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RECHERCHES HISTORIQUES
CINQUIÈME PARTIE
LE VOLAIRIANISME
NOUVELLE ÉDITION
À PARTIR DE CELLE DE 1857 PAR GAUME FRÈRES
Éditions Saint-Remi
– 2011 –
Œuvres de Mgr Jean-Joseph GAUME,
publiées aux éditions Saint-Remi
Éditions Saint-Remi
BP 80 – 33410 CADILLAC
05 56 76 73 38
www.saint-remi.fr
AVANT-PROPOS.
Ilqu’en
est un reproche qu’on n’a jamais fait à la Révolution, et
effet elle ne mérite pas, c’est d’ignorer sa généalogie et
de méconnaître ses ancêtres. Or, ses premiers sourires furent tout
à la fois pour Brutus, Scévola, Thémistocle, Lycurgue, Voltaire,
Rousseau, Mably. A peine sortie des langes de son berceau, elle
manifeste sa piété filiale en associant dans les mêmes honneurs
ses pères et ses aïeux.
L’histoire nous a dit ce qu’elle a fait pour les premiers chefs de
sa lignée ; il lui reste à nous apprendre ce qu’elle a fait pour ses
ascendants immédiats.
Le dimanche 8 mai 1791, la municipalité de Paris demande à
l’Assemblée nationale que les restes de Voltaire soient amenés
triomphalement dans la capitale. Regnault (député de Saint-Jean-
d’Angély) appuie la demande, « attendu, dit-il, que Voltaire est le
seul homme qui ait repoussé le fanatisme et éclairé l’ignorance »
(Monit. 9 mai 1794).
A Regnault succède Treilhard. « Voltaire, dit-il, en 1764, com-
mençait la Révolution dont nous sommes témoins ; il l’annonçait
telle que nous la voyons. C’est à lui que nous la devons ; et c’est
peut-être un des premiers pour lesquels nous devons les hon-
neurs que vous destinez aux grands hommes qui ont bien mérité
de la patrie. Je ne parle pas ici de la conduite particulière de Vol-
8 LA RÉVOLUTION FRANÇAISE
taire : il suffit qu’il ait honoré le genre humain, qu’il soit l’auteur
d’une révolution aussi belle, aussi grande que la nôtre, pour que
nous nous empressions tous de lui faire rendre au plus tôt les
honneurs qui lui sont dus (Monit. ibi.).
Appeler grand homme celui qui toute sa vie a été l’esclave des
plus ignobles passions ; bienfaiteur de la patrie celui qui, dès le
premier jour où il sut tenir une plume, ne cessa d’outrager les plus
pures gloires de son pays, et de le démoraliser par les moyens les
plus sataniques ; l’honneur du genre humain, celui dont la vie lit-
téraire fut une prostitution continuelle du talent, et une attaque
insensée contre l’édifice religieux et social, dont la chute devait at-
tirer sur le monde des maux incalculables : outrage à la vérité,
renversement du sens chrétien ! Mais Voltaire a fait la Révolution,
il est son père : Treilhard est logique.
Le 30 mai, Gossin demande les honneurs du Panthéon pour
Voltaire et la fixation du jour de l’apothéose. « Voltaire, dit-il, a
créé un monument qui repose sur les plus grands bienfaits
comme sur les plus sublimes productions du génie : Voltaire a
terrassé le fanatisme, dénoncé les erreurs jusqu’alors idolâtrées de
nos antiques institutions ; il a déchiré le voile qui couvrait toutes
les tyrannies. Les Français devenus libres décerneront au libéra-
teur de la pensée l’honneur qu’a reçu d’eux un des fondateurs de
la liberté » (Monit. 30 mai 1791)
Appuyant la motion de Gossin, Regnault monte de nouveau à
la tribune et s’écrie : « Je réclame les honneurs du Panthéon pour
le philosophe qui osa, un des premiers, parler aux peuples de
leurs droits, de leur dignité, de leur puissance, au milieu d’une
cour corrompue. Son regard perçant a lu dans l’avenir, et a aperçu
l’aurore de la liberté, de la régénération française, dont il jetait les
semences avec autant de soin que de courage... Voltaire a fait par
son exemple une Révolution dans l’histoire ; eh bien ! cette Révo-
lution a préparé la nôtre » (Monit. 30 mai 1791).
