2) Choix D'inves

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FIcHE 21

Le choix d’investissement

Il existe de nombreux types d’investissements correspondant à des stratégies différentes. Une fois le type
d’investissement défini, l’entreprise procède à l’étude financière de son projet. L’étude d’un projet d’investissement
comprend plusieurs étapes. La première consiste à chiffrer les différentes caractéristiques du projet (montant, durée,
flux de trésorerie attendus...).
La décision d’investissement repose en partie sur un calcul permettant d’apprécier que les flux futurs de trésorerie
ont une valeur actuarielle supérieure au coût des moyens nécessaires à la réalisation de l’investissement.
1 .Politique d’investissement
On appelle investissement, l’engagement d’un capital dans une opération de laquelle on
Attend des gains futurs, étalés dans le temps, avec un objectif de création de valeur.
La politique d’investissement conditionne le développement futur de l’entreprise. Elle est la traduction concrète des
stratégies générales adoptées par la direction.
Plusieurs politiques sont possibles. Elles s’identifient ou se caractérisent :
– par le type d’investissement réalisé (remplacement, expansion, diversification,innovation
– par le mode de développement choisi : croissance interne ou croissance externe par acquisition d’autres sociétés.
A – La classification des investissements
Un investissement est une dépense destinée à acquérir des moyens de production ou de commercialisation qui généreront
des profits dans les années futures. On peut les classer de la façon suivante :
a) Investissements d’expansion : Ils contribuent à l’augmentation de la capacité de production ou de distribution de
l’entreprise, dans le même domaine que celui déjà exercé. Il peut s’agir d’investissements internes ou externes
(acquisition d’autres entreprises appartenant au même secteur d’activité)
b) Investissements de diversification : Ils se traduisent également par une augmentation de la capacité, mais dans
un domaine nouveau pour l’entreprise (exemples : lancement par BIC de rasoirs jetables).
c) Investissements de renouvellement (ou de remplacement) : Il s’agit de remplacer des investissements devenus
obsolètes et généralement totalement amortis.Le renouvellement à l’identique étant rarement possible, ils
s’accompagnent souvent de gains de productivité (machines plus performantes) ou de changements des produits
ou prestations.
d) Investissements d’innovation : Ce sont des investissements conçus pour exploiter une nouvelle technologie.
Généralement, ils nécessitent une réorganisation des modalités de production et une redéfinition des compétences
et des postes de travail.
e) Investissements sociaux : Il s’agit d’investissements destinés à améliorer les conditions de vie du personnel :
crèches, cantines, salles de sport... Ils se traduisent par une meilleure productivité et par une plus grande stabilité
du personnel (réduction du turnover, c’est-à-dire du taux de départ)
Première classification Seconde classification
Investissements immatériels (brevets, licences…) Investissements de maintien et de renouvellement : dépenses engagées pour remplacer du
matériel obsolète.
Investissements matériels (machines, bâtiments…) Investissements de modernisation et de productivité : dépenses engagées pour
moderniser, améliorer la productivité, économiser les ressources (énergie, matières
premières, main-d’œuvre) et donc produire à moindre coût.
Investissements financiers (titres) Investissements de capacité ou de croissance : dépenses engagées pour assurer la
croissance des capacités de production ou de commercialisation de l’entreprise.

B – évaluation de la rentabilité
Évaluer la rentabilité d’un projet d’investissement consiste à comparer les deux éléments suivants : les gains futurs actualisés et le
capital investi. Un investissement est acceptable dans la mesure où les gains attendus sont supérieurs
au capital investi.
Tous les investissements susceptibles d’être réalisés par l’entreprise peuvent faire l’objet d’un calcul de rentabilité.
Ce calcul exige que les gains attendus puissent être évalués avec une précision suffisante, ce qui est possible pour les investissements
productifs (techniques et financiers) dont l’impact sur le chiffre d’affaires ou sur les
coûts est mesurable. Les autres investissements (cantines, crèches, formation...) seront décidés sur la base d’autres considérations :
respect de la législation, satisfaction du personnel, alignement sur les concurrents...
c – caractéristiques d’un projet d’investissement
1) Capital investi
C’est la « dépense » que doit supporter l’entreprise pour réaliser le projet. Il comprend :

