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Faculté Polydisciplinaire Taroudant

Département des sciences économiques et gestion


Module : Politiques économiques
Semestre 5

RAPPORT DE MINI PROJET


Sous le thème :

LA RELATION ENTRE L’INFLATION ET


LE CHOMAGE

Réalisé par : Encadré par :

Wahmane Achraf Khalid Benamara


Amkachou Mohamed

Année universitaire :2023/2024


Remerciement

A Notre Enseignant

Mr Khalid benamara

Nous voudrions dans un premier temps remercier, notre

enseignant KHALID BENAMARA, professeur de la politiques

économiques a la faculté polydisciplinaire Taroudant, pour sa

patience, sa disponibilité et surtout ses judicieux conseils, qui

ont contribué à alimenter nos réflexions.


Table des matières

Remerciement

Table des matières

Table des figures

Introduction générale……………………………………………………………….01

Chapitre I l’inflation……………………………………………………………..03
1 La monnaie et l’inflation………………………………………………………03
1.1 Qu’est-ce que l’inflation ?….………………………………………...03
1.2 Qu’est-ce que la monnaie ?...................................................................06
1.2.1 La théorie quantitative de la monnaie………………………...06
2 L’économie réelle, la dynamique des prix et l’inflation………………………06
2.1 L’inflation par la demande : L'ajustement graduel des prix……………06
2.2 L’inflation par les coûts : la boucle prix – salaire et l’indexation……...08
2.3 L’inflation par la monnaie……………………………………………...09

Chapitre II Le chômage …………………………………………………………12


1 Définitions, évolution du chômage………………………………………….12
1.1 Qu’est-ce que le chômage ?……...……………………………………..12
1.1.1 A Emploi, chômage : de quoi parle-t-on et que mesure-t-on ?.12
1.2 Evolution du chômage au Maroc……………………………………..14
1.3 Comparaisons internationales………………………………………...15

Chapitre III La courbe de Phillips……………………………………………...17


Introduction………………………………………………………………………17
1 Qu’est-ce que la « courbe de Phillips » ?.........................................................18
2 Comment fonctionne la courbe de Phillips ?....................................................20
3 La relation entre inflation et chômage………………………………………..21
3.1 Le rôle de l’inertie de l’inflation et des anticipations………………....22
3.2 L’existence de chocs d’offre…………………………………………..22
3.3 Le niveau du chômage structurel……………………………………...22
4 La relation entre inflation et chômage n’ont pas disparu…………………….23

Conclusion générale……………………………………………………………...…25
Bibliographie………………………………………………………………………...26
Liste des figures

Figure 1 : Inflation (IPC, taux croissance annuel %)…………………………...04

Figure 2 : Inflation (IPC, taux croissance annuel %)…………………………...05

Figure 3 : L’inflation par la demande……………………………………………07

Figure 4 : Schéma de spirale de l’inflation………………………………………09

Figure 5 : Taux de croissance de la base monétaire (M0), d’une agrégat

monétaire large (M2 ou M3) et des prix entre T4 2007 et 2020, en zone euro aux

Etats-Unis (en %)…………………………………………………………………...10

Figure 6 : Inflation and Money Supply Rise in Tandem in Zimbabwe………...11

Figure 7 : Evolution du taux de chômage entre les premiers trimestres de 2020

et de 2021 pour certaines catégories de la population (en %)……………………15

Figure 8 : Taux de chômage Dans l’union européenne………………………….16

Figure 9 : Taux de chômage de l’UE, des Etats-Unis et de Japon depuis 2005...17

Figure 10 : La courbe de Phillips dans l'article de Phillips………………………10

Figure 11 : Courbe de Phillips……………………………………………………...20

Figure 12 : Relation statistique entre chômage et inflation………………………24


Introduction générale

Après la publication de son ouvrage « Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de


la monnaie », Keynes (1960) va révolutionner la pensée économique à travers les
politiques de relance consistant à injecter de l’argent dans l’économie pour lui faire
redémarrer en croissance. Ses idées seront alors mises en place pendant les 30
glorieuses et seront en partie à l’origine de la forte croissance de cette époque.
Toutefois, ces politiques n’ont eu aucun effet sur le choc pétrolier de 1973 si ce n’est
qu’aggraver la stagflation de cette même époque.

C’est dans « inflation et systèmes monétaire » que Milton Friedman (1968) condamne
les politiques préconisées par Keynes (1960) car elles entrainent mécaniquement
l’inflation. Ainsi, certains économistes préconisent une dose contrôlée d’inflation pour
rétablir les plaies notamment du chômage dans certaines économies et d’autres par
contre, pensent qu’elle est la cause majeure des déséquilibres macroéconomiques.

Tobin (1972) avait déjà fait cet état des lieux du chômage et de l’inflation qui ont
constitué les maux les plus importants des sociétés dans les années 1970 et donc la
politique économique visait à arbitrer entre ces deux variables. Il s’agit alors de la
courbe de Phillips (1958) qui permet de saisir les effets d’une orientation de la
politique économique représentée par le taux d’inflation sur l’activité économique
réelle saisie par la variable chômage.

En Afrique subsaharienne comme ailleurs, les fluctuations des prix se sont


généralement accompagnées des sérieux problèmes remous sociaux. De même, un
niveau de chômage élevé crée des effets pervers sur l’ensemble de l’économie en
Afrique. Les faits observés en Afrique subsaharienne, depuis les années 2000
constituent un champ d’applications opportun à la mise en œuvre d’un tel modèle.

