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AUGUSTE, EMPEREUR DE LA REPUBLIQUE ROMAINE

Bonjour à tous,
Aujourd’hui je vais vous parler d’Auguste, 1er empereur de Rome et tenter de répondre à
cette question : doit-il être considéré comme le restaurateur de la république ou empereur ?

PREAMBULE
Mais avant toute chose, il me semble primordial de vous présenter d’une part, ce qu’était la
république dans la Rome antique et surtout quel était, au 1er siècle avant JC, le contexte
politique et social de cette dernière.
La république n’a alors rien à voir avec celle telle que nous la connaissons aujourd’hui. Il
s’agit d’un système oligarchique dans lequel le pouvoir appartient au peuple qui élit les
magistrats pour le représenter et administrer la Res Publica, chose publique ou Etat romain.
Le Sénat discute toutes les décisions et ses membres sont les citoyens les plus riches et les
anciens magistrats. Les Romains définissent leur système de gouvernement en place par le
terme « Libertas », incarnée par l’union du Sénat et de l’ensemble des citoyens et résumée
par la formule « Senatus Populus Que Romanus ».
Ces institutions républicaines romaines ont été conçues, à la fin du règne du détesté Tarquin
en – 509. Au 1er siècle av JC, elles n’ont quasiment pas évolué et le pouvoir est toujours entre
les mains d’une poignée de grandes familles aristocratiques qui emploient leur fortune à se
rallier des partisans pour asseoir leur pouvoir. Elles peinent désormais à gouverner la Res
Publica qui s’étend alors sur l’ensemble des rives de la Méditerranée et la république semble
bien dépasser par la réussite militaire fulgurante de ses légions. L’administration des
provinces parfois distantes de milliers de km, est complexe et, depuis plusieurs décennies,
les guerres civiles sont devenues endémiques. C’est dans ce contexte chaotique que Jules
César, général ambitieux vainqueur des Gaulois, s’empare du pouvoir en 49 avant JC alors
qu’il franchit le Rubicon à la tête de ses légions, se plaçant ainsi en ennemi de la république.
Il fait ensuite rendre sa magistrature de dictateur perpétuelle, cumule tous les pouvoirs,
nomme ses proches aux postes clés et est à la tête d’une fortune colossale ! Le Sénat est
sous contrôle et les anciennes familles aristocrates considèrent César comme un véritable
danger pour leur république…

INTRODUCTION
Ainsi, quand en 44 avant JC, César meurt, assassiné par une vingtaine de conjurés de 23
coups de poignard en plein Sénat, Rome est à nouveau en proie au chaos…
Marc Antoine, loyal lieutenant de César, saisit alors l’opportunité et se pose en successeur
du dictateur. Mais c’est sans compter le testament posthume de ce dernier par lequel il
adopte son petit-neveu Caïus Octavius et lui lègue sa fortune. Un jeune homme méconnu de
18 ans devient alors l’héritier du prestigieux nom de César.
Comment Octave, que rien ne prédestinait à une telle carrière va habilement, pour
s’emparer du pouvoir, se présenter dans un premier temps en défenseur et restaurateur de
la république pour ensuite devenir Auguste, empereur de Rome ?

1. Octave, restaurateur de la république


44 – 31 av JC : Octave, un opportunisme victorieux de ses adversaires

A- Qui est Octave ?


Issu de la haute aristocratie romaine, originaire du Latium, Octave naît à Rome en 63 av. J.-C.
Son père, Octavius, est le premier de sa famille à tenter de gravir tous les échelons du cursus
honorum. Il meurt alors que son fils n'a pas encore 5 ans.
Les premiers pas politiques du futur Auguste reposent sur les liens que sa mère, Atia, a
noués avec plusieurs membres de l'aristocratie romaine dont César, son oncle. Ce dernier
repère en Octave une vive intelligence et, durant la guerre civile qui l’oppose à Pompée,
Octave se range du côté de son aïeul. Son destin bascule lorsqu'il apprend que César a fait
de lui son fils adoptif et l'héritier de trois quarts de ses biens. Il part à la conquête du pouvoir
avec l'aide de ses deux plus fidèles amis, Agrippa et Mécène.

