Vous êtes sur la page 1sur 6

L’être humain fait-il partie de la nature ?

Introduction

(affirmation de l’opinion commune) En général, on pense que l’être humain est un être à part dans
la nature. (reprise du sujet tel quel) Mais on peut se poser la question suivante : l’être humain fait-
il partie de la nature ? (définitions des termes du sujet) Le mot « nature » désigne ici l’ordre
physique et biologique qui régit le monde ; et « l’être humain » renvoie à un animal doué de langage,
de conscience et de raison. (formulation de la problématique) Mais dans ce cas, un problème se
pose : d’un côté, l’être humain est supérieur au reste de la nature de par ses facultés ; mais d’un
autre, il reste soumis aux lois de la nature, de laquelle il n’est qu’une partie. (formulation du
problème/reformulation du sujet) Alors, l’être humain fait-il partie de la nature ou bien il a une
position externe vis-à-vis de celle-ci ? (annonce de plan) Pour répondre à la question de savoir si
l’homme fait partie de l’univers, nous verrons dans un premier moment que l’homme, en étant
soumis aux lois de la nature, fait partie de la nature au sens du cosmos, de l’univers ; toutefois,
nous considérerons dans un deuxième moment le fait que l’homme peut être considéré comme un
être appart car il modifie la nature, au sens d’environnement ; finalement l’être humain est à la fois
un être naturel et culturel, c’est-à-dire qu’il est à la fois un être biologique et le résultat d’une culture
(opposition nature/culture).

1
I) L’HOMME FAIT PARTIE DE LA NATURE, IL FAIT PARTIE DU COSMOS.

Reconstituez la réponse de Marc Aurèle à cette question.

« Il faut admettre que je suis partie du Tout que régit la nature »


Pensées pour moi-même, Marc Aurèle.
• Reformulez la thèse de l’auteur, sommes -nous soumis aux lois de la nature ?
La nature est un tout dont l’être humain est une partie. Nous obéissons donc aux lois de la nature, c’est-
à-dire aux lois de la physique.
Marc Aurèle donne l’exemple suivant :
« Aspirer de l’air une fois et l’expirer ensuite, ce que nous faisons à tout instant, est la même chose que
rendre à la source, d’où tu l’as tiré une première fois, l’intégralité de cette faculté de respiration, que tu as
obtenue hier ou avant-hier, lorsque tu as été mis au monde.
Op. cit.
• Expliquez l’exemple en complétant la définition du cosmos avec les termes suivants : ordre,
système, nature, l’univers, l’harmonie :

Le cosmos est un terme grec ancien qui désigne l’univers . considéré comme un système. bien ordonné. Cet
ordre provient de lois nécessaires qui font la beauté et l’harmonie de la nature.

• Argument : « De même, en effet, que la partie terrestre de mon être a été prélevée sur une certaine
terre, la partie humine sur un autre élément, la partie prise à l'air sur une autre source, et la partie
constituée par la chaleur et le feu sur une autre source particulière - car rien ne vient de rien, comme
rien ne retourne à rien- de même aussi, l'intelligence vient de quelque part. »
Op. Cit.
• Reformulez l’argument en complétant ces phrases :
Notre place n’est pas centrale dans le cosmos, mais relative à tout ce qui existe.
En effet, nous sommes constitués de matières naturelles.
C’est l’intelligence, qui est elle-même naturelle, qui nous permet de le comprendre.
• Objections :
Mais l’être humain n’a-t-il pas un rôle spécifique à jouer dans la nature si on le compare aux autres êtres ?
Si, mais son rôle consiste à accepter d’être une partie de la nature.
L’intelligence de l’être humain ne le place-t-elle pas au-dessus de la nature grâce à son intelligence ?
Non, car son intelligence est la faculté de comprendre son rôle dans le cosmos.

2
II) MAIS L’HOMME A TENDANCE À CORRIGER LA NATURE.

Reconstituez la réponse de Mill à cette question.

