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Investissements et plan de financement

La décision d'investir se traduit presque toujours par une sortie et une immobilisation
de fonds importants dont l'entreprise escompte, à terme, une certaine rentabilité mais qui sup-
posent un risque.

La minimisation de ce risque ne peut être obtenue que par la réalisation d'études


préalablement à toute décision.

Typologie des investissements

Les investissements peuvent être appréhendés à partir de plusieurs critères de


classification.

1) Suivant leur objectif

Ce critère met en évidence les catégories suivantes:

a/ Les investissements productifs : Ils ont toujours pour but d'accroître la capacité
productive et/ou de diminuer les coûts.

b) Les investissements obligatoires : Il s'agit de tous les investissements qui ont


imposés à l'entreprise par la réglementation, I'environnement ou le souci de sécurité.

c) Les investissements improductifs : Ce sont tous les investissements qui, sans être
indispensables sur le strict plan de la rentabilité, peuvent néanmoins présenter un intérêt au
niveau de la satisfaction du personnel ou à celui de la valorisation d'une image de marque.

Pour les deux dernières catégories, les choix constituent une réponse à des impératifs
commerciaux ou à des contraintes sociales. Les critères de choix ne sont donc pas financiers,
seuls leur coût et leur mode de financement ont besoin d'être analysés.

2) Suivant leur nature

Ce critère permet de distinguer:

a) Les investissements en immobilisations : Ils sont liés au remplacement ou à


l’accroissement du volume des immobilisations corporelles ou incorporelles de l'entreprise.

b) Les investissements intellectuels : Ils sont de quatre types principaux:

- recherche: surtout recherche appliquée et recherche-développement;

- investissements humains: il s'agit de tout ce qui touche à l'améli()ration des


ressources humaines de la firme;
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- investissements commerciaux

- investissements en logiciels.

L'importance croissante de ces dépenses, dont le montant dépasse souvent celui de la


partie purement «matérielle» de l'investissement, fait qu'il est devenu indispensable de les
budgétiser et d'essayer d'en contrôler l'utilisation et les effets. Même si elle ne supporte aucun
doute, la rentabilité de ce type d'investissement reste très difficile à appréhender et à mesurer.
La mise en place d'un contrôle nécessitera souvent le recours à des artifices plus ou moins
satisfaisants mais qui fournissent cependant une base d'évaluation quantitative.

c) Les investissements financiers

Les opportunités de croissance externe posent à l'entreprise des problèmes tels que
ceux du choix d'une prise de participation dans une entreprise existante.

Là encore, les considérations stratégiques sont souvent prédominantes au niveau des


critères de choix et l'emportent sur les vues purement financières.

3) Suivant le besoin satisfait

Dans cette optique, il est possible de distinguer:

a) Les investissements de remplacement.

Leur objectif est le maintien de la capacité de production compte tenu, par exemple, de
l'usure ou de l'obsolescence des équipements anciens.

b) Les investissements de productivité

Ils sont directement liés à la recherche de l'augmentation du volume de production


sans augmentation corrélative de la consommation de facteurs et/ou à la réduction des coûts et
particulièrement du travail.

Ils sont souvent confondus avec les précédents, l'occasion d'un renouvellement
permettant de faire simultanément des gains de productivité. Inversement, un investissement
en matériel ne peut rarement se faire, compte tenu des progrès technologiques, sans qu'il y ait
un changement de nature, qui va le plus souvent de pair avec une amélioration de la
productivité.

c/ Les investissements d'expansion

Ils changent la structure du compte de résultat, le niveau du chiffre d'affaires et sa


composition. Il peut s'agir:
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- de développer la production et la commercialisation de produits existants;

- de diversifier les produits ou l'activité de la société, sans changement majeur de


structure de l'entreprise;

- de changer la structure d'exploitation (création et/ou suppression de branches


d'activité) ou même la structure juridique (création ou acquisition de filiales).

