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Presses Universitaires de France

MONTAIGNE, DESCARTES ET PASCAL SELON LÉON BRUNSCHVICG


Author(s): Marie-Anne Cochet
Source: Revue de Métaphysique et de Morale, 51e Année, No. 2 (Avril 1946), pp. 174-180
Published by: Presses Universitaires de France
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Accessed: 30-10-2015 09:54 UTC

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ET PASCAL
DESCARTES
MONTAIGNE,
*
SELONLÉONBRUNSCHVICG

Au-dessusdes dévastations, des persécutionset des esclavages,


au-dessusde la misèreet de la faim,quelque chose demeure,
invioléet inviolable : le règnede la Pensée. Dans les tempsde
carnage comme dans les tempsde paix, il jette le défitriom-
de
phant l'esprit à la matière.
Léon Brunschvicg, disparuTan passé,nousa laissé une œuvre
magnifique. Elle nous enseigne,nouséclaire,et nousappellevers
les sommetsqu'il a survolés.Cetteœuvresembledifficile à beau-
coup : ceci pour deux raisons La est
principales. première l'écart
entrela penséedu maître* pénétréepar toutesles philosophies
qu'il a revécues et repensées dansuneintimité profonde, entresa
maîtrisedes idées humaines,quil'amèneà établirentreelles des
rapportsconstants à traverstoutela symphonie des penséesphi-
losophiques,et la mentalité de ses lecteursqui,s'ils ontquelque
connaissancedes doctrines, ne les ontpas assimiléesà ce point
dans leur conscience.Alors les rayonslumineuxqui éclatent
ici à chaque pag*eautourde l'idée centraleles troublent et les
éblouissent.
La secondeest le mouvement continuellement ascendantde
cettepensée qui refusel'arrêtdu systèmepour retenir,dans
chaquemoment, l'intégration vivantede l'espritqui traversel'hu-
manité: ici, maintenant.
C'est ainsi que troisdes chefs-d'œuvre brunschvicgiens : Les
. V
Étapesde la Penséemathématique Expériencehumaineet la
1. L'auteur de cette étude n'aura pas pu même la relire ni en corriger les
épreuves. En la publiant aujourd'hui, nous tenons à adresser un souvenir ému
à MlleMarie-AnneCochet, qui servit pendant tant d'annéçs, avec tant d'ardeur
et d'intelligence,les intérêtsde la pensée française en Belgique.

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M.-A. COCHET. - MONTAIGNE,DESCARTESET PASCAL. 175

Causalitéphysique,enfinLe Progrèsde la Consciencedans la


Philosophieoccidentale, inscrivent etsignentsa volontéet la por-
tée de son enseignement. Dans l'histoiredes œuvreshumainesil
dégagele rythme de l'espriten luttecontreles automatismes de
l'habitude, dans la science ou dans la morale, et soulève la volonté
versles horizons élargis,dégagésdes ensevelissements du passé.
Cetteconception de l'esprit,immanent à l'histoirepouraccomplir
le devenirdes hommes,en face d'une conception charismatique
de Thistoire se développant par l'instinct et la violence, faitres-
sortirclairement deuxroutesdivergentes. Ou cellede l'animalité,
se développant par la luttedes forceset la destruction du plus
faible,ou celle de l'intelligence inscrivant sa tracedans les con-
sciencespurifiées par l'esprit,qui seul peutmenerl'hommevers
la vérité,versl'amourde la vérité,vers la joie de la vérité.La
conversionspirituelle de l'animalitéà l'humanité s'inscritici, et
nousvoyonstragiquement aujourd'huicombienla leçonétait,et
reste,urgente.
Nous voulonsévoquerdans ces pagesl'un des livresultimesde
Léon Brunschvicg : DescartesetPascal, lecteursde Montaigne.
Cet ouvrage,écritdurantla tempêteà la foismatérielleet
morale,est émouvant par sonintimesérénité.Il donneaux Fran-
çais une haute leçon en leur rappelantla sourcespirituellede
leurcivilisation, et, sans la formuler, les inviteà retourner aux
géniesqui l'ont fondée. Entre ces trois grandesintelligences le
maîtreva établirces rapportset engagerces dialoguesqui lui
sontfamiliers et qui redonnent la vieà ceuxqui en sontl'objet.
Montaigneest, naturellement, le premieracteurde cettetrilo-
-
gie dramatique plus en d'un sens. - L'auteurnous montre
combienDescartes, sans se référer à lui,en procèdeassez étroite-
ment.PourPascal,la choseest évidente.Déjà chez ce maîtredu
bonsensqu'estl'auteurdes Essais, se révèlela lutteentrele réa-
lisme et l'idéalisme.Une analysesubtilenous montredans son
œuvrecettesincérité, cettesimplicité et aussi cetteclartéqui sont
biende cheznous.De ce scepticisme mesuré,de cetagnosticisme
sans angoisse,vontsurgir,pourceux qui les suivent,deuxche-
minsdivergents : l'idéalismerationnelde Descartes,allantdes
vers
principes l'expérience, et le rythme contraire de Pascal,1par-
tantde l'expérience des
pourengendrer principes.Ainsil'activité
fonctionnelle de l'intelligencese trouvemanifestéeen deux

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176 REVUE DE MÉTAPHYSIQUEET DE MORALE.

