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Récapitulatif Oral Blanc 2024 1ère04
Récapitulatif Oral Blanc 2024 1ère04
Session 2024
Récapitulatif
Voie : Générale
1
PREMIERE PARTIE DE L’ÉPREUVE ORALE :
EXPOSÉ SUR UN DES TEXTES DU RÉCAPITULATIF
• « Vénus anadyomène »
• « Le Mal »
• « Ma Bohème »
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Objet d’étude : Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
Œuvre intégrale : Sido et Les Vrilles de la Vigne, Colette (respectivement 1932 et 1908).
Parcours associé : « La Célébration du monde »
3
SECONDE PARTIE DE L’ÉPREUVE ORALE : PRÉSENTATION DE L’ŒUVRE CHOISIE PAR LE
CANDIDAT PARMI CELLES QUI ONT ÉTÉ ÉTUDIÉES EN CLASSE OU PROPOSÉES PAR
L’ENSEIGNANT AU TITRE DES LECTURES CURSIVES OBLIGATOIRES, ET ENTRETIEN AVEC
L’EXAMINATEUR
Nombre de candidats
Objets d’étude Œuvres lues en lecture cursive qui ontchoisi l’œuvre
à l’examen
4
Objet d’étude : La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle
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Objet d’étude : La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle
Œuvre intégrale : Cahiers de Douai, Rimbaud (1870-1871)
Parcours associé : « Emancipations créatrices »
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Objet d’étude : La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle
7
Objet d’étude : La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle
La surface du pain est merveilleuse d'abord à cause de cette impression quasi panoramique
qu'elle donne : comme si l'on avait à sa disposition sous la main les Alpes, le Taurus ou la
Cordillère des Andes.
Ainsi donc une masse amorphe en train d'éructer fut glissée pour nous dans le four stellaire,
où durcissant elle s'est façonnée en vallées, crêtes, ondulations, crevasses... Et tous ces plans
dès lors si nettement articulés, ces dalles minces où la lumière avec application couche ses
feux, - sans un regard pour la mollesse ignoble sous-jacente.
Ce lâche et froid sous-sol que l'on nomme la mie a son tissu pareil à celui des éponges :
feuilles ou fleurs y sont comme des sœurs siamoises soudées par tous les coudes à la fois.
Lorsque le pain rassit ces fleurs fanent et se rétrécissent : elles se détachent alors les unes des
autres, et la masse en devient friable...
Mais brisons-la : car le pain doit être dans notre bouche moins objet de respect que de
consommation.
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Objet d’étude : Le théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle
ACTE I, SCÈNE 2
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Objet d’étude : Le théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle
MONSIEUR PURGON. - Puisque vous vous êtes soustrait de l'obéissance que l'on doit à son médecin…
TOINETTE. - Cela crie vengeance.
MONSIEUR PURGON. - Puisque vous vous êtes déclaré rebelle aux remèdes que je vous ordonnais…
ARGAN. - Hé point du tout.
MONSIEUR PURGON. - J'ai à vous dire que je vous abandonne à votre mauvaise constitution, à l'intempérie
de vos entrailles, à la corruption de votre sang, à l'âcreté de votre bile, et à la féculence de vos humeurs.
TOINETTE. - C'est fort bien fait.
ARGAN. - Mon Dieu!
MONSIEUR PURGON. - Et je veux qu'avant qu'il soit quatre jours, vous deveniez dans un état incurable.
ARGAN. - Ah! Miséricorde !
MONSIEUR PURGON. - Que vous tombiez dans la bradypepsie.
ARGAN. - Monsieur Purgon !
MONSIEUR PURGON. - De la bradypepsie, dans la dyspepsie.
ARGAN. - Monsieur Purgon !
MONSIEUR PURGON. - De la dyspepsie, dans l'apepsie.
ARGAN. - Monsieur Purgon !
MONSIEUR PURGON. - De l'apepsie, dans la lienterie…
ARGAN. - Monsieur Purgon !
MONSIEUR PURGON. - De la lienterie, dans la dysenterie…
ARGAN. - Monsieur Purgon !
MONSIEUR PURGON. - De la dysenterie, dans l'hydropisie…
ARGAN. - Monsieur Purgon !
MONSIEUR PURGON. - Et de l'hydropisie dans la privation de la vie, où vous aura conduit votre folie.
