Vous êtes sur la page 1sur 84

HYDATIDOSE THORACIQUE

Pr Achir Abdellah

Pathologie respiratoire
Chirurgie thoracique
Hydatidose thoracique
2ème Semestre
Année universitaire 2021/2022

www.um6ss.ma
Plan du cours:
I- Introduction
II- Parasitologie
III- Physiopathologie
IV- Diagnostic positif:
1- clinique
2- biologie
3- radiologie
4 - la fibroscopie bronchique
V- Diagnostic différentiel
VI- Traitement
1- la chirurgie
2- médical
VII- Prevention
2
VIII- Conclusion
Objectifs pédagogiques:

1. Expliquer le cycle du parasite Echinococcus granulosus et les modes d'infestation de


l'homme.
2. Décrire les différents tableaux radio-cliniques du kyste hydatique du poumon en fonction
de ses stades évolutifs et de ses complications.
3. Planifier les examens complémentaires nécessaires au diagnostic et au bilan d'extension du
kyste hydatique du poumon.
4. Discuter les principaux diagnostics différentiels en fonction des stades évolutifs du kyste
hydatique du poumon.
5. Décrire le principe et les indications du traitement chirurgical du kyste hydatique
pulmonaire.
6. Citer les indications du Traitement médical du kyste hydatique pulmonaire.
7. Décrire les moyens de prévention du kyste hydatique.

3
INTRODUCTION
• L’échinococcose hydatique à échinococcus granulosus est une
zooanthroponose endémique largement répandue dans le monde,
avec des zones de forte endémie, là où prédomine l’élevage
traditionnel des ovins et bovins.
• Contrairement à la plupart des maladies transmissibles, bien loin de
régresser, elle persiste dans presque tous les foyers traditionnels et
tend même à augmenter de fréquence dans de nombreuses zones
critiques constituant ainsi un problème de santé publique
incontestable ; c’est le cas de l’hydatidose au Maroc.
• Cette fréquence au Maroc s’explique par:
- les chiens errants,
- l’abatage clandestin,
- la non élimination efficace des viscères d’animaux contaminés
et des déchés hospitaliers,
- le manque d’hygiène individuelle.
PARASITOLOGIE
a) Agent pathogène
• L’hydatidose est due à la présence et au développement dans
l’organisme de la forme larvaire d’un tænia du chien,
echinococcus granulosus.
• C’est une parasitose due au germe echinococcus appartenant à
la famille des taeniades.
• Il existe 4 espèces différentes d’echinococcus définis sur des
critères morphologiques, physiques et géographiques:

Granulosus -Alvéolairis -Oligarthus -Vogeli


b)-Morphologie d’E.G Granulosus
b1)- Le ver adulte
• Le parasite adulte vit dans l’intestin de l’hôte définitif qui est un
mammifère carnivore, appartenant à la famille des canidés (le
chien et plus rarement le chacal, le cerf, le loup, le renard,
etc....).
• C’est un petit ver plat de 3 à 5mm de long, formé d’une tête ou
scolex, d’un cou et des anneaux. Il est hermaphrodite et sans
tube digestif.
• Le scolex porte 4 ventouses et un rostre saillant muni d’une
double couronne de 30 à 50 crochets.
Les anneaux sont au nombre de trois :
- Le premier anneau dit segment immature ressemble au cou.
- Le deuxième anneau, segment mur, contient un ovaire de
forme acineuse et une poche de cire contenant 44 testicules
avec un pore génital à son extrémité́.
- Le troisième anneau, le plus grand par sa taille, constitue le
segment gravide (Ovigére), contenant un utérus avec des
invaginations latérales renfermant 400 à 800 œufs.
b2)- L’œuf ou l’embryophore
• Il est de forme arrondie, mesurant 20 à 35μm, protégé par une
coque épaisse et striée.
• Il contient un embryon hexacanthe à 6 crochets (oncosphère).

• La maturation de l’œuf est réalisée dans le milieu extérieur. Sa


survie dans le sol dépend des conditions d’humidité et de
température, elle est d’un mois à +20°C et de 15 mois à +7°C, à
4 mois à -10°C.
• Les agents chimiques, engrais ou désinfectants n’altèrent pas la
vitalité et ne peuvent donc pas être utilisés pour désinfecter les
légumes contaminés.
B3)- Forme larvaire :
• Elle se forme dans divers organes par la vésiculation.

