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Ankylostomose

Pr. S. AOUFI
Définition
• Ankylostomose: maladie parasitaire due à des vers
ronds: Nématodes, hématophages qui parasitent
l’intestin grêle de l’homme et déterminent chez lui
des troubles intestinaux et hématologiques.

• Maladie très fréquente: 600 millions cas

• Maladie bénigne dans les régions tempérées


• En zones tropicales: infestation souvent massive avec
retentissement sévère chez le jeune enfant
• Il existe plusieurs espèces d’Ankylostomes:
espèces humaines
espèces animales

• Parmi les espèces humaines, 2 ont une


importance médicale:
– Ancylostoma duodenale
– Necator americanus
Répartition géographique
• L’ankylostomose sévit dans toutes les régions
chaudes et humides.

• A. duodenale: Europe méridionale, Afrique du


Nord, Nord de l’Inde et la Chine → galeries de
mines, chantiers sous terrains où elle constitue
une maladie professionnelle
• N. americanus: Zone tropicale et intertropicale:
Afrique subsaharienne, Asie et Amérique du
Sud et centrale
Agents pathogènes
• Taxonomie:
Embranchement: Némathelminthes
Classe: Nématodes
Ordre: Strongylidés
Famille: Ankylostomidae
Genre: Ancylostoma
Necator
Agents pathogènes
1. Morphologie:
• Ancylostoma duodenale
ver cylindrique, blanc nacré ou rosé
femelle: 10 à 12 mm; mâle: 8 à 10 mm
caractérisé par 3 éléments:
- sa capsule buccale: 2 paires de dents sous
forme de crochets
- sa bourse caudale: avec 2 spicules droits
- l’œuf (50 – 60 µm) est ovoïde avec 2 à 4
blastomères; femelle pond 15000 à 20000
œufs/jour
• Necator americanus:
ver cylindrique, blanchâtre
femelle: 8 à 11mm; mâle: 6 à 9 mm
- capsule buccale avec 2 lames tranchantes
- bourse caudale avec 2 spicules en forme
d’hameçon
- œuf a 8 blastomères; femelle pond 5000 à
10000 œufs/jour
2. Biologie:
• parasite qui vit dans l’intestin grêle de
l’homme, fixé par sa capsule buccale

• Au niveau de la muqueuse intestinale, le


parasite → déperdition sanguine en sécrétant
une substance anticoagulante

• Nutrition: il vit grâce au sang qu’il suce (plasma


et globules rouges) → hématophage .
Cycle évolutif
• Évolution parasitaire dans le milieu extérieur:
Accouplement → œufs éliminés avec selles →
s’embryonner → éclosion → larve rhabditoïde (L1) →
larve strongyloïde (L2) → enkystement →forme
infestante (L3)

• Évolution dans l’organisme humain:


Larve strongyloïde enkystée →contact avec peau →
pénétration → circulation → cœur →poumon →
bronchioles → trachée → carrefour aéro-digestif →
déglutition →œsophage → duodénum (L4) → adulte
Il faut noter que les larves de A. duodenale peuvent entrer en dormance
(hypobiose) et ne donner des vers adultes que plusieurs mois plus tard.
Mode de contamination
• Voie cutanée++:
Marcher pieds nus sur terrain contenant les
larves infestantes

• Voie buccale:
À la suite d’ingestion d’eau ou d’aliments
renfermant les formes infestantes

• Voie congénitale:
Passage accidentel chez fœtus
Facteurs favorisants la
transmission
Ce sont les facteurs favorisants l’évolution des œufs.
• Facteurs climatiques:
température favorisante
présence d’oxygène
degré d’humidité et d’obscurité

• Facteurs géologiques:
nature physique et chimique du sol
les sols les plus favorables: terrain argilo-calcaire, sols
riches en engrais humains, sols riches en charbon de terre,
exemple: les mines

• Professions exposées: agriculteurs++, mineurs+++


• Les larves d’Ankylostomes ont un:
– Hygrotropisme positif
– Thermotropisme +
– Histotropisme +
– Géotropisme négatif
Clinique
• Manifestations cutanées: Phase d’infestation
dues à la pénétration cutanée des larves infestantes.
bords latéraux des pieds, EIO (marche pieds nus), avant-bras,
dos ou abdomen
érythème maculo-papuleux prurigineux
Infestations répétées(mineurs)→ hypersensibilité → urticaire:
Gourme des mineurs

• Manifestations respiratoires: Phase d’invasion


dues à la migration des formes larvaires → irritations des voies
aériennes → Toux + dysphonie+ bronchites
• Manifestations intestinales: Phase d’état
dues à la fixation des Ankylostomes au niveau de l’intestin
grêle → duodénite