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Objet d’étude : Le théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle
BÉRALDE. - Dans les discours et dans les choses, ce sont deux sortes de personnes que vos grands médecins.
Entendez-les parler : les plus habiles gens du monde ; voyez-les faire : les plus ignorants de tous les hommes.
ARGAN. – Hoy ! Vous êtes un grand docteur, à ce que je vois, et je voudrais qu’il y eût ici quelqu’un de ces
messieurs pour rembarrer vos raisonnements et rabaisser votre caquet.
BÉRALDE. - Moi, mon frère, je ne prends point à tâche de combattre la médecine ; et chacun, à ses périls et
fortune, peut croire tout ce qu’il lui plaît. Ce que j’en dis n’est qu’entre nous, et j’aurais souhaité de pouvoir
un peu vous tirer de l’erreur où vous êtes ; et pour vous divertir vous mener voir sur ce chapitre quelqu’une
des comédies de Molière.
ARGAN. - C’est un bon impertinent que votre Molière avec ses comédies, et je le trouve bien plaisant d’aller
jouer d’honnêtes gens comme les médecins.
BÉRALDE. - Ce ne sont point les médecins qu’il joue, mais le ridicule de la médecine.
ARGAN. - C’est bien à lui à faire de se mêler de contrôler la médecine ; voilà un bon nigaud, un bon
impertinent, de se moquer des consultations et des ordonnances, de s’attaquer au corps des médecins, et d’aller
mettre sur son théâtre des personnes vénérables comme ces messieurs-là.
BÉRALDE. - Que voulez-vous qu’il y mette, que les diverses professions des hommes ? On y met bien tous
les jours les princes et les rois, qui sont d’aussi bonne maison que les médecins.
ARGAN. - Par la mort non de diable ! si j’étais que des médecins, je me vengerais de son impertinence ; et
quand il sera malade, je le laisserais mourir sans secours. Il aurait beau faire et beau dire, je ne lui ordonnerais
pas la moindre petite saignée, le moindre petit lavement ; et je lui dirais : « Crève, crève ! cela t’apprendra
une autre fois à te jouer à la Faculté. »
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Objet d’étude : Le théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle
LE ROI. J’ordonne que des arbres poussent du plancher. (Pause) J’ordonne que le toit disparaisse. (Pause)
Quoi ? Rien ? J’ordonne qu'il y ait la pluie. (Pause. Toujours rien ne se passe) J’ordonne qu’il y ait la foudre
et que je la tienne dans ma main. (Pause) J’ordonne que les feuilles repoussent. (Il va à la fenêtre.) Quoi !
Rien ? J'ordonne que Juliette entre par la grande porte. (Juliette entre par la petite porte au fond à droite.) Pas
par celle-là, par celle-ci. Sors par cette porte. (Il montre la grande porte. Elle sort par la petite porte, à droite,
en face. A Juliette.) J’ordonne que tu restes. (Juliette sort) J’ordonne qu’on entende les clairons. J’ordonne
que les cloches sonnent. J’ordonne que cent vingt et un coups de canon se fassent entendre en mon
honneur. (Il prête l’oreille) Rien !... Ah, si ! J’entends quelque chose.
MARIE, au Roi. Tu te fatigues trop mon petit Roi. Ne désespère pas. Tu es plein de sueur. Repose-toi un peu.
Nous allons recommencer tout à l’heure. Nous réussirons dans une heure.
LE MÉDECIN. Oui, Sire. Dans une heure vingt-quatre minutes cinquante secondes.
MARGUERITE. Dans une heure vingt-quatre minutes quarante et une secondes. (Au Roi.) Prépare-toi.
MARGUERITE, à Marie. N’essaye plus de le distraire. Ne lui tends pas les bras. Il est déjà sur la pente, tu ne
peux plus le retenir. Le programme sera exécuté point par point.
Mouvement général. Mise en place de cérémonie. Le Roi est sur le trône, Marie à ses côtes.
MARIE. Que nous soyons hier soir. Temps retourne, temps retourne ; temps, arrête-toi.