• Au terme de son développement, elle peut atteindre 10 à


15 cm de diamètre.
• Elle est de forme sphérique ou plus ou moins polylobée.
Le kyste est rempli d’un liquide hydatique contenant de
nombreuses larves, appelées scolex de 150 à 200μm.
C) Cycle évolutif et structure du KHP
1- Contamination animale : le cycle naturel
- C’est essentiellement le chien qui constitue l’hôte définitif du
tænia E.G.
- Sa présence chez le chien est généralement bien supportée,
n’entraînant aucune symptomatologie particulière.
- Le tænia E.G. adulte acquiert un segment ovigère en six
semaines, arrivé à sa maturité, se détache et s’élimine dans
les déjections du chien.
• Sous l’effet d’agents extérieurs, il éclate et libère 500 à 800
œufs embryophores. Ceux-ci sont très résistants et peuvent
rester infestant 18 à 24 mois à la surface du sol, si les
conditions d’humidité sont favorables.
• L’hôte intermédiaire intervient alors ; c’est généralement un
herbivore : Mouton, bœuf ou porc, qui se contamine en
ingérant les œufs répandus dans le milieu environnant.
• Ceci explique l’endémie de cette parasitose dans les pays de
grand élevage, comme le bassin méditerranéen ou
l’Argentine.
• La paroi de l’œuf est détruite sous l’effet des enzymes
digestives libérant ainsi l’embryon hexacanthe.
• Chez l’hôte intermédiaire, l’embryon hexacanthe ne se
transforme jamais en ver adulte.
2- Contamination humaine :
• L'homme ne peut héberger que la forme larvaire. Il constitue
un hôte intermédiaire accidentel et représente une impasse
du cycle biologique.
• La transmission à l’homme se fait par voie digestive selon
deux voies :
- Une voie indirecte : par l’intermédiaire d’eau de boisson, de
crudités, de fruits ou de légumes mal lavés, souillés par les
excréments des chiens infestés.
- Une voie directe : par contact avec le chien parasité. C’est
l’éventualité la plus fréquente.
cycle évolutif d'echinococcus granulosus
2)- LA VESICULE HYDATIQUE OU HYDATIDE:

• Elle se présente macroscopiquement comme une sphère d’un blanc

laiteux, pleine d’un liquide claire, eau de roche.

• Sa taille peut varier de quelques millimètres à plusieurs centimètres .

• L’hydatide est limitée par 2 membranes :

- la membrane externe ou cuticulaire qui est une membrane hyaline,

anhiste ,

- la membrane interne, qui est la membrane proligère ou germinative ,

responsable de la persistance de l’espèce.


• Dans le liquide hydatique, les capsules proligères forment
avec les scolex libres le sable hydatique dont chaque
centimètre-cube contient environ 400 000 scolex.

• Autour du kyste, l’adventice ou périkyste appartient à l’hôte.


Il est formé par une réaction granulo-scléreuse du
parenchyme et du tissu conjonctif de l’organe parasité et doté

d’une riche néovascularisation.


Structure du KH
PHYSIOPATHOLOGIE

• Le poumon est le 2ème filtre organique après le foie que


rencontre l’embryon d’échinocoque ; dans certain cas, il peut
être le premier filtre.
• En effet différentes voies de contamination pulmonaire ont
été décrites.
• Une fois l’embryon Hexacanthe libéré de sa coque dissoute
grâce aux enzymes intestinaux et pancréatiques, il peut
traverser la paroi intestinale et avoir 3 modes de migrations :
• La larve emprunte le système porte jusqu’au foie (1er
filtre) où elle s’arrête, sinon, le poumon sera atteint
lorsque l’embryon passe entre les mailles du filtre
hépatique et emprunte le système veineux sus hépatique
jusqu’à la veine cave inférieure dans 15- 40% des cas.
• L’embryon pourrait court-circuiter le filtre hépatique et
emprunter les anastomoses porto-cave.
• La contamination aérienne serait possible.
• Une fois fixé, le parasite peut être:

- détruit par une réaction de l’hôte ou par inadaptation aux


conditions physiologiques locales
- ou continuer son développement en subissant une
transformation kystique pour donner le kyste hydatique.
- La structure du parasite est la même quelque soit l’organe
atteint, seule l’adventice change, absente au niveau de l’os, très
mince au niveau du cerveau et souvent scléreuse au niveau du
foie.
- - Les calcifications du KHP sont rares en raison de la faible
teneur du parenchyme pulmonaire en gaz carbonique.
L’hydatidose pulmonaire
DIAGNOSTIC POSITIF
1- La clinique:
• La symptomatologie clinique du KHP n’est pas spécifique et
comporte essentiellement : toux, une hémoptysie, douleur
thoracique, dyspnée, manifestations allergiques, des signes de
suppuration pulmonaire. la vomique hydatique constitue le
seul signe spécifique du KHP.
• Il existe une corrélation entre l’évolution anatomique et les
différents tableaux cliniques:
1) -Kyste hydatique sain :

• le premier stade de kyste sain, est généralement

asymptomatique. Il est en effet exceptionnel que des

manifestations allergiques (migraines ou crises d’urticaires

répétées) ou que des signes fonctionnels respiratoires attirent

l’attention du malade ou du clinicien.

