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UFR DES SCIENCES DE LA TERRE

RÉPUBLIQUE DE CÔTE D'IVOIRE


UNION - DISCIPLINE - TRAVAIL ET DES RESSOURCES MINIERES

MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR


ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

UNIVERSITE FHB DE COCODY

Laboratoire de Géologie du Socle et de Métallogénie

Cours de Gitologie
Master 1 Sciences de le Terre

Professeur Yacouba COULIBALY

Janvier 2020

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CHAPITRE 1 : GENERALITES SUR LES GISEMENTS

Le rôle du géologue minier est de découvrir l’origine des concentrations métallifères c’est à
dire donner leurs genèses. Cette étude en vue d’expliquer la genèse d’une concentration
métallifère est appelée la métallogénie ou la gitologie.

1. Vocabulaire
La teneur est la proportion d’un métal (plomb, or, tec.) ou d’un minéral industriel (diamant,
talc, kaolinite, etc) contenu dans un minerai ou un gisement, mesuré par analyse chimique sur
un fragment représentatif de minerai. Elle s’exprime en pourcentage lorsque cette proportion
est élevée (plomb, zinc, fer) ; en ppm (partie par million), équivalent des g/t , lorsqu’elle est
basse (or, platine argent). Pour les métaux précieux, les g/t sont parfois remplacés par l’once
Troy (oz/t) de 31,1035 g, mesure officielle de l’or et du platine sur les marchés
internationaux.

Un indice est une indication de la présence de minéralisation sans indication de valeur


économique. C’est en fait une faible quantité de minerai.
Un gîte est une concentration naturelle significative d’une ou de plusieurs substances. Ce
terme n’a pas de connotation économique. Un gîte devient un gisement lorsqu’il est
exploitable, c'est-à-dire quand on peut en extraire le minerai dans des conditions
économiquement rentables.

On appelle minerai brut ou « tout-venant », la masse de roches utiles extraites de la mine.


Elle est constituée de 2 parties :

- La minéralisation ou la paragenèse métallifère : ensemble des minéraux qui


contiennent le métal intéressant. C’est le minerai au sens strict ;

- une partie non utile appelée la gangue ou le stérile (quartz, calcite…) qu’il faudra
séparer de ce qui est utile. Le tas de stérile est appelé un halde.

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Le stérile désigne les matériaux non commercialisables qui seront rejetés au cours du
traitement ; il comporte non seulement la roche encaissante, la gangue, mais aussi et très
souvent du minerai pauvre, non traité.
La gangue désigne les minéraux associés au minerai, souvent non valorisable, comme le
quartz, les carbonates, et la barytine, et qui sont rejetés.
Syngénétique : se dit d’une minéralisation qui s’est formée en même temps que la roche
encaissante. Exemple sulfures massifs volcanogènes.
Epigénétique : se dit d’une minéralisation qui s’est formée après la roche encaissante.
Exemple : filons de quartz aurifères.

On utilise le terme de stratabound pour une minéralisation qui est encaissée uniquement par
une unité de roche encaissante.

Le terme de stratiforme s’utilise pour un corps minéralisé ayant la forme d’une strate, et qui
est concordante avec la stratigraphie encaissante. Observée dans des gîtes syngénétiques.

2. Eléments chimiques et gisements


La figure 1 présente un tableau périodique dans lequel ces éléments sont présentés par numéro
atomique croissant et classés en groupes pertinents pour la métallogénèse.

Des 92 éléments illustrés à la figure 1, presque tous ont une certaine utilité dans nos sociétés
modernes axées sur la technologie. Certains éléments (le fer et l'aluminium) sont nécessaires
en grandes quantités comme matières premières pour la fabrication de véhicules et la
construction, tandis que d'autres (les terres rares, par exemple) sont nécessaires en très petites
quantités dans l'industrie des alliages et de l'électronique.

Les éléments utiles peuvent être classés de différentes manières. Ainsi, (i) la plupart des
éléments peuvent être des métaux (figure 1); (ii) une fraction plus petite étant non métallique
et (iii) les éléments B, Si, As, Se, Te et At ont des propriétés intermédiaires et sont appelés
métalloïdes. Une autre classification d'éléments, attribué au géochimiste Goldschmidt, est
basé sur leurs associations rocheuses et permet de distinguer entre (i) les éléments lithophiles
(qui ont une affinité avec l’oxygène ; liés aux silicates et concentrés dans la croûte), (ii)
chalcophiles (qui ont une affinité avec le soufre at qu’on trouve sous forme de sulfures), (iii)
sidérophiles (présents affinité avec le fer comme métal naturel et concentrés dans le noyau), et
(iv) atmophiles (présents comme gaz dans l'atmosphère). Il est également utile de considérer

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les éléments en fonction de leurs associations minérales : (i) certains se présentant de
préférence sous forme de sulfures et (ii) d'autres sous forme d'oxydes (voir la figure 1) ; (iii)
certains éléments se présentent à la fois sous forme d'oxyde et de sulfures (exemple le fer).

Figure 1. Periodic table showing the 92 geologically relevant elements classified on the basis of their
rock and mineral associations (Robb, 2005).

3. Le gisement du point de vue minéralogique


Pour le minéralogiste, le minerai est le minéral qui contient l’élément à récupérer. Les
minéraux métallifères sont presque tous opaques. Ces minerais appartiennent à quasiment
toutes les classes de minéraux.

2.1. Les éléments natifs

Un élément natif est un minéral, formé essentiellement d'un seul élément chimique. Ces
métaux existent sous forme d'éléments natifs (constituant pur) ou, plus généralement,
d'alliages.
On les divise en trois sous-classes :
- les métaux principalement de système cristallin cubique ou hexagonal : argent
natif, cuivre natif, or natif et platine natif ...
- les semi-métaux : antimoine natif, arsenic natif et, bismuth natif de maille
rhomboédrique et le tellure natif de maille hexagonale

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- les non-métaux comme le carbone minéral (diamant cubique et graphite hexagonal),
le soufre natif et le sélénium natif.

2.2. Les sulfures et dérivés


De nombreux minerais sont des sulfures qui sont composés de métaux combinés avec
l’élément soufre : le groupement anionique ne contient que du soufre. Les plus courants sont :

- Sulfures de zinc : Sphalérite (ZnS) ou (Zn,Fe)S


- Sulfures de cuivre : Chalcopyrite CuFeS2, ; Bornite Cu5FeS4 ; Covellite CuS ;
Chalcosine Cu2S
- Sulfures de fer : Pyrite et Marcassite FeS2 ; Pyrrhotite Fe1-xS ; Arsénopyrite FeAsS
- Sulfures de plomb : galène (PbS)
- Sulfure de nickel : Pentlandite (Fe, Ni)9S8
- Sulfure de mercure : Cinabre - HgS

2.3. Les halogénures


Les halogénures sont des minéraux composés de métaux combinés avec des éléments
halogènes (chlore, fluor, brome et iode). Le plus connu est sans doute la halite (NaCl), ou sel
gemme et la fluorine (CaF2). On peut signaler également la Sylvite (KCl).
Les halogénures sont fragiles, légers et souvent solubles dans l'eau.

2.4. Les oxydes et hydroxydes


Ils regroupent des minéraux dont le groupe anionique est constitué d’oxygène ou d’hydroxyle
([OH]-). Les oxydes sont généralement extrêmement durs, contrairement aux hydroxydes.
On les divise en trois sous-classes :
- les oxydes simples : l'hématite (Fe2O3) ; minerai de fer ; Magnétite – Fe3O4 ;
Cassitérite – SnO2 ; Pyrolusite – MnO2 ; Rutile – TiO2 ;
- les oxydes multiples : le spinelle (MgAl2O4) utilisé en joaillerie en substitution du
rubis ; Ilménite (FeTiO3) ; Chromite – (Fe, Mg)Cr2O4 ; Columbite – tantalite ou
coltan (Fe, Mn)(Nb, Ta)2O6
- les hydroxydes (de la bauxite) : Gibbsite – Al(OH)3 ; Boehmite – (–AlO(OH));
Diaspore – (–AlO(OH))

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2.5. Carbonates
Le groupement anionique est le groupe carbonate [CO3] 2-. Ces minéraux se caractérisent par
leur fragilité et une faible dureté Parmi elles, des espèces importantes, comme la calcite
(CaCO3) qui est le constituant principal du calcaire.
La rhodochrosite – MnCO3 ; smithsonite – ZnCO3; malachite – Cu2(OH)2CO3

2.6. Sulfates et dérivés


Cette classe représente 10% des minéraux et se définit par le groupement anionique de forme
[XO4] 2-
- Sulfates : [SO4] 2-. Le sulfate le plus connu est sans aucun doute le gypse, la pierre à
plâtre (CaSO4.2H2O). On a la barytine (BaSO4) ;
- Tungstates : [WO4] 2- : Scheelite (CaWO4) ; Wolframite ((Fe, Mn)WO4).

2.7. Phosphates
Le groupe anionique est de forme [PO4] 3- . L’Apatite – Ca8 (PO4)3 (F,Cl, OH) le plus connu

2.8. Silicates
Certains silicates peuvent présenter un intérêt métallogénique.
- Nésosilicates : Grenat (Fe3Al2(SiO4)3);
- Cyclosilicates : Beryl (Be3, Al2(SiO3)6);
- Inosilicates : Spodumène (LiAlSi2O6) ;
- Phyllosilicates ; Kaolinite (Al4Si408(OH)8) ;
- Tectosilicates : Quartz : (SiO2)
- Zircon (ZrSiO4)

4. Epoques et provinces métallogéniques


La distribution des gisements est très hétérogène, à la fois dans le temps et dans l’espace.

4.1. Distribution des gisements dans le temps


Certaines périodes géologiques sont particulièrement favorables à la formation de certains
minerais. Par exemple la fin du de l’Archéen ou le Crétacé pour les gisements de cuivre ; le
Tertiaire pour les gisements de molybdène ; la quasi-totalité des gisements de fer rubané est
protérozoïque ; la majeure partie des gisements pétroliers provient d'horizons d'âge Crétacé ;

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de nombreux gisements d'or se sont mis en place vers 450 Ma (Ouest américain, URSS,
Australie) et 320 Ma (Europe, Tien Shan). Ces périodes correspondent à des crises
géologiques marquées par d’intenses magmatismes et/ou hydrothermalisme, sédimentation
qui génèrent des concentrations minérales en grand nombre. Ces périodes particulières sont
les époques métallogéniques.

4.2. Distribution des gisements dans l’espace


La répartition des gisements dans l’espace est également très inégale. Les gisements géants
(superlarge deposits) jouent un rôle majeur sur le plan économique. Ainsi, (i) le bassin
sédimentaires du Witwatersrand (Afrique du Sud) a produit plus de la moitié de tout l'or du
monde depuis 1887 (49 400 t d’or produits entre 1886 et 2003 ; près de 38 000 t en terre) ; (ii)
un seul gisement, Climax aux USA a produit 38% de tout le molybdène consommé depuis le
début de l'ère industriel.

Un gisement n’est généralement pas un corps minéralisé unique, mais un ensemble de


plusieurs corps plus ou moins proches dont la plus grande dimension est généralement
inférieure au kilomètre, caractérisé par une continuité des travaux miniers.

Un champ minéralisé correspond au regroupement de plusieurs gisements ; ses dimensions


varient de 1 à 10 km.

Un district minéralisé regroupe plusieurs champs dans une aire assez réduite allant de 10 à
100 km. Les gisements peuvent y être de même nature (district aurifère, uranifère), ou non :
on utilise alors le terme de district polymétallique.

