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CHAPITRE II : L’ANALYSE DE LA DEMANDE ET SURPLUS DU

CONSOMMATEUR

La théorie microéconomique traditionnelle définit la fonction de demande comme


étant la relation entre la quantité optimale demandée d'un bien et les valeurs
possibles des variables qui la déterminent.
De cette définition il peut se dégager plusieurs commentaires :
 La relation que la fonction établit concerne la quantité optimale demandée
du bien considéré en ce sens qu'elle vise le meilleur choix de consommation
que le consommateur peut faire de ce bien si l’on tient compte de ses goûts
et préférences et de la contrainte budgétaire que le prix des biens et que
son revenu limité lui imposent.*
 La fonction de demande est une fonction à plusieurs variables parce que le
choix de consommation dépend de plusieurs variables : le prix du bien
considéré, le prix des autres biens, le revenu du consommateur, ses goûts
et préférences, sa richesse, etc.
 L'analyse microéconomique élémentaire de la fonction de demande
privilégie les trois premières variables : le prix du bien, le prix des autres
biens et le revenu du consommateur. Cela revient à considérer les autres
variables comme constantes, et par conséquent à raisonner "ceteris
paribus", c'est-à-dire toutes choses étant égales par ailleurs : en
particulier, les goûts et préférences du consommateur tels que les décrit sa
fonction d'utilité sont considérés comme stables.

I / DEMANDE DU CONSOMMATEUR

De façon générale, il faut retenir que la courbe de demande individuelle a une


pente négative ; ce qui traduit la relation inverse entre la demande d’un bien et
son prix.
En outre, il est à noter que la quantité de bien qu’un consommateur est prêt à
acheter sur une période donnée dépend d’un certain nombre de facteurs dont les
plus importants sont : le prix du bien, le revenu monétaire du consommateur, le
prix des autres biens et les goûts et préférences.

Une variation du prix d’un bien Ceteris paribus, permet de déterminer la courbe
de demande du consommateur pour ce bien.
Par exemple, soit la fonction de demande du bien X donnée par : Qx = 150 – Px ;
il vous est demandé de déterminer la courbe la demande pour ce bien X.

Avant de présenter sous la forme graphique la courbe correspondant à cette


fonction, nous allons déterminer les différentes valeurs de la demande en faisant
varier le prix du bien X. Ainsi, nous avons le tableau suivant :

Px (CFA) 150 130 110 90 70 50 30 10 0

Qx 0 20 40 60 80 100 120 140 150

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Ce tableau nous permet de procéder à la représentation de la courbe de demande
suivante :
Px
150
140
130
120
110
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130 140 150 Qx

On constate à travers cette représentation que la courbe de demande, qui est ici
une droite, a une pente négative, c’est-à-dire que lorsque le prix du bien X
augmente, la quantité de ce bien X diminue et vice versa, toutes choses étant
égales par ailleurs.

En dehors de quelques exceptions, la courbe de demande possède une pente


négative de façon générale, d’où la dénomination de loi de la pente négative de la
courbe de demande.

1-1 Equation de SLUTSKY : Effet de substitution, Effet de revenu et Effet


total
Les concepts d’effet de substitution et d’effet de revenu, à partir desquels
l’économiste-statisticien Russe Eugen Slutsky (1880-1948) va formaliser une
équation pour une analyse plus rigoureuse, repose sur l’idée suivante : «Chaque
fois qu’il y a une variation du prix d’un bien sur le marché, les conséquences de
cette variation peuvent être scindées en deux effets distincts : un effet de
substitution et un effet de revenu ».

1-1-1 Equation de Slutsky


X 1 X 1 X
  X1 1  EQUATION DE SLUTSKY
P1 P1 U U R P  P
   
Effet Total Effet Substitution Effet Re venu

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 X 1
 P  Pente de la courbe demande ordinaire
 1
Avec 
 X 1  Pente de la courbe demande compensée
 P1
 U U

On peut représenter l’équation de Slutsky sous la forme d’élasticité-prix  1 ,1 et


d’élasticité revenu  1,R  : il suffit de multiplier les deux membres de l’équation ci-
P1 R
dessus par et le dernier terme du deuxième membre par :
X1 R

 X 1 P1 X 1 P1 X P R
     X1 1  1 
 P1 X 1 P1 X 1 R X 1 R


 X P X P X R P X
 1 1  1 1  1  1 1
P1 X 1 P1 X 1 R X 1  R
      
 1,1 1,1 1,R 1

Donc l’élasticité-prix de la demande ordinaire  1 ,1 est égale à l’élasticité-prix de


la demande compensée  
1,1 moins l’élasticité-revenu de la demande
correspondante 1,R  que multiplie le rapport entre la somme dépensée à acheter
X 1  P1 X 1  et les dépenses totales  R  , c’est-à-dire 1  .
La courbe de demande ordinaire aura donc une élasticité-prix supérieure à celle
de la courbe de demande compensée : 1,1 sera donc moins négative que 1,1 si 1,R
est positive : 1,1  1,1  11,R