Coût d’acquisition de l’investissement


+ Augmentation du besoin en fonds de roulement d’exploitation (BFRE)
+ Certains frais initiaux (frais de recherche et de développement…)

Si le projet se traduit par une hausse du chiffre d’affaires, il se produit également une augmentation du BFRE qui se
maintiendra pendant toute la durée d’exploitation du projet.Le montant correspondant à cette augmentation restant
immobilisé pendant la durée du projet, il est logique de le considérer au même titre que l’investissement principal.
L’argent ainsi immobilisé sera récupéré à la fin de la durée retenue, mais avec une valeur diminuée du fait de l’actualisation,
ce qui aura un impact sur la rentabilité du projet
2) La durée d’exploitation

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Théoriquement, il faudrait retenir la durée de vie économique du projet mais, d’une part, elle est difficile à
prévoir et, d’autre part, elle est souvent trop longue pour être retenue. La durée d’amortissement peut être
retenue, si elle n’est pas elle-même trop longue. En effet, il faut fixer une durée permettant de faire des
prévisions significatives, quitte à prendre en compte dans les calculs la valeur résiduelle de l’investissement
au terme de cette durée.

3) La valeur résiduelle
La valeur attribuée à l’investissement, à la fin de la durée retenue pour le calcul, correspond au prix que l’on
pourrait attendre d’une cession. Le bien étant le plus souvent amorti à la date de cession, la valeur résiduelle
correspond généralement à une plus-value ; celle-ci doit être ajoutée nette d’IS au dernier flux net de
trésorerie
REMARQUE
Sur le plan fiscal, la déduction de la valeur résiduelle de la base amortissable n’est pas admise.Pour évaluer un projet
d’investissement, les dotations aux amortissements sont donc calculéessans tenir compte de l’éventuelle valeur résiduelle
4) Rentabilité économique d’un investissement
Il s’agit de flux évalués de manière prévisionnelle sur plusieurs années, donc forcément affectés d’une certaine
incertitude. L’entreprise attend d’un projet d’investissement :
– soit qu’il apporte des rentrées nettes d’argent ;
– soit qu’il permette de réaliser des économies au niveau de certains coûts d’exploitation
En principe, ces flux nets de trésorerie (ou cash flows) sont générés tout au long de l’exercice mais, pour simplifier les
calculs de rentabilité, on admet qu’ils sont obtenus à la fin de chaque exercice
a) Precisions importantes :
Flux d’exploitation : On se place dans un contexte prévisionnel, ce qui exclut, sauf exception, les éléments exceptionnels.
Le calcul se limite donc généralement aux postes d’exploitation
Flux nets d’is : Les flux doivent être calculés après impôt. L’impôt sur les sociétés généré parle bénéfice supplémentaire
fait partie des dépenses imputables au projet.
Calcul hors financement : L’objectif est de calculer la rentabilité économique du projet ; le calcul des flux doit être
indépendant du financement prévu (ce qui implique un financement à 100 % par autofinancement).Le coût du
financement est pris en compte au niveau du taux d’actualisation
b)Calcul des flux dans le cas d’un investissement de remplacement
 Le prix de cession relatif à l’ancien équipement net de l’impôt sur la plus-value éventuelle, vient en
déduction du prix d’acquisition du nouvel investissement. Le capital investi dans le nouvel investissement
s’en trouve donc allégé. Si le bien cédé est totalement amorti, le prix de cession correspond à une plus-value
à court terme soumise à l’IS au taux normal.
 Si le remplacement de l’ancienne immobilisation est à l’identique, les seuls flux à considérer sont : – les
dotations aux amortissements –l’économie d’IS liée à l’amortissement du nouvel investissement
Si le remplacement n’est pas identique (cas le plus courant) et se traduit par une augmentation du CA HT, les flux nets de
trésorerie supplémentaires générés doivent également être pris en compte dans le calcul.
3. raisonnement en terme d’encaissement décaissement :
a) Encaissements
– Recettes nettes d’exploitation après impôt : elles représentent la CAF d’exploitation (ou cash-flow d’exploi-
tation) déterminée selon le calcul suivant :
En cas de résultat avant impôt négatif, par simplification, on calcule, un impôt sur ce résultat correspondant à une
Chiffre d’affaires
économie d’impôt. sous l’hypothèse que l’entreprise impute ce déficit sur le bénéfice réalisé par les autres activités Il est
– Charges
égalementvariables
possible de reporter le déficit sur les exercices suivants si l’énoncé le précise.
– Valeur
= Margerésiduelle de l’investissement
sur coût variable (MCV) : il s’agit du prix de l’éventuelle cession du bien (valeur vénale nette d’IS) en fin de
– Frais En
projet. fixes
l’absence d’une estimation, on utilise la valeur nette comptable (VNC).
= EBE
– Récupération
– Dotations auxdu BFRE : en fin de
amortissements deprojet, le besoin en fonds de roulement total est récupéré, c’est-à-dire encaissé.
l’investissement
= Résultat avant impôts
b)– Décaissements
Impôt sur les sociétés
= Résultat après :impôts
– Investissement il est supposé être décaissé au début de la première année.
+ Dotations aux amortissements de l’investissement
– Variation du BFRE : la variation de l’activité de l’entreprise d’une année sur l’autre entraîne une variation de son
besoin en fonds de roulement d’exploitation. Cette variation du BFR peut être positive ou négative. Elle intervient
dès le début de la première année et est déterminée ainsi :
Années BFRE Variation BFRE
N X x
N+1 Y y–x
N+2 Z z–y
z représente la récupération du BFRE.