• Manifestations hématologiques:
anémie: ( substance anticoagulante → hémorragie +
parasite hématophage)
Diagnostic biologique
1. Diagnostic de présomption:
basé sur:
– L’interrogatoire du malade: profession, habitat
– Signes cliniques: cutanés, pulmonaires, anémie
– Radiologie de l’estomac et duodénum
– NFS: anémie hypochrome microcytaire
hyperleucocytose: hyperéosinophilie++
2. Diagnostic de certitude:
Basé sur:
• Recherche des œufs dans les selles
• Recherche des formes larvaires
• Recherche des adultes

a/ Recherche des œufs dans les selles:


elle s’effectue à la suite d’un examen direct. Elle
est basée sur dilution d’un fragment de selles avec
sérum physiologique → observer entre lame et
lamelle.
selles examinés doivent être fraîchement émises
• Si diagnostic négatif → méthode de concentration
(technique de Willis ou de Kato)
• Numération des œufs:
-Avoir une idée sur l’intensité du parasitisme
-Permet de préciser le nombre d’adultes hébergés par
le malade
-juger l’efficacité thérapeutique
-plusieurs méthodes de comptage: méthode de Stoll ou
de Brumpt
-résultats exprimés en nombre d’œufs/ gramme de
selles
• b/ Recherche des formes larvaires: Coproculture parasitaire:

Elle permet l’embryonnement des œufs, leur éclosion et la


mise en liberté de larves rhabditoïdes en 24h puis
strongyloïdes quelques jours après.

Différentes techniques: culture sur papier buvard en boîte de


Pétri, ou cultures sur charbon végétal

cultures sont maintenues à l’étuve à 25°C

La lecture se fait à partir de la 48ème heure


c/ Recherche des vers adultes:
• Des vers adultes peuvent être récoltés dans les selles
émises 48 heures après un traitement antihelminthique

• Examen endoscopique:
la parasitose peut être découverte de façon fortuite au
décours d’un examen endoscopique qui montre une
duodénite avec présence des vers adultes

3/ Biologie moléculaire
Traitement
• Albendazole (Zentel®, Azole®) à la dose de 400 mg
en prise unique
• Mébendazole (Vermox®): 200 mg/j x 3 j
Prophylaxie
• But: détruire toute la chaîne épidémiologique:

Homme malade → Dissémination → homme sain

– Homme malade: dépistage systématique


Maladie professionnelle à déclaration obligatoire
Contrôles réguliers aux ouvriers
Une fois dépistés, sujets doivent être traités et suivis
– Dissémination: action sur la dissémination fécale:
Installation des latrines (toilettes) dans les régions
endémiques.
Empêcher les enfants d’aller déféquer n’importe où.
latrines stérilisées avec Javel

– Homme sain: il faut le protéger:


par l’utilisation des bottes ( contamination par pieds
nus)
ou par des chaussures dans les mines
éducation sanitaire
• En résumé:

La prophylaxie repose sur 2 éléments:

Bottes + Latrines
Anguillulose
(Strongyloïdose)

Pr. S. AOUFI
Définition
• Anguillulose: maladie parasitaire due à des
nématodes, vers ronds, dont il existe des
espèces humaines et espèces animales.
• Espèce humaine est dite: Strongyloïdes
stercoralis
• Existe à l’état adulte sous 2 formes:
– La femelle parthénogénétique, parasite du
duodénum
– Les adultes stercoraux, mâles et femelles, retrouvés
seulement dans le milieu extérieur, sur le sol
Répartition géographique
• L’anguillulose a une aire d’extension vaste.

• Son aire de répartition recouvre celle de


l’ankylostomose → associations fréquentes

• Elle se voit dans tous les pays tropicaux et


subtropicaux. Elle atteint le sud de l’Europe
Agent pathogène
• Taxonomie:
Embranchement: Némathelminthes
Classe: Nématodes
Ordre: Rhabditidés
Famille: Rhabdiasidae
Genre: Strongyloïdes
Agent pathogène
• S. stercoralis est un ver de 1 à 2 mm de long, il
existe sous la forme de:

– Adultes parasites dont on connaît seulement la


femelle dite parthénogénétique (se reproduit sans
intervention du mâle)

– Adultes libres mâles et femelles (forme stercorale)

– Et de larves
• La femelle parthénogénétique mesure 2 mm de long,
comprend un œsophage cylindrique et une extrémité
postérieure effilée. Elle vit libre dans l’intestin grêle,
surtout au niveau du duodéno-jéjunum.

• La femelle libre stercorale mesure 1 mm de long.