La décision d'investissement

Le concept d'investissement repose sur l'idée qu'à une dépense initiale doivent
correspondre des recettes futures d'un montant supérieur.

Le projet ou l'opportunité d'investissement doit faire l'objet d'études par les fonctions
de l'entreprise concernée:

- études commerciales: études de marché, de distribution, de concurrence... ;

- études techniques: caractéristiques, délai de réalisation, durée de vie... ;

- études économiques: coût de l'investissement, capacité de production,


investissements induits, rendement... ;

- études de financement: recherche, de façon sommaire, des possibilités de


financement et du montant maximal que peut supporter l'entreprise;

- études relatives à l'organisation et aux conséquences de l'investissement sur le


personnel, lorsque la réussite du programme implique une formation du personnel ou des
changements importants dans l'organisation du travail;

- études juridico-fiscales, lorsque cet aspect existe dans le projet d'investissement:


prise de participation, fusion, absorption, possibilités d'obtenir des subventions, des
exonérations.

- enfin, un plan de financement devra être élaboré.

La démarche précédant la décision d'investissement sera différente pour les grands


types d'investissements. Les investissements de remplacement ou de renouvellement (au sens
strict), dans la mesure où ils répondent à une contrainte technique d'exploitation, ne peuvent
pas toujours être soumis à des critères de rentabilité économique. Nous avons montré qu'il en
est de même pour les investissements obligatoires et pour la plus grande partie des investis-
sements immatériels et financiers.

La démarche que nous préconisons ci-dessous qui passe par la détermination des
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paramètres chiffrés se rapportant à un investissement ne saurait donc être considérée comme
une procédure universelle. Elle reste cependant significative et efficace pour une très grande
partie des investissements.

Mesure de la rentabilité économique de l'investissement


La mesure de la rentabilité économique d'un investissement peut être réalisée selon des
méthodes qui peuvent être classées en deux types selon qu'elles font appel ou non aux tech-
niques de l'actualisation.

Toutes ces méthodes sont fondées sur une optique financière et mettent en rapport la
mise de fonds de l'investissement avec les recettes futures attendues de l'investissement.
Toutefois, les premières ont l'avantage de donner moins de valeur aux recettes escomptées
dans un avenir lointain qu'à celles escomptées dans un futur proche.

1) Flux prévisionnels engendrés par un investissement

L'étude d'opportunité d'un investissement rend nécessaire la mesure des flux que
l'investissement devrait dégager au cours de la période à venir correspondant à sa durée de vie
économique.

Ce sont, en effet, les flux prévisionnels chiffrant la contribution marginale de


l'investissement qui seront mis en regard de l'investissement de départ pour en mesurer la
rentabilité économique.

La meilleure mesure de ces recettes est le « Flux net de trésorerie après impôts » =
(Produits encaissables - Charges décaissables)

2) Les méthodes fondées sur l'actualisation

Les méthodes fondées sur l'actualisation prennent en compte:

- le fait que les recettes et les dépenses sont versées ou dépensées selon une certaine
répartition sur la durée de vie de l'investissement;

- le fait qu'une somme encaissée ou décaissée dans n années n'a pas la même valeur
que la même somme encaissée ou décaissée au moment présent, et ce, non seulement à cause
d'une dépréciation objective, mais aussi à cause de l'incertitude inséparable de toute projection

dans l'avenir. .

La technique de l'actualisation permet d'escompter le futur par rapport au présent,


selon un taux dit d'actualisation, qui est la contrepartie de rentabilité que l'on exige de la

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dépréciation et du risque encouru. C'est une mesure de l'échange consenti entre un futur
incertain et un présent sûr.

Ces méthodes sont les suivantes:

a) La valeur actuelle nette (VAN)

Ce critère consiste à comparer la dépense initiale engendrée par l'investissement à la


valeur actuelle des flux nets de trésorerie attendus de l'investissement sur sa durée de vie.

