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PREPARATION A L’EXAMEN D’ENTREE EN STAGE DES AVOCATS SESSION

2024
Epreuve zéro N01 de Droit patrimonial de la famille
Exercice 1 : Commentaire d’arrêt
A. Cour Suprême, Arrêt n°45 du 22 février 1973, Bindzi Omgba Clément c/ Dame
Mewoli Justine
La Cour,
Vu le mémoire ampliatif déposé le 21 septembre 1972 par Me Simon, Avocat défenseur à
Yaoundé ;
Sur le moyen unique du pourvoi pris de la violation de l’article 18 du décret n° 69 DF-
544 du 19 décembre 1969, non réponse aux conclusions ;
En ce que ni le Tribunal de Premier Degré, ni la Cour d’Appel n’ont énoncé la coutume
applicable en l’espèce ; que Bindzi Omgba Clément avait clairement précisé sa position lors
de l’audience du 3 mai 1971 en disant « l’intimée est ma cousine. Alors, elle s’est mariée à un
Yambassa. Au lieu de rester chez son mari, elle retourne ici revendiquer du terrain qu’elle
exploite ». En ce que le témoin Ndongo Raphaël, entendu lors de la descente sur les lieux le 7
mai 1971, a déclaré : « Si Mewoli était garçon, elle aurait plein droit sur ledit terrain,
seulement elle s’est mariée à un Yambassa » : Alors que devant cette argumentation, le
Tribunal, ou à défaut la Cour d’Appel se devait d’énoncer la coutume applicable en l’espèce
et de motiver amplement sa décision sur la concordance entre l’opinion de Bindzi et l’avis du
témoin, et la coutume applicable ;
Attendu que la dame Mewoli Justine ayant voulu faire immatriculer en son nom le terrain
laissé par son feu père, le demandeur fait grief à l’arrêt d’avoir, en confirmant le jugement du
Tribunal du Premier Degré de Yaoundé en date du 24 mai 1971 reconnaissant les droits de Mewoli
sur le terrain litigieux et l’autorisant à poursuivre la procédure d’immatriculation, violé la coutume
des parties, du reste non énoncée, laquelle en matière de dévolution successorale, excluait les filles
de la succession ;
Attendu que les droits de la personne résultant du mariage, de la parenté, de la filiation dont la
constitution proclame, en son préambule, le caractère inaliénable et sacré, ne peuvent faire l’objet de
transaction ni constituer la contrepartie d’une dette ou d’une créance ; que ces principes sont d’ordre
public ;
Attendu que la coutume invoquée, dans la mesure où elle établit une discrimination fondée
sur le sexe, va à l’encontre du principe constitutionnel de l’égalité des sexes ; que de ce fait, ladite
coutume ne saurait recevoir la sanction des cours et tribunaux, la vocation héréditaire de la femme
apparaissant désormais comme indiscutable ;
Attendu dès lors, qu’en statuant comme ils l’ont fait, le premier juge et après lui, le juge
d’appel ont légalement justifié leur décision ;
D’où il suit que le moyen n’est pas fondé,
Par ces motifs Rejette le pourvoi ;
Condamne le destinataire aux dépens ;
Ordonne qu’à la diligence de M. le Procureur Général près la Cour Suprême, le présent arrêt sera
imprimé et sera transmis pour être transcrit sur les registres du greffe de la Cour d’Appel de
Yaoundé et que mention en sera faite en marge ou à la suite de la décision attaquée.
B. Civ. 24 juin 1980

La cour,
Sur le moyen unique, pris en sa première branche :
Attendu, selon les énonciations des juges du fond, que Maurice Raimbault est décédé le 26
janvier 1974 en laissant pour lui succéder un enfant légitime, Michel Raimbault, né de son
mariage avec une dame z..., et trois enfants naturels, Laurent y..., Christine c... et Isabelle c...,
conçus pendant ce mariage et reconnus par lui le 14 juin 1973 ; que sa mère, dame veuve
Raimbaul est elle-même décédée le 23 aout 1975, âpres avoir, par testament olographe du 7
juin 1974, institué Michel Raimbaul légataire universel ; que l'arrêt confirmatif attaqué a
décidé que, dans la succession de dame veuve Raimbaul...,les trois enfants naturels de
Maurice Raimbaul avaient droit chacun a un huitième, soit un quart de la réserve de cette
succession ;
Attendu que Michel Raimbaulfait grief audit arrêt d'en avoir ainsi décidé, alors, selon le
moyen, que les droits des enfants adultérins lorsqu'ils entrent en concours avec des enfants
légitimes sont exceptionnels, que le silence de la loi relativement à leurs droits dans la
succession des ascendants de l'auteur de l'adultère doit donc être interprété comme une
exclusion totale de cette succession ;
Mais attendu que la règle édictée par l'article 757 du code civil est que l'enfant naturel a,
notamment dans la succession des ascendants de son père ou de sa mère, les mêmes droits
qu'un enfant légitime ; qu'à défaut de texte prévoyant, par exception à cette règle, son
exclusion d'une telle succession dans quelque hypothèse que ce soit, le moyen pris en sa
première branche n'est pas fondé ; rejette la première branche du moyen ;
Mais sur la seconde branche :
vu l'article 915 du code civil ; attendu qu'aux termes de ce texte, quand un enfant naturel,
dont le père ou la mère était, au temps de la conception, engagé dans les liens du mariage
avec une autre personne, est appelé a la succession de son auteur en concours avec les enfants
légitimes issus de ce mariage, il compte par sa présence pour le calcul de la quotité
disponible, mais sa part dans la réserve héréditaire n'est égale qu'à la moitie de celle qu'il
aurait eue si tous les enfants, y compris lui-même, eussent été légitimes ; que la limitation
ainsi apportée aux droits de l'enfant naturel doit s'appliquer à toute succession dans laquelle il
a, concurremment avec lesdits enfants légitimes, droit à une part de réserve ;
Attendu qu'en reconnaissant à chacun des trois enfants naturels de Maurice
Raimbaul..., un droit égal à celui de l'enfant légitime Michel Raimbaul dans la réserve de la
succession de leur Grand-Mère, dame veuve Raimbaul, la cour d'appel a violé le texte susvisé
; par ces motifs : casse et annule, dans la limite de la seconde branche du moyen, l'arrêt rendu
entre les parties le 14 décembre 1978, par la cour d'appel d'angers ; remet, en conséquence, la
cause et les parties au même et semblable état où elles étaient avant ledit arrêt et, pour être
fait, les renvoie devant la cour d'appel de rennes.
Bonne préparation à chacun !!!

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