• Le mâle libre est encore plus petit: 0,7 mm

• Les larves rhabditoïdes ont un œsophage à 2


renflements. Elles mesurent 250 à 300 µm et se
trouvent dans les selles.
• Les larves strongyloïdes sont les larves
infestantes; elles mesurent 600 à 700 µm. Elles
sont longues, étroites, à œsophage cylindrique.
Cycle évolutif
• Son accomplissement fait appel à 2 modes de
reproduction:
– Parthénogénétique chez l’homme, où l’infestation
peut exister presque indéfiniment
– Sexué sur le sol

3 modalités sont possibles avec passage ou


non dans le milieu extérieur:
– Cycle externe long (indirect)
– Cycle externe court (direct)
– Cycle interne ou endogène
• 1. Cycle externe long (indirect):
Femelles parthénogénétiques → œufs → éclosion →
larves rhabditoïdes (LR)→ éliminées avec selles dans
milieu extérieur.
Si conditions de température et d’humidité favorables:
LR → adultes stercoraux mâles et femelles →
accouplement → œufs → nouvelles LR → larve
strongyloïdes (LS)
LS infestante → pénétration transcutanée chez homme
→ circulation → cœur → poumon → bronchioles →
trachée → carrefour aéro-digestif → déglutition
→œsophage → duodénum → adulte (1 mois)
• 2. Cycle externe court (direct):
Le schéma général est le même que pour le cycle
externe long, mais le stade adulte stercoral est
supprimé. Les LR éliminés avec les selles se
transforment directement en LS, puis en
strongyloïdes infestantes.
• 3. Cycle interne endogène:
Il se fait sans passage dans le milieu extérieur,
par transformation des LR en LS infestantes
dans le tube digestif ou au niveau de la marge
anale. Cette particularité explique la persistance
de l’anguillulose jusqu’à 30 ans et plus.
Clinique
• 1. Phase de pénétration cutanée:
Passe le plus souvent inaperçu

• 2. Phase de migration larvaire:


Toux sèche, expectorations, crises d’asthme

• 3. Phase d’état:
Vagues douleurs abdominales, troubles digestifs.
Parfois diarrhée
• 4. Syndrome de larva currens:
Inconstant, il se présente sous forme de petits cordons
érythémateux, sinueux, se déplaçant rapidement et
disparaissent spontanément au niveau de la ceinture,
des fesses et du haut des cuisses, correspondant au
passage sous cutané des larves lors du cycle
endogène.
• 5. L’anguillulose maligne:
Rare mais très grave
Terrains débilités: corticothérapie+++
Proliférations intense des adultes et larves →
retrouvés dans tous viscères et toutes les humeurs:
urines, larmes, LCR…
Diagnostic biologique
• Signes d’orientation:
L’hyperéosinophilie souvent élevée (50 à 60%),
évolue en dents de scie; chaque cycle endogène
entraîne un rebond.

• Diagnostic de certitude:
C’est la découverte des larves de S. stercoralis
dans les selles fraîchement émises
L’enrichissement par la coproculture ou la méthode
de Baermann sont indispensables pour détecter les
faibles infestations.
Il faut répéter plusieurs fois cette recherche, car il y
a des phases sans élimination larvaire
– Méthode de Baermann:
C’est une technique de recherche des larves
rhabditoïdes d’Ankylostomes

Elle met à profit l’attirance des larves pour l’eau tiède

On utilise un entonnoir dans lequel on met les selles


qui reposent sur un tamis recouvert d’une couche de
gaze; et on ajoute de l’eau tiède. 24 heure plus tard,
on soutire l’eau et on cherche les larves
Le diagnostic différentiel se pose avec:
• les larves rhabditoïdes L1 d'ankylostomes (Necator americanus
et Ancylostoma duodenale). Toutefois, ces larves n'existent pas
dans les selles fraîches. Ce sont les œufs segmentés qui sont
émis dans les selles, et qui ne donneront des larves que
plusieurs heures après l'émission;
• les larves rhabditoïdes de nématodes libres du genre Rhabditis,
qui peuvent se rencontrer dans le cas de selles souillées à
partir du sol.
• Des œufs et des larves rhabditoïdes peuvent être retrouvés
dans d'autres prélèvements biologiques, en particulier
liquide d'aspiration duodénal ou biopsie duodénale.
• Dans le cas d'anguillulose maligne disséminée, il est
possible de trouver des larves de tous les stades (même
œufs et formes adultes) dans de très nombreux
prélèvements : expectorations, liquide de lavage broncho-
alvéolaire, liquide d'ascite, liquide pleural, urines, liquide
céphalorachidien (LCR)...
Traitement
• Albendazole (Zentel®): 400 mg/j x 3 jours

• Ivermectine (Mectizan®): 200 µg/kg en


une seule prise
Prophylaxie
• La même que pour l’ankylostomose
• Elle consiste en:
– Lutte contre le péril fécal
– Port des chaussures
– Traitement des porteurs

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