Dans un district, lorsque des minéralisations de même source, mais d’âge et de types
différents, se déposent au même endroit, on utilise le terme de téléscopage. Exemple :
téléscopage entre des gisements épithermaux et porphyriques.
Lorsque des minéralisations sans lien génétique apparent s’associent dans un même district, le
terme de superposition est alors utilisé ; cette superposition.
Une aire ou une province correspond à une vaste zone (au-delà de 100 km). On utilise le
terme de province métallique pour une zone riche d’un métal donné, quels que soient l’âge et
le type de gisements présents. La province métallogénique correspond à une province à

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concentration élevée en un certain type de gisement (province aurifère du Witwatersrand,
province copperbelt africaine en RDC-Zambie).

Les caractères qui décrivent une province sont les métallotectes. Ainsi un métallotecte peut
désigner un trait structural, stratigraphique, lithologique, métamorphique qui contrôle et guide
la minéralisation : c’est un métallotecte positif. Par contre un métallotecte négatif inhibe la
formation de gisement, tel qu’une surface d’érosion ou une migmatisation. Un métallotecte
peut ainsi désigner un phénomène aussi grandiose que l'orogenèse éburnéenne ou un fait local
comme la shear zone d'Afema.

5. Classifications des gites métallifères


Deux types de classifications sont utilisés : descriptives et interprétatives à caractère
génétique. Dans ces classifications on peut utiliser divers critères : la substance, la nature de
l'encaissant, la morphologie, la température de formation, le contexte géodynamique, les
processus génétiques, les relations avec des processus géologiques ou les types de fluides.

La tectonique des plaques forme aussi un cadre où il est intéressant de placer les gisements.
Mais son application directe présente parfois des difficultés du fait des différences d'échelle.

Sans tenir compte de la source du métal, il apparaît que :


- la sédimentation, le plutonisme et le volcanisme sont générateurs de corps
minéralisés ;
- tandis que l’altération météorique et l’érosion, le métamorphisme, la tectonique, les
circulations d’eau ne font que concentrer et déplacer des minéralisations
préalablement existantes, disséminées ou non, et dont l’origine première est due à l’un
des phénomènes précédemment énumérés.

Exemple : Classification de Cox et Singer (1986)

C’est une classification morphologique, basée sur des critères "objectifs" comme la lithologie
de la roche encaissante et l'environnement géologique. Le but est d'obtenir des modèles
descriptifs de la plupart des gisements existants. Au total les gisements sont classés en 39
modèles descriptifs (tableau).
Cette classification est issue de la nécessité de travailler avec une classification dépourvue le
plus possible de toute notion génétique pour l'utiliser dans le cadre d'une grande base de
données dans le Services géologique américain (United States Geological Survey « USGS »).

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Tableau I : Classification des gites minéraux selon Cox et Singer (1986)
Classes Sous-classes N° du modèle
1 Deposits related to mafic and Stillwater Ni-Cu 1
ultramafic intrusions in stable Bushveld Cr 2a
environments Merensky Reef PGE 2b
Bushveld Fe-Ti-V 3
2 Deposits related to mafic-ultramafic Duluth Cu-Ni-PGE 5a
rocks in unstable areas Noril’sk Cu-Ni-PGE 5b
Komatiitic Ni-Cu 6a
Dunitic Ni-Cu 6b
Synorogenic-synvolcanic Ni-Cu 7a
Anorthosite Ti 7b
Podiform chromite 8a
Limassol Forest Co-Ni 8c
Serpentine-hosted asbestos 8d
Alaskan PGE 9
3 Deposits related to alkaline intrusions Carbonatite deposits 10
Diamond pipes 12
4 Deposits related to felsic W skarn deposits 14a
phanerocrystalline intrusive rocks Sn skarn deposits 14b
replacement Sn 14c
W veins 15a
Sn veins 15b
Sn greisen deposits 15c
5 Deposits related to felsic Climax Mo deposits 16
porphyroaphanitic intrusions Porphyry Cu 17
Porphyry Cu, skarn-related deposits 18a
Cu skarn deposits 18b
Zn-Pb skarn deposits 18c
Fe skarn deposits 18d
Carbonate-hosted asbestos 18e
Polymetallic replacement deposits 19a
replacement Mn 19b
Porphyry Sn 20a
Sn-polymetallic veins 20b
Porphyry Cu-Au 20c
Porphyry Cu-Mo 21a
Porphyry Mo, low-F 21b
Volcanic-hosted Cu-As-Sb 22a
Au-Ag-Te veins 22b
Polymetallic veins 22c
6 Deposits related to subaerial mafic Basaltic Cu 23
extrusive rocks
7 Deposits related to marine mafic Cyprus massive sulfide 24a
extrusive rocks Besshi massive sulfide 24b
Volcanogenic Mn 24c
Blackbird Co-Cu 24d
8 Deposits related to subaerial felsic to Hot-spring Au-Ag 25a
mafic extrusive rocks Creede epithermal veins 25b
Comstock epithermal veins 25c
Sado epithermal veins 25d
Epithermal quartz-alunite Au 25e
Volcanogenic U 25f
Epithermal Mn 25g
Rhyolite-hosted Sn 25h
Volcanic-hosted magnetite 25i
Carbonate-hosted Au-Ag 26a
Hot-spring Hg 27a
Almaden Hg 27b
Silica-carbonate Hg 27c
Simple Sb deposits 27b
9 Deposits related to marine felsic to Kuroko massive sulfide 28a
mafic extrusive rocks Algoma Fe 28b
10 Deposits in clastic sedimentary rocks Quartz pebble conglomerate Au-U 29a
Olympic Dam Cu-U-Au 29b
Sandstone-hosted Pb-Zn 30a
Sediment-hosted Cu 30b
Sandstone U 30c
Sedimentary exhalative Zn-Pb 31a
Bedded barite 31b
Emerald veins 31c
11 Deposits in carbonate rocks Southeast Missouri Pb-Zn 32a
Appalachian Zn 32b
Kipushi Cu-Pb-Zn 32c

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12 Chemical-sedimentary deposits Superior Fe 34a
Sedimentary Mn 34b
Upwelling type phosphate deposits 34c
Warm-current type phosphate deposits 34d
12 Deposits related to regionally low-sulfide Au-quartz veins 36a
metamorphosed rocks Homestake Au 36b
Unconformity U-Au 37a
Gold on flat faults 37b
13 Deposits related to surficial processes Lateritic Ni 38a
and unconformities Laterite type bauxite deposits 38b
Karst type bauxite deposits 38c
Placer Au-PGE 39a
Placer PGE-Au 39b
Shoreline placer Ti 39c
Diamond placers 39d
Alluvial placer Sn 39e

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CHAPITRE 2 : GISEMENTS ET GEODYNAMIQUE

La concentration d’un métal se fait (i) dans une certaine roche ; (ii) elle a une certaine forme
(faille….). Toutes les caractéristiques de cette concentration métallifère sont liées à l’histoire
géologique du secteur minier. En fait, c’est l’étude de la sédimentation, des déformations, du
métamorphisme, des intrusions magmatiques, des épanchements volcaniques, de l’érosion -
altération qui expliquent la genèse de la concentration métallifère.

Figure 2 . Cycle des roches

1. Concentrations exogènes
1.1. Gisements résiduels
Les gisements résiduels sensu stricto, résultent de l’altération superficielle des roches
« normales » (où n’a pas eu lieu une nette concentration préalable) sous 1’action des eaux
météoriques et des agents météoriques. On distingue :

- les gisements résiduels s.s., auxquels appartiennent essentiellement les latérites en


climat tropical.

Les processus chimiques entraînent une concentration d’oxydes et hydroxydes de fer ou


d’aluminium, enrichie parfois d’autres éléments dispersés (Mn, Ni).

La plupart des bauxites et certains gisements de nickel appartiennent à ce type. On peut y


rattacher aussi certains remplissages de poches karstiques par des phosphates, des oxydes
de manganèse.

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- les gîtes éluvionnaires proviennent de l’enrichissement sur place, après destruction et
lessivage partiel de la roche mère, de certains minéraux les plus résistants ou les plus
denses, tels que platine, quartz, cassitérite, rutile, etc...

1.2. Chapeaux de fer” (ou gossans), zones d’oxydation et


de cémentation
Un certain nombre de minéraux (sulfures, arséniures, carbonates) sont facilement altérables en
minéraux secondaires.

L’oxydation de ces sulfures a lieu entre la surface du sol et le niveau hydrostatique. Cette
zone où circulent eau et oxygène est la zone d’oxydation. Il s’y forme des solutions riches en
sulfates qui peuvent migrer et précipiter plus loin. Le fer donnera des limonites qui vont
constituer le “chapeau de fer”. En présence de CO2 les eaux chargées en sulfates de cuivre
donneront naissance à de la malachite, de l’azurite; celles chargées en zinc donneront de la
smithsonite. Cette zone d’oxydation peut contenir de nombreux autres minéraux tels que les
métaux natifs (cuivre, argent, or), des oxydes, des sulfates, des phosphates, des vanadates, des
chlorures, etc..., et constituer alors des gîtes très importants (ce sont les “bonanzas’
argentifères d’Amérique latine, exploitées au XVIIe siècle);

Au dessous du niveau hydrostatique, l’oxygène manque et règnent des conditions de


réduction, c’est la zone de cémentation où peuvent se produire des enrichissements
secondaires d’un autre type, surtout dans les gisements de cuivre et d’argent. Les solutions
riches en Cu et Ag, remplacent les sulfures préexistants par des sulfures secondaires plus
riches en cuivre (covellite, chalcocite) ou en argent (argentite).

Au dessous de cette zone on passe progressivement au minerai primaire non altéré (figure 3).

Figure 3. Schéma idéal des zones de la circulation de l’eau en terrain homogène

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1.3. Gisements sédimentaires
Ils se forment au cours du dépôt des sédiments et par le même processus qu’eux ; ce sont des
gisements syngénétiques.

1.3.1. Gîtes détritiques


Ils proviennent de l’accumulation de minéraux due au démantèlement de la roche mère, et
transportés par les eaux. Ces minéraux subissent une concentration qui est fonction de leur
densité, de leur dureté, etc... Ils donnent naissance à des gîtes alluvionnaires ou placers.

Les minéraux rencontrés dans ces types de gisements sont l’or, le platine, la cassitérite, le
rutile, la columbo-tantalite, les oxydes de fer, la scheelite, la monazite, le zircon, le saphir,
rubis, diamant, etc...

1.3.2. Gisements chimiques


Ils proviennent de la concentration, soit par évaporation, soit par précipitation de substances
chimiques en solution dans les eaux marines ou douces. On distingue :

- les gisements d’évaporation, constitués de couches de halite, gypse, anhydrite, carnallite,


borate, etc...

- les gisements de précipitation chimique ; Les métaux sont transportés dans les eaux
courantes sous forme dissoute. La précipitation des substances se fait par réaction chimique
ou biochimique. Ces dépôts peuvent subir une évolution diagénétique. Les nodules de
manganèse des fonds des océans peuvent être classés dans ce type de gisement.

Les gisements de minerai de fer oolithique appartiennent à un type mixte, à la fois détritique
et chimique, puisqu’ils se sont formés par la précipitation chimique en fines couches
concentriques d’oxydes de fer autour d’un fragment de quartz. Les oolithes ont été ensuite
transportées et re-sédimentés comme un mirerai détritique.

Les gisements de fer de Lorraine sont de type oolithique, ainsi que certains des plus grands
gîtes de manganèses de Nikopol en Russie.

Les oxydes de manganèse peuvent former aussi des nodules concrétionnés (pyrolusite,
psilomélane, etc…) .