D'une façon générale, le calcul de la valeur actuelle nette consiste:

- à déterminer, pour chaque année de prévision, la somme algébrique des


encaissements et des décaissements;

- à actualiser le montant obtenu pour chaque année en le pondérant d'un coefficient


(1+r)n , r étant le taux d'actualisation retenu et n le rang de l'année suivant la mise en
exploitation.
n
∑ cf (1+r)i
i=1
La VAN = -I

la valeur actuelle nette doit être positive et la plus élevée possible; négative, elle
signifierait que l'investissement envisagé ne dégage pas de surplus sur la durée observée.

Dans cette optique, le taux d'actualisation est aussi le taux de rentabilité minimal que
se fixe l'entreprise.

Pour rendre la VAN positive, l'investissement doit dégager un surplus par rapport à ce
taux.

b) La méthode du taux interne de rentabilité (TIR)

La méthode du taux interne de rentabilité (TIR) est également fondée sur le principe
de l'actualisation des décaissements et des encaissements liés à un investissement sur une
période d'observation choisie.

Le taux interne de rentabilité d'un projet d'investissement est le taux d'actualisation qui
annule la valeur actuelle nette, c'est-à-dire le taux .d'actualisation qui égalise la. Valeur de
l’investissement et des cash-flows.

La mesure de la rentabilité économique d'un projet d'investissement par le TIR


nécessite, de même que pour la valeur actuelle nette, que l'entreprise se fixe un taux de rejet

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qui est la norme minimale exigée.

c) L’indice de profitabilité

Utiliser le critère de l'indice de profitabilité consiste à rapporter les montants des


recettes d'exploitation nettes actualisées générées par un projet d'investissement (cash-flows)
au montant de l'investissement lui-même.
n
∑ cf (1+r )
i=1
Indice de profitabilité = / Investissement

L’indice de profitabilité doit être positif et le plus élevé possible; il permet, mieux que
d'autres critères, de comparer des investissements de montants différents car il est neutre par
rapport à la dimension de l’investissement.

d) Exemple

Imaginons un investissement de 2000000 DH générant des cash-flows de 840 000DH


pendant trois ans. Les méthodes précédentes de calcul de rentabilité vont s'appliquer ainsi, le
taux d'actualisation de l'entreprise est de 12 % :

1/ VAN au taux d'actualisation de 12 %

0 , 12
840000 −2000000=17538 DH
(1, 12)−3
VAN =

La VAN est supérieur à 0, le projet est rentable à 12%.

2/ Le TIR

TIR : t est la solution de l'équation suivante:

t
840000 −2000000=0
(1+ t )−3
→ t = 12,51%

Le résultat d'un TIR juste supérieur au taux d'actualisation (12 %) est cohérent avec la
valeur trouvée pour la VAN qui était légèrement positive à ce taux.

3/ Indice de profitabilité

Ip =1+ 17538/2000000 =1,009

Ce qui signifie qu'au taux d'actualisation de 12 %, 1 DH investi rapporte 1,009 DH.


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Le plan d'investissement et le plan de financement

La décision d'investir est fortement dépendante des options stratégiques globales de la


firme. Les dirigeants de l'entreprise doivent avant tout définir une politique d'investissement
cohérente à long et à moyen terme.

L'entreprise peut être considérée comme une interface entre des sources de
financement, d'une part, et des projets d'investissement, d'autre part, comme le montre la
figure suivante.

Les actionnaires et les créanciers injectent des fonds dans l'entreprise; celle-ci les
utilise pour financer des projets d'investissement, Ceux-ci dégageront des flux de liquidité
incertains qui seront répartis entre les créanciers et les actionnaires. Les premiers percevront
des montants certains contractuellement définis lors de la négociation des prêts; les seconds
recevront une part de la richesse générée par l'activité qui n'a pas été consacrée au service de
la dette, leur rémunération est donc aléatoire.

L'objet de ces plans est donc de comparer et d'harmoniser les investissements


nécessaires et les capitaux qui doivent en assurer le financement.