• Ce stade est exclusivement radiologique.

• Parfois: toux sèche ou rarement une expectoration, douleur

thoracique, dyspnée en cas de KHP volumineux et des

hémoptysies discrètes ou modérées mais récidivantes.


2) - kyste hydatique au stade de décollement de membrane :
• Ce stade est à la fois clinique et radiologique.

• Cliniquement: expectoration hémoptoïque. Cette hémoptysie


peut s’accompagner de douleur vive en coup de poignard, toux,
dyspnée et parfois des manifestations allergiques à type
d’urticaire ou de prurit.
• L’examen clinique peut révéler des râles crépitants d’alvéolite à la
périphérie de la zone de matité de kyste.
• L’examen radiologique montre une opacité ronde surmontée à
son pôle supérieur du classique ménisque gazeux.
3) - Le kyste hydatique rompu :
La rupture se fait dans la majorité des cas dans les bronches,
plus rarement dans la plèvre.
a- la rupture intra bronchique :
- Cette rupture peut être spontanée survenant sans prodromes,
ou provoquée par un effort de toux ou par un traumatisme
thoracique .
- L’expression clinique est la vomique hydatique, le malade
rejette par la bouche et les narines un liquide clair, limpide et
salé « eau de roche », contenant des débris de membrane
comparés à des « peaux de raisin succès ». Elle peut
s’accompagner de douleurs thoraciques violentes et
angoissantes, d’hémoptysies répétées et exceptionnellement de
choc anaphylactique (pâleur, hypothermie, angoisse, collapsus).
• L’examen clinique: des signes d’encombrement bronchique
plus ou moins localisé.
• Après, s’installe le stade de pyopneumokyste avec un tableau
d’une suppuration pulmonaire profonde,
- Radiologie: les images hydroaérique sont évocatrices :
membrane flottante,
- Lorsque le kyste hydatique est vomiqué avec expectoration du
contenu intrakystique l’image radiologique peut être
pathognomonique celle de rétention de membrane.

• Enfin lorsque le kyste est évacué en totalité: cavité résiduelle.


b)- La rupture intra-pleurale :
• Elle est rare, et peut se faire soit à bas bruit, soit brutalement
réalisant un tableau dramatique:
- détresse respiratoire,
- syndrome pleural et rarement un choc anaphylactique.
Elle réalise un hydatido-pneumothorax qui évolue rapidement
vers un hydatido-pyopneumothorax avec un tableau de
suppuration profonde.
2- la biologie
I) – biologie non spécifique:
• L’hyperéosinophilie est inconstante et non spécifique.
• Elle est remplacée par une hyperleucocytose à polynucléaires
neutrophiles en cas de surinfection.
• Une éosinophilie normale n’élimine pas le diagnostic
d’hydatidose.
II) – biologie specifique ou reactions immunologiques :
- La sérologie hydatique: aide pour le diagnostique de
l’hydatidose ainsi que pour la surveillance post opératoire.
- En pratique, la plupart des auteurs préfèrent associer 2
techniques sérologiques, une quantitative et l’autre
qualitative, pour améliorer le rapport sensibilité/spécificite.
- ́une sérologie négative ne permet pas d’exclure le
diagnostique d’hydatidose, d’où l’obligation d’une
confrontation entre la clinique, l’imagerie et la biologie.
- Outre son rôle dans la confirmation diagnostique, la sérologie
hydatique permet de suivre l’évolution post thérapeutique du
kyste hydatique, de formuler un pronostic et de dépister
précocement une hydatidose secondaire.
- Ainsi, sachant que la sérologie se négative 18 mois à 2 ans
après la cure du kyste hydatique, toute élévation dans le
semestre qui suit l’intervention est synonyme de récidives ou
de localisations hydatiques passées inaperçues.
3- la radiologie:
I – la radiologie conventionnelle:
Le cliché radiologique du thorax de face et de profil debout est
l’examen complémentaire essentiel qui permet de porter le
diagnostic, d’apprécier l’état évolutif du kyste et de faire le bilan
lésionnel du poumon .
a- Le kyste hydatique sain :
Il se traduit par une opacité dense, homogène, à contours nets et
réguliers, arrondie en « boulet de canon ». Parfois, il apparaît bilobée
ou encore polycyclique. Il peut occuper tout un hémithorax.
b- Le kyste hydatique au stade de décollement de membrane :
L’image quasi pathognomonique consiste en l’apparition d’un
croissant gazeux coiffant l’opacité kystique .
c- Le kyste hydatique rompu :