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1.3.3. Gisements biochimiques
Ils proviennent de l’accumulation d’organismes morts dans les bassins sédimentaires marins
ou lacustres. En effet dans les milieux euxiniques (boues noires riche en matière organique
sous une épaisse couche d’eau) où vivent des bactéries anaérobies ou réductrices. Elles
démolissent la matière organique, notamment les protéines, en libérant N, P, S, O. Il en résulte
une concentration de la teneur en C et H et la formation d’hydrocarbures gazeux comme le
méthane (CH4) et des produits qui approchent plus ou moins le pétrole. Les gisements de
charbon ont une origine biochimique comme le pétrole. Les gisements de diatomites (les
diatomées sont des algues unicellulaires à carapace siliceuse) ont aussi une origine analogue

2. Concentrations endogènes

2.1. Concentrations métalliques le long des failles


Les failles vont jouer 2 rôles :

 circulation des eaux souterraines (d’origine métamorphiques ou infiltration)  chargées de


métaux dissous dans les roches environnantes. On la formation de filons.

 concentration des minéraux : per descensum, per ascensum ou par sécrétion latérale : l’eau
d’origine métamorphique ou sédimentaire, du fait de la pression, va migrer vers les failles en
entraînant les métaux dispersés dans les roches environnantes et les concentrer au niveau de la
faille. On a la formation de filons.

La gangue est le plus souvent constituée de quartz et carbonate.


Les minéraux métalliques à quelques % sont des sulfures :
- venant de la surface : Cu, Hg, Ag, Sb ;
- d’origine profonde : Pb, Zn, Cu ;
- d’origine hydrothermale : Au, Mo, W, Sn.

2.2. Concentrations liées au métamorphisme


Le métamorphisme peut affecter des concentrations préalablement formées, en modifier plus
ou moins profondément la nature minéralogique et peut être les rendre exploitable, les
transformer en gisement dans certains cas.

2.2.1. Métamorphisme général

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- modifie la minéralogie des concentrations existant dans les roches qui seront
métamorphisées ;

- l’eau réactionnelle issue d’un métamorphisme progressif concentration par sécrétion


latérale ;

- l’ultra métamorphisme

Migmatites : fusion partielle de matériel sialique avec refroidissement et dépôt sub-


autochtones : concentrations Au, Sn, W que l’on peut retrouver dans les granites d’anatexie.

2.2.2. Métamorphisme de contact


Il s’accompagne très fréquemment de concentrations métallifères (pyrométasomatiques) dont
la liaison avec la formation et la mise en place des granites est évidente, mais peut donner lieu
à des interprétations génétiques diverses.

2.3. Concentrations métalliques liées à la mise en place des


granitoïdes

Ce serait essentiellement aux massifs granitiques dits « post tectoniques » que seraient liées
les minéralisations en relation avec les granites (Fig.) où on a les principaux métaux
intéressants.

- Gîtes disséminés (« en inclusion ») ou gîte d’imprégnation porphyrique. Exemple les


porphyres cuprifères (porphyry copper). Au, TR (monazite, Th, Ce), Zr, Cu, Mo ;

- Gîtes pegmatitiques : se forment en fin de cristallisation du magma. Les pegmatites


ont en général une composition voisine de la roche plutonique mère (granite, diorite,

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syénite). Elles sont caractérisées par un développement important des cristaux qui
peuvent atteindre des dimensions décamétriques; par la forme de leur gisement, en
filons irréguliers, lenticulaires, généralement localisés à proximité d’un massif éruptif.

Parmi les minéraux rencontrés, on peut citer la wolframite, la cassitérite, la pechblende, la


columbite, l’apatite, l’amblygonite, etc...

- Gîtes pneumatolytiques :
Les pneumatolytes sont constitués par les éléments volatils tels que vapeur d’eau, F, B, P, Cl
jouant un rôle lors des étapes finales de la cristallisation de magmas granitiques, ou
postérieurement à celle-ci.

Ces éléments volatils peuvent agir directement sur le granite qui est transformé en greisen,
avec destruction des feldspaths qui sont remplacés par du quartz, des micas lithinifères ou
fluorés, de la tourmaline, topaze, apatite. Le greisen peut se former aussi aux dépend de la
roche encaissante.

Les minerais rencontrés dans ce type de gisements sont ceux des gîtes pegmatitiques.

- Gîtes de contact ou pyrométasomatiques:


Ce type de gîte se développe au contact entre massifs éruptifs (granites, granodiorites,...) et
des roches telles que les dolomies ou les calcaires, très sensibles à la chaleur et à l’action des
éléments volatils (H2O vapeur, F, B, P, Cl) issus de la roche intrusive. Il peut se former alors
un type de roches carbonatées riches en aluminosilicates de fer (pyroxènes, épidotes, grenats,
idocrase), les skarns (ou tactite). Dans ces gisements, l’encaissant a apporté le Ca, le magma
granitique, la silice et les fluides.

Les minéraux contenant les éléments intéressants sont la scheelite (CaWO4), magnétite
(Fe2O3), pyrrhotite, sphalérite, molybdénite, chalcopyrite, wolframite, cassitérite, etc...

- Gîtes de départ acide:


On entend par là, des gîtes à gangue quartzeuse probablement issus de granite. Ce sont des
résidus magmatiques hypersiliceux de haute température.

La minéralisation est à cassitérite (SnO2), stannite (Cu2FeSnS4), wolframite ()Fe,Mn)WO4),


scheelite (CaWO4), la molybdénite, Bismuth natif, bismuthinite (Bi2S3), arsénopyrite , pyrite ,
pyrrhotite, Au natif chalcopyrite, bornite, chalcosite, tétraédrite

- Gisement hydrothermaux

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Ils résultent de la précipitation de substances variées à partir des eaux thermales qui circulent
dans les fractures des roches. La précipitation des substances est fonction de la pression et de
la température.

Ces gisements se présentent généralement sous forme de filons. Le terme de


stockwerk désigne des brèches minéralisées c’est à dire un enchevêtrement de filonnets de
quartz. Selon la distance par rapport au granite, les métaux dans les filons hydrothermaux sont
différents : c’est la zonalité périplutonique qui a été étudiée par Lindgreen, Fersman, Routhier
(Fig.).

On classe les gisements hydrothermaux en trois :

 Gisements hypothermaux ou de haute température (300-500 °C).


Ils sont généralement proches des massifs granitiques, et en liaison avec les gîtes
pneumatolytiques. Leur texture est généralement grossière.

Les minéralisations principales sont magnétite, pyrrhotite, arsénopyrite avec ou sans or,
wolframite, molybdénite, bismuthine, sphalérite ferrifère, etc... La gangue est constituée de
quartz, tourmaline, orthose, biotite.

 Gisements mésothermaux ou de moyenne température (150-300 °C).


Ils présentent une assez grande régularité et une texture massive, bréchiforme, rubanée, zonée.

Les minéraux rencontrés sont les sulfures, arséniures, sulfosels, or, etc..., associés à une
gangue constituée de quartz, carbonates ferrifères, sulfates (barytine, célestine, etc...). A ce
domaine mésothermal appartiennent les gisements classiques à sphalérite-pyrite-chalcopyrite-
galène (gisements B.P.G.C.), ainsi qu’en grande partie les gisements de Ni-Co-Bi-Ag-U, avec
nickeline, skutterudite, rammelsbergite, pechblende, arsenic, argent, argents rouges, etc...

 Gisements épithermaux ou de basse température (50-150 °C).


Ces gisements sont généralement courts, discontinues, lenticulaires, de nature bréchique.

Les minéraux rencontrés sont les sulfosels d’argent, les tellurures d’or et d’argent, la stibine,
le réalgar, l’orpiment, l’or, la marcassite, l’uranium, la galène associée à une gangue
constituée de calcédoine, améthyste, opale, calcite, rhodocrosite, fluorine, anhydrite.

Quelque soit le vecteur qui les emmène, les gisements liés à la mise en place des granitoïdes
présentent une zonalité périplutonique ou péri-apicale

17
2.4. Concentrations liées aux plutons basiques et ultrabasiques

Au contraire des concentrations en relation avec des granites, celles-ci ne s’évadent presque
jamais des roches basiques et ultrabasiques. On observe deux modalités de mise en place :

- gîtes disséminés (en inclusion) : le minerai est dispersé dans la roche magmatique : le
platine des gisements de l’Oural est disséminé dans une dunite ; les diamants dans les
kimberlites ;

- gîtes de ségrégation : le minerai est concentré dans la roche à la suite d’une


différentiation magmatique. Il se présente en amas (cumulas stratoïdes).

De tels gisements sont signalés au Bushweld en Afrique du Sud

2.5. Concentrations métallifères liées au volcanisme


- Dépôts liés à la ceinture péripacifique calco-alcaline

Se caractérise surtout par des andésites qui sont liées en profondeur à des plutons dioritiques
hypo-volcaniques (calco-alcalins). Ces andésites sont accompagnées de gîtes (porphyrique ou
disséminé) à Cu, Ag, Au, Pb Sn, Sb.

La zonation prend un coup (télescopage de la zonalité).

Explication : Le magma s’installe dans les zones superficielles, se refroidi très vite
(isothermes très rapprochées). Les résidus magmatiques vont se déposer pratiquement au
même endroit à cause de cette vitesse de cristallisation.

- Dépôts fumerolliens et gîtes exhalatifs

Les gaz et vapeurs émis lors de l’activité volcanique peuvent déposer des minéraux tels que le
soufre, la magnétite, l’hématite, quelques borates.

3. Gisements et tectonique des plaques


La distribution spatiale des gîtes est liée aux environnements géodynamiques. Cette
spécialisation reflète des processus spécifiques à un type de gîte qui sont particuliers à un
environnement géodynamique (ex. komatiites). D’autres processus, se développent dans une
variété d’environnements géodynamiques : par exemple, les porphyres se forment autant dans
les arcs volcaniques continentaux que les arcs volcaniques insulaires en milieu océanique.

18
Figure Tirée de Mitchell et Garson(1981).

19
CHAPITRE 3 : GITES D’ALTERATION

86 % de la surface continentale est altérée. Les roches et les minéraux subissent des
transformations chimiques et physiques au contact des agents de la surface. Les altérations
peuvent constituer des facteurs négatifs ou positifs vis à vis des minéralisations :

- ainsi, elles détruisent par oxydation les gisements d’uranium, provoquent des
transformations minéralogiques qui peuvent modifier considérablement l’économie
d’une minéralisation : un minerai à 12 % Zn est économique avec de la sphalérite, non
économique si c’est la smithsonite. Enfin, les altérations compliquent la prospection,

- mais, les altérations provoquent des enrichissements mécaniques (gîtes résiduels) ou


chimiques (bauxite, Ni, Cu, Au, Fe).

1. Comportement géochimique des métaux dans les eaux


superficielles
1.1. Généralités

L’altération météorique d’une roche engendre 2 fractions :

- une fraction migratrice (éléments solubles) : les éléments solubles sont transportés par
l’eau dans tous les sens avec l’eau de lessivage ;

- une fraction résiduelle : elle ne bouge pas et va se concentrer et former des horizons
d’accumulation. Ces accumulations peuvent être déplacées par la suite.

Les horizons latéritiques par exemple peuvent contenir des concentrations métallifères. On
distingue : (i) des latérites ferrugineuses (Fe, Mn, Ni, Co) ; (ii) des latérites alumineuses,
contenant Al et accessoirement le Fe. Pour avoir des latérites bauxitiques, il faut avoir une
roche mère très alumineuse, peu ferrifère. Pour avoir des latérites ferrifères, il faut partir de
roches mères ultrabasiques, peu riches en Si.

Pour que les concentrations résiduelles se forment, il faut certaines conditions :

- altération intense (climat humide et chaud) ; c’est pourquoi on les rencontre sous les
climats tropicaux) ;

- le relief doit être faible ; on les trouve dans les pénéplaines ;

- la stabilité ultérieure de la pénéplaine conditionne la durée de ces résidus.

