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Cours _ Économie générale_ Partie Microéconomie _ 2020-2021/Dr.

SAWADOGO Martin

Chapitre II. L’élasticité et ses applications


L’élasticité est un concept essentiel dans l’analyse économique. Il facilite le raisonnement
économique et permet de répondre à des questions pertinentes. Par exemple, une
vendeuse de galettes q u i s e p o se l a q u e s t io n , q u el e s t l’ ef f e t d ’ une augmentation
du prix des galettes sur les ventes (chiffre d’affaire). L’élasticité de l’offre et de la demande
permet d’élucider ces types de questionnement.

I. L’élasticité-prix de la demande
a- Concept d’élasticité
Selon la loi de la demande, lorsque le prix d’un bien augmente, la quantité demandée de
ce bien diminue. La loi de la demande donne ainsi le sens de la variation de la quantité par
suite d’une variation du prix. Elle ne permet de savoir l’amplitude de c e t t e v a r i a t i o n .
Cette amplitude va dépendre de la capacité de la demande à réagir au changement de prix.

Soit le marché du maïs. Supposer q u ’ une faible pluviosité provoque u n e b a i s s e d e l a


p r o d u c t i o n . C e c i v a e n t r a i n e r à s o n t o u r un déplacement de la courbe d’offre vers
la gauche, ce qui implique une augmentation du prix. L’impact sur la quantité demandée et
vendue (quantité d’équilibre) dépendra de la forme de la courbe de demande.
Considérer les deux cas de la figure 3.1. Dans le cas A, la courbe de demande est moins plate
que dans le cas B. L’aplatissement de la courbe de demande joue sur l’effet de l’augmentation
du prix provenant d’une baisse de l’offre. Dans le panel A de la figure 3.1, lorsque le prix
augmente de 75 F à 125 F (soit une augmentation de 66 %), la quantité d’équilibre baisse de
100 T à 80 T (soit une baisse de 20 %). Par contre, dans le panel B, un passage du prix de 75 F
à 100 F (une augmentation de 33 %), s’accompagne d’un passage de la quantité de 100 T à
60 T (une diminution de 40 %). La quantité répond plus amplement à une variation du prix
dans le cas B que dans le cas A. On dira que la demande est plus élastique dans le cas B que
dans le cas A.

Figure 1. 1 - Effet d’un déplacement de la courbe d’offre sur le niveau du prix et de la quantité
d’équilibre
Par suite d’une baisse de la production de maïs, la courbe d’offre se déplace de S0 à S1. L’impact
sur le prix et la quantité dépend de l’aplatissement de la courbe de demande. Lorsque la
courbe de demande est presque verticale (panel A), la diminution de l’offre entraîne une
forte augmentation du prix (de 75 F à 125 F). Lorsque la courbe de demande est plate (panel
B), la diminution de l’offre entraîne une augmentation du prix moins importante, de 75 F à 100
F. La quantité demandée réagit plus fortement au prix dans le panel B que dans le panel A.

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b- Définition et calcul
L’élasticité-prix de la demande, notée souvent par e, est définie comme la variation en
pourcentage de la quantité demandée divisée par la variation en pourcentage du prix :

𝑉𝑎𝑟𝑖𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑒𝑛 % 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑞𝑢𝑎𝑛𝑡𝑖𝑡é 𝑑𝑒𝑚𝑎𝑛𝑑é𝑒


𝑒=
𝑉𝑎𝑟𝑖𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑒𝑛 % 𝑑𝑢 𝑝𝑟𝑖𝑥
En utilisant l’exemple ayant servi d’illustration, on obtient les résultats suivants :

20% 20
Panel A: 𝑒 = =
66% 66
= 0,3

40% 40
Panel B: 𝑒 = 33% = 33 = 1,21
Note d’éclaircissement ! En réalité, l’élasticité - prix de la demande est un nombre négatif.
Lorsque le prix augmente, la quantité demandée diminue. En application les valeurs de
l’élasticité calculées dans le texte sont respectivement -0,30 et -1,21. Par convention, on se
contente de représenter l’élasticité par sa valeur absolue, sachant que ce nombre est négatif. La
considération de la valeur positive facilite les comparaisons entre élasticités. Mais dans les
interprétations, on ne doit pas oublier ce fait que quantité demandée et prix varient en sens
inverse l’un de l’autre.
Ainsi, dans le texte, l’élasticité du panel A s’interprète rigoureusement comme suit : "Toutes
choses étant égales par ailleurs", une augmentation du prix de 1 % s’accompagne d’une
diminution de la quantité demandée de 0,3 %. Dans le cas du panel B, on dira qu’une
augmentation du prix de 1 % entraîne une baisse de la quantité demandée de 1,2 % "toutes
choses étant égales par ailleurs".