1-1-2 Effet de substitution


Il s’agit de la variation de la quantité demandée d’un bien suite à la variation du
prix relatif de ce bien, causé par la variation du prix nominal, Ceteris paribus.
Par exemple si nous considérons la demande d’un bien X étant donné un autre
bien Y qui est un bien substitut ; si Px varie en supposant que Py (le prix du bien
Y) et R (revenu du consommateur) sont constants, on constate donc que le
rapport PX/PY qui est le prix relatif de X varie. Si ce rapport augmente, c'est-à-
dire que PX augmente, on va substituer le bien Y ou une certaine quantité du
bien Y au bien X ; on parle donc d’effet de substitution causé par l’augmentation
du prix du bien X. L’effet de substitution mesure la variation de la demande pour
un bien lorsque son prix change pendant que le revenu du consommateur est
ajusté, de façon à lui permettre de consommer le même panier de biens et donc
conserver le même niveau d’utilité.

1-1-3 Effet de revenu


Comme nous l’avons déjà signifié, la variation du prix du bien X entraîne aussi
un effet revenu. En effet, R/PX varie, si PX varie, R restant constant.

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Si PX augmente, R/PX, qui représente le revenu réel ou pouvoir d’achat du
consommateur, diminue. Ce qui aura pour conséquence la diminution de la
demande de ce bien et aussi de l’autre bien substitut.
L’effet revenu mesure la variation de la demande du consommateur suite à une
variation du revenu pendant que les prix demeurent inchangés.

1-1-4 Effet total

L’effet de la variation du prix d’un bien est égal à la variation totale de la


quantité demandée lorsque le consommateur se déplace d’un point d’équilibre à
un autre point d’équilibre.

1-1-5 Représentation graphique

L D

A
C

X3 X2 X1 M’ D’ M X

Ce graphique nous montre que lorsque le prix de X augmente, le consommateur


enregistre une baisse de son revenu réel. Cette situation s’observe par le passage
de la courbe (I) à la courbe (II).

Si en même temps que l’augmentation du prix, le consommateur recevait un


supplément de revenu réel, il pourrait rester sur la courbe d’indifférence I,
malgré le nouveau régime des prix. La consommation est mise en évidence ici par
la droite de budget fictif DD’ qui est tangente à la courbe d’indifférence I au point
B. La pente de cette droite traduit le nouveau rapport des prix.

L’effet de substitution est représenté par le passage du point d’équilibre initial A


à celui fictif B. Quantitativement, l’effet de substitution est indiqué par la
réduction de 0x1 à 0x2 dans la quantité de X (x1x2 unités).

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L’effet de revenu est représentée par le passage du point d’équilibre B fictif vers
le point d’équilibre réel C. Notons que les courbes LM’ et DD’ étant parallèles les
pentes restent les mêmes et donc le prix relatif reste inchangé. Il s’agit d’une
variation de revenu réel. L’effet total est perçu sur le graphique par le
déplacement de l’équilibre initial A à l’équilibre réel C. L’effet total implique une
diminution de la quantité demandée de 0x1 à 0x3 soit x1x3 unités.

Exemple : Si le gouvernement décide d’augmenter le prix du riz, non seulement


la quantité de riz consommé diminuera, mais il y aura d’autres effets que nous
pouvons scinder en deux types :
 Un effet substitution qui mesure la diminution de la quantité de riz
acheté, en vue d’acheter du plantain par exemple, suite à
l’augmentation des prix, même si, en même temps, le consommateur
reçoit du gouvernement un revenu spécial pour l’aider à maintenir le
même niveau de bien être qu’il connaissait avant l’augmentation du
prix du riz.
 Un effet revenu qui mesure la variation de la consommation du riz suite
à une diminution du revenu réel du ménage (ou suite à la diminution
du revenu nominal du consommateur, les prix demeurant constants)

L’effet total s’appréhende à travers la diminution de la quantité de riz qui devrait


être effectivement consommée.

1-1-6 Exceptions à la demande ordinaire

Les fonctions de demande individuelle vérifient chacune la double loi


microéconomique de la demande à savoir :
 la demande d'un bien est normalement une fonction décroissante du prix de
ce bien ;
 la demande d'un bien est normalement une fonction croissante du revenu
du consommateur.