1) Étude de la structure financière actuelle

Cette étude comporte:

- le diagnostic de la structure financière : fonds propres, endettement, fonds de


roulement, contraintes;

- l'étude de la trésorerie actuelle et prévisionnelle;

- la capacité d'autofinancement: situation actuelle et évolution prévisible.

2) l'établissement du plan d'investissement et du plan de financement

La politique d'investissement se traduit concrètement par la mise en place d'un plan


d'investissement pluriannuel. C'est donc dans le cadre des options fondamentales de la firme
que s'insèrent les dossiers d'investissement retenus.

Plan et budget d'investissement

1) l'établissement du plan d'investissement

Cette opération consiste à évaluer et à procéder à l'étalement dans le temps des

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éléments qui composent le programme: investissements et besoins nouveaux générés par ces
projets.

2) Le budget d'investissement

Au cours de la période budgétaire, une partie des éléments qui constituent le plan
pluriannuel devra être engagée et payée. Cette partie fera l'objet du budget d'investissement
annuel. Budgétairement les dates à saisir sont:

- dates d'engagement; - dates de règlement; - dates de réception.

Le plan de financement

Le plan de financement est destiné à étudier l'ajustement des dépenses


d'investissement prévues sur la durée du programme d'investissement, c'est-à-dire de trois à
cinq ans, avec le financement à mettre en œuvre pour faire face à ces dépenses. Le plan de
financement s'apparente donc à un tableau de financement pluriannuel prévisionnel.

1) Élaboration

L'établissement du plan de financement naîtra de la confrontation entre:

- les emplois prévisionnels (investissements de renouvellement et d’expansion, besoins


en fonds de roulement nés de la croissance envisagée...);

- les moyens de financement à long et à moyen terme (moyens internes: capacité


d'autofinancement, moyens externes: augmentation de capital, emprunts...).

Dans une première approche, le plan de financement n'est pas équilibré: la


confrontation des besoins face aux ressources fait ressortir des écarts qui constituent des
excédents ou des besoins de financement.

L'entreprise est alors amenée à élaborer une succession de plans de financement pour
tenter d'équilibrer plan d'investissement et moyens financiers. Soit, elle sera à même de com-
pléter ses ressources financières tout en leur préservant une structure acceptable, soit, elle
devra renoncer à une partie des investissements prévus.

Le plan de financement finalement adopté par les responsables sera celui qui aura
réalisé l'adéquation du plan d'investissement à la structure financière de l'entreprise, compte
tenu de ses possibilités d'endettement et de la rentabilité future attendue.

2) Présentation pratique

Le plan doit, bien entendu, comporter des montants de besoins et de ressources. Sa


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structure 'pourra être du type suivant :

N N+i N+2 N+3 N+4 N+5


1. Variations des emplois
. Dividendes à distribuer (le cas échéant)
. Investissements nouveaux
. Besoins en fonds de roulement
. Remboursement d'emprunts
. Autres
Total
Il. Variations des ressources
. Capacités d'autofinancement
. Désinvestissements
. Ressources extérieures
- Capital
- Subventions et prêts participatifs
- Emprunts à long terme
- Autres
Total
III. Excédents (insuffisance) des ressources
Le contrôle

Le contrôle s'effectue dans la même optique que la budgétisation et comporte les


volets suivants.

1) Contrôle du budget

Les principales causes d'écart concernent le planning et les montants. Ces causes sont
nombreuses : délais non respectés, travaux supplémentaires non prévus, difficultés
d'installation, hausse des prix, etc.

2) Contrôle du financement

Les incidents possibles en matière de financement sont nombreux également; retard


apporté à la réalisation de prêts ou de subventions, problèmes dus à la trésorerie (baisse
conjoncturelle du chiffre d'affaires, non-paiement ou retard de paiement d'un client
important...).

3) Contrôle de la rentabilité

Il est très important de vérifier que la rentabilité est conforme à celle que l'on attendait.
Cela présente, de plus, l'avantage de tester les méthodes de sélection qui ont été utilisées.

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