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ROYAUME DU MAROC

UNIVERSITE HASSAN II CASABLANCA


FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES,
JURIDIQUES ET SOCIALES - AIN SEBAA

Licence Fondamentale : Droit en Français

Module :
Droit Pénal Général

Encadré et animé par :


Pr MADANI Nabil

Année universitaire : 2016/2017


Université
HASSAN II CASABLANCA

Établissement dont relève la filière Faculté des Sciences Juridiques Économiques et


Sociales Ain Sebaa

Département d’attache de la filière Droit

Type de formation Licence Fondamentale

Intitulé du module Droit Pénal Général

Semestre d’appartenance du module Semestre 2

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DESCRIPTION GENERALE

Le cours de Droit pénal général se propose d’exposer les règles de fond


applicables à toutes les infractions. Ce cours sera consacré à l’étude de
la loi pénale, au sens large du terme. En vertu du principe de légalité
criminelle, un texte est en effet la condition préalable indispensable à
toute poursuite pénale. Le cours comporte également une étude de la
structure de l’infraction, des diverses catégories de délinquants et de
leurs modes de participation à une infraction. Les peines sont également
présentées.

OBJECTIF DE LA FORMATION

Le diplôme de la licence en Droit vise à fournir aux étudiants les


fondements théoriques et méthodologiques leur permettant d’assimiler les
textes législatifs et les phénomènes sociaux ainsi que les fondements de
l’analyse juridique et politique.

La formation est conçue pour permettre aux étudiants d’acquérir une


bonne connaissance de l’articulation du Droit privé et public et acquérir
des compétences pratiques selon les nouveaux concepts.

Ces études se déroulent sous forme de cours magistraux et de séances de


travaux dirigés réparties sur six semestres (trois années universitaires).

OBJECTIF GENERAL DU MODULE

Connaître les principes généraux qui régissent le droit pénal.

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OBJECTIFS SPECIFIQUES DU MODULE

Au terme de cette formation l’étudiant devra être capable de :


Etablir la distinction entre le droit pénal général et les autres branches des
sciences criminelles.

Dégager les éléments constitutifs d’une infraction.

Dégager les traits établissant la responsabilité pénale.

Etablir l’articulation entre l’infraction et la peine encourue.

MODALITES D’ORGANISATION DES TRAVAUX DIRIGES

Quescussion, études de cas, exercices pratiques, analyse critique…

APPROCHE PEDAGOGIQUE

L'approche pédagogique est la clé de réussite de chaque formation. En effet,


notre démarche pédagogique proposée pour la formation dans ce module
s'appuie sur une approche socioconstructiviste. Dans ce cadre, nous allons
adapter les thèmes de formation aux besoins et niveaux du public cible, et en
multipliant les techniques d'animations des cours magistraux et des travaux
dirigés selon la nature du thème en question et la méthodologie de sa
présentation :

 Articulation entre séances de cours et de TD (séances de cours/séances


de TD).

 Recours aux cartes conceptuelles pour illustration.

 Etudes de cas selon le contexte.

Les Technologies d'Information et de Communication sont un outil que nous

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recommandons à exploiter tout au long de la formation pour rendre les séances
d’enseignement-apprentissage de ces thèmes plus attractives et motivantes. Pour
cette raison, il y aura un usage fréquent à la présentation PowerPoint et mettre
en place un Groupe Facebook spécialement dédié.

Ainsi, l'approche pédagogique que nous proposons contribue à favoriser


l'instauration d'un climat d’apprentissage favorable à la réflexion, à l’expression
et à l’imagination du public cible autour de leurs attitudes individuelles et de
groupe comme il permet de développer des compétences sociales pour mieux
appliquer les connaissances acquises.

En ce qui concerne l'évaluation des acquis, nous proposons des activités


diversifiées et nous proposons de les mener selon deux temps :

Une évaluation formative qui s'effectuera tout au long de l’avancement


des séances de cours (tests, dossier à fournir, porte-folios…)

Une évaluation sommative qui consiste en évaluation finale pour s'assurer


de la réalisation des objectifs de la formation.

CONTENU DU MODULE

Le contenu de ce module s’articule autour des éléments suivants :

• INTRODUCTION

• Notion de droit pénal


• Evolution du droit pénal
• Contenu du droit pénal
• Sources du droit pénal

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• L’INFRACTION

• Les éléments constitutifs de l’infraction


• La classification des infractions du droit pénal

• LA RESPONSABILITE PENALE

• Les traits de la responsabilité pénale


• Le délinquant et la responsabilité pénale
• Pluralité des participants à l’infraction
• L’irresponsabilité ou l’atténuation de la RP

• LA PEINE

• La peine encourue
• La peine prononcée
• La peine exécutée

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

 AMZAZI, M. Précis de droit criminel, Edition diffusion, Rabat, 1994, 280


p.
 F.P., BLANC, Droit pénal général marocain, Sochepress, Casablanca,
1984, 176.
 AMZAZI, M., Essai sur le système pénal marocain, Editions Le Fennec,
Centre Jaques-Berque, Rabat, 2013, 227 p.
 http://books.openedition.org/cjb/384
.‫ ص‬295 ،2016 ،‫ الرباط‬،‫ مطبعة األمنية‬،‫ دراسة في تحليل النص الجنائي‬،‫ محمد التغدويني‬

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Module : Droit Pénal Général
FSJES Ain Sebaa Droit en Français
Pr MADANI Nabil Année Universitaire : 2016/2017 Etudiant : ……………………………………………………………...

Sommaire du cours

I. INTRODUCTION

A. Notion de droit pénal


1. Définition de droit pénal
2. Caractères du droit pénal
3. Nature du droit pénal
B. Evolution du droit pénal
1. Les idées fondant le droit pénal
2. Principales étapes marquant l’évolution du droit pénal
3. Le droit pénal marocain contemporain
C. Contenu du droit pénal
1. Les branches du droit pénal et les sciences criminelles
2. Les rapports entre droit pénal et autres branches du
droit
3. Les rapports entre sciences criminelles et autres
disciplines
D. Sources du droit pénal
1. La constitution
2. La loi
3. Le règlement
4. La jurisprudence
5. Les traités et les conventions internationales

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II. L’INFRACTION

A. Les éléments constitutifs


1. L’élément légal
a. Le principe de légalité
b. La loi pénale en elle-même
i. L’importance de la loi pénale
ii. La nature de la loi pénale
iii. Le domaine d’application de la loi
pénale
c. La loi pénale et le juge
i. La qualification des faits
ii. L’interprétation de la loi pénale
iii. Le contrôle de régularité
2. L’élément matériel
a. Nature en cas d’infraction consommée
b. Nature en cas d’infraction non consommée
3. L’élément moral
a. L’imputabilité
b. La culpabilité
4. L’élément injuste
a. L’ordre de la loi
b. La légitime défense
c. L’état de nécessité
d. Le problème du consentement de la victime
B. La classification des infractions
1. La distinction légale
a. Les crimes
b. Les délits
i. Les délits correctionnels
ii. Les délits de police
c. Les contraventions
2. La distinction d’après leur nature
a. Les infractions de droit commun

Droit Pénal Général Pr MADANI Nabil Page 2


b. Les infractions politiques
c. Les infractions militaires
3. La distinction d’après leurs éléments constitutifs
a. La classification fondée sur l’élément
matériel
b. La classification fondée sur l’élément moral
4. La distinction d’après leur mode de réalisation
a. Infractions instantanées, Infractions
continues
b. Infractions permanentes, Infractions
successives
c. Infractions simples, Infractions complexes

III. LA RESPONSABILITE PENALE

A. Les traits de la responsabilité pénale


1. Les traits constants
2. Les traits variables
3. Les traits particuliers
B. Le délinquant et la responsabilité pénale
1. La responsabilité pénale des personnes physiques
2. La responsabilité pénale des personnes morales
C. Pluralité des participants à l’infraction
1. La complicité
a. Les conditions
b. Les effets

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2. La responsabilité pénale du fait d’autrui
D. L’irresponsabilité ou l’atténuation de la responsabilité pénale
1. Les causes objectives
2. Les causes subjectives

IV. LA PEINE

A. La peine encourue
1. Délimitation de la peine
a. Peine et mesure de sûreté
b. Peine et matière pénale
2. Classifications des peines
a. Les classifications liées à l’infraction
b. Les classifications détachées de l’infraction
3. Teneur des peines
a. Peines et libertés
b. Peines et patrimoine
c. Peines et capacité juridique
B. La peine prononcée
1. Personnalisation des peines
a. L’énoncé du principe
b. Les limites du principe
2. Le choix de l’indulgence
a. Les effets de l’indulgence sur le principe
même de peine
b. Les effets de l’indulgence sur la nature et
le quantum de la peine
c. Les effets de l’indulgence sur les modalités
d’exécution de la peine
3. Le choix de la sévérité
a. La sévérité prohibée
b. La sévérité encouragée

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C. La peine exécutée
1. L’exécution paralysée
a. L’œuvre du temps
b. L’œuvre des autorités publiques
c. L’œuvre des autorités judiciaires
2. L’exécution individualisée
a. L’exécution adoucie
b. L’exécution abrégée ou échelonnée
c. L’exécution aggravée

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UHII – CASABLANCA Licence Fondamentale
Module : Droit Pénal Général
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INTRODUCTION

I. INTRODUCTION

A. Notion de droit pénal


1. Définition de droit pénal
La branche de droit positif qui a pour objet l’étude et la répression des comportements
déviants et qui portent atteinte à l’ordre public.
La science juridique qui développe une approche basée sur l’observation du phénomène
criminel auquel elle entend apporter des réponses.
Poser des interdits reconnus dans une société donnée et veiller à leur respect.
Un « miroir » reflétant l’échelle des valeurs admises par la société à un instant donné.
Définir « les infractions punissables, les conditions dans lesquelles ceux qui les
commettent peuvent être poursuivis et les peines qu’ils encourent ».
Le droit de l’infraction ou de l’incrimination.
Pour objectif principal de « Sanctionner les comportements déviants des hommes ».

2. Caractères du droit pénal


Chercher les finalités du droit pénal incite à en dévoiler les fonctions principales.
De fréquentes critiques, souvent contradictoires : laxiste/trop sévère.
Concilier l’inconciliable : la sécurité et la liberté.

Fonctions du droit pénal :


Une fonction répressive

Droit répressif, « gendarmes des autres droits ».


Une fonction rétributive

Prononcer le juste châtiment pour rétablir l’ordre social : la peine est afflictive et
infamante.
Une fonction de prévention ou de dissuasion

Dissuader tous ceux qui se disposeraient de transgresser.


Une fonction de resocialisation et de rééducation

La sanction pénale n’est plus seulement tournée vers l’acte commis et de leur sanction,
mais autant vers l’avenir.

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3. Nature du droit pénal
Droit public ou droit privé?

Le droit pénal mérite d’être classé parmi les branches du droit public :
o L’Etat est toujours partie au procès pénal au biais du ministère public.
o Sur l’objet même du droit pénal : déterminer les agissements qui troublent la
société et organiser la répression de ces infractions.
o La puissance publique ayant le monopole de l’incrimination et la maitrise de la
sanction.
Une matière rattachée plus souvent au droit privé :
o De nombreuses règles pénales constituent la garantie et la sanction des droits
subjectifs : en réprimant un délit, comme le délit de vol, le Code pénal cherche à
défendre un droit privé : le droit de la propriété.
o L’organisation judiciaire : les mêmes juridictions –les tribunaux de première
instance et les cours d’appel- qui rendent à la fois la justice pénale et la justice
civile.
o Les règles instituées par la procédure pénale s’efforcent normalement d’assurer la
sauvegarde des droits et libertés de l’individu poursuivi.
Parmi les matières mixtes.

B. Evolution du droit pénal


1. Les idées fondant le droit pénal
Doctrines fondées sur l’idée de justice : « punitur qquia peccatum est »:

Dans les civilisations primitives (la loi du talion, Code de Hammourabi…)


Chez les philosophes grecs anciens (Platon) ;
Dans la doctrine chrétrienne ;
Dans la philosophie de la justice absolue.
Doctrines fondées sur l’utilité sociale : « punitur ne peccetur »

L’idée de prévention (bentham) : « La peine doit se faire craindre plus que le plaisir
désirer ».
Ecole néo-classique : doctrines de synthèse (Rossi, Guizot):

Fondé à la fois sur la justice (dans son principe) et sur l’utilité sociale (dans son
application)
Ne punir « pas plus qu’il n’est juste, pas plus qu’il n’est utile » : on éliminera les peines
trop sévères et les peines superflues.
Ecole positiviste italienne

Abandonner les notions de justice :

Droit Pénal Général (Introduction) Pr MADANI Nabil Page 2


o L’école anthropologiste (les facteurs individuels du crime – Lombroso et sa théorie
du criminel-né »).
o L’école sociologique (les facteurs sociaux du crime).
Le pragmatisme :

Retenir les systèmes qui, après expérience, donnent les meilleurs résultats.
Epoque actuelle

La doctrine de la défense sociale nouvelle (Marc Ancel) : prévention et réinsertion.


Une contestation du système social : l’assimilation (hasardeuse) du crime à une
« situation-problème », devant se régler par la conciliation, ou, au pire, par la justice
civile.
Prôner un retour à la notion de responsabilité.
Un regain en faveur de la notion de châtiment, d’intimidation et de neutralisation des
personnes dangereuses.
Tenir compte des données sociologiques, ou médicales et biologiques.

2. Principales étapes marquant l’évolution du droit pénal


Droit pénal-vengeance

Evolution de la justice privée à la justice publique (Loi du Talion, composition,


vengeance publique).
Droit pénal-expiation

Une signification morale.


Droit utilitaire

Intimider le coupable et la collectivité.


Droit pénal éducatif

Reclassement du coupable.
Période ancienne :

Une instabilité de la justice : le droit du plus fort.


Périodes de réactions instinctives privées : une réaction brutale et spontanée contre le
crime.
Au début une vengeance privée (illimitée, non-proportionné au mal causé, une distinction
entre les atteintes mineures et les fautes les plus graves), ensuite une vengeance publique
(limitation de la vengeance avec des degrés, système accusatoire).
L’inconvénient : l’impunité est favorisée.
Des mécanismes régulateurs semblant primitifs : une sorte de proportionnalité de la peine
au mal subi par la victime.
Certains comportements ne vont plus porter atteinte à un autre individu, mais au groupe
social lui-même dans son entier : c’est la société qui va se venger elle-même.