En effet, depuis 2000, une série d’évènements se sont succédés à savoir la mise en
œuvre et l’application des politiques publiques d’emploi afin de résorber le chômage
impactant ainsi sur le niveau d’inflation.

1
Réciproquement, les autorités monétaires, en s’accentuant sur la stabilisation des prix
peuvent probablement induire un niveau de chômage considérable. Ainsi, la question
de savoir quelle(s) relation(s) existe-t-il entre le chômage et l’inflation.

La suite de ce papier se présente comme suit : la notion de la courbe de Phillips


(1958), les différentes interprétations théoriques et le lien existant entre le chômage et
l’inflation ensuite et l’analyse des résultats enfin.

2
Chapitre I: l’inflation

1 La monnaie et l’inflation
1.1 Qu’est-ce que l’inflation ?

« L'inflation est la perte du pouvoir d'achat de la monnaie qui se traduit par une
augmentation générale et durable des prix. Elle doit être distinguée de l'augmentation
du coût de la vie. La perte de valeur de la monnaie est un phénomène qui frappe
l'économie nationale dans son ensemble (ménages, entreprises, etc.).
L’indice des prix à la consommation (IPC) est utilisé pour évaluer l’inflation. Cette
mesure est partielle étant donné que l’inflation couvre un champ plus large que celui
de la seule consommation des ménages. »
L’inflation est donc un phénomène économique qui se traduit par une hausse générale
des prix et une dépréciation de la monnaie : avec une même quantité de monnaie, un
acteur économique peut acheter moins de choses.
Si toute augmentation des prix peut être considérée comme de l’« inflation » , on
appelle communément inflation, la seule hausse des prix à la consommation, c'est-à-
dire celle des biens et services consommés par les ménages. Elle est mesurée à l’aide
de l’indice des prix à la consommation (IPC).

Après la seconde guerre mondiale, durant les Trente Glorieuses la succession de


phases d’inflation et de déflation laisse la place à l’alternance de phases d’inflation et
de désinflation ; les prix ne baissent plus mais augmentent plus ou moins vite. Durant
les années 1950-1960, les pays développés connaissent une inflation annuelle
moyenne de 3 à 4 % (voir graphique suivant). On parle alors d’inflation modérée dont
le pilotage s’effectue par le réglage fin des politiques conjoncturelles, monétaire et
budgétaire. Les plans de refroidissement visant à limiter l’inflation sont plus
nombreux durant cette période que les plans de relance. Au début des années 1970, de
nombreux pays vont connaître une hausse importante du niveau général des prix sous
l’effet d’un quadruplement du prix du pétrole (de 3 à 12 dollars le baril) en quelques
mois à partir de fin 1973 puis d’un triplement (de 13 à 35 dollars le baril) de 1978 à
1981. Ces chocs accentuent une tendance plus profonde induite par le ralentissement
des gains de productivité du travail, la hausse des salaires ou le recours important au

3
crédit bancaire. En France, les prix augmentent de 13,6 % en 1974 (voir graphique ci-
dessous). Au Royaume Uni, l’inflation atteint 24,2 % en 1975. Parmi les grands pays,
seule l’Allemagne semble épargnée. Couplée à une activité économique en berne (la
croissance économique diminue), la forte hausse des prix fait entrer les économies
dans une phase de stagflation (stagnation de l’activité et forte inflation).

Figure 1 : Inflation (IPC, taux croissance annuel %)

SOURCE : OCDE (2022)

Face au dilemme inflation-chômage, les pays développés vont choisir prioritairement


de lutter contre l’inflation. La « grande désinflation » débute dans les années 1980
sous l’impulsion de Paul Volcker, nouveau gouverneur de la Réserve fédérale nommé
en 1979 par le président démocrate Jimmy Carter, qui met en œuvre une politique
monétaire restrictive. Après une politique de relance en 1981 initiée par le premier
ministre Pierre Mauroy, faisant face à la contrainte extérieure, la France rejoint les
autres pays développés en opérant en 1983 le « tournant de la rigueur » afin de limiter
fortement les tensions inflationnistes. Le gouvernement bloque les prix et salaires puis
met fin à l’indexation automatique des salaires nominaux sur les prix à la
consommation. Les politiques de l’offre prennent le pas dans les pays développés sur
les politiques conjoncturelles en privilégiant la réduction du périmètre de l’Etat et la
baisse des prélèvements obligatoires.
L’objectif de baisse de l’inflation est atteint : de 14,8 % en 1980, le taux d’inflation
des pays de l’OCDE passe à 6,4 % en 1989 (voir graphiques suivant). L’inflation n’est

4
plus un problème dans les décennies qui suivent, les pouvoirs publics semblant l’avoir
jugulée.
Le taux inflation atteint 8,54 % en glissement annuel en mars 2022 aux Etats-Unis
selon les chiffres de l’OCDE, du jamais vu depuis près de 40 ans. En France, il est
estimé à 4,48 % sur la même période. La guerre menée par la Russie en Ukraine
accentue la tendance inflationniste au début de l’année 2022.

Figure 2 : Inflation (IPC, taux croissance annuel %)

SOURCE : OCDE (2022)

5
1.2 Qu’est-ce que la monnaie ?