BFRE =! %SiCAle HT
Attention = Stock
BFRE + Créances
de l’année clients
N-1 est donné, la –variation
Dettesdufournisseurs
BFRE de l’année 1 sera égale à la différence entre le BFRE de l’année N et
le
Si BFRE de est
le BFRE l’année (N-1).
donné en jours de chiffre d’affaires : BFRE = (BFRE en jours de CAHT)  CAHT / 360.

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C – La détermination des flux de trésorerie d’exploitation liés à l’investissement (FTE)


Les flux nets de trésorerie constituent la différence entre les recettes et les dépenses annuelles générées par
l’investissement et sont déterminés de la façon suivante (cas d’un projet d’investissement sur trois ans) :
Début N Fin N Fin N+1 Fin N+2
CAF X X X
VNC ou valeur vénale nette d’IS
Valeur vénale des anciennes immobilisations cédées X X
Récupération du BFRE
– Investissement X X
– Variation du BFRE X X
X
FTE A b c d

D – Les différentes étapes à respecter


– Établir le tableau d’amortissement des immobilisations et déterminer la VNC en fin de projet.
– Calculer la CAF.
– Établir la prévision du BFRE en vue de déterminer la variation du BFRE.
– Établir le tableau des FTE liés à l’investissement.
2 ♦ L’ÉTUDE DE LA RENTABILITÉ D’UN INVESTISSEMENT
Une fois les caractéristiques des projets chiffrées, l’entreprise doit se prononcer sur leur rentabilité.
S’il existe plusieurs projets possibles, elle doit pouvoir en établir un classement. Plusieurs critères
permettent de répondre à cet objectif. Si les critères financiers restent déterminants dans la prise
de décision (réaliser le projet ou non), les critères non financiers jouent un rôle non négligeable
dans le choix final

A – Le taux d’actualisation (i)