20
1.2. Potentiel ionique des métaux conditionne leur solubilité dans les
eaux superficielles +/-acides
On appelle potentiel ionique, le rapport de la charge du métal sur son rayon ionique (Z/R).

Il augmente avec l’ionisation et il est inversement proportionnel au rayon du cation


(Goldschmidt, 1984).

I : Potentiel ionique <3 : cations solubles : ont un comportement identique, vont nourrir la
phase migratrice. Exemple K+, Na+, Ca2+ Mg2+, Ni2+, Co2+, Fe2+, Mn2+ ;

II : 3< Potentiel ionique<10 : précipités d’oxydes. Ces ions sont les candidats de la phase
résiduelle. Exemple : Fe3+, Mn4+, forment des gites de concentration résiduelle ;

III : Potentiel ionique>10 : Anions complexes. Forment des anions complexes (gros) qui sont
solubles dans certaines conditions en fonction du pH (plus le pH est acide, plus ils sont
solubles) et en fonction de la matière organique et favorisent la formation de gels colloïdaux.
Ces anions vont avoir tendance à partir dans la phase migratrice (climat tropical humide).

Cas de Mo, W, Si

Si les eaux sont non acides et pas de matière organique : ces anions précipitent sous forme
d’oxydes et d’hydroxydes (silex, concrétion, …) dans les pays tempérés.

21
En pays tropicaux (eaux acides et matière organique abondante), ces anions sont solubles
comme les autres.

2. Enrichissement supergène d’un gisement de cuivre


La figure 5.10 présente une coupe dans une zone d’enrichissement supergène au-dessus d’un
corps minéralisé de sulfures de cuivre. La couche supérieure appelée « chapeau de fer » ou «
gossan » est composée d’oxydes de fer hydratés. Cette couche est pauvre en autres métaux,
mais a des textures alvéolaires qui témoignent de la présence de sulfures en profondeur, elle
est utilisée dans la prospection. La zone lessivée repose sur deux niveaux enrichis. La zone
supérieure de minerai « oxydé » contient une grande diversité de minéraux secondaires –
carbonates, silicates, sulfates, phosphates – qui sont souvent bien cristallisés et comme leurs
couleurs sont éclatantes ils sont très prisés des collectionneurs de minéraux. En dessous se
trouve une zone d’enrichissement en sulfures, dans laquelle les sulfures contenant du fer,
comme la chalcopyrite (CuFeS2), sont remplacés par des sulfures secondaires dépourvus de
fer ou très pauvres en fer, et contenant de fortes teneurs en Cu, comme par exemple la
chalcocite (Cu2S), la covellite (CuS) ou la bornite (Cu5FeS4).

22
3. Gites d’or supergène
L’or est généralement stable en milieu exogène. Toutefois, il montre une mobilité importante
en milieu tropical. Deux zones de concentration s’observent :

- au sommet de la saprolite, immédiatement sous la cuirasse ;

- à la base de la séquence, au voisinage de la roche mère.

Ce lessivage produit un or très pur, pauvre en Ag. La géométrie de ces zones d’altération
présente une allure de champignon, avec une dispersion de part et d’autre du minerai
primaire.

L’altération de gîte sulfuré en Afrique et en Australie permet de développer des zones


oxydées importantes. Exemple Syama (Mali) où les 35 premiers mètres sont oxydés. L’or
présente une taille entre le micron et le mm et est libre, récupérable par lixiviation cyanurée.

4. Placers à or
Les gisements de placers à or ont produit les deux tiers de tout l’or extrait jusqu’à présent.
Désormais, l’extraction de l’or de placers est uniquement artisanale, et ne représente plus
qu’une proportion mineure de la production globale d’or. Par contre, la production continue
dans le gisement de Witwatersrand en Afrique du Sud, un gisement de «paléoplacer»
conglomératique qui est le plus grand gisement d’or connu.

Outre l’or que l’on y trouve sous forme native ou métallique, les minéraux exploités dans les
placers sont le diamant, les oxydes et silicates comme le rutile, l’ilménite, le zircon et la
monazite, qui sont sources de Ti, Zr, Nb et d’autres métaux dit « de haute technologie ».

Encaissants et minéralisation
L’or est généralement encaissé dans du sable, du gravier ou bien un sol. On l’observe
également dans leurs équivalents consolidés (cas des paléoplacers).
L’or dans les gisements de placers est presque entièrement sous forme métallique et se trouve
en grains de tailles très variées, depuis de minuscules particules jusqu’à des grands pétales ou
de grandes pépites (la plus grosse pépite du monde a été découverte en Australie en 1869,
pèse environ 70 kg).

L’or est libre (particules d’or natif) et est facilement extrait par les mineurs en utilisant des
méthodes simples comme la battée. Cette facilité d’extraction a fait que les gisements d’or

23
alluviaux ou de placer ont été exploités par de nombreuses sociétés primitives. Ces gisements
ont également entraîné des « ruées vers l’or » aux États-Unis, en Australie et au Canada.
L’or dans les placers est très pur. La purification a lieu en partie par oxydation lorsque l’or est
exposé à la surface car l’argent est plus soluble que l’or dans ces conditions.

L’utilisation de cyanure et mercure pour extraire l’or provoque une pollution considérable des
rivières.

Origine
Les placers sont localisés à proximité ou dans des chaînes de montagnes généralement
récentes ; les particules d’or ayant été initialement formées dans des filons, et ont ensuite été
concentrées dans les lits des rivières qui parcourent ces régions escarpées et montagneuses.
Les minéraux de valeur exploités dans les placers sont capables de persister dans les
environnements de surface grâce à leurs propriétés physiques et chimiques.
L’or est bien sûr très mou, mais il est également très malléable et ductile, ce qui lui permet de
perdurer au cours du transport sédimentaire.

Dans le cas des placers alluviaux formés dans les lits des rivières, les processus hydrauliques
concentrent l’or là où la vitesse du courant diminue notablement ou bien là où des courants de
vitesses contrastées ou de styles différents (laminaire ou turbulent) sont juxtaposés. Par
exemple des placers se forment dans les bancs de sables et de graviers à l’intérieur des
méandres, sous les chutes d’eau et les rapides descendant des grands rochers, dans les lits des
rivières, sous les couverts végétaux, le long des lignes de rivages sur les plages, et au niveau
d’autres sites de piégeage comme des fractures ou de rides dans le lit des rivières. Dans tous
ces contextes, les particules les moins denses et les plus fines sont transportées loin du site de
gisement par le fluide à forte vitesse laissant les grains les plus denses et les plus gros dans les
zones de faible courant.
En plus d’être résistants dans les environnements de surface, les minéraux d’intérêt dans les
gisements de placers sont significativement plus denses que la plupart des autres minéraux
transportés dans les processus sédimentaires. C’est cette caractéristique qui permet à ces
minéraux d’être triés et extraits des matériaux détritiques ou des fragments de roches et de se
concentrer dans les gisements.

Typologie

24
Placers récents :
Deux grands types de gisements peuvent être distingués : (1) les gisements alluviaux, dans
lesquels l’or est transporté par les rivières ou les courants littoraux puis séparé des autres
minéraux par l’action de ces courants ; et (2) les gisements éluviaux, dans lesquels l’or reste
plus ou moins en place sur le site d’affleurement du gisement primaire tandis que les autres
minéraux sont lessivés.

Paléoplacers
Les gisements du bassin de Witwatersrand en Afrique du Sud, constituent le plus grand
exemple de paléoplacer, formés pendant le Paléoprotérozoïque.
Il s’agit d’un bassin intracratonique >2.7 Ga, de 5-8 km d'épaisseur et constitué de roches
clastiques. Ses zones minéralisées ont moins de 2 m d'épaisseur mais on une grande extension
latérale (50x 10 km) et sont constituées de grès grossiers et conglomérats composés de grains
de quartz, pyrite, or, uraninite. Les placers se trouvent à l'interface entre les systèmes
dépositionnels fluviatiles et les systèmes marins ou lacustres (Figure). Les sédiments
proviennent du socle ancien périphérique.

D’autres gisements de ce type mais beaucoup plus petits sont connus dans le système de
Tarkwaien (2,1 Ga) au Ghana, et à Jacobina, à Bahia, au Brésil.

Tirée de Evans (1993).

25
5. Grès à uranium
Les grès sont des roches hôtes très favorables au dépôt de l’uranium. On peut reconnaître
deux grands types d’environnement :
• des minéralisations stratiformes à basses teneurs (type Colorado). Elles sont étendues
et présentent un fort tonnage. Elles contiennent entre 40 et 50% de l’uranium mondial (40 000
tJan). Des gisements importants sont connus au Niger (Arlitt, Akuta), au Gabon (Franceville)
et dans l’Ouest américain dans des bassins post-siluriens. De petits gîtes sont associés aux
ensembles détritiques tertiaires bordant le Massif Central français. Le dépôt de l'uranium se
fait communément pendant la diagenèse dans des couches sableuses intercalées entre des
horizons argileux non perméables, généralement aux marges des paléochenaux. Les faciès
sédimentaires et les facteurs tectoniques sont des facteurs pouvant jouer un rôle important
dans ce type de gisement.
• des minéralisations situées à l’interface socle - couverture à plus hautes teneurs qui
produisent également Ni, Co, Se, Ag, Au, Mo, Pt. Ce type n’est reconnu que depuis la
découverte du gisement de Rabbit Lake en 1968. Les principaux districts producteurs sont
d’âge Protérozoïque, dans le bassin du Saskatchewan (Athabasca) et d’Australie (Alligator
river). Le bassin de l’Athabasca produit 30% de l’uranium dans le monde. Les gisements
australiens sont plus petits. Les gisements liés aux discordances sont des gisements
diagénétiques-hydrothermaux typiques. Les dépôts d'uranium ont été concentrés à l'interface
entre une épaisse couverture de grès du Paléo au Mésoprotérozoïque et un socle cristallin de
l'Archéen au Paléoprotérozoïque, où des failles riches en graphite ont été réactivées. Le débat
est toujours ouvert entre les partisans de l'uranium extrait uniquement du bassin et ceux qui
font du socle métamorphique riche en U la source largement dominante.
L’encaissant est composé de roches clastiques, plus ou moins consolidées, parfois
conglomératiques, à caractère fluviatile, molassique, parfois riches en matière organique.

La minéralisation comprend pechblende et coffinite, avec pyrite, marcasite et matière


organique détritique, argiles authigène. En milieu plus oxydant, on observera autunite,
carnotite, tyuyamunite, avec des feldspaths, de la matière organique altérée, limonite,
hématite.

6. Concentrations métallifères résiduelles liées à l’altération


supergène : Fe, Al, Mn, Ni, Co

6.1. Concentration résiduelles à Fe, Ni, Co ; type Nouvelle Calédonie

26
Les gisements de Ni latéritiques constituent la deuxième source de Ni. La nouvelle Calédonie
contient les gisements les plus importants connus depuis 1876 avec une teneur élevée (3%).

Les latérites Nickélifères se forment lorsque les minéraux primaires des roches ultramafiques,
l’olivine et le pyroxène, ou la serpentine qui remplace ces minéraux, sont exposées à une
altération prononcée sous un climat chaud et humide. Les éléments comme Si, Mg, Ca qui
composent 90 % de la roche, sont lessivés et les éléments moins mobiles comme Ni (et Fe)
sont retenus. Avec ce processus, la teneur en Ni passe de 0,2-0,3 % dans la péridotite à 1,3-2,5
% dans le minerai latéritique. Le cobalt est également concentré par l’altération et constitue
un sous-produit valorisable. Le riche minerai à garniérite de Nouvelle-Calédonie se forme
dans la partie inférieure du saprolite ; le minerai d’oxyde de fer exploité actuellement est dans
la partie inférieure de la latérite.