Droit Pénal Général (Introduction) Pr MADANI Nabil Page 3


Le droit pénal n’est alors plus privatif : il prend un caractère public.
La justice privée :

La victime ou son groupe reste le bénéficiaire de la répression mais sous le contrôle d’une
autorité centrale.
L’apparition de l’abandon nodal.
La justice publique :

Le triomphe du droit pénal public (l’Etat en appui du droit romain).


Retour de la vengeance, mais sociale, collective.
Absorption de la justice ecclésiastique par la justice royale.
Arbitraire de la peine.
Types arbitraires : Du Roi/Du juge/Du système répressif.
Le monopole de l’Etat dans la poursuite et la sanction.
L’augmentation du nombre des infractions publiques.
Changement et multiplication des catégories de sanctions et la sévérité des peines.
Procédure inquisitoire : secrète, écrite non contradictoire. Limitation des moyens de
preuve.
Sanction pénale : exemplarité, sévérité et arbitraire.
Justice pénale : extrême complexité, arbitraire et rigueur.
« Un fleuve majestueux s’épuisant en d’innombrables canaux particuliers » Royer.
Une fonction de prévention générale (« spectacle de la douleur »).
Une fonction d’intimidation (« pédagogie de l’effroi »).
Dominance des peines corporelles et des supplices, malgré la présence de certaines
sanctions patrimoniales.
« Homocriminalis » versus cruauté :
o Pendaison,
o Enfouissement,
o Exposition sur la roue la face tournée vers le ciel et les membres brisés,
o Bûcher…
La justice ecclésiastique :

Recherche d’une justice alternative au droit féodal présentant d’inconvénients majeurs.


Certaines particularités liées à la qualité de la peine (afflictive et médicinale).
Le droit pénal musulman :

Plusieurs incriminations sont prévues par le Coran (homicide volontaire, fornication,


brigandage...).
Les éléments constitutifs des infractions définis et soulevés par les jurisconsultes.
L’infraction : toute atteinte à autrui se répercutant nécessairement sur la collectivité dans
le sens d’un trouble : à la fois individuel, collectif et religieux.
La responsabilité suppose un esprit saint.

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3. Le droit pénal marocain contemporain
La naissance du droit pénal marocain contemporain :

Avant le protectorat :

Distribution des peines selon des règles affluant de sources plurielles.


Avant l’arrivée de l’Islam au pays :

La coutume exerçait son pouvoir, sans concurrence aucune.


Les comportements humains prohibés déterminées par les normes pénales produites in
situ.
Pas de compétition entre les coutumes.
Avec l’arrivé de l’Islam au pays :

Difficulté pour la normativité pénale à supplanter le droit de souche :


o Légitimité sociologique de la coutume acquise aux yeux des marocains :
Enracinement de la coutume dans les consciences et les pratiques
Absence de l’indispensable de structure de mise en œuvre sur le terrain.
Place au pragmatisme : recherche de la meilleure des solutions offertes par les systèmes
de répression en compétition.
o Les fervents défenseurs de la charia : compréhension du bénéfice que l’idée de
justice pouvait tirer du maintien de la coutume.
o Les tribus : persuasion de l’impossibilité d’opposition la spécificité des coutumes
aux commandements religieux embrassés spontanément par les habitants.
Processus d’harmonisation et d’hybridation des solutions répressives de sources
différentes :
o Imagination de méthodes maintenant la coutume en activité sans sacrifice du
dogme.
Processus pragmatique d’échange :
o Vivacité des coutumes et éviter tout conflit entre la foi des marocains et les
solutions qu’ils appliquaient.
L’Islam servait de couverture idéologique à la coutume :
o Ses principes juridiques et ses valeurs scrupuleusement protégés.
Besoin du Marocain d’être en règle avec sa foi.
Adaptation des coutumes à la nouvelle conjoncture:
o Soumises aux lois de l’écriture arabe : exposées spontanément au test d’adéquation.
Effets de la négociation implicite avec la charia encore visibles.
Conservation sans peine de la spécificité de la coutume.
Naissance à des solutions sauvegardant le pluralisme, évitant la tension et harmonisant les
lois de la sociologie avec celles de la théologie.

Droit Pénal Général (Introduction) Pr MADANI Nabil Page 5


Pendant le protectorat :

Faute politique du Protectorat :


o Essai sans exploit du Protectorat de l’introduction de son droit pénal et à en imposer
l’application aux Marocains.
Préparer le terrain :
o Fragiliser les liens de solidarité entre normativité pénale islamique et coutume.
o Créer des schismes au sein de la société marocaine.
o Revivification de la coutume aux dépens de la charia.
Imposition du Protectorat de sa supervision de la structure et du fonctionnement de la
justice répressive (d’une certaine manière).
o Retarder la généralisation de l’application de son droit : préparer l’invasion
juridique.
« Dahir berbère » :
o Fonder de grands espoirs pour installer durablement la tension.
o Une tentative de christianisation du pays et de séparation entre Arabes et Berbères.
Un abus juridique incontestable et une violation des principes du Protectorat au détriment
du Sultan :
o Aucun appui local crédible.
Retarder de plusieurs années l’application aux Marocains du droit pénal né en France :
o Les dahirs introduits au Maroc, dès 1912, ne concernaient que les ressortissants
français.
o 1953 : promulgation de 4 dahirs imposant sa législation aux nationaux.
Un triple coup de force :
o Bouleverser la nature du rapport entre l’autorité chargée de créer et de distribuer les
peines et les individus sur lesquels pesait la menace de la punition.
o Constituer l’acte final de tout un processus d’acculturation juridique.
o Le Maroc devint un « pays sans loi » selon les propres termes de l’historien
Charles-André Julien.
S’assurer de la licéité de sa démarche auprès des jurisconsultes musulmans avant
d’accentuer la rigueur du Code pénal.
Faire fi à la longue et exemplaire expérience de coexistence entre Charia et coutume :
o User des moyens à sa disposition pour introduire son droit et en étendre le régime
aux nationaux.
o 40 ans pour engager le Royaume aux chemins de la dépendance juridique.
Reconduction du droit pénal introduit par le Protectorat, aux immédiats lendemains du
retour à l’indépendance.
Après l’indépendance :

Le maintien du statu quo juridique sert à préparer le terrain à la pérennisation de la


validité du modèle transposé par la France au Maroc :

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o La décision de proroger la durée de vie des codifications de 1953 au-delà du jour de
la déclaration du retour à l’indépendance.
Reconduction du droit pénal introduit par le Protectorat, aux immédiats lendemains du
retour à l’indépendance :
o Maintien officiel des quatre dahirs : décision fut prise des semaines avant la
signature de la Déclaration d’Indépendance (le 2 mars 1956).
Comment interpréter, dans ces conditions, la faible réaction de la classe politique contre
une décision manifestement contraire à ses attentes ?
o La réforme profonde de la justice pénale ne pouvait être l’œuvre d’un jour.
o L’affirmation de la souveraineté passait nécessairement par la démonstration de la
capacité de la société à rendre justice.
o Faire avec le système en place.
o Nulle autre issue pratique que celle qui devait compter sur l’existant.
Interdiction de l’exercice par les pachas et caïds des pouvoirs exorbitants et autonomes de
répression.
La pérennisation du modèle légué par le Protectorat.
Décision de caractère technique : monopolisation du pouvoir pénal par l’État.
L’édification d’un ordre pénal nouveau entièrement dépendant de celui en vigueur en
France :
o 1959 : promulgation du Code de procédure pénale.
o 1962 : promulgation du Code pénal.
Les soubassements doctrinaux du droit pénal marocain contemporain :

Si le crime n’existait pas, à quoi servirait le système pénal ?


En même temps, qui peut penser que son existence suffit à l’éradication du crime ?
Pourquoi alors la création des infractions et la distribution des sanctions s’accompagnent-
elles toujours d’un discours éradicateur ?
Pour le système pénal marocain : L’identification préalable des courants de pensée pénale
des idées nourrissant les principales solutions juridiques pénales.
Conservation de la structure classique intacte du système pénal marocain :
o L’infraction est le point d’entrée du labyrinthe judiciaire et l’exécution de la
sanction sa sortie unique.
o Quelques rectifications aux postulats de la doctrine classique et aux fonctions
éliminatrice et dissuasive assignées à la sanction.
o Evolution entravée du système pénal marocain aux questions de fond.
Cession au désir de punir et au souci de prévenir : l’ouverture sur les nouvelles écoles
tout en demeurant attaché aux postulats de la doctrine classique.
Dispose-t-il de la capacité nécessaire pour relever ces défis ?
o Les solutions classiques ne sont ni pragmatiques, ni efficaces.
o Les chiffres sur la délinquance : la surcharge carcérale et l’insuffisance des moyens
mis à sa disposition

Droit Pénal Général (Introduction) Pr MADANI Nabil Page 7


o L’état de la criminalité et le rôle des appareils en charge du contrôle social.
o Entre la criminalité légale et la criminalité réelle se cache un chiffre noir.
L’école néo-classique :
o Abandon du système des peines fixes ;
o Une place de choix consentie aux mesures de sûreté ;
o Le jeu des circonstances atténuantes ou aggravantes et des excuses légales ;
o Des institutions comme le sursis ou la libération conditionnelle ;
o Pousser dans le sens de l’individualisation de l’exécution des peines.
L’influence du contexte est généralement plus déterminante.

C. Contenu du droit pénal


1. Les branches du droit pénal et les sciences criminelles
Branches du droit pénal :

Le droit pénal général

Fixer les règles communes applicables à toutes les infractions de toute nature
Le droit pénal spécial

Etudier les règles applicables à des infractions particulières en en identifiant les éléments
constitutifs et la répression applicable.
La procédure pénale

Renvoyer au procès pénal en définissant l’organisation judiciaire en matière répressive et


le déroulement.
De nouvelles disciplines :

La criminologie

La science qui a pour objet l’analyse des facteurs susceptibles de conduire à des
comportements déviants ou criminels.
La pénologie

L’étude détaillée des sanctions encourues, prononcées et exécutées.


La criminalistique

La recherche des infractions et des criminels par le recours à d’autres disciplines


scientifiques.

2. Les rapports entre droit pénal et autres branches du


droit
Avec le droit civil :

Parfois les sanctions pénales viennent renforcer des sanctions civiles insuffisantes.

Droit Pénal Général (Introduction) Pr MADANI Nabil Page 8


Avec le droit commercial :

Un droit pénal des affaires : lutter contre les agissements frauduleux mettant en péril
l’épargne publique.
Avec le droit du travail :

Des sanctions pénales pour renforcer les obligations de l’employeur.


Avec le droit administratif :

Certains délits font appel à la notion de fonctionnaire.


Le rôle de prévention des infractions rempli par l’administration (la théorie des substituts
pénaux de Ferri).
Avec le droit constitutionnel :

L’évolution de la politique de l’Etat (problème de l’infraction politique).


Des dispositions de la Constitution concernent la responsabilité pénale des membres du
Gouvernement, et les immunités des membres du Parlement.
Avec le droit de l’environnement :

Emergence du droit pénal de l’environnement : lutter contre les comportements portant


atteinte à l’ordre public écologique.

D. Sources du droit pénal


Le droit pénal puise ses fondements de sources différentes, mais la loi reste sa source
principale.

1. La constitution
Edicter des principes et droits (l’essence de fondement du droit pénal) :
o Le principe de la présomption d’innocence (article 23);
o Le droit à un procès pénal équitable (article 23);
o Les droits garantis aux personnes détenues (article 23);
o L’abolition des anciennes pratiques de l’Etat policier (article 23);
o Assigner aux pouvoirs publics la responsabilité de la veille à la protection des
personnes et de leurs biens contre toute infraction (article 21);
o Le principe juridique de portée générale de la non-rétroactivité des lois (article 6).
o De la responsabilité pénale des membres du Gouvernements et du Parlement
(article 94).

2. La loi
Nullum crimen, nulla poena sine lege : La place centrale accordée à la loi, votée par le
parlement, en tant que source principale du droit pénal.
Article 71 : consacré ce principe de légalité
« Sont du domaine de la loi, outre les matières qui lui sont expressément dévolues par
d’autres articles de la Constitutions :

Droit Pénal Général (Introduction) Pr MADANI Nabil Page 9


Les libertés et droits fondamentaux prévus dans le préambule et d’autres articles
de la présente Constitution ; L’amnistie ; La détermination des infractions et des
peines qui leurs sont applicables ; La procédure civile et la procédure pénale ; Le
régime pénitentiaire ; ».

3. Le règlement
Contradiction avec le principe de la légalité de la peine ?
o Les partisans du principe de la séparation des pouvoirs tolèrent mal l’intervention
d’une autorité autre que le législatif dans ce domaine.
o L’intervention du pouvoir exécutif en matière pénal apparaît clairement dans les
contraventions.

4. La jurisprudence
Jouer un rôle très important en matière pénale : adaptation à l’évolution constante et
croissante de la criminalité.
Etendre l’application des dispositions pénales : cerner des faits infractionnels nouveaux
par rapport à l’incrimination prévue par le législateur.
Pas d’autorisation au juge à créer de nouvelles infractions (de la compétence du
législateur).

5. Les traités et les conventions internationales


Le rattachement exprès du Maroc aux conventions internationales :
o Le préambule de la Constitution.
o Le préambule du Code de procédure pénale.
Exemples :
o Pacte international relatif aux droits civils et politiques,
o Convention européenne des droits de l’homme…

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L’INFRACTION

I. L’INFRACTION
L’infraction est un acte ou une omission interdit par la loi sous menace d’une peine.
« L’infraction est une action ou une omission prévue et réprimée par la loi pénale,
imputable à son auteur ».
« Le comportement interdit par la loi sous peine de sanction pénale ».
Les infractions s’articulent toutes autour de constantes fondamentales sans lesquelles il
n’est point de responsabilité pénale.
Une classification des infractions pénales en plusieurs catégories aux régimes juridiques
bien définis.

A. Les éléments constitutifs de l’infraction :


1. L’élément légal
Reposer sur un principe général du droit pénal.
Le principe de la légalité : confirmation par plusieurs traités et conventions
internationales.
Principe de valeur internationale et constitutionnelle : le fondement de la protection des
libertés individuelles contre l’arbitraire du législateur ou du juge
Le fondement : Le législateur devrait légiférer des lois pénales claires, précises et
également accessibles ou prévisibles.
Bien détailler les infractions pour les sanctionner, et même les sanctions.
Certaine souplesse laissée à l’appréciation du magistrat afin d’adapter la sanction aux
faits.
L’application du principe de l’interprétation stricte de la loi pénale.
Les juges ne devraient être que : « les bouches qui prononcent les paroles de la loi ».
MONTESQUIEU
« Aucun magistrat qui fait partie de la société, ne peut sans injustice infliger de son chef
des châtiments contre un autre membre de la société, car une peine qui dépasse la limite
fixée par les lois représente la loi injuste, plus une autre peine ».
BECCARIA
Confirmé dans les œuvres de BECCARlA.
Ignoré depuis longtemps : l’arbitraire absolu sans aucune garantie pour les justiciables.