Au sens strict la monnaie est un outil qui permet de faire un paiement ou


d’éteindre une dette.
La monnaie légale ne peut être refusée par un créancier. Elle est matérialisée par
différents instruments :
• Les billets et les pièces sont appelés monnaie fiduciaire.
• La majorité de la monnaie prend, actuellement, la forme d’écritures sur les
comptes courants des acteurs économiques : c’est la monnaie scripturale.

Les agents économiques possèdent également des livrets d’épargne ou des placements
financiers qui ne peuvent pas être utilisés immédiatement pour réaliser un paiement
(on dit qu’ils sont plus ou moins liquides). Par exemple, les sommes placées sur un
livret d’épargne ne sont pas directement utilisables pour payer une facture : il faut à
minima faire un virement vers le compte courant, voire demander une autorisation à
sa banque (et éventuellement payer des frais de sortie) avant de pouvoir les utiliser.
Ces sommes sont aussi considérées aujourd’hui comme de la monnaie scripturale.
1.2.1 La théorie quantitative de la monnaie

Selon la théorie quantitative de la monnaie, il existe un lien de corrélation entre le


taux d’inflation et le stock de monnaie en circulation. La banque centrale peut dès lors
réguler le niveau d’inflation grâce à son influence sur le volume et/ou le prix de la
liquidité bancaire. Elle dispose pour cela de trois instruments conventionnels: les
opérations d'open market, les facilités permanentes et les réserves obligatoires. Les
opérations d'open market sont le principal mode d'intervention utilisé par la BCE.
Elles renvoient à l'achat et la vente de titres par la banque centrale sur le marché
monétaire. Cet instrument joue un rôle central pour le pilotage des taux d’intérêt et la
gestion de la liquidité bancaire. Les facilités permanentes fournissent et retirent des
liquidités au jour le jour. Les réserves obligatoires sont des réserves financières que
les établissements financiers doivent déposer auprès de la banque centrale. Cet
instrument vise à stabiliser les taux d’intérêt du marche.

2 L’économie réelle, la dynamique des prix et l’inflation


2.1 L’inflation par la demande : L'ajustement graduel des prix

6
L'inflation par la demande est un phénomène économique où une demande accrue
stimule une augmentation généralisée des prix. La gestion de ce type d'inflation
implique souvent des ajustements dans la politique monétaire, la surveillance de la
croissance économique et la réaction aux pressions sur les ressources productives. Il
est important de maintenir un équilibre entre la stimulation de la demande et la
stabilité des prix pour assurer une croissance économique soutenue.

L'inflation par la demande est mise en avant par les théories keynésiennes. C'est une
hausse des prix induite par une demande globale excédentaire par rapport à l'offre
globale. Les prix augmentent alors pour rééquilibrer l’offre et la demande. La hausse
de la demande peut être due à une hausse des salaires, du crédit, des dépenses
publiques ou de la demande extérieure. L'offre peut également se réduire à cause
d'une pénurie de matières premières, d’énergie, de main d’œuvre qualifiée ou de
l'absence de capitaux. Keynes a mis en évidence ce phénomène et fourni comme
exemple l'économie de guerre: les facteurs de production sont orientés vers
l’armement et l'offre globale des biens de consommation se réduit, entraînant une
hausse de coûts.

Figure 3 : L’inflation par la demande

SOURCE : GRAPHIQUE PAR OLIVIER SIMARD-CASANOVA 2022. TOUS DROITS RÉSERVÉS

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2.2 L’inflation par les coûts : la boucle prix – salaire et l’indexation

L'inflation par les coûts, également appelée inflation de l'offre, se produit lorsque les
coûts de production des biens et des services augmentent, ce qui entraîne une hausse
des prix. Contrairement à l'inflation par la demande, qui est liée à une demande
globale excessive.

L'inflation par les coûts est souvent perçue comme étant plus difficile à maîtriser que
l'inflation par la demande, car elle est souvent liée à des facteurs externes tels que les
fluctuations des prix des matières premières. La gestion de l'inflation par les coûts
peut nécessiter des ajustements au niveau des politiques salariales, des
approvisionnements en matières premières et des politiques énergétiques, ainsi que
des réponses adaptées de la part des autorités économiques.

L’inflation par les coûts implique une hausse des coûts des facteurs de productions qui
mène à une augmentation du niveau des prix. L'augmentations de certains coûts de
production, par exemple les coûts énergétiques et salariaux, touche tous les secteurs et
explique pourquoi le niveau général des prix augmente. Un exemple d'inflation par les
coûts est la hausse des prix qui a suivi les chocs pétroliers de 1973 et 1979. Ce type
d'inflation contient un risque de spirale inflationniste : une hausse des prix induit une
hausse des salaires conduisant à une augmentation des prix et ainsi le phénomène
s'auto-entretient.