P. ROUTHIER

En Nouvelle Calédonie, une latérite Ni s’est formée sur une péridotite. 1/3 de l’île est encore
recouverte par cette latérite qui est parfois rouge, jaune ou verdâtre). La surface est protégée
par une cuirasse concrétionnée. Le Ni se trouve concentré à la base de la latérite. En effet, on
constate des poches, des indentations à la base de la latérite formant le « minerai vert » où se
trouve concentré le Ni. C’est une couche de serpentine verte qui provient de l’altération
climatique de la péridotite. Le Ni peut se concentrer dans le réseau cristallin des minéraux
d’altération. Dans la garniérite (principal minéral du minerai), mélange de phyllosilicates vert-
pâle à vert pomme de composition approximative (Ni,Mg)3Si2O5(OH)4, on peut avoir 7 à 35%
Ni ; l’absolane contient des oxydes et hydroxydes de Fe, Co, Si.

27
Mode de Formation

Nous somme en climat tropical humide :

- Le Si est soluble et a été complètement évacuée sous forme d’anion complexe. On le


retrouve sous forme de résidus mal cristallisés dans les péridotites non encore entamées
(bed rock). Il existe un départ de Si à l’heure actuelle dont une partie se concentre dans le
bed rock.

- Le Mg contenu dans la roche altérée, va être complètement évacué. On en retrouve


quelques vestiges dans les argiles vertes Mg et sous forme de concrétions dans les latérites
alluviales (MgCO3= geobertite)

Dans les montmorillonites on a un certain % Ni dans leurs réseau cristallin ( 1%)


provenant des péridotites altérées.

- Le Ni reste à l’état bivalent et est mobile. En fait, il n’est pas totalement évacué et est
aussi piégé dans les antigorites supergènes .

Mg ayant le même rayon ionique que Ni ; on a remplacement de Mg par Ni dans les


antigorites : Mg3Si2O5(OH)4 (Mg, Ni)3 Si2O5(OH)4

- Co se trouve dans les zones résiduelles sous forme de concrétions. Dans les concrétions
d’absolane il a des teneurs de 0.5%. Dans certains gisements, le Co peut se trouver au
niveau du passage résidu-bed rock : niveau « minerai vert ».

Le « minerai vert » est une altération fossile, dans laquelle on trouve le Ni, Co et dont
l’épaisseur peut aller du mètre à quelques dizaines de mètre.

Situation
On trouve également ce genre de gîte :
- sur des péridotites alpines ;
- en Afrique de l’ouest, sur des roches vertes antécambriennes ;
- en Indonésie, Australie Cuba.

L’extraction de Ni métal des silicates et des hydroxydes qui constituent le minerai latéritique
nécessite beaucoup d’énergie. Le minerai latéritique comporte beaucoup d’eau absorbée qui
doit être extraite, et contient beaucoup de magnésium qui impose aux fonderies
conventionnelles de monter à de très hautes températures. Comme beaucoup d’énergie est
nécessaire pour l’extraction, la viabilité d’une exploitation de Ni latéritique dépend beaucoup

28
du prix de l’énergie, qui dépend lui-même du prix du pétrole ; lorsque le prix du pétrole est
bas, les gisements de Ni latéritique deviennent plus compétitifs que les gisements
magmatiques.

6.2. Concentrations résiduelles à Al : bauxites alumineuses

6.2.1. Généralités
L’aluminium est l’un des éléments le plus abondants de l’écorce terrestre (8,13%) mais
s’associe souvent au silicium pour former des silicates qu’il est très difficile de fractionner
pour extraire l’aluminium. Les bauxites sont donc les plus utilisées pour extraire l’aluminium.
Cependant, de nos jours, de l’aluminium est déjà produit en Russie à partir de feldspaths
d’intrusions alcalines. Extraire l’aluminium métal des oxydes et hydroxydes qui composent le
minerai nécessite beaucoup d’électricité.

Les gisements mondiaux de bauxite se situent principalement dans les régions équatoriales
sous des climats équatoriaux et tropicaux ; en Guinée, en Australie, au Brésil et en Jamaïque.
Les gisements les plus grands et les plus riches se forment sur les pénéplaines continentales,
sujettes à de longues périodes humides et sèches en alternance (conditions qui entraînent une
oscillation de la profondeur des nappes phréatiques). Lorsque le niveau des eaux souterraines
augmente et diminue, les composants les plus solubles sont lessivés et un sol latéritique qui
retient les composants insolubles se forme. Dans certaines régions d’Afrique, d’Amérique
centrale et du Sud, et de l’Australie, la latérisation sur des surfaces pénéplainées a perduré
pendant plus de 100 millions d’années, formant une couverture latéritique dont l’épaisseur
atteint 150 mètres.

La majorité des éléments majeurs qui composent les roches – Si, Fe, Mg, Ca, Na et K sont
modérément à très solubles dans les eaux presque neutres (pH 5 à 9) des horizons d’altération
latéritiques. Les oxydes de ses éléments composent environ 80 % des roches feldspathiques
comme le granite, le gneiss ou les argiles et s’ils étaient totalement lessivés, la teneur en
Al2O3 serait multipliée par 4 et passerait d’environ 15 % (teneur dans les roches sources) à
près de 60 %, teneur dans le minerai d’aluminium.

Bauxite vient du nom du village des Baux (Provence, France) où Berthier a découvert ce
minerai en 1821. Sa définition est économique : une bauxite est une roche qui contient plus de

29
40% Al2O3, peu de fer (<10% Fe2O3), de silice (<6% SiO2) et de titane (<4% TiO2). En fait,
c’est une substance composite fait de trois hydroxydes d’aluminium, de fer et de minéraux
argileux (blanchâtres à jaunâtre ; visibles aux rayons X) :

- (i) Gibbsite ou hydrargillite (Al2O3 3H2O, monoclinique)

- (ii) Boehmite (Al2O3 H2O, orthorhombique) ;

- (iii) Diaspore (Al2O3 H2O, orthorhombique), optiquement différent de la boehmite.

On trouve des bauxites G+B et B+D et très rarement G+D

Il existe toujours des impuretés :

- (i) hydroxydes de fer (oligiste ou hématite =Fe2O3 rouge sang ; Goethite=FeO(OH),


ocre jaune ; lépidocrosite=FeO(OH), ocre rouge) donnant la couleur à la roche ;

- (ii) des minéraux argileux (kaolinite et halloysite) ;

- (iii) quartz.

Les bauxites les plus pures sont formées par une série de processus ; (1) la présence de roches
mères riches en Al (et pauvres en Fe) comme des syénites, des granites alcalins ou des tuffs
avec des compositions identiques, des sédiments riches en argiles ou des équivalents
métamorphiques ; (2) des précipitations et une température appropriées (des températures trop
hautes favorisent la formation de latérites riches en fer) ; et (3) un contraste prononcé entre la
saison sèche et la saison des pluies.

On distingue deux types de bauxites en fonction de la roche mère ; sur roches mère
carbonatée et sur roche mère silicatée.

6.2.2. Bauxite sur substratum carbonaté souvent allochtones et réduits


(région Péri-méditerranéenne)

Ces bauxites ne sont pas en place. Ce sont de petits gisements. Le minéral dominant est la
Boehmite accompagné souvent de gibbsite ou de diaspore.

Etant donné la nature du substratum, dont la surface est karstique, les gisements présentent
très souvent des formes en poches irrégulières, moins favorables à l’exploitation que les
formes plus continues des bauxites sur roches silicatées. De plus les bauxites sur roches
carbonatées ont souvent encore un « toit » ; ce qui rend beaucoup d’entre elles indécelables ou
inexploitable.

30
Elles forment 92 % de la production d’aluminium en Europe, mais ne constituent que 14 %
des ressources mondiales.

6.2.3. Bauxites autochtones sur roche mère silicatées


Exemple : bauxites de Guinée , (Arkansas, Brésil)
Elles proviennent de l’altération de syénite néphélinique composée de feldspath K (40%),
albite (31%), néphéline (10%), amphibole et pyroxène (10%), titanomagnétite (7%),
sphène (2%).

Figure : Profil d’un dépôt de bauxite sur roche mère silicaté

De la zone 1 à la zone 4 on voit disparaître progressivement des minéraux de la roche.

Du point de vue minéralogique :

- la gibbsite apparaît tout de suite dans la zone 2 ;

31
- les oxydes de fer n’apparaissent qu’en surface ;

- l’anatase provenant de l’altération de la titanomagnétite ;

- l’halloysite vient de l’altération de la néphéline et d’une partie des feldspaths ;

- l’halloysite se transforme en kaolinite ;

- les oxydes de fer proviennent de l’altération des amphiboles et pyroxènes.

Du point de vue géochimique

Au fur et à mesure qu’on monte dans les horizons d’altération, on constate une augmentation
de Al2O3, TiO2 et H2O et tout à fait dans l’horizon supérieur de Fe2O3. Corrélativement, on
constate une diminution très importante dans les zones 2 et 3 des alcalins, des alcalino-
terreux : Na, Ca, K, Mg, Mn jusqu’à disparition tandis que la silice diminue de façon
graduelle.

Zone 2 et 3 : zone de départ (disparition des alcalins et alcalino-terreux)

Zones 4 et 5 : zone de concrétion ; zone résiduelle proprement dite.

6.3. Concentrations résiduelles à Mn


Exemple Lauzoua en Côte d’Ivoire

La quasi-totalité (99 %) du manganèse dans le monde est encaissée par des roches
sédimentaires ou volcano-sédimentaires post-archéennes (Roy, 1988 ; 1992). Outre les
gisements de manganèse associés aux formations de fer, on peut distinguer trois grandes
familles : les gîtes du Protérozoïques enrichis par intempérisme, les gîtes en environnement
carbonaté et les nodules polymétalliques actuels.

Les gisements protérozoïques sont généralement associés à des shales noirs: Moanda
(Francevillien du Gabon), Serra do Navio (Brésil), Chine.

Il s’agit de gîtes importants résultant de l’altération tropical de schistes souvent précambriens


ayant un certain % en Mn.

Le protore est composé de roches manganésifères, souvent associées à des séries pélitiques
riches en graphite et parfois en pyrite : gondite en Côte d’Ivoire et inde (chert quartzeux à
silicates de manganèse), formation de fer à sidérite, concentration de manganèse dans les
roches carbonatées toujours sur une pénéplaine.

32
La minéralisation de ces gîtes est complexe, avec de nombreuses phases très fines : des
oxydes (pyrolusite = MnO2, hollandite, rhodonite) des hydroxydes (manganite MnOOH),
des silicates (braunite Mn7SiO2), des carbonates (rhodochrosite MnCO3). On observe
également magnétite, goethite, polianite, psilomélane, dialogite.

Psilomélane (+/- Ba)


MnO2 Polianite
Oxydes et hydr. Iaire Manganite : MnO(OH)

Pyrolusite
Oxydes et hydr. IIaire « wad »

MnCO2 Rhodonite
Oxydes et hydr. Iaire Dialogite ?

33
CHAPITRE 4 : GISEMENTS D’AFILIATION MAGMATIQUE

1. Les concentrations métalliques liées aux pegmatites


1.1. Contexte géologique

Les pegmatites sont des roches silico-alumineuses à gros grains (quartz, feldspath, micas …).

Pegmatite peut aussi s’adresser à des fins de cristallisation de magma autres que le granite
(syénite, gabbro). On se tiendra aux gîtes liés aux pegmatites granitoïdes. Les minéraux sont
parfois de grande taille : muscovite 2 m long. On recense près de 300 minéraux différents
dans les pegmatites granitiques, dont près de 80 minéraux uranifères.