En mathématique la variation en % de la variable x s’écrit :


∆𝑥
La variation en % de 𝑥 = 𝑥 ∗ 100 avec ∆x = x1 − x0 où x1 et x0 sont deux valeurs données de
x. En utilisant l’opérateur ∆, la formule de l’élasticité s’écrit :
∆𝑞/𝑞
𝑒=
∆𝑝/𝑝
Où q représente la quantité demandée et p le prix du bien.
Pour appliquer cette formule, supposons par exemple qu’à un temps t on a les données
suivantes sur la demande de bissap : Prix=200 F/litre, quantité demandée=25 litres. Par suite
d’une augmentation de l’offre, l e prix passe à 150 F/litre et la quantité demandée à 35 litres.
Quelle est l’élasticité-prix de la demande de bissap ? En appliquant la formule :
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∆𝑞/𝑞 (35 − 25)/25 10/25
𝑒= = = = − 5 = −1,6
∆𝑝/𝑝 (150 − 200)/200 −50/200 1
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En prenant la valeur absolue, on obtient e =1,6. Une baisse du prix du bissap de 1% entraîne
une augmentation de la quantité demandée de 1,6% "toutes choses étant égales par ailleurs". La
demande de bissap est élastique au prix.

c- Classification des biens selon l’élasticité


La valeur 1 est utilisée comme point de rupture pour la comparaison des biens selon
l’élasticité Ainsi :
Les biens dont l’élasticité dépasse 1 sont des biens à demande élastique. Une augmentation du
prix dans ce cas entraîne une baisse de la quantité demandée relativement plus ample que
l ’ a u g m e n t a t i o n du prix. De même une diminution du prix entraîne une augmentation
relativement plus ample de la quantité demandée. Dans une telle situation, la manipulation
des prix a un effet saisissable sur la demande.

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Si l’élasticité est inférieure à 1, on dit que la demande est inélastique. Dans ce cas, une augmentation
du prix entraîne une diminution relativement moins ample de la quantité demandée.
Inversement, une diminution du prix entraîne une augmentation relativement moins ample
de la quantité demandée. La manipulation des prix dans ce cas a peu d’impact sur les
quantités demandées.
Il existe deux cas extrêmes. Dans le premier, une variation du prix entraîne une variation
illimitée de la quantité. On dit que la demande est infiniment (parfaitement) élastique. En
particulier, la moindre hausse du prix se traduit par la baisse de la quantité à zéro, alors que
la moindre baisse du prix se traduit par une hausse infinie de la quantité. Dans le deuxième
cas, une variation du prix laisse la quantité inchangée. On dit que la demande est parfaitement
inélastique ou encore d’élasticité nulle.
Les valeurs des élasticités sont intimement liées à la forme de la courbe de demande, comme
le montre la figure 1.2.

d- Élasticité-prix de la demande et recettes


Une entreprise sera toujours intéressée par l’effet d’une variation des prix sur ses recettes.
La recette d’une entreprise est la quantité vendue multipliée par le prix : R = pq
Si le prix augmente de 1%, les recettes diminueront si la quantité diminue de plus de 1 %. Les
recettes augmentent si la quantité diminue de moins de 1%. On peut utiliser l’élasticité pour
exprimer ce résultat.

- Si l’élasticité est supérieure à 1 (demande élastique), les recettes baissent par suite d’une
augmentation des prix.
- Si l’élasticité est inférieure à 1 (demande inélastique), les recettes augmentent quand le prix
augmente.
- Si l’élasticité est exactement égale à 1, l’augmentation du prix est exactement compensée par
la diminution de la quantité et les recettes restent constantes.

Ce résultat est tout à fait logique. Lorsque la demande est inélastique, le consommateur
est « prisonnier » de ses goûts : il ne peut pas réagir face à des changements. Par conséquent,
l’augmentation ou la diminution du prix laisse ses quantités achetées presque invariables.
Par contre, quand la demande est élastique, le consommateur est à même de s’ajuster. Une
augmentation du prix le fera « fuir » le produit. Un exemple de bien à demande inélastique
est l’alimentation de façon globale. Tout consommateur est obligé de se nourrir et
l’augmentation ou la diminution du prix aura peu d’impact pour beaucoup de gens.