Droit Pénal Général (Introduction) Pr MADANI Nabil Page 1


En France :

Le point de départ pour respecter ce principe était la révolution française : l’article 8 de la


DDHC.
Repris par l’article du C.P. français de 1810.
Au Maroc :

Avant 1912 : Principe consacré par le droit musulman.


Pendant le protectorat : introduit seulement pour les ressortissants français.
C.P. de 1961 : consécration solennelle du principe.
L’article 3 du C.P. : « Nul ne peut être condamné pour un fait qui n’est pas expressément
prévu comme infraction par la loi, ni puni de peines que la loi n’a pas édictées. »
L’article 4 du C.P. : « Nul ne peut être condamné pour un fait qui selon la loi en vigueur
au temps où il a été commis, ne constituait pas une infraction. »
a. Ni infraction, ni peine, sans texte légal :

Ne peut créer de nouvelle incrimination (ou peine).


Ne peut compléter une loi insuffisante ni appliquer une sanction autre que celle prévue.
b. Interprétation stricte de la loi pénale

Le juge doit s’en tenir à la loi.


« En matière criminelle, il faut des lois précises et point de jurisprudence ». Portalis
Vérifier si les faits reprochés à une personne qui lui est déférée sont susceptibles de
recevoir une sanction pénale.
Rechercher parmi les textes applicables celui qui paraît le plus adéquat.
La qualification des faits :

Spécifier le texte qui sert de fondement légal aux faits poursuivis.


« L’opération par laquelle le juge confronte les faits dont il est saisi aux éléments
constitutifs d’une incrimination déterminée ».
Qualifier une infraction, c’est lui attribuer une place dans la classification tripartite crime-
délit-contravention.
L’interprétation de la loi pénale :

Il arrive que la règle en vigueur soit obscure, incomplète, inadaptée, équivoque, confuse
ou fort extensive.
« Choisir entre les divers sens possible de la règle, celui qui doit l’emporter ».
Le principe de légalité criminelle impose au législateur de rédiger des textes clairs et
précis pour exclure l’arbitraire et permettre au citoyen de régler sa conduite.
Exemples :
Un complément alimentaire peut-il être considéré comme un médicament, avec
cette conséquence que sa vente est pénalement réprimée lorsqu’elle n’est pas le
fait d’un pharmacien ?

Droit Pénal Général (Introduction) Pr MADANI Nabil Page 2


Un terrain nu et clos ne dépendant pas directement d’une maison peut-il être
considéré comme un domicile auquel le droit pénal garantie une protection
particulière ?
Des propos injurieux, tenus dans une réunion publique, caractérisent le délit
d’injure publique alors même que l’auteur de ces propos s’est adressé à un cercle
restreint de militants sur le ton de confidence ?
A qui confier cette mission si délicate ?
Toutes les règles peuvent-elles être interprétées ?
Existe-t-il des règles d’interprétation ?
Les auteurs de l’interprétation :

Penser à l’autorité dont émane la loi.


L’interprétation des lois appartient essentiellement au juge.
L’objet de l’interprétation :

Ceux dont l’interprétation est utile à la solution du procès pénal.


Un texte d’incrimination ou un texte invoqué comme moyen de défense.
Les méthodes d’interprétation :

Les méthodes rejetées :


La méthode littérale ou « judaïque ».
La méthode analogique.
La méthode privilégiée : « Méthode téléologique »
Derrière la lettre du texte, il y a la volonté du législateur.
Découvrir l’esprit qui a animé la genèse du texte : l’intention hypothétique du législateur
actuel.
Délimiter les contours d’une notion incertaine au contenu non défini.
Retarde le vieillissement des textes.
Le contrôle de régularité :

La loi pénale s’inscrit dans un édifice pyramidal construit selon un ordonnancement


précis :
Une loi pénale d’une catégorie inférieure doit nécessairement respecter les normes qui lui
sont supérieures.
La loi pénale doit être examiné à la fois au regard de son domaine et de sa portée.
Le domaine du contrôle : les auteurs du contrôle et son objet.

Le conseil constitutionnel : la conformité de la loi pénale au bloc de constitutionnalité.


Le juge ordinaire : se rapporter à un acte administratif individuel ou réglementaire.
c. Non-rétroactivité de la loi pénale

Valeur constitutionnelle : « La loi ne peut avoir d’effet rétroactif. » Art 6


La loi pénale ne s’appliquera qu’aux faits commis postérieurement à son entrée vigueur.

Droit Pénal Général (Introduction) Pr MADANI Nabil Page 3


Une garantie fondamentale de la liberté des citoyens.
La loi pénale s’applique à tous les actes commis après son entrée en vigueur.
Un acte commis sous l’empire d’une loi déterminée.
Non jugé définitivement : conflit entre la loi antérieure et la loi nouvelle.
Jugé définitivement : non application de la loi nouvelle.
Art 4 du C.P. : « Nul ne peut être condamné pour un fait qui, selon la loi en vigueur au
temps où il a été commis, ne constituait pas une infraction ».
Pour les lois pénales de forme : applicables immédiatement.
Pour les lois de fond : la non rétroactivité est le corollaire de la légalité.
Exception: les lois pénales plus douces s’appliquent immédiatement :
Au niveau des incriminations : dépénalisation, correctionnalisation (critère de
gravité : hiérarchie des infractions).
Au niveau des pénalités : les sanctions moins sévères (critère de gravité : durée).
d. Territorialité de la loi pénale

Peu importe la nationalité de l’auteur ou de la victime de l’infraction.


Immunité aux diplomates dûment accrédités, ainsi qu’aux membres de leurs familles.
La loi pénale d’un pays s’applique à toutes les infractions commises sur le territoire du
pays.
Pas d’application aux infractions commises hors su pays.
Les fondements de ce principe :

La conséquence de la souveraineté nationale.


L’absence de trouble de l’ordre public pour le pays.
Les juridictions et les lois pénales sont compétentes pour juger les infractions commises
par un ressortissant marocain ou étranger se trouvant sur le territoire national (Art. 10).
Le C.P. français étend également aux crimes et délits commis par un Français ou sur la
personne d’un Français.
L’exception :

Les immunités dont jouissent les ambassadeurs représentant leurs pays au Maroc.
La notion de territoire est assez large :

Les navires et les aéronefs marocains quel que soit le lieu où ils se trouvent (Art.
11).
Extension de l’application de la loi pénale marocaine en dehors du territoire
marocain (Art. 12).

2. L’élément matériel :
Existence d’un acte matériel : un fait extérieur, un comportement objectivement
constatable.
Pas de sanction à l’intention coupable non matérialisée pas un certain comportement.
Définition : l’attitude positive ou négative réprimée par la loi.

Droit Pénal Général (Introduction) Pr MADANI Nabil Page 4


Exemples : l’agression contre les personnes en matière de coups et blessures ou
d’homicide; l’accomplissement des manœuvres frauduleuses ou l’usage d’un faux nom
en cas d’escroquerie...
Pas toujours besoin de la réalisation d’un résultat pénal sauf si la loi le prévoit
expressément.
Subordonnée au passage à l’acte, c'est-à-dire à l’extériorisation des projets criminels.
Justifications de l’impunité de la phase de la résolution :
L’absence du trouble à l’ordre social.
Actes très souvent équivoques pour les imputer à ses auteurs.
Pas de sanction à l’état dangereux en droit pénal selon la vision de M.M MERLE et
VITU :
« nul ne peut être puni que pour l’infraction qu’il a matériellement commise, et non pas
en prévision de l’infraction qu’il risque de commettre».
Pas d’infraction sans activité matérielle.
Assouplissements du principe sous un angle préventif.
Pas d’infraction sans activité matérielle : pas d’incrimination d’une simple intention
criminelle qui ne s’est pas concrétiser par une manifestation extérieure.
Fait générateur de responsabilité pénale indispensable pour sa formation.
a. Les infractions de commission

Dans la plupart des cas, l’élément matériel de l’infraction est un acte positif.
Exemples : l’empoisonnement, le délit de faux et l’usage de faux sont des actes de
commission.
Parfois, les frontières entre la commission et l’omission sont difficiles à établir.
Exemple : la mort de la victime en cas de meurtre, peut résulter d’une simple abstention.
Rejet de la notion de commission par omission.
b. Les infractions d’omission

Comportements pénaux passifs.


Découler d’une obligation de solidarité : Il faut aider son prochain en danger.
Comportement moral : impossibilité de se désintéresser du sort malheureux d’autrui.
Sanctionner le non-respect d’une obligation de faire.
Exemples : l’omission de témoigner en faveur d’un innocent (article 378 du Code pénal),
l’abandon de famille (article 480 du Code pénal)...
c. Les degrés de l’élément matériel :

Sanction de la tentative interrompue et de la tentative infructueuse?


La conception objective d’inspiration allemande :

Pas de sanction de la tentative en générale, mais en fonction de sa manifestation et du


trouble social.

Droit Pénal Général (Introduction) Pr MADANI Nabil Page 5


La conception subjective d’inspiration italienne :

Sanction de toutes les tentatives que l’infraction consommée.


d. L’incrimination de la tentative :

« Toute tentative de crime qui a été manifestée par un commencement ou par des actes
non équivoques tendant directement à la commettre, si elle n’a été suspendue ou si elle
n’a manqué son effet que par des circonstances indépendantes de la volonté de son
auteur, est assimilée au crime consommé et réprimée comme tel » Article 114.
Conditions de l’incrimination de la tentative :

Commencement d’exécution :

Poser un sérieux problème (essentiellement lors de la distinction avec les actes


préparatoires restant impunis).
Pas de tentative punissable si le processus criminel est interrompu au cours de la phase de
préparation de l’infraction :
Un acte préparatoire est par nature équivoque;
Possibilité de revenir sur l’intention criminelle entre un acte préparatoire et la
commission de l’infraction.
Lorsque « l’acte tend directement au délit » ou « doit avoir pour conséquence
directe et immédiate de consommer le crime, celui-ci étant entré dans sa période
d’exécution ».
Un désistement involontaire :

Un commencement d’exécution ne peut constituer une tentative punissable que s’il a été
interrompu par «des circonstances indépendantes de la volonté de son auteur», Article
114 CP.
Entraîner l’impunité à condition qu’il soit antérieur à la consommation de l’infraction et
qu’il résulte d’une interruption volontaire.
Pas d’interruption volontaire lorsque la tentative est suspendue par un événement
extérieur et contraignant.
Répression de la tentative à l’instar du crime consommé, mais non la tentative de la
complicité.
Une intention coupable :

L’acte doit par ailleurs être accompli avec l’intention irrévocable de commettre
l’infraction
L’incrimination de la tentative :
Crime : répression de toutes les tentatives.
Délit : punition des cas expressément énumérés par la loi (article 115 du Code
pénal).
Contravention : pas de sanction à la tentative.

Droit Pénal Général (Introduction) Pr MADANI Nabil Page 6


L’infraction impossible et l’infraction manquée :

Cas assimilés à la tentative : l’agent a fait tout ce qui était en son pouvoir pour que
l’infraction se réalise, mais celle-ci a échoué indépendamment de sa volonté et sans
intervention extérieure.
Première hypothèse : l’élément matériel de l’infraction est intégralement accompli avec
l’intention requise mais l’action n’a pas produit le résultat voulu en raison d’une
défaillance quelconque.
Seconde hypothèse : l’agent a mis en œuvre tout ce qui était nécessaire pour réussir mais
l’infraction était vouée à l’échec pour une raison dont il n’était pas informé.
L’infraction manquée ou infructueuse :

Traiter l’infraction manquée au même titre que la tentative. (Art. 114 du CP).
Une différence notable entre la tentative manifestée par un commencement d’exécution et
interrompue à ce moment-là et l’infraction manquée.
Exprimer la volonté de l’agent d’aller jusqu’au bout pour perpétrer l’infraction : le
résultat de l’infraction n’a pas été atteint bien que tous les actes matériels aient été
accomplis par le délinquant.
L’infraction impossible :

Correspondre à la situation dans laquelle le délinquant ne parvient au résultat recherché


en raison d’une impossibilité matérielle dont il ignorait l’existence.
Correspondre à la tentative prévue par l’article 117 du Code pénal.
Pas d’intérêt pratique de cette distinction : le législateur marocain assimile l’infraction
impossible à la tentative.

3. L’élément moral :
Nécessité de l’intention coupable : insuffisance de la participation matérielle et même la
relation de causalité, en matière de crime pour engager la culpabilité.
Qualifié d’intellectuel, psychologique ou moral : l’attitude psychologique répréhensible
moralement et socialement.
Point de crime ou de délit sans intention de le commettre, à l’exception de la mise en
danger délibérée d’autrui et de l’infraction d’imprudence (Art. 133 CP).
Etablir la distinction entre les fautes intentionnelles et les fautes non intentionnelles.
a. La faute intentionnelle :

Définie comme la volonté de commettre un acte que l’on sait interdit ou comme
l’intention de violer la loi pénale.
La volonté renforcée de commettre une infraction pénale.
Dol général : une volonté criminelle générale;

L’élément commun ou le dénominateur commun à toutes les infractions intentionnelles:


la volonté consciente de commettre le délit tel que la loi le prévoit.

Droit Pénal Général (Introduction) Pr MADANI Nabil Page 7


Expressions spécifiques démontrant la notion du dol : «sciemment», «volontairement»,
«intentionnellement», «délibérément», «avec connaissance».
Distinguer le dol ou l’intention et le mobile (la motivation ou la raison antérieure) : c’est
le mobile qui anime l’intention.
Le dol spécial :

Conçu seulement pour certaines infractions.


L’intention d’atteindre un résultat prohibé.
Exemple : l’intention de tuer dans l’homicide volontaire.
Insuffisance de l’intention de faire mal à la victime et que celle-ci soit
effectivement morte.
Pas d’exonération du fautif : condamné sous une autre qualification.
Etabli par le ministère public pour que la qualification de meurtre puisse être
retenue.
b. La faute non intentionnelle :

Prévues par l’article 432 et suivants du Code pénal : des fautes d’imprudence, de
maladresse ou de négligence.
Chercher l’acte et non pas les conséquences dommageables qui vont résulter : absence de
toute trace d’intention.
L’appréciation liée à la situation ou au comportement d’une personne raisonnable placée
dans les mêmes circonstances.