1)- La rupture intra-bronchique :

Trois phases se distinguent au KHP rompu dans les bronches :


• Phase de rupture.
• Phase de rétention de membrane.
• Phase de cavité résiduelle.
La phase de rupture :
• Un kyste hydatique rompu peut se traduire par une image hydroaérique
simple à niveau liquidien rectiligne et paroi nette, fine et régulière.
• Image de membrane flottante ou « signe de nénuphar » :En effet, la
membrane hydatique flétrie et affaissée flotte à la surface du liquide
hydatique, elle réalise une image hydroaérique à niveau horizontal,
irrégulier et ondulé.
• Image en pont ou « signe de double arc d’Ivassinevitch » : la membrane
de l’hydatide en partie détachée de l’adventice forme un pont au dessus
du niveau liquidien.
• Ces deux derniers types d’images sont pathognomoniques du kyste
hydatique du poumon rompu .
La phase de rétention de membrane :
• Il arrive que la totalité du liquide hydatique soit évacuée par la
vomique et seul persiste la membrane mère incarcérée dans
la cavité résiduelle. Deux éventualités sont possibles:
• Rétention de membrane et d’air : l’aspect radiologique est
celui d’une cavité ronde avec à son pôle inférieure une
opacité dense, ondulée en rapport avec la membrane
rétractée au fond de la cavité : c’est un aspect très évocateur
de l’hydatidose.
• Rétention sèche de membrane : l’adventice encore souple
vient colmater la membrane et se rétracter autour d’elle,
l’aspect radiologique est celui d’une opacité ronde à limites
floues, entourée d’une fine clarté en anneau : c’est l’image en
cocarde.
La phase de cavité résiduelle :
L’aspect radiologique caractéristique de cette cavité se traduit
par une clarté grossièrement arrondie, finement cerclée par une
bande opaque.
2)- La rupture intra-pleurale :
C’est une complication rare, elle peut se manifester
exceptionnellement par un pneumothorax isolé, plus
fréquemment par un aspect d’hydropneumothorax dont le
niveau peut être ondulé.
3)-Rupture dans le péricarde :
c’est un accident rare et peut survenir dans les cas exceptionnels
de kystes développés dans la région du hile et dont la rupture se
fait dans des gros vaisseaux ou dans le péricarde réalisant des
péricardites hydatiques.

d - L’hydatidose pulmonaire multiple :


Elle se traduit par des opacités pulmonaires rondes de
dimensions variées, de nombre variable, uni ou bilatérales qui
peuvent prendre une allure en « lâcher de ballon ».
II- La tomodensitométrie:
• La TDM thoracique est un examen de deuxième intention
indiquée dans le cas où l’échographie thoracique n’est pas
concluante ou dans le cadre de la surveillance de l’Hydatidose
pulmonaire multiple et diffuse après traitement médical
surtout à la recherche de KHP de petite taille non évident à la
radiographie standard.
• Le kyste sain se traduit par une masse liquidienne limitée par
une paroi fine et régulière. Après sa fissuration, la TDM
visualise mieux que les clichés standards l’image de membrane
décollée.
III- L’echotomographie :
1)- Echographie thoracique:
Elle peut être utile en cas de doute diagnostique, uniquement si
la masse est périphérique au contact de la paroi.
2)- Echographie abdominale :
Elle doit être systématique à la recherche d’autres localisations :
hépatiques en particulier, splénique ou rénale .
III- I.R.M:
Elle est surtout indiquée dans les localisations vertébro-
médullaire, cardiaque et dans certains cas de fistules bilio
bronchiques.
IV- la fibroscopie bronchique:
• En effet, l’endoscopie bronchique est un atout essentiel pour
résoudre le problème de diagnostic d’une opacité
parenchymateuse chronique systématisée ou non, ainsi que
pour reconnaître l’origine d’une hémoptysie .
• Elle permet parfois de voir la membrane hydatique
séquestrée dans une grosse bronche.
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL

A- Image arrondie de tonalité hydrique homogène :


- Tuberculome ;
- Adénopathies en cas de localisation hilaire ;
- Une tumeur bénigne ;
- Kyste bronchogénique;
- Neurinome en cas de localisation postérieure;
- Kyste pleuro – péricardique ;
- Une pleurésie enkystée, en cas de localisation périphérique;
- Une pleurésie de grande abondance.
L’hydatidose thoracique extra-pulmonaire
• C’est une forme rare qui représente environ 5% des localisations
hydatiques thoraciques.