Figure 1.2 – Formes des courbes de demande et élasticité


(a) Demande parfaitement inélastique. Le passage du prix de 15 à 18 laisse la quantité
inchangée.

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(b) Demande inélastique. Le passage du prix de 15 à 18 (+20%) entraîne le passage de la


quantité de 100 à 90 (-10%).
(c) Demande unitairement élastique. Le passage du prix de 15 à 18 (+20%) entraîne le passage
de la quantité de 100 à 80 (-20%).
(d) Demande élastique. Le passage du prix de 15 à 18 (+20%) entraîne le passage de la quantité
de 100 à 50 (-50%).
(e) Demande infiniment (parfaitement) élastique. Toute augmentation du prix au-dessus de 15
annule la demande. Toute diminution du prix en dessous de 15 conduits à une demande
infinie.

NB : Les entreprises doivent se préoccuper du niveau de l’élasticité-prix de la demande pour leurs


décisions.

e- Élasticité et pente de la courbe


Comme vu plus haut, le niveau de l’élasticité dépend de la forme de la courbe de demande.
Lorsque la courbe de demande est une droite, cette forme dépend entièrement de la pente de
la courbe. Considérer la courbe de demande de canaris ci-dessous (Figure 1.3). Cette courbe
de demande est représentée par une équation de la forme :
𝑄 = 𝑎 − 𝑏𝑝 (1)
Avec 𝑝 le prix et 𝑄 la quantité. Les valeurs de a et b définissent entièrement la droite. Si par
exemple a=150 et b=0,50 alors une valeur de 𝑝 𝑑𝑒 200 implique une valeur de50 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑄. Une
valeur de 250 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑝 implique une valeur de25 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑄.
On peut « inverser » l’équation de la courbe pour obtenir le prix à partir d’une quantité de
canaris. L’équation est :
𝑎 𝑄
𝑝= − (2)
𝑏 𝑏

Figure 1.3- Courbe de demande linéaire.


𝑎 𝑄
La pente est constante. L’équation qui la représente est de la forme 𝑝 = − . L’élasticité varie le long
𝑏 𝑏
de cette courbe même si la pente est constante.
Par exemple, avec les valeurs de a et b, si le nombre de canaris est 50, le prix payé est
(150/0,50)-(50/0,50)=300-100=200F.
Avec le prix en ordonnée, la pente de la droite correspond à celle de l’équation (2). La pente
de cette équation est définie comme suit :
𝑣𝑎𝑟𝑖𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑢 𝑝𝑟𝑖𝑥 ∆𝑝 1
𝑝𝑒𝑛𝑡𝑒 = = =
𝑣𝑎𝑟𝑖𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑞𝑢𝑎𝑛𝑡𝑖𝑡é ∆𝑄 𝑏
En reprenant la formule mathématique de l’élasticité :
∆𝑄/𝑄 ∆𝑄 𝑝 1 𝑝
𝑒= = . = .
∆𝑝/𝑝 ∆𝑝 𝑄 ∆𝑝/∆𝑄 𝑄
D’où la relation entre l’élasticité et la pente

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1 𝑝 𝑝
𝑒= . = 𝑏.
𝑝𝑒𝑛𝑡𝑒 𝑄 𝑄
1 𝑝
La pente donnée par 𝑏 est constante le long de la droite. Mais l’élasticité dépend du rapport 𝑄 :
elle est forte pour les petites valeurs de la demande et faible pour les grandes valeurs de la
𝑝
demande. Noter que pour deux courbes données, si le rapport 𝑄 est le même (ce qui est le cas
quand les deux courbes se croisent), la courbe ayant la plus forte élasticité est celle ayant la
1 1
plus faible pente (𝑏) : si 𝑏 est faible, alors b est élevé, conduisant à une plus forte valeur de 𝑒
𝑝
étant donné 𝑄
.
𝑝
Pour appliquer, prenons le point ou p=200 et Q=50. La valeur de l’élasticité est 𝑒 = 𝑏. 𝑄 =
200
0,5. = 2. En ce point, une diminution du prix du canaris de 1% entraine une augmentation
50
de la quantité demandée de 2% « ceteris paribus ». La demande est élastique en ce point.
Prenons maintenant le point (p=250, Q=25). En ce point (à vérifier), la valeur de l’élasticité est
égale à 5. La réponse de la demande à une variation du prix est encore plus ample en ce point.

f- Déterminants de l’élasticité de la demande

La valeur de l’élasticité de la demande varie fortement entre produits. Dans l’exemple de


l’étude de la consommation rurale (Figure 1.1), on a constaté que la plus forte élasticité
s’établissait à 1,19 tandis que la plus faible n’atteignait que 0,26. On peut se demander quels
facteurs expliquent ces différences de niveaux. On peut énumérer deux grandes catégories
de déterminants.