B. La classification des infractions


1. La distinction légale :
La distinction fondamentale prévue par le code pénal.
Classer les infractions selon leur gravité :
Basée sur l’élément légal de l’infraction.
S’articuler autour des peines applicables.
Classification tripartite : crimes, délits et contraventions.
L’art. 111 du CP : prévoir en apparence une classification quadripartite (crime, délit
correctionnel, délit de police ou contravention).
Les art. 16, 17 et 18 du CP soutiennent la distinction tripartite : tenir compte du régime
juridique identique des deux sous-catégories de délits et des intérêts qui les unissent.
L’art. 16 : déterminer les peines criminelles principales (la mort, la réclusion perpétuelle,
la réclusion à temps pour une durée de cinq à trente ans, la résidence forcée et la
dégradation civique).
L’art. 17 : prévoir les peines délictuelles principales (l’emprisonnement de un mois à cinq
ans et l’amende de plus de 1200 DHS).
L’art. 18 : énumérer peines contraventionnelles (la détention de moins d’un mois et
l’amende de 30 à 1200 DHS).

Droit Pénal Général (Introduction) Pr MADANI Nabil Page 8


Pas de définition de la nature des infractions par le législateur : les peines applicables
comme critère de distinction entre le crime, le délit et la contravention.
Les intérêts de la distinction :

La tentative :

Toujours punissable en matière criminelle (art. 114 CP).


N’est Punissable en matière délictuelle que si la loi le prévoit expressément (art. 115).
Pas de punition de la tentative en matière contraventionnelle (art. 116 CP).
La prescription de l’action publique et des peines :

Crimes : 20 ans.
Délit : 5 ans.
Contraventions: 2 ans.
La complicité :

Pas de complicité en matière contraventionnelle.


Le statut de la récidive :

Crime : retenue sans aucune limite de temps entre ses deux termes.
Délit : s’il a d’abord fait l’objet d’une condamnation à une peine d’emprisonnement et a
commis, avant l’écoulement d’une période de cinq ans, un délit similaire passible
d’emprisonnement.
Contravention : commettre une autre contravention dans les douze mois qui suivent sa
première condamnation.

2. Classification particulière :
Répartir les infractions en neuf catégories principales qui visent des faits voisins et
proches.
Catalogue dominé par le caractère technique : par de hiérarchie de l’objet des infractions,
ni de leur gravité, ni de l’importance des valeurs et des biens juridiques protégés.
a. Classification fondée sur l’élément matériel :

Se référer à la durée, à la répétition des actes de l’infraction matérielle par rapport au


résultat obtenu.
Infraction instantanée et infraction continue :

Une infraction peut être exécutée dans un laps de temps bref comme elle peut durer un
certain temps voire des années.
La distinction entre les deux infractions : la durée ou le temps nécessaire à la réalisation
de l’infraction.
La distinction entre l’infraction continue et l’infraction continuée ou successive :
L’infraction continue : un seul acte d’exécution qui nécessité un certain temps.

Droit Pénal Général (Introduction) Pr MADANI Nabil Page 9


L’infraction continuée : se dérouler sur un certain temps se caractérisant par l’unité de but
et des moyens d’action.
Infraction simple et infraction d’habitude et complexe :

L'infraction simple

Une infraction dont la consommation suppose l'accomplissement d'un acte unique.


Nécessiter un seul type d’opération matérielle.
L’infraction complexe

L’accomplissement de plusieurs actes matériels qui ont une nature différente.


L’infraction d’habitude

L'accomplissement de deux actes de même nature par une même personne.


Infractions formelles et infractions matérielles et infractions obstacles :

Les infractions matérielles

L'accomplissement d'un acte matériel.


La réalisation suppose un dommage.
Les infractions formelles

L’accomplissement d’un acte matériel.


Consommée par le seul accomplissement de l'acte incriminé.
Les infractions obstacles

Un comportement dangereux susceptible de produire un résultat dommageable.


La production du résultat caractérise une autre infraction.
b. Classification fondée sur l’objet

Les infractions de droit commun

Porter atteinte aux personnes et aux biens et qui ne sont pas ni politiques, ni militaires.
Les infractions politiques

Commises dans un but idéologique.


Les infractions militaires

La violation d’un devoir purement militaire ou qui ont été commises par un militaire.

Droit Pénal Général (Introduction) Pr MADANI Nabil Page 10


UHII – CASABLANCA Licence Fondamentale
Module : Droit Pénal Général
FSJES Ain Sebaa Droit en Français
Pr MADANI Nabil Année Universitaire : 2016/2017 Etudiant : ……………………………………………………………...

LA RESPONSABILITE PENALE

II. LA RESPONSABILITE PENALE


A. L’auteur de l’infraction ou le délinquant
Notion de délinquant :
Celui qui commet une infraction à la loi pénale :
A titre principal : auteur de l’infraction.
Avec un ou plusieurs autres individus : co-auteur.
Participation à la réalisation de l’infraction sans l’exécuter lui-même : complice.
Non seulement ceux qui ont commis eux même l’infraction mais encore ceux qui ont aidé
à réaliser cette infraction.
La personne qui réalise le trouble social.
a. Notion de délinquant : personne physique

Irresponsabilité des animaux et des choses ainsi que les être humains privés des dites
facultés.
Accomplir l’infraction, à titre d’auteur, de responsable principal de la réaction sociale.
Auteur d’une infraction : toute personne qui l’exécute matériellement.
L’hypothèse où la personne qui exécute n’est qu’un figurant :
Attacher la qualité d’auteur à l’individu qui dirige la réalisation de l’infraction.
b. Notion de délinquant : personne morale

L’individualisme perd de plus en plus de terrain : laisser place aux activités et aux
aspirations des groupes.
Organisation des intérêts intellectuels et matériels dans le cadre d’institutions, de groupes.
Acquérir une condition sociale semblable à celle de la personne physique.
Gagner des droits et soumission à des obligations ou devoirs.
Personne morale : auteur et comme complice d’infraction ?
L’article 127 du CP :

Condamnées à des peines pécuniaires et aux peines accessoires de l'article 36.


Soumises aux mesures de suretés de l'article 62.
Innovation du CP de 1962 avant le CP français :

Mettre en exergue cette responsabilité pénale des personnes morales (limitée aux sociétés
anonymes nouvellement créées).

Droit Pénal Général (La responsabilité pénale) Pr MADANI Nabil Page 1


Obligation du respect des valeurs fondamentales de la société, sanctionnées par le droit
pénal.
Constituer des forces génératrices de délinquance.

B. Pluralité des participants à l’infraction


La complicité :
a. Le complice :

Celui qui sans accomplir personnellement les éléments constitutifs de l’infraction, l’a
seulement facilité ou provoqué.
Ex : payer l’assassin, lui prêter l’arme du crime…
S’associer à la commission de l’infraction imputable à l’auteur principal par un
comportement nécessairement distinct de celui du co-auteur ou de l’auteur.
b. La complicité :

Un mode particulier de participation criminelle : une pluralité de participants intervenant


à des titres divers dans la réalisation d’une même entreprise délictueuse (infraction).
c. Eléments de la complicité :

Elément légal

Un fait principal punissable (exceptions : le suicide, contravention).


Elément matériel

Crime ou délit consommé ou simplement tenté.


Elément moral

L’intention de faciliter la réalisation de l’infraction principale.

C. L’irresponsabilité pénale

Droit Pénal Général (La responsabilité pénale) Pr MADANI Nabil Page 2


a. Les causes subjectives :

L’imputabilité : la capacité de comprendre et de vouloir.


La minorité pénale :

Distinguer différentes tranches d’âges


Au dessous de 12 ans le mineur
Irresponsabilité totale pour défaut de discernement.
L’objet de mesures éducatives ou de rééducation (Art. 516).
Entre 12 et 18 ans :
Partiellement responsable pour insuffisance de discernement.
Atteindre l’âge de la majorité pénale :
Responsabilité pleine.
L’aliénation mentale :

La démence
Une altération totale et durable de facultés mentales (Art. 134) :
Une démence totale ayant aboli le contrôle des actes.
Contemporaine à l’acte délictuel.
Constatation des troubles par une expertise médicale : déclaration d’irresponsabilité totale
et internement dans un établissement psychiatrique.
Les états voisins de la démence :
Des états intermédiaires : altération partielle de la faculté de discernement.
b. Les causes objectives (Art. 124) :

L’ordre de la loi et commandement de l’autorité légitime :

Accomplir un acte prescrit par la loi ou autorisé par des législations ou réglementation.
Exécution exclusive par l’intermédiaire d’un commandement de l’autorité légitime : une
autorité civile ou militaire ou publique.
Ex. : la violation du domicile, l’exécution capitale, divulgation du secret
professionnel.
Légitime défense :

Repousser par la force une agression imminente et injuste.


Pas de contradiction avec le principe « Nul ne peut se faire justice par lui-même » : un
droit et un devoir de justice.
« Je cite l’attaque est la négation du droit, la défense est la négation de cette négation,
donc l’application du droit ». Eigen
Conditions de l’agression : Actuelle et imminente/injuste.
Conditions de la défense : nécessaire/proportionnée (répondre à un coup de poing par un
coup de feu).
Les effets : Pas de responsabilité pénale.

Droit Pénal Général (La responsabilité pénale) Pr MADANI Nabil Page 3


Etat de nécessité :

L’état d’un individu tant en gardant sa liberté de décision est obligé pour échapper à un
danger qui le menace ou qui menace autrui de commettre une infraction.
Un choix s’impose, subir le dommage ou commettre l’infraction :
Mal ou danger imminent et inévitable.
Proportionnalité entre le mal évité et le mal infligé.
Exemples :
La mère qui volera le pain pour nourrir son enfant mourant de faim
Le médecin qui pour sauver la mère, tue l’enfant dont elle allait accoucher.
Sacrifier une vie humaine pour sauver un animal exclut l’état de nécessité.

Droit Pénal Général (La responsabilité pénale) Pr MADANI Nabil Page 4


III. LA PEINE
La commission de l’infraction implique une réaction de la société qui a subi un trouble
consécutif. Cette réaction sociale qui a pour but de préserver l’ordre social, se traduit soit par
une réaction répressive (condamnation à une peine) soit par une réaction de protection
préventive (Application d’une mesure de sureté).
C’est de façon purement abstraite que le législateur apprécie la gravité des infractions. En
fonction des mœurs politiques du moment ou du contexte international, il fera de l’infraction
qu’il réprime un crime, un délit ou une contravention et il fixera la peine objectivement
encourue, pour cette infraction par n’importe quel délinquant.
Par exemple, aux termes de l’article 490 du Code pénal marocain, « sont punies de
l’emprisonnement d’un mois à un an, toutes personnes de sexe différent qui, n’étant pas unies
par les liens du mariage, ont entre elles des relations sexuelles ». C’est là une infraction
strictement fondée sur le confessionnalisme musulman (crime et péché de zina).
De même, aux termes des articles 191 et 192 du Code pénal marocain, l’espion coupable
d’une atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat est passible, « en temps de guerre » de la
réclusion de cinq à trente ans, et « en temps de paix » d’un emprisonnement d’un à cinq ans.
Il est toutefois nécessaire que la sanction pénale soit adaptée par le juge au degré de
responsabilité propre à chaque délinquant. Lorsque la sanction pénale est temporaire,
l’individualisation du châtiment par le juge peut non seulement s’opérer dans les limites du
minimum légal, mais également excéder ces limites sous la forme d’une atténuation au-
dessous du minimum ou d’une aggravation au-dessus du maximum. C’est là tout le problème
de l’individualisation de la sanction pénale. Celle-ci est rarement définitive ; elle n’est pas
même toujours appliquée ; il importe donc de s’interroger sur ses causes d’exemption ou
d’extinction.

A. Les techniques de sanctions :


Le droit pénal marocain utilise les deux techniques de sanctions :
Les peines ; et
Les mesures de sureté.
D’ailleurs la lutte contre la criminalité nécessite aussi bien le recours aux peines qu’aux
mesures de sureté. Classiquement le droit pénal marocain ne connaissait comme sanction
pénale que la peine qui lui a d’ailleurs donné son nom.

Par la suite l’arsenal répressif s’est enrichi de sûreté pour permettre une meilleure protection
de la société et pour mieux assurer la réadaptation de l’individu.
Définition :
La peine : est un châtiment, un mal infligé au délinquant en rétribution de l’infraction qu’il a
commise.
Fonctions et caractère de la peine :

Droit Pénal Général (La peine) Page 1


1. La peine :
Elle remplit certaines fonctions, au nombre de trois qu’elle conserve à travers le temps et
l’espace :
Fonction d’intimidation

L’exemplarité de la peine est telle qu’elle puisse impressionner les délinquants à qui elle est
impliqué, elle joue à leur égard une fonction d’intimidation individuelle, et décourager les
imitateurs éventuels.
L’exemple du malfaiteur ou délinquant puni, fait réfléchir les délinquants éventuels et les
détourne de la criminalité, c’est alors l’intimidation collective.
Fonction de rétribution ou fonction morale

La peine est la juste sanction de la faute commise et du trouble social occasionné par
l’infraction, le délinquant assume les conséquences de ses actes et accepte la règle du « jeu
social » qui veut que la faute mérite punition, la peine représente le tarif de l’infraction ou le
prix à verser pour le mal qui a été causé.
Fonction de réadaptation

C’est une fonction prédominante, on peut dire que la peine se préoccupe de l’avenir dans un
but social de réadaptation, l’évolution du droit pénal a placé au premier rang la fonction de
réadaptation. La peine n’est pas seulement un châtiment pour une infraction commise, elle a
aussi pour but de corriger et de rééduquer le condamné dans un esprit de respect des règles de
la vie en société. Ce but ne pourra être atteint que si la période de privation de liberté est mise
à profit pour obtenir que le délinquant, une fois libéré soit capable de vivre en respectant la
loi. Cette fonction d’amendement et de réinsertion sociale est même pour la société un devoir,
pour cela une assistance postpénale est indispensable. Notre pays s’est engagé dans cette voie,
et il convient à ce sujet de rendre hommage à la fondation Mohammed VI pour la réinsertion
des détenus qui a veiller depuis sa création en 2002 à améliorer les conditions des détenus
faisant du milieu carcéral, un espace d’éducation et de formation, ce qui permet au détenus de
corriger leurs comportements, d’acquérir les compétences, d’apprendre un métier qui les
orientent vers le marché de l’emploi.