œuvres contemporaines,singulièrementéclairantes à cet égard.


Ces deux rythmes,poussés à l'absolu, engendrerontleurs con-
séquences. L'expérience de Descartes,étantune démonstration de
ses principes (auxquels il transporte l'évidence du Cogito, sur
lequel nous reviendronsplus loin), ira vers un mécanisme strict,
ne laissantaucun jeu pour se dépasser, tandisque l'expériencede
Pascal engendrerades principessans autre rigueurque la justifi-
cation des faits. Cette expérience sera dynamique, et souvent,
selon ses plans de pensée, sans rigueurrationnelle.
Un des plus beaux passages du livre est celui où l'auteur nous
montreDescartes faisantsortirla physique de sa métaphysique,
délivrantl'espace de touteautre réalitéque celle des exigences de
l'esprit; et nous voyonscette spiritualitéde l'espace aboutir,plu-
sieurssiècles plus tard,aux conceptionsd'Einstein,si dégagées de
réalisme et procédantde l'espritpur. D'ailleurs, le mécanisme de
Descartes ne se pose que sur la matière douée d'inertie. Brun-
schvicgnous déclare :
« De l'animal-machineà l'homme-machine, il n'y a, semble-t-il,
« qu'un pas. Or, ce pas, Descartes se refuse à le franchir,et ce
« n'est nullementpar une timiditéde caractère qui l'aurait empê-
« ché d'aller au boutde sa doctrine,mais, toutau contraire,parce
« que la manière dont il introduitet justifiela vérité d'un méca-
« nisme intégral,immanenten quelque sorte à lui-même,a ses
« racines effectivesdans une métaphysiquedont on ne doit pas
« dire seulement qu'elle est radicale, mais qui renouvelle, en la
« portantà un degré de puretéjusqu'alors insoupçonné,la notion
« de spiritualité.... La révolution cartésienne signifie que la
« matièrerendue à elle-mêmepar la découvertedécisive du prin-
« cipe d'inertie,c'est aussi l'esprit rendu à soi. Les équivoques
« qu'entretenaientles notionstroublesd'âme végétativeet d'âme
« sensitive disparaissent,l'âme humaine recouvrel'unité qui lui
« est essentielle,elle est Yâme raisonnable dontla fonctionpropre
« est de penser.... Comment,en effet,opérerle passage des appa-
« rencesillusoiresdes sens ou de l'imaginationà la véritéde l'en-
« tendement,si on n'avaitcommencépar écartertoutedonnée qui
« vient du dehors? Le doute universelest la conditionpremière
« de l'avènementd'une physiquerationnelle.« Par exemple, écrit
« Descartes, je trouveen mon esprit deux idées du soleil, toutes
« diverses: l'une tire son origine des sens... par laquelle il me

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M.-A. COCHET. - MONTAIGNE,DESCARTES ET PASCAL. 177