L’existence de biens substituables. Lorsque le bien analysé admet des substituts rapprochés,
les consommateurs ont plus de flexibilité dans leur choix. Toute augmentation significative
du prix du bien va pousser les consommateurs vers le produit substitut. Un exemple : la
farine de maïs et la farine de sorgho. Si le prix de la farine de sorgho augmente de façon
importante, les consommateurs vont se replier sur la farine de maïs et la demande de la
farine de sorgho baissera de façon substantielle. Il y a deux facteurs qui déterminent la
possibilité de recours à des substituts : le prix relatif et l’horizon temporel.

i) Prix relatif. Lorsque le prix d’un bien donné est faible relativement à d’autres, il
existe en général plusieurs utilisations possibles de ce bien, constituant autant de
sources de demande. Considérer par exemple la demande d’un produit comme le
ciment. Quand le prix est très bas, les consommateurs peuvent l’utiliser pour
construire toutes sortes de structures (allant du poulailler au building élaboré). Si
le prix augmente à partir de ce niveau bas, certains consommateurs vont recourir
à d’autres types de matériaux (banco, briques de pierre). Si ces matériaux existent
(ce qui est le cas au début du processus), la demande de ciment va baisser
fortement. Lorsque le ciment est par contre vendu à un prix très élevé, les
utilisateurs deviennent surtout ceux qui l’utilisent pour la construction de
structures qui ont vraiment besoin de ciment (immeubles par exemple). A ce point,
une hausse du prix du ciment ne produit pas d’effet car il n’y a pas de substituts
adéquats. Il faudrait une hausse extraordinaire du p r i x d u ciment pour que la
demande baisse (i.e. les acteurs cessent de construire). La figure 1.4 décrit cette
situation, la courbe de demande étant presque horizontale aux niveaux faibles du
prix et presque verticale aux niveaux élevés.

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Figure 1.4- Variation de l’élasticité le long de la courbe de


demande.
Autour du point B, les prix sont bas, il existe de nombreux
substituts, la demande est élastique. Autour du point A,
les prix sont élevés, les substituts sont peu nombreux, la
demande est rigide.

ii) Horizon temporel. Toutes choses égales par ailleurs, le consommateur est d’autant
plus à même de trouver des substituts à un bien donné que le temps pour ce faire
s’allonge. À court terme (c’est-à-dire un temps au cours duquel certains
ajustements sont impossibles), l’élasticité de la demande aura tendance à être
faible alors qu’à long terme (temps suffisamment long pour permettre la plupart
des ajustements) l’élasticité sera généralement plus forte. En termes de courbes
de demande, la courbe est plus aplatie dans le long terme que dans le court terme
(Figure 1.5).

Figure 1.5- Élasticité et horizon temporel.


Dans le long terme, la courbe de demande est plus
aplatie, la demande est élastique. Dans le court
terme, la courbe de demande a une pente plus raide,
la demande est moins élastique.

La nature du bien : bien essentiel ou bien de luxe. Les biens essentiels ont en général une
demande rigide, en ce sens que même si le prix augmente le consommateur ne peut s’en
passer. Ceci suppose l’inexistence de substitut pour ces biens essentiels. Par exemple, en
considérant l’ensemble des denrées agricoles de base comme un « bien alimentaire
», l’augmentation du prix de ce bien alimentaire pénalise les gens pauvres qui sont obligés
d’en acheter au prix plus fort. Quant à un bien de luxe, l’augmentation du prix conduit le
consommateur à s’en éloigner, et la demande d’un tel bien est élastique. Par exemple, le riz
dans certains milieux ruraux peut être considéré comme un bien de luxe dont l’augmentation
du prix conduira les résidents ruraux à s’en éloigner.
Autres élasticités : L’élasticité de la demande telle que définie peut s’appliquer à tout facteur
autre que le prix du bien. Par exemple, on peut parler d’élasticité-revenu ou d’élasticité-prix
croisée.
L’élasticité-revenu décrit la sensibilité de la quantité demandée par rapport au revenu.
Comme nous l’avons vu dans l’étude des déterminants de la demande, une hausse de revenu
entraîne l’accroissement de la quantité demandée, toutes choses égales par ailleurs.
L’élasticité-revenu permet de mesurer l’ampleur de cet accroissement de la demande. La
définition est similaire à celle de l’élasticité-prix.