• Elle est primitive ou secondaire, unique ou multiple intéressant la cavité


pleurale, le médiastin, le cœur, les gros vaisseaux, la paroi thoracique ou le
diaphragme.

• L’évolution du parasite: identique sauf au niveau de l’os caractérisée par


une vésiculisation exogène et l’absence de formation du périkyste en
raison de la résistance du tissu osseux.

• Les kystes hydatiques thoraciques extra-pulmonaires ont tendance à se


calcifier plus que ceux des poumons
Hydatidose pleurale
• L’hydatidose pleurale représente 2% des localisations thoraciques du
kyste hydatique.
• Elle peut être primitive ou secondaire.

1- L’hydatidose pleurale primitive :


• La forme pleurale primitive est évoquée devant l’absence d’un
antécédent de rupture intra-pleurale d’un kyste hydatique
thoracique.
• Le kyste hydatique pleural primitif se manifeste cliniquement par des
douleurs thoraciques et une dyspnée, et paraît radiologiquement
sous forme d’une opacité pleurale
• Au cours de son évolution, le kyste hydatique pleural peut
entraîner: une érosion des côtes voisines, comprimer les
muscles intercostaux ou se rompre en intra-pleural.
• La TDM et l’échographie permettent d’affirmer le siège
pleural du kyste et sa nature parasitaire.
• Les principaux diagnostics différentiels sont : l’hydatidose
pulmonaire, pariétale ou la pleurésie enkystée
2- L’hydatidose pleurale secondaire :
L’hydatidose pleurale secondaire comprend 2 formes différentes:
- L’hydatidose pleurale secondaire à la rupture dans la cavité
pleurale d’un kyste hydatique primitif pulmonaire, pariétal,
hépatique ou diaphragmatique.
- L’hydatidose pleurale secondaire à une greffe parasitaire intra-
pleurale suite à la rupture peropératoire d’un kyste hydatique
thoracique par manque de stérilisation.
• L’hydatidose pleurale secondaire présente différents aspects clinico-
radiologiques:
• Un hydatidothorax qui paraît sur la TDM sous forme de kystes hydatiques
pleuraux siégeant au milieu d’un épanchement pleural séreux ou purulent.
• Une greffe pleurale isolée caractérisée par la formation de plusieurs kystes
hydatiques dans la cavité pleurale, ce qui peut être confondu
radiologiquement avec une hydatidose pulmonaire multiple.
• Un hydropneumothorax en rapport avec l’entrée d’air dans la cavité pleurale
à partir d’un kyste hydatique rompu ayant des connexions avec les structures
bronchiques avoisinantes.
• Une hydatidose pleurale hétérotopique en rapport avec une rupture isolée
du périkyste avec déversement de l’hydatide intacte dans la cavité pleurale.
Hydatidose médiastinale

• L’hydatidose médiastinale représente environ 0.5% des


localisations thoraciques du kyste hydatique et 25% des kystes
médiastinaux. Ces derniers représentent 30% de toutes les
masses médiastinales.
• Le médiastin postérieur est le siège de prédilection de
l’hydatidose médiastinale. En effet, l’hydatidose médiastinale
postérieure peut entraîner une érosion costovertébrale ou un
espacement des espaces intercostaux
• L’hydatidose médiastinale peut être primitive par une greffe qui se
fait le plus souvent au niveau du tissu adipeux du médiastin et
rarement au niveau du thymus, par voie artérielle ou lymphatique ;
ou secondaire à l’envahissement contigu d’une hydatidose
cardiopéricardique, vertébrale, pleuropulmonaire ou rétropéritonéale
• la symptomatologie de l’hydatidose médiastinale était dominée par
une triade clinique associant: la dyspnée, la douleur thoracique et la
toux.