Les chocs d’offre négatifs peuvent conduire à une inflation forte et durable si une
spirale de l’inflation (ou boucle salaire-prix) est enclenchée (voir schéma ci-dessous).
Pour cela, en cas de répercussion de la hausse des coûts de production sur les prix à la
vente, les salariés exigent des hausses de salaire pour compenser leur perte de pouvoir
d’achat, ce qui diminue les marges des entreprises qui à nouveau augmentent leur
prix, poussant les salariés à demander de nouvelles hausses de salaires. Une fois
enclenché, ce mécanisme auto-entretenu est difficile à faire disparaître. Il a pu être
identifié durant les années 1970 dans les pays importateurs de pétrole subissant une
hausse de son prix, et donc victimes d’inflation importée. Au début de l’année 2022,
la condition d’une inflation durablement forte laisse présager le retour de la boucle
salaires-prix pour de nombreux économistes. Il est à noter que tant que les salaires

8
n’augmentent pas ou peu, le choc inflationniste aura de grandes chances de demeurer
transitoire.

Figure 4 : Schéma de spirale de l’inflation

SOURCE : Banque de France

2.3 L’inflation par la monnaie

L’inflation peut venir d’un excès de création monétaire : si la masse monétaire


augmente trop par rapport à la taille de l’économie, la valeur unitaire de la monnaie
diminue, ce qui signifie que son pouvoir d’achat baisse et que les prix s’accroissent.
Cette idée fonde la théorie quantitative de la monnaie dont on trouve déjà des traces
au XVIIIème siècle, par exemple dans les écrits de David Hume : « La monnaie n’est
pas le moteur du commerce.
Par la suite, les travaux d’Irving Fisher en 1911, de Milton Friedman en 1968 pour qui
« l’inflation est donc partout et toujours d’origine monétaire », ou encore des auteurs
de la nouvelle école classique (NEC) comme Robert Lucas, Thomas Sargent ou
Robert Barro à partir des années 1970 mettent en avant des versions plus ou moins
strictes de la neutralité de la monnaie. Ils ont cependant en commun d’affirmer que la
masse monétaire doit augmenter proportionnellement à la croissance de la production
afin de satisfaire la demande de monnaie pour motif de transaction.

9
La hausse de l’offre de monnaie, à court terme, entraînerait une baisse des taux
d’intérêt et par conséquent une hausse de la demande de biens et services et donc,
toutes choses égales par ailleurs, une hausse des prix. A long terme, le niveau de
production et les taux d’intérêt étant indépendants de la quantité de monnaie en
circulation, la hausse de l’offre de monnaie engendrerait une hausse de la valeur de la
consommation correspondant à une hausse des prix des biens et services.
Ce canal ne fonctionne cependant plus aujourd’hui. On assiste sur la décennie 2010 à
une décorrélation entre base monétaire, monnaie en circulation et inflation dans les
pays de l’OCDE comme le montre le graphique suivant:

Figure 5 : Taux de croissance de la base monétaire (M0), d’une agregat


monétaire large (M2 ou M3) et des prix entre T4 2007 et 2020, en zone euro aux
Etats-Unis (en %)

SOURCE : BANQUE CENTRALE EUROPÉENNE (ECB-SDW, EUROPEAN, CENTRAL


BANK-STATISTICAL DATA WAREHOUSE) ; RÉSERVE FÉDÉRALE DE SAINT LOUIS
(FRED, FEDERAL RESERVE ECONOMIC DATABASE), CALCULS DES AUTEURS.

Par le passé, la plupart des épisodes d’hyperinflation peut cependant s’expliquer par
une forte croissance de la masse monétaire comme le propose la théorie quantitative
de la monnaie. C’est par exemple le cas au Zimbabwe à la fin des années 1990
comme le montre le graphique suivant. A l’origine de la forte croissance de la masse
monétaire menant à l’hyperinflation se trouve le plus souvent la nécessité des
pouvoirs publics de financer des déficits publics importants, induits par un choc de
demande négatif, par la création monétaire.

10
Figure 6 : Inflation and Money Supply Rise in Tandem in Zimbabwe

SOURCE: FED DALLAS AR 2011 (GLOBALIZATION AND MONETARY POLICE)

Le second canal reliant création monétaire et inflation est celui du taux de change.
Une banque centrale qui crée beaucoup de monnaie engendre la dépréciation de la
monnaie nationale, ce qui favorise l’inflation importée. En effet, la baisse des taux
induite par une politique monétaire accommodante incite à la sortie des capitaux, ce
qui engendre une baisse de sa valeur exprimée en monnaie étrangère et renchérit ainsi
le coût des importations (il est désormais nécessaire d’engager une quantité de
monnaie nationale plus importante pour se procurer un même bien), ce qui alimente la
hausse du niveau général des prix. Ce canal peut être mobilisé pour expliquer
l’inflation dans les pays émergents, notamment en Turquie, dans la seconde moitié des
années 2010, ou au Japon en 2013.

Le troisième canal met l’accent sur le rôle du prix des actifs et sur la monnaie pour
motif de placement. L’augmentation de l’offre de monnaie entraîne une hausse de la

11
demande d’actifs financiers et immobiliers dans une logique de rééquilibrage du
contenu des portefeuilles, ce qui provoque la montée de leurs prix. La valeur des
portefeuilles d’actifs augmentant, les détenteurs se considèrent plus riche (effet
richesse) et consomment plus de biens et services (et épargnent moins), ce qui tirent
leurs prix vers le haut. Cet effet peut être observé dans le cas des pays de l’OCDE en
2020 et 2021 après la forte hausse du taux d’épargne durant la période de
confinement.