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Objet d’étude : Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
Œuvre intégrale : Colette, Sido (1932), Les Vrilles de la vigne (1908) / Parcours : « La Célébration du
monde »
Et si tu arrivais, un jour d’été dans mon pays, au fond d’un jardin que je connais, un jardin
noir de verdure et sans fleurs, – si tu regardais bleuir, au lointain une montagne ronde où les
cailloux, les papillons et les chardons se teignent du même azur mauve et poussiéreux, tu
m’oublierais, et tu t’assoirais là, pour n’en plus bouger jusqu’au terme de ta vie !
5 Il y a encore, dans mon pays, une vallée étroite comme un berceau où, le soir,s’étire et flotte
un fil de brouillard, un brouillard ténu, blanc, vivant, un gracieux spectre de brume couché sur
l’air humide… Animé d’un lent mouvement d’onde, il se fond en lui-même et se fait tour à
tour nuage, femme endormie, serpent langoureux, cheval à cou de chimère… Si tu restes trop
tard penché vers lui sur l’étroite vallée, à boire l’air glacé qui porte ce brouillard vivant comme
10 une âme, un frisson te saisira, et toute la nuit tes songes seront fous…
Écoute encore, donne tes mains dans les miennes : si tu suivais, dans mon pays, un petit
chemin que je connais, jaune et bordé de digitales d’un rose brûlant, tu croirais gravir le sentier
enchanté qui mène hors de la vie… Le chant bondissant des frelons fourrés de velours t’y
entraîne et bat à tes oreilles commele sang même de ton cœur, jusqu’à la forêt, là-haut, où finit
15 le monde… C’est une forêt ancienne, oubliée des hommes… et toute pareille au paradis,
écoute bien, car…
Comme te voilà pâle et les yeux grands ! Que t’ai-je dit ? Je ne sais plus… je parlais, je
parlais de mon pays, pour oublier la mer et le vent… Te voilà pâle, avec des yeux jaloux…
Tu me rappelles à toi, tu me sens si lointaine… Il faut que je refasse le chemin, il faut qu’une
20 fois encore j’arrache de mon pays, toutes mes racines qui saignent…
Me voici ! de nouveau je t’appartiens. Je ne voulais qu’oublier le vent et la mer. J’ai parlé
en songe… Que t’ai-je dit ? Ne le crois pas ! Je t’ai parlé sans doute d’un pays de merveilles,
où la saveur de l’air enivre ?... Ne le crois pas ! N’y va pas : tu le chercherais en vain. Tu ne
verrais qu’une campagne un peu triste, qu’assombrissent les forêts, un village paisible et
25 pauvre, une vallée humide, une montagne bleuâtre et nue qui ne nourrit pas même les
chèvres…
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Objet d’étude : Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
Œuvre intégrale : Colette, Sido (1932), Les Vrilles de la vigne (1908) / Parcours : « La Célébration du
monde »
Il y avait dans ce temps-là de grands hivers, de brûlants étés. J’ai connu, depuis, des étés dont
la couleur, si je ferme les yeux, est celle de la terre ocreuse, fendillée entre les tiges du blé et sous la
géante ombelle du panais sauvage, celle de la mer grise ou bleue. Mais aucun été, sauf ceux de mon
enfance, ne commémore le géranium écarlate et la hampe enflammée des digitales. Aucun hiver n’est
5 d’un blanc plus pur à la base d’un ciel bourré de nues ardoisées, qui présageaient une tempête de flocons
plus épais, puis un dégel illuminé de mille gouttes d’eau et de bourgeons lancéolés... Ce ciel pesait sur
le toit chargé de neige des greniers à fourrage, le noyer nu, la girouette, et pliait les oreilles des chattes...
La calme et verticale chute de neige devenait oblique, un faible ronflement de mer lointaine se levait
sur ma tête encapuchonnée, tandis que j’arpentais le jardin, happant la neige volante... Avertie par ses
10 antennes, ma mère s’avançait sur la terrasse, goûtait le temps, me jetait un cri :
– La bourrasque d’Ouest ! Cours ! Ferme les lucarnes du grenier !... La porte de la remise aux
voitures !... Et la fenêtre de la chambre du fond !
Mousse exalté du navire natal, je m’élançais claquant des sabots, enthousiasmée si du fond de la
mêlée blanche et bleu noir, sifflante, un vif éclair, un bref roulement de foudre, enfants d’Ouest et de
15 Février, comblaient tous deux un des abîmes du ciel... Je tâchais de trembler, de croire à la fin du
monde.