• En cas de compression des organes médiastinaux: dysphonie,


dysphagie, syndrome cave supérieur. syndrome de Claude Bernard-
Horner.
• Radiologiquement: opacité ou un élargissement médiastinal associé ou
non à une cardiomégalie.
• L’échographie transthoracique est réalisée en cas de kyste hydatique
médiastinal intracardiaque, juxtadiaphragmatique ou proche de la paroi
thoracique. Elle recherche des éléments en faveur de la nature parasitaire
du kyste (un décollement membranaire, un aspect multivésiculaire) ou un
épanchement pleuropéricardique associé.
• La TDM : masse kystique de densité liquidienne arrondie à paroi fine,
rarement calcifiée qui peut être uni- ou multivésiculaire.
• L’IRM permet de repérer les vésicules filles intrakystiques et d’étudier les
rapports du kyste hydatique médiastinal avec les organes avoisinants
grâce aux coupes multiplans
• Le kyste hydatique médiastinal peut se rompre en intra-
pleuropéricardique, en intra-aortique provoquant une
hémorragie foudroyante, ou dans la paroi thoracique.
Hydatidose cardiopéricardique

• Le kyste hydatique cardiaque s’observe surtout chez les


adultes jeunes et représente environ 2.5% des localisations
hydatiques thoraciques .
• L’hydatidose cardiopéricardique est souvent primitive. Elle
peut être secondaire à la rupture intrapéricardique d’un kyste
hydatique primitif cardiaque ou pulmonaire avec
envahissement secondaire du myocarde.
• Les protoscolex rejoignent le myocarde à travers les artères
coronaires
• Dans les cavités du cœur, règne un régime d’écoulement
sanguin turbulent responsable d’une privation des embryons
hexacanthes de leurs crochets, ce qui explique la rareté de la
greffe parasitaire par voie endocavitaire.
• Les différents aspects radiologiques de l’hydatidose
cardiopéricardique sont : un bombement de l’arc inférieur
gauche, une cardiomégalie, un liseré calcique en projection de
l’ombre cardiaque, une silhouette cardiaque normale.
• L’échographie transthoracique: l’examen de 1ère intention à
demander. Elle montre l’aspect du kyste hydatique (uni-ou
multivésiculaire, présence de décollement membranaire, de
calcifications, aspect pseudotumoral), et recherche un
éventuel épanchement péricardique.
• La TDM avec synchronisation cardiaque permet de visualiser
les kystes hydatiques localisés à l’intérieur des cavités
cardiaques et ceux au niveau du myocarde.
• L’IRM avec synchronisation cardiaque est indiquée en cas de
discordance entre l’échographie transthoracique et la TDM.
• L’évolution de l’hydatidose cardiopéricardique est ponctuée
de complications à type de : rupture du kyste hydatique,
blocage d’un orifice valvulaire, une coronaropathie, un
trouble de conduction électrique et des arythmies
ventriculaires, qui en absence du traitement, peuvent
entraîner un arrêt cardio-circulatoire et la mort subite
Hydatidose des gros vaisseaux

• C’est une forme très rare de la maladie hydatique qui atteint la paroi des gros

vaisseaux du médiastin, principalement l’aorte et les artères pulmonaires.

• Cette localisation exceptionnelle affecte souvent le jeune adulte.

• L’hydatidose des gros vaisseaux peut être primitive suite à la greffe des

embryons hexacanthes à la paroi vasculaire; ou secondaire à

l’envahissement contigu à partir d’un kyste hydatique primitif

cardiopéricardique ou médiastinal.

• L’évolution est caractérisée par l’inflammation du kyste hydatique à l’origine

d’une fragilisation de la paroi vasculaire et la constitution d’un faux

anévrisme
Hydatidose pariétale
• L’hydatidose pariétale représente environ 1.5% des localisations
hydatiques thoraciques et peut toucher toutes les tranches d’âge.
• Elle peut être primitive suite à une greffe parasitaire par voie
sanguine ou secondaire à la rupture d’un kyste hydatique
thoracique.
• Clinique: tuméfaction pariétale, fracture pathologique, des
douleurs thoraciques, une compression médullaire et rarement
une détresse respiratoire.
• L’hydatidose pariétale peut être costale, vertébrale,
costovertébrale ou de la paroi molle.
• la radiographie : lacunes plus ou moins confluentes de taille

variable, à contours flous réalisant une plage d’ostéolyse.

• Le tassement vertébral réalisant l’aspect « en galette » ou « en

coin » est un signe tardif spécifique de la déformation rachidienne

et de la compression médullaire.

• La TDM thoracique recherche l’extension des lésions aux arcs

postérieurs des côtes, aux processus transverses et aux structures

médiastinales postérieures.