Le taux d’actualisation est le taux minimum exigé par l’entreprise compte tenu du risque encouru. Il constitue le plancher
pour lequel l’investisseur accepte ou rejette le projet d’investissement. C’est le taux auquel on actua- lise les FTE afin de
calculer la valeur actualisée nette (VAN). Si le projet supporte un risque identique à celui de l’activité actuelle de
l’entreprise et si son financement ne modifie pas la structure financière existante, le taux d’actualisation retenu est le
coût du capital correspondant au coût moyen pondéré de l’ensemble des capitaux mis à disposition de l’entreprise par
ses actionnaires et ses prêteurs.
B – Les critères de sélection financiers
Les critères de sélection financiers reposent sur la valeur actuelle nette, le taux interne de rentabilité, l’indice de profitabilité,
le délai de récupération investi et les critères globaux.
1) Les critères fondés sur l’actualisation
a) Valeur actualisée nette (VAN)
C’est la différence entre la valeur actualisée des cash-flows prévus et le montant du capital engagé dans le projet
à la date zero. Et donc Évaluer un projet d’investissement consiste à comparer le capital investi I à l’ensemble descash-flows
VAN = a + b (1 + i)-1 + c (1 + i)-2 + d (1 + i)-3 + … + z (1 + i)–n
(a est < 0 ; il correspond au FNT du début de l’année N)
Si b = c = d = … = z : VAN = a + b 1 – (1 + i )–n
i
La valeur actualisée nette met en évidence la création de valeur d’un projet.

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Si la VAN est positive, le projet est rentable et peut être retenu.


Si la VAN est négative, le projet n’est pas rentable et doit être exclu.
Plus la VAN est élevé, plus le projet est intéressant.
Retenir le projet qui a la VAN la plus élevée.
La VAN est très sensible au taux d’actualisation. Si ce taux est élevé, elle peut devenir négative

b) Taux de rentabilité interne (TRI)


Il correspond au taux d’actualisation qui rend la VAN égale à zéro, c’est-à-dire le taux (t) qui permet à l’in-
vestisseur de récupérer exactement le montant investi : la somme des flux nets de trésorerie actualisés est égale à
l’investissement initial.
VAN = a + b (1 + t) – 1 + c (1 + t) – 2 + d (1 + t) – 3 + … + z (1 + t) – n = 0

On trouve (t) par interpolation.


Si le TRI (t) est > taux attendu (i), le projet est accepté. Si le
TRI (t) est < i, le projet est rejeté.
Plus le TRI (t) est élevé plus le projet est intéressant.
Retenir le projet qui a le TRI (t) le plus élevé.

Pour qu’un projet d’investissement soit acceptable, il faut que son taux de rentabilité interne soit supérieur au taux de
rentabilité minimum exigé par l’entreprise. Ce taux est appelé alors « taux de rejet ».
Un projet d’investissement est d’autant plus intéressant que son taux de rentabilité interne est élevé
Le taux de rentabilité interne suppose le réinvestissement des flux générés par le projet à ce même taux. Or, il est peu
probable que les flux soient réinvestis à ce taux jusqu’à l’échéance lorsque le TRI est élevé et éloigné des taux de rendement
du marché.

c) Indice de profitabilité (ip)


Il consiste à rapporter la VAN au montant de l’investissement initial.
Le projet qui assure l’indice le plus élevé est celui qui assure la meilleure rentabilité.
Ip =(VAN/ I + VAR BFRE 0) + 1

Un ip égal à 2 signifie qu’1 € de capital investi rapporte 2 €. Si


l’ip est > 1, le projet est rentable.
Si l’ip est < 1, le projet n’est pas rentable.
Plus l’ip est élevé, plus le projet est intéressant.
L’indice de profitabilité donne l’avantage procuré par un projet mais ne renseigne pas sur la création de valeur.

d) Délai de récupération du capital investi (d)


Il permet de déterminer en combien de temps sera récupéré le capital investi pour chaque projet susceptible d’être
réalisé.
Le calcul de (d) est déterminé de la façon suivante :
FTE Année N Année N + 1 Année N + 2
FTE B c d
FTE actualisés b (1 + i)–1 = B c (1 + i)–2 = C d (1 + i)–3 = D
Cumul des FTE B B+C B+C+D

