Vous êtes sur la page 1sur 7

1

Chapitre 4 : La théorie de la demande et de l’offre d’un bien : un aperçu.

Section 1/ La demande d’un bien


L’étude de la théorie du consommateur permet de déterminer l’allure de la courbe de demande d’un bien.

La quantité d’un bien demandée par les consommateurs dépend de divers facteurs subjectifs et objectifs.
Parmi les facteurs subjectifs, nous pouvons citer les facteurs sociaux (comportement de l’individu selon
qu’il soit citadin ou paysan par exemple) ou les facteurs culturels comme la mode par exemple.

En ce qui concerne les facteurs objectifs, nous avons essentiellement le prix et le revenu.

Nous retiendrons les seuls facteurs objectifs pour la suite de notre analyse.

La demande d’un bien reflète les intentions d’achat de ce bien face à différents niveaux de prix ou de
revenu. Il s’agit donc de la relation qui lie à un moment donné la quantité d’un bien que le consommateur
est prêt à acheter devant différents niveaux de prix ou de revenu.

La théorie économique retient deux lois de la demande :

La première établit un lien entre la demande d’un bien et son prix → "la demande d’un bien
normal X est une fonction décroissante de son prix" → Qx = f(Px) avec f’(Px) < 0
 La deuxième établit un lien entre la demande d’un bien et le revenu de l’individu → "la
demande d’un bien normal X est une fonction croissante du revenu " → Qx = f(R) avec f’(R) > 0
1.1) La demande et le prix

Reportons, à titre d’exemple, dans un tableau les quantités de bien X demandées en fonction de divers
niveaux de prix pendant une période donnée.

Combinaisons Px (prix unitaire) Qx (quantité demandée)


A 200 10
B 150 15
C 100 20
D 50 25

Illustration graphique Px

200 ------------ A

150 ------------------------ B

100 ------------------------------------ C

50 ------------------------------------------------ D

10 15 20 25 Qx
2

Cette décroissance de la courbe de demande s’explique par le phénomène de l’utilité marginale


décroissante (l’utilité marginale étant décroissante, seule une baisse de prix peut inciter le consommateur à demander plus) .

Pour avoir une idée de l’intensité de la relation, on a recours à la notion d’élasticité-prix qui est une
mesure de sensibilité de la demande à la variation de prix. On distingue deux types d’élasticité-prix :

L’élasticité-prix simple → Elle est égale au rapport entre la variation en pourcentage (variation
relative) de la quantité demandée d’un bien et la variation en pourcentage de son prix.

Ԑpx = (% ∆Qx) / (% ∆Px) = (∆Qx/Qx) / (∆Px/Px) = (∆Qx/(∆Px )*(Px/Qx)

Conformément à la loi de la demande, le signe de cette élasticité est toujours négatif s’il s’agit
d’un bien normal.

Pour une fonction de demande du type Qx = f(Px), les variations discrètes (∆) laissent place aux
dérivées et on note : Ԑpx = (∂Qx/(∂Px )*(Px/Qx)

A titre d’exemple, considérons notre tableau et mesurons l’élasticité de la demande lorsque l’on passe du point A au
point B puis au point C :

De A à B → Ԑpx = - 2 → Interprétation : une hausse de prix de 1% entraine une baisse de la quantité


demandée de 2% et inversement.

De B à C → Ԑpx = - 1 → Interprétation : facile…

De C à D → Ԑpx = - 0,5 → Interprétation : facile…

[ NB : Dans un souci d’alléger l’écriture, l’élasticité est très souvent exprimée en valeur absolue → On écrit : │Ԑpx │= 2 ; 1 ; 0,5 ]

L’élasticité-prix croisée → Elle permet d’évaluer l’impact de la variation du prix d’un autre bien Y
sur la quantité demandée du bien X. La valeur de cette élasticité permet d’établir une relation entre les
deux biens.

Elle est mesurée par le rapport entre la variation relative de la quantité demandée du bien X et la variation
relative du prix du bien Y.

Ԑcpy = (% ∆Qx) / (% ∆Py) = (∆Qx/Qx) / (∆Py/Py) = (∆Qx/(∆P y )*(Py/Qx)

= (∂Qx/(∂Py )*(P y/Qx) → pour une fonction du type Qx = f(P y)

La valeur de cette élasticité peut être positive, négative ou nulle.

 Si Ԑcpy > 0 → les biens X et Y sont des biens substituables (on substitue X à Y suite à la hausse du prix
de Y).

c
Si Ԑ py < 0 → les biens X et Y sont des biens complémentaires (on ne peut augmenter la
consommation du bien X sans augmenter celle du bien Y, suite à la baisse du prix de Y).
 Si Ԑcpy = 0 → les biens X et Y sont des biens indépendants (la quantité demandée du bien X n’est
nullement affectée par la variation du prix du bien Y).
3

NB : Les propriétés attribuées à la courbe de demande individuelle se retrouvent au niveau de la demande totale qui n’est rien
d’autre qu’une agrégation des demandes individuelles. La courbe de demande totale d’un bien est une fonction décroissante du
prix de ce bien.