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𝑣𝑎𝑟𝑖𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑒𝑛 % 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑞𝑢𝑎𝑛𝑡𝑖𝑡é 𝑑𝑒𝑚𝑎𝑛𝑑é𝑒 ∆𝑄/𝑄


𝑒𝑅 = =
𝑣𝑎𝑟𝑖𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑒𝑛 % 𝑑𝑢 𝑟𝑒𝑣𝑒𝑛𝑢 ∆𝑅/𝑅

Où R est le revenu du consommateur et Q la quantité demandée du bien considéré. On peut


classer les biens selon la valeur de l’élasticité revenu :
• Si eR est positive, le bien est dit normal. C’est le cas de la plupart des biens. Parmi les
biens normaux, on distingue deux sous-groupes :
Biens supérieurs : eR > 1. Il s’agit de biens comme les voitures, les ordinateurs, les JC 135.
Biens normaux ordinaires : 0 < eR < 1. Il s’agit de biens comme l’alimentation, les soins et les
vêtements de tous les jours.
• Si eR est négative, le bien est dit inférieur. Le kouro-kouro est probablement un bien
inférieur (il faut une étude empirique pour le confirmer).

L’élasticité-prix croisée indique la réaction de la demande lorsque le prix d’un bien substitut
ou complément varie. Par exemple, pour une vendeuse de galettes, il peut être intéressant de
savoir comment réagissent les consommateurs de galettes lorsque le prix d’un bien voisin, le
pain, augmente. L’élasticité-prix croisée est définie comme suit :

𝑣𝑎𝑟𝑖𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑒𝑛 % 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑞𝑢𝑎𝑛𝑡𝑖𝑡é 𝑑𝑒𝑚𝑎𝑛𝑑é𝑒 𝑑𝑢 𝑏𝑖𝑒𝑛 ∆𝑄/𝑄


𝑒𝐶 = ′
=
𝑣𝑎𝑟𝑖𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑒𝑛 % 𝑑𝑢 𝑝𝑟𝑖𝑥 𝑑 𝑢𝑛 𝑎𝑢𝑡𝑟𝑒 𝑏𝑖𝑒𝑛 ∆𝑃𝑥/𝑃𝑥

Où Px est le prix d’un autre bien et Q la quantité demandée du bien analysé. On peut
déterminer la relation économique qui existe entre les biens selon le signe de l’élasticité-prix
croisée.
• Si 𝑒𝐶 est positive, les deux biens sont dits substituables : l’augmentation du prix du
bien X entraîne l’augmentation de la quantité demandée du bien analysé. C’est le cas
de la farine de sorgho (bien X) et de la farine de maïs (bien analysé).
• Si 𝑒𝐶 est négative, les deux biens sont dits complémentaires : l’augmentation du prix
du bien X entraîne la diminution de la quantité demandée du bien analysé. C’est le cas
de l’huile (bien X) et du benga (bien analysé).

II. L’élasticité-prix de l’offre

a- Définition
Pour formuler un jugement quantitatif sur la modification de la quantité offerte par suite d’une
modification du prix, on utilise le concept d’élasticité-prix de l’offre. Il s’agit du même concept
que l’élasticité-prix de la demande. Par simplicité, on utilisera l’expression élasticité de l’offre.
L’élasticité de l’offre est définie comme suit :

𝑣𝑎𝑟𝑖𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑒𝑛 % 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑞𝑢𝑎𝑛𝑡𝑖𝑡é 𝑜𝑓𝑓𝑒𝑟𝑡𝑒


Elasticité de l′offre =
𝑣𝑎𝑟𝑖𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑒𝑛 % 𝑑𝑢 𝑝𝑟𝑖𝑥
Soit en écriture symbolique :

∆Qf/Qf
𝑒𝑓 =
∆𝑃/𝑃

Où p est le prix du bien, Qf la quantité offerte et 𝑒𝑓 l’élasticité-prix de l’offre.