2. Les caractères fondamentaux de la peine :


Caractère afflictif

Il découle directement de sa fonction rétributive, la peine est un châtiment, une souffrance,


l’individu se voit infligé une sanction pour la faute qu’il a commis. Elle frappe le condamné
dans sa liberté, son patrimoine, ses droits ou sa réputation et donc de ce fait, elle est ressentie
comme quelques chose de pénible, c’est une privation.
Caractère infamant :

Droit Pénal Général (La peine) Page 2


La peine implique un blâme social, le coupable qui a enfreint l’ordre social est désigné à la
réprobation publique. Cependant ce blâme ne doit pas être poussé très loin pour ne pas
empêcher le reclassement de l’individu après l’exécution de la sanction.
Caractère déterminé et définitif :
La durée de la peine est déterminée d’une manière précise par le juge qui dispose au moment
du prononcé de sa décision, de tous les éléments pour doser et prononcé la peine. Le jugement
pénal, la décision judiciaire qui prononce la peine devient définitive à l’expiration des voies
des recours. Elle acquiert l’autorité de la chose jugée.

3. Mesure de sureté :
Le droit pénal marocain utilise les deux types de sanctions, à savoir la peine et les mesures de
sureté, les unes et les autres peuvent être appliqués même cumulativement à un délinquant
exemple : La possibilité de placer sous la liberté surveillé (mesure de sureté) qui concerne le
mineur qui fait l’objet d’une condamnation pénale contenu, le droit pénal marocain utilise
principalement les peines et accessoirement les mesures de sureté.
La mesure de sureté est une sanction pénale individuelle, coercitive (contrainte) et sans
coloration morale imposé à l’individu reconnu dangereux pour l’ordre social et ceci afin de
prévenir dans un but de défense sociale, que son état dangereux rend probable. L’état
dangereux, c’est redoutabilité, la capacité criminelle ou la forte probabilité de voir cet
individu enfreindre la loi.
La mesure de sureté ne nécessite pas une faute pénale, elle est déclenché par l’état dangereux
d’un individu même irresponsable, donc elle s’attache moins à l’infraction commise qu’a
l’état dangereux que représente le délinquant des peines

4. Principes communs aux peines et mesures de sureté :


Les peines et mesures de sureté qui ont pour objet de prévenir ou de réprimer les infractions
sont soumises à des principes communs qui constituent par ailleurs des garanties
indispensables pour la personne accusée d’avoir enfreint ou d’être susceptible d’enfreindre la
loi pénale et qui sont au nombre de trois :
Le respect du principe de la légalité :
Qui s’applique aussi bien aux peines qu’aux
mesures de sureté.
Pour cette dernière la règle du non rétroactivité ne s’applique pas aux mesures de sureté, on
admet que le juge peut utiliser toute mesure de suretés applicable à l’état dangereux le jour du
jugement de l’infraction.
Le respect de la dignité de la personne :
La loi interdit toute atteinte à la dignité de la personne qui ne doit être soumise ni à la torture
ni à des traitements cruels et inhumains.
La nécessité de l’intervention de l’autorité judiciaire, peines et mesures de suretés ne peuvent
être prononcé que par le juge répressif

Droit Pénal Général (La peine) Page 3


5. Fonctions et caractères de la mesure de sureté :
Buts de la mesure de sureté :
N’ayant pas de coloration morale, la mesure de sureté n’a ni fonction d’intimidation ni
fonction de rétribution, elle n’a pas à considérer le passé, elle ne poursuit donc aucun but
rétributif, elle ne considère que l’avenir, le but de la mesure de sureté est exclusivement un
but de prévention.
Caractères de la mesure de sureté :
Moralement neutre :

La mesure de sureté n’a ni caractère afflictif ni caractère infamant à la différence de la peine.


La mesure de sureté ne vise pas à infliger une souffrance, un blâme, ou une humiliation on
parle à cet égard de l’amoralité de la mesure de sureté.
L’indétermination de la mesure de sureté :

La mesure de sureté s’accommode par essence à une certaine imprécision. Elle ne doit
normalement cesser qu’avec la disparition de l’état dangereux, or ni le législateur ni le juge ne
peuvent fixer à l’avance le temps nécessaire à la disparition de l’état dangereux. Cependant le
respect de la liberté individuelle s’oppose à l’indétermination absolue de la mesure de sureté
pour des raisons de sécurité juridique, l’autorité judiciaire fixe la durée maximale de la
sanction dans les limites établies par la loi.
Caractère révisable :

La mesure de sureté doit être continuellement adapté à l’évolution de l’état dangereux du


sujet, elle est variable comme lui, elle doit pouvoir être révisé à tout moment, elle est donc
susceptibles de modification postérieurement après le prononcé du jugement

6. Nomenclature des peines :


Tout d’abord l’article 14 du code pénal dénonce une distinction entre les peines principales et
les peines accessoires.
La peine principale :
Elle est la sanction essentielle de l’infraction, celle qui s’applique directement à l’infraction
qui sert de référence pour qualifier l’infraction.
La peine accessoire :
C’est celle qui s’ajoute à la peine principale, elle constitue une mesure secondaire appuyé sur
la peine principale et ne peut être prononcé sans elle, elle est donc la conséquence de la
condamnation principale et elle a généralement pour but d’en assurer l’efficacité. Ce sont des
peines qui sont automatiquement appliqués à certaines peines principales, elles suivent celles-
ci même si le juge ne les a pas expressément prononcé.
Les peines principales

a) Les peines affectant l’intégrité corporelle :


C’est la peine de mort (Article 16 du code pénal).

Droit Pénal Général (La peine) Page 4


b) Les peines affectant à la liberté :
Ces peines se subdivisent en : peines privatives de liberté et peines restrictives.
Les peines privatives de liberté.
Les peines restrictives de liberté ou la résidence forcée (Article…)
Les peines privatives de droit.
Les peines pécuniaires.
Les peines accessoires (Article 36 à 48 du code pénal)

7. La nomenclature des mesures de sureté (Article 61 à


91)
On distingue deux types de mesure de sureté :
• Les mesures de suretés personnelles qui s’attachent au délinquant lui-même considérés
comme porteur de tendances criminelles qui doivent être supprimés
• La relégation : Selon l’art 63, consiste dans l’internement dans un établissement de travail
pour une durée qui ne peut être inférieure à 5ans ni supérieure à dix ans, à compter du jour où
cesse l’exécution de la peine.

B. L’INDIVIDUALISATION DE LA SANCTION PENALE


Il est extrêmement rare que la sanction pénale prévue par le code de 1962 soit fixe, comme
c’est le cas pour la peine de mort, pour la réclusion perpétuelle, pour la dégradation civique
ou pour les mesures de sûreté réelles. La plupart des peines principales et des sanctions qui en
sont l’accessoire sont, en effet, susceptibles de variation entre un minimum et un maximum. Il
en va de même des mesures de sûreté ; mais l’individualisation de ces dernières est
spécifique.
L’article 141 du Code pénal marocain fixe à cet égard les prérogatives du juge : « Dans les
limites du maximum et du minimum édictés par la loi réprimant l’infraction, le juge dispose
d’un pouvoir discrétionnaire pour fixer et individualiser la peine en tenant compte d’une part,
de la gravité de l’infraction commise, d’autre part de la personnalité du délinquant ».
Cependant les limites légales ne sont pas toujours infranchissables. Le juge, conformément à
l’article 142 du Code pénal marocain, peut, selon les cas, être « tenu » d’appliquer au
coupable, soit une peine atténué, soit une peine aggravée.

1. L’ATTENUATION DE LA SANCTION
Elle peut être fondée soit sur une cause légale d’atténuation, il s’agit alors des excuses
atténuantes, soit sur une cause judiciaire d’atténuation, il s’agit alors des circonstances
atténuantes. Dans l’un et l’autre cas, la sanction est atténuée, mais « la catégorie de
l’infraction n’est pas modifiée », même si le juge prononce une peine « afférente à une autre
catégorie d’infraction » (article 112 du Code pénal marocain).

Droit Pénal Général (La peine) Page 5


a) LES EXCUSES ATTENUANTES
Ce sont « des faits qui , tout en laissant subsister l’infraction et la responsabilité assurent aux
délinquants… une modération de la peine » (article 143 du Code pénal marocain).
Le Code pénal marocain de 1962 distingue dans l’échelle des causes d’atténuation, dressée
dans l’article 161, les « excuses légales atténuantes inhérentes à la commission de
l’infraction », c’est-à-dire les excuses réelles, et les « excuses légales atténuantes inhérentes à
la personnalité de l’auteur de l’infraction », c’est-à-dire les excuses personnelles. Cette
classification ne présente d’intérêt que pour la fixation de la sanction (articles 161 et 162 du
Code pénal marocain) et la situation du complice (article 130 du Code pénal marocain). Si on
envisage, en revanche, le substrat criminologique de l’atténuation, trois types d’excuses
peuvent être dégagés du droit pénal général marocain : une excuses générale liée à la
minorité, une excuses spéciale liée à la provocation et une excuses utilitaire liée à la
soumission.
L’EXCUSE DE MINORITE
Elle est générale dans la mesure où toutes les infractions commises par le mineur de moins de
douze ans, voire de 12 à 18 ans, sont susceptibles d’être excusées.
En bénéficient obligatoirement les mineurs de 12 à 18 ans, car ils sont considérés « comme
partiellement irresponsable en raison d’une insuffisance de discernement » (article 139 du
Code pénal marocain, modifié par la loi n° 24-03 promulguée par le dahir n° 1-03-207 du 16
ramadan 1424 (11 novembre 2003). Ils doivent donc
EN MATIERE DE CRIME OU DE DELIT

Normalement bénéficier des mesures de protection ou de rééducation propres à l’enfance


délinquante (article 147 du Code pénal marocain ; article 493 de la loi n° 22-01 portant Code
de la procédure pénale, promulguée par le dahir n° 1-02-255 du 25 rejeb 1423 - 31 octobre
2002 - ).
Exceptionnellement être condamné en raison des circonstances et de la personnalité du
délinquant et en motivant spécialement la décision, à une des peines atténuées de l’article 471
du Code de la procédure pénale (article 512 du Code de la procédure pénale) :
· Si l’infraction commise était passible de la peine de mort, de la réclusion perpétuelle
ou de la réclusion à temps de 30 ans pour un délinquant majeur, le mineur doit être condamné
à une peine de dix à quinze ans d’emprisonnement (article 493 alinéa 3 du Code de la
procédure pénale) ;
· Si l’infraction commise était passible de la réclusion à temps, il doit être condamné à
une peine de trois à dix ans d’emprisonnement ;
· Si l’infraction commise était passible de l’emprisonnement, le maximum et le
minimum de la peine prévue par la loi doivent être diminués de moitié.
EN MATIERE DE CONTRAVENTION

Soit faire l’objet d’une admonestation ;


Soit être condamné à l’amende prévue par la loi (article 468 du Code de la procédure pénale).

Droit Pénal Général (La peine) Page 6


L’EXCUSE DE PROVOCATION
Il s’agit d’une excuse spéciale qui s’applique « à une ou plusieurs infraction déterminées »
(article 144 du Code pénal marocain). Cette norme peut s’appartenir à la légitime défense
dans la mesure où l’agent a été poussé à commettre l’infraction par une attitude antérieure de
l’agresseur ; elle s’en différencie, car elle suppose une agression déjà consommée. L’excuse
de provocation vient en quelque sorte atténuer la portée pénale de l’excès de légitime défense,
de la disproportion entre la riposte et l’attaque. Elle peut également, selon les cas, trouver son
fondement dans une trop forte émotion : si « les états passionnels u émotifs » ne peuvent
exclure ou diminuer la responsabilité (article 137 alinéa 1 du Code pénal marocain), ils
peuvent cependant parfois excuser l’infraction et partant atténuer la sanction.
1. DOMAINE DE L’EXCUSE

a. Principe :
Ce domaine est étendu par le code aux réactions suscitées non seulement par les crimes et
délits « contre les personnes » (l’excuse vient ici atténuer les effets pénaux d’une légitime
défense excessive), mais également par les crimes et délits « contre la moralité publique »
(l’infraction semble ici excusable par la « légitime » émotion de l’agent).
Crimes et délits contre les personnes
L’article 416 du Code pénal marocain dispose « Le meurtre, les blessures et les coups
excusables s’ils ont été provoqués par des coups ou violences graves envers les personnes ».
L’article 417 du Code pénal marocain dispose « Le meurtre, les blessures et les coups sont
excusables s’ils ont été commise en repoussant pendant le jour l’escalade ou l’effraction des
clôtures, murs ou entrées d’une maison ou d’un appartement habité ou de leurs
dépendances ».
Crimes et délits contre la moralité publique
Adultère de l’épouse : L’article 418 du Code pénal marocain dispose « Le meurtre, les
blessures et les coups sont excusables, s’ils ont été commis par l’un des époux sur la personne
de l’autre, ainsi que sur le complice à l’instant où il les surprend en flagrant délit d’adultère ».
Attentat à la pudeur : Aux termes de l’article 419 du Code pénal marocain « Le crime de
castration est excusable s’il a été immédiatement provoqué par un attentat à la pudeur commis
avec violence ».
L’article 421 du Code pénal marocain dispose « Les blessures et les coups sont excusables,
lorsqu’ils sont commis sur la personne d’un adulte surpris en flagrant délit d’attentat à la
pudeur ou de tentative d’attentat à la pudeur, réalisé avec ou sans violences, sur un enfant de
moins de dix-huit ans.
Les mêmes faits sont excusables lorsqu’ils sont commis sur la personne d’un adulte surpris en
flagrant délit de viol ou de tentative de viol ».
Fornication : L’article 420 du Code pénal marocain dispose « Les blessures faites ou les
coups portés sans intention de donner la mort, même s’ils l’ont occasionnée, sont excusables
lorsqu’ils ont été commis par un chef de famille qui surprend dans son domicile un commerce
illicite, que les coups aient été portés sur l’un ou l’autre des coupables ».