« Tout éloge de la civilisation, de l’art ou de l’invention revient à critiquer la Nature, à admettre qu’elle comporte des
imperfections, et que la tâche et le mérite de l’homme sont de chercher en permanence à les corriger ou les atténuer. »
John Stuart Mill, La Nature, 1875
• Mill soutient l’idée selon laquelle :
Si l’on félicite l’homme pour ses œuvres, c’est que l’on critique la nature puisque ses œuvres modifient la nature.
L’homme est donc extérieur à la nature.
• Exemple :
« Tout le monde déclare approuver et admirer nombre de grandes victoires de l’Art sur la Nature : joindre par des
ponts des rives que la Nature avait séparées, assécher des marais naturels, creuser des puits, amener à la lumière du
jour ce que la Nature avait enfoui à des profondeurs immenses dans la terre, détourner sa foudre par des
paratonnerres, ses inondations par des digues, son océan par des jetées. Mais louer cet exploits et d’autres similaires,
c’est admettre qu’il soumettre les voies de la Nature et non pas leur obéir (…).
Op. cit.
Qu’est-ce que représentent les constructions évoquées dans l’extrait ? Les constructions montrent la supériorité de
l’homme sur la nature.
Qu’est-ce qui permet à l’homme de transformer la nature ? La technique.
• Complétez cette phrase avec les termes suivants : nature, technique.
La nature Renvoie à tout ce qui existe en dehors de l’action humaine tandis que la technique renvoie à l’ensemble
des moyens humains utilisez pour transformer la nature dans un but déterminé.
• Argument :
« Si le cours naturel des choses était parfaitement bon et satisfaisant, toute action serait une ingérence inutile qui, ne
pouvant améliorer les choses, ne pourrait que les rendre pires. (…) Si l’artificiel ne vaut pas mieux que le naturel, à
quoi servent les arts de la vie ? (…) Les puissances de la nature sont souvent en position d’ennemi face à l’homme, qui
doit user de force et d’ingéniosité afin de lui arracher pour son propre usage le peu dont il est capable et (…) l’homme
mérite d’être applaudi quand ce peu qu’il obtient dépasse ce qu’on pouvait espérer de sa faiblesse physique comparée
à ces forces gigantesques. » Op. cit.

1. Pourquoi l’homme intervient-il dans le cours de la nature ? La nature est souvent dangereuse pour lui.
2. Qu’est-ce qui lui permet de faire son intelligence ? Il lui permet de tirer ce qui est bon des forces naturelles.
3. Qu’est-ce qui permet à l’homme de survivre : la nature ou bien la technique ? la technique.
• Objections :
1. Mais si l’être humain transforme la nature, cela signifie-t-il pas qu’il en fait partie ?

Non, car il est nécessairement supérieur à elle pour pouvoir la modifier.

2. Mais la nature ne se retourne-t-elle pas parfois contre l’être humain ?

Si, mais il s’agit dans ce cas d’une ereur technique de l’être humain.

3
III) L’ÊTRE HUMAIN EST À LA FOIS NATUREL ET CULTUREL
Reconstituez la réponse de Merleau-Ponty à cette question.

« Tout est fabriqué et tout est naturel chez l’homme, comme on voudra dire, en ce qu’il n’est pas un mot, pas une
conduite qui ne doive quelque chose à l’être simplement biologique – et qui en même temps ne se dérobe à la
simplicité de la vie animale, ne détourne de leur sens les conduites vitales, par une sorte d’échappement et par un
génie de l’équivoque qui pourraient servir à définir l’homme. »

Phénoménologie de la perception, Merleau-Ponty

• Merleau-Ponty soutient l’idée selon laquelle :


L’être humain fait partie de la nature mais il s’en détache grâce à ses capacités propres.

• Exemple :

[ii] Chez les indigènes des îles Trobriand, la paternité n’est pas connue. Les enfants sont élevés sous l’autorité de l’oncle
maternel. Un mari, au retour d’un long voyage, se félicite de trouver de nouveaux enfants à son foyer. Il prend soin
d’eux, veille sur eux et les aime comme ses propres enfants (Notes de Merleau-Ponty).
Op.cit.
Expliquez l’exemple en complétant ces phrases :
- Chez mes Trobriand, est reconnu comme père celui qui s’occupe des enfants.
- Ce n’est donc pas une relation naturelle mais culturelle.
Complétez cette phrase avec les termes suivants : produit, culturel, donné.
Le naturel renvoie à ce qui est donné à l’être humain biologiquement tandis que le culturel Renvoie à ce qui est le
produit de l’action humaine sur lui-même ou sur son environnement.

• Argument :
« Il est impossible de superposer chez l’homme une première couche de comportements que l’on appellerait «
naturels » et un monde culturel ou spirituel fabriqué. »
Op.cit.
• Reformulez l’argument de Merleau-Ponty en complétant ces phrases :
L’être humain reçoit un donne biologique de la nature, mais il le transforme.
La culture ne s’ajoute pas à la nature mais la transcende : l’être humain va au-delà de la nature par ses inventions.

• Objections :
- Mais la capacité humaine de transformer la nature n’est-elle pas donnée à l’être humain par la nature
elle-même ?
Si, mais l’être humain transforme la nature elle-même.
- Mais l’être humain peut-il nier sa nature ?
Non, mais il peut la transformer.