Exemple. Supposons qu’au prix de 10 F la galette, le marché offre 10000 galettes. Au prix de
15 F la galette, le marché offre 20000 galettes. L’élasticité de l’offre résultant de ce changement
est :

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∆Qf/Qf (Qf1 − Qf0)Qf0 (20000 − 10000)/10000 1


𝑒𝑓 = = = = =2
∆𝑃/𝑃 (𝑃1 − 𝑃0)/𝑃0 (15 − 10)/10 0,5

Interprétation : 𝑒𝑓 = 2 ie. Lorsque le prix des galettes augmente de 1%, la quantité offerte sur
le marché augmente de 2% (ceteris paribus). On dit que l’offre de galettes est élastique.
En général on peut qualifier la réponse de l’offre selon la valeur de l’élasticité.
• Si l’élasticité est supérieure à 1, on dit que l’offre est élastique.
• Si l’élasticité est inférieure à 1, on dit que l’offre est inélastique.
• Si l’élasticité est égale à 1, on dit que l’offre est d’élasticité unitaire.
La nature de l’offre joue un rôle important dans les politiques nationales.

b- Élasticité de l’offre dans le court terme et dans le long terme


La réponse de l’offre varie avec le temps. Les capacités de productions sont fixes dans le court
terme et variables dans le long terme. La capacité d’adaptation des entreprises augmente en
effet avec le temps. L’offre aura donc tendance à être inélastique dans le court terme et
élastique dans le long terme.
Exemple 1 : Soit la production du coton et supposer qu’on annonce qu’on aura au mois de mai-
juin un doublement du prix du kg de coton. Cette annonce aura très peu d’effet sur la
production de l’année. L’offre est dans ce cas inélastique (Figure 2.3).
Exemple 2 : Si au contraire on annonce une forte augmentation du prix avant le début de la
saison, les paysans vont s’adapter en accroissant les superficies cultivées, les quantités
d’engrais, le recours aux outils aratoires. La production peut augmenter fortement par suite
de l’augmentation du prix. L’offre de long terme (quand les ajustements sont permis) est
élastique (Figure 2.3).

Figure 2.3 – Offre de coton graine à court et à


long terme
Dans le court terme, la courbe d’offre est
presque verticale ; l’offre est inélastique.
Dans le long terme, la courbe d’offre est plus
aplatie ; l’offre est élastique.

III. Applications des élasticités de l’offre et de la demande


III.1. Élasticité et ampleur des effets des déplacements des courbes
Un déplacement des courbes de demande et d’offre, induit une modification de l’équilibre.
Par exemple, si la courbe de demande urbaine de kouro-kouro se déplace vers la gauche, la
quantité et le prix d’équilibre baisse, la courbe d’offre étant supposée immobile.
Si la courbe d’offre de maïs se déplace vers la droite, il en résulte une augmentation de la
quantité d’équilibre et une baisse du prix d’équilibre, la courbe de demande étant supposée
immobile.
Quelle est l’ampleur de ces variations. Cette ampleur dépend de la valeur de l’élasticité de la
courbe stable.

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Figure 3.1 – Élasticité de la courbe d’offre et effet d’un déplacement de la courbe de demande
Dans le panel (a), la courbe d’offre est très élastique. Lorsque la courbe de demande se déplace
vers la gauche ou vers la droite, il en résulte une baisse ou une hausse de la quantité
relativement plus ample que la baisse ou la hausse correspondante du prix. Dans le panel (b),
la courbe d’offre est relativement inélastique. Lorsque la courbe de demande se déplace vers
la gauche ou vers la droite, il en résulte une baisse ou une hausse de la quantité relativement
moins ample que la baisse ou la hausse correspondante du prix.

Considérons maintenant les conséquences d’un déplacement de la courbe de l’offre. La


Figure 3.2 donne deux cas de figure, celui d’une forte élasticité de la demande et celui d’une
faible valeur de cette élasticité.

Figure 3.2 – Élasticité de la courbe de demande et effet d’un déplacement de la courbe d’offre
Dans le panel (a), la courbe de demande est très élastique. Lorsque la courbe d’offre se déplace
vers la droite, il en résulte une augmentation de la quantité relativement plus ample que la
baisse correspondante du prix. Dans le panel (b), la courbe de demande est relativement
inélastique. Lorsque la courbe d’offre se déplace vers la droite, il en résulte une hausse de la
quantité relativement moins ample que la baisse correspondante du prix. Le cas d’un
déplacement vers la gauche de la courbe d’offre s’analyse en changeant ce qui doit être changé.