Contexte structural

On trouve les pegmatites au voisinage des intrusions profondes c’est à dire essentiellement
dans les chaînes précambriennes (érosion abondante) : Brésil, Madagascar, RSA, Inde.

On trouve aussi des pegmatites dans les migmatites c’est à dire que l’anatexie sub-autochtone
peut contenir suffisamment d’éléments volatiles (fluide) pour donner des pegmatites.

On peut en trouver dans le gneiss (Madagascar).

Dans tout les cas il s’agit de chaînes profondes.

On peut en trouver quelque fois dans des chaînes plus jeunes comme la chaîne hercynienne en
Europe et la chaîne névadienne (Crétacé-Jurassique) en Indonésie.

Forme des pegmatites

Tout dépend de la place disponible lors de la formation :

- si c’est une fissure, on obtient un filon,

- la plupart du temps les pegmatites se sont mises en place dans la poche de la coupole
apicale du granite dont elles sont issues. On obtient des lentilles ± ovoïdes qui peuvent avoir
de quelques dizaines à quelques centaines de mètres de long.

1.2. Les paragenèses


Du point de vue chimique, ce sont les mêmes que ceux du granite ; c’est à dire Si, Al, K, Na,
Ca.

34
La différentiation apporte des concentrations métalliques typiques. Les éléments rares se
concentrent à la fin de la cristallisation des pegmatites et sont : Be, Li, Nb-Ta, TR, U, Sn, W,
Au, Ag dans l’ordre zonale.

Du point de vu minéralogique

 Li qu’on trouve dans les micas (lépidolite), le spodumène et certains minéraux phosphatés.

Li est le métal le plus léger, utilisation en aérospatial

 Be dans le béryl (Be3Al2Si6O18), quand il est transparent il constitue une pierre précieuse).
Utilisation : ralentisseur de neutron : en alliage avec le Cu, il offre une excellente résistance

 Nb-Ta dans la columbo-tantalite


Utilisation : en électronique et dans les alliages dans l’aérospatial : réacteurs d’avion. Nb est
un supra conducteur ; Ta est inaltérable et opaque aux radiations.

 TR (Th) dans thorite, monazite


Utilisation : électronique pour les écrans couleurs.

Minéraux à base de F, P, Cl (pas des métaux) : ne sont pas typiques des pegmatites mais
plutôt des roches pneumatolitiques.
F dans la fluorite CaF2
P et Cl dans l’apatite (Ca2(PO4)3(F, Cl, OH), le topaze et la tourmaline
Utilisation : servent de fondant dans la métallurgie de l’acier.

 Muscovite de grande taille


Utilisation : comme fenêtre transparente pour les fours à haute température.

 Minéraux accessoires des pegmatites


- feldspath (alcalin), ± kaolinisé est utilisé en céramique
- quartz de haute température. Il a des propriétés piézoélectriques et est donc utilisé en
électronique ;
- tourmaline, joue le même rôle

 L’U n’est pas exploité dans les pegmatites (pas assez d’U), il apparaît sous forme de trace
dans 80 minéraux.

35
 Sn dans la cassitérite SnO2. Elle a des formes différentes selon son contexte (P-T):
minéraux typomorphes.
Utilisation : l’étain sert à l’étamage c’est à dire on l’utilise dans les récipients (ustensile). Très
malléable, il est utilisé dans la fabrication des statues ; non toxique, on l’utilise pour la
soudure.

 W : sous forme de wolframite (Fe, Mn)WO4 sous forme de solution solide entre la ferberite
(FeWO4) et l’hübnerite (MnWO4). Le dérivé hydraté s’appelle anthoïnite.
Utilisation : Le W est un élément dont le point de fusion est très élevé qui a donc une
résistance thermique grande : utilisation dans les filaments électriques ; également dans les
alliages où il apporte résistance thermique et surtout mécanique (exemple dans les coupes
rapides). Il s’utilise aussi dans les blindages (chars, bateaux) et aussi comme tête d’obus. Le
carbure de tungstène dans les outils, permet d’obtenir une bonne tête de foreuse. C’est donc
un métal stratégique.

 Pierres précieuses : sauf le diamant=gemmes


Vert=émeraude
Béryl Bleu-vert=aigue marine
Jaune=héliodore
Rose=morganite

Topaze (jaune)
Tourmaline (contient du bore) : violet bleu très clair
Corindon Al2O3 saphir (bleu)

1.3. Les zonalités des pegmatiques « intéressantes »


Les pegmatites intéressantes présentent plusieurs types de zonalités

les pegmatites métallifères « obéissent » à la zonalité périplutonique pour leur contenu


métallique (Fersmann, 1934)

La variation zonale de la minéralisation des pegmatites a été démontrée de façon très explicite
par FERSMAN (1934) (fig. 180). Sur les schémas du géochimiste russe distingue 5 zones :

- les pegmatites à terres rares, Th (monazite), Nb et Ta, Zr, U et Ti sont les plus
profondes et les plus internes ;

- puis viennent celles à mica ;


- puis à béryl ;

36
- puis à lithium, avec étain: celles-ci sont marginales ;
- enfin à Li, P et Mn.
Dans la zone apicale du pluton se rencontrent donc à la fois les pegmatites à Li et Sn et les
pneumatolytes à Sn et W ; il est même souvent difficile de distinguer ces deux phénomènes
par suite de leur superposition.

- différentiation des paragenèses magmatiques (minéraux majeurs) (VLASSOV, 1952)

VLASSOV (1952) distingue dans les pegmatites granitiques quatre groupes paragénétiques
(associations de minéraux), correspondant à quatre stades dans l’évolution du processus
pegmatitique. Vlassov : zonalité d’une pegmatite (+ métallisation)

37
- Groupe I: quartz (haute température) et feldspath associés suivant une structure grenue
ou graphique ;

- Groupe II: plus à l’intérieur, pegmatite à gros grain, constituée de gros cristaux de
microcline et orthose, pouvant atteindre quelques dizaines de centimètres à quelques
mètres ;

- Groupe III: du quartz s’isole dans la partie interne, souvent en masses ovoïdes ;

- Groupe IV: il s’agit d’un ensemble de minéraux formés par remplacement, aux
contacts du noyau de quartz et de la zone à microcline. Sur le microcline et l’orthose
(feldspath potassique et potassico-sodique) se développent de l’albite (cleavelandite)
et de la muscovite, albitisation et muscovitisation étant souvent deux phénomènes
conjugués. Se forment aussi par remplacement : béryl, apatite manganésifère, grenats
manganésifères, phosphates de Li et de Mn, niobo-tantalates, cassitérite, minéraux
uranifères. Le remplacement se développe, non pas au centre du corps pegmatitique,
mais au contact du quartz et du feldspath K-Na, en remplaçant surtout le feldspath.
D’après VLASSOV, presque tous les minéraux utiles, et en particulier les minéraux de
métaux rares se forment durant ce stade de remplacement.

On voit donc que c’est avec la silicification secondaire qu’on voit apparaître la minéralisation
métallique. C’est la destruction de la pegmatite par ses propres phases fluides qui donne les
métaux. C’est la phase fluide qui fait passer de stade I au stade IV. S’il n’y avait pas de fluide,
pas d’évolution aux stades supérieurs et donc pas de concentrations métallifères.

2. Gisements liés à des processus hydrothermaux


La croûte est le siège d’intenses phénomènes d’échange entre fluides et roches : les sédiments
expulsent de grandes quantités d’eau lors de leur enfouissement, dans les bassins ou lors de
processus de subduction ou de collision. Les fluides peuvent également être produits lors
d’une collision continentale. En profondeur, les fluides sont alors expulsés et remontent
suivant la perméabilité de fractures et les joints de grains. Ces migrations ont lieu sur des
dizaines de kilomètres. Une partie des fluides transitent par les systèmes magmatiques.
Les minéralisations associées à la circulation des fluides sont nombreuses et peuvent souvent
être mises en relation avec le métamorphisme et les intrusions.

38
2.1. Généralités sur les fluides hydrothermaux

L’altération hydrothermale peut être très utile pour trois buts: (i) comme guide d'exploration,
(ii) comme aide pour connaître le caractère chimique des solutions hydrothermales et leur
sources, et (iii) pour connaître l'évolution du système hydrothermal.

2.1.1. Origine des fluides hydrothermaux minéralisateurs


Tout fluide aqueux chaud est appelé fluide hydrothermal, indépendamment de son origine.
Les eaux naturelles qui participent dans les fluides hydrothermaux peuvent avoir diverses
origines (Tableau II).

Tableau II : Différents types de fluides, origines et salinités


Types de fluides Origine Salinité
salinité modérée à
Fluides hydrothermaux- ("eaux juvéniles") très élevée
magmatiques
Fluides métamorphiques Déshydratation minérale salinité basse
Fluides météoriques peu évolués par migration superficielle salinité basse
Saumures de bassins Fluides météoriques (et marins) salinité modérée
fortement évolués pendant leur
migration profonde
Eaux fossiles piégées dans les pores des sédiments salinité modérée
marins à haute
Eaux marines Eaux météoriques salinité modérée
Eaux météoriques précipitation de surface: pluie ou neige basse salinité

Un facteur prédominant qui différentie ces fluides est leur salinité.


Les fluides les plus importants du point de vue métallogénique, sont les fluides météoriques
évolués et les fluides hydrothermaux magmatiques, et dans une moindre mesure les fluides
métamorphiques.

La formation d’un gisement hydrothermal requiert une série de circonstances. Quatre facteurs
clés interviennent (figure 4.1) : (i) une source de fluide, (ii) un mécanisme dans lequel le
métal ou les minéraux sont dissous dans le fluide, (iii) un moteur à la circulation du fluide, (iv)
un mécanisme responsable de la précipitation des métaux ou des minéraux.

39
Figure 4.1 – Facteurs clés dans la formation des gisements hydrothermaux (Arndt et Ganino, 2010).

2.1.2. Altération des roches encaissantes

Les roches qui encaissent une minéralisation d’origine hydrothermale montrent souvent les
effets de réactions chimiques produisant des modifications minéralogiques. Ces modifications
provoquées par la circulation de fluides hydrothermaux sont nommées "altération
hydrothermale".
On distingue deux types d'altération hydrothermales extrèmes : type pervasive" et type
canalisé.

L'altération pervasive : souvent d’extension régional, elle résulte de la perméabilité de la


roche encaissante et se caractérisée par le remplacement partiel ou total des minéraux
originaux de la roche. Les textures et structures originelles sont partiellement ou totalement
détruites.
L’altération canalisée ou "altération filonienne" : d’extension locale et généralement
discordant, elle est contrôlée par la porosité de fracture.

2.1.3. Différentes altérations hydrothermales


Il s’agit d’une suite d’altérations de plus en plus poussées dites propylitiques à potassiques
communes aux roches aluminosilicatées principalement observées dans les gîtes de porphyres,
mais associées également à une grande quantité d’autres gisements hydrothermaux. D’une
façon schématique, avec le métasomatisme de H+ croissant, les altérations suivantes se
produisent.

40
- Altération potassique
Les paragenèses d’altération formées sont dominées par du feldspath potassique, + biotite, ±
albite, ± muscovite. Ce type d'altération a lieu à des températures comprises entre 800 et
6000C et résultant de l'interaction d'un fluide résiduel qui a évolué d'une intrusion ignée
proche avec l'encaissant
.
- Altération propylitique
Il se forme de l'épidote, chlorite, carbonate, albite, feldspath potassique et pyrite.
- Altération phyllique (ou séricitique)
Elle se caractérise par l'association de quartz-séricite-pyrite. Il peut aussi se former du
feldspath potassique, kaolinite, calcite, biotite, rutile, anhydrite et apatite.
- Altération argilique
Elle est définie par la présence de montmorillonite, illite, chlorite, minéraux du groupe du
kaolin et des petites quantités de séricite.