« paraîtextrêmement petit; l'autreest prisedes raisonsde Tas-


« tronomie, c'est-à-direde certainesnotionsnées avec moi,ou
« enfinest formée par moi-même, de quelque sorteque ce puisse
« être,par laquelleil me paraîtplusieursfoisplus grandque la
« terre» (Troisièmeméditation). Pour que la secondeidée soit
« reconnue commevraie,il fautbienque la premièreaitété mise
« en doute,et ce douteattestela réalitéd'un moi qui prendcon-
« sciencede soi dansl'affirmation de son existence: Cogitoergo
« sum. »
Mais, si le caractèreintellectuel de la notiond'espacepur géo-
métrique est relativement facileà admettre, le passage à l'espace
réel du physicienest plus difficile à comprendre, et c'est par le
détourde l'idéede Dieu,partantde cellede l'infini, que Descartes
y parvient. Aussi au
bien,si, point de vue psychologique, la pensée,
affirmée le
par doute,n'impliquepas nécessairement l'existence
de celui qui doute,au pointde vue de l'absolule sum est iden-
tiqueà la Penséeou, du moins,la penséeportesonexistencedans
sonessencemême,et le « sum» franchit effectivement le passage
du néantà l'être.
Il semblequ'actuellement la penséecartésienne, dansce qu'elle
a de fondamental pour la connaissancehumaine,s'imposeà
Vétudedes penseurs.Déjà Husserl,en minimisant le doute- ce
qui estlui retirersa puissance- s'étaitpenchésur la lumièredu
Cogito.Les belles analysesqui en sontfaitesactuellement au
Collègede France1en précisentun renouvellement profond, car
c'est le propredes grandesœuvresde n'êtrejamais épuisées,
étantjustementinfinies.Dans toutesces pages si pleinesde
lumière,LéonBrunschvicg rattachesansrelâcheà Montaigne les
grandesdémarches du cartésianisme.
« La plupartdes commentateurs de Descartes,nousdit-il,ont
« été des philosophesde profession qui n'ontguèrelu que par
« distraction les Essais de Montaigne ; ceuxde Montaigneontété
« le plus souventdes hommesde lettres,qui ontreculédevant
« l'étude des Essais scientifiques de Descartes. C'est pourqoi
« n'ontpas toujoursété suffisamment misen reliefles rapports de
« solidarité toutà la foiset d'opposition qui nous ont paru exister
« entreles deuxœuvres.Et cependant, ce qui s'y trouveengagé,
« c'estle passage d'uncertainétatde civilisation à un toutdifle-
1. Cours de M. L. Lavelle.
Riv. de Mîta. - T. LVI (no 2, 1946). 12

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178" ET DE MOHÀtÊ.
REVUEDE MÉTAPHYSIQUE

« rent.» Le maîtreparle ici du passage, en religioncommeen


science,du réalismeà l'idéalisme,et nousallonsvoir« s'engager
« le combatdansl'antagonisme de Descarteset de Pascal. »
A la vérité,si cet antagonismeest si évidententreces deux
grandesfiguresde Thistoire dienotrepensée,c'est qu'ils eurent
un géndescientifique égal. Mais cet antagonismeexiste dans
touteconscience, et il estle principede tousnosproblèmes et de
toutes*nosdécouvertes. Il y a unerésistancedu réaJisn&e à l'idéa-
lismeetunerésistance de l'idéalismeau réalisme.Cetterésistance
propulsela pensée; elle existe dans les hautessphèresentre
l'êtreet le néant,entre* Lefraietl'infini.Au tempsque nousévo-
quons ici, c'était encore,et pourplus d'un siècle,un.empirisme
sensiblequi menaitle-réalisme;. mais, avec le développement
des applications scientifiques, cetempirisme estdevenule rythme
entrela technique, se heurtant aux principesrigides,et ces prin-
cipes eux-mêmes, lorsqu'ilsse dogmatisent. Il y a aussi, entre
et uño d®
Pascal Descartes,, antagonisme tempérament. Tandisqrae
Descartesest un penseurintrépide, se suffisantà lui-même et sûr
de ses évidences,Pascal subitdes influences successivesissues
des espritsqui l'approchent. Son père,,ses sœurs,Port-Royal,
Méré,Mitón, lünclinent. peu peu en diverschemins.El il est
à
bienvrai que le mouvement dieleur penséescientifique est con-
traireà celuide Descartes,justementparceque Pascal a besoin
d'un pointde départsensible- et que Descartes,installédans sa
raison, n'en recherche pas le critère.
De ce pointde vue, lorsquePascal traverseral'angoissede la
souffrance et de la mort,sa direction de penséele mèneraversun
réalismereligieux,que d'ailleursil ne maintient qu'à grandren-
fortd'ascétisme.
L'opposition entreles deux œuvreses-tanalyséepar L. Bruns-
chvicgavec son impartialité et sa profondeur habituelleet toutes
ces pages sontadmirables.La filièrede l'influence pascalienne,
sonchemindansla philosophie française estdécritmagistralement
et resteradans notrehistoire.J'inclinerais à ne pas être per-
suadéeque Kierkegaard puisse être rangé dans cettephalange,car
Kierkegaard, n'étantpas scientifique, n'a pu effectuerce renverse-
mentde la scienceà la foiqui rend Pascal si célèbre,en raison
de ses découvertes.
Ces découvertes demeurent et se développent encore,tandisque