1.2) La demande et le revenu

La deuxième loi de la demande nous permet de tracer une fonction croissante liant la demande d’un bien
au revenu de l’individu. Cette courbe, appelée courbe d’Engel (du nom d’un statisticien allemand ayant
étudié le comportement des ménages) peut revêtir 3 formes renvoyant chacune à une catégorie de biens.
Illustration graphique :

Revenu 1

3
Quantité

 Courbe n°1 → renvoie à la catégorie des biens normaux → l’effet revenu est positif et
l’accroissement de la demande est moins que proportionnelle à celle du revenu → on a à faire
aux biens de nécessité comme les biens alimentaires et les biens d’habillement par exemple.
 Courbe n°2 → renvoie à la catégorie des biens supérieurs (ou de luxe) → l’effet revenu est
toujours positif et l’accroissement de la demande est plus que proportionnelle à celle du
revenu.
 Courbe n°3 → renvoie à la catégorie des biens inférieurs → l’effet revenu est négatif. Une
hausse du revenu pousse le consommateur à se détourner des biens de moindre qualité au
profit des biens de meilleure qualité ; la demande de ce type de biens a donc tendance à
baisser avec l’amélioration du niveau de revenu de l’individu.

L’élasticité revenu de la demande

Les différentes valeurs prises par cette élasticité permettent de retrouver les trois catégories de biens
définis précédemment.

L’élasticité revenu mesure la sensibilité de la demande d’un bien à la variation du revenu. Elle est égale
au rapport entre la variation relative de la demande et la variation relative du revenu.

ԐR = (% ∆Qx) / (% ∆R) = (∆Qx/Qx) / (∆R/R) = (∆Qx/(∆R )*(R/Qx)

 Si ԐR < 0 → il s’agit d’un bien inférieur


 Si 0 < ԐR ≤ 1 → il s’agit d’un bien normal
 Si ԐR > 1 → il s’agit d’un bien supérieur
4

Section 2 / L’offre d’un bien


2.1) Les déterminants de l’offre

L’offre totale d’un bien est représentée par les quantités du bien que les producteurs désirent vendre. Elle
est différente de la quantité qu’ils parviennent effectivement à vendre. L’offre est un flux en ce sens
qu’elle est évaluée par unité de temps (jour, semaine, mois, etc.).

Il y a un certain nombre de déterminants de l’offre d’un bien parmi lesquels la technologie de l’entreprise,
les prix des biens, les prix des facteurs de production. Par exemple une hausse des prix des facteurs (électricité par
exemple) → une hausse des coûts de production → une baisse des profits si les prix ne sont pas ajustés à la hausse (c'est-à-dire, toute chose
étant égale par ailleurs) → ce qui influe négativement sur la quantité offerte .

L’analyse sera limitée ici à l’influence de la variable prix sur l’offre d’un bien, toutes les autres variables
étant considérées comme inchangées.

Hypothèse : la quantité produite et proposée à la vente augmente si le prix du bien


augmente.

Cette hypothèse constitue ce que l’on appelle la "loi de l’offre".

2.2) La courbe d’offre

L’étude de la théorie de la production et des coûts permet de déterminer l’allure de la courbe d’offre qui
est une fonction croissante du prix.

Considérons le graphique et le tableau suivant représentant la quantité du bien X qu’un


producteur souhaite vendre à différents prix.

Px Courbe d’offre de X

350 ------------------------

300 ---------------------

250 ------------------

200 - - - - - - - - - - - - - - --

150 - - - - - - - - - - - --

100 ----------

10 20 30 40 50 60 Qx
5

Combinaisons Prix unitaire (Px) Quantité offerte (Qx)

A 100 10
B 150 20
C 200 30
D 250 40
E 300 50
F 350 60

Quelques commentaires :

 Si pour un prix donné, la quantité offerte augmente, la courbe d’offre se déplace vers la droite.
 Si c’est le prix du bien qui augmente, le déplacement se fera le long de la courbe vers la droite avec donc une hausse de la
quantité offerte.
 Le déplacement de la courbe d’offre est dû à une modification d’une variable autre que le prix (baisse du prix des intrants
par exemple).
 Explication de la loi de l’offre → c’est le principe des "coûts marginaux croissants" → ce principe nous enseigne qu’il est de
plus en plus coûteux d’obtenir une unité additionnelle d’un même bien. En conséquence, le producteur ne voudra augmenter
son niveau de production que s’il est certain de pouvoir l’écouler à un prix plus élevé. → Démonstration facile…

2.2) L’élasticité de l’offre

Elle mesure la sensibilité de l’offre à la variation du prix du bien. C’est le rapport entre la variation
relative de la quantité offerte et la variation relative du prix.