- Silicification :
- Tourmalinisation
- Formation du Talc
- Carbonatisation (dolomite, calcite, ankérite et sidérite)
- Sulfudation (pyrite, …) :
- Lessivage : décoloration, blanchissement de la roche.

2.2. Cisaillements à or ou les gisements d’or orogéniques


Les cisaillements à or (dit aussi gisements mésothermaux) constituent une classe très
importante de gisements; ils produisent une grande partie de l’or en dehors des conglomérats
du Witwatersrand (RSA).
Ces gisements d’or consistent en des veines de quartz seul ou associé avec des carbonates
dans les failles des zones de cisaillement des terrains déformés et métamorphisés dans les
marges en convergences de tous les âges. En effet, même si ces gisements sont
particulièrement abondants dans les ceintures archéennes (Canada, Australie, Afrique du Sud,
Brésil), des gisements comparables sont également exploités dans des orogènes plus récents:
Birimien d’Afrique de l’Ouest, chaîne hercynienne (Limousin, en France, Tien Shan, en Asie
centrale), et Cordillère américaine.

41
Ce type de gisement apparaît dans tous les niveaux métamorphiques, mais les gisements sont
cependant plus fréquents dans le faciès schistes vert. Ces gisements se mettent en place le plus
souvent à la transition des domaines ductiles et cassants.

Encaissant et minéralisation
On connaît ce type de minéralisations dans des encaissants très variés: volcanites tholéiitiques
(Yellowknife, Timmins, Kalgoorlie), intrusions acides à basiques, voire alcalines (Timmins),
sédiments ferrifères (Cuiaba).
Dans les roches acides, la minéralogie comprend principalement or natif, carbonates,
chlorites, quartz, séricite, pyrite, altaïte, plus rarement tellurures, tourmaline ;
Dans les volcanites basiques, on trouve surtout de l’or, des tellurures, de la pyrite, de
l’arsénopyrite, avec quartz, carbonates, fuchsite. L’argent est peu abondant (Ag/Au<0,1). Les
autres minéraux indicateurs sont la stibine, la scheelite, la galène, la molybdénite.

Origine
Ces gisements ne montrent pas d’association directe avec les magmas. On pense que les
fluides à l’origine des minéralisations sont d’origine métamorphique et sont émis par la
déshydratation des minéraux hydratés lorsque la température ou la pression augmente. Les
fluides libérés, pénètrent les roches métavolcaniques et métasédimentaires en traversant la
croûte et lessivent l’or, transporté sous forme de complexes de chlorures (AuCl2) ou de
sulfures (Au(HS)2 ou AuAsS2). Les fluides sont canalisés le long de discontinuités majeures
et réagissent avec l’encaissant; les réactions produisent des zones d’altération caractéristiques
au sein de l’encaissant, changent la composition des fluides, et amènent à la précipitation de
l’or et des autres minéraux.

Les structures tectoniques exercent un contrôle majeur sur les sites de formation de gisements
en guidant le passage des fluides. Les dépôts occupent souvent des structures secondaires
d’accidents majeurs, souvent en limite d’unités lithotectoniques. Les zones en extension au
niveau des failles ou au sein même des charnières des plis sont des zones de prédilection, tout
comme les zones où les roches sont bréchifiées ou déformées et comportent une porosité
importante remplie par des minéraux secondaires.

42
Tiré de Assié, 2008

43
2.3. Filons à Pb-Zn-F-Ba
Les gîtes filoniens présentent une importance économique et historique pour le plomb, le zinc
et l’argent.
Ce type de gisement apparaît souvent dans les zones externes des orogènes, en contexte peu
métamorphique, associé à de grandes zones cisaillantes. La morphologie est complexe,
ramifiée, souvent sur des directions conjuguées.
On observe deux types d’associations minéralogiques:
- la première, d’assez haute température, comprend pyrrhotine, arsénopyrite, sphalérite
et galène, parfois magnétite dans une gangue de quartz
- la seconde comprend principalement de la sphalérite, de la galène, de la chalcopyrite
accessoire, des minéraux d’argent (tétrahédrite), dans une gangue de sidérite, barytine,
quartz et autres carbonates
Les filons en cisaillement cassant peuvent contenir également de la fluorine sans métaux de
base (cas des gîtes d’El Hammam (Maroc), de l’Albigeois (France) ). La mine d’El Hammam
occupe une importante zone de cisaillement où les séries paléozoïques sont verticalisées et où
apparaît un massif de granite marqué par une vaste auréole de métamorphisme. Autour de ce
granite, on peut distinguer trois types de minéralisations, organisées selon une zonalité
régionale:
- au coeur du district, des skarns à étain et tungstène,
- puis des filons à fluorine et calcite,
- enfin des indices d’antimoine.

2.4. Episyénites à uranium


Ce type de gisement a été défini dans le Massif Central français (Sarcia et Sarcia,1962). Il
s’agit d’altérations hydrothermales lessivant le quartz des granitoïdes, répandues dans les
socles hercyniens d’Europe et du Maghreb. Ils montrent des teneurs parfois très élevées en
uranium et plus de 20 000 tonnes d’uranium y ont été prouvées.

Les épisyénites sont encaissées dans des granites à deux micas d’origine crustale, ou
leucogranites, eux même encaissés dans des gneiss et des schistes. Ces granites constituent
une source potentielle car ils sont riches en uranium (12,5 ppm U) sous forme lixiviable
(uraninite).
Les épisyénites forment des colonnes de l’ordre de la centaine de mètres de haut et 10 à 30 m
de diamètre, à l’intersection de failles, en contact net avec l’encaissant.

44
Les principaux minéraux sont la pechblende, la coffinite et des minéraux secondaires. On
rencontre également de la fluorine, de la dolomite et de l’adulaire.
Les principaux guides de prospection des épisyénites à uranium sont principalement les
leucogranites et les accidents majeurs, où la photographie aérienne constitue un bon outil.

2.5. Gisements de porphyres


La notion de porphyre cuprifère est ancienne, perçue dès 1848 en Australie. Par la suite, ce
type de gisement a été observé pour d’autres métaux. Les gisements porphyriques doivent leur
nom aux intrusions de faible profondeur, felsiques à intermédiaires, qui contiennent des
phénocristaux et auxquelles les gisements sont associés.
Les gisements de porphyres sont les sources de Cu et Mo les plus importantes au monde et
produisent également une proportion importante d’Au, Ag, W et Sn. Ils procurent entre 50 et
60 % du cuivre mondial et plus de 95 % du molybdène.
Il s’agit de gisements très importants avec des exploitations pouvant atteindre 400 000 tonnes
de tout-venant/jour. En effet, contrairement aux gisements VMS, les gisements de porphyres
sont énormes et à faible teneur (exemples du gisement de Bingham aux États-Unis : 2 733 Mt
de minerai à 0,7 % de cuivre et 0,05 % de molybdène ; Chuquicamata au Chili :10 837 Mt de
minerai à 0,56 % de cuivre et 0,06 % de molybdène).
Un gisement porphyre cuprifère est un granite spécialisé, véritable drain d’altération
hydrothermale entraînant une concentration d’un facteur 100 du clarke du cuivre. C’est un
système plutonique de faible profondeur (1-5 km), polyphasé, souvent (mais pas toujours)
avec des roches à texture porphyrique, juste sous un volcan (Figure 4.8).
Les porphyres cuprifères sont liés au magmatisme andésitique (série à magnétite) des zones
de subduction (ceinture péripacifique, Mésogée), dans des ensembles de monzogranite à
tendance calco-alcaline et avec des minéraux peu hydroxylés (hornblende, biotite).
Les minerais ne sont pas confinés aux plutons mais s’étendent aussi dans l’encaissant. Une
altération pouvant être modérée à intense est intimement associée à la minéralisation, et
présente une zonation. Cette altération qui s’étend également bien à l’extérieur de la zone de
minéralisation, est utilisée comme indice lors des explorations pour trouver ce type de
gisements.
La minéralisation consiste en de petites concentrations de minéraux sulfurés, disséminés ou
dispersés dans des petites veines et des placages de remplacement dans les parties supérieures
de l’intrusion hautement altérées et dans les roches environnantes. Les minéraux sulfurés
originels sont la pyrite, la chalcopyrite, la bornite, et la molybdénite. L’or est souvent natif, et

45
on le trouve sous forme de gouttes aux bords des cristaux de sulfures. La plupart des sulfures
se trouvent dans des veines ou sous forme de placages dans des fractures et la majorité se sont
mis en place avec le quartz et la séricite avec lesquels ils sont imbriqués.

Distribution et âge
Les gisements porphyriques sont associés en majeure partie avec les ceintures orogéniques
mésozoïques et cénozoïques à l’ouest de l’Amérique du nord et de l’Amérique du sud, à
proximité de la marge occidentale de l’océan Pacifique, dans la ceinture orogénique
téthysienne en Europe de l’est et au sud de l’Asie. Des gisements majeurs sont également
situés dans les orogènes paléozoïques d’Asie centrale et de l’est de l’Amérique du nord, et en
moindres proportions dans les terrains précambriens.
Les gisements de porphyres de cuivre sont localisés typiquement dans les racines des
stratovolcans andésitiques, en contexte de subduction continentale et d’arc volcanique.

Les fluides hydrothermaux dérivent en grandes proportions des magmas granitiques. L’étude
des inclusions fluides montre des compositions allant du champ des fluides magmatiques à
ceux des fluides météoriques, indiquant que ces derniers sont également impliqués dans la
formation du minerai.

46
2.6. Gisements pyrométasomatiques

Les gîtes métasomatiques (ou tactites) sont formés au voisinage de roches initialement
carbonatées : calcaires ± marneux, dolomie ± siliceuses, calcschistes). Ces roches sont
profondément transformées aux plans thermique et chimique. Il s’agit de phénomènes
généralement de haute température causés par le déplacement d’éléments au sein d’un fluide
en imprégnation dans une roche. Cela va donner des cornéennes à minéraux calciques/silico-
alumineux).

Figure . Schéma d’un dépôt pyrométasomatique Figure . Skarn cuivreux dans le calcaire

Le terme suédois de skarn désigne des roches constituées de silicates calciques, fréquemment
à Al, Fe, Mg ou Mn, à grain grossier, formées par remplacement métasomatique,
essentiellement siliceux de roches carbonatées au contact d’un intrusif.

Les skarnoïdes sont des remplacements de roches non carbonatées.

Les skarns constituent des gisements de tungstène, de plomb-zinc, de cuivre et d’or. Mais on
y exploite également l’étain, le béryl, le fer, utilisée pour la céramique.

 Paragenèses

 métallique : Fe, Sn, W, Mo, Cu, Zn, Pb

+ chaud - chaud

Formes de haute température : oxydes : magnétite Fe3O4 Cassitérite SnO2 oligiste scheelite
CaWO4+ CaMo O4 (->powéllite)

47
Formes de moins haute température : sulfures : Molybdénite, bismutinite, chalcopyrite,
(bornite), blende, galène, pyrite, pyrrhotite

 “gangue”: minéraux silicatés calciques des tactites

Quartz néoformé, grenats Ca (grossulaire (Al), andradite (Fe)), amphiboles (trémolite,


actinote), pyroxènes (diopside, hédembergite) pyroxénoïde ( wollastonite : Ca2Si2O6) ,
épidote Ca (pistachite (Fe), zoïsite (Fe,Al), alanite (Fe,TR)), minéraux allongés (idiocrase (F),
scapolites (Cl), fluorite (CaF2)), carbonates

Comme les porphyres, il y a relativement peu de skarns au Précambrien, sans doute du fait de
la faible abondance de carbonates et du niveau d’érosion généralement important; il existe
cependant d’importantes exceptions (Sadiola, Ity par exemple). Les skams apparaissent
souvent dans les zones orogéniques récentes (Mésozoïque), parfois en limite de faciès,
reprises par une ou des intrusions.