Mais dans le pire fracas ma mère, l’œil sur une grosse loupe cerclée de cuivre, s’émerveillait,
comptant les cristaux ramifiés d’une poignée de neige qu’elle venait de cueillir aux mains même de
l’Ouest rué sur notre jardin...
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Objet d’étude : Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
Œuvre intégrale : Colette, Sido (1932), Les Vrilles de la vigne (1908) / Parcours : « La Célébration du monde »
Une nuit de printemps, le rossignol dormait debout sur un jeune sarment, le jabot en boule et la tête
inclinée, comme avec un gracieux torticolis. Pendant son sommeil, les cornes de la vigne, ces vrilles cassantes
et tenaces, dont l’acidité d’oseille fraîche irrite et désaltère, les vrilles de la vigne poussèrent si drues, cette
nuit-là, que le rossignol s’éveilla ligoté, les pattes empêtrées de liens fourchus, les ailes impuissantes…
Il crut mourir, se débattit, ne s’évada qu’au prix de mille peines, et de tout le printemps se jura de ne
plus dormir, tant que les vrilles de la vigne pousseraient.
Dès la nuit suivante, il chanta, pour se tenir éveillé :
Il varia son thème, l’enguirlanda de vocalises, s’éprit de sa voix, devint ce chanteur éperdu, enivré et
haletant, qu’on écoute avec le désir insupportable de le voir chanter.
J’ai vu chanter un rossignol sous la lune, un rossignol libre et qui ne se savait pas épié. Il s’interrompt
parfois, le col penché, comme pour écouter en lui le prolongement d’une note éteinte… Puis il reprend de
toute sa force, gonflé, la gorge renversée, avec un air d’amoureux désespoir. Il chante pour chanter, il chante
de si belles choses qu’il ne sait plus ce qu’elles veulent dire. Mais moi, j’entends encore à travers les notes
d’or, les sons de flûte grave, les trilles tremblés et cristallins, les cris purs et vigoureux, j’entends encore le
premier chant naïf et effrayé du rossignol pris aux vrilles de la vigne :
Cassantes, tenaces, les vrilles d’une vigne amère m’avaient liée, tandis que dans mon printemps je
dormais d’un somme heureux et sans défiance. Mais j’ai rompu, d’un sursaut effrayé, tous ces fils tors qui
déjà tenaient à ma chair, et j’ai fui… Quand la torpeur d’une nouvelle nuit de miel a pesé sur mes paupières,
j’ai craint les vrilles de la vigne et j’ai jeté tout haut une plainte qui m’a révélé ma voix…
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Objet d’étude : Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
Œuvre intégrale : Colette, Sido (1932), Les Vrilles de la vigne (1908) / Parcours : « La Célébration du monde »
Il n’est pas bon d’être tellement aimé, si jeune, si tôt. Ça vous donne de mauvaises habitudes.
On croit que c’est arrivé. On croit que ça existe ailleurs, que ça peut se retrouver. On compte
là-dessus. On regarde, on espère, on attend. Avec l’amour maternel, la vie vous fait à l’aube
une promesse qu’elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu’à la fin de
5 ses jours. Après cela, chaque fois qu’une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son
cœur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère
comme un chien abandonné. Jamais plus, jamais plus, jamais plus. Des bras adorables se
referment autour de votre cou et des lèvres très douces vous parlent d’amour, mais vous êtes au
courant. Vous êtes passé à la source très tôt et vous avez tout bu. Lorsque la soif vous reprend,
10 vous avez beau vous jeter de tous côtés, il n’y a plus de puits, il n’y a que des mirages. Vous
avez fait, dès la première lueur de l’aube, une étude très serrée de l’amour et vous avez sur vous
de la documentation. Partout où vous allez, vous portez en vous le poison des comparaisons et
vous passez votre temps à attendre ce que vous avez déjà reçu. Je ne dis pas qu’il faille empêcher
les mères d’aimer leurs petits. Je dis simplement qu’il vaut mieux que les mères aient encore
15 quelqu’un d’autre à aimer. Si ma mère avait eu un amant, je n’aurais pas passé ma vie à mourir
de soif auprès de chaque fontaine. Malheureusement pour moi, je me connais en vrais diamants.
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