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M.-A. COCHET. - MONTAIGNE,DESCARTES ET PASCAL. 179

sonapologétiquen'a plus que la valeurde sa grandebeautéd'ex-


pression.Dans cettegrandepenséetoutétaitmagnifique et ten-
dait au Le
sublime. rapprochement avec Comte est instructifà
cet égard, mais Comteà côté de Pascal semble une parodie.
L'aboutissement partielà. AugustinCouraotet à Emile Boutroux
fournit unebase solideau développement ultérieurdes conceptions
L.
physiques. Brunsehvicg nous dit :
« Le calculdes probabilités, qu'AugusteComteavaiten exécra-
« tion,est appelépar Gournot nonseulementà transformer l'éco-
<cnomiepolitiqueen disciplinepositive,mais à mesureravec
« exactitude et scrupulela portéede ce qu'il est légitimed'affir-
« meren science,en histoire,en métaphysique. Comie refusait
« d'inclinerla majestéde la loi, la rigiditéd'une formulesimple,
« loi de Mariotte ou loi de Newton,devantla réalitécomplexedu
« faitexpérimental. EmileBoutroux,partantde cetteproposition
« pascalienneque le mécanismeest vrai seulement« en gros »,
« soutientle droitirrécusablede l'événement singulieren facede
«.la généralité abstraite ; ce qui n'ébranlenullement le détermi-
« nismecausal,maisce qui préservel'espritcontrele dangerde
« s'emprisonner dans les cadresqu'ila préparésen vue de capter
« les phénomènes de l'univers,aJorsqu'il doitse réserverdeles
« assoupliret de les résoudresans cesse pourserrerde plusprès
« la subtilité
infinie du réel.
« Cournot meurten 1875et la Thèsede la Contingence des Lois
« de la Natureestde 1874.11seraitsuperflu de rappelerparquels
« détourssurprenants la science authentiquement positiveest
« venueen ratifier les anticipations, qui allaientdélibérément à
« rencontre des préjugésdes savantsd'alors.Einstein« invente
« librement », commeil se plaîtà dire,une théoriede la gravita-
citionqui corrigeles approximations de la formule newtonienne,
« grâceau remaniement totaldes notionsde tempset d'espace
« Par la découvertede la mécaniqueondulatoire, M. Louis de
« Broglieconsacrela constitution d'unephysiquedes probabilités
« qui s'engagedans une coursevertigineuse à la recherche des
« élémentsdu monde,triomphe la
de sciencetelleque Pascal l'a
« conçue,maisdontil seraitpourtant injusted'exclure l'inspiration
« cartésienne, etla remarquepourraêtrede grandeconséquence
« pourunheureux dénouement de la trilogieoù se sontaffrontés
« sous nosyeuxles pursgéniesdu doute,du savoir,etde la foi.»

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180 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

(( En un certainsens,si rudimentaire que soitencorel'imagedu


« tourbillon, l'association de Tondeet du corpuscule est en germe
« dansl'universdesPrincipes.D'autrepart,il ne convient pas que
« l'échecde Descartesmècaniste ombragela victoire de Descartes
« analyste.Le développement de l'atomistiquecontemporaine
« exige qu'on abandonnetoutespoirde représentation spatiale,
« qu'onse forçde uniquement surle jeu des équations,c'est-à-dire
« qu'on s'avancedans cettevoie que Descartesavaitouvertepar
« la créationde l'algèbreen tantque disciplineautonome, et qu'il
« avaitdélaissée,afind'édifiera priori et de paraîtreacheverle
« systèmede sonmécanisme.»
Voicidoncque l'antagonisme des deuxgénies,divergents dans
leursméthodes,se retrouvedans les progrèsréalisés.Leur dia-
loguedansle tempsporteses fruits ; il ^'apaise et se pénètreense
prolongeant. Le beau livre de Brunschvicgnous donne une
grandeleçon. Une leçon d'amour et nonde guerre.Carles diffé-
rencessontnécessairesà la pensée; si on ne détruit pas ce qu'on
combat,on le transforme, etc"estce que nousenseignele fonction-
nementmêmede la pensée.Le réalismes'idéaliseau contactdes
exigencesde la penséepure,etl'idéalismese réaliseen s'opposant
à lui. Le dieu intérieurà l'espritde l'immanencebrunschvic-
gienne pénètredans l'âme de ceux qu'il combat.Il ne détruit
rien,maisil transforme tout.C'est la victoirede l'espritsur la
matière, et c'estcette victoirequ'il fautchercher. Elle seulejustifie
la vie.
Je voudraisdireen terminant combienl'époquede Boutrouxet
de Poincaréme sembleimportante. Il seraittempsque quelque
thèsereprenneLa Contingence de Lois de la Nature. Comme
pourtoutesles œuvrespuissantes, le tempsen s'écoulant enéclaire
les profondeurs. Il est bonde constater etde faireressortir quelle
luciditévers l'avenirdonnela métaphysique à ceux qui en par-
courentles cheminsavecun espritsincèreet uneintelligence sans
peur.
Marie-AnneCochet.

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