Le capital investi (I + variation BFRE année 0) est rentabilisé dans une période comprise entre n et n’ ; on trouve le délai
par interpolation linéaire.
Plus le délai de récupération est court, plus l’investissement est réputé intéressant. En effet,on admet que :–lerisque
couru par l’entreprise est d’autant plus faible que le délai de récupération est court(à un horizon rapproché, les
prévisions sont plus fiables, les changements significatifs del’environnement peu probables...) ;– la rentabilité est
d’autant plus grande que le délai de récupération est plus court. Mais cettehypothèse n’est pas toujours vraie (cas des
projets à longue durée de vie dont les cash-flowsles plus importants se produisent assez tard)

e) Critères globaux
Ils reposent sur l’utilisation d’un taux de placement pour les CAF dégagées chaque année qui sont capitalisées jusqu’à la fin
du projet. Cette somme capitalisée est ensuite actualisée au coût du capital et comparée au capital investi. On peut calculer
la VAN globale (VANG), le TRI global (TRIG), l’indice de profitabilité global (IpG).
Ils sont utilisés pour départager les critères simples lorsqu’ils sont discordants. Ils
permettent :
– d’éviter que le taux de rémunération des ressources ne serve à la fois de taux d’actualisation et de taux de placement
des excédents de trésorerie ;
– d’éviter, quand le taux interne de rentabilité est élevé, de poser l’hypothèse de réinvestissement des flux positifs à ce taux,
ce qui est peu vraisemblable ;
– de départager les projets de durée de vie différente ;
– d’apprécier les projets à taux de rentabilité multiples. La
méthode des critères globaux consiste à calculer :
– la valeur acquise (VA) en fin de projet au taux de réinvestissement (t) ;
– la valeur actualisée nette globale (VANG) en actualisant la VA au taux d’actualisation (i). Par
exemple, pour un projet d’investissement (I) sur cinq ans :

Retenir
VA =leb projet
(1+t)4 qui
+ c a(1+t)
la VANG,
3 le TRIG
+ d (1+t) 2 ou l’IPG
+ e (1+t) 1 le plus
+ f (1+t) 0 élevé.
VANG = – (I + Variation du BFRE0) + VA (1+i)–5
TRIG (t’) : VANG =0 ; on trouve (t’) par interpolation linéaire
IPG = [VANG / (I + Variation du BFRE0)] + 1

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2) Les critères non fondés sur l’actualisation


Délai de récupération du capital investi (d)

FTE Année N Année N + 1 Année N + 2


FTE B c d
Cumul des FTE B b+c b+c+d

L’investissement (I + variation BFRE année 0) est rentabilisé dans une période comprise entre n et n’ ; on trouve le délai
par interpolation linéaire.

3) Les critères à retenir selon les projets d’investissement


Caractéristiques des investissements Critères à retenir
Si les investissements sont de montants identiques VAN ou TRI
Si les investissements sont de montants différents TRI ou Ip

4. critères non financiers


La rentabilité estimée d’un projet ne constitue que l’un des éléments de la démarche d’investissement. D’autres considérations peuvent
intervenir dans le processus de décision. On peut citer notamment
1. Le niveau de risque
Investir implique nécessairement l’acceptation d’un certain niveau de risque.D’une façon générale, les investissements de
renouvellement ou d’expansion sont moins risqués que les investissements de diversification ou d’innovation. Le risque ne se limite pas
aux seules considérations financières et revêt plusieurs aspects.

L’entreprise doit évaluer ces risques potentiels pour pouvoir porter un jugement global sur le projet
1.2 Types de risques
a) Risque économiqueLe projet peut se révéler très sensible à la modification d’une donnée économique oufinancière.Diverses techniques
(simulations, études de sensibilité...) permettent de mesurer ce risqueet ses conséquences sur la rentabilité. C’est ainsi que l’on peut
tester la sensibilité duprojet à :
– une variation du taux d’actualisation ;
– une augmentation des coûts ;– une variation du taux de croissance du marché ;
– un changement de la durée (raccourcissement en cas de problème...) ;
Un projet qui montre de fortes variations de rentabilité en cas de modification d’un (ou deplusieurs) élément(s) sera considéré comme très
risqué et devra éventuellement être abandonné.