On peut aussi considérer les cas extrêmes ou la courbe d’offre (respectivement la courbe de
demande) est parfaitement inélastique. Dans ces cas, les déplacements de courbes se
traduisent uniquement par un effet sur le prix d’équilibre, la quantité d’équilibre restant
inchangée. En référence à la

Figure 3.1.b, lorsque la courbe d’offre est parfaitement inélastique (une droite verticale), le
déplacement de la courbe de demande par exemple vers la droite (une augmentation de la
demande), se traduit par une hausse du prix. Si par contre c’est la courbe de demande qui est
parfaitement inélastique, on note qu’un effet d’un déplacement de la courbe d’offre vers la
droite (une augmentation de l’offre) se traduit par une baisse du prix (voir Figure 3.2.b). Si à

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l’opposé la courbe d’offre ou la courbe de demande sont parfaitement élastiques, les


déplacements de courbes se traduisent uniquement par un effet quantité, le prix restant
inchangé (essayer de le montrer sur un graphique).

III.2. Analyse de l’effet d’une taxe et rôle de l’élasticité


La loi de l’offre et de la demande permet d’évaluer l’impact des politiques publiques.
Supposer par exemple que l’état impose une taxe de 100 F par unité sur les produits en cuir
fabriqués par une industrie nationale et sur chaque sac de 100Kg de petit mil vendu. La taxe
est directement prélevée auprès des producteurs et chaque producteur tente de répercuter ce
coût supplémentaire sur le consommateur. Quels seront les effets de cette taxe unitaire de
100F ?
Mettons-nous du côté de l’industrie. Supposer qu’avant la taxe, le prix d’équilibre de
l’industrie soit P0. Pour chaque niveau de quantité de produits vendue, le prix unitaire
passe de P0 à P0+100 après la taxe. Tout se passe comme si la courbe d’offre se déplaçait
vers le haut : la courbe de demande étant donnée, tout coûte plus cher à chaque niveau de
la production (Figure 3.1). L’effet de la taxe (donc du déplacement de la courbe d’offre)
dépend, comme vu plus haut, de l’élasticité de la demande. Supposons que la demande
de produits de cuirs est élastique. La partie a de la figure 3.1 montre les effets de la taxe
de 100 F. La taxe cause une hausse du prix payé par les consommateurs. Comme la courbe
de demande est élastique, les consommateurs se protègent en baissant les quantités achetées.
Au nouveau point d’équilibre, les producteurs finissent par subir la taxe plus que les
consommateurs : ils sont contraints à accepter le prix Pf, supportant la portion P 0 -P f sous
forme de taxe. Les consommateurs paient le prix Pc, et leur part de la taxe de 100 F est
donnée par Pc-Pf.

Considérons la taxation du petit mil. Supposons que la demande de ce produit soit


relativement inélastique (le petit mil est utilisé pour des préparations dans lesquelles on ne
peut utiliser ni le maïs, ni le sorgho). Les effets de la taxe de 100 F par sac de 100Kg sont
illustrés dans le panel b de la Figure 3.1. Ici, la majorité de la taxe est supportée par
les consommateurs, dont la capacité d’ajustement est limitée. Les consommateurs paient Pc,
supportant la portion Pc-P0 de la taxe. Les producteurs reçoivent Pf, absorbant la portion P0-
Pf de la taxe. Dans tous les deux cas, l’État perçoit la somme 100*Q1 sous forme de recettes
fiscales. Cette somme dépend de Q1 qui, comme on le voit dépend de la réaction de la
demande. On se rend compte ainsi que l’État ne récolte pas nécessairement beaucoup de
recettes en taxant certaines activités.

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Figure 3.1- Effet d’une taxe sur la production.