Chapitre II : Le chômage

1 Définitions, évolution du chômage


1.1 Qu’est-ce que le chômage ?

Le chômage représente l'ensemble des personnes de 15 ans et plus, privées d'emploi et


en recherchant un. Sa mesure est complexe. Les frontières entre emploi, chômage et
inactivité ne sont pas toujours faciles à établir, ce qui amène souvent à parler d'un
« halo » autour du chômage.
Il y a en France deux sources statistiques principales sur le chômage : les statistiques
mensuelles du Ministère du travail, élaborées à partir des fichiers de demandeurs
d'emploi enregistrés par Pôle Emploi et l'enquête Emploi de l'Insee, qui mesure le
chômage au sens du BIT.

1.1.1 A Emploi, chômage : de quoi parle-t-on et que mesure-t-on ?


L’Insee (Institut national des statistiques et études économiques) mobilise les
définitions de l’emploi et du chômage du Bureau international du travail (BIT),
utilisées par la majorité des instituts nationaux de statistiques, notamment européen.
Ces définitions s’appuient sur une mesure factuelle de l’emploi et du chômage qui est
indépendante des régimes sociaux associés aux emplois ou des dispositifs de suivi ou
d’indemnisation du chômage. Elles permettent ainsi de disposer d’une mesure stable
dans le temps et harmonisée entre les différents pays de manière à opérer des
comparaisons.
Selon le BIT, une personne de 15 ans ou plus est considérée comme en emploi si
elle a effectué au moins une heure de travail rémunéré au cours d’une semaine

12
donnée ou si, même sans avoir effectivement travaillé, elle a un emploi avec
lequel elle conserve un lien (congés annuels, congés maladie ou maternité…).
Une personne est considérée comme au chômage si elle remplit simultanément les
trois critères suivants :
• Être sans emploi au cours d’une semaine donnée ;
• Avoir effectué, au cours des quatre semaines précédentes, au moins une
démarche active de recherche d’emploi (réponse à une offre d’emploi,
contact avec Pôle emploi, dépôt d’une candidature spontanée, petite annonce,
inscription dans une agence d’intérim, etc.) ou avoir trouvé un emploi qui
commence dans les trois mois ; le seul fait d’être inscrit à Pôle emploi ne
constitue pas une démarche active de recherche d’emploi ;
• Être disponible pour travailler dans les deux semaines à venir.

Il n’existe qu’une seule façon de mesurer le chômage tel que défini par le BIT. Elle
consiste à réaliser une enquête auprès des personnes, en leur posant des questions
concrètes pour déterminer si elles ont ou non un emploi, ainsi que sur les démarches
de recherche d’emploi qu’elles ont effectuées et leur disponibilité pour travailler. En
France, l’enquête Emploi met en œuvre ces questions et permet de mesurer le
chômage au sens du BIT. L’enquête Emploi est la version française de l’enquête sur
les forces de travail (Labour Force Survey) harmonisée par Eurostat, l’office
statistique européen.
Depuis 1950, l’Insee réalise cette enquête auprès d’un échantillon représentatif de
l’ensemble de la population, avec une mise en œuvre des critères du BIT depuis 1975.
Chaque trimestre, environ 100 000 personnes répondent à l’enquête. La taille très
importante de l’échantillon permet de mesurer le taux de chômage avec une précision
estimée à +/– 0,3 point en moyenne sur un trimestre.
Celui-ci est le principal indicateur permettant d’apprécier le fonctionnement du
marché du travail, ou l’insertion d’une population donnée dans l’emploi. Cet
indicateur rapporte le nombre de chômeurs au nombre de personnes actives (c’est-à-
dire soit en emploi soit au chômage). La part de chômage, moins souvent utilisée,
rapporte quant à elle le nombre de chômeurs à la population totale, qu’elle soit active
ou inactive. Pour des populations qui comptent peu d’actifs, comme les jeunes, les

13
deux indicateurs peuvent donner des mesures sensiblement différentes, traduisant
chacune un aspect de la réalité.

1.2 Evolution du chômage au Maroc

La situation du marché du travail au premier trimestre 2021 continue encore de


subir les effets de la crise qu’a vécue l’économie nationale durant l’année 2020.

Selon le Haut-commissariat au plan (HCP), elle a été essentiellement marquée par la


hausse du chômage et de l’inactivité, particulièrement parmi les femmes et les jeunes.

Ainsi, le nombre de chômeurs a augmenté de 242.000 personnes entre le premier


trimestre de l’année 2020 et celui de 2021, passant de 1.292.000 à 1.534.000
chômeurs, ce qui correspond à une augmentation de 19%, a souligné le HCP précisant
que cette hausse est le résultat d’une augmentation de 185.000 chômeurs en milieu
urbain et de 57.000 en milieu rural.

Dans sa note d’information relative à la situation du marché de travail au premier


trimestre de l’année 2021, l’institution publique indique que le taux de chômage s’est
accru de 2 points entre les premiers trimestres de 2020 et de 2021, passant de 10,5% à
12,5%.

Selon les données statistiques, « il a enregistré une forte hausse aussi bien en milieu
rural qu’en milieu urbain, passant respectivement de 3,9% à 5,3% et de 15,1% à
17,1% ».

Ces données font également apparaitre un taux de chômage en « forte hausse parmi
les femmes (3,2 points), de 14,3% à 17,5%, et parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans
(5,7 points), de 26,8% à 32,5% », a noté le HCP soulignant, en outre, que celui des
diplômés a enregistré une hausse de 2 points, passant de 17,8% à 19,8%.