b) Risque social et organisationnelLe projet, notamment s’il correspond à une innovation, peut remettre en cause les
modalitésd’organisation de l’entreprise.De nombreux changements organisationnels se sont produits depuis 15 ans du fait desopérations
de restructuration, du recours à la sous-traitance, de l’introduction de nouvellestechnologies de communication, du développement de
normes de qualité (exemple : normesISO) et d’un certain nombre d’innovations.Outre leur impact sur le niveau d’emploi, ces changements
ont des effets sur la qualification,la complexité des tâches, la manière de travailler (rythme, flexibilité, degré d’autonomie...)et peuvent
entraîner des réactions sociales négatives (conflits, non-adhésion des salariés auxobjectifs).Ces changements doivent être anticipés et
une formation adaptée proposée au personnel.

c) Risque technologiqueIl peut s’agir :– soit du risque de catastrophe industrielle (explosion, affaissement...) : les entreprisesconcernées
par ce type de risque devront s’assurer de la fiabilité du projet, du bon choixde son implantation et surveiller attentivement sa mise en
œuvre (exemples : AZF,passerelle de l’aéroport de Roissy). Il est préférable d’accepter une majoration du coût lorsde la conception et de
la réalisation du projet, plutôt que de s’exposer à des risques tropimportants qui en cas de problème se révéleraient encore plus coûteux ;–
soit du risque de mauvaise maîtrise d’une nouvelle technologie : avant de lancer unenouvelle technologie, l’entreprise doit en évaluer tous
les impacts et s’assurer de bienmaîtriser son utilisation (exemple : industrie pharmaceutique).

d) Risque environnementalLes impacts des investissements sur l’environnement peuvent de moins en moins êtrenégligés par les
entreprises.
Renforcement de la législation en matière d’environnementLa législation nationale impose de plus en plus de règles relatives à
l’environnement(exemples : interdiction de l’amiante en janvier 1997 ; loi du 15 mai 2001 sur les NouvellesRégulations Économiques
imposant aux sociétés cotées d’inclure des informations socialeset environnementales dans leurs rapports annuels : conséquences de
l’activité sur l’environnement, mesures prises pour préserver l’environnement...).La législation communautaire oblige également les
entreprises à accorder aux évaluations d’impacts sur l’environnement une place essentielle dans le montage de projets
(exemples :directive sur les permis d’émission de gaz à effet de serre ; normes pour les véhicules diesel...)

Notion d’investissement socialement responsableL’image d’une entreprise est de plus en plus liée à l’impact de ses activités sur l’environ-
nement, ce qui a conduit à l’émergence d’un nouveau concept : celui d’investissementsocialement responsable (ISR).Ce label, destiné aux
investisseurs, est attribué à certaines sociétés cotées lorsqu’ellesprennent suffisamment en compte les critères sociaux et
environnementaux dans leurs choixde développement (c’est-à-dire dans leurs investissements).Il s’agit des sociétés poursuivant
réellement ce que l’on appelle un « développementdurable » et acceptant de conditionner leur politique de croissance à la préservation
del’environnement dans tous ses aspects (eau, biodiversité, déchets, pollution chimique...).Pour vérifier et évaluer les pratiques des
sociétés, des agences de notation spécialisées dansce domaine se sont développées depuis la fin des années 90. Dans le monde, il
existe unetrentaine d’agences spécialisées dans la notation extra-financière. Le groupe Vigeo est la plusgrande agence européenne de
notation sociale et environnementale ; mais on peut égalementciter Innovest et CoreRatings. La notation peut être déclarative (les sociétés
cotées sontnotées et les résultats sont vendus aux investisseurs : assurances, fonds de pension, banques)ou sollicitée (demandée par
l’entreprise).Les sociétés ayant obtenu une notation favorable peuvent être retenues dans la compositionde l’un des fonds éthiques qui se
sont récemment développés