Une taxe sur la production agit de manière à déplacer la courbe d’offre vers le haut. L’effet sur
les consommateurs, les producteurs et les recettes de l’État dépend de l’élasticité de la courbe
de demande. Dans le panel a, la courbe de demande de produits de cuir est très élastique. Dans
ce cas, la majeure partie de la taxe est supportée par les producteurs (les consommateurs
s’ajustent à la hausse du prix). L’État encaisse, sous forme de recettes fiscales, la somme 100*Q1.
Dans le panel b, la courbe de demande de petit mil est relativement inélastique. La majeure
partie de la taxe est supportée par les consommateurs (qui ont de la peine à ajuster leur
demande). Ici aussi, l’État perçoit la somme 100*Q1 sous forme de recettes fiscales.
Le mécanisme de l’offre et de la demande permet ainsi de montrer que le côté du marché
(producteur ou consommateur) qui supporte une taxe imposée par les autorités dépend,
en définitive, de l’élasticité. Bien que les producteurs paient la taxe, ils en récupèrent une
partie en répercutant la taxe sur le consommateur. Le consommateur supportera la taxe
d’autant plus que sa demande est inélastique. En fait, si la courbe de demande est
parfaitement inélastique, c’est le consommateur qui supporte toute la taxe.

IV. Les interventions publiques sur le marché


Un autre type d’application des courbes d’offre et de demande concerne l’effet de
l’intervention des pouvoirs publics sur le marché de manière à créer des interférences avec la
loi de l’offre et de la demande. L’état peut en effet intervenir sur le marché d’un bien en fixant
les prix : On parle de prix administrés. Il en existe deux types : le prix plancher et le prix
plafond.

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a- Prix plafonds
Un prix plafond est un prix légal maximum au-dessus duquel le bien ou le service ne peut être
vendu ou acheté. On institue les prix plafonds en général pour protéger le consommateur.
Si par exemple le prix plafond du sucre produit par une industrie nationale est fixé à 550 F le
Kg, aucun commerçant n’est autorisé à vendre son stock à plus de 550 F le Kg. L’institution
d’un prix plafond vise la protection d’un groupe social donné. L’imposition du prix plafond
(Figure 4.1.a) crée une pénurie sur le marché, le prix se situant en dessous du prix d’équilibre.
La demande, au prix institué, excède l’offre. Les individus veulent acheter une quantité que
les vendeurs ne veulent pas vendre, car ils n’y sont pas incités.

b- Prix planchers
Un prix plancher, au contraire du prix plafond, est généralement institué pour protéger
(inciter) le producteur. C’est un prix légal minimum en-dessous duquel le bien ou le service
ne peut être vendu ou acheté. Si le prix plancher du maïs est fixé à 55 F le Kg, alors aucun
commerçant n’est autorisé à acheter du maïs à moins de 55 F le Kg. L’institution du prix
plancher cause un excédent, en ce sens que ce prix se situe au-dessus du prix d’équilibre qui
prévaudrait si les forces du marché jouaient. Les vendeurs sont incités à mettre sur le marché
une quantité que les consommateurs ne sont pas prêts à payer. Pour que le prix plancher soit
réalisable, il faudrait que les pouvoirs publics puissent se débarrasser du surplus (excédent)
créé par la régulation.

Figure 4.1 – Effet de prix plafond et prix plancher


Dans le panel (a), un prix plafond p* est imposé sur le marché de sucre. Sans la mesure
d’intervention, le prix d’équilibre se situerait en p. Au prix plafond p*, les consommateurs
sont prêts à acheter Qd alors que les vendeurs ne veulent vendre que Qf. Il se produit une
situation de pénurie représentée par la différence Qd-Qf. Dans le panel (b), un prix plancher
est imposé sur le marché du maïs. Le prix d’équilibre sans intervention est p. Au prix plancher
p*, les vendeurs sont prêts à offrir Qf alors que les acheteurs ne veulent acheter que Qd. Il se
produit une situation d’excédent d’offre donné par la différence Qf-Qd.

V. Salaire minimum et effet sur l’emploi


Au Burkina Faso, il est institué ce qu’on appelle salaire minimum garanti ou SMIG. Le SMIG
est le taux horaire/journalier/mensuel minimum qu’un employeur peut verser à son
employé. Au Burkina Faso, ce salaire minimum équivaut à environ 37.500 F par mois. Lorsque
l’employé est déclaré à la Caisse nationale de sécurité sociale, son salaire doit se situer au
moins au niveau du SMIG. L’institution du SMIG vise à protéger le travailleur mais introduit
une distorsion sur le marché du travail. Cette distorsion est illustrée par la figure 5.1.
L’imposition du salaire minimum au niveau w* crée une situation de chômage additionnel,

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l’offre de travail étant supérieure à la demande. Le niveau de chômage est donné par la
différence Lf-Ld.

Figure 5.1- Imposition d’un salaire minimum sur le marché du travail.

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