Ԑopx = % ∆Qox / % ∆Px = (∆Qox/Qox) / (∆Px/Px) = (∆Qox/(∆Px )*(Px/Qox)

Si nous reprenons le tableau pour calculer l’élasticité de l’offre lorsque l’on passe de A à B, par
exemple : Ԑopx = 2

L’offre d’un bien peut être plus ou moins sensible (élastique) aux variations du prix de ce bien. On distingue
généralement 3 cas auxquels on peut ajouter 2 cas extrêmes :

 1 < Ԑopx < ∞ → La sensibilité est élevée. La hausse de la quantité offerte est plus que
proportionnelle à celle du prix. L’offre est dite relativement élastique.
 Ԑopx = 1 → L’offre augmente exactement dans la même proportion que le prix. L’élasticité
est unitaire.
 Ԑopx < 1 → La sensibilité est faible. La hausse de la quantité offerte est moins que
proportionnelle à celle du prix. L’offre est dite relativement inélastique (ou rigide).
 Ԑopx = 0 → La sensibilité est nulle. La quantité offerte demeure inchangée quelque soit le
niveau du prix. L’offre est dite parfaitement inélastique ou rigide.
 Ԑopx = ∞ → La sensibilité est infinie. Des variations infiniment petites du prix entrainent
des variations infiniment grandes de la quantité offerte. L’offre est dite parfaitement
(infiniment) élastique.
6

Illustration graphique

Px

Qox Qox Qox Qox Qox

1 < Ԑopx < ∞ Ԑopx = 1 Ԑopx< 1 Ԑopx = 0 Ԑopx = ∞

Section 3 / L’équilibre du marché d’un bien


L’analyse sera limitée, dans un souci de simplification, à l’étude du marché concurrentiel d’un bien. Le
marché sert d’intermédiaire entre les agents consommateurs (côté demande du bien) et les agents
producteurs (côté offre du bien). Ces deux forces (demande et offre) vont agir l’une sur l’autre pour
déterminer un prix d’équilibre.

Exemple : Soit un bien X caractérisé par les fonctions d’offre et de demande suivantes :

Qox = 50 + 3Px

Qdx = 250 - 2Px

On montre qu’à l’équilibre on a : Pex = 40 et Qex = 170

Illustration

Repères Px Qdx Qox Excès de demande (+)


Excès d’offre (-)

A 10 230 80 +150
B 20 210 110 +100
C 30 190 140 +50
D 40 170 170 0
E 50 150 200 -50
F 60 130 230 -100
G 70 110 260 -150
7

Px Qox
60 EXCES D’OFFRE

40 ------------------------E

20 EXCES DE DEMANDE

170 Qdx Qx
On constate qu’il existe un seul prix pour lequel l’égalité est assurée entre la quantité offerte et celle
demandée (il s’agit de Px = 40). Ce prix est appelé prix d’équilibre du marché.

Si l’on s’écarte de ce prix, l’équilibre du marché est rompu. La flexibilité du prix permettra le retour vers
l’équilibre du marché. Comment fonctionne le mécanisme ?

 Supposons par exemple que l’on se situe à un niveau de prix inférieur au prix d’équilibre, 20
par exemple → la demande est excédentaire → pénurie du bien X sur le marché →
concurrence entre les acheteurs → pression à la hausse sur le prix → retour au prix
d’équilibre initial (Px = 40).
 Si, par contre, on se situe à un niveau de prix supérieur au prix d’équilibre, soit 60 → l’offre
devient excédentaire → surplus du bien X sur le marché → concurrence entre les offreurs →
pression à la baisse sur le prix → retour vers le prix d’équilibre initial (P x = 40).
 Cette flexibilité des prix permet donc au marché de concilier les désirs des vendeurs et des
acheteurs et les deux courbes se rejoignent au point d’équilibre E.

Cette situation d’équilibre persiste tant que les conditions du marché demeurent stables. Les modifications
d’une variable quelconque, autre que le prix, qui agissent sur la quantité offerte ou demandée entraînent
un déplacement de l’une ou l’autre courbe. On peut envisager 4 cas :

1) La demande augmente → courbe à droite → pénurie au prix initial → prix et quantité augmentent → Nouveau
point d’équilibre.
2) La demande baisse → courbe à gauche → excédent au prix initial → prix et quantité baissent → Nouvel équilibre.
3) L’offre augmente → courbe à droite → surplus au prix d’équilibre initial → le prix baisse et la quantité augmente
→ Nouvel équilibre.
4) L’offre baisse → courbe à gauche → pénurie au prix d’équilibre initial → le prix augmente et la quantité baisse →
Nouveau point d’équilibre.

Ces différents cas de figure appelés hypothèses de l’offre et de la demande prédisent bien ce qui se passe
sur de nombreux marchés, même si elles sont issues d’une théorie élaborée dans un contexte de
concurrence.

-----o-----

Vous aimerez peut-être aussi