Droit Pénal Général (La peine) Page 7


b. Exception
Deux crimes ne sont jamais excusables en fonction de leur gravité particulière :
· Attentat contre la vie ou la personne du Roi (article 163 du Code pénal marocain) ;
· Parricide (article 422 du Code pénal marocain).
2. EFFET DE L’EXCUSE
Lorsque le fait d’excuse est prouvé, le tribunal est tenu d’atténuer la sanction pénale encourue
par l’agent.
S’il s’agit d’un crime légalement puni de mort ou de réclusion perpétuelle, l’agent sera
condamné à un emprisonnement d’un à cinq ans (article 423-1° du Code pénal marocain) ; s’il
s’agit « de tout autre crime », il sera passible d’un emprisonnement de six mois à deux ans
(article 423-2° du Code pénal marocain).
La réaction criminelle ainsi excusée pouvant être analysée par le tribunal comme un indice
d’état dangereux, l’article 424 du Code pénal marocain autorise ce dernier à appliquer « en
outre » à l’agent excusé l’interdiction de séjour pendant cinq ans au moins et dix ans au plus.
S’il s’agit d’un délit, l’agent sera condamné à un emprisonnement d’un à trois mois ‘article
423-3° du Code pénal marocain).
C. L’EXCUSE DE SOUMISSION
Elle est utilitaire dans la mesure où la réduction de peine ne peut s’analyser que comme une
prime à la soumission ; elle est, à cet égard, proche de certains excuses absolutoires ; le Code
pénal marocain envisage expressément cette cause dans son article 440 en cas d’atteinte
portée par des particuliers à la liberté individuelle. Bien que le texte ne le précise pas, cette
excuse semble uniquement concerner la détention et la séquestration de majeurs ou de
mineurs de dix-huit ans, des textes spéciaux étant réservés à la protection des mineurs de dix-
huit ans (articles 471 à 475 du Code pénal marocain).
1. DETENTION ET SEQUESTRATION DE MAJEURS OU DE MINEURS DE DIX-
HUIT ANS
Pour apprécier la portée de l’excuse, il est nécessaire, sur la base des textes du code, tels
qu’ils ont été modifiés par le dahir portant loi n° 1-74-232 du 28 rebia II 1394 (21 mai 1974),
de définir avec précision les éléments constitutifs des infractions excusables, ainsi que la
sanction qui leur est applicable.
a. Les infractions excusables
« Ceux qui, sans ordre des autorités constituées et hors le cas où la loi permet ou ordonne de
saisir des individus, enlèvent, arrêtent, détiennent ou séquestrent une personne quelconque »
(article 436 alinéa 1 du Code pénal marocain), ainsi que leurs complices (expressément
assimilés à l’auteur par l’article 439 du Code pénal marocain).
· Sont punis de la réclusion de cinq à dix ans si la détention ou la séquestration a duré
moins de 30 jours (article 436 alinéa 1 du Code pénal marocain) ;
· De la réclusion de dix à vingt ans si la détention ou la séquestration a durée trente jours
ou plus (article 436 alinéa 2 du Code pénal marocain) ;

Droit Pénal Général (La peine) Page 8


· Si l’arrestation ou l’enlèvement a été exécuté avec une des circonstances aggravantes
suivantes :
o Port d’un uniforme ou d’un insigne réglementaire ;
o Usage d’un aux nom ;
o Usage d’un faux ordre de l’autorité publique ;
o Usage d’un moyen de transport motorisé ;
o Menace d’un crime contre les personnes ou les propriétés.
La peine est la réclusion de 20 à 30 ans ;
· Si l’une des quatre infractions de l’article 436 a eu pour but de procurer aux auteurs
des otages ;
o Soit pour préparer ou faciliter la commission d’un crime ou d’un délit ;
o Soit pour favoriser la fuite ou assurer l’impunité des auteurs d’un crime ou d’un délit ;
o Soit pour l’exécution d’un ordre ou l’accomplissement dune condition et notamment le
paiement d’une rançon ;
La peine est la réclusion perpétuelle (article 437 du Code pénal marocain) ;
· Si la personne victime d’une des quatre infractions de l’article 436 du Code pénal
marocain « a été soumise à des tortures corporelles », les agents sont punis de mort (article
438 du Code pénal marocain).
b. Conditions d’application de l’excuse
Le tribunal est tenu d’en faire bénéficier « tout coupable qui, spontanément, a fait cesser la
détention ou la séquestration ». La portée de l’excuse est plus ou moins atténuante selon la
gravité du préjudice subi par la victime :
Dans les cas prévus à l’article 436 du Code pénal marocain. Si la personne détenue ou
séquestrée est libérée « en bonne santé » :
· Moins de dix jours accomplis depuis son arrestation ou enlèvement, la peine est
l’emprisonnement d’un à cinq ans (article 440-2° du Code pénal marocain) ;
· Entre le dixième jour et le trentième jour accompli, depuis son arrestation ou
enlèvement, la peine est la réclusion de cinq à dix ans (article 440-2° alinéa 3 du Code pénal
marocain)
Dans les cas prévus à l’article 437 du Code pénal marocain. Si l’otage est libéré « en bonne
santé » avant le cinquième jour accompli depuis celui de l’arrestation ou enlèvement, la peine
est réduite à la réclusion de cinq à dix ans (article 440-1° alinéa 2 du Code pénal marocain).
Cette excuse est également applicable « si les actes criminels ayant eu pour but l’exécution
d’un ordre ou l’accomplissement d’une condition, la libération a eu lieu sans que l’ordre ait
été exécuté ou la condition accomplie » (article 440-1° alinéa 3 du Code pénal marocain).
Dans le cas prévu à l’article 438 du Code pénal marocain. Si la personne torturée a été
« libérée spontanément », la peine est la réclusion de dix à vingt ans (article 440-2° alinéa 4
du Code pénal marocain).
2. DETENTION ET SEQUESTRATION DE MINEURS DE DOUZE ANS

Droit Pénal Général (La peine) Page 9


Les articles 472 alinéa 2 et 473 alinéa 2 du Code pénal marocain relatifs à l’enlèvement ou au
détournement d’un mineur de douze ans prévoient également une atténuation de la peine
encourue par l’agent.
a. Infractions dont la sanction est susceptible d’atténuation
L’enlèvement ou le détournement « par violence, menace ou fraude » d’un mineur « âgé de
moins de douze ans » :
· Est puni de la réclusion de dix à vingt ans (article 472 alinéa 1 du Code pénal
marocain) ;
· Est puni de la réclusion perpétuelle, si le coupable « se fait payer ou a eu pour but de
se faire payer une rançon » (article 473 alinéa 1 du Code pénal marocain) ;
· Est puni de mort, si l’enlèvement est suivi de mort (article 474 du Code pénal
marocain).
b. Atténuation de la peine
Elle intervient « si le mineur est retrouvé vivant avant qu’ait été rendu le jugement de
condamnation » :
· Dans le cas de l’article 472, la peine est la réclusion de cinq à dix ans ;
· Dans le cas de l’article 473, la peine est la réclusion de dix à vingt ans.
Le Code pénal marocain ne parle pas, en l’espace, d’excuse atténuante, mais il s’agit dans les
deux cas d’une atténuation de peine dont la finalité ne peut être que la protection de
l’existence du mineur. Le législateur se veut manifestement utilitaire et l’on ne peut, dès lors,
dégager avec certitude le fondement de l’atténuation qui n’est pas nécessairement lié à la
soumission ou au repentir actif. La loi pénale étant d’interprétation stricte, l’attitude de l’agent
serait certainement sans influence sur la sanction : si l’enfant est retrouvé vivant grâce aux
seules investigations de la police, l’agent devrait bénéficier néanmoins de l’atténuation de
peine, conformément aux libellés des articles 472 et 473 du Code pénal marocain.
PARAGRAPHE 2 : LES CIRCONSTANCES ATTENUANTES
A la différence des circonstances aggravantes précisées pour chaque infraction et des excuses
atténuantes qui sont limitativement énumérées par le code, les circonstances atténuantes sont
des faits laissés « à l’appréciation du juge » article 146 alinéa 3 du Code pénal marocain). Les
effets de l’admission des circonstances atténuantes « sont exclusivement personnels et la
peine ne doit être réduite qu’à l’égard des condamnés qui ont été admis à en bénéficier »
(article 146 alinéa 2 du Code pénal marocain). Cette institution peut donc être analysée
comme une sorte de correctif judiciaire de la rigueur abstraite de la loi ; celle-ci, précise
l’article 146 alinéa 1 du Code pénal marocain, peut effectivement paraître « excessive par
rapport soit à la gravité des faits, soit à la culpabilité de l’auteur », formule générale traduisant
bien l’impuissance de la loi à prévoir tous les cas et partant la nécessité de transformer le juge
marocain en législateur puisque, en l’espèce, son appréciation est souveraine.

A. CONDITIONS D’APPLICATION

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1. DOMAINE DES CIRCONSTANCES ATTENUANTES QUANT AUX
INFRACTIONS
L’article 146 du Code pénal marocain, pose le principe de la généralisation en déclarant que
les circonstances atténuantes sont applicables de plein droit à tous les crimes, délits et
contraventions.
2. DOMAINE DES CIRCONSTANCES ATTENUANTES QUANT AUX
DELINQUANTS
Là encore, c’est le principe de la généralisation qui est posé ; toutes les catégories de
délinquants peuvent bénéficier des circonstances atténuantes : mineur, majeur, primaire,
multiple. Les récidivistes toutefois ne peuvent en bénéficier qu’en matière délictuelle (articles
149 alinéa 1 et 150 alinéa 1 du Code pénal marocain) et contraventionnelle (article 151 alinéa
1 du Code pénal marocain).
3. DOMAINE DES CIRCONSTANCES ATTENUANTES QUANT AUX
JURIDICTIONS
Toutes les juridictions de jugement, qu’elles soient de droit commun ou d’exception,
disposent de cette prérogative.
B. EFFETS DES CIRCONSTANCES ATTENUANTES
1. SUR LES PEINES PRINCIPALES CRIMINELLES
· Si la peine édictée est la mort, le tribunal criminel applique la peine de la réclusion
perpétuelle ou celle de la réclusion de 20 à 30 ans (article 147 alinéa 1 du Code pénal
marocain) ;
· Si la peine édictée est celle de la réclusion perpétuelle, le tribunal criminel applique la
peine de la réclusion de 10 à 30 ans ;
· Si la peine édictée est la réclusion à temps, trois hypothèses sont prévues par le texte
(article 147 alinéa 3, 4, 5) :
o S’il s’agit d’une réclusion de 20 à 30 ans, le tribunal criminel applique la peine de la
réclusion de 5 à 20 ans ;
o Si le minimum de la peine édictée est la réclusion de dix ans, le tribunal criminel applique
la réclusion de 5 à 10 ans ou une peine d’emprisonnement de 2 à 5 ans ;
o Si le minimum de la peine édictée est la réclusion de cinq ans, le tribunal criminel applique
une peine d’emprisonnement de un à cinq ans ;
Lorsque la peine de l’emprisonnement est substituée à une peine criminelle (article 147 alinéa
7 du Code pénal marocain), le tribunal criminel peut, en outre, prononcer :
o Une amende de 200 à 1200 dirhams ;
o L’interdiction de séjour pour une durée de 5 à 10 ans ;
o L’interdiction des droits prévus à l’article 26-1° et 2° du Code pénal marocain pour une
durée de 5 à 10 ans ;
· Si la peine édictée est la résidence forcée, la juridiction prononce la dégradation
civique ou un emprisonnement de six mois à deux ans (article 148 alinéa 1 du Code pénal
marocain) ;

Droit Pénal Général (La peine) Page 11


· Si la peine édictée est la dégradation civique, l’agent se verra condamné soit à une
peine d’emprisonnement de six mois à deux ans, soit à la privation de certains des droits
énumérés à l’article 26 du Code pénal marocain.
2. SUR LES PEINES PRINCIPALES DELICTUELLES
a. En matière de délit correctionnel
Le juge « même au cas de récidive », et sauf disposition légale contraire, « dans tous les cas
où la peine édictée est celle de l’emprisonnement et de l’amende ou l’une de ces deux peines
seulement », peut réduire la peine au dessous du minimum légal, sans toutefois que
l’emprisonnement puisse être inférieur à un mois et l’amende inférieur à 200 dirhams (article
149 du Code pénal marocain).
b. En matière de délit de police
Le juge « même au cas de récidive », et sauf disposition légale contraire, « dans les cas où la
peine édictée est celle de l »emprisonnement et de l’amende ou l’une de ces deux peines
seulement », peut :
· Soit réduire la peine au-dessous du minimum légal, sans toutefois que
l’emprisonnement puisse être inférieur à six jours et l’amende à 12 dirhams ;
· Soit prononcer séparément l’une ou l’autre de ces peines ;
· Soit substituer l’amende à l’emprisonnement, sans qu’en aucun cas cette amende
puisse être inférieure au minimum de l’amende contraventionnelle. Dans ce cas, si la peine de
l’emprisonnement était seule édictée par la loi, le maximum de cette amende peut être fixé à
5000 dirhams.
c. Si la peine criminelle édictée est accompagnée d’une amende délictuelle
Selon l’article 147 alinéa 6 du Code pénal marocain, le tribunal criminel peut :
· Soit réduire celle-ci jusqu’à 120 dirhams ;
· Soit la supprimer.
3. SUR LES PEINES PRINCIPALES CONTRAVENTIONNELLES
Aux terme de l’article 151 du Code pénal marocain, le juge, « même au cas de récidive »
peut :
· Soit réduire la détention et l’amende jusqu’au minimum prévu par le code pour les
peines contraventionnelles ;
· Soit substituer l’amende à la détention dans le cas où cette dernière peine est édictée
par la loi.
4. SUR LES PEINES ACCESSOIRES
Attachées de plein droit à une peine principale, elles en suivent le sort, le juge n’ayant pas le
pouvoir de les modifier directement. S’il se borne, par suite de circonstances atténuantes, à
réduire la peine principale dans son taux ou dans sa durée, celle-ci n’en subsiste pas moins
avec son accessoire.
Qu’en est-il si, par suite de circonstances atténuantes, la peine principale se trouve
transformée en une autre peine ? Si, par exemple, l’agent coupable d’un crime et passible de
réclusion n’est condamné qu’à un emprisonnement, que deviennent l’interdiction légale et la

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dégradation civique ? Elles disparaissent, car, comme il précise l’article 37 du Code pénal
marocain, elles « ne s’attachent qu’aux peines criminelles » et non pas à la catégorie de
l’infraction ; l’agent contre qui est prononcé une peine délictuelle peut, en revanche,
conformément à l’article 40 du Code pénal marocain se voir interdire « l’exercice d’un ou
plusieurs des droits civiques, civils ou de familles visés à l’article 26 ».