Cependant, cette double loi microéconomique de la demande souffre de quelques


exceptions remarquables :
 la demande ordinaire d’un bien est une fonction croissante du prix du bien
sous trois effets possibles :

 L’effet Giffen : la demande croît avec le prix quand le bien est de


première nécessité. Cette situation s’explique par le fait que l'effet de
revenu annihile voir contrebalance l'effet de substitution ;
 L’effet Veblen : la demande des biens de luxe peut croître avec le prix à
cause du comportement ostentatoire de certains consommateurs ;
 L’effet d'anticipation : en situation d'incertitude, la demande peut
croître lorsque les consommateurs nourrissent des anticipations
inflationnistes ; cet effet peut être renforcé par un effet de spéculation
(acheter d'autant plus maintenant que l'on espère pouvoir vendre plus
cher plus tard).

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 la demande est une fonction décroissante du revenu du consommateur pour
les biens de type Giffen à cause de l'effet qualité : la croissance de son
revenu amène le consommateur à substituer progressivement aux biens de
qualité médiocre des biens de qualité supérieure.

Il faut noter que pour le cas particulier du bien GIFFEN, la quantité demandée
varie dans le même sens que le prix du bien considéré. En outre, un bien Giffen
est d’abord un bien inférieur.
Cependant, le contraire n’est pas valable, c’est-à-dire que tous les biens inférieurs
ne sont pas des biens Giffen.

Il faut rappeler que les fonctions de demande sont généralement des fonctions
homogènes de degré zéro, ce qui traduit l'hypothèse d'absence d'illusion
monétaire du consommateur. En effet, selon la définition, les fonctions de
demande ordinaire respecte la relation suivante :
X(αR,αPx, αPy,…,Pz αX R,Px,PY,…,Pz
Y(αR,αPx, αPy,…,Pz αX R,Px,PY,…,Pz
.
.
.
Z(αR,αPx, αPy,…,Pz αX R,Px,PY,…,Pz
En d’autres termes, une augmentation simultanée du revenu et des prix dans la
même proportion n’entraine pas de variation de la demande et de la quantité
demandée du bien.

II CARACTERISTIQUE DE LA DEMANDE

2.1 Les déterminants de la demande

Les économistes ont identifié quatre (4) déterminants de la demande : le prix du


bien considéré, le revenu du consommateur, le prix de l'autre bien et les goûts et
préférences du consommateur.

 Le prix du bien considéré : selon la loi de la demande, la quantité


demandée varie en sens inverse du prix. A ce niveau, il faut relever que les
variations du prix d’un bien entraînent des variations de la quantité
demandée, mais la courbe de demande reste inchangée.
 Le revenu nominal : plus le revenu nominal est élevé, traduisant que la
courbe de demande se situe davantage vers le haut et la droite, plus la
demande est importante ;
 les goûts et préférences : si les goûts et préférences de la plupart des agents
économiques augmentent pour un bien donné, par rapport aux autres
biens, la demande de ce bien va augmenter ;
 le prix des autres biens : selon que la variation du prix des autres biens se
fasse ou non dans le même sens que celle de la quantité demandée, on
pourra déduire de la substituabilité ou la complémentarité des biens.

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Hormis le prix du bien considéré, les trois autres facteurs rendent compte du
niveau de la courbe de demande elle-même. Ces facteurs entrainent un
déplacement de la courbe de demande.
Les quatre (4) facteurs déterminent ensemble le niveau de la demande et la
quantité demandée de chaque bien pour chaque individu. C’est l’agrégation des
demandes individuelles pour qui permet d’obtenir la demande de marché pour
chaque bien.

2.2 Elasticité de la demande

La demande d’un bien est dite élastique ou inélastique selon que le coefficient
d’élasticité-prix  est supérieur à l’unité (un).

*si  > 1 demande élastique


*si  < 1 demande inélastique
*si  = 1 demande à élasticité unité ou unitaire

2.3 Revenu total et revenu marginal

Le revenu, comme nous l’avons déjà vu joue un rôle important dans le


comportement de demande d’un consommateur. Il est donc important de définir
les notions de revenu total et de revenu marginal. Le revenu marginal est égal à
la variation du revenu total consécutive à une variation unitaire ou
supplémentaire de la quantité demandée.


Avec RT = revenu total


Q = quantité demandée
Le revenu total est égale à la somme des revenus marginaux.

2.4 Relation Algébrique entre le prix, le revenu marginal et le


coefficient d’élasticité

∆ ∆ ∆

∆ ∆
∆ ∆ 1 ∆ 1 ∙
∆ ∆

∆ 1
1

Avec ∙

7
Rm positif Rm = 0 Rm négatif
Demande Elastique Elasticité Unité ou unitaire Demande inélastique

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