Il ressort, par ailleurs des chiffres rendus publics par le Haut-commissariat que « le
volume du sous-emploi, dans ses deux composantes, est passé, durant la période, de
954.000 personnes à 988.000, de 531.000 à 552.000 dans les villes et de 423.000 à
435.000 à la campagne ».

14
Ainsi, le taux de sous-emploi est passé de 8,8% à 9,2%, au niveau national, de 8,7% à
8,9% en milieu urbain et de 8,9% à 9,6% en milieu rural.

Le Haut-commissariat a enfin noté que « le taux de sous-emploi des hommes (10,2%)


est presque deux fois plus élevé que celui des femmes (5,6%). En milieu urbain, il est
de 9% contre 8,3% pour les femmes et en milieu rural, il est presque 5 fois plus élevé
parmi les hommes avec 12% que parmi les femmes (2,5%) ».

Figure 7 : Evolution du taux de chômage entre les premiers trimestres de 2020 et


de 2021 pour certaines catégories de la population (en %).

1.3 Comparaisons internationales

La situation européenne est hétérogène sur le plan du chômage, de moins de 3 % en


2020 pour la République tchèque à plus de 16 % pour la Grèce. En France, le taux de
chômage des 15-74 ans s’établit à 8,0 % alors qu’il est de 7,1 % dans l’ensemble de
l’Union Européenne à 27 (UE) en 2020. Six pays de l’UE ont un taux de chômage
supérieur à celui de la France : la Grèce (16,3 %), l’Espagne (15,5 %), l’Italie (9,2 %),
la Lituanie (8,5 %), la Suède (8,3 %) et la Lettonie (8,1 %).

15
Le taux de chômage de l’ensemble de l’UE est légèrement inférieur à son niveau
de 2008 (7,2 %) malgré une hausse en 2020. Il a baissé dans douze pays, dont la
Pologne, l’Allemagne ou la Hongrie. En France, il reste cependant encore au-dessus
du niveau de 2008 (+ 0,6 point). C’est aussi notamment le cas de pays comme la
Grèce, l’Espagne ou l’Italie.

Figure 8 : Taux de chômage Dans l’union européenne


SOURCES : Eurostat, enquêtes sur les forces de travail.

En moyenne, sur longue période, le taux de chômage des pays européens est
supérieur à celui d’autres pays développés tels que les Etats-Unis ou le Japon. Pour ce
dernier, il se situe dans une fourchette allant de 2,1 à 5,3 % depuis les années 1980 et
est de 2,8 % en 2021 selon les chiffres de l’organisation de coopération et de
développement économiques (OCDE ; voir graphique ci-dessous). Celui des Etats-
Unis est en tendance supérieur à celui du Japon mais inférieur à la moyenne des pays

16
de l’UE. En 2021, 5,4 % de la population active sont au chômage après un pic de 8,1
% en 2020.

Figure 9 : Taux de chômage de l’UE, des Etats-Unis et de Japon depuis 2005


SOURCE : OCDE (2022)

Chapitre III :La courbe de Phillips

Introduction

Déduite d’observations empiriques, la courbe de Phillips, dans sa version la plus


élémentaire, décrit une relation inverse entre chômage et inflation. Valide à de
nombreux moments, elle s’est révélée totalement inexacte dans les années 1970 avec
l’apparition de la « stagflation ». Elle permet ainsi de comprendre que des corrélations
statistiques peuvent révéler des mécanismes importants mais n’épuisent pas les
explications sur la relation entre deux variables complexes. Elles ne constituent en
aucun cas des « lois économiques universelles ». Par ailleurs, les débats autour du «

17
mythe » de la courbe de Phillips montrent comment certains résultats peuvent être
instrumentalisés pour influencer les politiques publiques.

1 Qu’est-ce que la « courbe de Phillips » ?

La courbe de Phillips est un concept macroéconomique qui représente la relation


empirique observée entre l'inflation et le taux de chômage dans une économie.
Initialement formulée par l'économiste A.W. Phillips dans les années 1950, cette
courbe s'est révélée être un outil puissant pour comprendre les dynamiques entre
l'inflation et le marché du travail.

La courbe de Phillips est une courbe reliant négativement l’inflation et le taux de


chômage d’une économie. Autrement dit, cette courbe indique que plus les prix
augmentent, moins il y a de chômeurs et inversement.

Chômage, salaire et inflation


L’idée selon laquelle une augmentation trop rapide des salaires réduit le nombre
d’embauches et donc accroît le chômage est plutôt intuitive. Mais est-ce une réalité ?
L’économiste britannique William Phillips montre que c’est, en effet, vérifié au
Royaume-Unis entre 1851 et 1957. Cette relation négative entre le niveau des salaires
et le chômage est appelée relation de Phillips. L’économiste détermine même un taux
de stabilité des salaires: si 5,5 Anglais sur 100 sont au chômage, votre salaire
n’augmentera pas d’un penny! Il ne diminuera pas non plus, ce qui est rassurant…
Néanmoins les salaires sont rarement utilisés pour décrire une économie, on parle
plutôt du niveau général des prix. Alors peut-on faire le lien entre chômage et
inflation? Oui, grâce à la courbe de Phillips de Paul Samuelson et Robert Solow,
décrite en 1960. Ils établissent, en effet que dans les Etats-Unis des années 1960, un
taux de chômage de 2,5% conduit à une stabilité des prix.