2. La flexibilitéUn investissement se traduit par une immobilisation importante de fonds pour plusieursannées. Il s’accompagne d’une
certaine irréversibilité qui va peser sur l’avenir de l’entreprise.Il faudra essayer de mesurer le degré de flexibilité de l’investissement :
possibilité d’enmodifier la taille (en plus ou en moins selon que le projet est réussi ou non) ou la durée ;possibilité de le retarder, de le
reconvertir si nécessaire...La société pourra préférer un projet un peu moins rentable qu’un autre mais présentant unplus grand degré de
flexibilité
3. La cohérence avec la stratégie suivieUne entreprise ne peut pas durablement ne pas se soucier de la rentabilité. Toutefois, ellepeut y
renoncer sur une courte période dans la mesure où cette décision peut être bénéfiqueà plus long terme.C’est ainsi qu’une entreprise peut
accepter des projets peu rentables pour s’implanter dansun pays si, à terme, cela lui permet de contrôler le marché ou d’acquérir un savoir
fairetransposable dans son pays d’origine ou dans d’autres pays.

4. L’obligation de suivre les concurrentsL’entreprise ne peut ignorer les investissements réalisés par ses concurrents :– s’il s’agit
d’investissements sociaux, une partie du personnel peut être tentée de changerd’entreprise ou connaître une baisse de motivation ;– si ce
sont des investissements de modernisation, ilyaunrisque de voir les concurrentsbaisser leurs prix ou améliorer la qualité de leurs
prestations ;

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♦ Application

Au début de l’année N, l’entreprise METALUX fait l’acquisition d’un équipement pour 420 000 €, faisant l’objet d’un amor-
tissement linéaire sur 4 ans.
Le nombre de produits vendus la première année est de 2 000 ; une augmentation de 5 % est prévue pour la deuxième
puis pour la troisième année ; le prix de vente unitaire est de 350 €; il est constant.
Le coût variable de production représente 70 % du chiffre d’affaires.
Les charges de structure hors amortissement sont de 80 000 €.
Le taux d’actualisation est de 10 % ; le taux d’impôt sur les sociétés est de 33,1/3
%. Le BFRE normatif est de 120 jours de chiffre d’affaires hors taxes.
À fin N+3, on retiendra une valeur résiduelle nette d’impôt de 180 000 €
Tous les calculs seront arrondis à l’euro le plus proche.
Présenter le tableau des FNT liés à l’investissement pour les années N à N + 3.
Calculer la VAN, le TRI, l’ip et d ; conclure.
Calculer la VANG en considérant que les flux sont réinvestis au taux de 6 %.
Calcul des DAP :
420 000 / 4 = 105 000 €
Calcul de la CAF :
Éléments Fin N Fin N+1 Fin N+2 Fin N+3
Chiffre d’affaires 700 000 735 000 771 750 771 750
– Charges variables 490 000 514 500 540 225 540 225
= Marge sur coût variable (MCV) 210 000 220 500 231 525 231 525
– Frais fixes 80 000 80 000 80 000 80 000
= EBE 130 000 140 500 151 525 151 525
– Dotations aux amortissements de l’investissement (DAP) 105 000 105 000 105 000 105 000
= résultat avant impôts 25 000 35 500 46 525 46 525
8 333 11 833 15 508 15 508
– Impôt sur les sociétés (33,1/3 %)
16 667 23 667 31 017 31 017
= Résultat après impôts
105 000 105 000 105 000 105 000
+ Dotations aux amortissements de l’investissement (DAP)
= CAF 121 667 128 667 136 017 136 017

Calcul de la variation du BFRE

Années BFRE Variation BFRE


N 700 000  120 / 360 = 233 333 233 333
N+1 735 000  120 / 360 = 245 000 245 000 – 233 333 = 11 667
N+2 771 750  120 / 360 = 257 250 257 250 – 245 000 = 12 250
N+3 257 250 257 250 – 257 250 = 0

Tableau des FTE liés à l’investissement


Début N Fin N Fin N+1 Fin N+2 Fin N+3
CAF 121 667 128 667 136 017 136 017
VNC ou valeur vénale 180 000
Récupération du BFRE 257 250
– Investissement – 420 000
– Variation du BFRE – 233 000 – 11 667 –12 250
FTE liés à l’investissement – 653 333 110 000 116 417 136 017 573 267