2. L’AGGRAVATION DE LA SANCTION
Trois séries de causes d’aggravation existent en droit marocain : les circonstances
aggravantes, la récidive et le concours d’infraction.
LES CIRCONSTANCES AGGRAVANTES
Dans un système dominé par le principe de l’égalité, l’aggravation de la peine applicable ne
peut être abandonnée à l’arbitraire du juge ;ce dernier, au contraire « est tenu d’appliquer au
coupable une peine (…) aggravée chaque fois que sont prouvées (…) une ou plusieurs des
circonstances aggravantes prévues par la loi » (article 142 alinéa 1 du Code pénal marocain).
Il appartient donc au législateur de prévoir à l’avance la liste des événements qui lui
paraissent susceptibles d’aggraver la responsabilité de l’agent. L’article 153 du Code pénal
marocain consacre cette norme en rappelant que « la loi détermine ces circonstances à
l’occasion de certaines infractions criminelles et délictuelles ». Curieusement, le texte exclut
l’aggravation des contraventions, circonstance rare, mais dont le code lui-même fournit
pourtant un exemple. De fait, si les contraventions ne sauraient, dans la plupart des cas, être
aggravées, c’est que les circonstances qui correspondaient à leur aggravation sont le plus
souvent érigées en éléments constitutifs de délits. Par exemple, la contravention de
maraudage de l’article 608-6° du Code pénal marocain est la même infraction que le jour,
mais la nuit ou en réunion.
Les circonstances aggravantes peuvent donc être définies comme des circonstances
accessoires du fait principal, fixées limitativement par la loi et qui déterminent une
augmentation des peines ordinaires.
A. DOMAINE DES CIRCONSTANCES AGGRAVANTES
L’article 152 du Code pénal marocain distingue les circonstances inhérentes à la commission
de l’infraction, de celles qui sont inhérentes à la culpabilité de l’agent ; les premières sont
réelles ou objectives,car elles se rattachent au fait matériel de l’infraction, les secondes sont
personnelles ou subjectives, car elles sont liées à la personnalité de l’agent.
1. CIRCONSTANCES AGGRAVANTES REELLES
Ce sont celles qui participent à la structure matérielle de l’infraction. Elles aggravent de ce
fait la criminalité objective de l’acte.
a. Circonstances de moyen
Ex : Escalade (vol, article 509 du Code pénal marocain), réunion (rébellion, article 302 du
Code pénal marocain), port d’armes (mendicité article 331 du Code pénal marocain), fausses
clés (vol, article 510 du Code pénal marocain), effraction (vol, article 510 du Code pénal
marocain), violence (vol, article 509 du Code pénal marocain), port illégal d’uniforme (vol,

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article 510 du Code pénal marocain), véhicule (vol, article 509 du Code pénal
marocain) …etc.
b. Circonstances de lieu
Ex. : chemins publics (vol, article 508 du Code pénal marocain), maison habitée (vol, article
509 du Code pénal marocain), aéroport (vol, article 508 du Code pénal marocain), gare
ferroviaire (vol, article 510 du Code pénal marocain)… etc.
c. Circonstances de temps
Ex. : nuit (vol, article 509 du Code pénal marocain), période prohibée (pêche, article 31 alinéa
3 dahir du 16 juillet 1974), au cours d’un incendie (vol, article 51O du Code pénal marocain).
2. CIRCONSTANCES AGGRAVANTES PERSONNELLES
Elles participent, en quelque sorte, à la structure morale de l’infraction. Elles aggravent de ce
fait la responsabilité de l’agent.
a. Circonstances fondées sur la nature des relations qui unissent l’agent à sa victime
car ces relations lui imposaient un devoir particulier de respect, Ex. : parricide (article 397 du
Code pénal marocain, crime commis par le sujet sur la personne du souverain)
car ces relations étaient de nature a lui faciliter l’infraction. Ex. : vol du domestique (article
509 du Code pénal marocain) ou de l’ouvrier (article 509 du Code pénal marocain).
b. Circonstances fondées sur l’exercice de certaines fonctions qui impliquent une honnêteté
sans faille
Ex. : usage de violence, dans motif légitime,par un préposé de la force publique (article 231
alinéa 1 du Code pénal marocain), détournement d’archives publiques par le dépositaire
publics (article 276 alinéa 2 du Code pénal marocain).
c. Circonstances correspondant à un degré supplémentaire de la faute intentionnelle
Ex. : la préméditation aggrave le meurtre (article 393 du Code pénal marocain) et les
blessures volontaires (article 400 du Code pénal marocain).
B. EFFETS DES CIRONSTANCES AGGRAVANTES
1. AGGRAVATION DE LA PENALITE
Ex. : la mendicité est un délit puni de l’emprisonnement d’un à six mois (article 326 du Code
pénal marocain) ; si le délit est réalisé en simulant des infirmités, il est puni de
l’emprisonnement de trois mois à un an (article 327-2° du Code pénal marocain).
2. MODIFICATION DE LA CATEGORIE DE L’INFRACTION
Elle intervient, avec les conséquences procédurales qui y sont attachées, lorsque, en raison des
circonstances aggravantes, « la loi édicte une peine afférente à une autre catégorie
d’infraction » (article 113 du Code pénal marocain). Ex. : L’incendie contraventionnel prévu
par l’article 608-5° du Code pénal marocain est expressément aggravé et érigé en délit par
l’article 435 du Code pénal marocain, lorsqu’il a provoquée un homicide ; le larcin, délit de
l’article 506 du Code pénal marocain, devient un crime passible de la réclusion perpétuelle si,
aux termes de l’article 507 du Code pénal marocain, l’agent était porteur « de manière
apparente ou cachée d’une arme » .
3. EFFETS SUR LE COAUTEUR OU COMPLICE

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Les circonstances personnelles n’ont d’effet qu’a l’égard du seul participant auquel elles se
rapportent (article 130 alinéa 2 du Code pénal marocain) ; en revanche, les circonstances
réelles sont supportées par le complice ou le coauteur, « même si elles ne sont pas connues »
de lui (article 130 alinéa 3 du Code pénal marocain).
LA RECIDIVE
C’est la cause fondamentale d’aggravation de la peine ; elle révèle subjectivement une nocuité
persistante de l’agent ; elle est donc objectivement commandée par l’utilité sociale.
L’article 154 du Code pénal marocain dispose « Est (…) en état de récidive légale, celui qui,
après avoir été l’objet d’une condamnation irrévocable pour une infraction antérieure
(1er terme de la récidive), en commet une autre » (2é terme de la récidive).
A. PREMIER TERME DE LA RECIDIVE
La condamnation antérieure doit obligatoirement présenter certaines caractéristiques :
1. UNE CONDAMNATION PENALE
Seule une condamnation pénale peut être prise en considération. Cette première condition est
Imposée par l’article 154 du Code pénal marocain, explicité à cet égard par les articles 155 à
160 du Code pénal marocain. Mais qu’est-ce qu’une condamnation pénale ? c’est une
condamnation à une peine, au sens technique de ce terme ; le prononcé, par le tribunal, d’une
mesure de sûreté, même lorsqu’elle vient sanctionner un crime ne saurait être pris en
considération parmi les antécédents du récidiviste. La plupart des mesures de sûreté
interviennent, en effet, essentiellement comme sanction accessoire d’une peine principale et
c’est, dès lors, cette dernière qui fonde le premier terme de la récidive ; exceptionnellement,
ce sera la récidive qui fondera le prononcé de la mesure de sûreté ; c’est le cas de la
relégation.
2. UNE CONDAMNATION IRREVOCABLE AU JOUR OU LA SECONDE
INFRACTION EST COMMISE
Si la condamnation n’était que définitive, il n’y aurait pas récidive, mais concours réel
d’infraction. On peut justifier cette règle en rappelant que le droit marocain ne punit
sévèrement qu’après avoir donné à l’agent un avertissement solennel qui se traduit par
l’irrévocabilité de la sanction : les délais accordés à l’agent pour attaquer la décision sont
écoulés et toutes les voies de recours sont épuisées ; la condamnation est passée en force de
chose jugée. En cas de prescription, voire même en cas de grâce, il est indifférent que la peine
ait été subie, car la condamnation subsiste ; il n’en irait différemment que si la condamnation
ou ses effets avaient été effacés par l’amnistie, la réhabilitation ou le sursis définitivement
acquis à l’issue du délai d’épreuve.

3. UNE CONDAMNATION EMANANT D’UNE JURIDICTION MAROCAINE


ORDINAIRE OU SPECIAL
C’est là une conséquence du principe de la territorialité. Peu importe donc la nature de
l’infraction, pourvu toutefois que les crimes et délits sanctionnés par le juge militaire soient
punissables d’après les lois ordinaires.

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4. UNE CONDAMNATION IMPUTABLE
La condamnation pénale antérieure ne peut constituer le premier terme de la récidive que si
elle figure encore au casier judiciaire de l’agent, au moment où la deuxième infraction est
commise : l’amnistie notamment efface la condamnation et empêche ainsi qu’elle puisse être
invoquée à l’encontre du récidiviste.
B. DEUXIEME TERME DE LA RECIDIVE
Ce n’est pas une condamnation, mais une infraction commise postérieurement ; celle-ci va
supporter l’aggravation de la peine prévue par la loi en cas de récidive.
1. NATURE DE LA RECHUTE
a. La nouvelle infraction doit être juridiquement indépendante de la première.
Elle ne doit pas être une conséquence de la première condamnation. Ex. : le délit d’évasion ne
saurait constituer le second terme de la récidive. L’article 310 du Code pénal marocain prévoit
du reste que la peine sanctionnant l’évasion se cumule, par dérogation à l’article 120 du Code
pénal marocain, avec toute peine temporaire privative de liberté infligée pour l’infraction
ayant motivé la première condamnation.
Elle ne doit pas non plus être une conséquence de l’infraction ayant motivé la première
condamnation. Ex. : les infractions prévues par les articles 317 à 325 du Code pénal marocain
et sanctionnant « l’inobservation de la résidence forcée et des mesures de sûreté » ne peuvent,
non plus, constituer le second terme de la récidive, car on peut légitimement estimer qu’elles
ne sont commises, à l’instar de l’évasion à laquelle elles s’apparentent, que pour échapper aux
conséquences de cette condamnation.
b. La nouvelle infraction doit-elle être identique à la première ?
La récidive sera-t-elle prise en considération par exemple uniquement de meurtre à meurtre,
de corruption à corruption… ? ou bien sera-t-elle également sanctionnée si le second terme
diffère du premier, par exemple de vol à viol.
On peut parler de récidive générale si l’aggravation de peine est infligée quelle que soit la
nature respective des infractions successives, et de récidive spéciale si la loi exige que la
deuxième infraction soit identique à la première. Le droit pénal marocain utilise les deux
systèmes.

2. DELAI DE RECHUTE
Deux systèmes sont concevables
a. Récidive perpétuelle
Pour admettre l’état de récidive, la législation ne tient pas compte de l’intervalle de temps qui
a séparé les deux infractions.
Dès l’instant où la première condamnation est devenu irrévocable, l’agent se trouve
viagèrement exposé à tomber en état de récidive par la commission d’une seconde infraction.
b. Récidive temporaire

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Le législateur exige, pour admettre la récidive, que les infractions se soient succédées dans un
délai préalablement fixé. Au-delà du délai fixé, la commission d’une nouvelle infraction ne
déterminera pas l’état de récidive par rapport à la première infraction.
Les deux systèmes sont retenus par le droit pénal marocain qui impose la temporalité ou la
perpétuité de la récidive, en fonction de la gravité des infractions.
LE CONCOURS REEL D’INFRACTION
Il importe de le distinguer du concours idéal d’infraction, de l’infraction d’habitude et de
l’infraction continue.
Il y a concours ou cumul idéal d’infractions lorsqu’un « fait unique » est « susceptible de
plusieurs qualifications » (article 118 du Code pénal marocain).
Ex. : la fornication, telle qu’elle est définie par l’article 490 du Code pénal marocain
(1ére qualification) et l’outrage public à la pudeur, tel qu’il est prévu par l’article 483 du Code
pénal marocain (2e qualification).
Le tribunal est en ce cas tenu d’apprécier le fait « suivant la plus grave d’entre elles » (article
118 du Code pénal marocain) et de prononcer une seule peine. En l’espèce choisie, les
fornicateurs seront donc jugés pour un outrage.
Il y a infraction d’habitude lorsqu’un acte pris isolément n’est pas punissable : seule sa
répétition constitue l’infraction.
Ex. : mendicité (article 326 du Code pénal marocain) ; vagabondage (article 329 du Code
pénal marocain) ; excitation habituelle de mineur à la débauche (article 497 du Code pénal
marocain) ; vie commune avec une prostituée (article 498-3° du Code pénal marocain) ;
proxénitisme hôtelier (article 501 du Code pénal marocain) ; tolérance habituelle de l’exercice
de la débauche dans un local privé (article 503 du Code pénal marocain).
Il y a infraction continue ou successive, lorsqu’une action ou omission se prolonge dans le
temps par la réitération constante de la volonté coupable de l’agent.
Ex. : port illégal de décoration, de titre, d’uniforme (articles 382 à 384 du Code pénal
marocain) ; non représentation d’enfant (article 477 du Code pénal marocain) ; recel (article
571 du Code pénal marocain).
Il y aura, en revanche, concours ou cumul réel (ou matériel) d’infractions, lorsque l’agent
accomplira « simultanément » ou successivement » « plusieurs infractions non séparées par
une condamnation irrévocable » (article 119 du Code pénal marocain).
L’agent se distingue dès lors du délinquant occasionnel parce qu’il a commis plusieurs
infractions ; il n’est pourtant pas un récidiviste puisqu’il n’a pas reçu, sous la forme d’une
condamnation irrévocable, l’avertissement solennel de ne pas recommencer. La sanction qui
doit lui être appliquée ne peut que faire l’objet d’une mesure particulière.

3. L’EXTINCTION DE LA SANCTION PENALE


La sanction disparaît normalement par l’achèvement de son exécution ; mais elle peut
également s’éteindre avant le terme fixé par la condamnation. Les articles 49 à 60 et 93 à 104
du Code pénal marocain posent différentes normes destinées à réglementer les modes
d’extinction anticipée de la sanction.

