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« Sens, enjeux et pouvoir de la bienveillance dans la relation éducative et pédagogique »

(Christophe MARSOLLIER, IGEN)

« Le bien-être » est un objet de recherche en développement, désormais reconnu et auquel « l’institution » accorde
de plus en plus de valeur.
Dans les textes institutionnels, apparaissent les termes : « autorité bienveillante », « démarche éducative
bienveillante », « rigueur bienveillante », « évaluation positive et bienveillante », « école de la confiance ».

De nombreux adultes pensent bien faire, en toute bonne foi, lorsqu’ils cherchent, par leur autorité verbale, à éradiquer
ce qu’ils considèrent comme « les mauvais penchants des enfants ».
Sévérité, dressage, menaces, humiliation constituent la violence éducative ordinaire.

Dans la population des élèves, il y en a qui sont beaucoup plus fragiles que d’autres, qui n’ont pas la même résilience
que d’autres.
De nombreux pédopsychiatres et des chercheurs montrent les conséquences néfastes de cette violence éducative
ordinaire :
-mal être, stress, angoisse, phobie scolaire
-absentéisme
-démotivation, repli sur soi, désengagement, décrochage scolaire
-conduites antisociales, agressivité, harcèlement …
-faible estime de soi, faible résilience
-addictions diverses

Souffrance psychologique : garçons 28,8 %, filles 42,2 %


6 à 12 ans 30,2 %, dont 46,9 % des filles (42 % des garçons) angoissés de ne pas réussir assez bien l’école.
Le suicide est la 2ème cause de mortalité parmi les 15-24 ans.
Un jeune sur 10 a déclaré avoir pensé au moins une fois au suicide au cours des 12 derniers mois.
Age moyen de la 1ère tentative : 13,6 ans.

Les émotions ressenties au moment de paroles blessantes prononcées par un enseignant : injustice, humiliation,
impuissance. Emotions destructrices.
Conséquences :
Stress, peur, angoisse de prendre la parole, d’aller à l’école
Repli sur soi
Rejet de la matière, démotivation
Perte d’estime de soi, dévalorisation
Baisse des résultats scolaires
Rejet de l’école
Changement d’orientation
Désir de vengeance

Le sens de la bienveillance : « vouloir le bien d’autrui »


La bienveillance vise à la fois :
- A sécuriser, protéger
- A créer les conditions de l’épanouissement de l’autre, de son bien-être et de ses progrès

Les enjeux de la qualité des feed-back de l’enseignant :


Situation pédagogique question de l’enseignant réponse de l’élève (E ou O) Feed back de l’enseignant
Les feed-back des enseignants peuvent déclencher chez les élèves, des émotions et des sentiments (agréables ou
désagréables) susceptibles de les submerger et d’agir durablement sur
- Leurs raisonnements
- Leurs rapports à l’enseignant, au savoir et à l’apprendre (motivations)
- Leur estime de soi (confiance en soi, représentation de soi)
- Leurs prises de décision
- Leur bien-être
- Leur réussite scolaire

Exemples : « Tu as réfléchi pour répondre cela ! », « Bon, on ne va pas y passer la nuit ! », « Ce sont les bébés qui
écrivent comme cela », « je vais te secouer, tu vas comprendre ! »

3 principes fondateurs de la bienveillance :


- Le respect inconditionnel de chaque élève / ses droits, ses émotions, ses besoins physiologiques et
psychiques fondamentaux, quels que soient sa personnalité, son parcours, son identité.
- L’acceptation des limites actuelles de ses compétences, eu égard à son âge et ses acquis, tout en étant
confiant dans son potentiel.
- La confiance manifestée, la considération positive / ses possibilités d’évolution personnelle, son
éducabilité, sa dignité.

Il y a 2 grandes orientations de la bienveillance :


la bienveillance passive, qui consiste à :
-veiller à ne pas blesser l’estime de soi de l’élève
-éviter de le décourager, de le juger
-le laisser se confronter seul à ses difficultés
-avoir la vigilance de s’abstenir de vouloir du mal à l’élève

la bienveillance active, qui se caractérise par :


- La qualité de la présence et de la relation
- un soutien de proximité et différencié
- L’aide à l’auto évaluation positive de ses erreurs
- Des temps de soutien métacognitif
- Des feed-back positifs
- Des exigences adaptées à chaque élève
- L’empathie / besoins et émotions des élèves
- Des supports respectueux des références culturelles
- Manifester de l’intérêt

Lorsqu’elle est active, la bienveillance est une exigence vis-à-vis de l’élève et de soi-même.
C’est une dynamique portée par un questionnement intérieur : « comment puis-je agir au mieux pour lui ? »
C’est une exigence de qualité vis-à-vis de soi-même et au sujet de l’élève, dans les représentations, les choix et les
actes :
- Didactiques : contenu et critères d’évaluation différenciés
- Pédagogiques : conduite de classe et notamment la communication verbale (choix des mots), non verbale
(attitude corporelle, mimiques), para verbale (ton sur lequel on s’exprime, le débit de la parole).

La bienveillance active renforce la résilience des élèves.


L’empathie est le ciment d’une relation bienveillante.

Il est important de construire la réciprocité de ce sentiment d’empathie.


Exemple :
Dire aux élèves de quoi on a besoin pour travailler avec eux (puis laisser s’installer le silence)
(Ensuite) leur demander de quoi ils ont besoin pour qu’ils travaillent avec nous.

Bibliographie : « Investir la relation pédagogique - Repères pour l’éthique de l’enseignant » de Christophe Marsollier

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