURE Marie

L’excès dans Gargantua de Rabelais


Tout d’abord, l’excès se manifeste à travers la physionomie des personnages : ce sont
des géants, que l’on pourrait même comparer à des monstres : ils ont un appétit et une soif
insatiables, leurs corps et leurs vêtements sont démesurément grands. Leur manière excessive de
manger et de boire leur donnent un caractère monstrueux, à la fois drôle et inquiétant. Tout y passe :
Gargantua mange même des pèlerins par erreur. Mais les personnages de Rabelais sont aussi les
figures d’une époque où le trop et le gras témoignent d’une bonne santé (contrairement à notre
époque).

Le caractère inquiétant et monstrueux de Gargantua se retrouve aussi dans le rire, la joie :


l’excès de bonheur peut même conduire à la mort.

Dès l’enfance de Gargantua, tout est déjà trop. Gargantua ne naît pas vraiment enfant : il a
déjà un comportement d’adulte dans ses propos, ses habitudes alimentaires… Intrinsèquement liée à
la nourriture, sa sexualité se développe dès les toutes premières années de sa vie. Gargantua est
donc un enfant né adulte et qui vivra, de plus, très longtemps (plus de 500 ans).

L’éducation de Gargantua (comme celle de Pantagruel) est un gigantesque programme à


la mesure d’un géant, et incarne aussi le désir humaniste d’embrasser toutes les connaissances
humaines. Cette ambition a pu être réalisée par certains contemporains de Rabelais,en commençant
par l’auteur lui-même : Rabelais est un exemple de cette immense curiosité, de ce désir de savoir,
de découvrir.

À partir du moment où Gargantua commence à bénéficier de l’éducation humaniste de


Ponocrates son précepteur, son gigantisme semble s’effacer. Il ne ressemble plus à l’espèce de
monstre tout le temps affamé, et à l’appétit sexuel énorme. Il est plus dans la mesure. Il devient un
véritable modèle humaniste, dont l’excès n’est plus dans le comportement, mais dans la soif de
connaissances. Cet excès de tout est en accord avec l’idéal humaniste d’être en osmose non pas
avec le monde, mais avec le cosmos tout entier. Le géant peut même être vu comme un monde.

Gargantua est un trajet vers la perfection : l’excès de nourriture et de boisson conduit à un


lavement, à une purgation pour construire, à terme, quelque chose de neuf, d’idéal, une utopie :
l’abbaye de Thélème. Dans cette abbaye, il y a une harmonie... Même si tout est très grand, très
luxueux, les Thélémites bénéficient d’une totale liberté. Mais pourtant, il n’y a pas d’excès. Les
résidents se règlent d’eux-même, la vie s’organise naturellement. On peut y retrouver la philosophie
épicurienne des plaisirs modérés.

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