B- Octave et Marc-Antoine, une alliance de façade


Les années 44 à 30 av. J.-C. sont caractérisées par de multiples renversements de situation.
Et, les deux rivaux que sont Marc-Antoine et Octave vont tour à tour s’affronter ou s’allier
dans l’unique but de s’emparer du pouvoir.
Ainsi, si suite à la mort de César, le conflit entre les deux successeurs semble inévitable, les 2
hommes se rapprochent pour vaincre les assassins de César (qui ont levé une armée en
Orient au nom de la république…). Et en 43 av. J.-C., ils forment une entente, le
« Triumvirat » avec Lépide – général et homme politique romain. L'alliance de ces trois
hommes leur permet de mettre à mort leurs adversaires mais Rome retombe dans la guerre
civile…
Même si celui qu'on appelle désormais Octavien ou César le Jeune ne semble pas le mieux
placé, il sait alors adopter une stratégie efficace lui permettant de renforcer sa position.
Il élimine tous ses adversaires : tout d'abord Lucius Antonius, frère d’Antoine ; ensuite
Pompée ; enfin, Lépide, relevé de ses fonctions de triumvir.
Octave reste alors face à Marc-Antoine, chacun disposant d'une moitié de l'empire qu’ils se
sont partagés : l'Orient pour le premier, l'Occident pour le second.
C- Octavien, défenseur de la république
C’est alors qu’Octavien se présente en défenseur de la république et met en place une
véritable campagne de diffamation pour détruire l’image publique de son rival. Il manœuvre
avec beaucoup d’habileté et joue sur l’image solaire d’Apollon, attaché aux institutions
républicaines et à la persistance de Rome comme capitale tandis que Marc-Antoine est
présenté comme un oriental susceptible de déplacer la capitale de l’empire en Orient,
surtout après son union avec Cléopâtre.
Octavien, afin de se débarrasser de ce gênant rival, décide de déclarer la guerre à Cléopâtre
et se pose en bouclier de Rome ! Le conflit s’achève après une année, en 31 av JC, par la
défaite d'Antoine à Actium. Un an plus tard, abandonné de tous, Marc-Antoine se suicide à
Alexandrie. Octave a gagné ! Cette victoire marque la fin des guerres civiles, il a ramené
l’ordre et la paix civile dans la république : c’est la Pax Romana.
Loin de commettre la même erreur que son grand-oncle, très intelligemment, Octavien, qui
connaît l’aversion des Romains pour la Monarchie, rend alors, lors d’un discours éloquent
devant les sénateurs, les pouvoirs extraordinaires qui lui ont été conférés, preuve évidente
de son respect total pour les institutions de la République et de son amour pour la
« Libertas ». Le Sénat, séduit, le conjure de continuer à servir la république et lui offre un
Imperium de 10 ans. Les sénateurs lui décernent même en 27 av JC le titre d’Auguste,
autrement dit, celui dont la parole est sacrée !

2. Le principat : derrière la fiction républicaine, une monarchie…

A- Des institutions républicaines sauvegardées


Dans la Rome antique, l’empereur ou imperator est celui qui détient l’imperium, pouvoir
souverain civil et militaire qui appartient sous la république au dictateur, consul ou prêteur
nommés par le Sénat.
Or, comme nous l’avons vu, après sa victoire à Actium, Octave incarne l’autorité morale qui
fait de lui un être supérieur, il devient le premier parmi les citoyens : le Princeps. A la
demande même du Sénat, l’imperator Augustus devient alors le maître incontesté de Rome.
Auguste vient d’inventer un nouveau système de gouvernement qu’il dirige : le Principat.
Mais, il ne s’affranchit pas pour autant des institutions républicaines. Et, le Principat semble,
dans l’absolu, respectueux des traditions républicaines.
En effet, toutes les institutions sont conservées : le peuple continue de voter, le Sénat de se
rassembler, la république d’exister. Les anciennes magistratures sont soigneusement
maintenues.
B- Auguste, véritable empereur
Mais, à la différence de la république romaine, le Principat est un régime politique dans
lequel ces institutions républicaines sont désormais toutes sous l’autorité d’un seul homme.
Auguste devient, de fait, l’imperator, l’empereur détenant l’imperium et l’ensemble des
pouvoirs.
Voilà comment, sans aucune proclamation officielle, s’est éteinte la république et est né
l’empire, qui n’a d’ailleurs jamais été proclamé…
Auguste, désormais seul maître de Rome, marque, à l’instar de tous les grands souverains, sa
puissance en devenant bâtisseur et rénovateur. Son long règne de 40 ans, commencé dans la
violence des guerres civiles, a assisté à l’explosion de l’art, de l’architecture et des sciences.
La cité éternelle telle que nous la connaissons maintenant a été en grande partie enrichie,
grâce à Auguste, de nouveaux bâtiments prestigieux.
Par ailleurs, de nouvelles conquêtes ont repoussé les frontières de l’Empire. Ses légions,
équipées du meilleur armement, ont connu de grandes victoires.
Enfin, et malgré l’aversion profonde des Romains pour la monarchie, Auguste a même réussi
à imposer progressivement l’idée d’un successeur. Et, à sa mort, son fils adoptif Tibère
devient à son tour empereur.

Conclusion
Auguste, après un début de règne marqué par la violence et la brutalité s’est façonné une
image d’empereur réfléchi, juste et équilibré. Sa devise « Festina lente » est révélatrice de
son tempérament.
En rétablissant la paix au sein de Rome et en conservant l’intégralité des ancestrales
institutions de la République, Auguste a été le restaurateur de la république mise à mal
depuis des décennies.
Grâce à son intelligence, à sa finesse, il réussit à instaurer un nouveau régime politique : ni
république, ni empire, le Principat, tout en gardant les institutions républicaines chères aux
Romains, a permis la mise en place d’un quasi-monarque, Auguste, qui concentre l’ensemble
des pouvoirs. Ainsi, Auguste semble bien être l’empereur de la république romaine !

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