• L’IRM médullaire est réalisée devant des signes cliniques de

compression médullaire :
Hydatidose diaphragmatique
• L’hydatidose diaphragmatique: rare 1% des localisations hydatiques
thoraciques.
• En effet, la contraction du diaphragme au cours de l’inspiration et la
production d’acide lactique toxique par les cellules musculaires du
diaphragme inhibent la fixation et le
• développement des embryons hexacanthes, ce qui explique la rareté de
la greffe parasitaire diaphragmatique.
• L’hydatidose diaphragmatique peut être primitive suite à une greffe
parasitaire par voie sanguine ou lymphatique, ou secondaire à la rupture
d’un kyste hydatique hépatique ou pulmonaire. Elle peut être isolée ou
associée à une hydatidose abdominale ou à une autre localisation
hydatique thoracique.
• Cliniquement: des douleurs basithoraciques, une toux
irritative ou une dyspnée.
• Il peut se compliquer d’une surinfection, une rupture
intrapleurale, intrabronchique ou dans la cavité abdominale ;
ou une compression du bas œsophage
Hydatidose thoracique extrapulmonaire multiple

• L’hydatidose thoracique extrapulmonaire multiple représente


entre 5 et 7% des localisations hydatiques thoraciques .
• L’atteinte multiple et extrapulmonaire peut s’expliquer par les
mécanismes suivants :
- Une dissémination hématogène.
- Une dissémination à partir d’un KH pulmonaire.
- Une dissémination à partir d’un KH hépatique.
Le kyste hydatique hépatique rompu dans le thorax

• La rupture dans la cavité thoracique complique 3 à 10% des kystes


hydatiques hépatiques.
• Elle se fait le plus souvent dans les bronches que dans la plèvre et elle
concerne les kystes hydatiques vieillis et multivésiculaires siégeant au
niveau du dôme hépatique ou dans la face postérieure du foie.
• La rupture intra-thoracique d’un kyste hydatique hépatique entraîne
des lésions au niveau du diaphragme, du parenchyme pulmonaire, de
la plèvre diaphragmatique et des structures bronchiques
B - Kyste hydatique fissuré :
- Un aspergillome ;
- Une lésion tuberculeuse .

C - Kyste hydatique Rompu : Devant une image hydro – aérique :


- abcès primitif ou secondaire du poumon ;

D - Devant un trouble de ventilation : On doit éliminer :


- Un corps étranger intrabronchique ;
- Une séquestration pulmonaire.

E - L’hydatidose pulmonaire multiple : lâcher de ballons des


métastase pulmonaire d’un cancer viscéral.
TRAITEMENT
1- La chirurgie:
• Le traitement du kyste hydatique du poumon reste à l’heure
actuelle essentiellement chirurgical. Il s’impose pour plusieurs
raisons :
• La rareté de guérison spontanée,

• Le traitement médical n’a pas encore fait ses preuves et il n’est


pas dénué d’effets secondaires.
• L’évolution naturelle de l’affection peut entrainer des
complications mécaniques, infectieuses ou métastatiques
souvent dramatiques.
Le traitement par chirurgie conventionnelle nécessite une bonne
préparation préopératoire du malade:
- kinésithérapie
- antibiothérapie (1 à 2 semaines)
- un drainage pleural en cas de kyste compliqué d’épanchement
liquidien ou mixte .
La chirurgie doit être précédée d’un bilan préopératoire soigneux
(biologie, spirométrie, bilan cardiaque……)
En ce qui concerne l’anesthésie, la prise en charge du malade
porteur d’un KHP de petit volume est simple. Cependant, les
malades porteurs de kystes volumineux et ouverts dans les
bronches sont exposés à deux types de complications :
-L’inondation pulmonaire à l’induction et lors de la mise en
décubitus latéral.
-Les fuites importantes par les fistules bronchiques lors de la
ventilation.
L’intubation par une sonde à double courant de type Carlens, ou
par une sonde avec bloqueur bronchique est indispensable
• Le traitement chirurgical fait actuellement appel à des
techniques bien codifiées et simples. Il s’adresse au kyste, à la
cavité résiduelle et aux éventuelles complications. Il doit obéir
à quelques grandes règles :
• Etre économe du parenchyme pulmonaire.
• Eviter toute contamination, notamment pleurale ou pariétale
au cours de l’intervention.
• Fermer les fistules bronchiques et éviter de laisser une coque
fibreuse inextensible, source de cavité résiduelle et
d’infection.
• Pour le traitement du kyste proprement dit, on a recours aux
méthodes conservatrices qui sont au nombre de trois ou bien
aux méthodes radicales.