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La sanction peut aussi s’éteindre par la disparition de l’agent ou par la disparition de
l’infraction ; la disparition de la condamnation – La réhabilitation limite ses effets aux
mesures de sûreté ; il en va différemment de la dispense d’exécution de la peine réputée
exécutée par fiction – Extinction de la sanction par exécution fictive ou de la disparition de la
peine contractuellement remplacée par le paiement d’une somme d’argent – La transaction.
EXTINCTION PAR LA MORT DU CONDAMNE
La mort du prévenu éteint l’action publique (a. 31 C.P.P.) ; quelle est son incident sur la
sanction pénale si le prévenu a vécu suffisamment pour être condamné irrévocablement.
EFFET SUR LES PEINES
A. PEINES PERSONNELLES
Qu’il s’agisse d’une exécution capitale ou d’un décès naturel, « la mort du condamné » est
une cause d’extinction des peines principales et accessoires supportées par la personne même
de l’agent, c’est-à-dire de toutes les peines privatives ou restrictives de libertés ou de droits.
C’est là une évidence qu’il est à peine nécessaire de mentionner, mais que l’on doit cependant
dégager de l’article 49-1° du Code pénal marocain qui en pose le principe.
B. PEINES PECUNIAIRES .
Aux termes de l’article 50 du Code pénal marocain, « la mort du condamné n’empêche pas
l’exécution des condamnations pécuniaires sur les biens provenant de sa succession ». Les
peines pécuniaires visées par ce texte ne peuvent donc être que les amendes, les confiscations
et, le cas échéant, les frais occasionnés par la publication ou l’affichage de la condamnation.
Leur transmissibilité et donc leur imputation sur les patrimoines des héritiers vont
manifestement à l’encontre du principe de la personnalité des peines, puisque, en l’espèce,
une personne étrangère à l’infraction va subir la sanction prononcée contre l’auteur de cette
infraction. On peut, cependant, tenter de justifier cette anomalie juridique en argent de la
mutation nécessairement subie par la créance de la société : dés l’instant où elle a pénétré les
patrimoines des héritiers, elle est devenue une dette et fait, à ce titre, partie du passif de la
succession.
Il importe cependant de distinguer selon que la peine pécuniaire a été prononcée
contradictoirement ou par contumace.
1. CONDAMNATIONS COTRADICTOIRES
Pour que la peine pécuniaire puisse être légalement exécutée sur les biens successoraux, il est
nécessaire que les conditions posées par le Code de la Procédure Pénale soient remplies au
jour du décès ; il faut donc que la décision ait acquis l’autorité de la chose irrévocablement
jugée, c’est-à-dire qu’elle ne puisse plus faire l’objet d’aucune voie de recours ordinaire ou de
pourvoi en cassation dans l’intérêt des parties.
2. CONDAMNATION PAR CONTUMACE
Lorsque le condamné contumax meurt avant l’expiration du délai de prescription, les peines
pécuniaires déjà exécutées sur ses biens, obligatoirement mis sous séquestre ou qui doivent
l’être sur ses biens successoraux, sont acquises à L’Etal, car, dans ce cas la mort du condamné
entraîne nécessairement l’irrévocabilité des condamnations par contumace.

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PARAGRAPHE 2 : EFFET SUR LES MESURES DE SURETE
A. MESURES DE SURETE PERSONNELLES
L’article 93-1° du Code pénal marocain estime opportun de rappeler que la mort du condamné
est le terme nécessaire des mesures de sûreté personnelles.
B. MESURES DE SURETE REELLES
Elles sont exécutée nonobstant le décès du condamné .La confiscation peut donc être
poursuivie, dans les mêmes conditions que pour les peines, sur les biens successoraux. Quant
à l’indignité réelle, susceptible de venir se greffer définitivement sur l’activité d’un
établissement commercial frappé de fermeture, c’est sa perpétuité qui gratuit sa
transmissibilité aux héritiers
PARAGRAPHE 3 : EFFET SUR LES AUTRES CONDAMNATIONS
A la différence de l’action publique qui ne peut être exercée que contre les auteurs et les
complices, l’action civile qui tend à la constatation d’une dette civile de réparation peut être
exercée contre les héritiers de l’agent décédé. La mort du prévenu laisse subsister l’action
civile dont l’objet, conformément aux articles 105 à 108 du Code pénal marocain est constitué
par les frais de justice, les restitutions et les dommages-intérêts.
Il importe, cependant, de distinguer la condamnation contradictoire de la condamnation par
défaut.
A. CONDAMNATION CONTRADICTOIRE
Les condamnations civiles ne peuvent être exécutées sur les biens successoraux que si elles
sont définitives, c’est dire qu’elles ne peuvent plus faire l’objet d’aucune voie de recours
ordinaire (appel ou opposition).
B. CONDAMNATION PAR DEFAUT.
Elles ne deviennent exécutoires que si le délai de l’opposition est expiré. En effet, la
prolongation du délai d’opposition édicté par le Code de la Procédure pénale lorsque la
notification n’a pas été faite à personne, n’est opposable qu’au ministère public et non à la
partie civile.
EXTINCTION PAR LA DISPARITION DE L’INFRACTION
Si la loi pénale est abrogée, l’infraction disparaît et partant la sanction. Il peut en aller de
même par simple effacement du caractère délictueux de l’acte reproché à l’agent. Le Roi,
décide, en usant de ses attributs régaliens, que l’infraction n’a jamais existé : la fiction
s’impose au droit et l’infraction disparaît.
L’ABROGATION DE LA LOI PENALE
L’abrogation de la loi ne peut qu’entraîner la disparition de l’infraction, partant l’effacement
de la condamnation, l’extinction de l’action publique et de la sanction pénale. Cette norme,
posée par les articles 49-3°, 52, 93-3° et 96 du Code pénal marocain doit être analysée comme
une incidence du principe de légalité consacré par l’article 3 du Code pénal marocain.
MODALITES D’APPLICATION
A. PRINCIPE

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Dès l’instant où le législateur décide expressément ou tacitement que tel fait ne constitue plus
une infraction, la loi pénale ancienne est abrogée .Qu’en est-il de la loi tombée en désuétude ?
Bien qu’elle n’ait plus été appliquée depuis plusieurs années, une loi pénale demeure toujours
en vigueur ; certains textes du protectorat, relatifs au maintien de l’ordre, ont pu être ainsi
revivifiés, alors même que le Code pénal marocain contient des dispositions de dispositions
de finalité similaire.
B. EXCEPTION
Selon les termes de l’article 7 du Code pénal marocain, les lois temporaires « même, après
qu’elles aient cessé d’être en vigueur, continuent à régir les infractions commises pendant la
durée de leur application ».
EFFETS
A. SUR L’ACTION PUBLIQUE
1. SI LES POURSUITES NE SONT PAS ENCORE ENGAGEES LORSQUE LE
TEXTE EST ABROGE
L’abrogation s’oppose à l’introduction de l’action publique, le fait ne pouvant plus être
qualité pénalement.
2. SI LES POURSUITES SONT ENGAGEES LORSQUE LE TEXTE EST ABROGE
Aux termes de l’article 5 du Code pénal marocain : « Nul ne peut être condamné pour un fait
qui, par l’effet d’une foi postérieure à sa commission, ne constitue plus une infraction… »
B. SUR LA CONDAMNATION
Si l’abrogation intervient postérieurement au jugement ou à l’arrêt, la condamnation doit
normalement être effacée du casier judiciaire et ne peut, de ce fait, faire obstacle, le cas
échéant, au prononcé ultérieur du sursis (article 55 du Code pénal marocain).
C. SUR LA SANCTION PENALE
1. SUR LES PEINES
L’article 52 du Code pénal marocain dispose : « …l’abrogation de la loi pénale fait obstacle à
l’exécution de la peine non encore subie et met fin à l’exécution en cours ».
L’article 5 du Code pénal marocain dispose : « …si une condamnation a été prononcée, il est
mis fin à l’exécution des peines tant principales qu’accessoires ».
2. SUR LES MESURES DE SURETE
La règle est posée par l’article 9 du Code pénal marocain : « l’exécution d’une mesure de
sûreté cesse lorsque le fait qui l’avait motivée n’est plus constitutif d’infraction par l’effet
d’une postérieure ou lorsque cette mesure de sûreté est elle-même supprimée par la loi », sous
réserve toutefois des dispositions de l’article 103 du Code pénal marocain.
SOUS SECTION 2 : L’AMNISTIE
L’amnistie fait disparaître l’infraction dans la mesure où elle efface rétroactivement le
caractère délictueux de certains faits. Ces faits, répréhensibles pénalement, sont censés
n’avoir jamais été incriminés par la loi. C’est l’élément légal de l’infraction, et partant
l’infraction, qui ainsi disparaît.
PARAGRAPHE 1 : MODALITES D’APPLICATION

Droit Pénal Général (La peine) Page 20


L’article 51 alinéa 1 du Code pénal marocain dispose : « L’amnistie ne peut résulter que
d’une disposition expresse de la loi ». Il appartient donc au seul législateur de déterminer
quels sont les agents ou les infractions qui peuvent en bénéficier. Selon quelles modalités ?
Dans le silence du Code pénal marocain, seule loi-cadre en la matière, le législateur demeure
libre d’intervenir. Chaque loi d’amnistie fixe donc librement ses conditions d’application.
L’amnistie peut ainsi avoir :
A. SOIT UN CARACTERE REEL
Lorsqu’elle s’applique à une catégorie déterminée d’infraction quels qu’en soit les auteurs.
B. SOIT UN CARACTERE PERSONNEL
Lorsque le législateur subordonne son admission à certaines conditions exigées de l’agent,
tenu, selon les cas d’être par exemple un délinquant primaire, un mineur, un résistant… Ainsi
le dahir du 19 décembre 1955 est venu amnistier toutes les condamnations prononcées entre le
11 janvier 1944 et le 7 décembre 1955 contre les partisans de Mohamed V. Inversement un
dahir de 1963 amnistiera un grand nombre de « collaborateurs », partisans de Mohamed ben
Arafa.
EFFETS DE L’AMNISTIE
La loi en « détermine les effets sous réserve toutefois des droits des tiers » (article 51 alinéa 2
du Code pénal marocain).
A. EFFETS SUR LA RESPONSABILITE PENALE
Agissant directement sur la source objective de la responsabilité pénale, l’amnistie a des effets
puissants. Selon le niveau procédural de son intervention, elle peut soit éteindre l’action
publique, soit effacer la condamnation irrévocable et partant supprimer la sanction pénale en
cours d’exécution. Cet effet extinctif n’est pourtant pas absolu.
1. EXTINCTION DE L’ACTION, DE LA CONDAMNATION ET DE LA SANCTION
a. Extinction de l’action publique à l’égard des infractions visées par l’amnistie
Deux situations peuvent se rencontrer.
Les poursuites ne sont pas encore engagées lorsque la loi est publiée
Si elle a un caractère purement réel, l’amnistie s’oppose à l’introduction de l’action publique,
car le fait infractionnel a cessé d’être délictueux.
Les poursuites sont engagées lorsque la loi est publiée
Si c’est la juridiction d’instruction qui est saisie, elle est tenue de rendre une décision de non-
lieu ; si c’est la juridiction de jugement, elle doit relaxer.
b. Effacement de la condamnation et extinction de la sanction pénale
Ce sera juridiquement le cas lorsque la loi d’amnistie est publiée postérieurement au jugement
ou à l’arrêt de condamnation.
Les peines principales et accessoires sanctionnant l’infraction visée par la loi sont
immédiatement éteintes.
La condamnation est effacée du casier judiciaire, et, en cas de difficulté d’interprétation de la
loi, le demandeur peut utiliser la procédure de rectification conformément aux dispositions du
Code de la Procédure Pénale.

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La condamnation amnistiée ne saurait non plus faire obstacle au prononcé ultérieur du sursis ;
le délinquant amnistié doit pouvoir bénéficier des dispositions de l’article 55 du Code pénal
marocain.
Enfin, aux termes de l’article 94 du Code pénal marocain, « la loi portant amnistie de
l’infraction ou de la peine principale, à moins qu’elle n’en décide autrement par une
disposition expresse, arrête l’exécution des mesures de sûreté personnelles… », sous réserve
toutefois des dispositions de l’article 103 du Code pénal marocain.
2. LIMITES DE L’EFFET EXTINCTIF
Il faut se garder d’assimiler l’amnistie à un fait justificatif. Si l’on peut considérer que
l’infraction disparaît, dans la plupart des cas, par effacement de l’élément légal, il en va
différemment lorsque les faits amnistiés ont été parallèlement sanctionnés par des mesures de
sûreté réelles. Celles-ci, aux termes de l’article 95 du Code pénal marocain, ne sauraient, en
principe, bénéficier d’une extinction : « la loi portant amnistie…demeure sans effet sur les
mesures de sûretés réelles ».
Quoi qu’il en soit, l’infraction amnistiée a bel et bien existé dans le passé et c’est par la
technique de la rétroactivité que le fait délictueux a disparu, qu’il a cessé d’être anti juridique.
Il est donc normal qu’il soit impossible d’en supprimer toutes les traces.
Le montant des peines pécuniaires principales et accessoires déjà exécutées ne saurait être
restitué à l’agent amnistié.
Celui-ci ne peut non plus se retourner en indemnité contre l’Etat pour obtenir réparation du
préjudice causé par son incarcération.
Enfin si l’amnistie a un caractère purement personnel, on ne saurait considérer que la
publication de la loi met un terme à l’action publique ; en effet, c’est à la suite de nécessaires
poursuites que l’agent pourra prouver l’existence des conditions personnelles requises par la
loi.
B. EFFETS SUR LA RESPONSABILITE CIVILE
Le Code pénal marocain prend le soin de préciser dans son article 51 alinéa 2 que la loi doit
définir les effets de l’amnistie « sous réserve toutefois des droits des tiers ». les « tiers » ne
pouvant être, en l’espace, que les victimes de l’infraction amnistiée, force est d’admettre que
l’amnistie n’éteint pas l’action civile de la victime. Cet effet limité de l’amnistie emporte deux
conséquences.
L’agent amnistié est passible « des autres condamnations qui peuvent être prononcées » :
§ Les frais et dépenses du procès (article 105 du Code pénal marocain) ;
§ Les restitutions (articles 106 et 107 du Code pénal marocain) ;
§ Les dommages intérêts (article 108 du Code pénal marocain).
Dans quelle mesure l’origine délictueuse des faits ouvrant l’action civile va-t-elle lui conserve
le régime spécifique de l’action civile à origine pénale ? En d’autres termes, la juridiction
répressive demeure-t-elle compétente à l’égard de l’action civile ? Deux situations doivent
être distinguées.

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La prise civile n’a pas encore porté son action devant le juge pénal, au moment de la
publication de la loi d’amnistie. Elle ne peut dès lors plus le faire, l’action publique étant
éteinte.
En revanche, si la victime a déjà porté son action au pénal au moment de la publication de la
loi d’amnistie, le juge répressif demeure compétent.

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