Calcul de la VAN à 10 % = – 653 667 + 110 000 (1,10)–1 + 116 417 (1,10)–2 + 136 017 (1,10)–3 + 573 267 (1,10)–4 = 36 619 €
La VAN est positive, le projet est donc rentable.
Calcul du TRI (t) : – 653 667 + 110 000 (1 + t)-1 + 116 417 (1 + t)-2 + 136 017 (1 + t)-3 + 573 267 (1 + t)-4 = 0 ; on trouve environ t = 12
%
Le TRI est supérieur au taux d’actualisation, le projet est donc rentable.
Calcul de l’ip = (36 619 / 653 333) + 1 = 1,056
L’ip est supérieur à 1, le projet est donc rentable.

LES CARRÉS DU DCG 6 – FINANCE D’ENTREPRISE

Calcul de d :
FTE Fin N Fin N+1 Fin N+2 Fin N+3
FTE 110 000 116 417 136 017 573 267
FTE actualisés 110 000 96 212 102 192 391 549
FTE actualisés cumulés 110 000 206 212 308 404 699 953

653 333 € est compris entre 308 404 € et 699 953 €; le capital investi est donc récupéré entre la 3e et la 4e année. d = 3 + [(4
– 3)  (653 333 – 308 404)] / (699 953 – 308 404) = 3,88 années, soit 3 ans et 10 mois.
Calcul de la valeur acquise (VA) à 6 % : 110 000 (1,06)3 + 116 417 (1,06)2 + 136 017 (1,06)1 + 573 267 (1,06)0 = 979 263 €
Calcul de la VANG à 10 % : - 653 333 + 979 263 (1,10)-4 = 15 517 €
La VANG est positive. Le projet est rentable.

LES AUTRES ÉLÉMENTS À CONSIDÉRER POUR L’ÉVALUATION D’UN PROJET


Le choix des critères dépend des objectifs de l’entreprise : la VAN mesure la rentabilité du projet alors que le
délai de récupération mesure la liquidité du projet. Il est donc conseillé d’utiliser plusieurs critères afin de leur donner un sens
par référence aux objectifs de l’entreprise.
Les critères d’évaluation fondés sur la VAN, le TRI et l’IP sont certes révélateurs mais d’autres éléments peuvent rentrer
en ligne de compte :

La décision d’investir, c’est-à-dire d’immobiliser des capitaux à long terme, est une décision
La taille du projet importante à laquelle l’entreprise se trouve confrontée. Selon la stratégie de l’entreprise, on ne
traitera pas de la même façon l’investissement s’il s’agit de l’achat d’une machine ou de
l’acquisition d’une filiale.

– Risque économique : le marché existe-t-il ? Le prix de vente est-il acceptable ? La


politique de distribution suivra-t-elle ?
– Risque environnemental : le projet est-il compatible avec les nouvelles normes de
l’environnement ? A-t-il des conséquences climatiques favorables ou défavorables ? Émet-il
des déchets toxiques ou non ? Y a-t-il un risque écologique ?
– Risque social : le personnel sera-t-il assez compétent ? Trouvera-t-on les qualifi- cations
Le niveau
nécessaires ? La réaction du personnel au projet sera-t-elle favorable ou défavorable ?
de risque
– Risque organisationnel : le nouveau projet s’insérera-t-il dans l’organisation actuelle ou
faudra-t-il envisager une restructuration ? L’entreprise devra-t-elle se soumettre à de
nouvelles réglementations ?
– Risque technologique : d’autres investissements seront-ils plus performants dans un avenir
proche ?

La durée du projet
Plus le délai de récupération du capital investi est élevé, plus le risque est accru, compte-
tenu de l’incertitude quant à l’avenir.
La cohérence avec
la stratégie de La décision d’investir est liée aux objectifs généraux de l’entreprise (croissance, inno- vation,
l’entreprise diversification).

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