Les méthodes conservatrices comportent plusieurs techniques :

- La technique d’UGON : kystectomie ou énucléation.

- La technique de BARRET : Ponction et évacuation

- Kystectomie de type PEREZ-FONTANA : Périkystectomie


La technique d’UGON : kystectomie ou
énucléation
les méthodes radicales
• Elles font appel à la résection pulmonaire réglée qui comporte
une polysegmentectomie, une lobectomie et
exceptionnellement une pneumonectomie.
• Elle traite à la fois le kyste souvent volumineux, compliqué,
rompu et surtout la suppuration de la poche résiduelle formée
de tissu broncho pulmonaire irrécupérable ou de multiples
fistules bronchiques.
• les lobectomies ou les pneumonectomies sont rarement
utilisées. Leur indication est posée en cas de KHP
centrolobulaire, ou proche du hile, ou encore compliqué avec de
très importantes lésions parenchymateuses.
• Après ablation du kyste sain ou rompu, on se trouve en
présence d’une cavité plus ou moins grande, hémorragique, à
parois plus ou moins infiltrées, épaisses et scléreuses.
• Le principe fondamental consiste à réduire la taille de la cavité
en réséquant le maximum du péri kyste et à repérer et
suturer soigneusement et finement toutes les fistules
bronchiques et les brèches vasculaires.
• De la minutie de ce temps opératoire dépend la qualité des
suites. En effet, le capitonnage de la poche reste la règle.
• En cas de pleurésie hydatique: décortication à associée au
traitement du ou des kystes pulmonaires en cause.
2- Le traitement médical:
Au cours des 15 dernières années, plusieurs études
multicentriques ont été réalisées par l’OMS et par d’autres
centres spécialisés pour prouver l’efficacité du traitement
médical, mais les résultats restent très variables et non
satisfaisantes.
a– LES BENZIMIDAZOLES :
a- Mebendazole (VERMOX*) :
b- Flubendazole ou fluoromebendazole (FLUVERMAL*) :
c- Albendazole (ZENTEL, AZOL*) : ++++
L’administration se fait par voie orale à la dose de 10 à 15 mg/ Kg/J.
b- PRAZIQUANTEL.
c– IDICATION DU TRAITEMENT MEDICAL :
- L’hydatidoses malignes (les formes multiples) ;
- Une contre indication absolue à la cure chirurgicale.
- Certains auteurs l’associent à la chirurgie.
- L’hydatidose multivésiculaire.
PREVENTION
 Lutte contre l'infestation de l'hôte définitif :
- Les chiens doivent être tenus à distance des abattoirs .
- Lutter contre l'abattage clandestin, et réglementer l'abattage
rituel.
- L'enterrement et l'incinération des viscères parasités après
l'abattage.
- Abattage ou la mise en fourrière des chiens errants.
- Le traitement judicieux des chiens utiles parasités sans oublier
de brûler leur excréments.
 Protéger l'hôte intermédiaire
Cette protection consiste à éviter et réduire la promiscuité
chiens moutons, ce qui est difficile dans les zones d'élevage
traditionnel. Pour cela, il faut préconiser les élevages en pâtures
clôturées ne nécessitant pas la présence du chien.
 Lutter cotre l'infestation humaine
- Éviter tout contact avec les chiens inconnus.
- La nécessite d'appliquer les mesures d'hygiène: l'hydatidose
est la maladie des mains sales.
- Laver soigneusement les aliments consommés crus ou cuits.
- Contrôler les viandes dans les abattoirs et lutter contre
l'abattage clandestin.
- Prendre des mesures supplémentaires pour les professions
exposées (bergers, employés des fourrières, vétérinaires ) tel
que: le ports des gants, stérilisation des vêtements et matériel
de travail, le dépistage systématique par la radiographie
pulmonaire et la sérologie hydatique.
CONCLUSION
• Le diagnostic du KHP est essentiellement radioclinique.

• L’imagerie reste fondée avant tout sur la radiographie thoracique.

• La TDM est parfois nécessaire pour confirmer la nature kystique


d’une opacité thoracique.
• L’indication de l’IRM reste rare (certaines localisation) ,
• Le traitement repose sur la chirurgie.

• La prophylaxie prend tout son ampleur vu que l’hydatidose


demeure un problème majeur de santé au Maroc en coût,
souffrance, morbidité, en arrêt de travail et en dépenses
hospitalières.

Vous aimerez peut-être aussi