En 1958, l’économiste néo-zélandais Alban William Phillips (1914 -1975) publie un


article dans lequel il met en évidence une relation inverse entre le taux d’évolution des
salaires nominaux et le taux de chômage au Royaume-Uni sur la période 1861-1957
: plus le taux de chômage est important, plus l’augmentation des salaires est
faible . On en comprend le raisonnement sous-jacent : si le chômage est élevé, les

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travailleurs sont prêts à accepter des emplois moins bien rémunérés par peur du
chômage. Inversement, en période de faible chômage, ils disposent d’un rapport de
force favorable pour négocier leurs salaires à la hausse.

Figure 10 : La courbe de Phillips dans l'article de Phillips

SOURCE Alban W. Phillips, “The Relation between Unemployment and the Rate of
Change of Money Wage Rates in the United Kingdom, 1861–1957”

Cette courbe, qui a fait couler beaucoup d’encre, est plus connue sous une forme un
peu différente : celle du lien entre chômage et inflation. On doit cette
réinterprétation. Au Britannique Richard Lipsey et aux Américains Paul Samuelson
et Robert Solow (connu notamment pour sa modélisation théorique de la croissance,
le modèle de solow).

Deux justifications la sous-tendent:


• Premièrement, le coût du travail étant en général le coût de production le plus
important des entreprises, toute augmentation de ce coût peut se répercuter sur
les prix de vente ;
• Deuxièmement, les économistes considèrent que le taux de chômage constitue
un indicateur (quoiqu’imparfait) de l’état de la demande globale dans
l’économie. Plus le chômage est faible, plus on peut penser que l’économie est
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en « bonne santé » et que la demande de biens de consommation et de biens de
production (l’investissement) est relativement élevée. Cette forte demande
peut créer des pressions inflationnistes si l’offre n’arrive pas à suivre.

Les économistes de l’époque n’ont jamais cru que cette relation représentait une
loi indépassable des économies capitalistes et que tel taux de chômage
correspondrait à tel taux d’inflation pour l’éternité. Ils étaient bien conscients que,
pour le dire en termes graphiques, la courbe de Phillips pouvait se déplacer vers le
haut ou vers le bas.
Les années 1970 ont constitué une preuve grandeur nature de cette possibilité, à tel
point que le débat s’est porté sur le fait de savoir si cette courbe « existait »
réellement. En effet, dans les pays de l’OCDE, les années 1970 se caractérisèrent en
moyenne par une augmentation du taux de chômage et du taux d’inflation. On baptisa
rapidement ce phénomène de « stagflation », témoignant de la coexistence quasi-
inédite dans les pays développés d’une forte inflation et de périodes de ralentissement
ou de stagnation économique.

2 Comment fonctionne la courbe de Phillips ?

Figure 11 : Courbe de Phillips


SOURCE : Hugo Bompard

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B est le point de stabilité : à ce taux de chômage, les prix n’augmentent et ne
diminuent pas (ce taux de chômage d’équilibre est différent selon les économies). Si
les prix venaient à augmenter, le taux d’inflation serait alors positif et nous serions au
point A. La courbe de Phillips sous-entend donc que l’inflation réduit le chômage.
Pourquoi ? Pour deux raisons:

❖ Grâce aux salaires : si tout coûte plus cher, alors le profit des entreprises
augmente et si les salaires n’augmentent pas autant, alors les travailleurs
coûtent moins cher et donc les entreprises peuvent embaucher !
❖ Grâce à l’effet signal : une hausse des prix signifie potentiellement une
hausse des profits des entreprises, elles cherchent donc à augmenter leur
production en embauchant

Au-delà du point B, l’inflation est négative, on parle alors de déflation : la baisse


générale du niveau des prix (une situation souvent redoutée !). Le risque étant la
spirale déflationniste : la baisse des prix conduit à la baisse des prix! En effet:
➢ la baisse du niveau des prix réduit les profits des entreprises qui sont
contraintes de licencier, donc le chômage s’accroît;
➢ la hausse du chômage contracte la demande sur le marché des biens, ce qui
conduit à la baisse des prix;
➢ et ainsi de suite.

La courbe de Phillips est un résultat important en macroéconomie, puisqu’elle incite


les dirigeants à arbitrer entre niveau de chômage et inflation pour gérer l’état de
l’économie de leur pays et favoriser l’un ou l’autre selon la conjoncture.

3 La relation entre inflation et chômage


Au-delà du débat sur l’existence de la courbe de Phillips (qui réapparait
régulièrement), les économistes ont mis en avant dès les années 1970 plusieurs
mécanismes influant sur la relation entre chômage et inflation, complexifiant l’idée
simple de départ selon laquelle un taux de chômage faible (ou une forte demande
globale) pousserait l’inflation à la hausse.

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3.1 Le rôle de l’inertie de l’inflation et des anticipations

Du fait des habitudes et routines de négociation, mais aussi des différents types
d’indexation inscrits dans le droit, si l’inflation est forte dans les années qui
précèdent, elle risque de rester forte dans les années suivantes.