La demande est convertie en décret. Le dimanche 10 juillet
1791 une députation du corps municipal se transporte à la bar-
rière de Charenton pour recevoir le corps de Voltaire qui arrivait
de Romilly à Paris.
CHAP. I – APOTHÉOSE DE VOLTAIRE 9
1Palloy en avait fait faire quatre-vingt-trois semblables, qui avaient été envoyés
dans chaque département. Sous les divers gouvernements qui se sont succédé
en France, le même individu a distribué gratuitement aux curieux des frag-
ments de fer et de pierres provenant de la démolition de la Bastille.
CHAP. I – APOTHÉOSE DE VOLTAIRE 11
1791.
CHAP. I – APOTHÉOSE DE VOLTAIRE 15
elle dire d’une manière plus explicite : Il est mon saint, il fut mon
père ?
TABLE DES MATIÈRES
AVANT-PROPOS......................................................................................5
CHAPITRE PREMIER. APOTHÉOSE DE VOLTAIRE......................7
La Révolution reconnaît Voltaire pour un de ses pères. - Demande de la
municipalité de Paris pour obtenir la translation des restes de Voltaire. -
Paroles de Regnault de Saint-Jean d’Angély, de Treilhard. - Demande d’une
fête en l’honneur de Voltaire. - Paroles de Gossin, de Regnault. - Arrivée de
Voltaire à Paris. - Station à la Bastille. - Description de l’apothéose. -
Caractère païen de cette cérémonie. ................................................................... 7
CHAPITRE II. APOTHEOSE DE ROUSSEAU. ................................. 16
La Révolution le reconnaît pour son père. - Pension à sa veuve. - Demande
des honneurs du Panthéon. - Paroles d’Eymard. - Description de
l’apothéose. .......................................................................................................... 16
CHAPITRE III. MABLY ET LES AUTRES PHILOSOPHES...........25
La Révolution est destruction et reconstruction. - Voltaire la personnifie
dans son œuvre de destruction religieuse. - Rousseau dans son œuvre de
destruction sociale : l’un et l’autre dans son œuvre de reconstruction
religieuse et sociale. - Mably, autre préparateur de la Révolution. - Son
épitaphe. - Demande, en sa faveur, d’une statue, des honneurs du Panthéon.
- Paroles d’Arnoux et de Dussaulx. - La Révolution reconnait tous les autres
philosophes pour ses aïeux. - Paroles de M. de Landine, de Chabroud, de
Prud’homme, de Baudin, de Robespierre, de Riouffe. — Le témoignage de
la Révolution justifié par la philosophie elle-même. - Filiation du
voltairianisme....................................................................................................... 25
CHAPITRE IV. VOLTAIRE. ................................................................. 31
Fils de la Renaissance et des études de collège, il perd la foi et les mœurs. -
Ses premiers vers. - Témoignage de l’éducation classique qu’il reçut. -
Ignorance et mépris du christianisme. - Enthousiasme pour le paganisme. -
Témoignage de Condorcet. - De la Harpe. - De Lefranc de Pompignan. -
Analyse de la Philosophie de l’histoire. - Toutes les théories, toutes les fables de
l’antiquité classique, admirées et reproduites par Voltaire. - Mépris constant
du christianisme, de sa langue, de ses arts, de ses hommes. - Éloge de la
Renaissance.......................................................................................................... 31
CHAPITRE V. VOLTAIRE....................................................................40
Analyse de l’Essai sur les mœurs. - Éloge constant de l’antiquité païenne, de
ses arts et de sa littérature, de sa liberté de la parole et des cultes. - Mépris
profond du christianisme et du moyen âge, de sa langue, de son art, de ses
lois, de sa science. - Admiration pour la Renaissance. - Généalogie du libre
penser. - Apothéose de l’homme. ..................................................................... 40
198 TABLE DES MATIÈRES