2.7. Les gisements d’amas sulfurés ou « sulfures massifs volcanogéniques »


(ou VMS Volcanogenic Massive Sulfide)

La formation des VMS peut être observée directement actuellement sur le plancher océanique.
En effet, des sulfures riches en Zn, Cu et Pb précipitent dans des cheminées qui entourent les
jets ascendants de fluides hydrothermaux et retombent sur le plancher océanique (figure 4.3).

Si la plupart des accumulations de sulfures sur le plancher océanique actuel sont restreintes,
on pense que les systèmes ayant eu une longue durée de vie, comme ceux sur la ride médio-
atlantique, contiennent environ 3 millions de tonnes de sulfures ayant environ 2 % de cuivre
et en moindres concentrations du zinc, et de l’or. Si de tels gisements étaient sur le continent,
ils seraient économiquement viables et les métaux pourraient en être extraits.

Encaissant et minéralisation

Les gisements VMS sont généralement associés avec des roches volcaniques mafiques
(basaltiques) ou felsiques, mises en place sous l’eau. Des formations d’origine sédimentaire
peuvent contenir une partie de la minéralisation dans certains gisements VMS.
La plupart des gisements VMS sont relativement petits, contenant seulement quelques
millions de tonnes de minerais. Cependant, les teneurs élevées des minerais font de ce type de

48
gisement une cible très attractive d’exploration. Les teneurs typiques sont de 2 à 5 % de Cu,
Zn et/ou Pb et des quantités mineures de Au et Ag.
En général, les sulfures de fer prédominent. Dans les VMS, la pyrite ou la pyrrhotite forment
près de 90 % de l’assemblage de sulfures qui peut également contenir de la chalcopyrite, de la
sphalérite et de la galène, et dans quelques cas et en proportions mineures, de la bornite, de
l’arsénopyrite, de la magnétite et de la tétraédrite.
La proportion des métaux varie au sein du gisement (zonation): les sulfures massifs en
position supérieure sont riches en Zn et Pb (dans les gisements qui contiennent ce métal) alors
que le stockwork est enrichi en Cu et Au.

Origine

L’hypothèse que ces gisements avaient été formés sur le plancher océanique a été confirmée
par la découverte des fumeurs noirs (figure 4.3) lors de plongées sous-marine en 1977. Ainsi,
un modèle « d’exhalation volcanique », est désormais unanimement accepté pour la formation
de cette classe de gisement.

Ages
Des gisements VMS de tous les âges sont connus, depuis le gisement « Big Stubby » dans le
Pilbara (Australie) âgé de 3,5 Ga, jusqu’aux gisements qui continuent de se former sur le
plancher océanique, en passant par un grand nombre de gisements vastes et économiquement
importants formés à la fin de l’Archéen, au Protérozoïque, et au Phanérozoïque.

49
Figure Schéma de circulation des fluides au niveau des Figure : Structure et âge de
rides médio-océaniques responsables de l’accumulation quelques VMS (in Arndt et Ganino,
de sulfures (Robb, 2007,) 2010)

3. Gisements liés aux roches mafiques et ultramafiques

3.1. Exemple du complexe de Bushveld (RSA)


Les intrusions mafiques– ultramafiques du complexe du Bushveld sont célèbres pour leurs
niveaux à chromites (figure 1). La carte géologique de ce complexe comprend toute une série
d’intrusions plus ou moins circulaires (figure 4).
Le log stratigraphique montre que la lithologie évolue depuis des roches ultramafiques à la
base de l’intrusion vers des roches intermédiaires au sommet. Ainsi, les roches en position
inférieure sont des cumulats à olivines et pyroxènes ; au dessus, on trouve des cumulats à
pyroxènes et plagioclases ; enfin, le tiers supérieur du complexe est essentiellement composé
de diorites.

50
Le complexe du Bushveld contient trois types de gisements : (i) des gisements de chromites,
se présentant sous forme de niveaux bien individualisé (« states », qui se trouvent au sein des
cumulats ultramafiques. Ces gisements sont exploités pour le chrome et dans certains cas pour
les platinoïdes. (ii) Des gisements de platinoïdes sont également présents dans le célèbre
Merensky Reef situé dans la zone critique, où la lithologie passe de roches ultrabasiques à des
roches basiques. (iii) Enfin des gisements de magnétite situés dans la partie supérieure du
complexe sont exploités pour le vanadium qu’ils contiennent.

Les gisements du complexe du Bushveld répondent à une grande proportion de la


consommation globale en ces métaux. La production de chrome représente 50 % de la
production mondiale et les productions de platine et de palladium représentent respectivement
72 % et 34 % des productions mondiales.

Figure 5. Complexe du Bushveld: un exemple de gisement magmatique à chromite

3.2. Les grands mécanismes de ségrégation magmatique et


formation de gisement
Deux grands mécanismes de ségrégation magmatique peuvent conduire à des concentrations
économiques. Ce sont les processus :
- de cristallisation fractionnée et séparation mécanique par gravité ;

51
- d’immiscibilité de liquides soit par immiscibilité de sulfures, soit par immiscibilité
d'oxydes.

3.2.1. Cristallisation fractionnée conduisant à la formation des gisements


de chromite, vanadium, titane

Lors de la cristallisation fractionnée d'un magma, pendant le stade orthomagmatique, des


cristaux automorphes qui se séparent peuvent s'accumuler par gravité. Ces cumulats (angl.
"cumulus") sont composés d'éléments ayant un rayon atomique identique qui peuvent entrer
facilement dans le réseau des premiers silicates et oxydes cristallisés (éléments compatibles).
Les cumulats sont normalement constitués par de l'olivine, du plagioclase riche en Ca, de la
bronzite (orthopyroxène de composition intermédiaire entre enstatite et hypersthène) et de
quantités mineures de magnétite et ilménite et, dans certaines circonstances, de chromite.
Parfois les cumulats forment des structures litées et même des "stratifications" obliques.

Du point de vue économique, les cumulats les plus importants sont ceux de chromite, dont on
distingue deux types (Figure 1):
- les chromites stratiformes qui se trouvent dans les grandes intrusions mafiques litées
(ou lopolites basiques) dans des cratons. Exemple Bushveld (RSA) ;
- et les corps lenticulaires et irréguliers de chromites podiformes dans les roches
ultrabasiques (surtout dans des harzburgites) des complexes ophiolitiques en zones
tectoniquement instables. Exemple en Turquie et Cuba.
Les deux types de chromite ont une composition différente: les chromites podiformes ont des
rapports de Cr/Fe plus élevés que les chromites stratiformes. Ce fait les rend très appréciables
pour des applications métallurgiques et chimiques, bien que leur forme irrégulière en rende
l'exploitation plus difficile. Les chromites stratiformes sont plus riches en sulfures et en PGE.

D'autres cumulats présentant un intérêt économique sont des corps massifs de magnétite
vanadifère avec plus ou moins de Ti dans des couches d'anorthosites dans des LMI (exemple:
partie supérieure du complexe de Bushveld) et des gisements d'ilménite riches en P dans des
anorthosites et des gabbros anorthosiques (exemple Lake Sanford, New York, et Lake Allard,
Canada).

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Figure 1. Chromites stratiformes versus chromites podiforme

3.2.2. Immiscibilité de liquides et formation de gisement de


Ni, Cu, PGE, et Fe-Ti-P
Deux types d’immiscibilités peuvent conduire à des gisements :
- immiscibilité de sulfures (avec enrichissement des éléments chalcophiles Fe, Cu, Ni,
PGE) ;
- immiscibilité d'oxydes (enrichissement des éléments sidérophiles: Fe, Cr, Ti, V, P).

3.2.2.1 Immiscibilité d'un liquide sulfuré (Ni, Ni-Cu, PGE)

A haute température le liquide sulfuré est en solution dans le magma silicaté, à des
températures plus basses, il est immiscible et de petites gouttes de liquide sulfuré apparaissent
dans le liquide silicaté.
Les éléments de transition du groupe VIII (Fe, Co, Ni, Ru, Rh, Pd, Os, Ir, Pt) ne sont pas
seulement sidérophiles mais aussi chalcophiles. Ces éléments vont par conséquent se
concentrer dans la phase sulfurée avec des facteurs d'enrichissement de 100 à 100.000 fois par
rapport au contenu initial dans le magma. De cette façon, pyrrhotine (Ni), pentlandite (Ni) et
pyrite, à environs 400°C (Figures 2).

Le platine apparaît sous la forme d'alliage avec l'iridium, l'osmium, le palladium, le rhutenium
et le rhodium. Il peut aussi être accompagné par l'or, ou aussi apparaître sous forme de
sulfures ou arséniures (sperrylite).

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Figure 2. Gouttelettes de sulfures magmatiques dans un gabbro (Noril’sk-Talnakh, Russie)

Mais la cristallisation de petites gouttes de liquide sulfuré plus au moins enrichi en Ni, Cu et
PGE ne forme pas encore un gisement. On doit faire appel à un mécanisme pour concentrer
cette phase immiscible sulfurée qui, dans des conditions normales, formerait seulement des
sulfures disséminés de teneur trop basse pour être exploités.
Pour obtenir une concentration de sulfures importante à partir de petites concentrations
initiales, des chambres magmatiques gigantesques sont nécessaires. C'est le cas dans les
"layered mafic intrusions" (comme à Bushveld et Sudbury).
Une autre possibilité est l'extraction des liquides segrégués et leur injection dehors de la
chambre magmatique pour former de corps massifs de sulfures dans d’autres roches (Figure
3). La compression tectonique peut expulser la partie encore liquide hors de la chambre
magmatique et former des corps de minerai d'allure filonienne.

Exemples de Gisements:
- Gisements de Ni dans des laves komatitiques (Kambalda, Abitibi, Zimbabwe) ;
- Gisements de Ni-Cu dans des gabbros (Sudbury en Ontario (Canada), Duluth, Norinsk en
Russie).

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3.2.2.2 Immiscibilité de liquide riche en oxydes de Fe-Ti-P
La cristallisation d'un liquide riche en oxydes de Fe-Ti est le processus principal invoqué pour
certains gisements de Fe-Ti riches en phosphore (sous la forme d'apatite).
D'un point de vue économique, ces gisements sont surtout exploités pour le Ti (ilmenite et
magnétite tinanifère) car le Fe est surtout exploité dans d'autres gisements.

Exemples de gisements: Oxydes de Fe-Ti en anorthosites: (Sandford Lake état de New York,
Allard Lake au Canada).

3.3. Grands types de gisements associés aux roches mafiques et


ultramafiques

- Gisements de Cr formés par cristallisation fractionnée à partir d'un magma mafique ;


- Gisements de PGE-(Au) formés par immiscibilité d'une phase sulfurée à partir d'un
magma mafique ;
- Gisements de Ni-Cu formés par immiscibilité d'une phase sulfurée à partir d'un
magma mafique ;
- Gisements d'oxydes de Fe et Ti formés par immiscibilité d'une phase d'oxydes à partir
d'un magma mafique ;
- Gisements de diamants associés à des intrusions alcalines ;
- Gisements de Cu, P et terres rares dans des magmas carbonatitiques, donc ayant subi
une différentiation extrême ;
- Pegmatites ;

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- Gisements de type "Greisen" .

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