4
EXTRAITS D’ETUDE POUR LE TRAITEMENT DE LA QUESTION

I- L’HOMME FAIT PARTIE DE LA NATURE, IL FAIT PARTIE DU COSMOS.

« (livre IV). De même, en effet, que la partie terrestre de mon être a été prélevée sur une certaine terre, la
partie humide sur un autre élément, la partie prise à l’air sur une autre source, et la partie constituée par la
chaleur et le feu sur une certaine autre source particulière — car rien ne vient de rien, comme rien ne
retourne à rien — de même aussi, l’intelligence vient de quelque part. (…) (livre VI). Il faut d’abord admettre
que je suis partie du Tout que régit la nature ; (…) (livre XV). Aspirer de l’air une fois et l’expirer ensuite, ce
que nous faisons à tout instant, est la même chose que rendre à la source, d’où tu l’as tiré une première fois,
l’intégralité de cette faculté de respiration, que tu as obtenue hier ou avant-hier, lorsque tu as été mis au
monde. »
Pensées pour moi-même, Marc Aurèle

II- MAIS L’HOMME A TENDANCE À CORRIGER LA NATURE.

Si le cours naturel des choses était parfaitement bon et satisfaisant, toute action serait une ingérence inutile
qui, ne pouvant améliorer les choses, ne pourrait que les rendre pires. Ou, si tant est qu’une action puisse
être justifiée, ce serait uniquement quand elle obéit directement aux instincts, puisqu’on pourrait
éventuellement considérer qu’ils font partie de l’ordre spontané de la nature ; mais tout ce qu’on ferait de
façon préméditée et intentionnelle serait une violation de cet ordre parfait. Si l’artificiel ne vaut pas mieux
que le naturel, à quoi servent les arts de la vie ? Bêcher, labourer, bâtir, porter des vêtements sont des
infractions directes au commandement de suivre la nature. (…)
Tout le monde déclare approuver et admirer nombre de grandes victoires de l’art sur la nature : joindre par
des ponts des rives que la nature avait séparées, assécher des marais naturels, creuser des puits, amener à
la lumière du jour ce que la nature avait enfoui à des profondeurs immenses dans la terre, détourner sa
foudre par des paratonnerres, ses inondations par des digues, son océan par des jetées. Mais louer ces
exploits et d’autres similaires, c’est admettre qu’il faut soumettre les voies de la nature et non pas leur obéir
; c’est reconnaître que les puissances de la nature sont souvent en position d’ennemi face à l’homme, qui
doit user de force et d’ingéniosité afin de lui arracher pour son propre usage le peu dont il est capable, et
c’est avouer que l’homme mérite d’être applaudi quand ce peu qu’il obtient dépasse ce qu’on pouvait
espérer de sa faiblesse physique comparée à ces forces gigantesques. Tout éloge de la civilisation, de l’art
ou de l’invention revient à critiquer la nature, à admettre qu’elle comporte des imperfections, et que la tâche
et le mérite de l’homme sont de chercher en permanence à les corriger ou les atténuer.

John Stuart MILL, La nature (1874)


5
III- L’ÊTRE HUMAIN EST À LA FOIS NATUREL ET CULTUREL

« Il n’est pas plus naturel ou pas moins conventionnel de crier dans la colère ou d’embrasser dans l’amour[i]
que d’appeler une table une table. Les sentiments et les conduites passionnelles sont inventés comme les
mots. Même ceux qui, comme la paternité, paraissaient inscrits dans le corps humain sont en réalité des
institutions[ii]. Il est impossible de superposer chez l’homme une première couche de comportements que
l’on appellerait « naturels » et un monde culturel ou spirituel fabriqué. Tout est fabriqué et tout est naturel
chez l’homme, comme on voudra dire, en ce qu’il n’est pas un mot, pas une conduite qui ne doive quelque
chose à l’être simplement biologique – et qui en même temps ne se dérobe à la simplicité de la vie animale,
ne détourne de leur sens les conduites vitales, par une sorte d’échappement et par un génie de l’équivoque
qui pourraient servir à définir l’homme ».

Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, 1945.

[i] On sait que le baiser n’est pas en usage dans les mœurs traditionnelles du Japon.
[ii] Chez les indigènes des îles Trobriand, la paternité n’est pas connue. Les enfants sont élevés sous l’autorité
de l’oncle maternel. Un mari, au retour d’un long voyage, se félicite de trouver de nouveaux enfants à son
foyer. Il prend soin d’eux, veille sur eux et les aime comme ses propres enfants (Notes de Merleau-Ponty).

Vous aimerez peut-être aussi