Dès lors, une augmentation de l’inflation à la suite d’une augmentation de la


demande agrégée (que l’offre ne peut pas suivre) ou à un choc d’offre (voir point ci-
après) peut se répercuter dans les années suivantes par un niveau durablement plus
élevé d’inflation.

Les anticipations des agents économiques jouent également un rôle dans l’évolution
de l’inflation : si une majorité d’agents économiques anticipe une augmentation des
prix dans les mois à venir, cela se répercutera dans les négociations salariales et entre
entreprises

3.2 L’existence de chocs d’offre

Des chocs sur le prix des matières premières (comme les chocs pétroliers de 1973 et
1979-1980) peuvent se répercuter sur les prix d’autres secteurs et augmenter
temporairement le niveau d’inflation. Cette inflation supplémentaire peut perdurer du
fait de l’inertie de l’inflation et des anticipations des agents. De tels chocs peuvent
également réduire la productivité globale des facteurs de production, entrainant là
encore des tensions inflationnistes.

3.3 Le niveau du chômage structurel

En économie, on distingue en général le chômage conjoncturel, lié aux fluctuations


cycliques de l’économie (activité plus ou moins importante) et le chômage structurel,
conséquence de changements dans la structure de l’économie qui peuvent tenir à des
évolutions démographiques, au fonctionnement du marché du travail, à la composition
et à la formation de la population active, ainsi qu’à l’appariement entre les
compétences des travailleurs et les besoins des entreprises.

Dans les années 1960 aux Etats-Unis, par exemple, l’entrée sur le marché de
nombreuses femmes et d’Afro-américains (jusque-là restés en dehors de la population

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active) aurait fait augmenter le taux de chômage structurel. D’où un taux de chômage
plus élevé, indépendamment du niveau d’inflation.

4 La relation entre inflation et chômage n’ont pas disparu


La relation négative entre taux de chômage et inflation, initialement mise en évidence
par Phillips à la fin des années 1950, apparaît de moins en moins marquée
empiriquement depuis les années 1990, dans les pays européens comme aux États-
Unis. En France, elle s’est nettement affaiblie, et s’est momentanément inversée au
cours des années 2000, lors d’une période d’accélération de la productivité par tête en
valeur.

Ce dossier teste la persistance de cette relation, à partir d’une étude conjointe des
situations française et américaine, en séparant l’effet du chômage sur les salaires
d’une part, et la transmission des salaires aux prix d’autre part, ainsi qu’en contrôlant
les effets directs de la productivité, sur les salaires comme sur les prix.

La hausse du chômage lors de la crise de 2008-2009 a clairement freiné les salaires.


S’il s’est par la suite replié aux États-Unis, soutenant les salaires, il est resté en France
à un niveau élevé, continuant de peser sur les revenus d’activité. Le principal
déterminant de l’évolution des salaires reste toutefois la productivité. En France
comme aux États-Unis, c’est le profil de gains de productivité qui a principalement
guidé les évolutions salariales depuis la crise.

Si la transmission des salaires aux prix est de plus en plus perturbée, l’analyse montre
que les salaires restent le principal déterminant de leur dynamique: le ralentissement
des salaires, en particulier depuis la crise, a pesé sur l’inflation. En France, la
dynamique récente des salaires ne suggérerait pas encore de nette accélération des
prix, du moins à court terme.

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Figure 12 : Relation statistique entre chômage et inflation.
SOURCE : INSEE

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Conclusion générale

Du point de vue de la littérature théorique et même empirique, le chômage et


l’inflation sont deux phénomènes macroéconomiques qui touchent significativement
les économies mondiales et la relation entre ces deux agrégats dépend de la spécificité
des économies propre à chaque pays ou à chaque région du monde.

A la suite des investigations économétriques, les conclusions tirées de cette étude


relèvent que le chômage et l’inflation ont une relation significativement négative. Ce
résultat pourrait s’expliquer par le fait que les erreurs des anticipations influencent
négativement l’évolution du taux de chômage. Et donc, un accroissement du taux
d’intérêt entraine une baisse du chômage.

Les électeurs souhaitent une économie caractérisée par un taux de chômage faible et
une inflation faible, mais positive. Cependant, un tel objectif est difficile à atteindre.
À court terme, il existe un arbitrage entre l’inflation et le chômage, ce qui signifie que
les décideurs publics pourraient choisir de réduire le chômage au prix d’une inflation
plus élevée. Néanmoins, cela pourrait mener à des anticipations d’inflation plus
importantes et une spirale salaires-prix, ce qui signifierait que l’inflation ne serait pas
temporairement plus élevée, mais continuerait d’augmenter avec le temps.

On considère que les banques centrales sont plus susceptibles de considérer l’impact
futur de leurs actions, que les politiciens, qui, eux, répondent à des pressions
démocratiques à court terme. Pour cette raison, de nombreux pays ont adopté un
ciblage de l’inflation à travers des banques centrales indépendantes s’appuyant sur le
taux d’intérêt nominal comme outil de politique en réponse aux chocs à la fois d’offre
et de demande.

Cette étude nécessite néanmoins de prendre en compte certaines autres variables


pertinentes dites de contrôle pour la robustesse du modèle et la meilleure qualité des
résultats à l’instar du climat des affaires et la qualité des institutions.

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Bibliographie

PAR JULIEN CHEVALIER, MARION COHEN, ALAIN GRANDJEAN PUBLIÉ LE


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